Bruxelles
Extrait du bulletin n°8 - RCN Justice & Démocratie
Extrait du bulletin n°8 - RCN Justice & Démocratie
- No tags were found...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
2ème trimestre 2004<br />
RWANDA<br />
Les autres membres de la famille<br />
intervenaient aussi pour remplir les<br />
obligations relatives au jugement.<br />
Réactualisation d'un rôle<br />
L’intrusion européenne dans notre<br />
société instaura, pour le meilleur ou<br />
pour le pire, la justice classique qui, dans<br />
son application, élargit les sentiers de la<br />
division.<br />
Quant à la peine de mort, elle a été<br />
importée jadis de l’occident mais depuis,<br />
la plupart des pays occidentaux l’ont<br />
abolie. En revanche, elle demeure chez<br />
nous un sujet tabou!<br />
PHOTO : Isabelle Plumat<br />
Que faut-il faire pour que nos<br />
Inyangamugayo, aujourd’hui chefs de famille «géographique»,<br />
et subir les punitions infligées.<br />
démocratiquement élus, puissent juger dans l’amour, la<br />
Les autres membres devaient contribuer pour l’aider à connaissance, l’équité et la probité ?<br />
supporter le poids.<br />
Quelle réponse aux crimes de sang?<br />
Un jour, je fus étonnée d’apprendre par un sage que, dans le<br />
Rwanda de nos ancêtres, le crime de sang n’était pas puni par la<br />
peine capitale car, dans la sagesse rwandaise, «amaraso ntavurwa<br />
andi» : «le sang n’est pas réparable par le sang».<br />
Cependant, un acte officiel devait remplacer la punition<br />
capitale : c’est ainsi que le chef de la cérémonie prenait un tronc<br />
de bananier qu’il coupait en morceaux pour représenter<br />
l’exécution de la peine capitale.<br />
Après, une peine lourde était infligée au criminel, comme par<br />
exemple répondre à toutes les obligations sociales de la famille<br />
victime et à pourvoir aux besoins économiques de celle-ci<br />
pendant toute sa vie.<br />
A vous, lecteurs, de répondre et à moi de proposer à mes<br />
compatriotes de nous référer à nos ancêtres pour la restauration<br />
de notre Inyangamugayo chef de famille qui a la connaissance<br />
totale sur les affaires à juger, qui peut rendre justice aux<br />
victimes et aider le coupable à supporter le poids de son<br />
infraction, qui peut prendre sur lui le fardeau des crimes des<br />
siens, tout cela dans la sagesse et l’honnêteté.<br />
Et puissions-nous nous référer, dans les juridictions classiques,<br />
gacaca et militaires, à nos ancêtres dans les jugements des crimes<br />
de génocide, des massacres et des crimes de guerre commis<br />
durant la guerre fratricide au Rwanda<br />
Anne-Marie MUKAKARARA,<br />
Chargée de programme - Appui institutionnel.<br />
Espoirs<br />
Gacaca suscite des espoirs car, à travers celle-ci, la population pourra rechercher et trouver la vérité sur ce qui s’est passé<br />
durant le génocide. Les juridictions gacaca jugeraient rapidement les personnes impliquées dans le génocide à cause du<br />
nombre élevé de celles-ci. En plus, comme la gacaca ancienne était un système de régulation des conflits, la gacaca actuelle<br />
permet à la population de créer des brèches dans le mur de silence qui existe entre les différentes couches de la population.<br />
Arriver à s’asseoir ensemble et écouter l’autre sont les premier pas vers la réconciliation. Nous espérons que le Rwandais<br />
aura l’humilité d’apprendre des anciens pour pouvoir reconstruire un monde meilleur.<br />
M.M.<br />
9