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STATÍSTICAS NAS MÉRICAS - Biblioteca - IBGE

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L’histoire de la statistique canadienne dans une<br />

perspective internationale et panaméricaine<br />

centralisation ne sera ni totale, ni assurée pour une longue période. De fait, elle n’a<br />

pas empêché le Québec de développer son propre système statistique, ni d’autres<br />

provinces à emboîter le pas au Bureau des statistiques de Québec (né en 1913).<br />

Elle s’est butée aussi à la tendance naturelle de tout ministère à créer si ce n’est un<br />

bureau statistique, du moins du chiffre sans nécessairement suivre les directives<br />

du BFS. Avec la complexification du travail étatique, s’impose une division du<br />

travail de collecte et de production de données statistiques. Les organigrammes<br />

des bureaux centraux deviennent de véritables arbres aux multiples ramifications,<br />

surtout dans le cas des systèmes statistiques centralisés, comme au Canada. En<br />

1919-1920, l’organigramme officiel du Bureau fédéral de la statistique comprend<br />

jusqu’à six niveaux et une douzaine de divisions! 21 Bien sûr, dans les systèmes<br />

décentralisés, la complexité est davantage au plan du système qu’à celui du<br />

bureau.<br />

Au plan des normes, le trait principal, c’est l’émergence d’un discours<br />

de type administratif/scientifique contrastant fortement avec le discours parfois<br />

explicitement politique du régime antérieur. À partir du moment où la morphologie<br />

des bureaux est complexe, les statisticiens deviennent aussi des administrateurs,<br />

du moins au niveau supérieur de l’organisation. Ils doivent gérer des hommes<br />

et pas seulement des chiffres. Les machines étatiques sont elles aussi devenues<br />

plus complexes. Elles s’autonomisent quelque peu du pouvoir politique qu’elles<br />

servent ainsi que de la population qu’elles scrutent de plus en plus finement.<br />

La fin du XIX e siècle, d’ailleurs, avait vu le développement des idées de réforme<br />

administrative, particulièrement aux États-Unis. Les réformes des structures<br />

statistiques (centralisation, coordination, création de divisions, …) sont d’ailleurs<br />

souvent, alors, présentées comme des procédés plus techniques que politiques.<br />

Parallèlement, on assiste à une dépersonnalisation des écrits statistiques. Les œuvres<br />

des gentlemen-statisticiens qui font tout, du travail de collecte à celui d’analyse<br />

et de publication, ne sont bientôt plus envisageables. Si la littérature de voyage,<br />

source de données parfois quantitatives, avait été dépossédée de sa puissance<br />

informative bien avant le milieu du XIX e siècle et si la littérature topographique,<br />

qui l’avait en quelque sorte remplacée, avait elle aussi connu un déclin vers le<br />

milieu du siècle, la littérature statistique privée subissait à son tour la concurrence<br />

de la littérature statistique publique durant la deuxième moitié du XIX e siècle.<br />

Au Canada, on peut dire que la controverse de 1872 entre Joseph Charles Taché<br />

et Arthur Harvey à propos des résultats du recensement de 1871 et qui voit le<br />

statisticien d’appareil l’emporter sur le statisticien privé, sonne le glas d’une<br />

littérature qui n’a plus les moyens de sa politique 22 . Les textes des statisticiens<br />

deviennent donc de plus en plus des textes d’organisation, généralement non<br />

signés ou du moins dont la signature est indissociable du bureau. Il y a aussi une<br />

rétraction de l’espace de circulation des textes statistiques. Ils seront de moins<br />

21 Worton, 1998, p. 321.<br />

22 Voir, à ce sujet, Harvey (1872) et Taché (circa 1872). Sur le débat, voir Bruce Curtis (2001), p.<br />

287-293.

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