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Abou Lo l’arbre qui cache la forêt

GAB EnQuete - Enquête

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LIBRE PAROLEVIOL ET MÉDIASPour que triomphe <strong>la</strong> véritéLa plupart des faits de viols et autresscandales sexuels sont re<strong>la</strong>tés et re<strong>la</strong>yéspar <strong>la</strong> presse sous forme de faits diverscroustil<strong>la</strong>nts, au parfum charnel et sensationnel.Les journalistes sont soucieux d’écoulerleurs produits pour continuer d’exister dans unmonde un peu à part. Le monde de ceux que leshommes et femmes les plus puissants craignentparfois. On dit souvent dans les hautessphères étatiques qu’il vaut mieux les avoir avecsoit que contre soit car leur plume acerbe etpertinente n’a pas d’égale quand il s’agit poureux de véhiculer l’info, juste et vraie, d’informeret d’éveiller une popu<strong>la</strong>tion, de l’éduquer aussi.Leur monde, celui <strong>qui</strong> m’a vu naître et danslequel ont baigné mon enfance et mon adolescence,de près et de loin, celui des “intouchables”,regorge aussi de plumes manipu<strong>la</strong>triceset perverses <strong>qui</strong> déforment souvent l’info touten manipu<strong>la</strong>nt les âmes sensibles et les espritsles plus faibles.Je voudrais décrire et décrier certaines pratiquesdans ce monde <strong>qui</strong> ne m’est pas totalementinconnu dans sa face <strong>la</strong> plus lisse etfine, <strong>qui</strong> regorge de doyens compétents et dejeunes talentueux. Mais aussi dans <strong>la</strong> face sombredu revers de sa médaille lugubre etrugueux où certains sont toujours aptes et prêtsà disséquer des vies solitaires et des vies defamilles entières qu’ils secouent et <strong>qui</strong> s’effondrentcomme un château de cartes. Des viespubliques, des vies privées, des vies tout court.C’est du monde de ceux <strong>qui</strong> se croient puissantset intouchables que je voudrais parler,avec l’espoir que ce<strong>la</strong> me soit permis, tant ilssavent s’occuper de <strong>la</strong> vie d’honnêtes citoyens,ceux-là même <strong>qui</strong> ont érigé leur plume de chantageen bazooka et leur caleçon en boussoledans ce pays, et <strong>qui</strong> se protègent entre eux dèsque l’un des leurs est cité dans un scandale. Etdu viol, bien évidemment, puisque c’est de ce<strong>la</strong>qu’il s’agit aussi.L’actualité <strong>qui</strong> défraie <strong>la</strong> chronique en cemoment est aussi <strong>la</strong> mise sous mandat de dépôtd’un célèbre journaliste “people” de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce,dont <strong>la</strong> “présumée” victime, une jeune bachelièred’à peine 20 ans, sans doute encore naïveet innocente, <strong>qui</strong> a fini par succomber auxcharmes d’un journaliste sans état d’âme.Il est dès lors intéressant de voir commentune certaine presse, plus en ligne, essaie dere<strong>la</strong>ter les faits, en tentant parfois tant bien quemal, de donner <strong>la</strong> version des faits de leur collèguepour rappeler au lecteur que <strong>la</strong> jeune fillea suivi ce dernier dans cette chambre de sonpropre gré, “sans <strong>la</strong> tirer par les cheveux ni luiavoir fait boire une drogue euphorisante”. Laplupart des administrateurs de sites de <strong>la</strong>presse en ligne <strong>qui</strong> traitent l’actualité sur notreCheikh Yérim Seckpays, presque tous des hommes, n’arrivent pasà intégrer où feignent d’oublier que l’intégritéphysique de toute personne, où qu’elle soit, ycompris celle de cette fille, est sacrée et doitêtre respectée. Ils font semb<strong>la</strong>nt d’oublier quesa seule présence dans <strong>la</strong> chambre 9 de l’aubergeKeur Madamel ne <strong>la</strong> dépossède pas pourautant de son enveloppe corporelle. Elle ne <strong>la</strong>dénude pas non plus pour autant de sa digniténi de <strong>la</strong> confiance qu’une jeune fille peut unjour avoir à l’égard d’un homme presque parfait<strong>qui</strong> tente d’incarner <strong>la</strong> perfection dans lesmédias, et <strong>qui</strong> de surcroît, peut être son père.Ils essaient ainsi d’octroyer à leur collègue lebeau rôle de ce jeu-interdit, acte innommable,barbare et sang<strong>la</strong>nt consistant à déflorer unejeune fille avec une brutalité et une violencerarissime. Tel un guerrier sur sa proie vaincuelors d’une guerre tribale, l’homme auraitassouvi son instinct guidé par cette autre partiede son cerveau reptilien sur lequel il n’a visiblementaucune maîtrise, avant de déposer unegamine désœuvrée, aux parties génitales ensang<strong>la</strong>ntées,chez elle, avec, sans doute, le fantasmede répéter son forfait où de s’adonner àune partouze différée avec une autre, le mêmesoir. Comme si, même après un acte barbare, ilne peut y avoir un semb<strong>la</strong>nt de douceur dansce monde de brutes.Monsieur <strong>qui</strong> pourtant jeûne tous les lundi etjeudi, avait-il besoin de violenter si sauvagementune gamine vierge pour s’assurer enfinqu’il est un homme ? Et qu’il a un phallus bienréel ? Et, de surcroît, dans une société oùavouer que l’on est victime d’un viol faitsi mâle ?Notre culture, il faut le dire, exclusivementbasée sur <strong>la</strong> virilité et <strong>la</strong> soi-disant supérioritémasculine, décide avant même notre naissance,de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> femme et de sonrôle, en érigeant l’homme en empereur de <strong>la</strong>terre, un rôle qu’ils ne sont pas loin de croirepour peu qu’ils soient connus et peu aisés.On oublie souvent que naître fille, dans <strong>la</strong>plupart de nos sociétés, est souvent un actemanqué en soi. Si en plus on est violée, et qu’onose le dire, ce<strong>la</strong> signifie qu’on n'est plus vierge.Si naître fille n’est déjà pas un privilège, sedéc<strong>la</strong>rer violée renvoie alors les filles au ban de<strong>la</strong> société où elles se retrouvent exclues et stigmatisées,exposées à des préjugés d’un mondephallocratique où <strong>la</strong> femme tient déjà une p<strong>la</strong>ceabsurdement étroite, où tout est contre elle, lesnormes, les règles, les lois, ceux <strong>qui</strong> les font, lesdécideurs, parfois les juges… et même <strong>la</strong> grammaire,où le masculin l’emporte !Si j’écris ces lignes aujourd’hui, c’est avanttout pour soutenir Aïssatou et louer son courage.Elle a osé parler, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de beaucoupd’autres victimes. C’est aussi pour encou-rageret soutenir ses parents, en particulier <strong>la</strong> mère,silencieuse depuis le début de cette affaire, etqu’on entendra peut-être jamais.Ceux <strong>qui</strong> reprochent à cette jeune fille d’avoirosé trouver un homme dans une chambre d’aubergeignorent, ce jour, le pas qu’elle a osé franchiret le courage qu’il lui a fallu pour franchircette autre porte, <strong>qui</strong> consiste pour une victimede viol à se confier.Ceux <strong>qui</strong> s’en prennent à cette jeune fille,atteinte dans son corps et son âme d’éc<strong>la</strong>boussuresindélébiles, ne savent peut-être pas queles victimes de viol et d’autres formes d’abussexuels, même révélés, où cachés à ceux qu’onaime pour les préserver, amènent souvent lesvictimes à développer des stratégies de survie etsuspendent le drame sur une sorte de mémoireflottante <strong>qui</strong> renvoie parfois des images bouleversantes.Ceux <strong>qui</strong> vous accusent Aïssatou, ne saventpas qu’on ne sort pas indemne d’un viol. Ilsignorent qu’une femme violée dans sa jeunesseest aussi un corps démantelé et déstructuré <strong>qui</strong>s’efforce de devenir l’allié inaliénable et insoumisd’une mémoire ingrate <strong>qui</strong> refuse d’accéderà <strong>la</strong> pensée. Quand elle y accède, elle donnealors du répondant à ceux-là <strong>qui</strong> pensent <strong>la</strong> protéger,depuis toujours, puisqu’ils ignorent tousdes faits, tandis qu’elle a passé toute sa vie àles préserver d’un secret dramatique. Parcequ’elle les aime, malgré tout. Il est alors fréquentde les entendre dire “….Je ne te comprendraijamais !”. Hé<strong>la</strong>s !Vous devriez, Aïssatou, vous réveillerdemain, et franchir du pas <strong>la</strong> porte du tribunaloù vous serez face à ce monsieur dont vousdevriez, malgré tout, soutenir le regard, car cen’est pas à vous d’avoir honte. Ce n’est pas àvous de baisser <strong>la</strong> tête.Certains parleront de vous avec é<strong>qui</strong>té, d’autresavec prudence, tandis que d’autres essaierontde vous diaboliser, parce qu’il s’agit de l’undes leurs. Ils sont liés par le devoir, et lesdéboires. Parce qu’il ne s’agira pas d’un procèsanodin. Il y aura à <strong>la</strong> barre un homme de presseavec des re<strong>la</strong>tions très bien p<strong>la</strong>cées <strong>qui</strong> seraientintervenues pour étouffer cette affaire.Certains de ses “amis” <strong>qui</strong> trottent avec lui et<strong>qui</strong> ont quasiment roulé leur bosse un peu partout,savent déjà que pour une jeune fille, le faitd’avouer qu’elle a entretenu des re<strong>la</strong>tionssexuelles avec un homme <strong>qui</strong> peut être sonpère, peut jeter sur elle un discrédit total, d’autantplus que c’est sa parole contre celle d’unadulte pervers <strong>qui</strong> un jour a confondu le <strong>la</strong>ngagede l’affection et de <strong>la</strong> tendresse à celui de<strong>la</strong> pulsion sexuelle.Certains feront semb<strong>la</strong>nt d’ignorer que cetteétape de <strong>la</strong> procédure, <strong>qui</strong> est aussi le temps del’ébruitement du secret et de <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion desfaits, n’est pas pour faciliter les choses pour <strong>la</strong>jeune fille que vous êtes et <strong>qui</strong> devra se prêteraux questions les plus malsaines de <strong>la</strong> partd’avocats <strong>qui</strong> feront leur travail en tentant devous déstabiliser, de vous discréditer pour rendrevotre parole douteuse et obtenir des circonstancesatténuantes afin d’amoindrir <strong>la</strong> peinere<strong>qui</strong>se contre leur client si jamais les faits sontreconnus.Ils iront fouiner dans les moindres détails ettraquer l’info sur votre vie d’avant et d’après, carrien ne sera plus jamais comme avant. Ils voustraqueront comme si, tout près d’eux, dans leurpropre corporation, les fonds de tiroirs poussiéreuxdu quotidien Le Soleil ne contenaientaucun dossier macabre de viol et d’avortementsur mineure de 16 ans, avec, à l’appui, uneprise en charge médicale intégrale de l’Etatsénéga<strong>la</strong>is. Courage Aïssatou !MADAME HÉLÈNE DELLA CHAUPINpage 10DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALELes deux erreurs de NiasseLe président de l'Assemblée nationale,Moustapha Niasse, a commisdeux erreurs, lundi dernier, lors de<strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration de politique généraledu Premier ministre Abdoul Mbaye.1°) En prenant <strong>la</strong> parole pendant 15 à 20minutes pour donner son opinion personnellesur les inondations, <strong>la</strong> Casamance,l’éthique et sur bien d’autres sujets, alors que ledébat était terminé (<strong>la</strong> liste des orateurs inscritsétant épuisée), le président del’Assemblée nationale n’a pas respecté l’Article69 du Règlement intérieur <strong>qui</strong> dispose que ''lePrésident ne peut prendre <strong>la</strong> parole dans undébat que pour présenter l’état de <strong>la</strong> questionet y ramener. S’il veut prendre part au débat, il<strong>qui</strong>tte son fauteuil et ne peut le reprendrequ’après l’épuisement de l’affaire concernée,sanctionnée par une décision de l’Assembléenationale''.En retenant les députés pendant 15 à 20minutes pour entendre le texte qu’il avait préparé,il a violé les traditions républicaines.A quoi son discours pouvait-il servir après ledébat <strong>qui</strong> venait d’être clôturé, si ce n’est à semettre en vedette ? Dans ce processus, pourquoia-t-il volontairement fait l’impasse sur <strong>la</strong>Gambie ? Veut-il se ménager Jammeh ?Pourquoi ?2°) Un de mes amis professeur d’histoire etgéographie dans un lycée, m’a signalé qu’enprétendant que <strong>la</strong> Charte du Mandé, adoptéeen 1236, était antérieure à <strong>la</strong> Magna Carta, il acommis une faute historique. La Magna Cartaa été promulguée le 15 juin 1215, soit 21 ansavant <strong>la</strong> Charte du Mandé.Qu’est-ce que le président de l’Assembléenationale vou<strong>la</strong>it prouver en abordant unsujet qu’il ne maîtrise pas ? Cherche-t-il à sefaire passer pour un érudit ou comme le mentordans Benno Bokk Yaakaar ? A quellesfins ?UN CITOYEN SÉNÉGALAISwww.enqueteplus.comnuméro 380 • vendredi 14 septembre 2012

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