LUMIERES_N°44_OCTOBRE_2023
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Lumières<br />
N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong><br />
DOSSIER<br />
Éclairage<br />
extérieur<br />
Des solutions écoresponsables<br />
dans le respect de l’environnement<br />
et de la maîtrise de l’énergie
Lumières<br />
N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong><br />
DOSSIER<br />
Éclairage<br />
extérieur<br />
Des solutions écoresponsables<br />
dans le respect de l'environnement<br />
et de la maîtrise de l'énergie<br />
Éditorial<br />
Isabelle Arnaud<br />
rédactrice en chef<br />
© Image réalisée par Quartiers Lumières avec Midjourney<br />
Des lumières à l’écoute<br />
de la planète<br />
Directeur de la publication<br />
Jean Tillinac<br />
Édition 3e Médias<br />
17, rue de l’Amiral Hamelin<br />
75016 Paris<br />
www.filiere-3e.fr<br />
Rédactrice en chef<br />
Isabelle Arnaud<br />
Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80<br />
lumieres@filiere-3e.fr<br />
Publicité<br />
Sandrine de Montmorillon<br />
Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68<br />
sdm@filiere-3e.fr<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
Alexandre Arène, Frédéric Bergossen<br />
Abonnements<br />
Juliette Aguelon<br />
compta.3emedias@gmail.com<br />
Corrections<br />
Laurence Chabrun<br />
laurencechabrun@gmail.com<br />
Conception graphique et réalisation<br />
Planète Graphique Studio<br />
95, boulevard Berthier<br />
75017 Paris<br />
Impression et routage<br />
Imprimerie Chirat<br />
42540 Saint-Just-La-Pendue<br />
Cela fait quelque temps déjà que l’éclairage est passé en mode circulation<br />
douce. On en oublierait presque (s’il n’en restait quelques vestiges) l’époque<br />
des « pleins feux sur » peignant des installations où les prouesses techniques<br />
étaient davantage mises en avant que les conceptions lumière. Quelques<br />
détracteurs de l’éclairage public objecteront que c’est encore trop, qu’il faut éteindre !<br />
C’est sans reconnaître que le « tout ou rien » est derrière nous, qu’il s’agisse de faire des<br />
économies – la led et les systèmes de gestion de type gradation et détection de présence<br />
le permettent aisément – ou de préserver l’environnement. Comment ignorer les efforts<br />
déployés par les conceptrices et les concepteurs lumière sur la mise en place de trames<br />
noires, sur leurs engagements à respecter la biodiversité ? N’ont-ils pas été les premiers à<br />
recommander des lumières discrètes, non intrusives, dotées de teintes chaudes ?<br />
Les technologies ont suivi : les fabricants proposent des luminaires gradables, pilotables,<br />
et dotés de multiples options. D’ailleurs, comme le soulignent Julien Rapin, président du<br />
groupe de travail « Éclairage solaire » du Syndicat de l’éclairage, et Wilfried Kopec, chef<br />
du département « autres infrastructures en réseau » de la FNCCR, des études précises<br />
permettent de déployer l’éclairage solaire de façon pertinente, notamment dans les<br />
installations neuves. Notre dossier sur l’éclairage des espaces publics le montre bien :<br />
concepteurs, fabricants, installateurs, et même les pouvoirs publics ont dépassé la prise de<br />
conscience. Après avoir prôné pendant des années sobriété et respect de l’environnement,<br />
ils sont consultés, pour la deuxième fois, sur l’arrêté relatif aux nuisances lumineuses qui<br />
devrait voir sa deuxième version paraître bientôt.<br />
Prendre soin de la planète, c’est aussi s’engager à réparer, réutiliser, reconditionner les<br />
produits existants. Tout le monde s’est félicité de pouvoir bénéficier de produits à très<br />
longue durée de vie, mais très vite est apparue aussi l’inquiétude de devoir les jeter en fin<br />
de vie. Les solutions se multiplient pour mettre en œuvre des produits à la fois fabriqués<br />
avec des matières recyclées et que l’on puisse réutiliser : quelques acteurs de la filière<br />
éclairage expliquent, dans notre Cahier technique, comment ils réparent, remettent à<br />
niveau, restaurent, réemploient, reconditionnent afin d’offrir une seconde vie aux produits,<br />
mais aussi à leurs entreprises.<br />
Qui a dit que « la lumière, c’est la vie »?<br />
© 3e Médias, Paris.<br />
Reproduction interdite.<br />
Dépôt légal : octobre <strong>2023</strong><br />
ISSN : 2259-3772<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 3
Lumières Sommaire<br />
© DR © DR<br />
INTERVIEW CROISÉE<br />
06 Éclairage solaire : une autre dimension de la lumière<br />
Julien RAPIN, président du groupe de travail Éclairage<br />
solaire du Syndicat de l’éclairage, directeur commercial,<br />
et cofondateur associé de Novéa Énergies<br />
Wilfried KOPEC, chef du département « autres<br />
infrastructures en réseau », Fédération nationale des<br />
collectivités concédantes et régies (FNCCR)<br />
20<br />
© Antoine Martel, Cité des climats et des vins de Bourgogne<br />
ACTUALITÉS<br />
10 Conseil d’administration du Syndicat de l’éclairage<br />
Agnès Jullian, présidente de Technilum, reçoit les<br />
insignes de Chevalier dans l’ordre national de la<br />
Légion d’honneur<br />
Sécurlite signe un partenariat avec la fédération<br />
Habitat Humanisme<br />
Fin de la fluorescence : dernière étape<br />
11 Jean-Luc Savin devient directeur marketing<br />
chez Sammode<br />
Sylvain Waserman, nommé président-directeur général<br />
de l’ADEME<br />
JNL 2025 : Paris<br />
12 Le Conseil de l’Union européenne adopte la directive<br />
relative à l’efficacité énergétique<br />
Ignes et Coédis signent une charte d’engagement sur le<br />
partage de données environnementales<br />
13 Rénovation des écoles : Sylvania s’engage<br />
Éclairer l’espace public et le paysage, par Roger Narboni<br />
14 Palmarès <strong>2023</strong> du concours Lumières organisé par<br />
le SERCE<br />
15 Renouvellement du bureau du SERCE<br />
16 Prix Artisan Créateur de lumière <strong>2023</strong><br />
Manifeste de l’ACE : Acte 2<br />
22<br />
PROJETS<br />
20 Expérience sensorielle à la Cité des climats et des vins<br />
de bourgogne – Conception lumière : les éclaireurs<br />
22 Les lumières sculptées de Te Fare Iamanaha – Conception<br />
lumière : ACL<br />
PERSPECTIVES<br />
26 Inventronics, l’alliance de l’expérience et du dynamisme<br />
Steve Denni, directeur commercial des comptes globaux,<br />
Inventronics<br />
© Alexis Coussement<br />
ENTRETIEN<br />
18 Jean-Yves Soëtinck,<br />
concepteur lumière, L’Acte Lumière<br />
La lumière comme moyen<br />
© DR<br />
4 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Sommaire<br />
56<br />
© Sammode<br />
28<br />
© Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe<br />
DOSSIER<br />
28 Éclairage extérieur : des voies urbaines<br />
aux espaces ruraux<br />
29 Lionel Bessières, concepteur lumière,<br />
Quartiers Lumières : Conception lumière :<br />
trouver le juste équilibre<br />
30 Espaces publics : efficacité et biodiversité<br />
48 Enquête produits : Sobriétés diurne et nocturne<br />
DESIGNER<br />
55 Natacha Mondon et Éric Pierre<br />
58<br />
SHOWROOM<br />
56 Sammode : l’éclairage design et durable<br />
CAHIER TECHNIQUE<br />
58 Réemploi, réparabilité : la filière se mobilise<br />
© Quentin Durand<br />
55<br />
© Alexis Courraud<br />
PRODUITS<br />
63 EAS Solutions présente Nicole, d’Innolumis, pour<br />
optimiser l’éclairage public<br />
Quinta, l’encastré avec lentilles Darklight d’Erco<br />
64 Nouveautés<br />
65 Vivares, la gestion de l’éclairage par Ledvance<br />
Lenzo, développé par Sylvania<br />
66 Index<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 5
Lumières Interview croisée<br />
Éclairage solaire :<br />
une autre dimension de la lumière<br />
Le Syndicat de l’éclairage est la première organisation professionnelle représentant les industriels,<br />
et a pour vocation d’affirmer la réalité et le dynamisme du marché français, tant en éclairage<br />
intérieur qu’extérieur et dans toutes ses composantes : sources, luminaires, systèmes de gestion<br />
de l’éclairage. Il défend les intérêts des fabricants à un niveau national et européen auprès de<br />
l’administration, des organismes de la filière, des bureaux d’études, des concepteurs, et noue<br />
des partenariats avec ces mêmes institutions. Le Syndicat de l’éclairage représente 7 000 emplois<br />
en France. Il accompagne ses adhérents (plus de 50) dans leurs démarches de progrès et<br />
d’innovation. L’un de ses principaux axes de communication repose sur l’édition de brochures<br />
ou de guides, comme celui concernant les espaces extérieurs ou encore celui sur les bâtiments<br />
tertiaires publiés avec l’ADEME. Le Syndicat de l’éclairage a créé un groupe de travail dédié à<br />
l’éclairage solaire qui rassemble une dizaine d’acteurs.<br />
La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) est une association de<br />
collectivités territoriales spécialisées dans les services publics locaux en réseau. Créé en 1934,<br />
c’est un organisme représentatif et diversifié qui regroupe à la fois des collectivités qui délèguent<br />
les services publics à des entreprises et d’autres qui gèrent elles-mêmes ces services publics<br />
(régies, SEM, coopératives d’usagers…). Elle accompagne ses adhérents dans l’organisation<br />
technique, administrative et financière des services publics locaux en réseau et des activités qui<br />
leur sont liées (cartographie numérique et gestion des données, mise en commun de moyens,<br />
groupements de commandes, etc.). Elle exprime le point de vue collectif de ses adhérents,<br />
notamment lors de la préparation des textes législatifs et réglementaires et dans le cadre de<br />
négociations à caractère national avec des entreprises délégataires.<br />
6 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Interview croisée<br />
© DR<br />
Julien RAPIN<br />
Président du groupe de travail Éclairage<br />
solaire du Syndicat de l’éclairage<br />
Directeur commercial,<br />
et cofondateur associé de Novéa Énergies<br />
Wilfried KOPEC<br />
Chef du département<br />
« autres infrastructures en réseau »,<br />
Fédération nationale des collectivités<br />
concédantes et régies (FNCCR)<br />
© DR<br />
Quelle définition donneriez-vous de l’éclairage solaire dans les espaces urbains ?<br />
Wilfried Kopec – L’éclairage solaire fonctionne grâce à un<br />
rayonnement qui capte l’énergie solaire via un panneau<br />
photovoltaïque pour la convertir en électricité. Cette<br />
énergie est stockée dans des batteries qui s’activent dès<br />
le soir tombé pour produire de la lumière. Le matériel se<br />
trouve donc complètement dissocié du réseau, ce qui est<br />
particulièrement intéressant dans les situations où tirer<br />
des câbles pose un problème. Et justement, la plupart du<br />
temps, les collectivités font le choix du photovoltaïque pour<br />
éclairer des zones où il n’est pas opportun économiquement<br />
de relier l’éclairage au réseau. Le matériel évoluant, on a<br />
vu récemment apparaître de nouvelles pratiques grâce,<br />
notamment, à des solutions mixtes qu’on appelle aussi<br />
hybrides : des lampadaires raccordés au réseau et qui<br />
pourtant disposent de panneaux et de batteries qui les<br />
rendent autonomes. Autre nouveauté : les collectivités font<br />
appel au solaire en remplacement de matériels raccordés au<br />
réseau. Il s’agit là d’une autre manière de penser l’éclairage<br />
public, radicalement différente de ce qui s’est pratiqué<br />
pendant des années. Dans tous les cas, la prise de décision<br />
doit se faire en toute connaissance de cause, et une étude<br />
effectuée par des spécialistes s’impose. En effet, il faut<br />
dimensionner une installation d’éclairage solaire capable de<br />
fonctionner à longueur d’année, quelles que soient la saison<br />
ou les conditions météorologiques. Il faut donc pouvoir<br />
bénéficier à la fois de panneaux solaires et de batteries très<br />
performants et bien dimensionnés.<br />
Julien Rapin – Le groupe de travail du Syndicat de l’éclairage<br />
parle de candélabre solaire autonome. Notre guide donne la<br />
définition suivante : « Équipé d’une batterie de stockage qui<br />
se charge le jour par la production d’énergie d’un panneau<br />
solaire photovoltaïque, l’éclairage solaire est autonome,<br />
c’est-à-dire indépendant du réseau électrique ». Wilfried<br />
Kopec a évoqué la notion d’hybridation, sur laquelle nous<br />
n’avons pas encore de recul et qui, à l’heure actuelle, peut<br />
créer une certaine confusion. Les industriels préfèrent parler<br />
d’éclairage solaire autonome, sans raccordement à aucun<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 7
Lumières Interview croisée<br />
réseau électrique. En effet, tous les arguments en faveur<br />
d’un éclairage solaire autonome « pas de tranchée, pas de<br />
câble, pas de raccordement réseau, pas de consommation<br />
électrique » ne peuvent pas être dupliqués en éclairage<br />
hybride ! Et il faut prendre en compte la durabilité des<br />
appareils : les candélabres solaires sont composés de<br />
panneaux photovoltaïques et de batteries qui ne présentent<br />
pas les mêmes durées de vie. Même si le produit solaire<br />
inspire plus confiance qu’il y a 10 ans, nous recevons encore<br />
beaucoup de questions : sur la durée de vie des produits,<br />
leur recyclabilité, leur impact environnemental. Au sein<br />
du Syndicat de l’éclairage, les fabricants sont quasiment<br />
unanimes : à 25 ans, les fabricants sérieux de panneaux<br />
solaires annoncent que le panneau a encore a encore 80 %<br />
de son énergie initiale. Sur les batteries, on trouve des<br />
durées de vie qui vont de 5 à 25 ans. Qu’ils soient solaires<br />
ou raccordés au réseau, les équipements d’éclairage public<br />
nécessitent les mêmes maintenances de base : nettoyage,<br />
vérification de visserie, etc., sans intervention particulière<br />
sur le panneau solaire ; ce qui permet de prolonger leur<br />
durée de vie. Quoiqu’il en soit, pour un néophyte, la<br />
durée de vie d’un lampadaire solaire est assez complexe à<br />
évaluer, aussi nous recommandons aux maîtres d’ouvrage<br />
de demander des garanties aux fabricants et des études de<br />
dimensionnement de l’installation.<br />
Wilfried Kopec – L’étude s’avère en effet primordiale, car parfois,<br />
les collectivités optent pour un éclairage hybride (solaire et<br />
en réseau) sans trop mesurer les conséquences économiques<br />
d’un tel choix. L’éclairage hybride ou solaire non raccordé<br />
ne constitue pas une solution efficace si l’on n’a pas évalué<br />
son impact environnemental. La FNCCR a abordé ce<br />
sujet dans sa lettre trimestrielle. Nous nous sommes rendu<br />
compte qu’il fallait s’interroger sur l’analyse du cycle de<br />
vie : est-ce que, à un moment donné, on ne va pas créer<br />
un déséquilibre en termes de production de panneaux et de<br />
batteries ? Une étude fine permet de comprendre l’intérêt<br />
d’installer des panneaux sous certaines latitudes plutôt que<br />
d’autres.<br />
Cela voudrait-il dire que les maîtres d’ouvrage hésitent encore<br />
à franchir le pas du solaire ?<br />
Julien Rapin – Il existe en effet des limites techniques, même<br />
si on fonctionne de plus en plus par le rayonnement diffus,<br />
car les panneaux ont beaucoup évolué. Le lampadaire<br />
solaire produit son énergie par l’irradiation solaire avec une<br />
part directe et une part diffuse. Les logiciels de calcul de<br />
production solaire intègrent parfaitement ces notions selon<br />
la zone géographique, l’inclinaison du panneau solaire, la<br />
technologie employée. Et il est possible de dimensionner<br />
le panneau solaire dans les cas où il peut manquer<br />
quelques heures d’ensoleillement direct. Le contexte<br />
énergétique ainsi que les attentes des citoyens font que les<br />
communes accueillent favorablement l’éclairage solaire.<br />
Effectivement, les communes ont de plus en plus intégré<br />
la notion d’éclairer juste pour limiter leur consommation<br />
d’énergie. Sachant que plus la consommation d’énergie<br />
est réduite et plus la solution solaire autonome devient<br />
pertinente, car le dimensionnement en panneau solaire et<br />
batterie devient plus économique. En effet, les collectivités<br />
diminuent la temporalité de leur éclairage, effectuent des<br />
abaissements de puissance plus importants, des coupures<br />
en cœur de nuit et intègrent de la détection de présence<br />
dans leur projet d’éclairage. L’apport des spécialistes est ici<br />
vraiment important. Notre expertise permet de calculer au<br />
plus juste l’éclairage solaire pour l’adapter aux différentes<br />
applications : circulation douce, parkings, cheminements<br />
piétons, pistes cyclables, zones d’activité où la plage<br />
d’éclairage est faible, etc. Pour certaines applications, on ne<br />
se pose plus la question : par exemple, le candélabre solaire<br />
pour éclairer un abribus perdu dans la campagne est une<br />
réponse évidente.<br />
Wilfried Kopec – Cet exemple est très intéressant : cela veut<br />
dire que les élus font entièrement confiance à la solution<br />
solaire. En effet, dans les campagnes, les bus constituent<br />
des moyens de transport essentiellement empruntés par<br />
les scolaires, donc les enfants ; l’éclairage des abribus doit<br />
toujours être en bon état de fonctionnement.<br />
Outre les consommations d’énergie et la sécurité,<br />
quels sont les arguments en faveur du solaire ?<br />
Julien Rapin – Le coût global de l’installation entre en jeu,<br />
comme dans tout projet d’éclairage public. Nous avons<br />
constaté que les collectivités ont diminué leur temporalité<br />
d’éclairage et, avec la led, elles sont passées d’un éclairement<br />
de 15 lux (en sodium) à 7,5 lux, car la perception de la<br />
lumière est différente et cette valeur reste acceptable selon<br />
la norme EN 13-201. Lorsque nous, fabricants de solaire,<br />
sommes sollicités, il y a systématiquement comparaison<br />
“L’éclairage autonome, une solution durable :<br />
le panneau photovoltaïque a encore 80 % de son énergie<br />
initiale au bout de 25 ans. ” Julien Rapin<br />
8 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Interview croisée<br />
“Des études, économiques et environnementales, d’éclairage<br />
solaire s’imposent afin de dimensionner judicieusement<br />
l’installation.” Wilfried Kopec<br />
avec une installation en réseau, ce qui paraît judicieux pour<br />
maîtriser les dépenses de la collectivité. Nous accompagnons<br />
les collectivités dans la qualification du besoin d’éclairage et<br />
le dimensionnement de leur solution, car bien souvent, elles<br />
n’ont pas les moyens techniques de la réaliser elles-mêmes.<br />
L’analyse inclut une étude d’éclairement, bien entendu,<br />
un scénario d’éclairage élaboré en concertation avec le<br />
syndicat d’énergie par exemple, un bilan énergétique qui<br />
tient compte de la zone géographique…<br />
Wilfried Kopec – Les communes s’engagent pour 20, 30 ans :<br />
il va sans dire que raisonner en coût global devient<br />
une obligation. Je pense notamment aux rénovations<br />
importantes qui vont se développer grâce aux aides<br />
financières mises en place comme le Fonds vert (1) (l’éclairage<br />
public représente le deuxième poste de consommation après<br />
les bâtiments communaux) et Lum’ACTE. La question du<br />
photovoltaïque va se poser, tout comme la mise en place<br />
de systèmes d’éclairage intelligent avec tout ce que cela<br />
sous-entend en termes de connexions : caméras, recharges<br />
de véhicules, détecteurs de présence, etc. Si on sait que le<br />
réseau d’éclairage va fonctionner à longueur de journée<br />
pour alimenter d’autres services, il n’est peut-être pas<br />
opportun d’installer un éclairage autonome. A contrario,<br />
l’éclairage intelligent et connecté ne concerne pas toutes les<br />
communes, et au sein d’une commune, il ne s’applique pas à<br />
tous les quartiers. Même si les communes peuvent bénéficier<br />
d’aides financières telles que Lum’ACTE, un programme<br />
pour accompagner la rénovation de l’éclairage public, il est<br />
difficile, sans étude, d’évaluer la rentabilité de la rénovation.<br />
Et s’il s’agit de rénovation d’une installation solaire ?<br />
Wilfried Kopec – Il faut aussi que les fournisseurs « fiables »<br />
puissent éventuellement « sauver » les installations dont les<br />
produits sont issus de fabricants qui risquent de disparaître<br />
du marché d’ici quelques années afin d’éviter de tout changer,<br />
y compris le mât. L’esthétisme des luminaires photovoltaïques<br />
peut également interroger, surtout lorsqu’une rue entière est<br />
équipée. Si l’éclairage solaire s’impose comme la solution la<br />
mieux adaptée, la plus efficace et pertinente, c’est évident<br />
que l’on ne va pas s’arrêter à ce détail.<br />
Julien Rapin – Cela nous est déjà arrivé de rééquiper, avec<br />
notre système de batterie et électronique, un lampadaire<br />
solaire qui était mal dimensionné et que nous n’avions<br />
pas fourni. Nous nous efforçons, au sein du Syndicat de<br />
l’éclairage, de standardiser le plus possible nos solutions,<br />
c’est un axe de développement pour tous les spécialistes. Je<br />
voulais ajouter que le caractère écologique de l’éclairage<br />
solaire dépend aussi de la durabilité et de la recyclabilité<br />
des matériels. Par exemple, les panneaux photovoltaïques<br />
sont recyclables à environ 95 % : il existe des écoorganismes,<br />
comme Soren, qui collectent et recyclent les<br />
panneaux solaires. De même, les batteries sont récupérées<br />
par des usines pour être revalorisées ; l’ADEME estime<br />
que la revalorisation d’une batterie se situe entre 70 % et<br />
80 %. Nous croyons un peu plus à la seconde vie qu’au<br />
recyclage pur et dur. Comme je le précisais plus haut,<br />
nos batteries en fin de vie ne sont pas complètement hors<br />
service, puisqu’à 20 ans, il reste encore 80 % de puissance<br />
qui pourraient être réutilisés dans d’autres produits ou<br />
applications différentes. En conclusion, je voudrais attirer<br />
l’attention sur le fait que l’éclairage solaire n’est pas un<br />
concurrent de l’éclairage réseau : les deux technologies ne<br />
s’opposent pas, seule une étude affinée permet de faire un<br />
choix judicieux et adapté !<br />
Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />
(1) Le fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires, aussi appelé « Fonds vert », est doté de 2 milliards d’euros afin d’aider les<br />
collectivités territoriales et leurs partenaires à accélérer leur transition écologique. Inscrit dans la loi de finances <strong>2023</strong> et coordonné par la Direction<br />
générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), en qualité de responsable de programme, ce fonds doit permettre le déploiement<br />
d’actions territoriales, sous la responsabilité des préfets. Le Fonds vert a pour objectif de faire passer le taux de remplacement des équipements<br />
d’éclairage extérieur public à 10 % par an, sans attendre l’obsolescence totale du parc. Une rénovation de l’ensemble des parcs anciens, associant<br />
extinction, diminution de la puissance et du nombre de points lumineux, amènerait à diviser par deux la consommation électrique pour l’éclairage<br />
public (soit un potentiel d’économie de 2,8 TWh).<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 9
Lumières Actualités<br />
Nouveau conseil<br />
d’administration du<br />
Syndicat de l’éclairage<br />
Faisant suite à l’assemblée générale du 28 juillet dernier, le Syndicat de<br />
l’éclairage a élu un nouveau conseil d’administration qui est composé<br />
de :<br />
Julien Arnal, président (La Manufacture des Lumières)<br />
Antoine Bonneville (Lenzi)<br />
Tristan De Witte (Rivalen)<br />
Agnès Jullian (Technilum)<br />
Emmanuel Gagnez, vice-président (Sammode)<br />
Hervé Le Guédard (Sylvania)<br />
Marcel Masson, vice-président (Zumtobel)<br />
Alain Minet (Gewiss)<br />
Stéphane Ragni (Ragni)<br />
Isabelle Tribotté (Signify)<br />
Jean-Marc Vogel (Ledvance)<br />
Lionel Witkowski (Trilux)<br />
Légion d’honneur<br />
Agnès Jullian, présidente de Technilum, a reçu les insignes de<br />
Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur des mains de<br />
Jean Castex, ancien Premier ministre et actuel PDG de la RATP, sur le site<br />
de Lézigno, siège social de Technilum.<br />
À la tête de Technilum, société familiale fondée par son père, depuis près<br />
de 30 ans, Agnès Jullian a su insuffler des valeurs fortes à l’entreprise<br />
et s’engager au sein de la société civile, ou au travers d’activiwtés<br />
de mécénat culturel (Association Lézigno, Heureuses Coïncidences,<br />
Mécènes du Sud…), elle a toujours eu à cœur de faire rayonner le territoire<br />
biterrois et régional, en France et dans le monde.<br />
Dans les jardins de Lézigno, ancien chai viticole réhabilité en siège social et<br />
site de production de Technilum, la cérémonie s’est déroulée en présence<br />
du sous-préfet de Béziers, Pierre Castoldi, de la députée Emmanuelle<br />
Ménard, de la présidente de Région Carole Delga, du maire de Béziers,<br />
président de son agglomération, Robert Ménard, et de nombreux autres<br />
élus du territoire, notamment Philippe Vidal, Alain Caralp, Didier Mouly,<br />
Stephan Rossignol, mais aussi Daniel Ballester, Dorothée Cantoni,<br />
Philippe Gabaudan, Bertrand Malquier, Thomas Ricard…<br />
Ce moment fort a également été partagé avec tous les salariés de<br />
Technilum, famille, amis, clients, partenaires et institutionnels qui, d’une<br />
manière ou d’une autre, ont marqué le parcours de la dirigeante. n<br />
Sécurlite signe un<br />
partenariat avec la<br />
fédération Habitat et<br />
Humanisme<br />
Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des engagements de Sécurlite,<br />
membre du collectif et entreprise à mission Rivalen. La démarche<br />
vise à soutenir des projets sociaux liés au logement, et le programme se<br />
traduit par la fourniture de luminaires qui ont déjà été utilisés. Deux projets<br />
sont en cours d’équipement dans les villes de Marseille et de Lyon, un<br />
troisième est en discussion au Mans.<br />
Le premier projet concerne la rénovation écoresponsable d’un immeuble<br />
à Marseille, comprenant quatre logements destinés à des familles<br />
monoparentales. Pour cette initiative, Sécurlite a fourni 10 luminaires de<br />
la gamme Bang, très résistants et économes en énergie.<br />
Le deuxième projet concerne une pension de famille dans le Rhône, offrant<br />
un soutien aux personnes en difficulté d’insertion. Pour cette résidence,<br />
Sécurlite a fourni 30 luminaires de la gamme Voila Noir, à la fois élégante<br />
et durable car issue d’une démarche d’éco-conception et adaptée aux<br />
bâtiments résidentiels basse consommation.<br />
Un troisième projet est en cours de discussion avec Habitat & Humanisme<br />
Sarthe Mayenne pour une nouvelle résidence intergénérationnelle au Mans.<br />
Par cette collaboration, Sécurlite témoigne de son engagement au sein<br />
d’initiatives écoresponsables, et entend contribuer aux défis du mal<br />
logement et à la construction d’une société plus inclusive. n<br />
Fin de la fluorescence :<br />
dernière étape<br />
L<br />
a directive RoHS vise à<br />
prévenir les risques pour<br />
la santé et l’environnement<br />
liés à la présence de substances<br />
dangereuses dans<br />
les équipements électriques<br />
et électroniques. Ces dernières<br />
années, les lampes<br />
contenant du mercure bénéficiaient<br />
d’exemptions.<br />
Comme annoncé en 2022, la<br />
révision de la directive introduit<br />
l’interdiction de mise sur<br />
le marché européen depuis :<br />
- le 24 février <strong>2023</strong>, des tubes fluorescents à longue durée de vie et<br />
lampes fluorescentes compactes avec appareillage non intégré (CFL-ni)<br />
de moins de 20 000 heures ;<br />
- le 24 août <strong>2023</strong>, des tubes fluorescents T5 et T8, lampes fluorescentes<br />
compactes (avec une durée de vie de plus de 20 000 heures).<br />
Passées ces dates, les produits déjà mis sur le marché européen pourront<br />
continuer à être vendus jusqu’à épuisement des stocks.<br />
Les fabricants de matériel d’éclairage proposent d’ores et déjà des solutions<br />
led efficaces de remplacement pour permettre aux maîtres d’ouvrage<br />
de rénover progressivement leurs installations, quel que soit le<br />
domaine d’application.<br />
Les lampes et tubes fluorescents déposés peuvent être confiés à<br />
Ecosystem, éco-organisme chargé de la collecte et du traitement des<br />
lampes en fin de vie. n<br />
10 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Jean-Luc Savin,<br />
directeur marketing<br />
Sammode<br />
Après de nombreuses années passées<br />
dans le domaine du génie climatique, la<br />
© DR<br />
ventilation, d’abord chez Aereco, puis dans<br />
les énergies renouvelables au sein du groupe Vaillant, Jean-Luc Savin<br />
a rejoint la société Sammode en février dernier en tant que directeur<br />
marketing et communication.<br />
« Ce qui m’a immédiatement attiré chez Sammode, c’est cet engagement<br />
et ces valeurs fortes autour du fabriqué en France, de la durabilité et de<br />
l’environnement, avec des produits disposant d’une signature formelle<br />
très identifiable. À l’opposé du tout jetable, les produits sont conçus avec<br />
un choix fort et assumé de matériaux nobles et robustes. Le secteur<br />
de l’éclairage est passionnant, et il existe des jonctions naturelles<br />
avec le domaine du génie climatique d’où je viens : clients et marchés<br />
(promoteurs, architectes…), contraintes techniques élevées ou encore<br />
efficacité énergétique et environnementale, notamment. Rares sont les<br />
entreprises qui, comme Sammode, peuvent répondre à des demandes<br />
aussi variées : équipement d’un brise-glace polaire, d’une aciérie aux<br />
Pays-Bas, d’une usine agroalimentaire en Bretagne, etc.<br />
Le passage à la led a entraîné de nombreux bouleversements, aussi<br />
bien d’ordre marketing que technique, qu’il nous faut accompagner par<br />
une offre produit en constante évolution. La valorisation de la dimension<br />
environnementale et la RSE constituent des sujets de première<br />
importance pour Sammode, tout comme le développement des services<br />
associés ou encore la croissance à l’international. » n<br />
Sylvain Waserman<br />
nommé présidentdirecteur<br />
général<br />
de l’ADEME<br />
© DR<br />
Le Conseil des ministres a nommé Sylvain Waserman présidentdirecteur<br />
général de l’ADEME. Il succède ainsi à Boris Ravignon.<br />
Sylvain Waserman, 55 ans, est diplômé de Telecom Sud Paris (1995), du<br />
Theseus International Management Institute (1997) et de l’ENA (2008).<br />
Il débute sa carrière en tant qu’ingénieur dans les télécommunications,<br />
avant de devenir, en 2009, directeur général du réseau GDS-Gaz de<br />
Strasbourg, où il a œuvré au développement de réseaux de chaleur<br />
urbains ainsi qu’à la mise en place de contrats de performance<br />
énergétique à l’échelle de quartiers. En 2017, Sylvain Waserman est<br />
élu député pour le MoDem dans la circonscription de Strasbourg, et<br />
est nommé à la suite vice-président de l’Assemblée nationale. À cette<br />
fonction, il rédige le rapport Transparence et éthique du lobbying et porte<br />
une loi renforçant la protection des lanceurs d’alerte. Sylvain Waserman<br />
s’est investi dans le conseil en transition écologique pour les entreprises<br />
en créant le cabinet Acting 4 A Sustainable World (A4ASW). n<br />
JNL 2025<br />
Àla fin des Journées nationales de la lumière à Orléans, Éric Lacou,<br />
président du centre AFE Centre-Val de Loire, a passé le flambeau<br />
à Franck Gosset, président du centre régional AFE Grand Paris Île-de-<br />
France, qui organisera les JNL de 2025 à Paris. n<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 11
Lumières Actualités<br />
Le Conseil de l’Union européenne adopte la directive<br />
relative à l’efficacité énergétique<br />
L<br />
e Conseil a adopté, le 25 juillet dernier, de nouvelles règles visant<br />
à réduire la consommation finale d’énergie au niveau de l’UE de<br />
11,7 % en 2030. Les États membres bénéficieront de marges de<br />
manœuvre pour atteindre cet objectif.<br />
Les États membres doivent assurer collectivement une réduction de la<br />
consommation finale d’énergie d’au moins 11,7 % en 2030 par rapport<br />
aux prévisions de consommation d’énergie pour 2030 établies en 2020.<br />
Cela se traduit par une limite supérieure de 763 millions de tonnes<br />
d’équivalent pétrole pour la consommation finale d’énergie de l’UE et<br />
de 993 millions de tonnes d’équivalent pétrole pour la consommation<br />
primaire.<br />
La limite de consommation pour la consommation finale sera contraignante<br />
pour les États membres collectivement, tandis que l’objectif en matière<br />
de consommation d’énergie primaire sera indicatif. La consommation<br />
finale d’énergie représente l’énergie consommée par les utilisateurs<br />
finaux, tandis que la consommation d’énergie primaire inclut également<br />
ce qui est utilisé pour la production et la fourniture d’énergie.<br />
Ignes et Coédis signent une charte<br />
d’engagement sur le partage<br />
de données environnementales<br />
À<br />
l’occasion de son assemblée générale, Ignes (alliance des industriels<br />
des solutions électriques et numériques du bâtiment) et la fédération<br />
des distributeurs professionnels des solutions électriques, climatiques et<br />
sanitaires (Coédis) se mobilisent à travers la signature d’une charte d’engagement<br />
sur le partage de données environnementales prioritaires en faveur<br />
de la décarbonation et l’économie circulaire.<br />
Face aux enjeux de décarbonation du bâtiment et de raréfaction des ressources,<br />
cette charte implique fabricants et distributeurs et vise à accélérer<br />
considérablement la mise à disposition de données environnementales<br />
fiables aux entreprises, en orientant les efforts sur un premier jeu d’indicateurs<br />
prioritaires reposant sur une méthodologie précise inscrite dans la charte :<br />
• sur le volet carbone, un indicateur intitulé « contribution au réchauffement<br />
climatique », mesurant la contribution des produits et de leurs emballages<br />
au réchauffement climatique (en kg CO 2<br />
équivalent) sur l’ensemble du<br />
Tous les États membres doivent fixer des contributions et des trajectoires<br />
nationales indicatives pour atteindre l’objectif dans leurs plans nationaux<br />
intégrés en matière d’énergie et de climat. Les projets de plans nationaux<br />
intégrés en matière d’énergie et de climat actualisés devaient être élaborés<br />
pour juin <strong>2023</strong> et les plans définitifs devront l’être en 2024.<br />
La formule de calcul des contributions nationales à la réalisation de<br />
l’objectif est indicative, avec la possibilité de s’en écarter de 2,5 %.<br />
La Commission calculera si toutes les contributions permettent d’atteindre<br />
l’objectif de 11,7 %, et dans la négative, demandera des corrections aux<br />
contributions nationales qui sont inférieures à ce qu’elles auraient été si<br />
la formule avait été utilisée (mécanisme destiné à combler les écarts). La<br />
formule est fondée, entre autres, sur l’intensité énergétique, le PIB par<br />
habitant, le développement des énergies renouvelables et le potentiel<br />
d’économies d’énergie.<br />
L’objectif annuel d’économies d’énergie pour la consommation finale<br />
d’énergie augmentera progressivement de 2024 à 2030. Les États<br />
membres doivent réaliser de nouvelles économies annuelles de 1,49 % de<br />
la consommation finale d’énergie en moyenne au cours de cette période,<br />
pour atteindre progressivement 1,9 % le 31 décembre 2030.<br />
Les États membres peuvent prendre en compte, dans le calcul de<br />
l’objectif, les économies d’énergie réalisées grâce à des mesures de<br />
politique publique au titre de la directive actuelle et de la directive révisée<br />
sur la performance énergétique des bâtiments ; les mesures découlant du<br />
système d’échange de quotas d’émission de l’UE (pour les installations<br />
et pour les bâtiments et les transports), et les mesures d’urgence dans le<br />
domaine de l’énergie.<br />
Les nouvelles règles fixent une obligation spécifique pour le secteur public<br />
de parvenir à une réduction annuelle de la consommation d’énergie de<br />
1,9 %, les transports publics et les forces armées pouvant être exclus.<br />
En outre, les États membres seront tenus de rénover chaque année au<br />
moins 3 % de la surface totale au sol des bâtiments appartenant à des<br />
organismes publics. n<br />
cycle de vie du produit. Cette information est issue des fiches recensant<br />
les données environnementales des produits PEP ecopassport ;<br />
• sur l’économie circulaire, un indicateur précisant le pourcentage de<br />
matière recyclée contenu dans le produit et un autre pour l’emballage.<br />
Un indicateur reste encore à définir autour de la réparabilité/durabilité.<br />
Il s’agit pour les signataires d’inciter à cette démarche l’ensemble de leurs<br />
adhérents, quelle que soit leur taille. Cela nécessite à la fois de nouveaux<br />
investissements financiers, de l’expertise ainsi que des ressources spécifiques<br />
à allouer. C’est pourquoi les engagements ambitieux pris dans<br />
cette charte s’inscrivent dans le temps, avec une planification séquencée<br />
à l’horizon 2025, puis 2028. n<br />
© DR<br />
José Pretot,<br />
président Coédis<br />
et Benoît Coquart,<br />
président Ignes<br />
12 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Actualités<br />
Rénovation des écoles :<br />
Sylvania anticipe<br />
L<br />
e président de la République a<br />
annoncé, en septembre, son intention<br />
de rénover plus de 40 000 établissements<br />
scolaires d’ici à dix ans.<br />
500 millions d’euros seront débloqués à<br />
cet effet en 2024, a-t-il également indiqué.<br />
Selon Sylvania, pour relever ce défi,<br />
les communes, les départements et<br />
les régions doivent saisir l’opportunité offerte par l’éclairage intelligent,<br />
adapté aux budgets de toutes les collectivités quelle que soit leur taille<br />
grâce à un retour sur investissement rapide.<br />
Sylvania en fait la preuve avec l’exemple d’un collège de 1 200 m² qui<br />
a réalisé 89 % d’économies grâce à la rénovation de ses 25 classes,<br />
et un investissement de 52 000 €, amorti en quatre ans. 200 lampes<br />
traditionnelles ont été remplacées par des luminaires led associés à une<br />
solution de gestion intelligente de l’éclairage.<br />
En effet, face à l’urgence climatique et à l’explosion des coûts de l’énergie,<br />
la réflexion sur la rénovation de l’éclairage dans les établissements<br />
scolaires est un sujet clé qui aborde autant les questions d’usage liées au<br />
confort visuel que la sobriété énergétique. D’autant plus que le potentiel<br />
d’économies d’énergie lié à une rénovation de l’éclairage des locaux<br />
scolaires est évalué par l’ADEME entre 40 % et 80 % et qu’elle constitue<br />
un levier rapide et efficace à activer, sans incidence sur le fonctionnement<br />
des établissements scolaires. n<br />
© Sylvania<br />
Éclairer l’espace public et le<br />
paysage, par Roger Narboni<br />
C<br />
et ouvrage décrit les enjeux environnementaux et sociétaux actuels<br />
de l’éclairage, détaille le rôle et les responsabilités des différents<br />
intervenants et expose les approches stratégiques préalables à la<br />
conception d’un projet d’éclairage. Il explique les étapes du projet, des<br />
études préliminaires à la réception des travaux ; précise les spécificités<br />
du projet d’éclairage d’espace urbain et d’aménagement paysager et<br />
renseigne sur les caractéristiques des sources et supports, ainsi que sur<br />
les systèmes permettant de piloter une installation. Enfin, il donne les<br />
éléments d’exploitation et de maintenance d’une installation et repère les<br />
évolutions et les futures attentes en matière d’éclairage.<br />
Pour concevoir et mettre en œuvre un éclairage urbain et paysager<br />
durable, une bonne connaissance des installations, des différents<br />
équipements disponibles, des problématiques environnementales et<br />
sociétales, ainsi que du contexte urbain et paysager dans lequel s’inscrit<br />
le projet est indispensable.<br />
Ce livre est destiné aux professionnels de<br />
l’éclairage (éclairagistes et concepteurs<br />
lumière) ainsi qu’aux intervenants susceptibles<br />
de collaborer à un projet d’éclairage (maîtres<br />
d’ouvrage, architectes, paysagistes, urbanistes).<br />
Éclairer l’espace public et le paysage,<br />
256 pages, 59 € – EAN : 9782281146462.<br />
Boutique Le Moniteur :<br />
https://boutique.lemoniteur.fr n<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 13
Lumières Actualités<br />
Palmarès du concours Lumières organisé par le SERCE<br />
A<br />
lors que l’année 2022, placée sous le signe de la sobriété, a<br />
vu nombre de communes éteindre leurs éclairages, le 10 mai<br />
dernier, le jury du concours Lumières <strong>2023</strong> a distingué quatre maîtres<br />
d’ouvrage.<br />
1 er prix : Ville de Mazamet (81) pour la mise en lumière d’une<br />
passerelle himalayenne, symbole de la reconversion réussie de son<br />
territoire. Installateur : SPIE CityNetworks – Équipements : Signify.<br />
Perché à 1 560 m d’altitude sur un éperon rocheux, le fort du Télégraphe<br />
domine Saint-Michel-de-Maurienne et la vallée de la Maurienne. Une<br />
cinquantaine de projecteurs et de réglettes led révèlent la citadelle,<br />
visible depuis la vallée et la route. Les antennes relais hertziennes ont été<br />
intégrées au projet, éclairées en bleu.<br />
3 e prix ex aequo : les villes d’Yerres (91) et de Lyon (69) remportent<br />
ex aequo la troisième place pour la mise en lumière du parc Budé et<br />
le projet artistique « Traverser la lumière », chacun valorisant deux sites<br />
jusqu’alors délaissés.<br />
Ville d’Yerres (91), pour la mise en lumière du parc Budé (remparts,<br />
tour de guet, grotte et cheminements). Architecte : Cabinet Vermeulin<br />
– Paysagistes : Élise et Martin Hennebicque – Conception lumièrescénographie<br />
: De Cour à Jardin – Équipements : Griven, Luce & Light,<br />
Lumteam, Targetti – Installateur : Satelec.<br />
© Ville de Mazamet. Photo Laurent Frezouls<br />
© Clement Leroyer Aspark Studio<br />
La passerelle himalayenne relie les vestiges archéologiques de l’église<br />
Saint-Sauveur au village médiéval d’Hautpoul. Sa structure métallique<br />
surplombe de 70 m de haut la vallée de l’Arnette, sur une longueur<br />
d’environ 140 m. La mise en lumière valorise à la fois l’environnement<br />
immédiat du site et la structure, sans mobiliser de moyens techniques<br />
trop importants, pour en faciliter la maintenance.<br />
2 e prix : Communauté de communes Maurienne Galibier (73)<br />
pour la mise en valeur du fort du Télégraphe. Conception lumière :<br />
Atelier Roland Jéol (conception et design projet) – Suivi de chantier et<br />
études électriques : Abest Ingénierie – Installateurs : Ydems, Électra<br />
Savoies – Équipements : Meyer, Sfel.<br />
© Aéro 360/ODOXO - Michel Djaoui - Alban Perret - Marc Torfs<br />
Classé ENS (espace naturel sensible), le parc Budé a été réhabilité pour<br />
favoriser la circulation piétonne et valoriser les éléments patrimoniaux<br />
inscrits au titre des monuments historiques : remparts, tour de guet,<br />
fontaine et fausse rivière, grotte monumentale. La mise en lumière sobre<br />
et discrète repose sur un éclairage différencié selon qu’il se trouve dans la<br />
partie urbaine, côté cœur de ville, ou naturelle, en bordure de l’Yerres. Une<br />
attention particulière a été apportée à la mise en lumière des éléments<br />
architecturaux et des cheminements piétons. La promenade qui ceinture<br />
le parc est éclairée par une main courante émettant une lumière douce.<br />
Ville de Lyon (69). « Traverser la lumière » est un projet artistique qui<br />
s’inscrit dans le cadre du réaménagement des bas Ports du quartier de<br />
Confluence. Conception lumière : Les Éclairagistes associés, Joseph<br />
Frey – Installateurs : Aximum, Colas – Équipements : Luminaires Inconel<br />
Technologies – Intégrateur : Soliled.<br />
© Joseph Frey - Michel Djaoui<br />
14 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
La maîtrise de l’impact du projet d’éclairage sur l’environnement a été la<br />
priorité du projet conçu en éco-conception lumière et HQE. Il répond aux<br />
objectifs d’économies d’énergie de la ville, tout en éclairant les mobilités<br />
douces et en respectant la trame noire le long de la Saône. L’éclairage<br />
public installé sur le quai haut permet par réflexion d’éclairer indirectement<br />
le quai bas, de sorte que ni les ponts ni les berges ne nécessitent un<br />
éclairage dédié. Cette mise en lumière interactive et dynamique repose<br />
sur les déplacements et la vitesse des passants.<br />
Mention spéciale<br />
Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée<br />
(Sydev) pour la mise en lumière du mont des Alouettes (commune<br />
des Herbiers, 85). Concepteur lumière : Sydev – Installateurs : Garczynski<br />
Traploir Vendée – Équipements : WEEF.<br />
© Garczynski Traploir Vendée<br />
Cette réalisation, toute en sobriété et en élégance, a été effectuée dans<br />
le cadre d’une approche durable (véhicule et nacelle électriques), en<br />
réutilisant, place pour place, les emplacements et gaines existantes d’une<br />
précédente installation, sans porter préjudice au site.<br />
La remise des prix aura lieu en région cet automne. n<br />
Renouvellement du bureau<br />
du Serce<br />
Lors de l’assemblée générale du Serce, qui s’est tenue le 16 juin, le<br />
conseil d’administration a reconduit Jean-Pascal de Peretti dans<br />
ses fonctions de président. L’année écoulée a été particulièrement<br />
dynamique. Les entreprises du Serce et leurs équipes ont connu une<br />
activité très soutenue, ce qui atteste « du rôle majeur de nos entreprises<br />
dans la transition énergétique et numérique ».<br />
À chacun de ses renouvellements, le conseil d’administration élit un<br />
bureau, comprenant le président, un vice-président, un trésorier et d’autres<br />
membres chargés de préparer les travaux du conseil d’administration.<br />
Bureau <strong>2023</strong> :<br />
Vice-président : Ludovic Duplan (Eiffage Énergie Systèmes)<br />
Trésorier : Jean de Vauxclairs (CEME)<br />
Administrateurs :<br />
Bertrand Alloin (FIRALP) - Christian Glade (Vinci Energie France) - Pierre<br />
Hardouin (Equans) - Emmanuel Hervé (Hervé Thermique) - Arnaud<br />
Tirmarche (Spie France). n
Lumières Actualités<br />
Prix Artisan Créateur de Lumière <strong>2023</strong><br />
L<br />
e<br />
Syndicat du luminaire et les Ateliers d’Art de France ont organisé, pour la septième année, le prix « Artisan Créateur de Lumière »<br />
attribué à l’occasion du salon Maison&Objet en septembre dernier.<br />
1 er prix : CHARLOT & Cie<br />
Nom du luminaire : Douze Gouttes - Artisan d’Art : Charles Macaire<br />
Charlot & Cie est une petite entreprise familiale et amicale créée en 2004.<br />
Elle applique certains procédés de pliages et froissages développés<br />
par le CRIMP (collectif de plieurs de papier) pour élaborer ses créations<br />
artisanales et artistiques. Elle est membre des Ateliers d’Art de France<br />
depuis 2006.<br />
Douze Gouttes est un lustre suspendu par câbles en acier. Armature<br />
interne en tubes acier cintrés et soudés. Habillage de papier kraft<br />
compressé et encollé avec des effets de branchages et traité anti-feu.<br />
www.charlotetcie.fr<br />
Manifeste de l’ACE<br />
E<br />
n 2016, l’ACE annonçait dans son<br />
Manifeste pour des projets d’éclairage<br />
raisonnés une prise de conscience collective<br />
des enjeux écologiques dans le cadre de la<br />
conception des projets d’éclairage.<br />
En <strong>2023</strong>, alors que la France se lance dans<br />
un plan de sobriété énergétique, et que le<br />
GIEC confirme l’urgence de s’engager dans<br />
des scénarios de développement durable, les<br />
conceptrices et concepteurs lumière de l’ACE<br />
réaffirment leur engagement de concevoir des<br />
projets lumière raisonnés et engagés.<br />
1. Réhabiliter le plaisir de la pénombre et de l’obscurité<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière, nous<br />
engageons à proposer une ville nocturne résiliente par le respect de la nuit.<br />
2. Considérer toutes les lumières<br />
Face à l’urgence climatique, nous revendiquons l’implication et le savoirfaire<br />
des conceptrices et concepteurs lumière en matière de lumière<br />
naturelle et artificielle.<br />
3. Maîtriser les ressources<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
nous engageons à mener des projets de qualité prenant en compte<br />
l’ensemble des moyens mis à notre disposition pour limiter les émissions<br />
de CO 2<br />
et nous inscrire dans le plan climat.<br />
4. Inscrire les usages au cœur des projets<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
estimons que la lumière doit répondre à des besoins, à des usages.<br />
5. Respecter les marqueurs géoculturels<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
2 e prix : FRANÇOISE DELAIRE CRÉATIONS<br />
Nom du luminaire : Arbre lumière (gamme Plantation)<br />
Artisan d’Art : Françoise Delaire<br />
Lampadaire de 2,20 m de haut. Le pied<br />
est composé d’un socle acier noir de<br />
38 cm de diamètre, avec, en son centre,<br />
un tube acier de 2 m de haut habillé<br />
d’une gaine technique textile lui conférant<br />
l’aspect d’un tronc.<br />
La structure lumineuse est composée d’un<br />
pavillon avec 3 douilles E27 pour 3 x leds de<br />
10 W, 220 V. La partie feuillage de l’arbre,<br />
ou abat-jour, est constituée de grandes<br />
feuilles, de fleurs, de graines, cousues sur<br />
une base textile. Cette sculpture, en résille<br />
polyester, a un diamètre de 95 à 100 cm. À<br />
la base de l’arbre, pousse une tige de fleur.<br />
Légère, transparente, colorée, la lumière se diffuse harmonieusement.<br />
Créations sur mesure, autres coloris possibles. Matière textile de l’abat-jour<br />
lavable dans une eau savonneuse.<br />
www.francoisedelaire.com<br />
revendiquons le respect des différentes pratiques culturelles de la<br />
lumière constituant un panorama lumineux mondial doté d’une diversité<br />
représentative de l’identité des peuples et des cultures.<br />
6. Œuvrer pour le bien-être de toutes et tous<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs<br />
lumière, nous engageons à respecter les particularités physiologiques et<br />
perceptives de la vision humaine.<br />
7. Assumer nos responsabilités en toute indépendance<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
nous engageons à demeurer indépendants des industriels (fabricants,<br />
installateurs de matériel d’éclairage et fournisseurs d’énergie) afin de<br />
garantir la qualité et la sobriété de nos projets.<br />
8. Transmettre et partager nos innovations<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
nous engageons à la diffusion et au partage des solutions conceptuelles et<br />
techniques innovantes qui favorisent, pour les projets lumières, la protection<br />
de l’environnement, la réduction des consommations énergétiques.<br />
9. Garantir qualité et expertise<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
prenons le temps du regard rétrospectif, objectif et critique sur nos<br />
réalisations d’hier pour construire notre expertise et notre crédibilité.<br />
10. Construire un laboratoire d’idées<br />
Face à l’urgence climatique, nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
nous nous engageons à suivre, à poursuivre et à participer, avec les<br />
moyens qui sont les nôtres, à toute recherche où la lumière, et sa maîtrise,<br />
sont des facteurs décisifs, que cela soit dans le domaine des sciences<br />
humaines et médicales, comme des sciences naturelles et, évidemment,<br />
dans la recherche technologique.<br />
Manifeste complet téléchargeable sur : www.ace-fr.org<br />
16 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Entretien<br />
Jean-Yves SOËTINCK<br />
Concepteur lumière<br />
L’Acte Lumière<br />
© DR<br />
Parcours• • •<br />
Jean-Yves Soëtinck est né en 1971 à Paris.<br />
Diplômé en architecture d’intérieure en<br />
1997, il intègre une agence de conception<br />
lumière lyonnaise et apprend les bases de<br />
l’éclairagisme. En 2001, il créé sa propre<br />
agence, L’Acte Lumière, spécialisée dans<br />
la mise en lumière des espaces publics,<br />
de l’architecture et du patrimoine, dont la<br />
principale exigence qu’il s’impose est<br />
de faire un acte fort de chacune de ses<br />
réalisations.<br />
Depuis ses débuts, Jean-Yves Soëtinck<br />
est membre de l’association LUCI (Lighting<br />
Urban Community International), de l’ACE<br />
(Association française des concepteurs<br />
éclairagistes). Il a signé un grand nombre de<br />
mises en lumière telles que le boulevard du<br />
littoral à Cagnes-sur-Mer, la place Darcy à<br />
Dijon, place des Cordeliers à Annonay, quais<br />
de l’Isère à Grenoble et la place du Château<br />
à Strasbourg ; le Théâtre de Champagne à<br />
Troyes, le Palais Lumière à Évian, la façade<br />
du théâtre national de Strasbourg, et le projet<br />
hautement emblématique de la cathédrale<br />
de Strasbourg récompensé par trois prix<br />
internationaux : IALD Award of Excellence,<br />
Darc Award et Codega 2017.<br />
Il a également réalisé des plans lumières pour<br />
les villes de Strasbourg, Boulogne-Billancourt,<br />
le « territoire des Portes de l’Isère ».<br />
La lumière comme moyen<br />
Moyen d’agir, moyen d’expression, moyen de concevoir… Jean-Yves Soëtinck<br />
perçoit et utilise la lumière comme un outil. Ce n’est pas tant la recherche<br />
d’un effet qui l’intéresse, mais davantage la volonté d’engager un processus<br />
de mise en lumière simple qui associe « le sens et le décor, le fonctionnel<br />
et le généreux ».<br />
Vous vous décrivez comme un « enfant du plan<br />
lumière lyonnais ». Que voulez-vous dire ?<br />
J’avais une certaine sensibilité artistique et,<br />
avec des études en architecture d’intérieur,<br />
j’étais parti pour être décorateur. En tant que<br />
Lyonnais et utilisateur de l’espace nocturne,<br />
j’aimais me promener dans la ville et voir<br />
comment elle changeait grâce au premier<br />
plan lumière. La première offre d’emploi à<br />
laquelle j’ai répondu était un poste à l’Atelier<br />
de Roland Jéol, concepteur lumière. Je me suis<br />
rendu compte que la lumière représentait un<br />
matériau fabuleux. J’appartiens plutôt à cette<br />
deuxième génération de concepteurs lumière<br />
qui est arrivée une dizaine d’années après ceux<br />
que je considère comme les pères fondateurs<br />
de ce métier, Roger Narboni, Pierre Bideau,<br />
Laurent Fachard, Alain Guilhot qui venaient,<br />
pour la plupart, soit du théâtre soit du monde<br />
de l’entreprise. La deuxième génération,<br />
comme Vincent Thiesson, Charles Vicarini,<br />
s’est formée chez eux, et s’est inspirée de<br />
l’expérience de ses prédécesseurs. Aujourd’hui,<br />
la troisième génération, les trentenaires, a suivi<br />
des cursus plus spécialisés éclairage. Alors<br />
qu’en ce qui me concerne, j’ai fait mes armes,<br />
certes, sur des projets prestigieux, mais tout en<br />
apprenant, en tant qu’assistant.<br />
Quand avez-vous créé L’Acte Lumière ?<br />
J’ai fondé ma propre agence en 2001, en<br />
sautant dans le grand bain tout de suite.<br />
Cela m’a permis d’aller là où je voulais, mais<br />
l’indépendance est un long cheminement<br />
et il fallait être à la fois en agence et sur le<br />
terrain. Ce sont les projets avec Alfred Peter,<br />
paysagiste, qui m’ont vraiment mis le pied à<br />
l’étrier. Comme chacun sait, nul n’est prophète<br />
en son pays, et j’ai très peu travaillé sur la<br />
ville de Lyon. En revanche, Strasbourg a été<br />
un tremplin formidable, tout d’abord avec<br />
l’éclairage du parc de la Citadelle.<br />
18 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Entretien<br />
“Plus que jamais,<br />
éclairer, c’est sculpter de l’ombre.”<br />
Puis les projets se sont succédé jusqu’à la place du Château,<br />
puis ses façades, et la cathédrale. Pour la place du Château,<br />
je suis arrivé en cours de projet, lorsque Catherine Linder,<br />
paysagiste, a fait appel à moi pour prendre le relais sur la<br />
conception lumière. Ensuite, j’ai gagné le concours pour la<br />
mise en lumière des façades, puis celui de la cathédrale à<br />
l’unanimité du jury. J’ai travaillé avec un bureau d’études<br />
qui utilisait la 3D et j’ai su, en voyant l’image du projet, que<br />
c’était la bonne approche, je savais où j’allais.<br />
La cathédrale de Strasbourg arrive après 15 ans de<br />
conception lumière. Quels ont été les projets phares de cette<br />
période ?<br />
Je me suis toujours nourri du travail en équipe sur mes<br />
projets, et particulièrement à travers ceux que j’ai réalisés<br />
avec le paysagiste Alfred Peter. Par exemple, le projet<br />
de Cagnes-sur-Mer était déjà, en 2005, le moyen de<br />
m’affranchir des codes de l’éclairage public. Dans un site<br />
d’exception, offrant une perspective très dégagée tant sur<br />
la mer que sur la ville et les Alpes du Sud, le boulevard est<br />
éclairé par 9 grands mâts inclinés de 26 m de haut, munis de<br />
réflecteurs isotropes permettant une interdistance de 75 m<br />
qui procurent un éclairage très uniforme de la promenade.<br />
Peut-être qu’aujourd’hui je ferais un concept complètement<br />
différent, mais il y a 20 ans, il fallait un peu d’audace pour<br />
se libérer du double alignement routier et piétonnier. Les<br />
quais de l’Isère, à Grenoble, 10 ans plus tard, racontent<br />
une tout autre histoire. Le réaménagement des quais<br />
était une pièce maîtresse du projet d’embellissement et de<br />
circulation de la ville. Le projet lumière s’inscrivait dans<br />
une stratégie de reconquête des lieux et s’articulait autour<br />
de deux principes : la création d’un signal lumineux fort<br />
et la révélation d’un quartier où il fait bon vivre, tout en<br />
évitant l’écueil d’une banalisation par trop de fonctionnalité<br />
de l’éclairage. J’ai créé un lampion festif et son support,<br />
positionnés à des hauteurs et des distances différentes malgré<br />
une trame d’alignement inflexible ; grâce à son double feu,<br />
il fournissait un éclairage public de qualité au niveau des<br />
chaussées, et une animation colorée RVB de sa vasque<br />
diffusante.<br />
Vous avez mentionné qu’aujourd’hui, vous ne referiez peutêtre<br />
pas ces projets de la même façon. Qu’est-ce qui a changé<br />
dans votre approche au cours de ces 20 dernières années ?<br />
Pour commencer, la cathédrale de Strasbourg a marqué<br />
un grand virage dans ma carrière, et ce, à plus d’un titre.<br />
Tout d’abord, elle a été un vecteur de communication<br />
incroyable et m’a permis de parler davantage de mes projets,<br />
notamment sur les réseaux sociaux. Elle m’a aussi apporté<br />
la légitimité dont je doutais, grâce aux prix que j’ai reçus,<br />
comme l’IALD Award of Excellence et le Darc Award,<br />
récompenses internationales dont je suis très fier. Confucius<br />
a dit « L’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos<br />
et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru ». Je ne suis<br />
pas un philosophe ou un théoricien de la lumière ; je doute<br />
en permanence, mais avec un peu de pragmatisme je me<br />
laisse porter par ce doute. Enfin, deux événements récents<br />
ont modifié ma vision de l’éclairage urbain. Le passage du<br />
Covid pour des raisons personnelles, et l’arrêté 2018 sur<br />
les nuisances lumineuses qui a fait de l’environnement un<br />
sujet omniprésent. Par exemple, grâce à la collaboration<br />
des écologues, j’ai fait évoluer ma pratique professionnelle :<br />
j’ai décidé de ne plus utiliser la végétation comme support<br />
de composition nocturne ; dans la mesure du possible, je<br />
m’appuie sur la plus grande sensibilité aux problématiques<br />
environnementales des usagers, pour aller vers plus de<br />
sobriété, parfois à contre-pied des attentes de certains<br />
décideurs. Il est évident que l’on ne peut plus continuer<br />
à éclairer aujourd’hui comme on éclairait auparavant.<br />
D’ailleurs, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai participé<br />
et signé l’Acte 2 du manifeste de l’ACE. Nous, concepteurs<br />
lumière, sommes en première ligne pour « montrer<br />
l’exemple » et partager cette nouvelle vision de l’éclairage<br />
responsable et engagé.<br />
Et comment cette nouvelle vision de l’éclairage se traduit-elle ?<br />
En pensant le projet depuis l’obscurité et non plus par son<br />
aménagement ; plus que jamais, « éclairer, c’est sculpter de<br />
l’ombre ». J’ai travaillé dernièrement sur une place qui se<br />
trouvait à proximité d’un parc. J’avais imaginé l’éclairer très<br />
peu, par petites taches lumineuses au sol et sur les façades,<br />
comme un effet de komorebi obtenu par projection de<br />
gobos, ce qui me permettait d’amener l’ensemble de l’espace<br />
dans une poésie nocturne, une transition entre la pénombre<br />
naturelle du parc et la ville. Nous avons cette capacité à<br />
scénariser de façon très simple et fine en limitant les impacts<br />
sur l’environnement, en faisant un peu plus appel au<br />
réemploi du matériel d’éclairage. On nous a retiré des outils<br />
de notre palette conceptuelle, il va falloir faire avec ! Nous<br />
intervenons sur des espaces publics, en les personnalisant<br />
davantage, avec des adaptations des designs encore plus<br />
fines, etc., et sans doute en utilisant la lumière comme une<br />
matière, un véritable moyen de transformer le paysage<br />
urbain. n<br />
Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 19
Lumières Projets<br />
© Antoine Martel, Cité des climats et des vins de Bourgogne<br />
Maître d’ouvrage :<br />
Bureau interprofessionnel des vins de<br />
Bourgogne BIVB<br />
Architectes :<br />
Mâcon : RBC Architecture et ACL<br />
Associés<br />
Chablis : Atelier Correia Architectes<br />
& Associés<br />
Scénographe : Ateliers Adeline Rispal<br />
Concepteur lumière : les éclaireurs<br />
Matériel d’éclairage : Loupi<br />
EXPÉRIENCE SENSORIELLE<br />
À LA CITÉ DES CLIMATS ET<br />
DES VINS DE BOURGOGNE<br />
L’équipe de l’agence les éclaireurs nous entraîne cette fois dans un parcours lumière<br />
à l’intérieur de deux des trois bâtiments de la Cité des climats et des vins de<br />
Bourgogne : Mâcon et Chablis. Le concept de la visite de ces lieux emblématiques<br />
est basé sur l’expérience sensorielle, au centre de laquelle la lumière joue un rôle<br />
particulier. Visite guidée par Lucas Goy et Anaëlle Vinçot, concepteurs lumière.<br />
© Antoine Martel, Cité des climats et des vins de Bourgogne<br />
C’est à travers des expériences multisensorielles<br />
et ludiques que le visiteur est invité<br />
à découvrir l’univers du vin et de la vigne,<br />
l’histoire de chacune des régions de la Bourgogne<br />
viticole, la richesse de ses paysages, de ses vins et<br />
de ses Hommes.<br />
« Aussi bien à Chablis qu’à Mâcon, explique Lucas<br />
Goy, nous avons été sollicités pour éclairer les<br />
accès : l’accueil, le bar à dégustation, les espaces<br />
de vente, les lieux de restauration, de conférence.<br />
Nous avons choisi un éclairage discret, très basse<br />
luminance, parfois intégré aux étagères. »<br />
Dans les deux espaces, le parcours commence<br />
dans la pénombre, face aux écrans multimédias<br />
superposés comme des strates géologiques<br />
qui accompagnent les mouvements de la scénographie<br />
montrant la complexité des sols et<br />
des climats.<br />
L’exposition de Chablis prend place dans le cellier<br />
historique du Petit Pontigny, un bâtiment<br />
historique dont l’origine remonte au Moyen-Âge,<br />
et raconte l’histoire des vignobles du nord de la<br />
Bourgogne : le Chablisien, le Grand Auxerrois et<br />
le Châtillonnais.<br />
20 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Projets<br />
© DR<br />
© DR<br />
Chablis : le cellier du Petit Pontigny<br />
La lumière révèle la poétique des couches, et souligne<br />
ces jeux de plis et de creux formés par les<br />
strates géologiques. L’éclairage artificiel s’intègre<br />
dans les éléments architecturaux comme les parois<br />
et les vitrines. « Notre intervention est relativement<br />
modeste, remarque Lucas Goy. Nous avons<br />
travaillé à partir de petits projecteurs intégrés<br />
sur des lignes de rails, réglés sur les différents<br />
objets scénographiques et qui créent l’ambiance<br />
du parcours. »<br />
L’atmosphère est intime, accueillante et vibrante.<br />
La visite se poursuit avec la Cave aux arômes,<br />
cœur sensitif de l’exposition où l’ambiance lumière<br />
se teinte de toutes les couleurs du vin et envahit<br />
l’espace grâce à un jeu de reflets sur les liquides.<br />
Chaque famille d’arômes caractéristique des vins<br />
blancs et vins rouges de Bourgogne est représentée<br />
dans des ballons en verre, par des produits frais<br />
et naturels : en approchant son nez de l’encolure<br />
du ballon, le visiteur peut associer les arômes aux<br />
produits et aux vins. « Nous avons éclairé ces<br />
vases aromatiques par le dessous, explique Lucas<br />
Goy, avec des plaques sphériques transparentes<br />
encastrées sous chaque ballon de verre. » Cette<br />
scénographie permet au public de comprendre la<br />
complexité des odeurs d’un vin rouge, d’un vin<br />
blanc, et de reconstituer les différentes typologies<br />
de chacun des terroirs.<br />
Mâcon : l’histoire des vins de Bourgogne<br />
Porte d’entrée des vignobles du sud de la Bourgogne,<br />
la Cité, à Mâcon, développe plus spécifiquement<br />
l’histoire et la présentation du territoire<br />
des vins du Mâconnais, de la Côte Chalonnaise et<br />
des Côtes du Couchois.<br />
« Ici, on retrouve les mêmes stratégies qu’à<br />
Chablis, commente Lucas Goy, avec des explications<br />
sur le sol, une carte interactive, les outils<br />
qui sont mis en œuvre, les gestes qui sont développés.<br />
Le lieu étant beaucoup plus moderne que<br />
celui de Chablis, la demande était très différente.<br />
Nous avons conçu un lustre spécial composé de<br />
plus de 600 tubes lumineux de hauteurs variables.<br />
Ils constituent un ciel qui s’adapte aux différents<br />
contenus : passage de nuages, orage, moments<br />
ensoleillés chatoyants. Nous avons créé une programmation<br />
matricielle avec des séquences vidéo,<br />
qui s’inscrivent dans une animation lumineuse. »<br />
Une table des arômes, disposée sous ce ciel,<br />
accueille les visiteurs pour des expériences olfactives.<br />
Par ailleurs, dans cet espace, des loggias destinées<br />
aux enfants ont été installées ici et là et sont<br />
éclairées à l’intérieur par de petits encastrés.<br />
« Nous avons utilisé les mêmes projecteurs qu’à<br />
Chablis pour éclairer les autres dispositifs scénographiques<br />
», conclut Lucas Goy. n<br />
Isabelle Arnaud<br />
© DR<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 21
Lumières Projets<br />
© Alexis Coussement<br />
Maîtrise d’ouvrage :<br />
Musée de Tahiti et des Îles, TNAD<br />
Architecte :<br />
Pierre-Jean Picart Architecture<br />
Scénographie : Studio Adrien Gardère<br />
Conception lumière : Alexis Coussement,<br />
Atelier de conception lumière (ACL)<br />
Création numérique et conception<br />
multimédias : on-situ<br />
Matériel d’éclairage : iGuzzini et ETC<br />
LES LUMIÈRES SCULPTÉES<br />
DE TE FARE IAMANAHA<br />
Le nouveau musée de Tahiti et des Îles présente les bases culturelles<br />
communes des sociétés polynésiennes par grandes thématiques : peuplement<br />
des îles, navigation, sacré et marae, rites funéraires, pêche, vie quotidienne,<br />
tapa, tatouage, danse et musique. À travers des objets de prestiges ou du<br />
quotidien, de sculptures et de textures, le visiteur découvre le patrimoine<br />
culturel polynésien dans une mise en lumière signée de l’agence ACL.<br />
© Alexis Coussement<br />
Le musée de Tahiti et des Îles (en tahitien,<br />
Te Fare IaManaha) est situé en Polynésie<br />
française, à Tahiti, à Punaauia exactement, à<br />
15 km de Papeete, à la Pointe-des-Pêcheurs,<br />
près de l’embouchure de la rivière Punaruu. Il<br />
comprend un terrain couvrant presque 4 hectares<br />
entièrement clôturé, donnant sur le lagon de Tahiti.<br />
Inauguré en mars <strong>2023</strong>, le musée de Tahiti et des<br />
Îles a fait peau neuve : nouveaux nom et logo, nouveau<br />
lieu conçu par l’architecte Pierre-Jean Picart.<br />
L’espace de 1 400 m², entièrement ouvert, a été<br />
mis en valeur par le scénographe Adrien Gardère.<br />
Les objets, présentés en îlots, invitent à une visite<br />
au gré des envies des visiteurs à travers les différents<br />
archipels. Pour l’ouverture, une vingtaine<br />
d’œuvres polynésiennes emblématiques ont été<br />
prêtées par des musées européens (musée du Quai<br />
Branly, British Museum et Museum of Archaeology<br />
and Anthropology of Cambridge), telles<br />
que le maro’ura d’Anaa, la ceinture de plumes<br />
des grands Arii, le Ti’i A’a de Rurutu ou encore<br />
le Heva Tupāpāu, le costume de deuilleur de la<br />
Société. Une salle de conférence ainsi qu’une salle<br />
d’exposition temporaire et un parcours ethnobotanique<br />
complètent l’offre culturelle du musée.<br />
C’est à l’agence de conception lumière ACL qu’a<br />
été confiée la mise en lumière des collections permanentes.<br />
« Nous avions déjà travaillé plusieurs<br />
fois avec Adrien Gardère, notamment sur le<br />
Musée Cluny, et connaissons bien ses scénographies,<br />
ce qui nous a permis de nous comprendre<br />
rapidement », commente Alexis Coussement.<br />
22 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Projets<br />
© Alexis Coussement<br />
Le nouveau bâtiment s’ouvre sur les jardins au<br />
nord et au sud, et est cadré à l’est et à l’ouest par<br />
la montagne sacrée de Tahiti, le Mou’a Puta, et le<br />
lagon. La scénographie du musée repose sur l’idée<br />
des cinq archipels polynésiens, avec une approche<br />
chronothématique pertinente et empreinte de sacré,<br />
sur fond d’animisme. Dès l’entrée du musée, le visiteur<br />
est entraîné au cœur de la géographie polynésienne<br />
qui raconte comment les îles sont apparues,<br />
puis il découvre cinq îlots qui présentent, à travers<br />
des objets archéologiques, l’histoire et la culture des<br />
cinq archipels (qui s’étendent sur plus de 1 800 km).<br />
« En nous appuyant sur les matières et les couleurs<br />
des objets, nous avons choisi des ambiances plutôt<br />
claires, explique Alexis Coussement, qui permettent<br />
de créer des jeux de miroirs à la fois pour<br />
bien percevoir les détails des objets et pour bénéficier<br />
d’une vision de l’ensemble de la muséographie<br />
de la grande salle. »<br />
L’ambiance générale de l’espace d’exposition est<br />
ainsi modelée par un éclairage de type lèche-mur<br />
sur les deux longues parois et par la lumière du jour<br />
qui a été filtrée et qui pénètre dans la salle par les<br />
deux extrémités. « Mais comme nous sommes très<br />
proches de l’Équateur, précise Alexis Coussement,<br />
le soleil suit une trajectoire très rectiligne ne laissant<br />
pas vraiment passer ses rayons à l’intérieur. Ce<br />
qui a eu pour conséquence que nous n’avons pas<br />
vraiment été obligés de gérer les entrées de soleil<br />
direct, nous avons juste disposé des filtres gris sur<br />
les grandes baies vitrées. »<br />
Sculpter par la lumière<br />
Certains objets, très fragiles, comme les tapas (tissus<br />
faits d’écorce de palmiers), ne sont éclairés qu’à<br />
50 lux. À l’intérieur des vitrines, logées dans les<br />
parois longitudinales qui regroupent les objets les<br />
plus précieux et les plus sensibles, de petits projecteurs<br />
leds de 1 W diffusants ont été placés dans<br />
la partie haute, assez proches de la vitre. « Nous<br />
nous sommes efforcés, à chaque fois que cela était<br />
possible, ajoute Alexis Coussement, de ponctuer<br />
les objets d’accents de lumière pour révéler les<br />
matières. Comme la plupart des collections sont en<br />
volume, nous avons gardé une certaine souplesse<br />
de réglage dans la disposition des projecteurs au<br />
Les objets vieux de 1 000 ans qui<br />
sont en nacre ne sont pas sensibles à la<br />
lumière. Les tapas sont plus récents et<br />
fragiles car organiques.<br />
t<br />
© Alexis Coussement<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 23
Lumières Projets<br />
© Alexis Coussement<br />
© Alexis Coussement<br />
© Alexis Coussement<br />
plafond : c’est la raison pour laquelle les rails sont<br />
installés à 2 m les uns des autres, de façon à pouvoir<br />
choisir le plus précisément possible les angles d’attaque.<br />
Aux éclairages cadrés, nous avons préféré<br />
des lumières ponctuelles, des faisceaux serrés pour<br />
mieux mettre en valeur les reliefs et les volumes des<br />
objets exposés. »<br />
Ainsi, avec des angles de seulement 6° ou 8°, il a été<br />
possible de maîtriser les faisceaux, par exemple en<br />
laissant un côté de la sculpture dans la pénombre<br />
pour donner envie au visiteur de tourner autour<br />
de l’objet. Cependant, quelques cadreurs ont été<br />
utilisés (50 seulement pour 300 projecteurs installés<br />
au total), dans des situations spécifiques telles<br />
que les présentations sous cloche afin de supprimer<br />
les reflets.<br />
La cohérence de la lumière et du sacré<br />
« Nous avons réalisé l’étude à partir de la 3D de<br />
la scénographie, explique Alexis Coussement, et<br />
avons effectué les réglages au dernier moment, en<br />
déplaçant les projecteurs sur les rails et en cherchant<br />
la meilleure position et l’orientation la plus<br />
pertinente. »<br />
Nombreuses sont les sculptures comprenant une<br />
dimension sacrée, notamment parmi les statues qui<br />
ont été prêtées par les musées européens et qui revenaient<br />
sur leur terre d’origine. « C’est une notion<br />
très importante, remarque Alexis Coussement, à<br />
tel point que le musée a organisé une cérémonie<br />
religieuse lorsque ces objets ont été sortis de leurs<br />
caisses, comme pour la magnifique sculpture sur<br />
bois du dieu A’A » (photo ci-dessus).<br />
De manière générale, les projecteurs mettent en<br />
valeur les objets dans leur globalité, tandis que des<br />
accents de lumière soulignent les détails, révèlent<br />
les reliefs, rehaussent les volumes. L’ensemble de<br />
l’exposition baigne dans une lumière ambiante chaleureuse<br />
et légère qui accompagne le visiteur tout<br />
au long du parcours muséographique. n<br />
Isabelle Arnaud<br />
24 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Perspectives<br />
INVENTRONICS, l’alliance de<br />
l’expérience et du dynamisme !<br />
Avec une expérience de 100 ans dans l’éclairage, du côté<br />
d’Osram Digital Systems, et son dynamisme de jeune société<br />
d’à peine 20 ans, Inventronics, fabricant de drivers leds pour les<br />
luminaires professionnels, se donne pour ambition de devenir<br />
le N° 1 mondial. Steve Denni retrace le parcours de la société<br />
centenaire jusqu’à son acquisition par Inventronics avec une<br />
évolution résolument tournée vers l’avenir.<br />
Steve DENNI<br />
Directeur commercial<br />
des comptes globaux, Inventronics<br />
Pouvez-vous nous rappeler l’histoire d’Osram ?<br />
Osram, groupe allemand basé à Munich, fut l’un des premiers fabricants<br />
(centenaire) de lampes. Dans les années 2000, à l’arrivée de<br />
la leds, Osram a compris que les lampes à culot allaient disparaître,<br />
des applications professionnelles en tout cas, et a supprimé l’ampoule<br />
du logo officiel de la marque. Ainsi, le groupe a abandonné ce qui<br />
fut, pendant des années, son cœur de métier, la lampe sous toutes ses<br />
formes et pour tous les secteurs. L’industriel a alors dû entreprendre<br />
un virage, en 2016, avec une grande décision actée de se séparer des<br />
activités historiques liées à la distribution des lampes d’éclairage général.<br />
Ainsi fut créée la marque Ledvance, rachetée ensuite par un<br />
groupe chinois. Dans le même temps, Osram a annoncé se concentrer<br />
sur la photonique.<br />
Quelles solutions couvre la photonique ?<br />
La photonique concerne toutes les applications dans lesquelles on peut<br />
utiliser la lumière pour passer un message, activer une fonction ou<br />
détecter : la présence, la lumière du jour, mais aussi la détection dans<br />
le corps humain pour la partie médicale ; la reconnaissance faciale sur<br />
les smartphones par exemple, se fait grâce à des composants électroniques<br />
fournis par Osram. Il s’agit d’une diode qui émet une lumière<br />
selon une certaine fréquence et une certaine longueur d’onde et remplit<br />
une fonction autre que celle d’émettre de la lumière pour éclairer :<br />
elle génère un autre service. Après ce changement d’orientation vers<br />
la photonique, Osram fusionne en 2018 avec un autre acteur : l’autrichien<br />
ams.<br />
C’est à ce moment-là que les activités d’Osram liées à l’éclairage sont<br />
regroupées dans une business unit « Digital Systems » ?<br />
Oui, la marque s’adresse toujours à ses clients historiques et particulièrement<br />
aux fabricants de luminaires qui ont besoin de composants<br />
préassemblés pour réaliser un module led et d’une alimentation<br />
électronique qui prend le contrôle, assure que la led est bien traitée<br />
dans son environnement, qu’elle atteint la durée de vie et l’efficacité<br />
promises, autrement dit le driver de led. Le moment était venu pour<br />
Digital Systems, soit de prendre son indépendance, soit de s’allier à un<br />
26 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Perspectives<br />
“Nous nous positionnons comme un acteur<br />
fiable qui investit dans l’innovation<br />
afin de devenir N° 1 mondial.”<br />
autre acteur pour poursuivre son histoire, pour continuer<br />
à investir, à rechercher de nouvelles solutions.<br />
C’est à cette époque qu’est arrivée Inventronics ?<br />
Oui. Inventronics a été fondée en Chine en 2007 par<br />
Gary Hua (Chinois) qui, en 2017, a nommé l’actuel<br />
CEO Marshall Miles (Américain). Inventronics est un<br />
fabricant international de drivers leds de moyenne et<br />
forte puissances et de systèmes de contrôle. L’entreprise<br />
a connu une croissance à deux chiffres chaque année,<br />
jusqu’à devenir, vers 2020, un des acteurs les plus importants<br />
du marché de drivers leds qui s’adresse aux<br />
fabricants de luminaires. La fusion avec Digital Systems<br />
présentait l’avantage d’associer deux spécialistes<br />
qui n’étaient pas concurrents, mais plutôt complémentaires.<br />
Osram Digital Systems avait un portfolio de drivers<br />
led plutôt orientés sur les faibles puissances, d’une<br />
dizaine de watts à 150 W maximum par driver, avec<br />
une moyenne à 25 W. Inventronics propose surtout des<br />
fortes puissances : avec une moyenne de 250 W.<br />
Cette complémentarité existe-t-elle également au<br />
niveau de l’implantation des deux marques ?<br />
Les deux industriels réunis disposent de sites de production<br />
en Chine, en Inde, au Mexique, en Italie et<br />
en Bulgarie ; ce qui nous permet d’adresser l’ensemble<br />
du marché mondial. Osram Digital Systems réalisait<br />
80 % de ses ventes en Europe, au Moyen-Orient et en<br />
Afrique, avec une pénétration assez faible du marché en<br />
Asie (20 % de ses ventes), mais était peu présente aux<br />
États-Unis et au Canada. En revanche, Inventronics,<br />
de son côté, détient une part de marché importante<br />
en Asie, aux États-Unis et au Canada. Inventronics<br />
nouvelle version devient donc le N° 2 mondial dans<br />
la fabrication de drivers leds. Sur la base de 2022, le<br />
chiffre d’affaires combiné est de 500 millions d’euros !<br />
Inventronics France va rester à Molsheim ?<br />
Oui, l’équipe reste à Molsheim (67), où nous sommes<br />
6 personnes pour l’instant : 4 dédiées à la vente, 1 au<br />
support technique, 1 au support service. Nous avons<br />
cette volonté de maintenir notre présence dans la<br />
langue natale de nos clients pour conserver le contact<br />
au niveau du service tant commercial que technique,<br />
afin de créer un centre d’échanges permanent, d’émulation,<br />
d’idées et de bonnes pratiques au sein d’une<br />
équipe qui œuvre pour offrir les meilleurs services ; ce<br />
qui nous différencie d’importateurs purs.<br />
Vous revendiquez le fait d’être fabricant pour<br />
des professionnels de l’éclairage ?<br />
Oui, absolument. Nos produits ne s’adressent qu’aux<br />
fabricants de luminaires professionnels. Nous nous<br />
positionnons comme un acteur fiable qui investit dans<br />
l’innovation pour devenir N° 1 mondial. Nous le savons<br />
tous, le luminaire peut apporter d’autres services<br />
que celui de l’éclairage, par conséquent, nous allons<br />
investir dans la recherche afin de greffer de nouvelles<br />
fonctionnalités avec des drivers intelligents à service<br />
ajouté, pour être opérationnels dans les espaces urbains.<br />
Aujourd’hui, nombreuses sont les villes dont<br />
l’éclairage extérieur doit être rénové (puisque la réglementation<br />
européenne a interdit la mise sur le marché<br />
des lampes d’ancienne technologie). Ces communes<br />
pourront mettre en place des systèmes de détection et<br />
de gradation (au lieu d’éteindre complètement l’éclairage<br />
comme elles le font aujourd’hui). En intérieur,<br />
les premières installations led ont maintenant plus de<br />
15 ans, et leur rénovation permettrait de les équiper de<br />
luminaires dotés de détecteurs de présence, de lumière<br />
du jour, de systèmes de pilotage qui offrent un meilleur<br />
confort et des baisses drastiques de consommation.<br />
Nos drivers sont conçus pour fonctionner spécifiquement<br />
en intérieur et en extérieur, avec des indices de<br />
protection et des températures de fonctionnement,<br />
mais aussi des durées de vie différentes.<br />
Comment voyez-vous l’avenir d’Inventronics ?<br />
L’éclairage est une pièce maîtresse de notre vie, qui est<br />
de plus en plus influencée par les nouvelles technologies.<br />
Pour mettre en œuvre toutes ces nouvelles possibilités,<br />
il faudra toujours un moteur qui soit solide,<br />
endurant. C’est aujourd’hui l’objectif d’Inventronics :<br />
en associant l’héritage historique d’Osram et le dynamisme<br />
et la jeunesse d’Inventronics, nos solutions sont<br />
résolument orientées vers l’avenir ! n<br />
Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 27
Éclairage extérieur :<br />
des voies urbaines aux espaces ruraux<br />
Dossier réalisé par Isabelle Arnaud<br />
Digue de mer, Dunkerque<br />
Matériel d'éclairage : Comatelec Schréder<br />
© Comatelec. Photo Marc Detiffe<br />
28 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Lionel BESSIÈRES<br />
Concepteur lumière, Quartiers Lumières<br />
Fondateur et directeur de l’agence Quartiers Lumières, Lionel Bessières,<br />
ingénieur ESIP de formation, a débuté sa carrière de concepteur lumière<br />
aux côtés de Pierre Bideau. Rémi Sauve, ingénieur ENSIP et Carolina<br />
Scorsone, architecte, l’accompagnent aujourd’hui au sein de projets<br />
d’éclairage intérieur, scénographique, architectural, et bien sûr urbain.<br />
© DR<br />
Conception lumière :<br />
trouver le juste équilibre<br />
Peut-on réinventer l’éclairage extérieur<br />
aujourd’hui ?<br />
Nous sommes véritablement dans une période<br />
charnière. Les mentalités des usagers, des élus,<br />
des services techniques et de tous les acteurs<br />
de la profession évoluent depuis la publication<br />
de l’arrête de décembre 2018, le confinement<br />
de 2020 et la crise écologique et énergétique<br />
actuelle. Nous avons tous gardé en mémoire<br />
ces rues désertes et éclairées toute la nuit car<br />
on ne disposait pas de moyens adaptés pour<br />
les réguler facilement. Il y a eu une prise de<br />
conscience collective (ou presque) des besoins<br />
de transformation de ces éclairages extérieurs<br />
qui sont alors apparus comme inutiles à ce<br />
moment-là. Il s’agit donc de repenser en<br />
profondeur comment, quand et pourquoi on<br />
éclaire. Notre profession prend aujourd’hui<br />
tout son sens : nous intervenons parfois<br />
pour définir quels éclairages supprimer et<br />
comment pour créer des trames noires tout<br />
en conservant ce qui permet de vivre, selon<br />
les lieux, la magie des nuits naturelles ou<br />
artificielles. Nous pouvons, et nous devons<br />
donc repenser les éclairages extérieurs.<br />
Il s’agit maintenant de savoir comment !<br />
Quelles sont les pistes de réflexion ?<br />
Il faut toujours se demander qui va utiliser<br />
l’espace, quand, comment, pourquoi et<br />
procéder à une analyse urbaine afin de<br />
comprendre comment la ville fonctionne et<br />
d’identifier les différents usages. Il n’existe<br />
pas de recette ni de solution prête à l’emploi :<br />
l’étude d’éclairage doit intégrer ces analyses,<br />
presque rue par rue pour définir le programme<br />
lumière à mettre en place, éclairer où, quand,<br />
comment et pourquoi. De plus, il faut que<br />
l’installation soit durable, et surtout exploitable<br />
par les services techniques des collectivités,<br />
sans oublier l’acceptabilité des usagers, des<br />
politiques, des exploitants, qui n’est pas<br />
forcément la même pour tout le monde.<br />
Tout cela représente un travail d’enquête<br />
minutieux. Toutes les collectivités cherchent<br />
des solutions adaptées et cela reste encore très<br />
compliqué. C’est à nous, concepteurs lumière,<br />
de les accompagner et de leur faire prendre<br />
conscience des nuances que l’éclairage peut<br />
apporter. Nous avons un devoir de conseil qui<br />
passe souvent par une stratégie de pédagogie,<br />
d’explications ; mais attention, il faut garder en<br />
même temps l’humilité du doute et envisager<br />
que l’on puisse se tromper ; donc il faut que nos<br />
projets soient réversibles.<br />
Qu’entendez-vous par « réversibles » ?<br />
Prenons l’exemple d’une place peu fréquentée<br />
où on va prévoir un abaissement à 20 % de<br />
la valeur nominale ; l’espace évolue et, au fil<br />
des ans, devient un lieu de manifestations<br />
culturelles, ou artistiques, de promenade, etc.<br />
Il faut donc pouvoir revenir à des niveaux<br />
plus élevés sans avoir à tout refaire. Ce qui<br />
amène à une autre question : comment gérer<br />
ces éclairages ? Cette notion de gestion de<br />
l’éclairage doit être intégrée dès le début de<br />
l’étude, car la ville bénéficie peut-être déjà<br />
d’un système auquel peut être connectée la<br />
nouvelle installation ; et au contraire, si rien<br />
n’existe encore, c’est sans doute le moment<br />
de penser à définir une gestion de l’éclairage<br />
qui va permettre la flexibilité et la réversibilité.<br />
Il faut savoir cibler cette « intelligence »,<br />
l’accepter, la déployer là où c’est pertinent,<br />
mais aussi rester sobre. Les diverses études<br />
concernant l’impact des éclairages extérieurs<br />
sur la biodiversité indiquent que ceux-ci sont<br />
presque aussi néfastes pour la biodiversité<br />
que les pesticides ! Comment arriver à<br />
métamorphoser notre métier pour trouver un<br />
juste équilibre ? Nous disposons de nombreuses<br />
technologies, encore faut-il savoir s’en servir<br />
et les utiliser à bon escient sans nuire à la<br />
perception diurne du paysage urbain et sans<br />
rentrer dans de l’écomordernisme exagéré.<br />
C’est un jeu d’équilibrisme ?<br />
En quelque sorte, oui. Penser, réfléchir en<br />
termes d’aménagement urbain, choisir un<br />
mobilier intemporel ou très identitaire à<br />
certains endroits fait partie de la conception<br />
lumière, tout comme identifier les secteurs où<br />
il y a de la vie pour créer des liens sociaux<br />
via des animations lumineuses, tandis qu’on<br />
laissera dans l’ombre d’autres espaces, plus<br />
apaisés. Il faut trouver un certain équilibre. La<br />
conception lumière évolue au sein de systèmes<br />
de plus en plus lourds, complexes, où les<br />
acteurs, les paramètres techniques, normatifs,<br />
sécuritaires, sont toujours plus nombreux,<br />
sans oublier le volet concertation (avec des<br />
marches nocturnes), indispensables pour<br />
prendre la mesure concrètement de ce qu’il est<br />
intelligent de mettre en place et juger ensemble<br />
de ce qui est acceptable pour garantir un<br />
éclairage qui s’inscrit dans la réversibilité et<br />
donc la durabilité. n<br />
Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 29
Lumières Dossier<br />
© Fred Laures<br />
Port Vauban, Antibes.<br />
Maître d’ouvrage : Groupement<br />
Artémis Vauban 21 - CCI Nice Côte<br />
d’Azur<br />
Architecte : Philippe Prost - AAPP<br />
Paysagiste : Tout se transforme<br />
Bureau d’études : OGI<br />
Conception lumière : les éclaireurs<br />
Espaces publics :<br />
efficacité et biodiversité<br />
Dans son dernier ouvrage 1 , Roger Narboni souligne d’emblée « qu’en moins<br />
de deux décennies, les manières de concevoir les éclairages de l’espace urbain<br />
et du paysage ont radicalement changé ». La led, les systèmes d’éclairage<br />
intelligent, mais aussi le regard porté par l’ensemble des acteurs sur les mises<br />
en lumière extérieures ont considérablement modifié le paysage urbain.<br />
Les plus grands changements sont sans doute encore à venir : les textes<br />
réglementaires, les technologies, les mentalités et les pratiques connaissent une<br />
évolution sans précédent. C’est toute une filière qui se mobilise, des acteurs<br />
occasionnels aux spécialistes, en passant par les décideurs, pour construire un<br />
éclairage performant et durable, qu’il soit urbain ou rural.<br />
1 Éclairer l’espace public et le paysage – Nouvelles pratiques face aux enjeux environnementaux et sociétaux, par Roger Narboni, concepteur lumière.<br />
Voir aussi en page 13 de ce numéro.<br />
30 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Si l’on prête une oreille attentive aux<br />
commentaires des différents acteurs,<br />
spécialistes ou non, qui interviennent<br />
en éclairage extérieur, on entend comme une<br />
déclaration à l’unisson : l’acte d’éclairer doit<br />
s’inscrire dans une démarche à la fois respectueuse<br />
de l’environnement et d’une grande<br />
sobriété énergétique. Les concepteurs lumière<br />
interrogés pour cette édition de Lumières, ou<br />
via l’Acte 2 du Manifeste de l’ACE, en sont<br />
convaincus : éclairer ne doit pas se limiter à<br />
la simple volonté d’embellir la ville, il s’agit<br />
d’un geste écoresponsable. Jean-Yves Soëtinck,<br />
concepteur lumière, L’Acte Lumière, dans<br />
« l’Entretien » (voir pages 18 et 19), confie que<br />
« dans la mesure du possible, je m’appuie sur<br />
la plus grande sensibilité aux problématiques<br />
environnementales des usagers, pour aller vers<br />
plus de sobriété, parfois à contre-pied des attentes<br />
de certains décideurs ». Les professionnels<br />
en sont donc arrivés à rechercher ce juste<br />
équilibre évoqué par Lionel Bessières, concepteur<br />
lumière, Quartiers Lumières, dans l’interview<br />
qui ouvre ce dossier (voir page 29) : pour<br />
lui, il s’agit d’« identifier les secteurs où il y a<br />
de la vie pour créer des liens sociaux via des<br />
animations lumineuses, tandis qu’on laissera<br />
dans l’ombre d’autres espaces, plus apaisés ».<br />
Ils sont rejoints par leur confrère, Lucas Goy,<br />
les éclaireurs, qui souligne, à propos du grand<br />
projet de rénovation du port Vauban, à Antibes<br />
(voir photo ci-contre), que la conception<br />
lumière du site a dû tenir compte de son classement<br />
IOP (Installation ouverte au public)<br />
qui impose des valeurs d’éclairement de 20 lux<br />
pour les cheminements extérieurs, et su « créer<br />
un environnement portuaire de haute qualité,<br />
sobre et élégant », obtenu notamment grâce à<br />
des systèmes d’abaissement ou de programmation<br />
d’allumage et d’extinction dans certains<br />
espaces.<br />
Les conceptrices et concepteurs lumière de<br />
l’ACE vont plus loin, avec la publication de<br />
l’Acte 2 de leur Manifeste et réaffirment leur<br />
détermination de créer un éclairage durable.<br />
« Nous pensons que l’expérience que nous<br />
avons de notre métier nous permet de prouver<br />
aux pouvoirs publics, au grand public, à nos<br />
clients, à nos partenaires maîtres d’œuvre et à<br />
toute la filière de l’éclairage, qu’éclairer doit<br />
être une démarche vertueuse et doit porter des<br />
valeurs de bien-être et de respect universel. Nos<br />
conceptions s’inscrivent directement dans l’urgence<br />
des transitions énergétique, écologique et<br />
sociétale qui sont face à nous », peut-on lire en<br />
préambule. Le ton est donné.<br />
NorSea Polarbase Rypefjord, Norvège.<br />
Remplacement d’appareils à décharge par des luminaires leds Ledvance Floodlights Performance,<br />
Max et Eco Class High Performance en 4 000 K et 5 700 K.<br />
© Ledvance<br />
• • • Suite p. 32<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 31
Lumières Dossier<br />
Perpignan. La municipalité a décidé de créer<br />
un parcours lumière à visée éducative, pour<br />
faire visiter les quartiers du centre-ville. Les<br />
gobos ont été imaginés à partir de thèmes<br />
en lien avec l’histoire de la ville ou l’origine<br />
du nom des rues. Des Palco InOut cadreurs<br />
d’iGuzzini ont été disposés sur les façades.<br />
• • • Suite de la p. 31<br />
Le manifeste des conceptrices<br />
et concepteurs lumière pour des projets<br />
d’éclairage raisonnés et engagés, Acte 2<br />
À travers leurs engagements présentés en<br />
10 points, les conceptrices et les concepteurs lumière<br />
expriment leurs revendications concrètes<br />
tout en donnant les caractéristiques de l’éclairage<br />
qu’ils mettent en œuvre aujourd’hui. « Nos<br />
prescriptions feront l’objet d’un choix d’appareils<br />
d’éclairage efficients, limités en puissance,<br />
interopérables et dont la traçabilité et le recyclage<br />
sont transparents, peut-on lire dans le<br />
Manifeste. Afin de tenir compte du déjà là, nos<br />
prescriptions d’appareils neufs succéderont à<br />
une démarche de réemploi si cela est possible.<br />
Acteurs de la filière de l’éclairage, nous nous engageons<br />
à promouvoir les solutions alternatives<br />
et toutes avances technologiques permettant de<br />
préserver les ressources par l’utilisation des énergies<br />
renouvelables et bas carbone, et à atteindre<br />
la neutralité carbone en 2050. » Ce qui rejoint<br />
aussi la volonté de nombreux fabricants, soucieux<br />
de produire des solutions non seulement<br />
durables, mais réutilisables, et même réparables<br />
(voir notre Enquête produits de la page 48 à la<br />
page 52 et le Cahier technique, page 58).<br />
Le Manifeste mentionne également la prise en<br />
compte des différents usages, ou des usagers,<br />
plutôt. Ce n’est pas nouveau, déjà le premier<br />
Manifeste mettait en évidence la disparité des<br />
besoins : il fallait sortir des anciens schémas<br />
uniques d’éclairage de chaussée, longtemps<br />
l’apanage de l’éclairage public. Les trottoirs<br />
s’élargissent, les pistes cyclables se multiplient,<br />
les berges de fleuves deviennent des promenades,<br />
et réchauffement climatique oblige, les<br />
terrasses de cafés et de restaurants font le plein<br />
jusqu’au mois de novembre, même au nord de la<br />
Loire, créant des activités nocturnes jusque dans<br />
les plus petites villes. Les conceptrices et concepteurs<br />
lumière enfoncent le clou : « Nous nous<br />
engageons à prendre en considération tous les<br />
marqueurs géoculturels pour servir nos projets<br />
dans le respect de la nuit et, si possible, d’y intégrer<br />
des actrices et acteurs locaux. La nuit doit<br />
être le reflet de celles et ceux qui la vivent : dormir,<br />
travailler, sortir, se cultiver, se divertir sont<br />
autant d’activités caractérisées par une lumière<br />
adaptée à un environnement social et culturel. »<br />
• • • Suite p. 34<br />
© iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour © iGuzzini. Photo Didier Boy de la Tour<br />
32 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Quartier du Grand Parc, Bordeaux.<br />
Les espaces verts du jardin public abritent<br />
désormais des mâts Totem Structure K250<br />
ajourés, conçus et fabriqués sur mesure.<br />
Maîtrise d’ouvrage : Métropole de Bordeaux<br />
– Concepteur lumière : Agence ON –<br />
Paysagiste : EXIT Paysagistes Associés<br />
Bordeaux – Design urbain : Ruedi Baur, integral<br />
designers – Bureau d’études : Techni’cité.<br />
• • • Suite de la p. 32<br />
Dans nos échanges, Lionel Bessières, Quartiers<br />
Lumières, soulignait l’importance de partager<br />
avec les usagers, justement, des informations sur<br />
l’éclairage de l’espace public, notamment au sein<br />
de marches nocturnes que les concepteurs lumière<br />
sont de plus en plus nombreux à organiser<br />
avec les élus, mais aussi avec les riverains. L’objectif<br />
: partager les connaissances afin de mieux<br />
faire comprendre les choix d’éclairage, comme<br />
l’explique le Manifeste. « Nos compétences de<br />
spécialistes s’exercent dans la sensibilisation et la<br />
pédagogie auprès du grand public, des personnes<br />
et des services qui sont concernés par une installation<br />
d’éclairage. Cette action incite à l’expérimentation<br />
d’une lumière vivante dans le but de<br />
mieux appréhender et partager ses effets, elle implique<br />
les échanges de connaissances et le travail<br />
collectif entre tous les acteurs du projet d’éclairage.<br />
Nous, conceptrices et concepteurs lumière,<br />
nous engageons à créer et animer un réseau de<br />
connaissances pour le partage d’informations et<br />
d’expérimentations qui pourront servir les objectifs<br />
de ce manifeste. » La concertation se trouve<br />
en effet au cœur des décisions. Rappelons que<br />
les pouvoirs publics, lors de la première version<br />
de l’arrêté de 2018 sur les nuisances lumineuses,<br />
avaient déjà lancé une concertation auprès des<br />
principaux organismes concernés (l’Association<br />
des concepteurs lumière et éclairagistes, le Syndicat<br />
de l’éclairage, l’Association française de<br />
l’éclairage, et d’autres encore), une grande première.<br />
Cette année, la révision de l’arrêté a fait<br />
l’objet de la même démarche. Encore plus inédit :<br />
le ministère de la Transition écologique a proposé<br />
une enquête/sondage au grand public, en ligne,<br />
dont nous reproduisons ici le texte d’introduction<br />
(cette enquête n’est plus disponible, il fallait<br />
y répondre avant le 25 septembre dernier).<br />
Consultation du ministère<br />
de la Transition écologique<br />
Avant même d’accéder au formulaire de l’enquête,<br />
le ministère expliquait le contexte dans<br />
lequel cette consultation était lancée. Il rappelait<br />
notamment le plan de sobriété énergétique<br />
lancé en octobre 2022, qui avait permis à la<br />
France de réduire sa consommation d’électricité<br />
et de gaz de plus de 10 % l’hiver suivant<br />
(donc l’hiver dernier) et de baisser ses émissions<br />
de gaz à effet de serre.<br />
Anglet Larochefoucauld. Maîtrise d’ouvrage : Communauté d’agglomération du<br />
Pays basque, Ville d’Anglet, Eiffage Immobilier – Concepteur lumière : Quartiers<br />
Lumières – Paysagiste : Woodstock Paysage. À Anglet, au cœur du Pays basque,<br />
le quartier Larochefoucauld se transforme et s’embellit. Les colonnes Creille, de<br />
Technilum, à l’ajourage Art déco, viennent ponctuer ces lieux de vie et apportent,<br />
de nuit, une douce ambiance lumineuse.<br />
• • • Suite p. 38<br />
© Technilum. Photo Xavier Boymond<br />
© Technilum. Photo Hugo Da Costa<br />
34 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Place Nationale, Montauban, par Quartiers Lumières<br />
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Montauban<br />
Maîtrise d’œuvre mandataire : Aarp<br />
Paysagiste : Urbicus<br />
Bureau d’études : Arragon<br />
Conception lumière : Quartiers Lumières<br />
Installation : SPIE, Lumières Utiles<br />
Matériel d’éclairage : Chrysalis, Prolight<br />
La nouvelle mise en lumière de la place<br />
Nationale de Montauban a été inaugurée<br />
le 8 juillet 2022. Ce projet est le résultat<br />
de quatre années d’études et de travaux qui ont<br />
permis d’aboutir à la livraison d’une véritable place<br />
caméléon, qui peut s’adapter aux divers usages de<br />
ce lieu, de jour comme de nuit.<br />
Les éclairages fonctionnels sont assurés par les<br />
lanternes historiques qui ont été rénovées par<br />
la société Chrysalis. Ce choix a été fait après<br />
propositions et débat autour de solutions de<br />
rénovation. Ces lanternes assurent diverses<br />
fonctions :<br />
- un éclairage de mise en valeur en début de soirée<br />
par un effet flamme chaleureux en blanc très chaud,<br />
- un éclairage classique fonctionnel led en 2 700 K<br />
régulé et conforme à l’arrêté de décembre 2018<br />
prend le relais à partir de minuit.<br />
Le principal défi pour la réalisation du projet de<br />
mise en lumière fut de trouver des solutions pour<br />
répondre au programme de la maîtrise d’ouvrage, qui<br />
souhaitait une mise en lumière très souple et évolutive<br />
tout en s’inscrivant dans un contexte architectural<br />
particulièrement riche et très contraignant pour<br />
assurer une parfaite discrétion nuit et jour.<br />
« Ainsi, l’étude a commencé par une séance<br />
d’essais afin de tester diverses possibilités<br />
d’éclairage, explique Lionel Bessières, concepteur<br />
lumière, Quartiers Lumières. Le résultat des essais :<br />
aucune solution classique n’a donné satisfaction,<br />
alors… on a cherché une alternative ! »<br />
Quartiers Lumières a donc proposé de mettre en<br />
place un projet concrétisé par des éclairages latéraux<br />
émis par des projecteurs Prolight Mosaico équipés de<br />
gobos réalisés sur mesure afin de ne pas induire de<br />
lumières intrusives dans les habitations.<br />
Ces projecteurs permettent d’assurer au quotidien<br />
des ambiances douces en blanc chaud et<br />
d’accompagner les divers événements de la vie<br />
nocturne durant l’année via un système de contrôle<br />
DMX pilotable à distance.<br />
De nombreuses séances d’essais nocturnes ont<br />
permis, par la projection de mire, de réaliser les<br />
gobos « masques » qui assurent correctement, et<br />
malgré les angles de projection très contraignants,<br />
les éclairages « découpés ».<br />
Les éclairages du sol et de la fontaine (fontaine<br />
sèche, miroir d’eau, brumisation ou jets d’eau)<br />
sont assurés par des projecteurs Prolight Mosaico<br />
Junior qui, outre leurs étonnantes puissance et<br />
souplesse, assurent un très bon confort visuel et<br />
une parfaite insertion diurne. Ainsi ces luminaires<br />
permettent de projeter divers effets lumière au sol.<br />
Ces appareils sont également reliés à des contacts<br />
secs de la fontainerie pour accompagner la vie de<br />
cet ensemble aquatique.<br />
© Quartiers Lumières<br />
© Quartiers Lumières © Quartiers Lumières<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 35
Lumières Dossier<br />
La place Nationale à Montauban, au cœur du<br />
centre historique de la ville, forme un ensemble<br />
architectural exceptionnel et singulier. Le projet allie<br />
efficacement esthétique, respect du patrimoine et<br />
fonctionnalité pour créer une expérience lumineuse<br />
harmonieuse de jour comme de nuit, et adaptée à<br />
une variété d’occasions festives.<br />
© Quartiers Lumières<br />
36 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 37
Lumières Dossier<br />
© Artemide<br />
Signée de Carlotta de Bevilacqua Artemide, cette gamme se décline en bornes 60 cm ou 90 cm, mât de 2,50 m ainsi qu’en applique pour accompagner<br />
les cheminements extérieurs.<br />
• • • Suite de la p. 34<br />
C’est donc dans le cadre de cette action que<br />
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition<br />
énergétique, a mis en place cette large<br />
consultation sur les éclairages dans les rues. Le<br />
but : interroger les citoyens et l’ensemble des<br />
acteurs (élus locaux, professionnels du secteur,<br />
associations de commerçants, associations<br />
environnementales…) sur une éventuelle évolution<br />
des règles en matière d’éclairages. « Avec<br />
un objectif : aller vers une plus grande sobriété<br />
énergétique et une meilleure protection de la<br />
biodiversité. »<br />
Et le texte de rappeler, justement, l’arrêté de<br />
2018. « Le code de l’environnement donne la<br />
possibilité au gouvernement de prendre des<br />
mesures pour réduire ou prévenir la pollution<br />
lumineuse, préciser les exigences liées à<br />
la conception et au fonctionnement des installations<br />
d’éclairage extérieur, et définir la<br />
réglementation pour les propriétaires de biens<br />
publics et privés. Des avancées notables pour<br />
maîtriser la consommation d’énergie et protéger<br />
la biodiversité ont d’ores et déjà été permises<br />
grâce à l’adoption, en décembre 2018, de<br />
mesures relatives à la prévention, à la réduction<br />
et à la limitation des nuisances lumineuses : horaires<br />
d’allumage et d’extinction, proportion<br />
de lumière, limitation des températures de couleur…<br />
Ces mesures, qui ciblent les entreprises<br />
et les collectivités territoriales, ont été mises<br />
en place progressivement. Le contrôle de ces<br />
dispositions revient aux maires, à l’exception<br />
de l’éclairage public, dont le contrôle revient<br />
aux préfets. Avec cette nouvelle consultation,<br />
le gouvernement souhaite étudier la possibilité<br />
d’aller plus loin. » Du jamais-vu : après avoir<br />
été longtemps le parent pauvre des usages de<br />
l’électricité, l’éclairage fait tout à coup l’objet<br />
de toutes les attentions. Personne, dans la filière,<br />
ne s’en plaindra, certes, mais il reste cependant<br />
du chemin à parcourir…<br />
Alors que le thermostat a été développé au<br />
XIX e siècle, le détecteur de présence peine<br />
encore à s’imposer. Et pourtant, comme le<br />
rappelle le ministère dans l’introduction à l’enquête,<br />
« les enjeux sont à la fois économiques,<br />
• • • Suite p. 40<br />
38 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Le campus Paris-Saclay, par Technilum<br />
Maîtrise d’ouvrage : EPAPS (Établissement public<br />
d’aménagement Paris-Saclay)<br />
Architecte : XDGA<br />
Conception lumière : Concepto (Fanny Guerard,<br />
Melina Votadoro, Juliette Maricourt)<br />
Paysagiste : Michel Desvigne Paysagiste<br />
Bureau d’études : Tugec Ingénierie<br />
Installateurs : entreprises SEIP et STPEE<br />
Mobilier d’éclairage : mâts Structure K250 de Technilum<br />
en aluminium ajouré, 12 et 14 m.<br />
Située à 20 km au sud-ouest de Paris, la<br />
Communauté Paris-Saclay constitue, avec<br />
ses 27 communes, un pôle majeur de la<br />
région Île-de-France. Outre son écosystème dense,<br />
organisé autour de plusieurs pôles économiques,<br />
l’agglomération accueille un cluster qui compte<br />
parmi les huit plus importants sur le plan mondial<br />
et qui regroupe 15 % de la recherche nationale,<br />
avec notamment un volet scientifique (université<br />
Paris-Saclay, 14 établissements d’enseignement<br />
supérieur et organismes de recherche,<br />
280 laboratoires, l’Institut Polytechnique de Paris<br />
qui regroupe l’École polytechnique, l’ENSTA<br />
ParisTech, l’ENSAE ParisTech, Télécom ParisTech<br />
et Télécom SudParis) ; un volet économique, qui<br />
repose sur l’implantation des centres de R & D de<br />
grandes entreprises, la création d’un écosystème<br />
favorable aux jeunes entreprises innovantes et<br />
aux start-up, et la valorisation commerciale des<br />
avancées scientifiques et technologiques réalisées<br />
sur le plateau ; ainsi qu’un volet aménagement<br />
du territoire, centré sur la réalisation d’un grand<br />
campus urbain, moderne et attractif, mixant<br />
logements étudiants et résidentiels, mais aussi<br />
lieux de vie, services et espaces publics.<br />
« En 2015, un sdal a été réalisé à l’échelle de tout<br />
le plateau, explique Melina Votadoro, conceptrice<br />
lumière, et Concepto s’est focalisé sur l’un<br />
des trois quartiers, École polytechnique (Scène<br />
publique sur le quartier du Moulon et l’agence<br />
ON sur celui de Corbeville) et notamment la place<br />
Marguerite-Perey, maillon de “la chaîne des<br />
lieux majeurs” du site, qui va se connecter à la<br />
station du Grand Paris Express de Palaiseau sur<br />
la ligne 18. Nous avons dessiné un mât (design<br />
Fanny Guerard et Juliette Maricourt) que Technilum<br />
a développé en 14 m et 12 m de hauteur. Ces mâts<br />
forment une ligne dynamique de lumière dont la<br />
courbure épouse l’aménagement des lieux. La<br />
faille lumineuse verticale créée dans le mât, visible<br />
du sud de la place apporte une touche singulière<br />
et colorée à l’espace, accompagnant les passants<br />
jusqu’à la gare. » Les mâts servent également de<br />
supports à des projecteurs qui éclairent la place<br />
et différents équipements. « Les espaces plantés<br />
autour de la place sont juste ponctués de petits<br />
© MFL Photo<br />
© Melina Votaduro. Concepto<br />
pavés lumineux qui guident de façon discrète les<br />
piétons, les vélos qui empruntent les allées. » Un<br />
programme de gradation et d’extinction au cœur<br />
de la nuit a été mis en place sur l’ensemble du<br />
quartier.<br />
Également espace public majeur au cœur du<br />
quartier de l’École polytechnique de Saclay, le<br />
Green, parc de 2,5 hectares, a été éclairé par de<br />
grands mâts totem délicatement ajourés, formant<br />
une constellation d’étoiles. Positionnés en leur<br />
sommet, des luminaires projettent des accents de<br />
lumière ambrée, plus intensifs, et ponctuent çà et<br />
là la nappe homogène d’un blanc chaud.<br />
Des mâts ont également été implantés sur les<br />
placettes minéralisées, accompagnés par des<br />
bancs en bois rétroéclairés.<br />
« Un travail de conception lumière, et d’usinage,<br />
tout en délicatesse, précise-t-on chez Technilum.<br />
Les mâts, fabriqués dans nos ateliers, aux portes<br />
de Béziers, sont en aluminium à 75 % recyclés et<br />
100 % recyclables. Un projet aussi poétique que<br />
respectueux de la trame noire des lieux. »<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 39
Lumières Dossier<br />
© iGuzzini. Photo Alessandra Chemollo<br />
Ponte vecchio, Bassano del Grappa, Italie.<br />
Maître d’ouvrage : ANA National Alpine Association Montegrappa branch – Architecte et<br />
concepteur lumière : Bassano del Grappa City Council.<br />
• • • Suite de la p. 38<br />
environnementaux et sociaux ». Et le ministère<br />
d’en préciser les principaux : « Maîtriser<br />
notre consommation d’énergie et en réduire<br />
le coût : l’éclairage public représente 4 % de<br />
notre consommation électrique nationale,<br />
mais 41 % de la consommation d’électricité<br />
des collectivités territoriales et 37 % de leur<br />
facture d’électricité ; diminuer les nuisances<br />
lumineuses : les points lumineux en France ont<br />
augmenté de 50 % en 30 ans. Selon l’ADEME,<br />
on en compte 11 millions pour le seul éclairage<br />
public ; protéger la biodiversité qui est menacée<br />
par ces nuisances lumineuses : la présence<br />
nocturne d’insectes pollinisateurs a été réduite<br />
de 62 % dans les zones urbaines à cause d’une<br />
lumière artificielle trop agressive, qui perturbe<br />
leur évolution. Seuls 15 % de notre territoire<br />
échappent à toute pollution lumineuse. Environ<br />
1/3 des vertébrés et 2/3 des invertébrés sont<br />
nocturnes. Pour ces espèces, les nuisances lumineuses<br />
sont une menace directe. »<br />
Plusieurs mesures sont mises aujourd’hui au<br />
débat, ajoute le ministère qui donne des pistes<br />
sous forme de questions : « Faut-il réduire encore<br />
davantage les horaires d’éclairage des bâtiments<br />
non résidentiels et des vitrines des commerces<br />
qui, aujourd’hui, doivent être éteints à<br />
1 h du matin ? Faut-il avancer cet horaire et<br />
ajouter une obligation d’éteindre l’intérieur des<br />
boutiques une heure après la fin de l’activité ? »<br />
Notons que l’arrêté du 25 janvier 2013, applicable<br />
au 1 er juillet 2013, relatif à l’éclairage<br />
nocturne des bâtiments non résidentiels, exigeait<br />
déjà « l’extinction de l’éclairage intérieur<br />
1 h après la fin de l’occupation des locaux »<br />
[sic]… « Faut-il réduire la puissance lumineuse<br />
de l’éclairage public ? Avec quelles implications<br />
pour les élus locaux et leurs installations ?<br />
Comment améliorer les contrôles de ces dispositions<br />
qui sont aujourd’hui insuffisamment<br />
respectées ? »<br />
• • • Suite p. 43<br />
40 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Nouveau Pont, rivière Saint-Denis, La Réunion,<br />
par Ragni<br />
C’est sur le Nouveau Pont de la rivière Saint-<br />
Denis, à La Réunion, qu’ont été installés<br />
plus d’une centaine de luminaires Ragni :<br />
43 Griff XL sur console Exis avec une température<br />
de couleur de 2 700 K, ainsi que 63 luminaires<br />
Slide L avec sublimation Orme, dont 10 en 2 700 K<br />
et 53 en 3 000 K. Les luminaires Slide ont été<br />
implantés sur la partie urbaine du projet.<br />
La température de couleur de 2 700 K a été choisie,<br />
car elle limite les impacts de la lumière bleue et, de<br />
ce fait, réduit la pollution lumineuse.<br />
Les Griff XL ont été placés sur le Nouveau Pont,<br />
long de 110 m, qui est un couloir d’envol (référencé<br />
par la SEOR, Société d’études ornithologiques)<br />
des pétrels de Barau, une espèce d’oiseaux<br />
endémiques de La Réunion, connue pour avoir une<br />
sensibilité aux températures de couleur froides. En<br />
effet, ces oiseaux peuvent être attirés et trompés<br />
par les lumières artificielles lorsqu’ils quittent le<br />
nid pour rejoindre l’océan pour la première fois.<br />
Parfois, le choc avec les lampadaires peut être fatal<br />
ou causer des blessures graves, mais la plupart du<br />
temps, ils s’échouent simplement au sol.<br />
L’intensité lumineuse serait la cause d’un<br />
pourcentage important des échouages. C’est<br />
pourquoi tout ce qui peut être entrepris dans le<br />
cadre de l’aménagement du territoire et de la<br />
sensibilisation des habitants et des élus pour<br />
diminuer le risque de désorientation par les<br />
lumières extérieures est fortement encouragé<br />
pour préserver cette espèce. Plusieurs villes ont<br />
signé avec la SEOR des chartes et conventions de<br />
réduction des nuisances lumineuses extérieures et<br />
de soutien au sauvetage des oiseaux échoués.<br />
L’Association nationale pour la protection du ciel<br />
et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) fait<br />
état d’études ayant démontré les effets néfastes<br />
de l’éclairage public sur l’équilibre de la faune et<br />
de la flore. De nombreuses espèces voient leurs<br />
comportements modifiés en raison d’une lumière<br />
non appropriée. Il est donc important de trouver un<br />
équilibre pour mieux éclairer et éclairer juste.<br />
Le luminaire Griff XL est destiné à l’éclairage<br />
routier. De forme trapézoïdale allongée, il dispose<br />
d’ailettes sur le dessus qui assurent sa régulation<br />
thermique. Il peut recevoir de 8 à 80 leds via<br />
une large gamme de températures de couleur<br />
et de photométries qui permettent de répondre<br />
précisément aux besoins d’éclairement du projet<br />
dans le respect de l’environnement.<br />
Le luminaire Slide L est conçu pour l’éclairage<br />
urbain ou d’ambiance. Entièrement fabriqué en<br />
aluminium, il se décline en 5 versions (1, 2 ou<br />
4 feux) au design original. Pensé pour adopter un<br />
positionnement parallèle à la chaussée, Slide offre<br />
une alternative élégante au déport des luminaires<br />
au-dessus de la zone à éclairer. Les luminaires<br />
possèdent une prise NEMA socket sur laquelle est<br />
installé un nœud communicant pour la télégestion.<br />
Maîtrise d’ouvrage : Région Réunion<br />
Maîtrise d’œuvre : SETEC<br />
Installateur : Bagelec Réunion<br />
© Ragni<br />
© Ragni<br />
© Ragni<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 41
Lumières Dossier<br />
Brousse-le-Château (12), par Disano<br />
Le château médiéval, classé monument<br />
historique depuis le 2 mars 1943, surplombe<br />
le village. Véritable forteresse, il comprend un<br />
donjon, une succession de tours incluses dans des<br />
remparts couronnés de mâchicoulis et percés de<br />
nombreuses meurtrières. Cet ensemble protège le<br />
logis des seigneurs, le puits-citerne, le four à pain,<br />
à l’intérieur d’une haute cour et d’une basse cour.<br />
Après avoir appartenu aux comtes de Rouergue,<br />
de Toulouse puis de Rodez, le château devint la<br />
propriété des Arpajon, l’une des puissantes familles<br />
de la noblesse française, de 1204 à 1700. Un<br />
temps, propriété des Grandsaignes, il fut racheté<br />
en 1785 par François Peyrot de Vailhauzy et<br />
vendu en 1839 à la commune, qui le transforme<br />
en presbytère. Sauvé de la ruine grâce à des<br />
chantiers de bénévoles impulsés par l’association<br />
de la Vallée de l’Amitié, il sera administré et<br />
aménagé par les membres du Foyer rural<br />
jusqu’en 2007. Il est, depuis cette date,<br />
géré par la commune.<br />
La vétusté de l’éclairage existant entraînait<br />
des consommations d’énergie importantes et<br />
la commune a souhaité rénover l’ensemble de<br />
l’installation équipée de luminaires au sodium<br />
haute pression.<br />
« En collaboration avec le distributeur local, la<br />
société Malrieu, explique Nicolas Courrèges,<br />
technico-commercial chez Disano, nous avons<br />
proposé les projecteurs Rodio 1891 fabriqués en<br />
Italie, en quatre puissances, 79 W, 157 W et 269 W,<br />
et dotés d’une température de couleur de 2 200 K.<br />
Nous avons procédé à des essais avec l’installateur<br />
Mickaël Daffas afin de positionner les projecteurs<br />
dans le respect de l’environnement et d’obtenir le<br />
bon rendu sur la pierre d’Aveyron. Une fois le projet<br />
validé par l’architecte des bâtiments de France,<br />
nous avons livré 42 appareils. »<br />
Cette rénovation a permis de réaliser 60 %<br />
d’économies d’énergie.<br />
© Mickaël Daffas © Mickaël Daffas<br />
© Mickaël Daffas © Mickaël Daffas<br />
42 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
• • • Suite de la p. 40<br />
Plusieurs organismes professionnels de l’éclairage<br />
ont tenté d’apporter des éléments de réponse<br />
à ces mêmes questions au sein de publications<br />
1 telles que le guide édité en 2021 par<br />
l’ADEME, Rénover l’éclairage extérieur, qui<br />
avait réuni la contribution de pas moins dix<br />
associations et organismes professionnels :<br />
l’ACE, l’AFE, la CAPEB, CSTB, ecosystem, la<br />
FDME, la FFIE, la FNCCR, SERCE et du Syndicat<br />
de l’éclairage². La Fédération nationale<br />
des collectivités concédantes et régies (FNCCR)<br />
a notamment publié un Guide de l’élu local et<br />
intercommunal – Éclairage public, en 2021.<br />
Les élus, décideurs de première ligne<br />
L’ouvrage de la FNCCR présente l’éclairage public<br />
de façon très pragmatique, destiné aux élus<br />
qui, la plupart du temps, doivent prendre des<br />
décisions « durables » en matière d’éclairage public<br />
sans bénéficier forcément des moyens ni des<br />
connaissances techniques nécessaires pour faire<br />
les choix adaptés à chaque situation. Ce guide n’a<br />
pas été conçu pour se substituer aux professionnels<br />
– bureaux d’études, architectes, paysagistes,<br />
concepteurs lumière –, mais pour expliquer de<br />
façon simple les enjeux et les contraintes auxquels<br />
doivent faire face les élus dès que l’éclairage<br />
public est concerné. D’ailleurs, dès l’introduction,<br />
le lecteur est averti : « L’éclairage public ne sert<br />
plus aujourd’hui seulement à éclairer la nuit, mais<br />
devient un enjeu citoyen. » Mais pas seulement : la<br />
FNCCR rappelle que les « dépenses d’éclairage<br />
public s’élèvent en France à près de 2 milliards<br />
d’euros par an. 1 milliard est consacré à la maintenance,<br />
450 millions au renouvellement du parc<br />
et plus de 450 millions à la consommation d’énergie<br />
». À la lecture de ces chiffres, on comprend aisément<br />
pourquoi les collectivités semblent décidées<br />
à mettre en place des solutions d’éclairage led,<br />
dotées d’équipements qui permettent la gradation,<br />
la programmation, l’automatisation de l’éclairage,<br />
des systèmes sans doute plus efficaces, plus respectueux<br />
de l’environnement, et plus confortables<br />
aussi que l’extinction pure et simple de l’éclairage<br />
public, même si dans certains cas, il est possible<br />
qu’elle soit la seule réponse envisageable.<br />
• • • Suite p. 44<br />
1. Par la FNCCR : Guide de l’élu local et intercommunal – Éclairage public, 2021 ; La maintenance des installations d’éclairage public en led,<br />
<strong>2023</strong> ; Réussir la rénovation de l’éclairage public, <strong>2023</strong>.<br />
Par l’Association française de l’éclairage : Guide éclairage public : bonnes pratiques relatives aux installations d’éclairage extérieur, <strong>2023</strong>.<br />
2. « L’éclairage public est le deuxième poste de consommation d’énergie des communes après les bâtiments, avec 12 % des consommations<br />
et 18 % des coûts d’énergie. Cela représente 31 % des dépenses d’électricité » : extrait du guide repris dans la présentation du Plan sobriété<br />
énergétique présenté par Élisabeth Borne en octobre 2022.<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 43
Lumières Dossier<br />
Place d’Armagnac, Bordeaux.<br />
Maîtrise d’ouvrage : EPA Euratlantique<br />
– Maîtrise d’œuvre : Signes paysage,<br />
Artelia – Conception lumière : Quartiers<br />
Lumières. Le projet d’éclairage s’inscrit<br />
dans le périmètre de la ZAC Saint-Jean-<br />
Belcier. Les équipements permettent<br />
de garantir des ambiances nocturnes<br />
sécuritaires tout en conservant des<br />
niveaux faibles et régulés (7 à 10 lux)<br />
et en participant à l’identité nouvelle du<br />
site. – Matériel d'éclairage : Comatelec<br />
Schréder, Legrand, Selux, TMC.<br />
• • • Suite de la p. 43<br />
Aujourd’hui, les automatismes en question sont<br />
bien identifiés : le guide de la FNCCR évoque<br />
les détecteurs de présence, les modules électroniques<br />
qui permettent la gestion et la régulation<br />
des plages et des seuils d’abaissement de<br />
puissance, les systèmes de commande par horloge<br />
radio synchronisée, la programmation des<br />
luminaires et des horloges avec smartphone, la<br />
gestion de l’éclairage à distance par internet,<br />
etc. Tout cela n’est rendu possible qu’à condition<br />
que les espaces soient équipés d’éclairage<br />
led, ce qui est quasiment systématique dans<br />
les installations neuves, mais, selon le guide<br />
de l’ADEME Rénover l’éclairage extérieur, les<br />
leds ne représenteraient que 20 % du parc.<br />
La lenteur de la rénovation est souvent due à<br />
un manque de moyens. Afin d’aider les communes,<br />
ACTEE, l’Action des Collectivités<br />
Territoriales pour l’Efficacité Énergétique, programme<br />
porté par la FNCCR, a lancé le sousprogramme<br />
Lum'ACTE 1 visant à apporter un<br />
soutien opérationnel et financier aux collectivités<br />
désireuses de maîtriser leurs consommations<br />
et d’améliorer la performance énergétique<br />
de leurs parcs d’éclairage public.<br />
« Les financements, d’un montant total de<br />
10 millions d’euros, issus des certificats d’économies<br />
d’énergie, visent trois actions principales<br />
portées par les territoires :<br />
1. L’accompagnement à la réalisation d’audits<br />
patrimoniaux et énergétiques ainsi<br />
que la mise en place de schémas directeurs<br />
d’aménagement lumière : aide plafonnée à<br />
150 000 € par projet ; taux d’aide plafonné<br />
à 30 % si le projet concerne moins de<br />
3 000 points lumineux ; taux d’aide à 50 %<br />
si le projet concerne plus de 3 000 points<br />
lumineux.<br />
2. L’aide à l’acquisition d’outils de suivi du<br />
parc d’éclairage : taux d’aide plafonné à<br />
50 % dans une limite de 10 000 € par projet.<br />
3. L’accompagnement dans les projets de rénovation<br />
via des prestations d’assistance à<br />
maîtrise d’ouvrage ou de maîtrise d’œuvre et<br />
des études concourant à l’amélioration de la<br />
connaissance des parcs d’éclairage public :<br />
taux d’aide plafonné à 30 % dans une limite<br />
de 40 000 € par projet. »<br />
Par ailleurs, le Fonds vert 2 , créé pour accélérer<br />
la transition écologique dans les territoires, doté<br />
de 2 milliards d’euros, permet d’aider, depuis<br />
début <strong>2023</strong>, les collectivités territoriales et leurs<br />
partenaires à accélérer leur transition écologique.<br />
Inscrit dans la loi de finances <strong>2023</strong> et<br />
coordonné par la Direction générale de l’aménagement,<br />
du logement et de la nature (DGALN),<br />
en qualité de responsable de programme, ce<br />
fonds doit permettre le déploiement d’actions<br />
territoriales, sous la responsabilité des préfets.<br />
1. https://programme-cee-actee.fr<br />
2. www.ecologie.gouv.fr/fonds-vert<br />
Courbevoie, parc de Becon. Mâts Natty d’Aubrilam.<br />
• • • Suite p. 46<br />
© Quartiers Bessières<br />
© Bega<br />
44 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
• • • Suite de la p. 44<br />
Un guide a été édité par le ministère de la<br />
Transition écologique et de la Cohésion des<br />
territoires à l’intention des décideurs locaux.<br />
Plusieurs pages sont consacrées à la rénovation<br />
des parcs de luminaires d’éclairage public. Le<br />
Fonds vert a pour objectif de faire passer le<br />
taux de remplacement des équipements d’éclairage<br />
extérieur public de 3 % à 10 % par an<br />
sans attendre l’obsolescence totale du parc.<br />
Et l’éclairage solaire ?<br />
Pas encore très ancré dans les habitudes en<br />
France (voir notre interview croisée pages 6,<br />
7, 8, 9), l’éclairage solaire ou « autonome » se<br />
développe de plus en plus (voir notre enquête<br />
produits, page 48). Le Syndicat de l’éclairage<br />
en donne la définition suivante : « Équipé d’une<br />
batterie de stockage qui se charge le jour par la<br />
production d’énergie d’un panneau solaire photovoltaïque,<br />
l’éclairage solaire est autonome,<br />
c’est-à-dire indépendant du réseau électrique. »<br />
Selon le Syndicat de l’éclairage, le solaire se justifie<br />
aujourd’hui sur plusieurs configurations<br />
et pour plusieurs raisons : « Pour dépasser les<br />
contraintes de génie civil, de raccordement et<br />
de câblage ; pour limiter les impacts financiers<br />
et environnementaux dus au fonctionnement<br />
du produit autonome ; pour s’inscrire dans une<br />
démarche d’éclairage juste et raisonné : pour<br />
valoriser la dimension environnementale d’un<br />
projet. »<br />
L’éclairage solaire s’inscrit dans une démarche<br />
de développement durable, mais sa simplicité<br />
apparente d’installation ne l’exempte d’une<br />
étude d’éclairage pour en vérifier la pertinence<br />
selon la géographie du lieu. n<br />
46 - LUMIÈRES N° 43 - JUIN <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Digue de mer, Dunkerque (59), par Comatelec Schréder<br />
Depuis 2018, Dunkerque fait partie des<br />
rares villes en France où les transports<br />
publics sont gratuits pour tous et toutes.<br />
Dans le cadre de la mise en place du THNS<br />
(Transport à haut niveau de service), la ville a<br />
réaménagé l’espace public de son centre-ville,<br />
dans le but de le rendre plus attractif. Le réseau<br />
de bus a également bénéficié d’une amélioration,<br />
avec la mise en place d’un BHNS (Bus à haut<br />
niveau de service). Les objectifs de ce projet<br />
visent à :<br />
- réorganiser le réseau routier afin de fluidifier la<br />
circulation entre tous les usagers,<br />
- créer de nouveaux espaces pour les piétons,<br />
- créer des conditions de stationnements plus<br />
simples.<br />
Cet aménagement permet de renforcer la place<br />
et l’accessibilité des transports en commun au<br />
centre de la ville. Pour cette restructuration de<br />
l’espace public, la gare routière a été créée sur<br />
l’ancien parking SNCF.<br />
L’éclairage public a été rénové. Le bureau<br />
d’études Ingérop a sélectionné la solution<br />
d’éclairage Yoa de Comatelec Schréder.<br />
L’esthétisme du luminaire lui permet de<br />
s’intégrer dans l’environnement urbain. Yoa est<br />
équipé des crosses Lucea et Lyre, spécialement<br />
conçues pour cette opération. Ces ensembles,<br />
personnalisés par l’ajout de leds blanches et<br />
bleues, créent une une ambiance singulière et<br />
permet de mettre en avant les zones dédiées aux<br />
arrêts de bus de la gare routière.<br />
De plus, tous les luminaires installés dans<br />
le cadre de ce projet sont complétés par le<br />
système de gestion DALI. Cette technologie<br />
facilite la gestion de l’éclairage en permettant<br />
aux responsables techniques et techniciens<br />
d’interagir rapidement avec les points lumineux<br />
souhaités.<br />
La température de couleur est de 4 000 K.<br />
Au total, ce sont environ 350 Yoa qui ont<br />
été installés dans les rues du centre-ville<br />
dunkerquois. Ce réaménagement de l’éclairage<br />
public permet de maximiser les économies<br />
d’énergie.<br />
© Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe<br />
Installateur : Eiffage Calais – Citeos – Citelum<br />
Bureau d’études : Ingérop<br />
© Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe © Comatelec Schréder. Photo Marc Detiffe<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 47
Lumières Dossier<br />
Enquête produits<br />
Sobriétés<br />
diurne et nocturne<br />
Des températures de couleur chaudes, des rendements lumineux élevés,<br />
des photométries respectueuses de l’environnement... les luminaires<br />
affichent leur durabilité, mais aussi leur flexibilité, avec une gestion<br />
intégrée. Un florilège de designs épurés aux couleurs discrètes, de<br />
matériaux résistants et recyclables, de systèmes d’éclairage solaire qui<br />
s’inscrit dans une démarche d’éco-conception.<br />
Item d’ECLATEC<br />
Ce luminaire (design par STOA Architecture) se décline<br />
en deux tailles (diamètre en millimètres) : Item 500 (IK09)<br />
et Item 600 (IK10) ; les deux versions sont IP66. Les capots, plateaux<br />
et les lyres sont en fonderie d’aluminium ; la vasque plane en verre trempé thermiquement et<br />
sérigraphié (VPC) et une vasque haute en polycarbonate transparent pour l’Item 500 (PHC),<br />
diffuseur interne en option. En version Oraled, il est proposé en 3 000 K ou 4 000 K et en<br />
Quadralens, il existe en Ambre, 2 200 K, 2 400 K, 2700 K, 3000 K ou 4000 K. Flux sortant<br />
du luminaire de 3 375 lm à 9 800 lm pour l’Item 500, et de 9 995 lm à 18 896 lm pour<br />
l’Item 600.<br />
www.eclatec.com/fr<br />
Cirko Lyre de RAGNI<br />
Cette gamme est destinée à l’éclairage d’ambiance<br />
ou résidentiel. De forme circulaire et plate, Cirko<br />
est surmonté d’un plateau au rebord biseauté et se<br />
compose d’un corps en aluminium et d’une finition<br />
en polycarbonate traité anti-UV ou en verre trempé.<br />
Totalement étanche IP66, la protection du bloc<br />
optique du luminaire est ornée d’un motif fait de stries<br />
spirales dépolies en relief sur le Cirko Top, ou d’une<br />
sérigraphie blanche pour les autres produits de la<br />
gamme. Le Cirko Lyre (en photo), élégant et raffiné,<br />
offre jusqu’à 13 800 lm.<br />
www.ragni.com<br />
85098 de BEGA<br />
Doté d’une répartition lumineuse circulaire symétrique,<br />
ce luminaire a été conçu pour des hauteurs de feu<br />
de 3,50 m à 6 m. La lumière est orientée de manière<br />
uniforme et moins de 1 % du flux lumineux est<br />
émis dans l’espace au-dessus du luminaire. Il est en<br />
fonderie d’aluminium, aluminium et acier inoxydable.<br />
Indice de protection IP65 et résistance aux chocs<br />
mécaniques IK07. Il offre une efficacité lumineuse (du<br />
luminaire) de près de 100 lm/W en 3 000 K et de 105 lm/W<br />
en 4 000 K. Pilotage DALI.<br />
www.bega.com/fr-fr<br />
Loto 1 de DISANO<br />
Nouvelle frontière de l’éclairage au service de la<br />
ville, de ses lieux et de ses habitants, ce luminaire<br />
réunit innovation et dernières technologies pour la qualité<br />
et pour l’émission lumineuse. Son design lui permet de<br />
s’inscrire dans tous les cadres urbains, tant historiques que<br />
contemporains, ainsi que dans les espaces verts, les aires<br />
piétonnes et dans les zones ouvertes à la circulation automobile.<br />
Disponible en version sur mât avec optiques extensives, avec<br />
optiques asymétriques pour routes et pistes cyclables. Doté<br />
d’un flux sortant de 7 530 lm en 3 000 K, il offre un rendement de<br />
118 lm/W. IP66 et IK09.<br />
www.disano.it/fr<br />
Skala d’AUBRILAM<br />
Cette borne se décline en deux hauteurs :<br />
750 mm et 1 000 mm. Elle propose un<br />
flux de 1 150 lm pour une température<br />
de couleur de 3 000 K. Pilotable DALI.<br />
Indice de protection IP65. Résistance<br />
aux chocs mécaniques IK07. Le support<br />
carré est composé de moises en bois<br />
massif acétylé Accoya, réalisées à<br />
partir de sciages issus de forêts gérées<br />
durablement, avec une finition lasure<br />
quatre couches. Tête de borne fabriquée<br />
en fonderie d’aluminium, thermolaquage<br />
polyester.<br />
www.aubrilam.com/fr<br />
48 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
Valinta de COMATELEC<br />
Signé du designer Michel Tortel, ce luminaireprojecteur<br />
propose différentes distributions<br />
lumineuses. Il permet de créer des accents de<br />
lumière et des effets lèche-mur, que ce soit en<br />
lumière blanche ou en RGB. Il se décline en 3 finitions<br />
et 3 tailles, et s’adresse aussi bien à l’éclairage urbain<br />
(jusqu’à 155 lm/W) qu’architectural (jusqu’à 135 lm/W).<br />
Certifié Zhaga-D4i, il est contrôlable via les protocoles<br />
DMX ou DALI et présente un IK09 et un IP66. Réglages sur<br />
site du pivotement, de l’inclinaison et de la photométrie.<br />
https://fr.schreder.com/fr<br />
Kalani de SYLVANIA<br />
Ce projecteur offre une température de couleur<br />
de 3 000 K pour un IRC de 80 et un SDCM < 3. La<br />
gamme propose deux angles de faisceau – large<br />
symétrique (60°) et un angle asymétrique (65° x 120°<br />
à 550) – et plusieurs flux : de 6 200 lm à 38 200 lm<br />
(jusqu’à 140 lm/W). IP66 et IK08, le luminaire obtient<br />
le test brouillard salin à 500 heures, de quoi affronter<br />
les temps humides et les environnements salins<br />
comme les chocs. Garantie 5 ans. Durée de vie :<br />
100 000 heures (L80).<br />
www.sylvania-lighting.com/fr-fr<br />
Paulette de Technilum<br />
Ce projecteur rond a été pensé spécifiquement<br />
pour l’éclairage architectural ou l’éclairage routier.<br />
Il offre un large choix de températures de couleur :<br />
2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K, Dynamic white<br />
(2 200 K-3 000 K), RGBW en 4 200 lm (version<br />
architectural) et 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 en<br />
8 050 lm (version routier). Le corps et les fixations sont<br />
en aluminium. Garantie 2 ans. Pilotable DALI, DMX,<br />
programmation horaire (sur demande).<br />
www.technilum.com<br />
Positano de NEKO LIGHTING<br />
Un design compact pour ces deux bornes destinées à l’éclairage des parcs,<br />
jardins et espaces urbains, qui présentent deux hauteurs : 305 mm et<br />
607 mm. Le luminaire est fabriqué en aluminium moulé sous pression avec<br />
un driver ON/OFF intégré et un boîtier gris foncé (RAL 7024). Flux sortant :<br />
200 lm pour une température de couleur chaude de 3 000 K. IP65.<br />
https://nekolighting.com/fr<br />
Walking d’ARTEMIDE<br />
Cette gamme se décline en trois hauteurs<br />
(600 mm, 900 mm, 2 500 mm) et permet de créer<br />
différents paysages lumineux à partir de trois<br />
éclairages selon un gradient spatial de structures<br />
de différentes hauteurs. L’application Artemide<br />
se charge de l’interaction avec les capteurs pour<br />
une gestion dynamique de l’éclairage. Les têtes<br />
de mâts se déclinent en plusieurs couleurs :<br />
blanc, noir, bleu, gris, rouge, jaune.<br />
www.artemide.com/fr<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 49
Lumières Dossier<br />
SensyCity de LACROIX CITY<br />
Intelligent et autonome, ce capteur adapte l’éclairage à l’activité et au besoin<br />
des usagers. L’application SensyCity offre la possibilité de préparer différents<br />
scénarios d’éclairage et de programmer jusqu’à 5 paliers d’abaissement par<br />
nuit. La communication sans fil longue portée permet de s’affranchir de câblages<br />
complexes sur toutes installations existantes. Il peut se monter sur toutes formes<br />
de mâts, tous diamètres ≥ 60 mm, ou en façade. Le raccordement s’effectue<br />
simplement en pied de candélabre, livré avec son câble de 5 mètres.<br />
www.lacroix-city.fr<br />
Twilight Copenhaguen d’iGUZZINI<br />
L’innovation optique avec la technologie Opti Smart Lenses rend cette<br />
gamme multifonctionnelle, jusqu’à six optiques sont disponibles,<br />
dont une optique qui projette une bande de lumière carrée sur le sol, idéale<br />
pour éclairer les parkings, sans risque d’éblouissement. Une efficacité jusqu’à<br />
165 lm/W. L’électronique intelligente, du simple marche/arrêt à la variation du flux,<br />
automatique ou en fonction de la tension et de la puissance, jusqu’à la commande<br />
à distance avec le connecteur Zhaga, permet une gestion de l’installation flexible<br />
et durable. IP66 et IK08.<br />
www.iguzzini.com/fr<br />
Urba de THORN<br />
Avec un design signé Jean-<br />
Michel Wilmotte (Wilmotte<br />
& Industries), cette gamme<br />
offre 22 optiques, 2 tailles, 3 options<br />
de fixation pour répondre aux besoins d’une<br />
multitude de projets et propose des ensembles avec crosses<br />
et mâts coordonnés. C’est une solution à l’épreuve du temps grâce<br />
à l’interface Zhaga Up, Down, Up and Down, NightTune et les diverses<br />
techniques de distribution de la lumière. IP66, IK09.<br />
www.thornlighting.fr/fr-fr<br />
Energy de RZB<br />
Ces bornes tubulaires ou rectangulaires, de 1 150 mm ou 1 400 mm<br />
de hauteur, existent également en lampadaire de 5 m de haut. Cela<br />
permet d’équiper toute une zone avec une esthétique identique. La<br />
borne se décline en 3 versions : Basic, Smart et Pro. Les différences<br />
se font sur les fonctions embarquées : compteur d’énergie MID/ME,<br />
protection contre les surtensions, gestion de la charge, file d’attente<br />
intelligente, contrôle d’accès RFID, connexion LAN ou carte SIM.<br />
www.rzb.de/fr<br />
Aira de SELUX<br />
Ce luminaire<br />
est doté du<br />
système led<br />
Tritec, simple ou<br />
double, à répartition<br />
symétrique (SM) ou<br />
asymétrique de type<br />
routière (R). Il se décline<br />
en plusieurs flux 1 500 lm,<br />
2 400 lm, 3 000 lm, 4 500 lm<br />
et températures de couleur :<br />
2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K.<br />
Code de flux CIE n° 3 supérieur à<br />
95 %. L’appareillage électronique<br />
est incorporé. Possibilité de<br />
gradation soit en mode autonome<br />
(principe de type Dynadimmer),<br />
soit en mode piloté (via entrée<br />
DALI).<br />
www.selux.com/fra/fr<br />
50 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Dossier<br />
NAV de LEDVANCE<br />
Pour un retrofit rapide, cette lampe led offre le même design que<br />
les lampes à vapeur de sodium traditionnelles avec ampoule en<br />
verre plein ellipsoïde dépoli et permet de réaliser jusqu’à 78 %<br />
d’économie d’énergie. Utilisation complète du réflecteur du luminaire<br />
existant grâce à un angle de faisceau de 360°. La lampe offre une<br />
efficacité jusqu’à 190 lm/W et un flux lumineux de 7 000 lm pour une<br />
température de couleur de 2 700 K.<br />
www.ledvance.fr<br />
Pyramide de LEC<br />
Cet encastré est conçu pour le balisage de cheminements<br />
piétons et cycles. En aluminium anodisé 15 microns, il<br />
comprend une fenêtre en polycarbonate anti-rayure, antivandalisme.<br />
Résistant aux chocs IK10 20J et IP68. Il se<br />
décline en plusieurs températures de couleur : blanc chaud<br />
2 700 K (F), blanc chaud 3 000 K (E), blanc neutre 4 000 K<br />
(N), blanc froid 6 000 K (W), Rouge (R), Ambre (O), Vert (V),<br />
Bleu (L), RGB (T).<br />
www.lec.fr<br />
Square de ROGER PRADIER<br />
Cette borne en aluminium, dont on doit<br />
le design à Patrick Norguet, se décline<br />
en trois hauteurs : 796 mm, 1 246 mm<br />
et 2 292 mm, avec une température de<br />
couleur de 4 000 K. Le diffuseur est en<br />
polycarbonate opale. IK09 IP65, IK09<br />
Garantie de 25 ans anticorrosion sur<br />
aluminium.<br />
https://roger-pradier.com<br />
Balisage BXPP<br />
d’AMBIANCE LUMIÈRE<br />
La structure en fonte d’inox<br />
de ce plot de balisage<br />
offre une grande résistance<br />
mécanique. Fonctionnel et<br />
décoratif, il est très utilisé dans les<br />
parkings et les lieux nécessitant<br />
une signalétique au sol. Corps en<br />
inox 316L et carreau en polycarbonate<br />
sablé. Flux lumineux : 50 lm.<br />
Températures de couleur : 5 500 K,<br />
Rouge, Vert, Bleu, Ambre. IP67 et IK10.<br />
www.ambiance-lumiere.com<br />
FloodPark de CLAREO<br />
Ce luminaire en aluminium a été conçu pour le résidentiel,<br />
les parcs et allées. Il offre un flux de 5 600 lm, soit un<br />
rendement lumineux de 140 lm/W, pour une température de<br />
couleur de 3 000 K. Il présente un indice de protection IP66,<br />
et une résistance aux chocs IK08.<br />
www.clareolighting.com<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 51
Lumières Dossier<br />
Combi Top3 de NOVÉA ÉNERGIES<br />
Ce système solaire, d’une hauteur de feu de 4 m à 8 m, comprend un panneau solaire<br />
d’une puissance de 175 Wc (watts-crête). Il offre une inclinaison de 15° (installation<br />
entre Lat. 25° Nord et Lat. 25° Sud) ou une inclinaison de 30° (Lat. > 25° Nord ou<br />
> 25° Sud). Capacité de la batterie : de 532 à 1 064 Wh. Flux lumineux : de 2 800 lm<br />
à 7 200 lm avec des efficacités lumineuses : 140 lm/W pour 2 200 K ; 160 lm/W pour<br />
2 700 K ; 165 lm/W pour 3 000 K ; 180 lm/W pour 4 000 K. Équipé d’un détecteur<br />
crépusculaire, plages horaires et abaissement de l’intensité.<br />
www.novea-energies.com<br />
Crystal de NOWATT LIGHTING<br />
Ce plot résiste à une compression pouvant aller jusque 3 tonnes (apte au<br />
passage de véhicules de 32 tonnes maximum). Les modèles PLRE2 et PLRE4<br />
sont contrôlés via l’application Nowatt Lighting sur smartphone ou tablette. Ils<br />
peuvent être programmés pour une certaine durée après le coucher et avant le<br />
lever du soleil. Les températures disponibles sont l’ambre et 3 000 K. Les PLRE4<br />
ont des leds RGBW et offrent un million de combinaisons possibles. Les PLRE5-<br />
MESH fonctionnent en réseau, permettant des scénarios synchronisés et peuvent<br />
communiquer entre eux, mais également avec des produits filaires par DMX.<br />
https://nowatt-lighting.com<br />
Smartlight<br />
de FONROCHE LIGHTING<br />
Cette solution d’éclairage public, économique et<br />
écologique, s’adapte à de multiples applications.<br />
Déclinable en quatre ambiances, elle s’intègre<br />
aussi bien à des paysages urbains que ruraux.<br />
Grâce à un dimensionnement sur mesure et son<br />
système anti-black-out, ce système garantit un<br />
fonctionnement puissant 365 nuits par an. Avec<br />
son installation facile, sans câble, sans armoire<br />
électrique et son fonctionnement autonome, le<br />
lampadaire solaire offre une grande efficacité.<br />
www.fonroche-lighting.com/fr<br />
Straight+ Luminaire d’ABEL ÉCLAIRAGE<br />
Ce système est composé de panneaux photovoltaïques verticaux qui se<br />
déclinent à différentes hauteurs : 4,60 m, 5,80 m, 7 m, et qui peuvent<br />
s’équiper des luminaires 6000R, Ecliss, Ello, Feeze M. Il bénéficie d’une<br />
alimentation hybride. Le dispositif Smart Lum permet une flexibilité des<br />
programmes d’éclairage. Capteur de présence avec détection jusqu’à 7 m.<br />
Températures de couleur disponibles : 2 200 K, 2 700 K et 3 000 K.<br />
www.abeleclairage.fr<br />
UP2 de SUNNA DESIGN<br />
Cette solution d’éclairage solaire<br />
tout-en-un offre une grande<br />
fiabilité et de la robustesse.<br />
Son installation<br />
plug and play (facile et<br />
rapide à mettre en œuvre<br />
en moins de 15 minutes),<br />
ses performances et ses<br />
services connectés en font un<br />
système efficace. Il est livré avec un<br />
service de monitoring, la SunnAPP, et<br />
propose la détection de mouvement ou<br />
la supervision à distance. Le luminaire<br />
fournit une efficacité jusqu’à 166 lm/W.<br />
Puissance totale des panneaux solaires :<br />
80 Wc. Capacité de la batterie : 240 Wh.<br />
www.sunna-design.com<br />
52 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Designer<br />
Natacha Mondon a étudié à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA), et Éric Pierre<br />
a suivi un double cursus à l’École nationale supérieure Louis-Lumière en cinématographie, puis à l’école<br />
Boulle en sculpture ornementale sur bois. Depuis plus de vingt ans, ils imaginent et fabriquent à la main<br />
des lustres monumentaux en verre et en métal, principalement pour des édifices religieux. Imaginés comme<br />
des sculptures lumineuses, ils sont conçus selon la typologie, l’architecture et le décor du bâtiment, pour<br />
s’intégrer harmonieusement et mettre en valeur ces lieux d’histoire.<br />
© Alexis Courraud<br />
Natacha Mondon et Éric Pierre<br />
De la sculpture<br />
à la lumière<br />
Vous êtes tous les deux sculpteurs de formation et vous avez axé vos<br />
études et vos premières réalisations sur des matériaux opaques. Comment<br />
ont démarré vos travaux sur la lumière ?<br />
En répondant à un appel d’offres pour la création de lustres destinés<br />
à la collégiale Saint-Michel et Saint-Pierre de Bueil, en Touraine. Pour<br />
celle-ci, nous avons créé des lustres en forme d’ailes d’ange en verre, avec<br />
un important travail plastique sur le design du verre. Nous y<br />
avons intégré des sources lumineuses à base de rubans<br />
de leds le plus discrètes possible. Cette première<br />
expérience nous a fait opter, par la suite, pour<br />
des lampes avec des culots standardisés, afin<br />
de pouvoir garantir un remplacement aisé,<br />
même après plusieurs décennies. Bien que<br />
nous intervenions dans des édifices aux<br />
dimensions importantes, les lustres<br />
dispensent un niveau d’éclairement<br />
suffisant à l’usage du lieu, tout en<br />
s’intégrant à l’éclairage architectural<br />
éventuellement présent. Ils disposent,<br />
selon les besoins, de plusieurs<br />
allumages et sont dimmables, afin de<br />
s’adapter aux différentes ambiances<br />
lumineuses souhaitées. Il s’agit d’un<br />
véritable équilibre entre esthétique<br />
et technique : c’est la forme qui<br />
guide l’éclairage, et la lumière met<br />
en valeur à la fois le travail verrier<br />
et le décor intérieur. Même éteints, les<br />
verres scintillent sous l’effet des lumières<br />
provenant des vitraux.<br />
Pouvez-vous nous expliquer le processus de<br />
création d’un luminaire ?<br />
Lorsque nous abordons un lieu patrimonial, il est<br />
nécessaire de se concentrer sur sa structure et son esthétique.<br />
Nous commençons par une visite du lieu, pour nous inspirer de son esprit.<br />
Pour la Sainte-Chapelle du château des ducs de Savoie, par exemple,<br />
la puissance des voûtes nous a conduits à concevoir une structure<br />
qui reprenne les lignes de force des nervures. Malgré ses dimensions<br />
monumentales, l’ensemble reste très léger visuellement. Comme nous<br />
travaillons à deux, nous avons chacun nos impressions, que nous<br />
confrontons. Nous démarrons la création par des croquis, puis nous<br />
passons rapidement à de petites maquettes succinctes. Une fois le bon<br />
design trouvé, nous le modélisons en 3D, procédons à des ajustements<br />
et équilibrage de proportions, pour ensuite l’intégrer virtuellement<br />
à son environnement, et obtenir nos plans d’exécution. Les pièces en<br />
verre présentent des décors en relief, obtenus par thermoformage. Les<br />
motifs, qui peuvent être figuratifs, sont d’abord modelés<br />
en terre. Après moulage, nous obtenons une matrice<br />
en élastomère qui servira à imprimer le fond de<br />
four, lequel recevra les verres. Cette première<br />
cuisson donne le relief. Si cela est nécessaire,<br />
une seconde cuisson de bombage permet<br />
d’obtenir des verres cintrés. Nous<br />
faisons appel à un serrurier-métallier<br />
pour réaliser les éléments en métal.<br />
Puis nous assemblons l’ensemble<br />
et en réalisons l’électrification et<br />
l’éclairage. Ce sont des créations<br />
uniques, qui demandent plusieurs<br />
mois, et destinées à durer.<br />
Vous intégrez à certaines de vos<br />
œuvres des sources de chaleur.<br />
Pouvez-vous nous expliquer ?<br />
Notre premier projet date de 2018.<br />
Il s’agissait d’une commande pour la<br />
municipalité de Pertuis, qui souhaitait<br />
bénéficier d’un confort thermique lors<br />
des concerts et cérémonies organisés<br />
dans l’église Saint-Nicolas. Le plus<br />
pertinent était d’opter pour des lampes à<br />
infrarouge, qui diffusent la chaleur sur les<br />
corps, mais n’influent pas sur la température et<br />
l’humidité de l’air, ce qui pourrait altérer les œuvres<br />
d’art présentes. Le principal défi fut de concevoir des lustres<br />
qui intègrent esthétiquement la partie chauffante. Nous nous sommes<br />
rapprochés d’un bureau d’études thermiques et du fabricant des lampes<br />
infrarouges pour mener à bien ce projet. Ce sont probablement les<br />
premiers lustres d’éclairage chauffants qui soient à la fois beaux et adaptés<br />
aux monuments historiques.<br />
Rubrique réalisée par Alexandre Arène<br />
© Natacha MONDON et Eric PIERRE<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 55
Lumières Showroom<br />
SAMMODE<br />
l’éclairage design et durable<br />
© Sammode<br />
Depuis 1927, Sammode conçoit et fabrique ses luminaires en France, à Châtillon-sur-Saône, dans les Vosges. En 1967,<br />
l’entreprise crée ses premiers luminaires tubulaires, pour offrir une enveloppe de protection aux tubes fluorescents et leur<br />
permettre d’éclairer les milieux les plus exigeants. Dès 1985, le luminaire étanche Sammode migre du strict univers industriel<br />
vers celui de l’architecture, en étant détourné par de plus en plus d’architectes. Il devient un objet de design reconnu.<br />
Dans les années 2000, les luminaires tubulaires représentent la grande majorité des ventes du fabricant. Sous l’impulsion<br />
d’Emmanuel Gagnez, actuel président et descendant du fondateur de la société, la marque assume sa dimension design<br />
et architecturale et s’entoure de l’agence Normal Studio pour sa direction artistique. L’objectif est de structurer l’offre et<br />
d’adresser tout type de projets. Le showroom Architecture et Design, imaginé il y a trois ans, est en apesanteur au-dessus des<br />
toits parisiens et intégré au siège social.<br />
Luminaires tubulaires et collection Paname<br />
« Le tubulaire Sammode, aux origines industrielles,<br />
a été décliné en différentes collections pour plus<br />
de douceur, par des jeux de couleurs, de tailles<br />
et de perforation. »<br />
Développé à l’origine autour du tube fluorescent, le catalogue de luminaires<br />
tubulaires, aujourd’hui 100 % led, s’est enrichi de nouvelles collections,<br />
dont certaines imaginées par Normal Studio. L’objectif est alors de mieux<br />
répondre aux codes du design, en rendant les luminaires plus décoratifs et<br />
plus accessibles au grand public. La démarche attire une nouvelle clientèle,<br />
notamment les hôteliers et les restaurateurs. En 2018, Normal Studio<br />
crée la collection Paname, déclaration d’amour à Paris, avec plusieurs<br />
finitions, des tailles variées, différents motifs de grilles métalliques et des<br />
typologies d’installation multiples, pour l’intérieur comme pour l’extérieur,<br />
suspensions, appliques ou lampadaires.<br />
© Sammode<br />
56 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières (Publirédactionnel)<br />
Mod, l’éclairage ponctuel modulable<br />
« La collection Mod, imaginée par le designer allemand Stefan<br />
Diez, reprend les codes et l’univers de la marque dans une<br />
collection de luminaires dédiés à l’éclairage ponctuel. »<br />
Cette collaboration est née d’une rencontre organisée par Normal Studio, entre Emmanuel Gagnez<br />
et Stefan Diez, sur le salon Euroluce. L’objectif était de concevoir un système d’éclairage reposant<br />
sur le même principe de modularité que la collection tubulaire, pour créer une solution d’éclairage<br />
ponctuel qui manquait au catalogue. Mod repose sur le savoir-faire de l’industriel à travailler<br />
le métal et propose un système adaptable et évolutif, permettant de répondre aux besoins de<br />
chaque installation. Le luminaire se compose d’une source led recouverte d’une lentille, à laquelle<br />
viennent s’ajouter des accessoires optiques. Selon l’envie, des verrines teintées ambre, fumées,<br />
green ou verre sablé, mais aussi des collimateurs perforés champagne, bronze, black ou silver sont<br />
ajoutés. Mod est décliné en plusieurs typologies, appliques murales encastrées ou en saillie,<br />
ou suspensions mono, duo ou trio. Les arceaux métalliques sont le signe distinctif de la collection<br />
et remplissent une fonction surprenante : conducteurs de courant, ils remplacent judicieusement le<br />
câble d’alimentation, offrant à l’objet une grande légèreté. Cette gamme reprend les codes couleur<br />
et esthétiques de la collection tubulaire, ce qui permet d’intégrer les deux styles de luminaires dans<br />
les mêmes projets de façon à créer une continuité architecturale.<br />
© Sammode<br />
© Sammode<br />
La collection Pierre Guariche, un design d’héritage réédité par Sammode<br />
« Emblématique des années 50, cette collection est l’œuvre<br />
du designer français Pierre Guariche, qui accordait une grande<br />
importance à la noblesse des matériaux, à la durabilité des<br />
luminaires et au soin porté aux détails. »<br />
Les ayants droit ont confié la réédition des luminaires de Pierre Guariche à Sammode en raison de<br />
son savoir-faire industriel. Le design d’héritage de cette collection utilise un vocabulaire proche de<br />
celui des produits de la marque, avec un travail sur le métal perforé et un amour de l’ingénierie.<br />
Pour rééditer cette œuvre, Sammode a dû retrouver des moyens<br />
modernes permettant de reproduire ces luminaires anciens. La<br />
collection se compose de luminaires sur pied, d’appliques et de<br />
plafonniers, avec un jeu d’éclairage direct et indirect. Le concept :<br />
un objet lumineux décoratif et fonctionnel qui apporte la bonne<br />
quantité de lumière avec un design singulier.<br />
© Sammode<br />
Adaptabilité et durabilité<br />
« Sammode fonde ses principes sur un outil industriel maîtrisé,<br />
permettant d’adapter ses luminaires aux besoins spécifiques<br />
des architectes. »<br />
Les luminaires sont conçus dans une logique de durabilité, de robustesse et d’adaptabilité. Ils sont tous<br />
entièrement réparables et évolutifs selon les besoins. Chaque pièce, démontable et remplaçable, permet de<br />
répondre à l’ensemble des demandes des architectes, qu’il s’agisse d’adaptation mécanique, de couleur ou<br />
d’intégration de l’électronique. Les architectes peuvent imaginer leur propre motif de grilles, lui appliquer<br />
différentes finitions, agencer les luminaires sur une structure sur mesure, composer leur propre lustre…<br />
Un Meccano de l’éclairage adaptable au besoin.<br />
Rubrique réalisée par Alexande Arène<br />
© Sammode<br />
Informations pratiques :<br />
Sammode, 24, rue des Amandiers 75020 Paris<br />
Mail : info@sammode.com<br />
Tél. : 01 43 14 84 90<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 57
Lumières Cahier technique<br />
Réemploi,<br />
réparabilité :<br />
la filière se mobilise<br />
Dossier réalisé par Isabelle Arnaud<br />
© Quentin Durand<br />
58 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Cahier technique<br />
© Ridi<br />
Réduire son empreinte carbone, pour les<br />
maîtres d’ouvrage, devient un passage obligé.<br />
Baisser les consommations d’énergie aussi.<br />
Mettre en place des pratiques respectueuses de<br />
l’environnement est un must. Comment la filière<br />
éclairage accompagne-t-elle les maîtres d’ouvrage<br />
et les exploitants des bâtiments dans cette démarche<br />
vertueuse, tout en garantissant une bonne<br />
qualité de lumière ? Doit-on parler de réparabilité,<br />
de réemploi, de reconditionnement ? Plusieurs solutions<br />
commencent à émerger alors que les textes<br />
réglementaires se multiplient pour accélérer la<br />
rénovation de l’éclairage dans les bâtiments, tous<br />
secteurs confondus.<br />
Réparabilité : savoir anticiper<br />
Éric Drivon, directeur général Ridi France, relate<br />
comment Manfred Diez, à la tête de Ridi<br />
Groupe, a choisi d’investir dans la fabrication de<br />
ses propres modules leds, avec une première unité<br />
d’assemblage montée en 2010. À cela, une raison<br />
économique, mais aussi le souhait du fabricant de<br />
développer ses propres modules afin de pouvoir<br />
passer plus facilement de la fluorescence à la led,<br />
compte tenu du large éventail des gammes. « En<br />
fabriquant nos propres modules, explique Éric<br />
Drivon, on a pu finalement garder 98 % de nos<br />
gammes. Nous avons recréé le modèle de la fluorescence<br />
avec ballast et source séparés pour la led,<br />
le Ridi-Tube. À l’époque, nous n’avions pas encore<br />
compris l’importance que cela pouvait avoir pour<br />
la réparabilité. Et même si les leds sont annoncées<br />
pour des durées de vie très longues, on n’imaginait<br />
pas du jour au lendemain passer d’un marché<br />
du réparable à un marché du tout jetable. » Ainsi,<br />
l’accès au driver ou au module étant distinct, l’un<br />
et l’autre peuvent être maintenus séparément.<br />
« En réparant ainsi l’appareil, on évite d’envoyer<br />
un luminaire au recyclage. Il faut savoir que le<br />
coût de l’écocontribution du fabricant à ecosystem<br />
est aujourd’hui de 130 €/tonne,<br />
ce qui n’est pas anodin, poursuit Éric<br />
Drivon. Prenons un exemple : des luminaires<br />
en saillie ou encastrés utilisés<br />
dans des circulations et des bureaux<br />
équipés en fluorescence. Nous avons<br />
développé le même luminaire en led<br />
doté d’un module de mêmes largeur<br />
et hauteur avec un système de fixation<br />
identique. Aujourd’hui, nous pouvons<br />
rénover ces installations sans toucher<br />
au corps de l’appareil. Nous pouvons<br />
réparer nos luminaires fluo qui passent<br />
en led, nos luminaires leds, mais aussi<br />
potentiellement les luminaires de nos<br />
concurrents – parler de les “mettre à<br />
jour” est plus juste. »<br />
À noter que le règlement 2019/2020<br />
SLR (Single Lighting Regulation) permet à la filière<br />
de disposer d’une information sur le niveau<br />
de réparabilité des sources et des appareillages.<br />
Grâce à des pictogrammes : 4 pour les sources,<br />
4 pour les appareillages ; ces 8 pictogrammes<br />
rendent facilement lisible la réparabilité des appareils<br />
d’éclairage.<br />
« Un indice de réparabilité serait souhaitable pour<br />
les matériels d’éclairage, admet Éric Drivon, mais<br />
avec une limite : il faudrait qu’il fasse l’objet de<br />
contrôle dans son utilisation. Les pictogrammes<br />
suffisent aujourd’hui dans les marchés professionnels,<br />
BtoB. L’indice de réparabilité est une information<br />
intéressante pour le grand public, mais<br />
dans le monde du luminaire, le règlement SLR<br />
avec les pictogrammes se suffit à lui-même. »<br />
La réparabilité devient un vrai sujet pour les<br />
maîtres d’ouvrage. C’est lié à de nombreux facteurs<br />
: l’épuisement des ressources, la prise de<br />
conscience de la loi AGEC, la pression réglementaire<br />
et sociale. Pour Éric Drivon, « il est temps<br />
pour un maître d’ouvrage de se poser la question<br />
du “coût global de possession” de son installation<br />
rénovée, qui prend en compte les coûts d’investissement,<br />
de maintenance, d’énergie et d’exploitation,<br />
plutôt que seulement considérer le prix d’un<br />
luminaire ».<br />
C’est également l’avis de Stéphane Aubry, directeur<br />
général de Sécurlite, fabricant spécialisé dans<br />
le matériel d’éclairage dédié au logement collectif<br />
et social, aux bâtiments publics et à l’éclairage<br />
urbain (passages souterrains et transports, SNCF<br />
et RATP), et aux espaces fermés (tribunaux, police<br />
et psychiatrie).<br />
Penser économie circulaire<br />
« Compte tenu des applications auxquelles sont<br />
destinés nos produits, explique-t-il, c’est un thème<br />
qui nous anime depuis longtemps : Sécurlite fabrique<br />
des appareils très résistants, de longue du-<br />
Source lumineuse remplaçable<br />
par un professionnel<br />
Source lumineuse (exclusivement LED)<br />
remplaçable par un professionnel<br />
Auxiliaire d’alimentation remplaçable<br />
par un professionnel<br />
Source lumineuse remplaçable<br />
par l’utilisateur final<br />
Source lumineuse (exclusivement LED)<br />
remplaçable par l’utilisateur final<br />
Auxiliaire d’alimentation remplaçable<br />
par l’utilisateur final<br />
Source lumineuse non remplaçable<br />
Auxiliaire d’alimentation non remplaçable<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 59
Lumières Cahier technique<br />
© Securlite<br />
rée de vie, et qui sont facilement maintenables. »<br />
Le fabricant considère que ses luminaires sont<br />
100 % réparables. Pour offrir une seconde vie<br />
aux luminaires sur site, il faut prévoir leur réparabilité<br />
avec un ensemble de pièces détachées disponibles<br />
à la vente, pour une période de 10 ans.<br />
Mais pour Stéphane Aubry, « c’est aussi utiliser<br />
des matériaux recyclables, comme l’aluminium, et<br />
des matériaux recyclés comme nos appliques Voilà<br />
ou Osmo.<br />
On peut aussi parler d’économie circulaire. Il y<br />
a plusieurs années, la ville de Stockholm avait<br />
équipé de nombreux espaces urbains avec des milliers<br />
de luminaires fluorescents Rondo, constitués<br />
d’une base en fonte d’aluminium adaptée à un<br />
environnement exigeant. La municipalité souhaitait<br />
les remplacer. Nous avons décidé de conserver<br />
la base et de mettre, en lieu et place de la douille<br />
pour lampes fluorescentes, une platine à led qui<br />
embarquait l’alimentation. Sécurlite a formé l’installateur<br />
suédois afin qu’il effectue le remplacement<br />
dans les règles de l’art. »<br />
La majorité (95 %) des luminaires Sécurlite sont<br />
réparables sur site, cela fait partie désormais des<br />
règles de conception de la marque. Seuls 5 %<br />
reviennent dans l’usine du fabricant. « On nous<br />
demande souvent de procéder à un remplacement<br />
rapide avant même de penser à la réparabilité,<br />
ajoute Stéphane Aubry. Par exemple, dans un<br />
tunnel de métro, le temps d’intervention est très<br />
limité, mais si on répare le luminaire dans les ateliers<br />
de la RATP, l’opération peut être efficace. »<br />
Stéphane Aubry met cependant en garde contre les<br />
interventions partielles sur une installation existante<br />
: « Il est indispensable de vérifier le flux, la<br />
température de couleur, l’efficacité lumineuse des<br />
luminaires que l’on répare afin de garder une certaine<br />
homogénéité au site. Certains pourront opter<br />
pour une rénovation totale et en profiter pour<br />
intégrer des systèmes de pilotage. Mais ce n’est pas<br />
forcément la solution la plus judicieuse. Et doit-<br />
© Securlite<br />
on rappeler que la planète montre ses limites en<br />
termes de ressources pour l’industrie ? On sait que<br />
certains matériaux deviendront rares ; il faut juste<br />
faire appel au bon sens. Nous devons faire face à<br />
nos responsabilités, fabricants comme utilisateurs,<br />
limiter si possible les énergies, les matériaux et développer<br />
la réparabilité. »<br />
Pour Stéphane Aubry, c’est aussi une façon de pérenniser<br />
les entreprises et les emplois de la filière<br />
éclairage « en proposant de nouveaux services,<br />
autres que la simple fabrication de luminaires. »<br />
Cela pourrait devenir une nouvelle forme de révolution<br />
comme l’a été la led. Là encore, le dirigeant<br />
de Sécurlite met en garde les exploitants et<br />
les maîtres d’ouvrage sur l’utilisation « d’indices<br />
de réparabilité » qui, bien sûr, n’existent pas pour<br />
les appareils d’éclairage. « Certains par exemple,<br />
remarque-t-il, utilisent les indices de l’ADEME<br />
pour l’analyse du cycle de vie des luminaires alors<br />
qu’ils ont été définis pour d’autres appareils ! »<br />
De plus, ce n’est pas parce qu’un appareil est<br />
réparable qu’il faut revoir à la baisse les critères<br />
de durabilité des produits. Il vaut toujours mieux<br />
acheter un luminaire qui dure 80 000 heures qu’un<br />
luminaire qui affiche 30 000 heures, même s’il est<br />
réparable. « J’encourage vivement les utilisateurs<br />
finaux à demander une définition claire du mot<br />
réparable à leurs fournisseurs : réparable sur site<br />
ou en usine ? Et de se renseigner sur la facilité de<br />
mise en œuvre de la réparation », conclut Stéphane<br />
Aubry.<br />
Benoit Gamas, directeur général d’Etap Lighting<br />
France fait le même constat : la rénovation n’est<br />
pas une fin en soi, parce que plus on va rénover,<br />
plus on va utiliser de ressources. « Il faut commencer,<br />
déclare-t-il, par s’assurer que les produits<br />
durent longtemps, donc qu’on en installe moins.<br />
Par exemple, dans une salle de classe, là où l’on<br />
installait 9 luminaires, 6 suffisent aujourd’hui,<br />
voire 4, grâce aux progrès réalisés sur les optiques.<br />
L’efficacité lumineuse des leds agit aussi sur la durée<br />
de vie des produits. »<br />
Mais pour Benoit Gamas, ce n’est pas tout : la<br />
maintenance du produit est un facteur important.<br />
Et si tous les produits d’Etap sont réparables, il<br />
tient à préciser qu’il n’est pas nécessaire d’être un<br />
expert électricien pour intervenir sur ces derniers.<br />
N’importe qui, avec un tournevis standard et une<br />
formation basique, peut changer n’importe quelle<br />
pièce.<br />
Une exigence de simplicité<br />
« Chaque nouveau produit passe un contrôle de<br />
réparabilité et s’il n’est pas accessible, et qu’il faut<br />
un ingénieur bac +5 pour le réparer, il repart à<br />
la R&D, affirme Benoit Gamas. Cette exigence<br />
intervient donc dès la conception. Il faut que les<br />
pièces soient identifiées, pas collées, que les plastiques<br />
contiennent un minimum de colorant pour<br />
faciliter leur recyclage, etc. »<br />
60 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Cahier technique<br />
Benoit Gamas introduit par ailleurs la notion de<br />
« reconditionnement » qui consiste, chez Etap, à<br />
conserver le corps du luminaire qui reste en place ;<br />
le moteur, c’est-à-dire les sources, auxiliaires et<br />
optiques d’origine, est remplacé. Le coût d’installation<br />
est évidemment moindre, car il s’agit<br />
d’une substitution plug and play. « Cette méthode<br />
s’avère particulièrement intéressante sur les sites<br />
difficiles d’accès, comme les usines, précise Benoit<br />
Gamas, car on restreint la durée d’arrêt de la production.<br />
Ces substitutions sont moins intrusives<br />
et plus économiques. Parfois, le maître d’ouvrage<br />
préfère garder le même design pour des raisons esthétiques.<br />
Nous sommes intervenus plusieurs fois<br />
sur des luminaires d’autres marques et avons remis<br />
à niveau toute l’installation. C’est une bonne<br />
manière d’économiser de la matière, en étant plus<br />
rapide et moins cher. À chaque fois, on récupère<br />
un produit pour l’analyser ; ensuite, on procède<br />
à des mesures en usine et enfin, on requalifie le<br />
luminaire. »<br />
Ces interventions peuvent se montrer très pertinentes<br />
dans les bureaux également. En effet, dans<br />
les années 1980, les luminaires faisaient souvent<br />
partie de la structure du plafond, ils assuraient sa<br />
stabilité. Par conséquent, il est impossible de changer<br />
les luminaires sans refaire aussi le plafond !<br />
« Lorsque l’on propose au maître d’ouvrage de<br />
garder les caissons de ces luminaires et de changer<br />
juste le moteur lumineux, ils sont ravis, constate<br />
Benoit Gamas. En plus, tout communique sans<br />
fil, donc pas de problème de câblage. Le retour<br />
sur investissement est de 1 à 2 ans, avec des solutions<br />
techniquement performantes à des coûts<br />
abordables. Et cela permet d’accélérer le rythme<br />
des rénovations, l’objectif de la transition énergétique.<br />
Les luminaires deviennent garantis Etap, on<br />
assure à 99 % le maintien du flux lumineux initial<br />
à 50 000 heures. »<br />
Chez Etap, le « reconditionnement » représente<br />
aujourd’hui la moitié de l’activité. Pour Benoit<br />
Gamas, cette agilité<br />
des petites<br />
structures est cruciale<br />
pour accompagner<br />
les clients.<br />
Les entreprises qui<br />
n’ont pas cette souplesse<br />
ne peuvent<br />
pas répondre facilement<br />
aux besoins de<br />
clients qui n’ont pas<br />
la capacité financière<br />
suffisante pour changer<br />
tous leurs luminaires,<br />
avec des solutions<br />
type « mouton<br />
à cinq pattes ».<br />
« Entre reconditionnement<br />
et rénovation,<br />
il n’est pas nécessaire de trancher, explique Benoit<br />
Gamas. Il faut argumenter au cas par cas. Le critère<br />
de la durée des travaux pour tout remplacer par<br />
rapport au reconditionnement, plus rapide et moins<br />
cher, peut peser. La structure du bâtiment (faux plafond)<br />
qu’on ne peut pas changer est aussi un critère<br />
de décision. Sans parler de tous ces anciens projets<br />
spéciaux qu’il va falloir aussi mettre à niveau… »<br />
© ETAP Lighting<br />
Réemploi : une opération inédite<br />
Avec Sébastien Boyer, directeur commercial France,<br />
Aubrilam, fabricant de mâts d’éclairage bois, l’approche<br />
est différente puisque nous ne parlons pas ici<br />
de réparabilité de luminaires, mais de réemploi de<br />
matériaux. Dans le cas de l’équipement du village<br />
olympique de Saint-Ouen, Aubrilam a fourni des<br />
mâts bois carrés avec embases en acier. Tous les appareillages<br />
sont logés en pied de mât, ce qui facilite<br />
la maintenance.<br />
Le mât a été dessiné par l’agence de conception lumière<br />
Concepto qui, après étude d’éclairage, a montré<br />
que, comme le site était très arboré, il était nécessaire<br />
de déporter la lumière et de limiter les hauteurs<br />
à 6 m. « Et le réemploi était imposé, explique Sébastien<br />
Boyer. Deux conseillers sont intervenus : un<br />
designer, le studio 5.5, et Cycle Up, conseil en études<br />
et réemploi, sur l’ensemble du projet. Quand ils ont<br />
commencé à travailler sur ce qu’avait défini Concepto,<br />
ils ont pensé à utiliser des tubes d’échafaudage en<br />
guise de crosses. »<br />
Au début, Sébastien Boyer est réticent et craint<br />
que les tubes d’acier ne nuisent à l’esthétique<br />
du projet : « Mais nous avons fini par relever le<br />
défi. En fait, ce qu’on trouvait intéressant, c’est<br />
qu’on allait donner une nouvelle vie à un produit<br />
qui n’était pas à l’origine destiné à cet usage. »<br />
Cependant, il fallait identifier et qualifier ces tubes,<br />
et proposer un prototype. « Nous avons procédé<br />
à un tri, poursuit Sébastien Boyer, selon nos exigences<br />
: un tube rectiligne, de diamètre, longueur, et<br />
épaisseur précis, sans enduit ni peinture ni rouille,<br />
© Aubrilam<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 61
Lumières Cahier technique<br />
avec une galvanisation restante permettant de garantir<br />
une certaine durabilité. Il nous fallait transformer<br />
les tubes pour pouvoir fixer les luminaires aux mâts.<br />
Cela impliquait du perçage et de la découpe, de<br />
l’assemblage par visserie. » Il existe différentes configurations<br />
de luminaires avec des crosses supportant<br />
plusieurs luminaires, ou des projecteurs à gobos<br />
pour mise en valeur.<br />
Aubrilam a dû calculer l’impact carbone du réemploi<br />
de la crosse. « En fait, la fabrication d’un<br />
tube de crosse neuf aurait eu, selon Cycle Up,<br />
une empreinte carbone de 2,21 kg de CO 2<br />
, et au<br />
total donc, on a économisé environ 5,7 tonnes de<br />
CO 2<br />
. Il est impossible d’être garant à 100 % de<br />
la longévité d’un produit qu’on n’a pas fabriqué.<br />
En revanche, on a fait en sorte de lui donner une<br />
durée de vie structurelle d’au moins vingt ans. Nos<br />
designers ont été au service de l’environnement ;<br />
ils ont conçu les pièces d’interface dans cette logique-là<br />
: comment va-t-on intégrer la crosse, la<br />
rendre fiable mécaniquement, masquer la visserie<br />
et obtenir un résultat le plus esthétique possible ?<br />
C’est une expérience inédite dans le cadre d’une<br />
application exceptionnelle. »<br />
« Reconditionner » pour donner<br />
une seconde vie<br />
Hervé Grimaud est le président fondateur de Proclus,<br />
créé fin 2022 et spécialisé dans le reconditionnement<br />
des équipements électriques des bâtiments,<br />
incluant les appareils d’éclairage.<br />
Le reconditionnement a un autre sens ici : pas de<br />
réparation des appareils ; il s’agit de déposer de<br />
façon appropriée les équipements sur site pour les<br />
démonter dans des conditions permettant ensuite<br />
de les reconditionner, puis de les rapatrier dans les<br />
locaux de Proclus. Là, ils sont vérifiés pour s’assurer<br />
qu’ils possèdent encore toutes les caractéristiques<br />
qu’ils avaient lorsqu’ils ont été mis sur le<br />
marché : flux et température de couleur d’origine<br />
pour pouvoir être considérés comme fonctionnels.<br />
« Il nous arrive de restaurer les fonctionnalités<br />
d’origine d’un luminaire, à condition qu’il s’agisse<br />
d’appareils leds, en remplaçant des drivers par<br />
exemple, explique Hervé Grimaud. Proclus récupère<br />
sur les chantiers des appareils, les rassemble,<br />
les massifie, et lorsqu’on en a une quantité suffisante<br />
qui correspond à une demande du marché,<br />
on les reconditionne pour les remettre en vente.<br />
Avant cela, on les teste, voire on les répare. On<br />
peut être amenés, pour le compte d’un client, à<br />
déposer des produits, les nettoyer, et les restituer à<br />
celui à qui ils appartiennent et pour le compte duquel<br />
on a fait ce travail de vérification de fonctionnement,<br />
éventuellement de remise à niveau. » Les<br />
produits peuvent être stockés chez Proclus pendant<br />
la rénovation du bâtiment. Proclus s’adresse<br />
aux maîtres d’ouvrage, aux démolisseurs et parfois<br />
aux assistants à maîtrise d’ouvrage.<br />
« Parfois, nous intervenons en amont (avant le<br />
chantier de démolition) pour analyser les luminaires<br />
et voir comment ils fonctionnent, précise<br />
Hervé Grimaud. En ce qui concerne le bannissement<br />
des sources fluorescentes, il nous arrive de<br />
reprendre des luminaires fluorescents pour lesquels<br />
le fabricant lui-même a développé des kits<br />
leds en remplacement des sources fluo. »<br />
Proclus développe aussi des partenariats avec des<br />
fabricants majeurs de luminaires. Certains ne disposent<br />
pas de l’autonomie nécessaire pour pouvoir<br />
le faire eux-mêmes, d’autres considèrent que<br />
ce n’est pas leur métier. Enfin, il arrive que Proclus<br />
soit sollicité pour accompagner les fabricants chez<br />
leurs clients lorsqu’ils vendent des produits neufs,<br />
afin de récupérer les produits déposés s’ils ne sont<br />
pas trop anciens.<br />
« Notre cible concerne surtout pour le moment<br />
les chantiers du tertiaire en région parisienne,<br />
poursuit Herve Grimaud, et plus marginalement,<br />
l’industriel et la logistique, à condition que les<br />
plateformes soient bien entretenues. Quant aux<br />
acheteurs, il s’agit d’artisans qui veulent des produits<br />
divers et variés à bon prix, de mainteneurs<br />
multitechniques qui recherchent un produit très<br />
particulier qui ne se fabrique plus et dont ils ont<br />
besoin pour démarrer leur installation. »<br />
Proclus est complémentaire aux fabricants, il apporte<br />
aux clients des fabricants un service d’éclairage<br />
que ces derniers ne peuvent pas fournir.<br />
Les produits sont vendus sur le site de vente en<br />
ligne, Cycle Up, plateforme spécialisée dans la<br />
vente des produits reconditionnés.<br />
Sur le site, on peut trouver des fiches techniques<br />
des produits et les performances et niveau de reconditionnement,<br />
indiqués comme suit :<br />
- Premium : équipement totalement fonctionnel<br />
avec aspect proche du neuf ;<br />
- Standard : équipement totalement fonctionnel<br />
avec traces d’usage ;<br />
- Harvesting : équipement pas totalement fonctionnel<br />
destiné à la récupération de sous-ensembles.<br />
n<br />
62 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>
Lumières Produits<br />
EAS Solutions présente Nicole, d’Innolumis,<br />
pour optimiser l’éclairage public<br />
Conçus pour remplacer l’éclairage public énergivore et obsolète des autoroutes,<br />
routes, voies d’accès, rues, lotissements, parcs d’activités et parkings,<br />
les luminaires leds Nicole se déclinent en une très large gamme de puissances<br />
et de couleurs adaptées aux spécificités des différentes infrastructures<br />
publiques.<br />
Élaborés pour obtenir une vision parfaite à de faibles niveaux de lumière, les<br />
luminaires leds Nicole possèdent un ratio S/P élevé (scotopique pour la vision<br />
nocturne/photopique pour la vision diurne). Ce ratio, qui décrit la sensibilité de l’œil<br />
à différentes longueurs d’onde de lumière en fonction des conditions d’éclairage,<br />
permet de stimuler la vision mésopique en obtenant une excellente vision lorsque<br />
l’intensité lumineuse est modérée.<br />
En effet, constitués de leds rouges, vertes et bleues (technologie RVB), les luminaires<br />
Nicole possèdent un spectre lumineux optimal qui offre une meilleure reconnaissance<br />
des couleurs et des contrastes<br />
tout en consommant peu d’énergie.<br />
Disponible en plusieurs modèles, hauteurs<br />
de mât (de 3 à 15 m), puissances (de 10 W<br />
à 150 W), couleurs et températures de couleur<br />
(3 000 K, 4 000 K et 5 000 K), la gamme<br />
propose des spectres lumineux spécifiques,<br />
adaptés à certains paysages et environnements.<br />
Chaque spectre qui décrit la décomposition<br />
de la lumière selon ses différentes<br />
longueurs d’onde a sa propre application.<br />
L’éclairage mésopique de la gamme<br />
Nicole se décline en trois spectres,<br />
Golden Green, Moonlight et White Moonlight<br />
selon l’environnement à éclairer.<br />
La gamme Nicole propose également des éclairages spéciaux économes en<br />
énergie, notamment pour protéger la biodiversité.<br />
C’est le cas de la lampe BAT dont la lumière<br />
ambrée ne perturbe pas le comportement<br />
des chauves-souris ; ou encore, de la lampe<br />
BIRD dont la lumière bleu-verdâtre ne gêne<br />
pas les oiseaux migrateurs. Enfin, la lampe<br />
Golden Orange reproduit la couleur chaude<br />
de l’éclairage au sodium haute pression,<br />
mais avec une meilleure reproduction et<br />
perception des couleurs (Ra > 80). D’autres spectres lumineux et températures de<br />
couleur peuvent être produits à la demande. Toutes les options sont possibles.<br />
Bénéficiant de la technologie des réflecteurs, les luminaires Nicole offrent une<br />
excellente répartition entre la lumière directe et indirecte, sans éblouissement (G6) et<br />
sont gradables (1 à 10 V). Ils possèdent un corps aluminium de qualité LM6 avec un<br />
revêtement en poudre époxy, un indice de protection IP67 (étanche à la poussière et<br />
à l’eau), une température de fonctionnement allant de – 40 °C à + 50 °C et une durée<br />
de vie supérieure à 100 000 heures. Ils sont garantis 5 ans.<br />
Équipés d’un connecteur Zhaga, ils sont compatibles avec le système de<br />
gestion d’éclairage intelligent autonome Smart Facility Mist d’EAS Solutions.<br />
Ce système délivre un très haut niveau d’intelligence aux luminaires leds qu’il rend<br />
polyvalents, performants et très économes en énergie en éclairant seulement quand<br />
et où cela est nécessaire. Il est réparable, paramétrable, recyclable et polyvalent,<br />
équipant aussi bien les luminaires conçus par EAS Solutions et ses partenaires que<br />
ceux conçus et distribués par d’autres fabricants et intégrateurs. Smart Facility<br />
Mist équipe également en rétrofit les luminaires leds existants, permettant<br />
d’économiser instantanément de 70 % à 95 % d’énergie.<br />
www.eas-solutions.fr<br />
Quinta, l’encastré avec lentilles<br />
Darklight d’ERCO<br />
Les projecteurs encastrés Quinta peuvent aussi bien s’associer aux downlights<br />
Quintessence ou Atrium qu’aux projecteurs Eclipse ou Uniscan. Ils permettent de<br />
réaliser, dans le lobby ou le café d’un musée, un éclairage général, d’accentuation<br />
ou encore un éclairage vertical intégré au plafond. Les lentilles Darklight d’Erco<br />
garantissent une qualité de lumière et un confort visuel au plus haut niveau.<br />
Technologie Darklight : une lumière magique venue du plafond<br />
• Ressenti de magie grâce à la surface de sortie de lumière<br />
homogène.<br />
• Le cut-off optique, pouvant aller jusqu’à 40°, garantit<br />
un confort visuel maximal et un plaisir de la lumière sans<br />
éblouissement.<br />
• Des répartitions de lumière précises pour des accentuations<br />
d’une grande précision, sans aucune lumière parasite.<br />
Les projecteurs encastrés pivotent à 360° et s’inclinent à 30°.<br />
Ils offrent :<br />
- encore plus de liberté de conception grâce aux accessoires pour modeler le spectre<br />
et la répartition de lumière avec des filtres ou des lentilles soft ;<br />
- une couleur de lumière modifiable pour adapter la couleur de lumière à l’application.<br />
Tunable White avec un IRC 90 (disponible courant 2024) ;<br />
- gradation jusqu’à 0,1 %, par DALI ou par Casambi Bluetooth :<br />
8 répartitions de lumière : de l’éclairage d’accentuation avec l’étroit Narrow spot<br />
de 5°, en passant par le faisceau lumineux Oval flood oblong de<br />
19° x 63°, jusqu’à l’éclairage vertical avec des lentilles Wallwash,<br />
huit répartitions de lumière différentes et, à l’exception de Narrow<br />
spot, elles peuvent toutes être changées sans outils.<br />
Quinta propose 4 tailles à partir de 113 mm de diamètre, des répartitions<br />
de lumière interchangeables et des filtres supplémentaires fournissent<br />
la lumière appropriée pour chaque application. La tête de luminaire<br />
pivotante et inclinable permet d’orienter précisément la lumière.<br />
www.erco.com<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 63
Lumières Produits<br />
ASLED<br />
FLAMENCO<br />
Cette suspension a été dessinée, conçue et<br />
fabriquée en France. Elle est dotée d’optiques antiéblouissement<br />
(UGR
Lumières Produits<br />
Vivares, la gestion de l’éclairage<br />
par LEDVANCE<br />
Le système de gestion de l’éclairage IoT (internet of things) connecté offre un<br />
éclairage de bureau évolutif, économe en énergie et respectueux de l’environnement.<br />
Cette solution convient également aux besoins de la maintenance, des rénovations<br />
et des nouveaux bâtiments.<br />
Vivares s’adapte à tous types de besoins et permet de réaliser jusqu’à 80 %<br />
d’économies d’énergie et de C0 2<br />
. Fonctionnant sous la technologie DALI ou Zigbee,<br />
Vivares est une solution qui se distingue par sa grande compatibilité et sa simplicité<br />
d’utilisation. Le système de gestion de l’éclairage IoT peut également être connecté<br />
en option à un service cloud afin de fournir une assistance à la maintenance, ainsi<br />
qu’une surveillance de la consommation. Les données ainsi obtenues permettent<br />
d’évaluer sa consommation d’énergie et de l’optimiser pour l’avenir.<br />
Vivares Zigbee, la solution sans fil<br />
Le système sans fil Vivares Zigbee permet de moderniser les bâtiments existants<br />
dans lesquels un recâblage<br />
ne peut pas être<br />
envisagé. Si un bâtiment<br />
est classé ou ne dispose<br />
pas de faux plafonds, le<br />
sans-fil est impératif.<br />
Ledvance propose tous<br />
les composants nécessaires<br />
ainsi qu’un assortiment<br />
complet de luminaires<br />
leds compatibles<br />
permettant au système<br />
d’éclairer les bâtiments<br />
existants en réalisant<br />
des économies d’énergie. Le système peut également être connecté à un service<br />
cloud afin de suivre la consommation d’énergie, de générer des rapports et de prévoir<br />
les activités de maintenance.<br />
Le contrôleur, le cœur de Vivares Zigbee<br />
Le contrôleur du système de gestion communique sans fil via Zigbee 3.0, et peut<br />
accueillir jusqu’à 200 appareils compatibles, tels que les luminaires, détecteurs<br />
ou coupleurs de bouton-poussoir Vivares Zigbee. Il peut convenir à de multiples<br />
applications allant des petits projets d’éclairage à des solutions complètes. Une<br />
extension du système par l’ajout d’éléments est tout à fait possible, même après la<br />
mise en service.<br />
Le système DALI convient parfaitement aux installations où il est possible de tirer<br />
des câbles. Tous les produits Vivares DALI sont certifiés DALI-2 (certifié par la DiiA<br />
– Digital Illumination Interface Alliance) et sont parfaitement compatibles sur le plan<br />
technique. S’agissant d’un système ouvert, ils sont également compatibles avec<br />
les autres produits certifiés DALI-2 du marché. Grâce à un outil de configuration en<br />
ligne via PC ou App, la mise en service est simple et intuitive. Vivares DALI permet<br />
également de suivre la maintenance et la consommation d’énergie sur le cloud.<br />
Le système se connecte de façon filaire aux composants DALI-2, tels que les<br />
détecteurs, les coupleurs de bouton-poussoir et les luminaires Vivares Dali-2 de<br />
Ledvance. S’agissant d’un protocole ouvert, le système peut fonctionner avec un<br />
large éventail de luminaires et composants certifiés DALI-2. Au total, 128 appareils<br />
peuvent être pris en charge individuellement via deux canaux.<br />
www.ledvance.fr<br />
Lenzo, développé<br />
par SYLVANIA<br />
Dans les musées, galeries et commerces de détail, l’éclairage ne doit rien laisser<br />
au hasard. Il consiste à obtenir le juste équilibre entre confort visuel, mise en valeur<br />
des œuvres exposées et des produits en rayon, sans oublier économies d’énergie et<br />
longévité de l’installation. Pour répondre aux exigences de ces applications, Sylvania<br />
présente Lenzo, sa nouvelle génération de projecteurs leds sur rail qui allie design<br />
minimaliste et haute polyvalence.<br />
Lenzo, spécialement conçu pour les musées, les galeries<br />
et les espaces de vente, affiche un design épuré, sans<br />
driver extérieur ni vis apparentes, qui lui permet de<br />
s’intégrer en toute discrétion à tous les environnements.<br />
Proposé en finition noire ou blanche, il délivre une haute<br />
qualité d’éclairage grâce à son optique réglable aisément,<br />
par simple rotation de 18 à 50°. Le projecteur garantit<br />
ainsi une accentuation plus fine et un éclairage optimal,<br />
avec une inclinaison verticale de 90° et une rotation<br />
horizontale de 355°. Ces possibilités de réglages de<br />
l’angle et de l’intensité du flux autorisent la création de<br />
mini-scénarios d’éclairage.<br />
Performant, Lenzo présente un flux lumineux maximal de<br />
2 250 lm, pour une efficacité de 75 lm/W. Gradable grâce<br />
à un variateur intégré à l’arrière du spot, il est possible de<br />
régler la puissance lumineuse à l’intensité souhaitée de<br />
1 725 lm à 2 250 lm selon les modèles. Avec un IRC élevé (> 90), il constitue une<br />
solution adaptée à la mise en valeur de tableaux ou photos dans les musées et les<br />
galeries d’art, mais aussi de vêtements dans les showrooms et commerces où la<br />
qualité de lumière est primordiale.<br />
Disponible en températures de couleur 3 000 K et 4 000 K et offrant une très bonne<br />
homogénéité chromatique (SDCM ≤ 4), ce projecteur sur<br />
rail sublime les mises en scène afin de mettre en valeur<br />
tous les objets sur présentoir comme en vitrine, quelle que<br />
soit l’heure du jour ou de la nuit.<br />
Monté sur rail 3 allumages, Lenzo bénéficie d’une durée<br />
de vie de 56 000 heures (L80) et d’une garantie de 5 ans.<br />
Alliant efficacité, précision, économie d’énergie et coût de<br />
maintenance réduit, il réunit tous les avantages qui font<br />
de Sylvania un acteur reconnu pour son expertise dans<br />
l’éclairage des musées, galeries d’art et commerces.<br />
www.sylvania-lighting.com/fr-fr<br />
LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong> - 65
Lumières Index<br />
ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS<br />
Abel Eclairage..............www.abeleclairage.fr.................................................52<br />
ACL (Atelier de<br />
conception lumière)......https://acl.fr...................................................22, 23, 24<br />
ADEME.........................www.ademe.fr.........................................11, 38, 43, 44<br />
Agence ON...................http://www.agence-on.com.......................................34<br />
Alfred Peter..................https://alfredpeter.fr.............................................18, 19<br />
Paysagise et Urbaniste<br />
Ambiance Lumière.......www.ambiance-lumiere.com.....................................51<br />
Artemide......................www.artemide.com/fr/home................................38, 49<br />
Asled............................https://asled.fr............................................................64<br />
Association des concepteurs lumière<br />
et éclairagistes (ACE)....www.ace-fr.org.............................16, 19, 31,32, 34, 43<br />
Association française de<br />
l’éclairage (AFE)...........http://www.afe-eclairage.fr..................................11, 43<br />
Atelier M&P..................www.natachamondonericpierre.fr..............................55<br />
Atelier Roland Jéol.......www.atelier-jeol.com.................................................14<br />
Aubrilam......................www.aubrilam.com/fr..........................................48, 59<br />
Bega.............................www.bega.com/fr-fr...................................................48<br />
Charlot & Cie................https://www.charlotetcie.fr........................................16<br />
Chrysalis......................www.chrysaliseclairage.com...............................35, 36<br />
Clareo Lighting.............www.clareolighting.com......................................51, 64<br />
Coedis..........................https://coedis.fr..........................................................13<br />
Comatelec Schréder.....https://fr.schreder.com/fr................................28, 47, 49<br />
De Cour à Jardin..........https://decourajardin.fr..............................................14<br />
Disano..........................www.disano.it/it/home.........................................42, 48<br />
EAS Solutions...............www.eas-solutions.fr.................................................63<br />
Eclatec.........................www.eclatec.com/fr...................................................48<br />
Erco..............................www.erco.com/fr.......................................................63<br />
Etap Lighting................www.etaplighting.com/fr............................................61<br />
Fédération nationale des collectivités concédantes<br />
et régies (FNCCR).........www.fnccr.asso.fr................................ 6, 7, 8, 9, 43, 44<br />
Fonroche......................www.fonroche-lighting.com/fr...................................52<br />
Françoise Delaire<br />
Créations......................http://www.francoisedelaire.com...............................16<br />
Ignes............................https://ignes.fr...........................................................13<br />
iGuzzini........................www.iguzzini.com/fr......................................32, 40, 50<br />
Iventronics...................www.inventronics-co.com....................................26,27<br />
L’Acte Lumière.............www.acte-lumiere.com..................................18, 19, 31<br />
Lébénoïd......................www.lebenoid.fr.........................................................64<br />
LEC Lyon......................www.lec.fr.................................................................51<br />
Ledvance.....................www.ledvance.fr............................................31, 51, 65<br />
Les Eclairagistes<br />
associés.......................https://lea.lighting/fr/conception-lumiere...................14<br />
les éclaireurs................www.leseclaireurs.net........................14, 20, 21, 30, 31<br />
Lacroix City..................www.lacroix-city.fr.....................................................50<br />
Neko Lighting...............https://nekolighting.com/fr...................................49, 64<br />
Novéa Energies............www.novea-energies.com.........................6, 7, 8, 9, 52<br />
Nowatt Lighting............https://nowatt-lighting.com........................................52<br />
Proclus.........................https://proclus.eco.....................................................62<br />
Quartiers Lumières.......www.quartierslumieres.com...............Couverture, 3, 29,<br />
31, 34, 35, 36, 37, 43<br />
Ragni............................www.ragni.com...................................................41, 48<br />
Ridi...............................www.ridi.de/fr............................................................59<br />
Roger Pradier...............https://roger-pradier.com...........................................51<br />
RZB..............................www.rzb.de.fr......................................................50, 64<br />
Sammode.....................www.sammode.com......................................11, 56, 57<br />
Sécurlite.......................www.securlite.com..............................................10, 60<br />
Selux............................www.selux.com/fra/fr................................................50<br />
Serce............................https://serce.fr...............................................14, 15, 43<br />
Soliled..........................www.soliled.com.......................................................14<br />
SPIE CityNetworks........www.spie.com/fr/spie-citynetworks-0.......................14<br />
Sunna Design...............www.sunna-design.com............................................52<br />
Sydev...........................https://sydev-vendee.fr..............................................15<br />
Sylvania.......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.....................13, 49, 65<br />
Syndicat de l’éclairage....www.syndicat-eclairage.com... 6, 7, 8, 9, 10, 34, 43, 46<br />
Technilum....................www.technilum.com................................10, 34, 39, 49<br />
Thorn...........................www.thornlighting.fr/fr-fr...........................................50<br />
Trilux............................www.trilux.com/fr......................................................64<br />
ANNONCEURS<br />
NISSAN........................www.nissan.fr....................................................2 e couv.<br />
LEDVANCE....................www.ledvance.fr................................................4 e couv.<br />
AGI ROBUR...................www.agi-robur.com .......................................... 3 e couv<br />
ARCHITECTATWORK.....www.architectatwork.fr.............................................54<br />
CITEL............................https://citel.fr/fr..........................................................43<br />
DISANO/FOSNOVA........www.disano.it/it/home...............................................13<br />
EAS SOLUTIONS...........www.eas-solutions.fr.................................................46<br />
ERCO............................www.erco.com/fr.......................................................11<br />
INVENTRONICS.............www.inventronics-co.com.........................................15<br />
PAYSALIA......................www.paysalia.com/fr.................................................53<br />
PERFORMANCE<br />
IN LIGHTING.................www.performanceinlighting.com/fr/fr........................17<br />
RAGNI...........................www.ragni.com.........................................................45<br />
SYLVANIA......................www.sylvania-lighting.com/fr-fr.................................25<br />
TECHNILUM..................www.technilum.com..................................................33<br />
SALONS<br />
ARCHITECT@WORK<br />
Le salon, basé sur l’innovation, présente des conférences et des<br />
produits, et réservé uniquement aux architectes.<br />
PARIS - La Grande Halle de La Villette<br />
211, avenue Jean-Jaurès - 75019 Paris<br />
Le 8 novembre <strong>2023</strong>, de 10 h à 20 h.<br />
Le 9 novembre <strong>2023</strong>, de 10 h à 19 h.<br />
BORDEAUX - Parc des Expositions - Hall 3<br />
Cours Jules-Ladoumègue, 33000 Bordeaux<br />
Les 30 novembre et 1 er décembre <strong>2023</strong>, de 10 h à 19 h<br />
www.architectatwork.fr<br />
PAYSALIA<br />
EUREXPO LYON<br />
Du 5 au 7 décembre <strong>2023</strong><br />
Les thèmes de <strong>2023</strong> : la biodiversité, solution durable ; la<br />
végétalisation des villes ; les nouveaux enjeux de la filière.<br />
www.paysalia.com/fr<br />
LIGHT+BUILDING<br />
Du 3 au 8 mars 2024<br />
Les exposants présenteront toutes les facettes de l’éclairage<br />
dans la partie est du Parc des Expositions : bureaux,<br />
établissements scolaires, industrie, commerces, et luminaires<br />
décoratifs ; avec une section dédiée au design, aux<br />
composants, à la connectivité et à l’éclairage public.<br />
https://light-building.messefrankfurt.com<br />
WORKSPACE EXPO<br />
Les 6, 27 et 28 mars 2024<br />
Paris porte de Versailles Hall 1<br />
Salon dédié au design, au mobilier de bureau et à<br />
l’aménagement des espaces de travail.<br />
www.workspace-expo.com<br />
66 - LUMIÈRES N° 44 - <strong>OCTOBRE</strong> <strong>2023</strong>