ParisEmag.com Z peint l’Orient Hocine 82 iani I m p r e s s i o n n a n t , t a l e n t u e u x , s a i s i s s a n t … I l n o u s é t a i t i m p o s s i b l e d e c l ô t u r e r n o t r e v o y a g e e n p a y s a r a b e s , s a n s é v o q u e r l ’ é p a t a n t a r t i s t e - p e i n t r e H o c i n e Z i a n i . P e t i t e b a l a d e d a n s l e t e m p s à t r a v e r s s e s œ u v r e s . L'Escorte Bleue lithographie, 60x80cm I n t e r v i e w …un voyage poétique . ART . Portrait . MEET THE ARTIST
ParisEmag.com 6 Questions à… Hocine Ziani 1 ) YBS / <strong>ParisLeMag</strong>: Il existe des thèmes majeurs dans votre peinture comme le cheval, l’histoire, la nature… Quelle est la toile qui vous a demandé le plus d’effort? - Celle qui a coulé de source? H.Z. : Ce n’est pas une toile mais tout un genre de thème qui m’a le plus demandé d’effort. Par la complexité de leurs compositions, les toiles illustrant l’histoire m’exigeaient un énorme travail de conception et de réalisation. Je devais trouver de la synchronisation entre toutes les attitudes de chaque personnage et entre les mouvements des groupes. Et puis il y a l’harmonisation des couleurs entre les éléments juxtaposés ; cela n’était pas évident, car il fallait aussi respecter les couleurs des costumes historiques même si celles-ci ne se mariaient pas. Je pense à mes tableaux de grand format, telle que la toile qui représente la Bataille de la Macta. Bref. Pour parler d’aisance dans l‘acte de peindre, je dirais que le thème de la nature morte ne me posait pas de tels soucis. Ce n’est pas un hasard si dans le passé l’Académie Royale avait institué un classement officiel des genres de peinture. Le classement était dans l’ordre de mérite : d’abord la peinture d’histoire, le portrait, les scènes de la vie quotidienne, le paysage et enfin la nature morte. L’illustration de l’histoire était donc censée demander plus d’effort intellectuel de connaissance, d’interprétation et de composition, alors que la nature morte était considérée comme de la simple improvisation. 2 ) YBS / <strong>ParisLeMag</strong>: Si je vous demandais de me citer une ville en Orient, sans réfléchir…A quelle ville pensez-vous? – Pourquoi? H.Z. C’est la ville de Sanaa qui me vient à l’esprit. J’ai gardé de très beaux souvenirs de cette ville et du désert de Marib. Cette cité bimillénaire offre une riche source d’inspiration pour le peintre. Par son architecture très particulière et la lumière qui y règne, elle séduit et invite la sensibilité artistique. La richesse chromatique des costumes traditionnels, portés encore de nos jours par la majorité de ses habitants, peut fleurir une multitude palettes. Ses rues sont nues, l’arbre est absent. Point de verdure et ce n’est pas drame. Cela arrange bien les peintres qui, comme moi, évitent la couleur verte et sa froideur. Elle a une similitude avec Venise, les siècles ne l’ont pas visiblement transformée, elle est restée immuable ; elle est le lieu où l’on peut faire des voyages dans le temps, vers un lointain passé ; elle évoque surtout le fabuleux royaume de Saba, dont les vestiges se trouvent encore à quelques petites heures de route. 83 Par Yamilé B. Sadok . ART . Portrait . Interview E x p r e s s « Votre magazine est aussi comme une place où se croisent des lecteurs de diverses provenances. « 3) YBS / <strong>ParisLeMag</strong>: Compte tenu de la rapidité à laquelle les Emirats se développent, comment imaginez-vous les paysages d'Orient dans une décennie? H.Z. Cette rapidité à construire des villes entières est assez impressionnante. Bâtir, c’est un signe de prospérité. Cela veut dire que l’on travaille et on donne à travailler. Tant mieux si on construit beau et intelligent. Mais, vous savez, en Asie il y a une sorte de concurrence qui consiste à construire plus grand et plus haut. Dans les Emirats, on ne construit plus par nécessité mais probablement pour le prestige. J’ai séjourné à plusieurs reprises aux Emirats dans le cadre de mes expositions et j’ai vu surgir de ces étendues de sable des musées et autres lieux pour la culture. Pas d’inquiétude pour le désert, il est assez immense pour pouvoir survivre à cette urbanisation. 4) YBS / <strong>ParisLeMag</strong>: Le désert est largement évoqué dans ce numéro (N°09) et dans vos œuvres - Qu'est-ce qui nous échappe- nous, les urbains, selon vous? H.Z.Probablement la notion de la mobilité et l’insouciance de l’étroitesse. Nous, les urbains, nous vivons quotidiennement dans le même cadre, une sorte de routine nous accompagne le long de notre vie, alors que les nomades du désert vivent chaque jour avec un décor nouveau et différent. Ils ont l’air d’avancer, d’aller d’un point de départ et tracer une ligne droite vers un but et nous, de tourner rond autour d’un point fixe. Un autre exemple, contrairement à nous, ils n’ont pas besoin d’aller en vacances pour changer de cadre. Ils nous considèrent en quelque sorte comme prisonniers entre les murs de nos cités. 5) YBS/ <strong>ParisLeMag</strong>: Vous n'avez jamais représenté Paris sur vos toiles, quel lieu de la Capitale pourrait vous inspirer? H.Z. Ce serait probablement un paysage représentant la Seine et ses péniches, du côté du Quartier Latin. D’ailleurs j’en ai fait un sur le vif il y a une trentaine d’années, une petite aquarelle avec une vue sur Notre Dame. 6 ) YBS / <strong>ParisLeMag</strong>: Que vous évoque notre e-Magazine? – Si vous deviez le « calquer » à l’une de vos œuvres- Laquelle serait-elle? H.Z. Votre magazine s’adresse à un lectorat d’occident et d’orient, il joue un rôle de pont entre ces deux mondes. Et à propos de pont, je pense à l’une de mes toiles traitant le thème de Venise. Car, au temps de sa splendeur, la Sérénissime était bien cette « Orientale habitant en occident » et servait de pont entre l’Orient et l’Occident. En plus, cette toile représente la place la plus célèbre au monde, la place Saint-Marc. Votre magazine est aussi comme une place où se croisent des lecteurs de diverses provenances.