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LE SYNDROME FRONTAL I- RAPPEL ANATOMIQUE Le lobe ...

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I- <strong>RAPPEL</strong> <strong>ANATOMIQUE</strong><br />

<strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> <strong>FRONTAL</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>lobe</strong> frontal désigne la partie du cerveau située en avant de la scissure de Rolando<br />

(scissure centrale) et au dessus de la scissure de Sylvius (voir schéma). Il représente le<br />

tiers de la surface des hémisphères cérébraux. Il comporte :<br />

- le gyrus central (circonvolution frontale ascendante) constituant l’aire motrice<br />

primaire (aire 4 de Brodmann)<br />

- le cortex prémoteur ou aire d’association motrice situé en avant du précédent et<br />

comprenant les aires 6, 8, 44, 45 et l’aire motrice supplémentaire<br />

- le cortex préfrontal, en avant du précédent, dont les lésions entraînent les<br />

manifestations désignées sous le terme de syndrome frontal et lui-même divisible en<br />

3 parties :<br />

. une portion dorso-latérale au niveau de la convexité cérébrale<br />

. une portion orbitaire ou ventrale<br />

. une portion basale ou mésiale<br />

La vascularisation est assurée par le système carotidien. L’artère sylvienne vasularise la<br />

face externe, l’artère cérébrale antérieure la face interne.<br />

<strong>Le</strong>s aires prémotrices concernent surtout l’organisation et le contrôle des mouvements<br />

de finesse de la main et des doigts. <strong>Le</strong> cortex préfrontal représente une zone de haute<br />

intégration du comportement moteur et des autres formes de conduite. Il a des<br />

connexions importantes avec les autres structures corticales ainsi qu’avec les structures<br />

sous corticales notamment le thalamus.<br />

Nous allons décrire les 3 syndromes majeurs du <strong>lobe</strong> frontal : le syndrome rolandique<br />

ou moteur, le syndrome prémoteur et le syndrome préfrontal appelé aussi syndrome<br />

frontal.<br />

II- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> ROLANDIQUE<br />

A– Symptomatologie motrice paroxystique<br />

L’épilepsie motrice partielle (bravais-jacksonienne) se caractérise par des mouvements<br />

tonico-cloniques controlatéraux à la lésion.<br />

B– Symptomatologie motrice déficitaire<br />

Il s’agit de la classique hémiplégie corticale à prédominance brachio-faciale.<br />

Cette hémiplégie s’associe à des signes sensitifs hémicorporels homolatéraux quand la<br />

lésion déborde sur la circonvolution pariétale ascendante.<br />

III- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> PREMOTEUR<br />

- <strong>Le</strong>s lésions de l’aire 6 déterminent des troubles de la motricité complexe, ou perte<br />

de la « mélodie cinétique », qui est l’incapacité d’exécuter des actions séquentielles<br />

(par exemple la séquence paume-poing-côté). Elles peuvent aussi entraîner un<br />

1


« grasping reflexe » ou réflexe de préhension : la stimulation tactile de la paume de<br />

la main déclenche une flexion pathologique des doigts.<br />

- <strong>Le</strong>s lésions de l’aire 8, aire associée au champ oculogyre frontal, provoquent une<br />

déviation du regard<br />

- L’aire motrice supplémentaire, représentée par la portion interne de l’aire 6, a un<br />

rôle majeur dans l’initiation du mouvement et de la parole ; une lésion de cette aire<br />

entraîne des troubles du langage (manque du mot, palilalie, mutisme…)<br />

IV- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> <strong>FRONTAL</strong><br />

On désigne par ce terme les troubles neurologiques, comportementaux et<br />

neuropsychologiques observés lors des lésions du cortex préfrontal (voir plus haut).<br />

A– Signes neurologiques<br />

Ce sont des signes frustes déterminés essentiellement par la souffrance des aires<br />

prémotrices et motrices (voir plus haut).<br />

B– Personnalité frontale<br />

- Lors des lésions de la face latérale ou dorsolatérale, on note des changements de<br />

type « dépressif » et akinétique, avec apathie et inertie motrice, humeur triste,<br />

indifférence affective, réduction de la spontanéité verbale, et impossibilité de<br />

programmer l’activité.<br />

- Lors des lésions de la face orbitaire, on note un comportement puéril, impulsif,<br />

désinhibé, mégalomaniaque, appelé moria frontale. <strong>Le</strong>s patients sont euphoriques,<br />

avec tendance aux calembours et aux jeux de mots. Cet état d’agitation psychomotrice<br />

rend les sujets incapables de mener une activité productive. Ces troubles<br />

peuvent s’accompagner d’une boulimie et d’une hypersexualité.<br />

C– Troubles du comportement moteur<br />

1– <strong>Le</strong>s persévérations<br />

Elles se définissent comme la répétition anormale d’un comportement spécifique.<br />

<strong>Le</strong>s persévérations motrices peuvent apparaître lorsqu’on demande au patient de se<br />

laver les mains, de copier un cercle…. <strong>Le</strong> sujet continuera la même activité, sans être<br />

capable de l’inhiber. L’utilisation de consignes contradictoires met aussi en évidence les<br />

difficultés qu’a le sujet de passer d’une consigne à l’autre.<br />

2– <strong>Le</strong>s comportements d’utilisation et d’imitation<br />

<strong>Le</strong> comportement d’utilisation désigne le fait que lorsqu’on présente au patient des<br />

objets au contact de sa main ou dans son champ visuel, il s’en saisit et les utilise.<br />

<strong>Le</strong> comportement d’imitation désigne le fait que le patient imite les gestes de<br />

l’examinateur sans qu’on lui en donne l’ordre.<br />

Ces deux types de comportement sont une expression de la perte de l’autonomie à<br />

l’égard du monde extérieur.<br />

2


D– Troubles de l’attention<br />

La présence de troubles attentionnels entraîne une distractibilité qui nécessite de répéter<br />

plusieurs fois une consigne pour qu’elle soit exécutée par le patient.<br />

<strong>Le</strong>s lésions bilatérales du gyrus cingulaire déterminent une perturbation sévère du<br />

mécanisme primaire de l’attention dont l’expression clinique est le mutisme akinétique.<br />

E– Troubles cognitifs<br />

<strong>Le</strong>s <strong>lobe</strong>s frontaux ont pour rôle de coordonner l’ensemble des fonctions cognitives<br />

(attention, mémoire, langage, perceptions). Ils jouent un rôle essentiel dans les<br />

« fonctions exécutives » (jugement, raisonnement). Ils permettent d’anticiper des<br />

événements, de choisir des solutions pour arriver à un but ou résoudre un problème, de<br />

planifier, et d’évaluer l’effet d’une action. Ils ont aussi un rôle de sélection et de<br />

contrôle du comportement social.<br />

Ces patients présentent des troubles cognitifs importants qui sont décelables seulement<br />

par des tests spécifiques, car les tests d’intelligence générale peuvent être normaux ou<br />

presque.<br />

F– Autres troubles<br />

Il peut exister des troubles des conduites verbales (aspontanéité ou au contraire<br />

logorrhée), des troubles de la mémoire et de l’apprentissage, des troubles du<br />

comportement visuel, ainsi que des confabulations.<br />

V- ETIOLOGIES DES <strong>SYNDROME</strong>S FRONTAUX<br />

A– <strong>Le</strong>s accidents vasculaires cérébraux (AVC)<br />

Une hémiplégie à prédominance brachio-faciale sera observée en cas de thrombose de<br />

l’artère cérébrale moyenne, qui irrigue la face convexe (partie dorso-latérale) du <strong>lobe</strong><br />

frontal.<br />

En cas de thrombose de l’artère cérébrale antérieure, qui vascularise la partie médiane<br />

(interne) du <strong>lobe</strong> frontal, on observe une hémiplégie à prédominance crurale avec<br />

grasping réflexe et troubles cognitifs.<br />

La rupture d’un anévrysme de l’artère communicante antérieure est responsable d’un<br />

syndrome frontal grave avec perte de l’autonomie.<br />

B– <strong>Le</strong>s traumatismes crâniens<br />

Ils peuvent être responsables de troubles variables en fonction de la localisation. Une<br />

épilepsie post-traumatique est assez fréquente. Un traumatisme de la face basale ou<br />

orbitaire du <strong>lobe</strong> frontal entraîne des troubles mentaux, une épilepsie, des troubles<br />

visuels et de l’odorat.<br />

3


C– <strong>Le</strong>s tumeurs<br />

Elles peuvent être responsables d’un syndrome frontal, qu’il s’agisse de tumeurs extracérébrales<br />

comme les méningiomes, ou de tumeurs intra-cérébrales comme les gliomes<br />

(en particulier dans leur localisation fronto-calleuse).<br />

D– <strong>Le</strong>s démences dégénératives<br />

<strong>Le</strong>s démences fronto-temporales sont une étiologie du syndrome frontal, avec comme<br />

chef de file la maladie de Pick (voir chapitre sur les démences).<br />

La maladie d’Alzheimer dans sa forme frontale peut aussi donner un syndrome frontal.<br />

E– Syndromes frontaux secondaires à des lésions des structures souscorticales<br />

Des signes de dysfonctionnement frontal s’observent dans des maladies lésant les<br />

noyaux gris centraux comme la maladie de Parkinson, la chorée de Huntington, la<br />

paralysie supranucléaire progressive, la maladie de Wilson. Il peut s’agir aussi de<br />

lésions de la substance blanche comme dans la sclérose en plaques, dans la maladie de<br />

Binswanger (voir chapitre sur les démences), dans le neurobehcet ou dans la démence<br />

du VIH.<br />

OBJECTIFS<br />

- Connaître la personnalité frontale<br />

- Connaître les troubles du comportement moteur<br />

- Préciser les troubles cognitifs<br />

- Citer les autres troubles<br />

- Connaître les étiologies du syndrome frontal<br />

4


I- <strong>RAPPEL</strong> <strong>ANATOMIQUE</strong><br />

<strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> TEMPORAL<br />

<strong>Le</strong> <strong>lobe</strong> temporal est situé en dessous des <strong>lobe</strong>s frontal et pariétal, en avant du <strong>lobe</strong><br />

occipital (voir schéma). Il est délimité en haut par la scissure de Sylvius. Il comprend 5<br />

circonvolutions (T1 à T5).<br />

Du point de vue fonctionnel, on peut le diviser comme suit :<br />

- sur la face externe du <strong>lobe</strong>, on trouve les aires acoustiques primaires (aires 41 et 42<br />

ou gyrus de Heschl) et l’aire acoustique secondaire (aire 22)<br />

- sur la face inféro-latérale du <strong>lobe</strong>, on trouve les projections visuelles (aires 37, 20 et<br />

21) ; elles assurent une intégration sensorielle polymodale en relation avec les aires<br />

pariétales et occipitales<br />

- dans la portion médio-basale du <strong>lobe</strong> temporal, le complexe amygdalien et<br />

l’hippocampe constituent un système essentiel pour l’élaboration des expériences<br />

affectives, la motivation, la mémoire<br />

La vascularisation est assurée par les artères sylvienne et cérébrale postérieure.<br />

II- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> TEMPORAL<br />

<strong>Le</strong>s aphasies et les syndromes amnésiques sont exclus de ce cadre (voir cours de<br />

sémiologie).<br />

A- Troubles auditifs<br />

<strong>Le</strong>s voies auditives ipsilatérales représentent un contingent grêle, alors que les voies<br />

controlatérales représentent un contingent volumineux. L’hémisphère gauche est dévolu<br />

au traitement des messages verbaux, l’hémisphère droit au traitement des messages<br />

mélodiques (musique).<br />

<strong>Le</strong>s lésions unilatérales de l’aire auditive primaire ne déterminent pas de surdité. <strong>Le</strong>s<br />

lésions corticales bilatérales des aires primaires sont responsables d’une surdité<br />

corticale ou d’une agnosie auditive.<br />

Chez l’homme, la stimulation élective du gyrus de Heschl détermine des sons non<br />

différenciés (bruits simples). La stimulation du cortex périsylvien déclenche des<br />

hallucinations auditives (tintements, sifflets, bruits de tic-tac…) qui peuvent représenter<br />

des crises épileptiques focales. Au niveau des aires 42 et 22 (aires secondaires), les<br />

hallucinations sont mieux organisées (thèmes musicaux, mots, chansons, sons de<br />

cloche…).<br />

B- Troubles olfactifs<br />

<strong>Le</strong>s lésions de la portion médiale du <strong>lobe</strong> temporal qui incluent le gyrus hippocampique<br />

peuvent causer des hallucinations olfactives ; il s’agit habituellement de mauvaises<br />

odeurs (cacosmie).<br />

5


C- Troubles gustatifs<br />

<strong>Le</strong>s stimulations électives de l’insula par Penfield ont provoqué une sensation de goût<br />

anormal chez des épileptiques. <strong>Le</strong>s hallucinations gustatives sont assez rares en<br />

clinique. <strong>Le</strong>s crises « uncinées » sont constituées d’hallucinations gustatives et d’une<br />

activité oro-alimentaire inconsciente.<br />

D- Troubles de l’équilibration<br />

<strong>Le</strong>s vertiges rotatoires, les impressions angoissantes de chutes, ou au contraire de<br />

lévitation, sont des manifestations fréquentes de l’épilepsie temporale.<br />

E- Troubles de la vision<br />

1– Hémianopsie<br />

Après avoir quitté le corps genouillé externe, les radiations optiques ont un<br />

cheminement dans la profondeur du <strong>lobe</strong> temporal. <strong>Le</strong>urs lésions causent une<br />

hémianopsie en quadrant supérieur (homonyme).<br />

2– Hallucinations et illusions visuelles<br />

<strong>Le</strong>s hallucinations visuelles à point de départ temporal sont différentes des<br />

hallucinations à point de départ occipital : images et scènes colorées élaborées ; elles<br />

peuvent être accompagnées par des expériences émotionnelles qui sont d’habitude<br />

déplaisantes. Par ailleurs, elles sont souvent associées aux hallucinations vestibulaires<br />

ou auditives.<br />

Des hallucinations plus complexes, oniriques (« dreamy state » ou état de rêve), ont leur<br />

origine dans les aires temporales, plus particulièrement à droite.<br />

F- Troubles viscéro-végétatifs<br />

<strong>Le</strong>s stimulations de l’hippocampe et de l’amygdale entraînent des phénomènes<br />

végétatifs : modification de la fréquence cardiaque, modification de la respiration,<br />

besoin d’uriner ….<br />

G- L’épilepsie temporale<br />

<strong>Le</strong>s crises d’origine temporale se caractérisent par des troubles paroxystiques dans<br />

plusieurs sphères d’activité psychique :<br />

- sphère intellectuelle et modification de la conscience du vécu : confusion avec ou sans<br />

perte de conscience, impression de « déjà vu » et de « déjà vécu », impression<br />

d’étrangeté et d’état de rêve<br />

- sphère affective : peur, colère, panique, euphorie<br />

- sphère perceptive : illusions et hallucinations sensorielles<br />

- sphère végétative : striction thoracique, épigastrique, malaise abdominal, fuite d’urines<br />

- sphère motrice : automatisme ambulatoire, gestuel et masticatoire, activité de<br />

recherche, fugue, chute brutale<br />

6


III- ETIOLOGIES DES <strong>SYNDROME</strong>S TEMPORAUX<br />

A- L’épilepsie temporale (voir cours sur les épilepsies)<br />

<strong>Le</strong>s étiologies de l’épilepsie temporale sont multiples. La plus fréquente est représentée<br />

par la sclérose hippocampique. D’autres étiologies sont plus rares : traumatiques,<br />

tumorales (astrocytomes, gliomes, gangliogliomes), malformations vasculaires, lésions<br />

dysgénésiques.<br />

B- Autres étiologies des syndromes temporaux<br />

<strong>Le</strong>s AVC, surtout dans le territoire de l’artère cérébrale postérieure, qui vascularise la<br />

partie interne du <strong>lobe</strong> temporal, peuvent être responsables de troubles de la mémoire.<br />

<strong>Le</strong>s ramollissements de l’artère sylvienne intéressent surtout la face externe du <strong>lobe</strong><br />

temporal et entraînent des aphasies de type Wernicke.<br />

<strong>Le</strong>s encéphalites aiguës nécrosantes, en particulier l’encéphalite herpétique, peuvent<br />

être responsables de séquelles graves à type de troubles mnésiques et de troubles du<br />

comportement.<br />

Dans la maladie d’Alzheimer, les troubles mnésiques sont dus à l’atteinte<br />

hippocampique.<br />

OBJECTIFS<br />

- Décrire les signes du syndrome temporal<br />

- Connaître l’épilepsie temporale<br />

- Préciser les étiologies<br />

7


I- <strong>RAPPEL</strong> <strong>ANATOMIQUE</strong><br />

<strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> PARIETAL<br />

Sur la face externe du cerveau, le <strong>lobe</strong> pariétal est délimité en avant par la scissure de<br />

Rolando et en arrière par le sillon pariéto-occipital (voir schéma). La limite inférieure<br />

est constituée par la scissure sylvienne. Sur la face interne du cerveau, le <strong>lobe</strong> pariétal<br />

comprend surtout le lobule quadrilatère.<br />

Du point de vue anatomo-physiologique, on divise le <strong>lobe</strong> pariétal en 3 parties :<br />

- les aires primitives (3, 2 ,1) constituant l’aire somato-sensitive (gyrus post-central)<br />

qui reçoit des afférences du 3 ème neurone de la voie sensitive en provenance du<br />

thalamus. La destruction de cette région entraîne des troubles sensitifs<br />

élémentaires.<br />

- les aires sensitives secondaires (aires 5, 7 et 43) dont les lésions entraînent des<br />

déficits de l’intégration des perceptions sensitivo-sensorielles (astéréognosie,<br />

asymbolie à la douleur…)<br />

- les aires associatives tertiaires constituées de l’aire 39 (gyrus angulaire ou pli<br />

courbe) et de l’aire 40 (gyrus supra-marginalis) dont les lésions entraînent des<br />

déficits complexes dans plusieurs modalités sensitivo-sensorielles ainsi que des<br />

troubles des fonctions symboliques<br />

La vascularisation est assurée par l’artère sylvienne.<br />

II- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> PARIETAL<br />

A- Troubles sensitifs élémentaires<br />

1– Epilepsie somato-sensitive localisée<br />

<strong>Le</strong>s crises épileptiques d’origine pariétale vont comporter des fourmillements<br />

(paresthésies) et des sensations de décharge électrique. L’irradiation de la crise sensitive<br />

focale vers le cortex moteur va entraîner une crise bravais-jacksonienne motrice.<br />

2– Hémianesthésie pariétale<br />

C’est une hémianesthésie à prédominance facio-brachiale.<br />

B- Troubles de la sensibilité discriminative<br />

<strong>Le</strong>s fonctions fondamentales du cortex pariétal consistent dans la discrimination<br />

correcte de l’intensité et de la localisation des stimuli, dans l’appréciation de la<br />

dimension, de la forme, de la grosseur et de la texture des objets.<br />

1– Extinction sensitive ou inattention sensitive<br />

Au cours d’une stimulation isolée du côté droit ou gauche du corps, le malade est<br />

conscient de l’intensité et de la localisation de cette stimulation. Par contre, lorsque<br />

8


cette stimulation est bilatérale et simultanée, le patient ne ressent que la stimulation<br />

intéressant l’hémicorps sain.<br />

2– Astéréognosie<br />

C’est l’incapacité d’identifier un objet par le toucher, sans l’aide de la vue, en l’absence<br />

d’un déficit sensitif ou moteur élémentaire.<br />

3– Syndrome pseudo-thalamique<br />

Ce syndrome décrit par Foix se caractérise par une hyper-sensibilité douloureuse aux<br />

stimulations tactiles et thermiques dans l’hémicorps controlatéral à la lésion, alors que<br />

la sensibilité proprioceptive est respectée.<br />

C- Troubles moteurs<br />

On peut noter des troubles moteurs, comme une ataxie pariétale sous la forme d’une<br />

main instable ataxique, avec troubles de la coordination lors de l’épreuve doigt sur le<br />

nez, les yeux fermés.<br />

D- Troubles du schéma corporel<br />

1- L’hémiasomatognosie<br />

Il s’agit de la perte de la conscience de l’existence de la moitié du corps, paralysé ou<br />

non. Elle peut être non consciente, ou consciente. Dans ce dernier type, le sujet rapporte<br />

spontanément qu’il a perdu la perception de son hémicorps ; ce trouble est généralement<br />

paroxystique, d’origine épileptique ou migraineuse.<br />

2- <strong>Le</strong> syndrome d’Anton-Babinski<br />

<strong>Le</strong> signe de base est l’anosognosie de l’hémiplégie. C’est une forme majeure<br />

d’hémiasomatognosie, au cours de laquelle le sujet ne peut être convaincu par<br />

l’examinateur qu’il est hémiplégique. Il croit parfois que son hémicorps appartient à<br />

l’examinateur ou à une autre personne dormant dans son lit.<br />

Il s’agit toujours de lésions de l’hémisphère droit, l’hémiplégie et l’anosognosie<br />

s’accompagnant d’une hémihypoesthésie.<br />

3- Syndrome de Gertsmann<br />

Ce syndrome se caractérise par une tétrade symptomatique : agnosie digitale<br />

(impossibilité de reconnaître les différents doigts de la main), agraphie pure, acalculie,<br />

désorientation droite-gauche (incapacité d’identifier le côté droit et le côté gauche). Ce<br />

syndrome est retrouvé dans les atteintes du gyrus angulaire gauche.<br />

9


E - Troubles visuo-spatiaux<br />

1- Négligence spatiale unilatérale (NSU)<br />

Elle se caractérise par l’impossibilité de décrire et de s’orienter vers les stimulations du<br />

côté controlatéral à la lésion. <strong>Le</strong>s malades ignorent l’hémi-espace gauche, du fait d’un<br />

trouble de l’attention par atteinte pariétale droite. La NSU peut être accompagnée par le<br />

phénomène d’extinction tactile et auditive.<br />

2- Syndrome de Balint<br />

Il est retrouvé dans les atteintes pariétales bilatérales et comporte la triade<br />

symptomatique suivante :<br />

- la paralysie psychique du regard : incapacité du malade à orienter son regard<br />

vers une cible se trouvant dans son champ visuel<br />

- l’ataxie optique : impossibilité pour le patient d’effectuer avec précision une<br />

saisie manuelle sous guidage visuel,<br />

- la simultagnosie : trouble visuel attentionnel où le malade est incapable de<br />

voir deux objets à la fois<br />

F– Apraxies (voir cours de sémiologie)<br />

G- Troubles gustatifs<br />

La représentation du goût se situe au niveau de l’aire 43 au voisinage de l’aire sensitive<br />

secondaire et de l’aire bucco-linguo-pharyngée. Au cours des lésions de l’opercule<br />

rolandique, on peut avoir des hallucinations gustatives, associées à des paresthésies<br />

localisées de la moitié inférieure de la face et de la langue.<br />

IV- ETIOLOGIES DES <strong>SYNDROME</strong>S PARIETAUX<br />

On retrouve les syndromes vasculaires, en particulier les AVC de l’artère sylvienne,<br />

responsables d’une hémiplégie avec hémianesthésie à prédominance brachio-faciale.<br />

<strong>Le</strong>s processus tumoraux (surtout les tumeurs malignes comme les glioblastomes)<br />

peuvent entraîner un syndrome pariétal, ainsi que les traumatismes crâniens par<br />

contusion du parenchyme cérébral.<br />

Enfin, un syndrome pariétal peut faire partie du tableau de certaines maladies<br />

dégénératives comme la maladie d’Alzheimer et la dégénérescence cortico-basale (cf<br />

chapitre sur les syndromes démentiels).<br />

OBJECTIFS<br />

- Décrire les signes du syndrome pariétal<br />

- Connaître les troubles du schéma corporel<br />

- Préciser les troubles visuo-spatiaux<br />

- Connaître les étiologies du syndrome pariétal<br />

10


I- <strong>RAPPEL</strong> <strong>ANATOMIQUE</strong><br />

<strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> OCCIPITAL<br />

<strong>Le</strong> <strong>lobe</strong> occipital occupe une zone triangulaire à la face postérieure du cerveau (voir<br />

schéma). Il comprend 3 circonvolutions médianes qui sont de haut en bas : le cunéus, le<br />

lobule lingual et le lobule fusiforme, ainsi que 3 circonvolutions occipitales inférolatérales.<br />

On dénombre 5 scissures dont seule la scissure calcarine est bien visible à<br />

l’œil nu.<br />

D’après la terminologie de Brodmann :<br />

- l’aire 17 ou aire striée borde de part et d’autre la scissure calcarine (aire visuelle<br />

primaire)<br />

- l’aire 18 inclut la partie inférieure du cunéus, le lobule fusiforme et la surface<br />

externe de O1, O2 et O3<br />

- l’aire 19 correspond au reste du <strong>lobe</strong> occipital<br />

L’artère cérébrale postérieure, issue du tronc basilaire, vascularise le <strong>lobe</strong> occipital par<br />

ses 3 branches terminales : la pariéto-occipitale, la calcarine et la temporo-occipitale.<br />

II- <strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> OCCIPITAL<br />

A- Symptômes et signes sensoriels<br />

1– <strong>Le</strong> scotome<br />

Il s’agit d’une aire isolée du champ visuel (CV) au sein de laquelle la vision paraît<br />

appauvrie (scotome négatif) ou enrichie (scotome positif).<br />

2– <strong>Le</strong>s illusions et hallucinations visuelles<br />

Une hallucination est une perception anormale paroxystique et transitoire sans objet,<br />

tandis que l’illusion est une perception anormale avec objet mais qui est perçu déformé.<br />

Elles peuvent être secondaires à toute dysfonction cérébrale diffuse et sont<br />

caractéristiques des états de confusion mentale.<br />

On distingue :<br />

- des hallucinations élémentaires : couleur, éclair, lumière, formes géométriques,<br />

souvent animées de mouvements (décharges au niveau des aires 17, 18 et 19)<br />

- des hallucinations figurées simples : associées à une décharge des aires visuelles<br />

associatives droites ou gauches<br />

<strong>Le</strong>s illusions visuelles sont appelées métamorphopsies. Elles peuvent concerner la<br />

forme de l’objet (dysmorphopsie), sa dimension (macropsie et micropsie), sa couleur<br />

(dyschromatopsie), sa position par rapport au sujet.<br />

3– Epilepsie et phénomènes visuels paroxystiques<br />

L’épilepsie occipitale peut se manifester par des illusions et des hallucinations.<br />

11


La sémiologie de l’épilepsie occipitale inclut par ailleurs des modifications toniques ou<br />

cloniques de la tête et des yeux, l’existence de fermeture ou de papillotement des<br />

paupières. L’extension de la décharge vers la région temporale et limbique entraîne des<br />

troubles végétatifs, thymiques et des automatismes, alors que l’extension vers la région<br />

pariétale s’accompagne de troubles sensitivo-moteurs.<br />

4– Déficits des champs visuels<br />

La portion centrale du champ visuel est largement représentée au pôle occipital. La<br />

portion périphérique du CV occupe au contraire le cortex occipital antérieur.<br />

Dans le cas de lésions calcarines bilatérales, on peut retrouver différents types de<br />

déficits campimétriques :<br />

- des hémianopsies altitudinales inférieures ou supérieures<br />

- des scotomes centraux<br />

- des scotomes périphériques<br />

B- Manifestations psycho-visuelles<br />

1– Cécité occipitale<br />

La cécité corticale ou cécité occipitale résulte d’un ramollissement strié bilatéral, en<br />

l’absence de troubles visuels périphériques. <strong>Le</strong> déficit s’installe brutalement, le malade<br />

nie le plus souvent son déficit, ou s’y montre indifférent (anosognosie de la cécité). A<br />

l’examen, le comportement du malade est celui d’un aveugle. <strong>Le</strong> réflexe photomoteur,<br />

la motricité oculaire et le fond d’œil sont normaux. <strong>Le</strong> clignement à la menace n’est pas<br />

obtenu.<br />

La cécité occipitale s’associe habituellement à une amnésie sévère et à des<br />

hallucinations visuelles, réalisant le syndrome de Dide et Botcazo.<br />

2– L’agnosie visuelle des objets et des images<br />

Il s’agit d’un trouble de la reconnaissance et de l’identification, par le seul canal visuel,<br />

des objets et des images, en l’absence de trouble visuel élémentaire ou de déficits des<br />

fonctions cognitives et linguistiques.<br />

3– La prosopagnosie<br />

C’est un trouble de la reconnaissance des visages humains, sur entrée visuelle, non<br />

explicable par une détérioration intellectuelle ou un trouble perceptif élémentaire.<br />

4– Achromatopsie, agnosie et anomie des couleurs<br />

Ce sont tous des troubles affectant la reconnaissance des couleurs, depuis les troubles<br />

perceptifs jusqu’au trouble purement linguistique.<br />

5– Alexie agnosique<br />

Appelée encore cécité verbale ou alexie sans agraphie, elle désigne un trouble acquis du<br />

langage écrit, secondaire à une lésion du cortex occipital de l'hémisphère dominant.<br />

12


III- ETIOLOGIES DU <strong>SYNDROME</strong> OCCIPITAL<br />

L’étiologie principale des syndromes occipitaux est représentée par les accidents<br />

vasculaires cérébraux ischémiques ou hémorragiques (territoire de l’artère cérébrale<br />

postérieure).<br />

D’autres étiologies sont possibles comme les traumatismes crâniens, l’intoxication par<br />

le monoxyde de carbone, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, ou encore les affections avec<br />

atteinte prédominante de la substance blanche comme la leucoencéphalopathie<br />

multifocale progressive.<br />

OBJECTIFS :<br />

- Connaître les symptômes sensoriels<br />

- Préciser les signes psycho-visuels<br />

- Connaître les étiologies du syndrome occipital<br />

13


<strong>LE</strong>S ACCIDENTS VASULAIRES CEREBRAUX ISCHEMIQUES<br />

I-INTRODUCTION :<br />

L'accident vasculaire cérébral (AVC) est défini par l'installation brutale d'un déficit<br />

neurologique focal soudain d'origine vasculaire ischémique ou hémorragique. <strong>Le</strong>s A VC<br />

représentent la troisième cause de mortalité après les affections cardiaques et les cancers, et<br />

la première cause de handicap moteur et intellectuel permanent.<br />

<strong>Le</strong>s accidents ischémiques cérébraux (AIC) représentent 80% à 85% des AVC et le<br />

premier motif d'hospitalisation en neurologie. Ces accidents doivent être considérés<br />

comme une urgence médicale, nécessitant une hospitalisation en milieu neurologique.<br />

Des progrès importants dans la prise en charge ont été réalisés au cours de ces dernières<br />

années, aussi bien sur le plan:<br />

- diagnostique grâce à l'avènement du scanner et surtout de la résonance magnétique<br />

nucléaire, mais également l'amélioration des techniques d'échographie et doppler des<br />

vaisseaux du cou.<br />

- que thérapeutique avec l'utilisation de la thrombolyse, et le développement des unités<br />

spécialisées dans la prise en charge des AVC (Stroke units)<br />

<strong>Le</strong> traitement reste essentiellement un traitement préventif, basé sur la prise en charge des<br />

facteurs de risque cardiovasculaires. En effet, la prévalence des AVC a diminué ces<br />

dernières années en raison d'une meilleure prise en charge des facteurs de risque, et en<br />

particulier de l'hypertension artérielle.<br />

II- EPIDEMIOLOGIE<br />

A- Fréquence<br />

Responsables de 10 à 12% de l'ensemble des décès après 65 ans dans les pays<br />

industrialisés, les AVC représentent la troisième cause de mortalité après les affections<br />

cardiaques et les cancers. <strong>Le</strong>ur incidence augmente avec l'âge: 10 fois plus fréquents à 65<br />

ans qu'à 45 ans. Ils sont 2 à 3 fois plus fréquents chez l’homme.<br />

L’incidence est évaluée à 145 pour 100000 habitants par an dans les pays occidentaux.<br />

B- Facteurs de risque des AIC<br />

Sont représentés par l’hypertension artérielle, les cardiopathies emboligènes, le diabète, le<br />

tabagisme chronique, l’hypercholestérolémie, l’éthylisme, et la prise de contraceptifs<br />

oraux.<br />

L'association de plusieurs facteurs de risque a, non seulement un effet additif, mais<br />

potentialisateur, nécessitant donc une prise en charge multifactorielle<br />

C- Etiologies<br />

<strong>Le</strong>s étiologies des AIC restent dominés par l'athérosclérose et les cardiopathies<br />

emboligènes. <strong>Le</strong>s cardiopathies valvulaires restent dans notre contexte une des principales<br />

étiologies de l'AIC du sujet jeune (avant 45 ans).<br />

14


III- <strong>RAPPEL</strong> <strong>ANATOMIQUE</strong><br />

La vascularisation cérébrale est assurée par deux systèmes vasculaires (figure 1):<br />

- Carotidien: formé par les deux carotides internes et leurs branches terminales, l'artère<br />

cérébrale moyenne ou sylvienne, l'artère cérébrale antérieure, et l'artère choroïdienne<br />

antérieure. Il assure la vascularisation de plus de 2/3 des hémisphères.<br />

- Vertébro-basilaire est formé par les artères vertébrales, le tronc basilaire et les artères<br />

cérébrales postérieures<br />

Entre ces deux systèmes s'établissent des anastomoses. <strong>Le</strong> polygone de Willis représente le<br />

plus important système anastomotique fonctionnel qui permet l'union des circulations<br />

carotidiennes et vertébrales. L'artère communicante antérieure relie les deux artères<br />

cérébrales antérieures. L'artère communicante postérieure relie la carotide interne à l'artère<br />

cérébrale postérieure. <strong>Le</strong>s autres anastomoses sont représentées par les anastomoses extra-<br />

crâniennes via l'artère ophtalmique, et les anastomoses corticales et leptoméningées (figure<br />

2).<br />

IV- PHYSIOPATHOLOGIE<br />

L'ischémie cérébrale focale résulte d'une réduction de l'apport sanguin à une partie du<br />

cerveau. Elle peut être purement fonctionnelle, c'est à dire entraîner une perturbation du<br />

métabolisme des neurones sans aller jusqu' à leur destruction, comme dans les accidents<br />

ischémiques transitoires, mais plus souvent elle aboutit à une destruction tissulaire.<br />

L'étendue de l'ischémie dépend de l'état des suppléances vasculaires, et en particulier du<br />

polygone de Willis. La zone d'ischémie est formée par une zone centrale de nécrose (mort<br />

cellulaire) et une autre zone autour, où il existe une hypoperfusion, mais où l'activité<br />

cellulaire est toujours respectée. Cette zone est appelée « zone de pénombre ». Elle a une<br />

grande importance en clinique, car elle correspond au tissu qui peut réagir à l'intervention<br />

thérapeutique.<br />

Deux mécanismes physiopathologiques de base sont à l'origine de l'ischémie cérébrale<br />

focale: un phénomène thromboembolique et plus rarement un phénomène<br />

hémodynamique.<br />

A- Phénomène thromboembolique<br />

<strong>Le</strong> processus embolique est le mécanisme le plus souvent impliqué dans la pathogénie de<br />

l'AIC. Ces embolies proviennent d'un thrombus, soit d'origine cardiaque, en rapport avec<br />

des troubles du rythme, soit d'origine artérielle à partir d'une plaque d'athérome.<br />

15


B- Phénomène hémodynamique<br />

Il s'agit d'une diminution de la perfusion cérébrale qui peut survenir soit dans le cadre:<br />

- d'une sténose serrée ou d'une occlusion artérielle entraînant une hypoperfusion focale.<br />

- ou d'une altération de la circulation systémique responsable d'une hypoperfusion globale<br />

(arrêt cardiaque par exemple)<br />

C - On différencie deux types d'AIC : AIC transitoire, AIC constitué<br />

V- SEMIOLOGIE CLINIQUE DE L’ACCIDENT ISCHEMIQUE TRANSITOIRE<br />

(AIT)<br />

L'AIT se définit comme une perte focale de la fonction cérébrale ou visuelle brusque<br />

durant moins de 24 heures et régressant sans séquelles. Il s'agit d'un marqueur de<br />

l'athérosclérose, et signe un haut risque vasculaire général (à la fois cardiaque et cérébral).<br />

Il s'agit d'un signal d'alarme, constituant le meilleur signe avant-coureur d'infarctus<br />

cérébral. Son dépistage est un temps essentiel de la consultation de neurologie, imposant la<br />

pratique d'un bilan étiologique poussé afin de mettre en œuvre le plus rapidement possible<br />

un traitement adapté.<br />

A- Sémiologie des AIT<br />

La sémiologie dépend de la localisation de l'accident au niveau du territoire carotidien ou<br />

vértebro-basilaire.<br />

1-AIT carotidiens<br />

-La cécité monoculaire transitoire: est caractérisée par la perte complète ou partielle de la<br />

vision d'un œil, décrite comme une sensation de voile ou de rideau qui s'abaisse. Il peut<br />

être parfois difficile d'exclure une hémianopsie latérale homonyme si le patient n'a pas<br />

pensé à masquer alternativement un œil puis l'autre.<br />

-L'hémiparésie: peut être d'intensité variable, allant d'une simple assymétrie faciale à un<br />

déficit moteur lourd hémicorporel.<br />

-<strong>Le</strong>s troubles sensitifs unilatéraux<br />

-<strong>Le</strong>s troubles du langage: en cas d'atteinte de l'hémisphère dominant, pouvant aller d'un<br />

simple manque du mot à une suspension totale du langage.<br />

2-AIT vertébro-basilaires<br />

<strong>Le</strong>s AIT vertébro-basilaires sont caractérisés par le polymorphisme de la sémiologie<br />

clinique et l'absence de spécificité de la plupart des symptômes. C'est pourquoi<br />

actuellement ne sont retenus comme AIT vertébro-basilaires que les manifestations<br />

suivantes:<br />

16


- <strong>Le</strong>s troubles moteurs d'un ou plusieurs membres, très évocateurs lorsqu'ils changent de<br />

côté d'un accès à l'autre, ils réalisent au maximum une tétraplégie.<br />

- <strong>Le</strong>s troubles sensitifs d'un ou plusieurs membres et/ou la face, aussi très évocateurs<br />

lorsqu'ils changent de côté.<br />

- <strong>Le</strong>s troubles visuels bilatéraux: flou visuel bilatéral, hémianopsie latérale homonyme ou<br />

cécité corticale.<br />

- L'ataxie et les troubles de l'équilibre.<br />

- La combinaison de ces différents symptômes entre eux.<br />

3-AIT lacunaires<br />

Il s'agit de syndromes lacunaires d'évolution transitoire (voir syndromes lacunaires plus<br />

loin).<br />

B- Diagnostic différentiel de l'AIT<br />

- L'épilepsie focale: les crises motrices et sensitives posent peu de problèmes<br />

diagnostiques. L’anamnèse et le contexte clinique ainsi que les données de L'EEG<br />

permettent de faire la différence.<br />

- L’aura migraineuse : l'extension progressive des phénomènes sensoriels dans le temps et<br />

dans l'espace dans l’aura migraineuse, se différencie de l’installation brutale des<br />

symptômes dans les AIT.<br />

- L'hypoglycémie : elle peut être la cause de symptômes focaux, notamment une<br />

hémiplégie. La présence d’une confusion et de sueurs doit attirer l’attention et le diagnostic<br />

peut facilement être posé par une glycémie au doigt.<br />

VI- <strong>LE</strong>S ACCIDENTS ISCHEMIQUES CEREBRAUX CONSTITUES<br />

Ils sont caractérisés par des déficits neurologiques permanents d’installation brutale. <strong>Le</strong>ur<br />

sémiologie dépend également du territoire vasculaire atteint.<br />

A- AIC du territoire carotidien<br />

1-<strong>Le</strong> syndrome optico-pyramidal<br />

Il est caractéristique d’une sténose de la carotide. Il associe une cécité unilatérale<br />

du même côté que l’atteinte carotidienne et une hémiplégie controlatérale.<br />

2-L'infarctus de l'artère cérébrale moyenne (ACM) ou sylvienne<br />

Il représente 70% des AIC carotidiens, il peut intéresser le tronc de l'ACM ou ses<br />

branches de division. Il se manifeste sur le plan clinique par :<br />

- Une hémiplégie totale ou à prédominance brachiale<br />

- une hémianesthésie.<br />

- une hémianopsie latérale homonyme<br />

- une déviation de la tête et des yeux vers la lésion.<br />

- une aphasie (si atteinte de l'hémisphère dominant)<br />

17


- des troubles du schéma corporel: hémiasomatognosie, anosognosie, négligence de<br />

l'hémi-espace gauche (si atteinte de l'hémisphère mineur)<br />

- des troubles de la vigilance en cas d'infarctus étendu.<br />

Il se caractérise par<br />

3-L'infarctus de l'artère cérébral antérieure (ACA)<br />

- une hémiplégie à prédominance crurale<br />

- des troubles sensitifs de même topographie<br />

- un syndrome frontal : grasping reflexe, troubles de l'humeur à type d'apathie, ou de<br />

moria<br />

- une incontinence urinaire.<br />

B- AIC du territoire vertébro-basilaire<br />

Ils sont caractérisés par une sémiologie très riche dépendant du siège de la lésion: au<br />

niveau du tronc cérébral, du cervelet ou du cortex temporo-occipital.<br />

1- <strong>Le</strong>s infarctus du tronc cérébral<br />

Ils réalisent les classiques syndromes alternes, dont nous n'allons décrire que les<br />

syndromes de Wallemberg et de Weber:<br />

- Syndrome de Wallenberg ou infarctus latéro-bulbaire : est caractérisé par un grand<br />

vertige rotatoire, une atteinte du IX, X et XI (avec troubles de la déglutition et de la parole)<br />

du côté de la lésion, et une hypoesthésie thermoalgique de l'hémicorps opposé à la lésion.<br />

- Syndrome de Weber: avec une paralysie du III du côté de la lésion, et un déficit<br />

sensitivo-moteur hémicorporel controlatéral.<br />

- «Locked in syndrome» ou syndrome de déafférentation : est du à un infarctus<br />

protubérantiel secondaire à une occlusion du tronc basilaire. Il se manifeste par une<br />

tétraplégie flasque, une diplégie facio-glosso-pharyngo-masticatrice et une paralysie<br />

bilatérale de l'horizontalité du regard. Seuls les mouvements de verticalité du regard sont<br />

possibles.<br />

2-<strong>Le</strong>s infarctus du cervelet<br />

Ils se manifestent par des vertiges, des nausées, des vomissements, et un syndrome<br />

cérébelleux. Ils sont généralement d'évolution favorable. <strong>Le</strong>s formes graves se manifestent<br />

par des signes de compression du tronc cérébral, avec troubles de la vigilance, un<br />

engagement amygdalien et une hydrocéphalie obstructive.<br />

3-<strong>Le</strong>s infarctus temporo-occipitaux<br />

Ils sont caractérisés par la prédominance des troubles visuels: hémianopsie latérale<br />

homonyme, et hallucinations visuelles; et des troubles neuropsychologiques à type d'alexie<br />

sans agraphie, une agnosie des objets et des couleurs. En cas d'atteinte bilatérale, le tableau<br />

associe une cécité corticale et un syndrome de Korsakoff.<br />

18


C- Infarctus lacunaires<br />

Il s'agit d'infarctus profonds de petite taille, en rapport avec l'atteinte des petites artères<br />

perforantes. Ils sont la conséquence d'une lipohyalinose due habituellement à<br />

l’hypertension artérielle.<br />

Ils réalisent sur le plan clinique des syndromes neurologiques bien définis caractéristiques<br />

de l’infarctus lacunaire:<br />

- une hémiplégie motrice pure (sans troubles sensitifs ni visuels ni du langage associés),<br />

- un déficit sensitif pur,<br />

- une hémiataxie-hémiparésie (avec du même côté un déficit moteur et un trouble du<br />

mouvement d'allure cérébelleux), ou<br />

- une dysarthrie-main malhabile (associant une dysarthrie à une maladresse d'un membre<br />

supérieur).<br />

VII- EXPLORATlONS PARA-CLINIQUES<br />

Elles sont de deux types: celles à visée diagnostique, qui permettent de confirmer l'AIC et<br />

de déterminer son territoire, et celles à visée étiologique.<br />

A- <strong>Le</strong> scanner cérébral<br />

Il représente l'examen clé devant toute suspicion d'un AIC. Il permet de confirmer le<br />

diagnostic d'infarctus cérébral, de préciser sa localisation, et d'éliminer les autres<br />

étiologies, en particulier les hémorragies cérébrales.<br />

Il doit être fait en urgence, sans injection de produit de contraste. Il peut être normal durant<br />

les 48 premières heures.<br />

L’aspect caractéristique est celui d’une hypodensité parenchymateuse dans un territoire<br />

artériel. Il peut montrer parfois des signes précoces d’ischémie tels qu’un effacement des<br />

sillons ou du noyau lenticulaire.<br />

B- L'imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM)<br />

Elle a une sensibilité supérieure au scanner, permettant de montrer des anomalies aux<br />

stades très précoces de l'AIC (dans la demi heure) ainsi que les infarctus lacunaires et<br />

lésions ischémiques du tronc cérébral et du cervelet.<br />

L'IRM de diffusion-perfusion constitue un grand progrès dans le diagnostic des AIC, c’est<br />

une analyse fonctionnelle qui permet d'identifier la zone de pénombre, et donc de mieux<br />

cerner les indications thérapeutiques, en particulier de la thrombolyse. L’angio-IRM<br />

permet l’étude des gros axes artériels du cou.<br />

C- Echographie et doppler des vaisseaux du cou, et doppler transcrânien<br />

Il s'agit d'examens non invasifs, qui permettent d'étudier la morphologie de la paroi<br />

artérielle et les vitesses circulatoires des vaisseaux. <strong>Le</strong> doppler trans-crânien permet l’étude<br />

des vaisseaux intracrâniens, et le retentissement d'une sténose vasculaire extra-crânienne.<br />

Elles représentent un outil précieux pour l'enquête étiologique des AIC, ce qui justifie leur<br />

indication en première intention dans la recherche de leur cause.<br />

19


D- Echographie trans-thoracique et trans-oesophagienne<br />

<strong>Le</strong> bilan cardiaque doit comporter tout d'abord, une radiographie pulmonaire et un<br />

électrocardiogramme, qui peuvent nous montrer, pour le premier, des anomalies de la<br />

silhouette cardiaque, et pour le deuxième l'existence de troubles du rythme.<br />

Bien que les examens cardiaques de routine permettent un diagnostic dans un grand<br />

nombre de cas, l'échographie est très souvent utilisée pour visualiser la source embolique.<br />

L'échographie trans-thoracique permet une bonne visualisation de la paroi ventriculaire.<br />

L'échographie trans-oesophagienne est un examen plus performant pour explorer<br />

l'oreillette et l'auricule gauches, le septum inter-auriculaire et l'aorte ascendante.<br />

E- Artériographie<br />

Elle n'est pas faite de façon systématique. Elle est surtout indiquée dans les AIC du sujet<br />

jeune, quand les autres explorations restent négatives et pour préciser le degré d’une<br />

sténose carotidienne en cas d’indication opératoire.<br />

F- Examens biologiques<br />

Ils sont fonction de l'orientation étiologique. Mais un bilan minimal est indispensable dans<br />

tous las cas: un ionogramme, une glycémie, un bilan lipidique comprenant le dosage du<br />

cholestérol total, des fractions LDL et HDL, et des triglycérides. Dans les AIC du sujet<br />

jeune (avant 45 ans), un bilan de thrombophilie, immunologique, des sérologies<br />

syphilitiques et VIH de même qu'une analyse du LCR seront pratiqués.<br />

VIII- CONDUITE DIAGNOSTIQUE<br />

A- Interrogatoire<br />

L'interrogatoire doit préciser: l'âge, le sexe, les facteurs de risque en particulier l'HTA, le<br />

diabète, le tabagisme, une cardiopathie connue, la prise de contraception orale…<br />

Il doit rechercher également des signes fonctionnels d'atteinte cardiaque: dyspnée d'effort,<br />

antécédents d'angor…<br />

L'analyse des symptômes neurologiques, en insistant sur leur mode d'installation (brutal en<br />

faveur d'un mécanisme embolique, progressif en faveur d'un mécanisme hémodynarnique)<br />

et sur l'existence de signes accompagnateurs: douleurs cervicales ou hémi-crâniennes,<br />

acouphènes…etc<br />

B- Examen clinique<br />

- L'examen neurologique permet d'apprécier l'état de conscience, de préciser l'importance<br />

et la distribution du déficit neurologique<br />

- L'examen cardio-vasculaire doit comporter en plus de l'auscultation cardiaque,<br />

l'auscultation des carotides à la recherche d'un souffle carotidien, et la palpation de tous les<br />

pouls périphériques.<br />

20


- L'examen général doit rechercher des signes généraux (oedèmes des membres<br />

inférieurs, turgescence des jugulaires, un livédo...) et les complications du décubitus, en<br />

particulier les thromboses veineuses des membres inférieurs et les escarres.<br />

C- Orientations étiologiques<br />

<strong>Le</strong>s orientations diagnostiques seront fonction de l'âge, du contexte clinique et des données<br />

paracliniques. <strong>Le</strong>s étiologies des AIC du sujet âgé sont dominées par l’athérosclérose et la<br />

fibrillation auriculaire. Chez les sujets de moins de 45 ans un bilan étiologique exhaustif<br />

est nécessaire.<br />

IX- ETIOLOGIES<br />

A- L'athérosclérose<br />

Première étiologie des AIC du sujet âgé, l'athérosclérose est une lésion focale de la paroi<br />

artérielle, qui consiste en un épaississement localisé de l'intima formant une plaque. <strong>Le</strong>s<br />

lésions athéromateuses siègent sur les artères de gros et de moyen calibre en des sites<br />

privilégiés que sont les bifurcations artérielles et les coudures (bulbe et siphon carotidien,<br />

origine et terminaison des artères vertébrales).<br />

Parmi les facteurs de risque associés aux AIC de nature athéromateuse, on retient<br />

essentiellement l'hypertension artérielle, le tabac, le diabète et les dyslépidémies.<br />

B- <strong>Le</strong>s causes cardiaques<br />

La fibrillation auriculaire et la deuxième cause d’AIC du sujet âgé après l’athérosclérose<br />

alors que les cardiopathies valvulaires représentent la première cause d'AIC du sujet jeune<br />

dans notre pays.<br />

<strong>Le</strong>s atteintes cardiaques sont classées en deux groupes:<br />

1. un groupe avec risque élevé d'embolies: on retrouve dans ce cadre la fibrillation<br />

auriculaire, le rétrécissement mitral, les prothèses valvulaires, l'infarctus du myocarde, et<br />

les endocardites infectieuses.<br />

2. un groupe avec risque faible ou mal connu: qui comprend le prolapsus de la valve<br />

mitral, le foramen ovale perméable, et l'anévrysme du septum inter-auriculaire.<br />

C- <strong>Le</strong>s dissections des artères cervicales<br />

Elles représentent la première étiologie des AIC du sujet jeune dans les pays occidentaux.<br />

L'artère carotide interne, et à moindre degré, l'artère vertébrale extra-crânienne sont le plus<br />

souvent concernées.<br />

Il s'agit d'un clivage de la paroi artérielle par un hématome, qui va entraîner<br />

progressivement un rétrécissement de la lumière artérielle pouvant aboutir à une occlusion.<br />

(Figure 3)<br />

Il faut distinguer les dissections post-traumatiques qui surviennent au décours immédiat<br />

d'un accident de la voie publique, où le rôle du traumatisme artériel est déterminant, et les<br />

21


dissections spontanées, qui surviennent à la suite d’un traumatisme mineur du rachis<br />

cervical qui passe souvent inaperçu.<br />

La présence de signes locaux ipsilatéraux à la dissection, tels que des cervicalgies, des<br />

céphalées, des acouphènes pulsatiles ou un signe de Claude Bernard Horner doivent attirer<br />

l’attention, car ils sont très évocateurs de ce diagnostic.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de certitude est basé sur l'échodoppler des vaisseaux du cou, et surtout sur<br />

l'imagerie par résonance magnétique nucléaire (en coupes cervicales axiales) qui permet de<br />

mettre en évidence directement l'hématome de la paroi artérielle.<br />

L’artériographie peut aider au diagnostic, mais montre des images non spécifiques.<br />

<strong>Le</strong> traitement fait appel aux anticoagulants.<br />

E- <strong>Le</strong>s angéites inflammatoires du SNC<br />

- L'artérite de Horton : affection du sujet âgé, qui peut se compliquer d'une ischémie du<br />

nerf optique avec cécité, et d'un AIC. Son diagnostic est basé sur la biopsie de l'artère<br />

temporale, et son traitement sur la corticothérapie.<br />

- La maladie de Takayashu : affection de la femme jeune, qui atteint les gros vaisseaux<br />

supra- aortiques.<br />

- <strong>Le</strong> lupus érythémateux disséminé et surtout le syndrome des anticorps antiphospholipides<br />

caractérisé par l'association, chez une femme jeune, d'avortements à<br />

répétition, d'AVC ischémiques et d'une thrombopénie.<br />

- L'angéite primitive du SNC est très rare<br />

F- <strong>Le</strong>s causes infectieuses<br />

Sont rares, dominées dans notre pays par l’artérite syphilitique. <strong>Le</strong>s autres étiologies sont<br />

représentées par la tuberculose, le VIH et les méningites bactériennes.<br />

G- <strong>Le</strong>s autres étiologies<br />

- Angéite post-radique<br />

- Dysplasie fibromusculaire<br />

- Hémopathies et troubles de l'hémostase (polyglobulie, drépanocytose, thrombocytémies,<br />

leucémies, homocystinurie)<br />

- Causes toxiques: héroïne++<br />

- Certaines affections familiales: CADASIL (Cerebral Autosomal Dominant Arteriopathy<br />

with Subcortical Infarcts and <strong>Le</strong>ucoencephalopathy) et MELAS (Myopathy,<br />

Encephalopathy, Lactic acidosis and Stroke epidodes).<br />

H- 25% des AIC reste sans cause déterminée malgré une recherche étiologique<br />

exaustive.<br />

22


X- PRISE EN CHARGE DES AIC<br />

On distingue deux étapes: la prise en charge à la phase aiguë, et la prise en charge à long<br />

terme ou prévention secondaire, <strong>Le</strong> meilleur traitement reste bien sûr le traitement<br />

préventif. C’est la prévention primaire basée sur le traitement des facteurs de risque<br />

vasculaire (HTA, diabète, tabagisme, hypercholestérolémie…)<br />

A- Prise en charge en phase aiguë<br />

1- <strong>Le</strong>s mesures générales<br />

Des complications générales surviennent chez environ la moitié des patients hospitalisés<br />

pour infarctus cérébral. Elles peuvent grever le pronostic vital et aggraver les lésions<br />

ischémiques, d'où la nécessité de leur traitement et leur prévention.<br />

- <strong>Le</strong> maintien des paramètres hémodynamiques pour assurer une perfusion cérébrale<br />

suffisante en particulier pour la zone de pénombre. Toute élévation de la pression artérielle<br />

(fréquente durant les premiers jours) doit être respectée (< 220/120 mm Hg), afin d'assurer<br />

un débit sanguin cérébral suffisant.<br />

- <strong>Le</strong> maintien d'une fonction respiratoire efficace et d'une oxygénation adéquate est<br />

indispensable. Il passe par la prévention et le traitement de l'encombrement bronchique et<br />

des troubles de la déglutition.<br />

- La lutte contre les infections et la fièvre: les complications infectieuses,<br />

principalement pulmonaires et urinaires, doivent être traitées rapidement. Toute fièvre doit<br />

faire l'objet d'une enquête étiologique et doit être traitée par des antipyrétiques, car elle<br />

pourrait aggraver les lésions ischémiques.<br />

- <strong>Le</strong> maintien d'un bon équilibre hydro-électrolytique. Lorsqu'une perfusion est<br />

nécessaire, il faut éviter les solutés glucosés, car ils peuvent avoir un effet délétère sur les<br />

lésions ischémiques, et perfuser plutôt par des solutés sodés isotoniques.<br />

- L'hyperglycémie est fréquente à la phase aiguë et constitue un facteur de pronostic<br />

défavorable. Il faut la contrôler par l'utilisation de l'insuline, mais avec une surveillance<br />

rigoureuse, afin d'éviter toute hypoglycémie, qui peut être aussi néfaste pour les lésions<br />

ischémiques.<br />

- La prévention des thromboses veineuses des membres: repose sur la mobilisation<br />

passive précoce et l'héparinothérapie à doses prophylactiques, dès qu'il existe un déficit<br />

moteur.<br />

- <strong>Le</strong> monitoring cardiaque: car des complications cardiaques peuvent survenir à la<br />

phase aiguë des AIC (infarctus du myocarde, arythmies ventriculaires et surtout supraventriculaires).<br />

- La kinésithérapie: ces mesures doivent être débutées précocement pour prévenir les<br />

complications du décubitus (encombrement trachéobronchique, thrombose veineuse,<br />

escarres, rétractions tendineuses...) et faciliter la récupération.<br />

- La prévention des hémorragies digestives: une prévention médicamenteuse des<br />

ulcères de stress peut être utilisée en cas d'accident sévère.<br />

Un des grands progrès réalisés dans le domaine des AVC est la création d'unités<br />

hospitalières spécialisées dans la prise en charge des AIC : «unités de soins intensifs<br />

vasculaires» ou «stroke units». L'amélioration du pronostic vital et fonctionnel des patients<br />

23


admis dans ces unités résulte probablement en grande partie d'une meilleure prise en<br />

charge des complications secondaires.<br />

2- Traitements antithrombotiques<br />

- Aspirine :à raison de 300mg/j. Son efficacité est modeste en phase aiguë. Son intérêt<br />

est par contre évident dans la prévention secondaire.<br />

- <strong>Le</strong>s anticoagulants: <strong>Le</strong> but de ce traitement est de faciliter la lyse du thrombus, et de<br />

limiter l'extension de la thrombose. Son risque essentiel est la possibilité de transformation<br />

hémorragique. L'efficacité de ce traitement reste cependant très controversée. Mais, il est<br />

admis actuellement que les anticoagulants n'ont aucune indication dans les AIC d'origine<br />

athéromateuse, sauf quelques cas particuliers:<br />

* AIT en salves ou répétitifs<br />

* AIC en évolution ou progressif<br />

*Sténose serrée ou occlusion récente de la carotide en attente d'une intervention<br />

chirurgicale.<br />

Par contre, ils restent indiqués dans les infarctus cardioemboliques, et dans les dissections<br />

carotidiennes.<br />

Mais leur utilisation à la phase aiguë de l’AIC doit tenir compte des contre-indications:<br />

*Existence de troubles de la vigilance<br />

*L'infarctus étendu<br />

*HTA sévère, et chez le sujet âgé.<br />

*<strong>Le</strong>s anticoagulants sont contre-indiqués en cas d'AIC lacunaires.<br />

- La thrombolyse : il s’agit d’un grand progrès dans le traitement des AIC, puisqu’il<br />

s’agit d’un traitement physiopathologique qui permet la lyse directe du thrombus.<br />

Plusieurs études ont démontré le bénéfice de l’urokinase, la streptokinase et surtout du<br />

rtPA (recombinant tissue plasminogen activator ) qui reste le produit le plus utilisé.<br />

Mais la thrombolyse nécessite des précautions particulières : elle ne peut être faite que<br />

dans des unités spécialisées, par des neurologues vasculaires, et ces indications restent<br />

limitées aux AIC très précoces (avant la troisième heure).<br />

<strong>Le</strong> risque essentiel de ce traitement est la transformation hémorragique.<br />

Des contre-indications doivent être respectées telles que l’existence d’un déficit sévère ou<br />

de troubles de la vigilance ; l’existence de signes précoces d’ischémie sur le scanner ;<br />

l’existence d’une hémorragie cérébrale ou méningée ; des ATCD d’un traumatisme<br />

crânien, d’une chirurgie majeure, d’une hémorragie digestive ou d’un infarctus du<br />

myocarde dans les semaines ou mois précédents ; ou d’une HTA> 185 de systolique et à<br />

110 de diastolique.<br />

3- Neuroprotection<br />

<strong>Le</strong>s progrès récents concernant la physiopathologie des désordres ischémiques cellulaires<br />

ont conduit à développer des molécules susceptibles de diminuer les conséquences<br />

cellulaires de l'ischémie (inhibiteurs des canaux calciques, piégeurs de radicaux libres,<br />

24


antioxydants...). Plusieurs molécules sont toujours en cours d'évaluation. Aucune n'a, à ce<br />

jour, fait la preuve de son efficacité.<br />

B- Traitement à long terme = prévention secondaire<br />

- <strong>Le</strong>s antiagrégants plaquettaires ont clairement fait la preuve de leur efficacité avec<br />

une diminution de l'incidence des AIC de 22% et des infarctus du myocarde de 30%.<br />

L'antiagrégant plaquettaire de choix est représenté par l'aspirine à raison de 250 à 300 mg/j.<br />

<strong>Le</strong>s autres sont:<br />

* Ticlopidine (Ticlid*), mais il peut donner une neutropénie sévère.<br />

* Clopidogrèle (Plavix*) est une molécule nouvelle, qui ressemble à la ticlopidine, mais<br />

qui donne moins de risque de neutropénie.<br />

Ces deux molécules doivent être réservées aux échecs et aux contre-indications de<br />

l'aspirine.<br />

- <strong>Le</strong> traitement chirurgical des sténoses carotidiennes: La technique la plus utilisée est<br />

l'endartériectomie, qui consiste à enlever la plaque d'athérome. Cette chirurgie ne peut<br />

s'envisager qu'en présence d'une équipe spécialisée et entraînée qui a un risque chirurgical<br />

faible. <strong>Le</strong> bénéfice de la chirurgie carotidienne n'a été démontré de façon évidente que pour<br />

les sténoses carotidiennes symptomatiques supérieures à 70%. Elle n'a aucune indication<br />

dans les sténoses asymptomatiques (sauf quelques cas particuliers)<br />

- La prévention secondaire des embolies d'origine cardiaque (fibrillation<br />

auriculaire, valvulopathie) repose sur le traitement anticoagulant au long cours<br />

(antivitamine K) avec surveillance de l’INR.<br />

C- Prévention primaire<br />

Elle est basée essentiellement sur:<br />

- la prise en charge des facteurs de risque vasculaire: le traitement de l'HTA, du diabète,<br />

des dyslipidémies et des cardiopathies emboligènes, et l'arrêt de l'intoxication tabagique.<br />

- L'utilisation de l'aspirine chez les sujets porteurs de plusieurs facteurs de risque<br />

vasculaire ou chez lesquels a été décrite une localisation athéromateuse asymptomatique<br />

telle qu'une sténose carotidienne.<br />

<strong>LE</strong>S OBJECTIFS<br />

- Préciser les principaux mécanismes physiopathologiques des accidents ischémiques<br />

cérébraux.<br />

- Citer les différents facteurs de risque des accidents ischémiques cérébraux.<br />

- Décrire les manifestations cliniques des AIC transitoires, et préciser leurs principaux<br />

diagnostics différentiels.<br />

- Décrire la clinique des AIC constitués des territoires carotidien et vértebro-basilaire.<br />

25


- Citer les différents examens complémentaires nécessaires au diagnostic positif et<br />

étiologique des AIC, et préciser leur apport.<br />

- Préciser les différentes étiologies des AIC.<br />

- Décrire les différentes étapes de la prise en charge des AIC : en phase aiguë, et à long<br />

terme.<br />

26


I- INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S EPI<strong>LE</strong>PSIES<br />

L’épilepsie, définie comme une maladie permanente avec tendance à la répétition des<br />

crises est une maladie:<br />

- pour laquelle les conséquences psychosociales peuvent être plus graves que les<br />

conséquences médicales<br />

- qui reste dans le vécu des patients quelque chose de honteux, dont on ne parle pas,<br />

qu’on ne veut pas nommer.<br />

- qui se heurte chez nous a des préjugés culturels à l’origine de pratiques fréquentes<br />

de maraboutage et de charlatanisme.<br />

Si beaucoup d’épilepsies sont bien contrôlées par le traitement et permettent une vie<br />

quasi normale aux patients, les épilepsies graves représentent au contraire un handicap<br />

majeur pour la vie familiale et socio-professionnelle.<br />

II- DEFINITIONS :<br />

<strong>Le</strong>s épilepsies sont des affections chroniques, d’étiologies diverses, caractérisées par la<br />

répétition de crises épileptiques.<br />

La crise épileptique est l’ensemble des manifestations cliniques de l’hyperactivité<br />

paroxystique d’un groupe de neurones cérébraux.<br />

La crise épileptique peut se manifester par:<br />

– Une modification abrupte de l’état de conscience<br />

– Des phénomènes moteurs et/ou sensitivo-sensoriels inappropriés<br />

– Une altération de la réponse de l’individu à son environnement<br />

La crise épileptique est un symptôme, alors que l’épilepsie est une maladie.<br />

Une crise épileptique unique et les crises accidentelles ne constituent donc pas une<br />

épilepsie maladie, pas plus que la répétition de crises épileptiques au cours d’une<br />

affection neurologique aiguë.<br />

III- EPIDEMIOLOGIE<br />

L’épilepsie est l’affection neurologique invalidante la plus fréquente.<br />

L’incidence dans la population générale est de 20 à 70 / 100.000 habitants par an.<br />

La prévalence est de 4 à 10 / 1000 habitants.<br />

<strong>Le</strong>s taux d’incidence sont plus élevés aux âges extrêmes de la vie (incidence ><br />

100/100.000 habitants).<br />

Environ 50 % des épilepsies débutent avant l’âge de 10 ans.<br />

On considère ainsi :<br />

- qu’une personne sur 20 fera une crise épileptique<br />

- et qu’une personne sur 200 aura une épilepsie maladie<br />

27


IV- PHYSIOPATHOLOGIE<br />

<strong>Le</strong> foyer épileptique est caractérisé par deux phénomènes :<br />

- des décharges anormales<br />

- et une synchronisation excessive de l’activité de groupes neuronaux<br />

Schématiquement, deux facteurs sont impliqués dans ces phénomènes :<br />

- des facteurs membranaires : il existe des modifications des propriétés membranaires<br />

intrinsèques des neurones, mettant en jeu les canaux ioniques voltage-dépendants<br />

- et des facteurs synaptiques : il y a des modifications des propriétés des réseaux<br />

neuronaux avec un excès d’acides aminés excitateurs (Glutamate), un défaut<br />

d’acides aminés inhibiteurs (GABA) et une réorganisation synaptique par<br />

bourgeonnement des branches axonales<br />

V– ETIOPATHOGENIE<br />

<strong>Le</strong>s causes des épilepsies sont très variées et résultent de la conjonction de facteurs<br />

génétiques et de facteurs acquis.<br />

Sur une base étiopathogénique on distingue :<br />

- les épilepsies idiopathiques dont le facteur étiologique essentiel est représenté<br />

par une prédisposition génétique réelle ou présumée<br />

- les épilepsies symptomatiques qui résultent d’une affection définie (lésion<br />

structurelle, maladie métabolique, etc…)<br />

- les épilepsies probablement symptomatiques (appelées auparavant<br />

cryptogéniques) dont l’étiologie n’est pas clairement démontrée<br />

A – Facteurs génétiques<br />

La prédisposition génétique à faire des crises est représentée par la diminution<br />

constitutionnelle du seuil épileptogène. C’est une caractéristique familiale dont le mode<br />

de transmission est variable.<br />

<strong>Le</strong>s facteurs génétiques interviennent dans environ 40 % des épilepsies et cette<br />

intervention peut se faire selon diverses modalités.<br />

On distingue plusieurs groupes d’épilepsies génétiques :<br />

- les épilepsies associées à des syndromes cliniques avec anomalies<br />

chromosomiques (syndrome du chromosome 20 en anneau)<br />

- les épilepsies entrant dans le cadre de maladies dont l’anomalie génétique est<br />

connue (épilepsies myocloniques juvéniles, phacomatoses, …)<br />

- et les épilepsies idiopathiques variées d’hérédité polygénique<br />

B – Facteurs acquis<br />

Toute agression cérébrale peut contribuer au développement d’une épilepsie. Elle peut<br />

être directe, micro ou macroscopique, ou indirecte par l’intermédiaire d’un trouble<br />

systémique.<br />

1 – Facteurs périnataux<br />

Ils sont très variés : accidents vasculaires cérébraux, infections du système nerveux<br />

central, intoxications médicamenteuses materno-fœtales, encéphalopathies ischémiques<br />

28


et hypoxiques (souffrances néonatales), contusions cérébrales, troubles métaboliques,<br />

etc…<br />

2 – Anomalies du développement cortical<br />

Elles constituent une cause importante d’épilepsie pharmacorésistante. Plusieurs formes<br />

anatomiques sont décrites: hétérotopies, agyrie, pachygyrie, polymicrogyrie,<br />

lissencéphalie, dysplasie corticale focale, etc…<br />

3 – Lésions cicatricielles<br />

Elles sont dominées par la sclérose hippocampique (SH), substratum neuropathologique<br />

essentiel du syndrome de la face mésiale temporale, dont l’épilepsie est<br />

pharmacorésistante.<br />

La SH traduit une déperdition neuronale avec gliose des structures hippocampiques.<br />

Elle se voit fréquemment chez les sujets qui ont eu des convulsions fébriles au cours de<br />

la petite enfance. La SH peut désormais être directement objectivée par l’IRM cérébrale.<br />

4 – Maladies infectieuses<br />

Une épilepsie peut être secondaire à une ménigoencéphalite infectieuse (tuberculose,<br />

syphilis) ou à un abcès cérébral…etc<br />

Certaines infections avec convulsions dans l’enfance peuvent déterminer des lésions<br />

spécifiques, telles qu’une sclérose hippocampique ou un syndrome hémiconvulsionhémiplégie-épilepsie<br />

(HHE). <strong>Le</strong> syndrome HHE comporte la survenue d’une<br />

hémiplégie compliquée d’une épilepsie séquellaire, faisant suite à un état de mal<br />

convulsif unilatéral fébrile.<br />

5 – Tumeurs cérébrales<br />

Rares chez l’enfant et l’adolescent, les épilepsies tumorales rendent compte de 10 à<br />

15% des épilepsies de l’adulte. Des crises épileptiques émaillent l’évolution des<br />

tumeurs cérébrales supratentorielles dans 20 à 70 % des cas.<br />

6 – Traumatismes crâniens (TC)<br />

<strong>Le</strong> critère essentiel qui détermine l’apparition d’une épilepsie après un traumatisme<br />

crânien est représenté par la sévérité du traumatisme causal, l’existence d’un coma de<br />

plusieurs jours, de lésions parenchymateuses et d’embarrures .<br />

L’épilepsie post-traumatique est rare, puisque deux tiers des patients qui ont une plaie<br />

crânio-cérébrale ne deviendront pas épileptiques.<br />

Dans environ 70 % des cas, l’épilepsie s’installe moins de deux ans après le<br />

traumatisme crânien.<br />

7 – Maladies cérébro-vasculaires<br />

<strong>Le</strong>s cicatrices corticales séquellaires des accidents vasculaires cérébraux constituent une<br />

des étiologies les plus fréquentes des épilepsies du sujet âgé.<br />

Par ailleurs, une malformation vasculaire cérébrale peut être révélée par des crises<br />

épileptiques.<br />

29


VI – <strong>LE</strong>S CRISES EPI<strong>LE</strong>PTIQUES<br />

A– Classification<br />

En fonction de la topographie et du type de neurones participant à la décharge, de<br />

multiples formes de crises épileptiques sont décrites : partielles ou généralisées,<br />

certaines crises restent néanmoins inclassables.<br />

La classification internationale des crises épileptiques (1981) distingue, sur la<br />

concordance des critères cliniques et EEG, trois groupes principaux : les crises<br />

généralisées, les crises partielles et les crises inclassables (voir cours de sémiologie).<br />

1 –<strong>Le</strong>s crises généralisées<br />

La décharge paroxystique est d’emblée propagée au cortex des 2 hémisphères. On<br />

distingue selon la sémiologie critique:<br />

- les crises tonico-cloniques (crises grand mal)<br />

- les absences (typiques et atypiques)<br />

- les crises myocloniques<br />

- les crises cloniques<br />

- les crises toniques<br />

- les crises atoniques<br />

2 – <strong>Le</strong>s crises partielles<br />

La décharge paroxystique intéresse initialement un secteur limité des structures<br />

corticales appelé zone épileptogène. On distingue selon la sémiologie critique :<br />

- les crises partielles simples (conscience intacte)<br />

- avec signes moteurs<br />

- avec signes somatosensitifs ou sensoriels<br />

- avec signes végétatifs<br />

- avec signes psychiques<br />

- les crises partielles complexes (altération de la conscience)<br />

- les crises partielles secondairement généralisées<br />

<strong>Le</strong>s crises partielles sont plus fréquentes que les crises généralisées, elles se rencontrent<br />

dans 60% des cas lors des études d’incidence et de prévalence.<br />

3 – <strong>Le</strong>s crises non classées (crises au cours du sommeil et crises du nouveauné)<br />

B– Diagnostic positif<br />

1- Circonstances du diagnostic<br />

- Trois situations pratiques très différentes orientent la démarche clinique :<br />

la crise survient chez un épileptique connu<br />

la crise est contemporaine d’une agression cérébrale aiguë (infection, TC, AVC,<br />

hémorragie,…)<br />

une première crise<br />

30


- La stratégie de réalisation des examens complémentaires et les incidences<br />

thérapeutiques sont particulières à chacune des 3 situations<br />

2- Bilan clinique<br />

Il repose sur :<br />

- L’interrogatoire rétrospectif du patient et des témoins, qui doit préciser les<br />

circonstances exactes de survenue, le caractère brutal du début, les premiers symptômes<br />

et la description détaillée du déroulement de la crise.<br />

- La recherche de facteurs étiologiques :<br />

Génétiques : antécédents familiaux de crises<br />

Antécédent de lésion cérébrale acquise : TC grave, méningo-encéphalite,<br />

antécédents obstétricaux,…<br />

- Circonstances déclenchantes : toxiques, fièvre, dette de sommeil…<br />

- L’examen neurologique apprécie l’existence d’une confusion, d’un déficit postcritique<br />

régressif (paralysie de Todd) moteur, sensitif ou sensoriel (intérêt localisateur)<br />

- EEG : anomalies critiques ou inter-critiques généralisées ou partielles<br />

C– Diagnostic différentiel<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de crise épileptique est souvent porté par excès, et d’autres perturbations<br />

paroxystiques du fonctionnement cérébral doivent être systématiquement évoquées,<br />

dominées par les causes hémodynamiques et comportementales :<br />

- lipothymies et syncopes<br />

- troubles comportementaux : crises pseudo-épileptiques (hystériques), attaque de<br />

panique, simulation.<br />

- hypoglycémie<br />

- accidents ischémiques transitoires<br />

- ictus amnésiques<br />

- migraine avec aura<br />

- parasomnies<br />

- mouvements anormaux<br />

VII – EXAMENS PARACLINIQUES<br />

Diverses explorations sont nécessaires dans le bilan étiologique d’une épilepsie.<br />

A – L’électroencéphalogramme (EEG)<br />

L’EEG ou enregistrement des potentiels cérébraux recueillis sur le scalp, demeure un<br />

examen irremplaçable dans l’exploration des épilepsies.<br />

Différentes modalités peuvent être pratiquées en fonction des indications :<br />

- EEG de veille et de sommeil<br />

- Enregistrement ambulatoire de l’EEG pendant 24 à 48 heures<br />

- Polygraphie avec enregistrement d’autres paramètres : musculaires, oculaires,<br />

cardio-respiratoires<br />

- Enregistrement vidéo couplé à l’enregistrement EEG (vidéo-EEG)<br />

L’enregistrement vidéo-EEG permet de documenter au mieux les crises épileptiques.<br />

<strong>Le</strong>s manifestations critiques sont précisément corrélées aux événements EEG critiques.<br />

31


Il est surtout utilisé dans le bilan préchirurgical des épilepsies pharmaco-résistantes et<br />

pour le diagnostic des crises morphéiques (au cours du sommeil).<br />

L’EEG permet de mettre en évidence des anomalies paroxystiques critiques ou<br />

intercritiques, généralisées ou partielles à type de pointe, polypointe, pointe–onde rapide<br />

à 3 Hz, pointe-onde lente à 2 Hz, polypointes-onde, pointe lente (figure 1)<br />

NB : bien que les données EEG soient d’importance capitale dans le diagnostic des<br />

crises épileptiques, en aucun cas le diagnostic ne sera porté sur les seules données<br />

neurophysiologiques (EEG) : il n’y a pas d’épilepsie sans crise clinique.<br />

B– <strong>Le</strong>s explorations morphologiques :<br />

1– Tomodensitométrie (TDM) encéphalique<br />

Chez les patients épileptiques, la TDM est normale ou montre :<br />

- une atrophie cérébrale focale ou une porencéphalie dans 4 à 6 % des cas<br />

- une tumeur ou un infarctus cérébral dans moins de 5 % des cas<br />

- une malformation vasculaire dans moins de 2 % des cas<br />

Mais la TDM n’est pas sensible pour l’exploration des fosses temporales, des petites<br />

lésions atrophiques ou dysplasiques et méconnaît certaines malformations artérioveineuses<br />

(cavernomes). C’est pourquoi il est préférable de réaliser d’emblée une IRM<br />

encéphalique.<br />

2 – Imagerie par résonance magnétique (IRM) encéphalique<br />

Initialement réservée à l’exploration préchirurgicale des épilepsies, elle a vu ses<br />

indications s’étendre à l’exploration de l’ensemble des syndromes épileptiques non<br />

idiopathiques. Sa sensibilité avoisine 95 % dans des conditions optimisées d’examen.<br />

C– <strong>Le</strong>s explorations isotopiques<br />

Elles sont utiles dans le bilan préchirurgical des épilepsies partielles. Elles permettent de<br />

mesurer les modifications de l’activité métabolique cérébrale locale pendant les<br />

périodes critiques et intercritiques, aidant ainsi à la délimitation du foyer épileptogène.<br />

1 – Tomographie à émission de positons (TEP)<br />

2 – Tomographie à émission monophotonique (SPECT des anglosaxons<br />

: single photon emission computerized tomography)<br />

VIII- CLASSIFICATION DES EPI<strong>LE</strong>PSIES :<br />

Elle est basée sur 2 axes : la sémiologie des crises (épilepsies partielles, épilepsies<br />

généralisées) et l’étiologie de l’épilepsie (épilepsies idiopathiques, épilepsies<br />

symptomatiques, épilepsies cryptogéniques ou probablement symptomatiques)<br />

32


On distingue ainsi :<br />

<strong>Le</strong>s épilepsies et syndromes épileptiques partiels :<br />

- Idiopathiques (âge-dépendants)<br />

- Cryptogéniques<br />

- Symptomatiques<br />

<strong>Le</strong>s épilepsies et syndromes épileptiques généralisés<br />

- Idiopathiques (âge-dépendants)<br />

- Cryptogéniques<br />

- Symptomatiques<br />

A coté de ces deux grands cadres d’épilepsies, il existe :<br />

- des épilepsies et syndromes épileptiques dont le caractère focal ou généralisé n’est pas<br />

déterminé (crises néonatales, épilepsie myoclonique sévère de l’enfant, épilepsie avec<br />

état de mal pendant le sommeil) ;<br />

- des syndromes spéciaux : convulsions fébriles, crises et états de mal isolés.<br />

La démarche diagnostique est ainsi centrée sur la définition du syndrome épileptique<br />

précis qui oriente le choix du traitement et les considérations pronostiques.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic repose sur l’analyse critique:<br />

– Du caractère partiel ou généralisé des crises<br />

– Des données de l’examen clinique et neuropsychologique<br />

– De l’EEG<br />

– Des antécédents personnels et familiaux<br />

– Des examens neuroradiologiques<br />

IX- <strong>LE</strong>S ÉPI<strong>LE</strong>PSIES GÉNÉRALISÉES<br />

Seules les épilepsies généralisées les plus fréquentes seront traitées.<br />

A– Epilepsies généralisées idiopathiques<br />

1– Caractères généraux<br />

- <strong>Le</strong> développement intellectuel et l’examen neurologique sont normaux<br />

- <strong>Le</strong>s crises sont généralisées sur le plan clinique et électrique<br />

- <strong>Le</strong> début des crises se fait à un âge précis<br />

- <strong>Le</strong> pronostic est généralement favorable<br />

2– Epilepsie absence de l’enfant<br />

- Elle débute entre l’âge de 2 et 10 ans.<br />

- Il existe une forte prédisposition génétique.<br />

- Absences typiques, pluriquotidiennes, favorisées par l’hyperpnée : suspension brève<br />

de la conscience pendant 10 à 20 secondes accompagnée d’une fixité du regard et<br />

d’un arrêt de l’activité en cours (« enfant dans la lune »). L’enfant reprend<br />

immédiatement après son activité initiale.<br />

33


- L’EEG montre des décharges de pointes-ondes à 3Hz, généralisées, bilatérales et<br />

synchrones caractéristiques (figure 2).<br />

- <strong>Le</strong>s crises sont contrôlées par le valproate de sodium (Dépakine*) ou l’éthosuximide<br />

(Zarontin*) dans 80 % des cas<br />

- Des crises généralisées tonico-cloniques peuvent apparaître à l’adolescence dans<br />

40% des cas<br />

3 – Epilepsie myoclonique juvénile (maladie de Janz)<br />

- <strong>Le</strong>s crises débutent entre 12 et18 ans<br />

- Il s’agit principalement de myoclonies en salves (secousses musculaires brèves et<br />

intenses des membres supérieurs responsables de lâchage d’objets), survenant le<br />

matin au réveil, associées à des crises généralisées tonico-cloniques, parfois à des<br />

absences<br />

- Plusieurs formes génétiques sont actuellement identifiées (Chromosome 6 …etc)<br />

- La Dépakine* est habituellement efficace, par contre la carbamazépine (Tégrétol*)<br />

aggrave souvent les crises.<br />

- C’est une épilepsie pharmaco-dépendante nécessitant un traitement au long cours<br />

car il y a un risque de rechutes à l’arrêt du traitement.<br />

4– Epilepsie avec crises généralisées tonico-cloniques du réveil<br />

Elle débute après l’âge de 10 ans. <strong>Le</strong>s crises généralisées tonico-cloniques surviennent<br />

électivement au réveil ou à la fin de la journée et sont favorisées par la dette de sommeil<br />

et la fatigue. Parfois des absences ou des myoclonies peuvent être associées.<br />

B– Epilepsies généralisées cryptogéniques<br />

Elles sont représentées essentiellement par deux encéphalopathies épileptogènes<br />

infantiles.<br />

1– <strong>Le</strong> syndrome de West<br />

Il débute entre 4 et 7 mois et s’individualise par une triade caractéristique :<br />

- spasmes surtout en flexion, survenant en salves<br />

- arrêt du développement psychomoteur<br />

- hypsarythmie à l’EEG (ondes lentes et pointes-ondes lentes de grande amplitude<br />

distribuées de façon continue sur l’ensemble du scalp) (figure 3)<br />

<strong>Le</strong> pronostic dépend de l’étiologie et de la réponse au traitement (vigabatrin (Sabril*) et<br />

ACTH) et peut évoluer vers un syndrome de <strong>Le</strong>nnox-Gastaut.<br />

2– <strong>Le</strong> syndrome de <strong>Le</strong>nnox-Gastaut<br />

Il débute entre 1 et 8 ans et se caractérise par :<br />

- des crises très variées : toniques, atoniques, absences atypiques et états de mal<br />

fréquents.<br />

- un arrêt du développement psychomoteur<br />

- L’existence à l’EEG de pointes ondes lentes bilatérales avec décharges de rythmes<br />

rapides à 10 Hz au cours du sommeil.<br />

- Pronostic réservé : encéphalopathie et épilepsie sévères<br />

34


C– Epilepsies généralisées symptomatiques<br />

1– D’étiologie non spécifique (rares et de mauvais pronostic)<br />

2– D’étiologie spécifique<br />

Ce sont des affections neurologiques dont le symptôme initial ou dominant est<br />

représenté par des crises épileptiques :<br />

- épilepsies myocloniques progressives (maladie de Lafora, maladie d’Unverricht-<br />

Lundborg,…) ; elles sont caractérisées cliniquement par des myoclonies, des crises<br />

tonico-cloniques, une détérioration intellectuelle progressive et des signes<br />

neurologiques cérébelleux et extrapyramidaux.<br />

- phacomatoses (sclérose tubéreuse de Bourneville, angiomatose encéphalotrigéminée)<br />

X– <strong>LE</strong>S EPI<strong>LE</strong>PSIES PARTIEL<strong>LE</strong>S<br />

A– Epilepsies partielles idiopathiques<br />

1– Caractères généraux<br />

- <strong>Le</strong> développement psycho-moteur et l’examen neurologique sont normaux<br />

- Il y a une évolution spontanée vers la rémission<br />

- l’EEG montre une activité de fond normale avec des paroxysmes focalisés<br />

2– Epilepsie partielle bénigne à paroxysmes centro-temporaux (épilepsie à<br />

paroxysmes rolandiques ou EPR)<br />

Elle débute entre 3 et 13 ans. <strong>Le</strong>s crises sont faciales et oropharyngées, survenant<br />

principalement au cours du sommeil où elles peuvent se généraliser. L’EEG montre des<br />

pointes biphasiques ou pointes-ondes de localisation centro-temporale<br />

La prédisposition génétique est importante. La guérison est quasi-constante à l’âge de<br />

16 ans<br />

3 – Epilepsie partielle bénigne de l’enfant à paroxysmes occipitaux<br />

Elle est moins fréquente et moins bénigne que l’EPR. <strong>Le</strong>s crises débutent par des signes<br />

visuels qui peuvent se compléter par des clonies de l’hémicorps ou des automatismes ou<br />

des céphalées d’allure migraineuse. L’EEG intercritique est normal ou montre des<br />

pointes-ondes rythmiques occipitales.<br />

4- <strong>Le</strong>s épilepsies frontales autosomiques dominantes<br />

<strong>Le</strong>s crises ont une sémiologie essentiellement motrice survenant au cours du sommeil.<br />

<strong>Le</strong>s anomalies électriques sont mises en évidence sur les enregistrements EEG du<br />

sommeil. C’est une épilepsie très sensible à la carbamazépine (Tegretol*). <strong>Le</strong>s crises<br />

posent un problème de diagnostic différentiel avec les parasomnies.<br />

35


B– Epilepsies partielles symptomatiques<br />

1 – Epilepsie partielle continue ou syndrome de Kojewnikow (SK)<br />

Elle est caractérisée par des clonies itératives d’un hémicorps ou brachio-faciales et est :<br />

- Soit secondaire à une lésion du cortex rolandique moteur (vasculaire, tumorale,<br />

infectieuse…),<br />

- Soit en rapport avec une encéphalite de Rasmussen : c’est une encéphalite chronique<br />

auto-immune rebelle au traitement médical. L’hémisphérectomie fonctionnelle<br />

stoppe la progression de la maladie au prix de séquelles neurologiques.<br />

2 – Epilepsies lobaires<br />

Selon la localisation anatomique du foyer épileptogène, on distingue :<br />

- <strong>Le</strong>s épilepsies partielles du <strong>lobe</strong> temporal (les plus fréquentes) :<br />

<strong>Le</strong>s crises sont soit partielles élémentaires (signes végétatifs et/ou psychiques et/ou<br />

sensoriels), soit partielles complexes (pseudo-absence : réaction d’arrêt moteur,<br />

fixité du regard, automatismes oro-alimentaires suivis d’une amnésie de la crise). La<br />

durée des crises est supérieure à 1 minute et il existe souvent une confusion postcritique.<br />

Parmi les étiologies des épilepsies du <strong>lobe</strong> temporal, le syndrome d’épilepsie mésiotemporale<br />

en rapport avec une sclérose hippocampique est à l’origine de la plupart<br />

des épilepsies partielles réfractaires au traitement médical. Ce syndrome est<br />

étroitement associé à l’existence de crises fébriles ou à d’autres agressions pendant<br />

la petite enfance. Son diagnostic a été rendu possible grâce à l’IRM cérébrale et le<br />

traitement est souvent chirurgical.<br />

- <strong>Le</strong>s épilepsies partielles du <strong>lobe</strong> frontal<br />

<strong>Le</strong>s crises sont partielles élémentaires ou complexes avec manifestations motrices<br />

prédominantes, souvent pluriquotidiennes. <strong>Le</strong>s crises partielles complexes sont<br />

brèves, sans confusion post-critique. La généralisation secondaire est rapide et<br />

fréquente.<br />

- <strong>Le</strong>s épilepsies partielles du <strong>lobe</strong> pariétal<br />

<strong>Le</strong>s crises partielles élémentaires sont à type de paresthésies, engourdissements,<br />

rarement à type de douleurs controlatérales brachiofaciales . Des troubles du<br />

langage se voient en cas de décharges de l’hémisphère majeur, celles de<br />

l’hémisphère mineur entrainent une asomatognosie avec hallucinations visuelles.<br />

- les épilepsies partielles du <strong>lobe</strong> occipital<br />

<strong>Le</strong>s crises partielles simples sont marquées par des signes visuels négatifs ou<br />

positifs.<br />

Des signes moteurs à type de déviation tonique des yeux et de la tête, myoclonies<br />

palpébrales et occlusion forcée des yeux peuvent se voir.<br />

36


XI- <strong>LE</strong>S EPI<strong>LE</strong>PSIES DONT L’ORIGINE FOCA<strong>LE</strong> OU GENERALISEE NE<br />

PEUT ETRE AFFIRMEE :<br />

A- Epilepsie myoclonique sévère de la première enfance :<br />

<strong>Le</strong>s crises sont variables : généralisées, partielles, unilatérales.<br />

<strong>Le</strong>s paroxysmes EEG sont focaux et généralisées avec photosensibilité.<br />

<strong>Le</strong> traitement est difficile, le pronostic est mauvais.<br />

B- Epilepsie avec pointes-ondes continues pendant le sommeil lent ( POCS )<br />

<strong>Le</strong>s crises sont rares et le diagnostic est souvent posé à l’occasion de difficultés<br />

scolaires.<br />

C- Epilepsie aphasie acquise de l’enfant (syndrome de Landau-Kleffner)<br />

Aphasie acquise associée à des crises variables avec troubles du comportement et de la<br />

psychomotricité.<br />

EEG : pointes et pointes-ondes plurifocaux.<br />

XII- <strong>LE</strong>S <strong>SYNDROME</strong>S SPECIAUX<br />

Ils sont dominés par les convulsions fébriles de l’enfant :<br />

C’est une entité clinique autonome marquée par l’apparition exclusive des phénomènes<br />

épileptiques à l’occasion d’un accès hyperthermique entre l’âge de 6 mois et 5 ans.<br />

<strong>Le</strong> risque à long terme est le développement d’un foyer épileptique, particulièrement si<br />

les convulsions ont été prolongées (> 10 mn), ont eu un caractère focal et un début avant<br />

1 an ou après 5 ans. <strong>Le</strong> diagnostic se pose avec une méningite et une encéphalite,<br />

nécessitant le recours à la ponction lombaire au moindre doute. L’administration orale<br />

de Valium en cas de fièvre n’a qu’une valeur préventive modérée.<br />

XIII– TRAITEMENTS<br />

A– Buts du traitement<br />

- Contrôler les crises avec le moins d’effets indésirables<br />

- <strong>Le</strong> traitement symptomatique de la maladie épileptique ne peut être abordé qu’une<br />

fois réalisé le traitement étiologique éventuel<br />

- <strong>Le</strong> choix du traitement repose sur :<br />

- le diagnostic précis du type de crises et si possible du syndrome épileptique<br />

- une bonne connaissance de la pharmacologie des médicaments antiépileptiques<br />

- la prise en considération du contexte social et psychologique du patient<br />

épileptique<br />

37


B– Moyens<br />

1– Traitement médical<br />

a– <strong>Le</strong>s antiépileptiques majeurs<br />

Quatre molécules classiques sont considérées comme des antiépileptiques majeurs, du<br />

fait de leur large spectre d’activité et de leur large diffusion :<br />

- <strong>Le</strong> valproate de sodium (Dépakine*)<br />

Indications : Traitement de référence en première ligne de l’épilepsie généralisée<br />

A prescrire en première intention, en particulier pour les absences<br />

Aucune épilepsie n’est aggravée par la Dépakine*.<br />

Posologie : 20 à 40 mg/kg chez l’adulte, 30 à 40 mg/kg chez l’enfant, 1 à 3 prises<br />

par jour.<br />

Effets secondaires : prise de poids, tremblements, aggravation d’un tremblement<br />

essentiel, chutes de cheveux, toxicité hépatique ou hématologique.<br />

- La Carbamazépine (Tégrétol*)<br />

Indications: Traitement de référence des crises partielles ou secondairement<br />

généralisées<br />

Posologie: 10 à 15 mg/kg chez l’adulte, 15 à 20 mg/kg chez l’enfant, 2 à 3 prises par<br />

jour. Effets secondaires : toxicité hématologique, états de somnolence, ébriété au<br />

début du traitement ou si surdosage, effet inducteur enzymatique.<br />

Elle peut aggraver certaines formes d’épilepsie généralisée: absences petit mal,<br />

épilepsies myocloniques.<br />

- <strong>Le</strong> Phénobarbital (Gardenal*)<br />

Il est actif sur toutes les crises à l’exception des absences. Sa demi-vie est très<br />

longue.<br />

Effets secondaires : sédation chez l’adulte, excitation chez l’enfant, algodystrophie,<br />

induction enzymatique<br />

Posologie : 2 à 3 mg/kg/j chez l’adulte, 3 à 4 mg/kg/j chez l’enfant.<br />

- La Phénytoïne (Di-Hydan*)<br />

Elle est active sur toutes les crises à l’exception des absences.<br />

Inconvénients: pharmacocinétique non linéaire, marge thérapeutique étroite, effets<br />

cosmétologiques, effet inducteur enzymatique, effets délétères sur le cervelet et la<br />

cognition.<br />

Posologie: 3 à 5 mg/kg/j chez l’adulte, 5 à 8 mg/kg/j chez l’enfant.<br />

b – <strong>Le</strong>s nouveaux médicaments antiépileptiques<br />

Utilisés souvent en association avec un autre médicament et sont dans l’ensemble<br />

mieux tolérés que les anciens médicaments mais ils coûtent très chers.<br />

- Lamotrigine (Lamictal*)<br />

Indications : crise partielle ou généralisée chez l’adulte et l’enfant de plus de 2 ans<br />

soit en monothérapie ou en association.<br />

Posologie:100 à 200 mg/jour en une ou deux prises à atteindre de façon très<br />

progressive.<br />

38


Effets indésirables : allergie cutanée ; syndrome de Lyell ou de Stevens Johnson,<br />

rares mais graves, qui semblent diminués par une posologie très lentement<br />

progressive ; ataxie, sensations vertigineuses, tremblements, nausées<br />

- Oxcarbazépine (Trileptal*)<br />

Il a moins d’interactions médicamenteuses que la carbamazépine mais expose à un<br />

risque d’hyponatrémie qui justifie une surveillance biologique<br />

- Vigabatrin (Sabril*)<br />

A cause du risque d’altération du champ visuel, il est utilisé presque exclusivement<br />

dans le traitement du syndrome de West.<br />

- Gabapentine (Neurontin*)<br />

Pas d’effet inducteur enzymatique<br />

Traitement de l’épilepsie partielle chez la femme sous contraception orale ou chez<br />

un patient sous antivitamine K. Il est utile chez le sujet âgé polymédiqué (absence<br />

d’interactions médicamenteuses).<br />

- Autres :<br />

- Topiramate (Epitomax*)<br />

- Fosphénytoïne (Prodilantin*)<br />

- <strong>Le</strong>vetiracetam (Keppra*)<br />

- D’autres sont en cours de développement<br />

c – <strong>Le</strong>s benzodiazépines<br />

En raison de limitations pharmacologiques à leur utilisation chronique, elles ont des<br />

indications plus restreintes :<br />

- Diazépam (Valium*)<br />

- Clonazépam (Rivotril*, Klonopin*)<br />

- Clobazam (Urbanyl*)<br />

d – Antiépileptiques ayant un spectre d’activité plus étroit :<br />

- Primidone (Mysoline*)<br />

- Ethosuximide (Zarontin*) : traitement des absences<br />

e – Autres médicaments d’appoint (non antiépileptiques)<br />

- les corticoïdes : utilisés dans certaines encéphalopathies épileptogènes (le syndrome<br />

de West)<br />

- les gamma-globulines humaines : utilisées dans certaines encéphalopathies<br />

épileptogènes (le syndrome de Rasmussen)<br />

- l’acétazolamide (Diamox*) : utilisé dans les épilepsies rebelles, et dans les<br />

épilepsies cataméniales<br />

2 – Traitement chirurgical<br />

<strong>Le</strong> traitement médical permet le contrôle de 70 à 80 % des épilepsies.<br />

La chirurgie de l’épilepsie s’adresse à des patients porteurs :<br />

- d’une épilepsie partielle pharmacorésistante avec une zone épileptogène de<br />

localisation anatomique abordable (résection corticale limitée)<br />

39


- d’une épilepsie généralisée grave, rebelle au traitement (callosotomie pour limiter<br />

l’extension des crises)<br />

3 – Thérapeutiques non médicamenteuses<br />

a – Diète cétogène<br />

Elle consiste en un régime alimentaire strict et contraignant, apportant une grande<br />

quantité de matières grasses et une faible quantité d’hydrates de carbone, de protéines et<br />

d’eau. Il en résulte une cétose qui exercerait un effet antiépileptique dont le mécanisme<br />

reste inconnu.<br />

<strong>Le</strong>s enfants présentant une épilepsie généralisée symptomatique ou cryptogénique<br />

constitueraient l’indication de choix de la diète cétogène.<br />

.<br />

b – Stimulation vagale chronique intermittente<br />

Elle consiste en la stimulation électrique du vague gauche au moyen d’une électrode<br />

implantée et connectée à un stimulateur sous-cutané de type pace-maker.<br />

<strong>Le</strong>s indications concernent essentiellement les épilepsies partielles pharmacorésistantes<br />

non justiciables d’un traitement chirurgical, ou après échec de celui-ci.<br />

C– Principes du traitement<br />

- <strong>Le</strong> premier principe du traitement est l’information du malade qui doit être adaptée,<br />

sans cesse renouvelée pour une bonne compréhension et pour assurer une bonne<br />

compliance au traitement.<br />

- <strong>Le</strong> deuxième principe est la monothérapie en utilisant un seul antiépileptique :<br />

les deux antiépileptiques de première ligne sont le Valproate de Na (Dépakine*)<br />

et la Carbamazépine (Tégrétol*), qui sont efficaces et bien tolérés.<br />

<strong>Le</strong> phénobarbital (Gardenal*) a des effets sédatifs et cognitifs qui limitent son<br />

usage<br />

La Dépakine* est efficace sur toutes les formes de crises, mais plus<br />

particulièrement sur les absences et les myoclonies<br />

<strong>Le</strong> Tégrétol* est efficace sur toutes les formes de crises sauf les absences et les<br />

épilepsies myocloniques (où il est contre-indiqué) .<br />

- La dose optimale théorique doit être atteinte progressivement.<br />

- <strong>Le</strong> traitement est symptomatique et non étiologique, et doit être pris régulièrement.<br />

- Un traitement efficace et bien supporté ne nécessite qu’un contrôle des paramètres<br />

biologiques régulier (par exemple tous les 6 mois) selon la molécule utilisée.<br />

- <strong>Le</strong> dosage des taux sanguins d’antiépileptiques n’est utile que dans deux<br />

circonstances :<br />

lors d’une récidive des crises pour ajuster la posologie et vérifier la compliance<br />

en cas d’effets indésirables pour réduire la posologie<br />

- L’échec d’un antiépileptique conduit à son remplacement par un autre en<br />

monothérapie, après une période transitoire de chevauchement des 2 molécules pour<br />

éviter un arrêt brutal.<br />

- Des règles d’hygiène de vie doivent toujours être préconisées : Sommeil de qualité et<br />

de quantité suffisantes, absence de prise d’alcool…<br />

- Lorsque le patient a eu une crise unique le traitement n’est pas systématique étant<br />

donné que la probabilité de récidive est < 50%. <strong>Le</strong>s facteurs de risque de récidive sont :<br />

40


une lésion neurologique causale, une anomalie à l’EEG, et une crise nocturne ou<br />

partielle. La récidive survient en règle dans les 6 mois.<br />

- Devant une crise isolée, les gestes à faire sont :<br />

– Protéger du choc<br />

– Mise en position latérale de sécurité jusqu'à la fin de la phase résolutive<br />

– Une injection de Valium n’est pas justifiée<br />

– Ne rien mettre dans la bouche ou entre les dents<br />

– Si une deuxième crise survient, c’est peut être le début d’un état de mal,<br />

et le traitement s’impose<br />

0,5 mg/kg de diazepam (Valium) en intrarectal<br />

10 à 15 mg/kg de fosphénytoïne (Prodilantin) IM<br />

E- Mode de vie des épileptiques :<br />

Surtout pour les jeunes, se pose souvent la question de : que faire et ne pas faire ?<br />

Il faut s’efforcer de mener la vie la plus normale possible.<br />

La conduite automobile est interdite par les textes : mais il faut moduler en fonction du<br />

syndrome épileptique : elle est moralement acceptable chez les épileptiques qui n’ont eu<br />

aucune manifestation critique depuis 2 ans, sous réserve de la poursuite du traitement.<br />

La prudence est de mise pour certains sports (natation, sports nautiques, cyclisme…)<br />

tant que les crises ne sont pas contrôlées.<br />

F- Conseils à une jeune femme épileptique :<br />

- Certains antiépileptiques sont inducteurs enzymatiques et abaissent entre autres le taux<br />

des oestro-progestatifs dans le sang (Phénobarbital, Valproate de sodium,<br />

Carbamazépine) :<br />

Un autre mode de contraception doit être prescrit,<br />

ou bien il faut augmenter les doses.<br />

- La procréation n’est vraiment à déconseiller que dans les formes graves d’épilepsie et<br />

si le conjoint est lui même épileptique.<br />

- Tous les antiépileptiques sont suspects d’être tératogènes. <strong>Le</strong>s malformations sont<br />

essentiellement cardiaques et de la fente palatine. Il existe une association entre le spina<br />

bifida et le valproate de sodium, d’où l’intérêt de la prescription d’acide folique dans les<br />

3 mois précédant la conception, jusqu'à la fermeture du tube neural.<br />

- Si l’épilepsie est stable et bien contrôlée et que la femme a un désir de grossesse, on<br />

peut baisser la posologie du traitement, mais pas l’arrêter car le risque de crise<br />

généralisée pour un fœtus est considéré comme plus grave que le risque malformatif.<br />

- Chez la femme en fin de grossesse et le nouveau né, certains médicaments provoquent<br />

une tendance hémorragique et de la vitamine K doit être utilisée.<br />

- La Lamotrigine semble être un médicament intéressant pendant la grossesse,<br />

n’entraînant pas d’augmentation du risque tératogène.<br />

L’allaitement au sein n’est pas contre-indiqué quelque soit l’anti-épileptique utilisé.<br />

41


XIV – EVOLUTION ET PRONOSTIC<br />

A– Evolution<br />

Il existe 3 sous-groupes différents d’épilepsies :<br />

- <strong>Le</strong> premier : c’est une maladie bénigne pharmaco-sensible qui guérit sous<br />

traitement.<br />

- <strong>Le</strong> second : c’est une maladie bénigne mais pharmacodépendante qui nécessite un<br />

traitement au long court.<br />

- <strong>Le</strong> troisième : c’est une maladie grave pharmaco-résistante.<br />

La bonne connaissance du syndrome épileptique du patient permet de prédire le<br />

pronostic et de guider la prescription du traitement comme la possibilité et le délai de<br />

son arrêt.<br />

B– Facteurs pronostiques<br />

<strong>Le</strong> pronostic peut être déterminé selon le syndrome épileptique.<br />

Dans les épilepsies partielles idiopathiques :<br />

- la guérison est la règle dans 99 % des cas au cours de l’adolescence<br />

- le traitement doit être arrêté après 16 ans<br />

Dans les épilepsies partielles symptomatiques :<br />

- le pronostic est lié à l’étiologie<br />

- un arrêt du traitement peut être envisagé après deux ans sans crise sous traitement<br />

Dans les épilepsies généralisées idiopathiques :<br />

- le traitement des épilepsies absences de l’enfant, sans crise tonico-clonique associée,<br />

ayant bien répondu au Valproate de Sodium ou à l’Ethosuximide, peut être arrêté 2<br />

ans après la disparition des crises et des paroxysmes EEG<br />

- dans l’épilepsie myoclonique juvénile et l’épilepsie avec crises généralisées tonicocloniques<br />

du réveil, le risque de rechute à l’arrêt du traitement est évalué entre 80 et<br />

90 %. <strong>Le</strong> traitement doit être pris pendant plusieurs années, sinon à vie<br />

- les épilepsies généralisées idiopathiques avec crises tonico-cloniques rares peuvent<br />

faire envisager un arrêt thérapeutique 5 ans après la dernière crise.<br />

Dans les épilepsies généralisées symptomatiques ou cryptogéniques :<br />

- le traitement est difficile à arrêter<br />

- elles sont souvent graves<br />

C- Complications :<br />

La répétition des crises peut provoquer :<br />

– Une mort subite<br />

– Des lésions cérébrales<br />

– Une dégradation progressive sur le plan intellectuel et moteur<br />

– Des états de mal épileptiques +++<br />

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L’état de mal épileptique (EME) est caractérisé par une crise épileptique qui persiste<br />

suffisamment longtemps (crise prolongée comprise entre 10 et 30 minutes) ou se répète<br />

à des intervalles suffisamment brefs pour créer une condition épileptique fixe et durable.<br />

Schématiquement, on distingue :<br />

- les EME convulsifs :<br />

- EM tonico-clonique généralisé<br />

- EM partiel somato-moteur<br />

<strong>Le</strong>ur diagnostic clinique est facile. Ils mettent en jeu le pronostic vital,<br />

constituant ainsi une urgence thérapeutique pour arrêter les crises et traiter la<br />

cause éventuelle. Il faut : intuber le patient, placer une canule de Guedel et une<br />

oxygénothérapie nasale, contrôler les crises par des médicaments injectés en IV<br />

à doses suffisantes :<br />

Soit Valium 10 mg par IV lente,<br />

Soit Rivotril 1 mg en IV lente ,<br />

Soit Gardénal en IV<br />

Soit Prodilantin, 20 mg/kg chez l’adulte, 15 mg/kg chez l’enfant, d’action<br />

plus lente mais plus prolongée ;<br />

- les EME non convulsifs ou états d’absence réalisent un syndrome confusionnel<br />

prolongé (avec altération de la conscience) et sont l’apanage du sujet âgé. <strong>Le</strong><br />

diagnostic est basé sur l’aspect EEG (pointes-ondes continues) et la réponse rapide<br />

au Valium* intraveineux.<br />

OBJECTIFS<br />

- Connaître l’étiopathogénie des épilepsies<br />

- Connaître la classification des crises épileptiques<br />

- Connaître la classification des épilepsies<br />

- Savoir décrire les différents types d’épilepsies généralisées<br />

- Savoir décrire les différents types d’épilepsies partielles<br />

- Préciser les buts du traitement antiépileptique, les moyens thérapeutiques et les<br />

effets secondaires des antiépileptiques<br />

- Connaître les principes du traitement et les conseils à donner aux patients<br />

- Connaître l’évolution et le pronostic des épilepsies<br />

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I- INTRODUCTION.<br />

<strong>LE</strong>S <strong>SYNDROME</strong>S DEMENTIELS<br />

<strong>Le</strong> syndrome démentiel (SD) est un état d’affaiblissement intellectuel acquis,<br />

progressif, réversible ou non, entraînant un retentissement sur les relations sociales du<br />

patient et sur son autonomie<br />

Cette définition permet de le distinguer des débilités mentales et du syndrome<br />

confusionnel.<br />

L’incidence des démences augmente avec l’âge, donc avec le vieillissement de la<br />

population.<br />

<strong>Le</strong>s étiologies sont nombreuses, mais restent dominées par la maladie d’Alzheimer<br />

(MA), qui représente 65 % des démences après 75 ans.<br />

Devant une situation évoquant un S.D, 3 objectifs : diagnostiquer l’état démentiel,<br />

distinguer ce qui n’est pas un S.D, et enfin conduire une démarche étiologique, qui est<br />

dominée par une question principale : s’agit-il d’une MA ?<br />

II- DESCRIPTION DU <strong>SYNDROME</strong> DEMENTIEL<br />

A- <strong>Le</strong> noyau démentiel<br />

L’entrée dans un processus démentiel se fait habituellement de manière insidieuse. <strong>Le</strong>s<br />

symptômes d’appel peuvent être une plainte mnésique exprimée par le patient ou par<br />

son entourage, un désinvestissement progressif des intérêts habituels, des actes<br />

incongrus par rapport à la personnalité antérieure du sujet.<br />

<strong>Le</strong> noyau démentiel comporte, de manière plus ou moins combinée des troubles de la<br />

mémoire, des fonctions instrumentales, des perturbations de la pensée abstraite, des<br />

troubles comportementaux et psychiques.<br />

1– <strong>Le</strong>s troubles de la mémoire<br />

Ils sont obligatoires pour pouvoir parler de SD, même si certaines démences peuvent ne<br />

pas comporter initialement de troubles de mémoire. Ils affectent la mémoire immédiate<br />

(répétition immédiate de chiffres par exemple), mais surtout la mémoire des faits<br />

récents. Ceci explique les difficultés rencontrées par le sujet pour « acquérir, stocker et<br />

retrouver des informations nouvelles ».<br />

<strong>Le</strong>s oublis vont d’abord porter sur des faits banals, puis être de plus en plus invalidants<br />

dans la vie quotidienne (rendez-vous, fermetures des portes et robinets, rangements des<br />

clés, paiement des factures…).<br />

A côté de cette incapacité d’acquisition des informations va s’ajouter une dissolution<br />

progressive du stock mnésique, avec atteinte des faits anciens (mémoire<br />

autobiographique, connaissances didactiques).<br />

44


2– <strong>Le</strong>s troubles des fonctions instrumentales comportent :<br />

- des troubles du langage avec un langage appauvri sur le plan quantitatif et qualitatif<br />

(manque du mot avec réduction de la fluence verbale ; erreurs en dénomination avec<br />

paraphasies, troubles de la compréhension)<br />

- des troubles des fonctions visuo-constructives, visuo-spatiales et visuo-gnosiques<br />

(difficultés de dessiner des figures géométriques, perturbations de la mémoire<br />

topographique)<br />

- des troubles praxiques avec une apraxie idéo-motrice, idéatoire, mais aussi de<br />

l’habillage<br />

- des troubles gnosiques avec difficultés pour reconnaître les objets, mais aussi les<br />

visages (prosopagnosie)<br />

- des troubles du calcul, qui rendent compte des difficultés de gestion de la vie<br />

quotidienne<br />

3- <strong>Le</strong>s perturbations de la pensée abstraite, du jugement, du raisonnement<br />

et des fonctions exécutives<br />

Elles expliquent les troubles du comportement et l’inadaptation des actions du dément,<br />

ainsi que son absence d’autocritique. Elles peuvent réaliser un syndrome frontal.<br />

4– <strong>Le</strong>s troubles psycho-comportementaux<br />

Une modification de la personnalité est souvent rapportée par l’entourage du malade,<br />

avec un changement ou une accentuation des traits antérieurs. Il peut exister une<br />

irritabilité, une agressivité, ou au contraire une apathie avec désintérêt. Des troubles de<br />

l’humeur à type de dépression sont souvent notés ; il s’agira au contraire dans certains<br />

cas d’une euphorie.<br />

<strong>Le</strong>s comportements d’errance ou de fugues sont multifactoriels : il peut s’agir d’une<br />

conséquence de la désorientation temporo-spatiale, de l’anxiété, ou d’un délire.<br />

La démence peut s’accompagner d’idées délirantes de préjudice ou de persécution, de<br />

bouffées confusionnelles avec onirisme, de troubles du comportement alimentaire avec<br />

hyperphagie, de troubles du sommeil et de troubles des comportements sexuels.<br />

B- Formes topographiques de syndrome démentiel<br />

Il existe plusieurs formes de syndrome démentiel, en fonction de la topographie initiale<br />

de l’atteinte encéphalique.<br />

1– <strong>Le</strong> syndrome cortical temporo-pariétal<br />

<strong>Le</strong>s lésions affectent initialement le cortex temporal, et tout particulièrement<br />

l’hippocampe. <strong>Le</strong>s troubles mnésiques inaugurent le tableau clinique, avec constitution<br />

progressive d’un syndrome aphaso-apraxo-agnosique. Il est essentiellement représenté<br />

par la maladie d’Alzheimer.<br />

45


2– Syndrome cortical fronto-temporal<br />

<strong>Le</strong> cortex frontal est affecté en premier. <strong>Le</strong> début est souvent marqué par une négligence<br />

personnelle avec incurie, puis par une perturbation des conduites sociales. La mémoire,<br />

l’orientation temporo-spatiale, les praxies sont longtemps conservées.<br />

3- Syndrome démentiel sous cortical<br />

Il accompagne généralement l’évolution de pathologies neurologiques dégénératives<br />

des noyaux gris centraux. Il est marqué par une apathie, une lenteur intellectuelle<br />

(bradyphrénie), des troubles de la mémoire de rappel essentiellement, de nombreux<br />

élément du syndrome dysexécutif frontal (troubles de la planification, de la<br />

programmation, du raisonnement et du jugement), et des troubles de l’humeur et de la<br />

personnalité (syndrome dépressif, désintérêt…).<br />

III- DIAGNOSTIC POSITIF D’UN <strong>SYNDROME</strong> DEMENTIEL<br />

A– Examen clinique<br />

L’interrogatoire minutieux du patient et de son entourage représente un moment<br />

essentiel du diagnostic positif d’un SD. Il va s’attacher à préciser les modalités<br />

d’apparition des troubles, la durée et l’évolutivité de ces troubles, les antécédents<br />

personnels et familiaux du sujet,…<br />

L’examen clinique recherchera des signes neurologiques associés au SD, et des signes<br />

d’atteinte somatique générale.<br />

B– Exploration des fonctions supérieures<br />

Cette exploration fait appel aux tests neuropsychologiques. Certains de ces tests sont<br />

des outils de dépistage simples, et peuvent être utilisés par le médecin généraliste ; c’est<br />

le cas du Mini Mental State Examination de Folstein (MMSE). D’autres tests, plus<br />

complexes, sont du ressort du spécialiste (Figure de Rey, test de Grober et Buschke,<br />

échelle clinique de mémoire de Wechsler, tests pour l’exploration des fonctions<br />

exécutives). On explorera aussi de façon systématique la fluence verbale, le langage, les<br />

praxies et les gnosies.<br />

IV- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />

<strong>Le</strong> syndrome démentiel doit être différencié des affections suivantes.<br />

A- <strong>Le</strong> syndrome confusionnel<br />

Il associe des troubles de la vigilance, une désorientation temporo-spatiale, un onirisme<br />

vécu et agi, avec des moments de perplexité anxieuse. Il peut exister par ailleurs des<br />

symptômes généraux (fièvre, céphalées, raideur de la nuque…).<br />

<strong>Le</strong> syndrome confusionnel est le plus souvent d’installation rapide et réversible, alors<br />

que le SD est généralement progressif.<br />

46


Cependant, la distinction n’est pas toujours facile : le syndrome confusionnel peut<br />

compliquer l’évolution d’une démence pré-existante, ou à l’inverse certaines états<br />

confusionnels peuvent durer. C’est dire, encore une fois, toute l’importance de<br />

l’interrogatoire.<br />

B- La dépression pseudo-démentielle<br />

Une dépression peut mimer une démence, surtout chez le sujet âgé, car elle peut<br />

entraîner un ralentissement psycho-moteur important et des troubles mnésiques. Il faut<br />

prescrire un traitement antidépresseur d’épreuve au moindre doute.<br />

C- <strong>Le</strong>s troubles isolées des fonctions symboliques<br />

Il s’agit surtout de l’aphasie de Wernicke, qui, du fait de la jargonaphasie et des troubles<br />

de la compréhension qu’elle entraîne, peut poser un problème de diagnostic avec une<br />

démence.<br />

V- EXAMENS COMP<strong>LE</strong>MENTAIRES<br />

Certains examens complémentaires sont à réaliser devant un syndrome démentiel, à la<br />

recherche d’anomalies en faveur d’une démence potentiellement curable.<br />

- Imagerie cérébrale (scanner X cérébral ou IRM)<br />

- Bilan biologique : NFS, urée, créatinine, bilan lipidique , glycémie, calcémie,<br />

transaminases hépatiques, vitesse de sédimentation, hormones thyroïdiennes,<br />

vitamine B12 et folates .<br />

- Sérologies de la syphilis et du VIH<br />

- Radiographie pulmonaire<br />

- Electroencéphalogramme (EEG)<br />

D’autres examens pourront être demandés en fonction de l’orientation étiologique.<br />

Si cela est possible, on réalisera dans certains centres de recherche une imagerie<br />

fonctionnelle : tomographie par émission monophotonique (TEMP) et par émission de<br />

positons (TEP) qui permettent d’étudier les débits sanguins cérébraux et les<br />

métabolismes locaux.<br />

VI- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE<br />

La maladie d’Alzheimer représente l’étiologie la plus fréquente des démences, surtout<br />

après l’âge de 70 ans. Plusieurs autres étiologies peuvent réaliser un syndrome<br />

démentiel, telles que des étiologies dégénératives, vasculaires, inflammatoires,<br />

infectieuses, …<br />

47


A-<strong>Le</strong>s démences dégénératives<br />

1– La maladie d’Alzheimer (Voir chapitre suivant)<br />

2 – <strong>Le</strong>s démences fronto-temporales (DFT)<br />

Il s’agit d’un groupe d’affections dégénératives qui se caractérisent par une atrophie du<br />

cortex fronto-temporal. <strong>Le</strong> début est souvent marqué par une négligence personnelle<br />

avec incurie, puis par une perturbation des conduites sociales, avec désinhibition,<br />

impulsivité et perte de la flexibilité mentale. <strong>Le</strong> sujet peut, par exemple, tenir des propos<br />

déplacés, faire des dépenses inconsidérées, etc…<strong>Le</strong> comportement alimentaire devient<br />

perturbé (boulimie ou au contraire anorexie), les conduites répétitives et stéréotypées.<br />

Il s’associe à ces signes une indifférence, une perte de la spontanéité et de gros troubles<br />

attentionnels, parfois une euphorie, l’ensemble de ces signes réalisant un syndrome<br />

frontal.<br />

La mémoire et l’orientation temporo-spatiale sont longtemps conservées. L’évolution<br />

moyenne est de 7 ans.<br />

L’EEG est normal, ce qui est un argument pour le diagnostic. <strong>Le</strong> scanner cérébral<br />

montre une atrophie frontale. <strong>Le</strong> traitement symptomatique fait appel aux inhibiteurs de<br />

la recapture de la Sérotonine (type Fluoxétine).<br />

3- <strong>Le</strong>s démences sous corticales<br />

Elles sont représentées par la maladie de Parkinson, la paralysie supra-nucléaire<br />

progressive (PSP ou maladie de Steele Richardson Olszewski), et la chorée de<br />

Huntington (affection héréditaire de transmission autosomique dominante, responsable<br />

de mouvements choréiques, de troubles cérébelleux, de troubles psychiatriques et d’une<br />

démence).<br />

4- Autres démences dégénératives<br />

- La dégénérescence cortico-basale<br />

- La démence à corps de <strong>Le</strong>wy diffus<br />

B- <strong>Le</strong>s démences vasculaires et les démences mixtes<br />

Elles représentent la deuxième cause de démence après la MA. Elles surviennent chez<br />

des sujets ayant des facteurs de risque cardio-vasculaire, tout particulièrement<br />

l’hypertension artérielle (HTA), le diabète, les dyslipidémies, les cardiopathies<br />

emboligènes, etc…Trois types principaux de lésions sont retrouvés, intriqués dans la<br />

majorité des cas : infarctus de grande taille corticaux et sous corticaux, lacunes et<br />

leucoencéphalopathie.<br />

Chez certains patients âgés, on retrouve à l’examen anatomo-pathologique à la fois des<br />

lésions de type MA et des lésions vasculaires. On parle alors de démence mixte.<br />

C- <strong>Le</strong>s démences de causes infectieuses<br />

- La paralysie générale syphilitique, méningo-encéphalite de la phase tertiaire de la<br />

syphilis, reste une cause fréquente de démence au Maroc (voir cours sur la<br />

neurosyphilis).<br />

48


- L’infection par le VIH peut être responsable d’une démence soit directement par une<br />

encéphalite subaiguë à VIH (complexe démentiel du SIDA), soit indirectement par<br />

l’intermédiaire d’une méningo-encéphalite à germes opportunistes ou d’une pathologie<br />

tumorale (voir cours sur les manifestations neurologiques du VIH).<br />

- La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) est une encéphalopathie spongiforme<br />

transmissible dont l’agent responsable est un prion. Elle réalise un tableau démentiel<br />

d’installation rapide, survenant aux alentours de la cinquantaine associé à des<br />

myoclonies, des éléments cérébelleux, pyramidaux et extra-pyramidaux. L’EEG est<br />

caractéristique montrant des ondes lentes pseudo-périodiques. Son évolution est<br />

mortelle en quelques mois. La nouvelle variante de la MCJ est due à la transmission à<br />

l’homme de l’encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la vache folle). Elle se<br />

caractérise par un âge de début souvent plus jeune, par un début psychiatrique fréquent,<br />

par une plus longue durée d’évolution, et par l’absence d’anomalies périodiques sur<br />

l’EEG.<br />

D- Autres démences<br />

1– L’hématome sous dural chronique<br />

Il faut y penser devant un syndrome confusionnel ou démentiel avec céphalées, en<br />

particulier chez le sujet âgé, à la suite d’un traumatisme, même minime, dans les<br />

semaines précédentes, et en cas de terrain à risque (alcoolisme, traitement anticoagulant).<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est confirmé par le scanner cérébral, obligatoire devant tout<br />

syndrome démentiel, et débouche sur un traitement chirurgical urgent (évacuation de<br />

l’hématome par trépanation).<br />

2- L’hydrocéphalie à pression normale (HPN) ou hydrocéphalie chronique<br />

de l’adulte<br />

Elle se caractérise par la triade clinique d’Adams et Hakim qui associe une dégradation<br />

des fonctions intellectuelles à une apraxie de la marche et à une incontinence urinaire.<br />

<strong>Le</strong> scanner cérébral montre une dilatation ventriculaire. <strong>Le</strong>s soustractions de LCR<br />

peuvent améliorer le patient. Une dérivation ventriculo-péritonéale constitue le<br />

traitement de l’HPN.<br />

3-<strong>Le</strong>s causes toxiques<br />

L’alcoolisme chronique peut entraîner un syndrome démentiel appelé syndrome de<br />

Korsakoff, dû à une carence en vitamine B 12, et qui se manifeste par une amnésie<br />

antérograde avec fabulations et fausses reconnaissances.<br />

L’intoxication au monoxyde de carbone peut provoquer, après un coma initial, un<br />

syndrome démentiel qui n’est généralement pas évolutif.<br />

4-<strong>Le</strong>s troubles endocriniens et métaboliques<br />

<strong>Le</strong> bilan thyroïdien est systématique devant tout syndrome démentiel, afin de<br />

diagnostiquer une hypothyroïdie, qui peut se manifester par une apathie, une<br />

indifférence, un ralentissement psychomoteur, une somnolence excessive, un état<br />

dépressif atypique, parfois des idées délirantes et un onirisme.<br />

49


D’autres étiologies sont à rechercher : hyperthyroïdie, carences en folates, en vitamines<br />

B 12…<br />

5-<strong>Le</strong>s affections neurologiques et systémiques<br />

Certaines affections neurologiques démyélinisantes comme la sclérose en plaques ou les<br />

leucodystrophies peuvent se compliquer d’une détérioration des fonctions cognitives,<br />

réalisant en règle un syndrome démentiel de type sous cortical.<br />

C’est le cas aussi de certaines maladies systémiques inflammatoires, telle que la maladie<br />

de Behçet avec atteinte neurologique (neurobehcet), le lupus érythémateux disséminé, le<br />

syndrome de Gougerot Sjögren, ou de maladies granulomateuses telle que la sarcoïdose.<br />

OBJECTIFS :<br />

- Connaître la sémiologie du syndrome démentiel<br />

- Différencier les formes topographiques de syndrome démentiel (SD cortical, SD<br />

sous-cortical)<br />

- Connaître les principaux diagnostics différentiels<br />

- Savoir quels sont les examens complémentaires à réaliser devant un SD<br />

- Citer les différentes étiologies d’un syndrome démentiel<br />

- Décrire la DFT, les démences vasculaires, les démences infectieuses<br />

50


LA MALADIE D’ALZHEIMER<br />

C’est la plus fréquente des démences du sujet âgé. Elle concerne 5 à 10 % des sujets de<br />

plus de 75 ans, et 25 % des plus de 85 ans. On parlait auparavant de « démence<br />

présénile » quand la maladie commençait avant 65 ans et de « démence sénile » après<br />

65 ans, mais on sait maintenant que ces deux groupes représentent la même affection,<br />

d’après les données neuropathologiques. L’ensemble de ces démences est donc<br />

actuellement regroupé sous le terme de « démence de type Alzheimer » ou DTA.<br />

I- FACTEURS DE RISQUE DE LA MALADIE D’ALZHEIMER<br />

<strong>Le</strong>s facteurs de risque établis de la MA sont l’âge et les antécédents familiaux de<br />

démence. D’autres facteurs ont été associés à la possibilité de survenue de l’affection,<br />

tel que l’allèle ε4 du gène de l’apolipoprotéine E, le bas niveau d’éducation.<br />

Récemment, les facteurs vasculaires ont été incrimiés également dans la survenue de<br />

l’affection (HTA, hypercholestérolémie, diabète). Certains facteurs semblent au<br />

contraire être protecteurs comme les traitements hormonaux substitutifs de la<br />

ménopause, les traitements anti-inflammatoires.<br />

Sur l’ensemble des cas de MA, seuls 10 % sont des formes familiales transmissibles.<br />

Ces formes génétiques, à transmission mendélienne autosomale dominante, ont<br />

généralement un début plus précoce, et évoluent souvent plus rapidement que les formes<br />

du sujet âgé. Parmi ces cas familiaux, 50 % sont dus à des mutations actuellement<br />

connues. La mutation la plus impliquée touche le gène de l’APP (amyloïd precursor<br />

protein) sur le chromosome 21.<br />

II- NEUROPATHOLOGIE<br />

Il s’agit d’une affection dégénérative du cortex cérébral, responsable d’un déficit en<br />

acétylcholine. <strong>Le</strong>s lésions débutent au niveau de l’hippocampe, qui joue un rôle<br />

important dans la mémoire, puis s’étendent ensuite progressivement vers le cortex<br />

pariétal puis à l’ensemble du cortex.<br />

<strong>Le</strong>s lésions neuropathologiques typiques de la maladie sont représentées par :<br />

- les plaques séniles, constituées d’un dépôt de substance amyloïde<br />

- la dégénérescence neurofibrillaire (DNF) : elle correspond à une accumulation de<br />

filaments constitués de protéines microtubulaires tau<br />

- une perte neuronale et synaptique<br />

III- DESCRIPTION CLINIQUE<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique est représenté par un syndrome démentiel cortical temporo-pariétal,<br />

chez un sujet âgé d’environ 70 ans, mais il existe des formes à début précoce (50 ans) et<br />

des formes à début plus tardif (80 ans). L’enjeu principal est de pouvoir poser le<br />

diagnostic à un stade précoce, prédémentiel, ce qui ne peut se faire que grâce aux tests<br />

neuropsychologiques.<br />

51


A-Phase initiale :<br />

<strong>Le</strong> début est insidieux, et se fait par des troubles mnésiques, portant d’abord sur la<br />

mémoire de fixation, avec des difficultés à se souvenir des faits récents (oublis assez<br />

banaux).<br />

Il peut exister une baisse du rendement intellectuel, une dépression traînante, un<br />

changement de la personnalité, ou encore des difficultés à s’adapter à des situations<br />

nouvelles.<br />

A ce stade, le patient peut avoir conscience de ses difficultés et venir consulter de luimême<br />

, ou être amené par sa famille.<br />

B-Phase d’état : 3 types de troubles<br />

1- Troubles cognitifs :<br />

- la mémoire est plus touchée, avec des oublis de plus en plus importants, les<br />

souvenirs les plus anciens étant les plus longuement respectés (loi de Ribot) ; le<br />

patient commence à ne plus reconnaître certaines personnes de la famille, d’abord<br />

éloignées puis de plus en plus proches (petits enfants, enfants, conjoint)<br />

- l’orientation temporo-spatiale est atteinte, entraînant des difficultés à se repérer dans<br />

le temps et dans les lieux, d’abord non familiers, puis familiers<br />

- le jugement, le raisonnement et l’attention sont altérés, induisant des difficultés de<br />

concentration, l’incapacité de toute critique avec réalisation d’actes absurdes ou<br />

même inconvenants, et une anosognosie de la maladie<br />

- les troubles des fonctions instrumentales ou symboliques (langage, praxies, gnosies)<br />

constituent le syndrome aphaso-apraxo-agnosique, typique de la MA : l’aphasie se<br />

traduit au début par un simple manque du mot puis devient progressivement de plus<br />

en plus invalidante ; l’apraxie peut être idéatoire, idéomotrice, mais également<br />

apraxies constructive et de l’habillage ; l’agnosie traduit en général une démence<br />

déjà avancée, elle peut toucher les visages (prosopagnosie)<br />

2- Troubles affectifs et comportementaux :<br />

Ils sont parfois révélateurs. Ils comprennent un désintérêt, une dépression, une anxiété,<br />

une irritabilité, une labilité émotionnelle. Des symptômes psychotiques peuvent se voir<br />

(hallucinations, idées délirantes de persécution ou de préjudice), ainsi que des troubles<br />

des conduites alimentaires (anorexie, boulimie) et une inversion du rythme nycthéméral.<br />

3- Troubles neurologiques :<br />

Troubles de la marche, rigidité, myoclonies, crises d’épilepsie, signes pyramidaux sont<br />

des signes tardifs.<br />

C- Phase terminale<br />

A ce stade, le patient est grabataire, incontinent, il ne reconnaît plus ses proches, ne peut<br />

plus communiquer avec eux, ne s’alimente plus correctement. <strong>Le</strong> décès peut survenir du<br />

fait de complications intercurrentes (dénutrition, pneumopathies, infections urinaires)<br />

ou du fait d’autres pathologies fréquentes chez le sujet âgé (cardiopathies, diabète,<br />

insuffisance rénale ou hépatique…).<br />

52


IV- EXAMENS PARACLINIQUES<br />

La neuroimagerie peut aider au diagnostic de la MA, en montrant une atrophie corticale<br />

localisée initialement aux <strong>lobe</strong>s temporaux. La TEP et la TEMP peuvent objectiver un<br />

hypométabolisme pariéto-temporal et du cortex postérieur médian (voir chapitre sur les<br />

démences).<br />

IV- PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE D’ALZHEIMER<br />

A– Traitement symptomatique<br />

Il fait appel aux inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IACE), seuls médicaments ayant<br />

démontré une efficacité sur le court évolutif de la maladie. <strong>Le</strong>ur effet est cependant<br />

modeste. Seul le Donepezil (Aricept*) est commercialisé au Maroc.<br />

Un traitement anti-dépresseur sera fréquemment prescrit, en préférant les inhibiteurs de<br />

la recapture de la sérotonine (Fluoxétine).<br />

<strong>Le</strong>s neuroleptiques sont parfois prescrits pour les troubles du comportement, mais il faut<br />

actuellement préférer d’autres produits tels que la Dépakine ou le Tégrétol.<br />

<strong>Le</strong>s benzodiazépines doivent être évitées. Ils peuvent aggraver le déficit mnésique, ou<br />

déclencher un syndrome confusionnel.<br />

Il faut également traiter les douleurs et les complications intercurentes telles que les<br />

infections, et mettre en place des soins de nursing à la phase terminale de la maladie.<br />

B– Prise en charge psycho-sociale<br />

C’est avec la famille que le type de prise en charge doit être décidé. Il est indispensable<br />

de maintenir un rôle social, si modeste soit-il, pour ces patients. Il faut aussi proposer<br />

des actions de stimulation cognitive, la mise en place d’une psychothérapie, d’une<br />

rééducation orthophonique et d’une kinésithérapie.<br />

Dans les pays développés, il existe des institutions qui peuvent prendre en charge le<br />

patient à temps partiel ou à temps plein. Néanmoins, le patient doit être maintenu à<br />

domicile le plus longtemps possible.<br />

La personne qui s’occupe à domicile du patient Alzheimer (aidant principal) a souvent<br />

besoin d’une aide médicale à cause de l’épuisement physique et psychologique<br />

engendré par la prise en charge de cette maladie.<br />

OBJECTIFS<br />

- Connaître les facteurs de risque de la MA<br />

- Préciser les lésions neuropathologiques de la MA<br />

- Décrire les différentes phases évolutives de la MA<br />

- Connaître le traitement symptomatique de la MA<br />

53


I- INTRODUCTION<br />

LA MALADIE DE PARKINSON<br />

ET <strong>LE</strong>S <strong>SYNDROME</strong>S PARKINSONIENS<br />

<strong>Le</strong> syndrome parkinsonien se définit cliniquement par des troubles moteurs : akinésie,<br />

rigidité, tremblement de repos et altération des réflexes de posture. L’étiologie la plus<br />

fréquente est la maladie de Parkinson idiopathique, l’une des affections<br />

neurodégénératives les plus communes, caractérisée anatomiquement par une perte des<br />

neurones dopaminergiques mésencéphaliques, particulièrement de la substance noire, et<br />

la présence de corps de <strong>Le</strong>wy au sein des neurones restants. <strong>Le</strong>s autres syndromes<br />

parkinsoniens sont moins fréquents et peuvent avoir des causes diverses : toxiques,<br />

métaboliques, dégénératives et iatrogènes.<br />

On va traiter d’abord la maladie de Parkinson idiopathique (MPI) et ensuite les<br />

syndromes parkinsoniens.<br />

II- LA MALADIE DE PARKINSON IDIOPATHIQUE (MPI)<br />

A- Epidémiologie<br />

La prévalence moyenne de la MPI dans les pays occidentaux est de 100 à 200 / 100 000<br />

habitants.<br />

Son incidence annuelle moyenne est de 10 à 15 / 100 000 habitants.<br />

Sa fréquence représente 80 % des syndromes parkinsoniens.<br />

<strong>Le</strong> début de la maladie se situe entre les cinquième et sixième décennies (âge moyen: 55<br />

ans) mais il y a des formes à début précoce avant 40 ans (10 %) et des formes juvéniles<br />

avant 21 ans (très rares).<br />

<strong>Le</strong>s deux sexes de toutes classes sociales sont également atteints par la maladie avec<br />

une légère prédominance masculine.<br />

La maladie est répandue sur toute la surface du g<strong>lobe</strong>. La race noire semble moins<br />

touchée.<br />

B- Etiopathogénie<br />

La cause de la MPI reste encore inconnue.<br />

1- Facteurs environnementaux<br />

Parmi les hypothèses étiopathogéniques, il y a la théorie environnementale soulevée<br />

dans les années 1980 après la découverte de syndromes parkinsoniens secondaires à<br />

l’intoxication par une substance toxique sélective des neurones dopaminergiques, le 1méthyl-4-phényl-1,2,4,6-tétrahydropyridine<br />

ou MPTP.<br />

A la suite de la découverte du MPTP, plusieurs études épidémiologiques ont donné des<br />

résultats concordants en faveur d’une plus grande prévalence de la MPI dans les pays<br />

fortement industrialisés et plus précisément dans leurs zones rurales caractérisées par<br />

l’importante utilisation de pesticides ou la consommation d’eaux de sources polluées.<br />

54


2- Facteurs génétiques<br />

Parallèlement aux recherches de causes neurotoxiques de la MPI, l’hypothèse génétique<br />

a connu un essor considérable au cours de ces dix dernières années.<br />

Il y a 10 à 25% de cas familiaux. En cas de transmission autosomique dominante (AD),<br />

il y a une mutation du gène PARK 1 codant pour une protéine, l’α-synucléine qui est<br />

trouvée dans les corps de <strong>Le</strong>wy. Cette mutation n’existe pas dans les formes<br />

sporadiques.<br />

Par contre, les formes à début précoce de MP familiales à transmission autosomique<br />

récessive (AR) ou sporadique, sont fréquemment associées à une mutation d’un autre<br />

gène PARK 2 codant pour une protéine appelée parkine.<br />

En conclusion, la physiopathologie de la MPI n’est pas encore élucidée. Elle est<br />

probablement d’origine multifactorielle à la fois génétique (notamment dans les cas de<br />

début précoce) et environnementale (en particulier dans les formes de début tardif).<br />

C- Anatomie pathologique<br />

L'examen histologique montre la disparition d'un grand nombre de neurones pigmentés<br />

du locus niger avec une atrophie des neurones restants et la présence de corps de <strong>Le</strong>wy:<br />

il s'agit d'inclusions neuronales intra-cytoplasmiques, de forme arrondie, acidophiles,<br />

comportant une zone centrale dense et un halo périphérique.<br />

<strong>Le</strong>s autres formations pigmentées du tronc cérébral (locus coeruléus, noyau dorsal du<br />

vague) sont le siège de lésions analogues.<br />

<strong>Le</strong>s méthodes histochimiques ont montré que la teneur en dopamine du locus niger et du<br />

striatum est effondrée chez les parkinsoniens alors que ces structures renferment 80 %<br />

de la dopamine cérébrale.<br />

D- Signes cliniques<br />

<strong>Le</strong> début est progressif avec des signes peu évocateurs tels que ralentissement de<br />

l'activité pouvant en imposer pour un syndrome dépressif, fatigabilité anormale,<br />

douleurs mal systématisées, avant l’apparition toujours asymétrique des signes<br />

cardinaux de la maladie.<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique constitué comporte une triade classique :<br />

- Tremblement de repos : de faible amplitude et intéressant surtout les extrémités.<br />

- Rigidité : C’est une hypertonie extrapyramidale de type plastique avec phénomène<br />

de « roue dentée ».<br />

- Akinésie : responsable de l’amimie du visage, de l’attitude penchée du corps et de<br />

la marche à petits pas.<br />

Ces signes peuvent rester longtemps unilatéraux et on parle d’hémiparkinson, comme<br />

ils peuvent se bilatéraliser progressivement en gardant souvent un caractère<br />

asymétrique.<br />

Cette triade clinique peut être complète ou non, et en fonction de la prédominance de<br />

l’un des signes, on distingue des formes cliniques tremblantes ou akinétohypertoniques.<br />

55


Autres signes cliniques :<br />

- Troubles de la marche : difficulté de démarrage (freezing).<br />

- Troubles de la parole : dysarthrie extrapyramidale, palilalie, tachyphémie.<br />

- Troubles de l’écriture : micrographie.<br />

- Troubles végétatifs : hypotension orthostatique, hypersialorrhée, hypersudation,<br />

hypersécrétion sébacée.<br />

- Troubles sensitifs purement subjectifs (fourmillements), crampes, impatiences des<br />

membres sans anomalies objectives.<br />

- Troubles psychiques : tendance dépressive, démence sous-corticale chez les sujets<br />

âgés ayant des formes évoluées.<br />

- Troubles vésicaux : vessie paresseuse provoquant des mictions répétées en rapport<br />

avec une hyperréflexie du détrusor.<br />

E-Diagnostic<br />

<strong>Le</strong> diagnostic positif de la MPI est purement clinique basé sur la triade symptomatique<br />

(tremblement de repos, akinésie, hypertonie) et le caractère asymétrique au début, ainsi<br />

que sur la bonne réponse à la L-dopa.<br />

<strong>Le</strong>s examens complémentaires sont normaux (PL, EEG, Scanner, IRM…) et ils ne sont<br />

réalisés qu’en cas de doute diagnostique.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel se pose avec les autres syndromes parkinsoniens (voir chapitre<br />

suivant).<br />

F- Traitement<br />

a- Traitement médical<br />

1- Moyens thérapeutiques<br />

- La L-dopa (lévodopa) habituellement associée à un inhibiteur de la décarboxylase :<br />

Modopar® (lévodopa + bensérazide)<br />

Sinemet® ( lévodopa + carbidopa )<br />

Une bonne réponse à la L-dopa constitue un argument en faveur d’une MPI<br />

Certaines contre-indications sont à respecter (infarctus du myocarde récent, troubles du<br />

rythme cardiaque sévères, troubles psychiques aigus, ulcère gastroduodénal en<br />

évolution, glaucome à angle fermé).<br />

Certains effets secondaires ne sont pas rares (nausées, vomissements, hypotension<br />

orthostatique, troubles psychiques sur terrain prédisposé).<br />

A plus long terme, la dopathérapie est caractérisée par la diminution de son efficacité<br />

avec fluctuations motrices (effet on-off) caractérisées par le passage très brusque d'un<br />

état moteur satisfaisant à un état de blocage complet et par la possible apparition de<br />

mouvements anormaux (dyskinésies de milieu de dose ou de début et de fin de dose)<br />

touchant la face, les membres et le tronc.<br />

56


- <strong>Le</strong>s agonistes dopaminergiques<br />

Bromocriptine (Parlodel®)<br />

Piribédil (trivastal®)<br />

Médicaments non encore commercialisés au Maroc comme par exemple: Lisuride<br />

(Dopergine®), Ropinirole (Réquip®), Pergolide (Célance®), Apomorphine<br />

(Apokinon® stylo, pour injections sous cutanées)<br />

- <strong>Le</strong>s autres traitements symptomatiques<br />

L'amantadine (Mantadix ®), les inhibiteurs de la mono-amine-oxydase B (IMAO B)<br />

(sélégiline), les inhibiteurs de la catéchol-o-métyl transférase (ICOMT) (entacapone).<br />

-La kinésithérapie<br />

A côté du traitement médical, elle doit s’inscrire dans un ensemble de mesures visant à<br />

conserver au patient son autonomie. Aussi longtemps que possible, on s’efforcera de<br />

maintenir l’activité professionnelle et la vie sociale. Lorsque l’invalidité est plus sévère,<br />

l’exercice soigneusement contrôlé permet souvent le retour d’une autonomie<br />

appréciable.<br />

b-Traitement chirurgical<br />

Il est indiqué dans certaines formes tremblantes handicapantes et dans les formes<br />

évoluées avec des dyskinésies qui gardent une certaine réponse à la L-Dopa, sans<br />

troubles de la marche ou posturaux, sans troubles cognitifs ou psychiatriques et un bon<br />

état général (âge physiologique).<br />

Il s’agit surtout de la stimulation des noyaux sous thalamiques qui améliore les<br />

fonctions motrices "off " de L-Dopa et les dyskinésies sous L-Dopa dans la MPI<br />

avancée, mais sans influence sur l’évolution naturelle de la maladie.<br />

2-Recommandations pour le traitement médical<br />

- Lorsque la gêne est minime : agonistes dopaminergiques et sélégiline, peuvent être<br />

utilisés en fonction du symptôme prédominant et de l’âge. Une abstention thérapeutique<br />

peut aussi être recommandée.<br />

- Lorsqu’il existe un retentissement fonctionnel, l’âge du patient conditionne le<br />

traitement :<br />

Chez le sujet de moins de 60 ans, il convient de privilégier les agonistes<br />

dopaminergiques, le plus longtemps possible. <strong>Le</strong> recours à la dopathérapie se<br />

justifie en cas d’intolérance ou de réponse thérapeutique insuffisante. La dose de<br />

L-Dopa devra rester la plus faible possible.<br />

Chez le sujet de plus de 60 ans, la L-Dopa peut être utilisée en première<br />

intention. L’apparition d’un déclin cognitif doit conduire à utiliser les doses<br />

minimales efficaces.<br />

57


III- <strong>LE</strong>S AUTRES <strong>SYNDROME</strong>S PARKINSONIENS<br />

Ils peuvent avoir une étiologie bien définie (toxique, iatrogène, métabolique…) ou<br />

entrer dans le cadre d’une maladie dégénérative autre que la MPI.<br />

A- Syndromes parkinsoniens secondaires à une étiologie définie<br />

1-Origine iatrogène<br />

<strong>Le</strong>s neuroleptiques utilisés dans le traitement des psychoses (exemple : halopéridol) ou<br />

ceux utilisés en pathologie digestive comme les antiémétiques (exemple<br />

métoclopramide).<br />

2-Origine toxique<br />

Oxyde de carbone, manganèse, MPTP.<br />

3-Origine tumorale<br />

<strong>Le</strong>s tumeurs de la base sont le plus souvent en cause ou des tumeurs de la convexité,<br />

l’imagerie cérébrale permet facilement le diagnostic.<br />

4-Origine post-encéphalitique<br />

Séquelle très classique et tardive de l’encéphalite épidémique de Von Economo (1917-<br />

1926).<br />

5-Origine post-traumatique<br />

Surtout des syndromes parkinsoniens akinéto-hypertoniques survenant après des<br />

traumatismes crâniens graves ou suite à des traumatismes crâniens répétés des boxeurs.<br />

6-Maladie de Wilson<br />

Diagnostic à évoquer devant tout syndrome parkinsonien survenant chez un enfant ou<br />

un adulte jeune (avant 40 ans).<br />

B-Syndromes parkinsoniens dégénératifs (autres que la MPI)<br />

Ils sont caractérisés par l’absence de réponse à la L-dopa +++<br />

1-<strong>Le</strong>s atrophies multi-systématisées<br />

Ce sont les syndromes parkinsoniens dégénératifs les plus fréquents après la MPI.<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique complet se traduit par la combinaison de signes parkinsoniens,<br />

dysautonomiques (ou végétatifs tels que hypotension orthostatique et troubles génitosphinctériens),<br />

cérébelleux et pyramidaux.<br />

Selon la prédominance de l’un des signes, il y a : l’atrophie olivo-ponto-cérébelleuse<br />

(signes cérébélleux), l’atrophie striato-nigrique (signes extrapyramidaux), le syndrome<br />

de Shy-Drager (signes végétatifs).<br />

58


2-L’ophtalmoplégie supranucléaire progressive<br />

Au syndrome akinéto-hypertonique à prédominance axiale s’associent une paralysie des<br />

mouvements oculaires de verticalité, une instabilité posturale avec chutes précoces, une<br />

démence sous-cortico- frontale, une dystonie du cou et des troubles de la déglutition<br />

avec fausses routes.<br />

3-La dégénérescence cortico-basale et la démence à corps de <strong>Le</strong>wy diffus<br />

Aux signes extra pyramidaux est associé un syndrome démentiel (voir chapitre des<br />

démences).<br />

______________________________________________________________________<br />

OBJECTIF<br />

- Connaître l’étiopathogénie et les données anatomopathologiques de la MPI<br />

- Décrire les signes cliniques de la MPI<br />

- Préciser les éléments du diagnostic de la MPI<br />

- Connaître les moyens thérapeutiques et les recommandations du traitement médical de<br />

la MPI<br />

- Citer les autres syndromes parkinsoniens<br />

59


I - INTRODUCTION<br />

SC<strong>LE</strong>ROSE EN PLAQUES<br />

La sclérose en plaques est une affection inflammatoire, chronique, démyélinisante du<br />

système nerveux central. Elle touche habituellement le sujet jeune. Elle se caractérise<br />

par un grand polymorphisme clinique.<br />

<strong>Le</strong>s données de l'imagerie cérébrale (IRM) et de la biologie permettent actuellement une<br />

meilleure approche diagnostique.<br />

<strong>Le</strong>s progrès de l'immunologie ont permis d'une part d'approcher les mécanismes<br />

physiopathologiques de la maladie et d'autre part de développer des thérapeutiques aussi<br />

bien sur les poussées que sur l'évolution de la maladie.<br />

II -EPIDEMIOLOGIE<br />

La SEP est plus fréquente chez la femme (3F pour 2H).<br />

L'âge de début se situe habituellement entre 20 et 40 ans. Mais un début avant 10 et<br />

après 50 ans, bien qu'il soit rare, reste possible. La SEP est une affection ubiquitaire<br />

dont la répartition géographique mondiale serait inégale. En effet, sa prévalence est ><br />

30/100000 habitants dans les pays nordiques et diminue selon un gradient nord-sud.<br />

L'analyse des sujets migrants montre que le risque de SEP, en cas d'immigration avant<br />

15 ans est celui du pays d'accueil, alors qu'il est celui du pays d'origine en cas<br />

d'immigration après 15 ans.<br />

III -ANATOMIE PATHOLOGIQUE<br />

A- Macroscopie:<br />

On note l'existence de plaques de démyélinisation, bien limitées, de quelques mm à<br />

quelques cm, disséminées dans la substance blanche du névraxe et prédominant au<br />

niveau des régions péri ventriculaires, des formations optiques, du tronc cérébral, du<br />

cervelet et de la moelle épinière.<br />

B- Microscopie:<br />

<strong>Le</strong>s plaques sont des lésions inflammatoires périveinulaires constituées d’un infiltrat de<br />

cellules mononucléées autour d'une zone démyélinisée, et d’une gliose astrocytaire.<br />

Selon l'aspect des lésions, on distingue des plaques récentes caractérisées par un infiltrat<br />

inflammatoire important et les plaques anciennes où la gliose est prédominante.<br />

Par ailleurs et bien qu'il s'agisse essentiellement d'une atteinte démyélinisante, l'atteinte<br />

axonale est précoce.<br />

IV-ETIOPATHOGENIE<br />

La SEP est une maladie multifactorielle, dont la cause reste actuellement inconnue.<br />

60


A- Facteurs génétiques:<br />

Plusieurs éléments semblent plaider pour une prédisposition génétique :<br />

- l'existence de formes familiales : 5 à 10 % des cas<br />

- l'association à certains groupes HLA : DR15 et DQW6…<br />

- <strong>Le</strong> risque plus élevé chez les jumeaux homozygotes<br />

- <strong>Le</strong>s variations ethniques : la maladie est deux fois moins fréquente chez les<br />

sujets de race noire et est exceptionnelle chez les sujets de race jaune.<br />

B- Facteurs virologiques:<br />

Aucun virus connu n'est formellement impliqué. Un facteur virologique a été suspecté<br />

devant l’existence chez plusieurs sujets atteints de SEP d’un grand nombre d’anticorps<br />

anti-virus divers (en particulier anti-rougeole) par rapport à la population générale sans<br />

la mise en évidence d’un lien causal direct.<br />

C- Facteurs immunologiques:<br />

Au cours de la SEP, il existe un dérèglement immunitaire comme le suggèrent l'aspect<br />

anatomique des lésions, la présence d'une sécrétion intrathécale d'IgG, les similitudes<br />

avec l'encéphalomyélite allergique expérimentale et l'effet bénéfique des traitements<br />

immunomodulateurs.<br />

D- L’hypothèse auto-immune<br />

C’est l’hypothèse la plus retenue actuellement dans l’étiopathogénie de la SEP. Elle<br />

suppose la survenue d’un dérèglement immunitaire provoqué par un antigène (viral ou<br />

autre) sur un terrain génétiquement prédisposé. Il y aurait alors une activation des<br />

lymphocytes T1, qui traversent la barrière hématoencéphalique avec production de<br />

cytokines (Interleukine 2, 3, Interféron gamma, TNF alpha). Il y aurait une lyse<br />

cellulaire avec production de médiateurs pro-inflammatoires à l'origine d'une<br />

démyélinisation. Il y a par ailleurs des mécanismes de contre régulation visant la<br />

récupération ; il s'agit des agents immunosuppresseurs (Interféron bêta, Interleukine 4,<br />

10) et des lymphocytes T activés.<br />

V-ETUDE CLINIQUE<br />

<strong>Le</strong>s signes cliniques de la SEP traduisent une atteinte multifocale (dissémination dans<br />

l’espace) de la substance blanche du SNC (voies sensitives, pyramidales, visuelles,<br />

cérébelleuses), qui a la particularité d’évoluer souvent par poussées et rémissions<br />

(dissémination dans le temps).<br />

61


A- Description clinique analytique<br />

1- Manifestations sensitives subjectives<br />

Elles sont très fréquemment révélatrices (>20% des cas). La sémiologie subjective est<br />

très riche et se caractérise par des sensations d’engourdissement, des paresthésies à type<br />

de fourmillements, de sensation de peau épaisse, cartonnée, de ruissellement.<br />

Elles peuvent intéresser l’hémiface, un membre, un hémicorps ou la face. Au niveau du<br />

tronc, les patients décrivent parfois une sensation d’étau thoracique. Dans certains cas,<br />

le patient se plaindra de décharges électriques parcourant le tronc et les quatre membres<br />

de haut en bas lors de la flexion brusque de la tête : c'est le signe de Lhermitte.<br />

Malgré la richesse des signes sensitifs subjectifs, l'examen de la sensibilité peut être<br />

normal.<br />

2- Manifestations visuelles<br />

La neuropathie optique rétro bulbaire (NORB) est révélatrice dans 20% des cas. Elle se<br />

traduit par une baisse rapide et unilatérale de l’acuité visuelle précédée ou accompagnée<br />

d'une douleur rétro orbitaire surtout à la mobilisation du g<strong>lobe</strong> oculaire, avec<br />

habituellement un scotome central à l'étude du champ visuel.<br />

Au début, l'examen du fond d'œil est normal. L'évolution spontanée est souvent<br />

favorable. Secondairement, l’examen du fond d'œil peut montrer une pâleur papillaire.<br />

3- Manifestations motrices<br />

Elles sont révélatrices dans 10 à 20% des cas.<br />

Elles traduisent essentiellement l’atteinte médullaire et se manifestent par une<br />

claudication intermittente, une paraplégie spastique, parfois une monoplégie, plus<br />

rarement une hémiplégie. Elles sont présentes dans plus de 50% des cas après quelques<br />

années d’évolution.<br />

<strong>Le</strong> syndrome pyramidal est fréquemment retrouvé, même en l’absence de déficit<br />

moteur.<br />

4- Manifestations cérébelleuses<br />

L’atteinte cérébelleuse se traduit par une ataxie, avec troubles de la marche et de<br />

l’équilibre, une maladresse et un tremblement des membres supérieurs pouvant aller<br />

jusqu’à la dyskinésie volitionnelle, particulièrement handicapante.<br />

Dans les formes évoluées, le syndrome cérébelleux est sévère de type stato-kinétique<br />

avec tremblement axial et céphalique invalidant.<br />

5- Manifestations vestibulaires<br />

Elles se traduisent par des sensations vertigineuses, des troubles de l’équilibre, avec à<br />

l'examen un nystagmus.<br />

62


6- Manifestations oculomotrices<br />

La diplopie peut être révélatrice dans 10% des cas. Elle est transitoire régressant en<br />

quelques jours ou en quelques semaines et traduit la paralysie d’un ou plusieurs nerfs<br />

oculomoteurs. La survenue d'une paralysie de fonction est possible. Il s'agit en<br />

particulier de l'ophtalmoplégie internucléaire antérieure (OIA) qui se traduit par une<br />

paralysie de l'adduction d'un œil associée à un nystagmus de l'œil controlatéral en<br />

abduction. L’OIA est très évocatrice de la SEP.<br />

7- Troubles sphinctériens<br />

Ils sont révélateurs dans 5% des cas et constants dans les formes évoluées. Ils sont<br />

dominés par les troubles urinaires sous forme de mictions impérieuses, de rétention ou<br />

d’incontinence. Ils sont souvent associés à des troubles génitaux.<br />

8- Autres manifestations<br />

- <strong>Le</strong>s troubles cognitifs sont parfois précoces, ils traduisent une altération des fonctions<br />

exécutives avec troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire et de<br />

l’humeur (euphorie ou dépression).<br />

- <strong>Le</strong>s douleurs (névralgie faciale, douleurs cordonales) peuvent être intenses et<br />

invalidantes dans les formes évoluées.<br />

- La fatigue chronique est fréquemment observée dans la SEP pouvant gêner les<br />

activités quotidiennes.<br />

- <strong>Le</strong>s crises épileptiques sont rares et exceptionnellement inaugurales.<br />

B- Histoire naturelle<br />

Il est nécessaire de définir 3 termes : poussée, rémission et progression<br />

- La poussée correspond à l’apparition des symptômes et/ou des signes neurologiques<br />

durant plus de 24h ou à l’aggravation ou la réapparition de symptômes ou de signes<br />

ayant disparu ou s’étant améliorés ou stables depuis plus d 'un mois.<br />

- La rémission est l’amélioration démontrée depuis plus d'un mois de symptômes ou de<br />

signes ayant duré plus de 24h.<br />

- La progression est la majoration des signes sans stabilisation ou rémission depuis au<br />

moins 6mois.<br />

On définit ainsi trois formes évolutives de SEP :<br />

- La forme rémittente : caractérisée par des poussées espacées de rémissions<br />

- La forme secondairement progressive : c’est l’apparition d’un handicap<br />

neurologique d’aggravation progressive après une période d’évolution par<br />

poussées rémissions<br />

- La forme progressive primaire : c’est l’évolution d’emblée progressive, sans<br />

rémission, des signes neurologiques et du handicap.<br />

63


VI- EXAMENS COMP<strong>LE</strong>MENTAIRES<br />

Ils ont pour objectif de démontrer l’atteinte de la substance blanche et le caractère<br />

inflammatoire et multifocal des lésions. Ils permettent aussi d'éliminer un éventuel<br />

diagnostic différentiel.<br />

A- Neuro-imagerie<br />

1- TDM cérébrale<br />

Elle est peu sensible et peut montrer dans certains cas des hypodensités de la substance<br />

blanche avec prise de contraste annulaire surtout en cas de lésions actives.<br />

2- IRM cérébrale et médullaire<br />

Elle permet une meilleure étude de la substance blanche du cerveau, du cervelet et de la<br />

moelle épinière et la mise en évidence de la dissémination des lésions dans le temps et<br />

dans l’espace.<br />

En séquence T2 les lésions se présentent sous forme d’ hypersignaux disséminés dans la<br />

substance blanche, mieux mis en évidence par les séquences Flair. En séquence T1, les<br />

lésions sont hypointenses (trous noirs) et sont rehaussées par le Gadolinium lorsqu’elles<br />

sont récentes. Des critères IRM bien définis ont été décrits par Barkoff. (Voir annexe,<br />

critères Barkoff)<br />

B- LCR<br />

Il est habituellement inflammatoire. Il existe une hyperprotéinorachie modérée<br />

inférieure à 1g/l avec une augmentation du taux des gammaglobulines et un profil<br />

oligoclonal à l'immunoélectrophorèse traduisant une synthèse intrathécale. La réaction<br />

cellulaire est modérée et ne dépasse pas 50 lymphocytes/mm3. <strong>Le</strong> LCR peut être normal<br />

dans 10% des cas.<br />

D- Potentiels évoqués<br />

La réalisation des potentiels évoqués visuels (PEV), auditifs (PEA), somesthésiques<br />

(PES) et moteurs (PEM) permet de détecter des lésions cliniquement muettes et<br />

rechercher ainsi une dissémination dans l'espace. <strong>Le</strong>s PEV sont anormaux dans 80% des<br />

SEP définies.<br />

VII - DIAGNOSTIC POSITIF<br />

Il est basé sur les 4 arguments suivants :<br />

- L’âge de survenue: adulte jeune (20 à 40 ans),<br />

- La symptomatologie traduit l’atteinte de la substance blanche.<br />

- La dissémination des lésions dans le temps (évolution par poussées et<br />

rémissions) et dans l’espace (caractère multifocal des signes cliniques et<br />

radiologiques) :<br />

- L'exclusion des autres diagnostics possibles.<br />

64


Ces différents éléments sont la base des critères diagnostiques établis par Poser (1983)<br />

et Mac Donald (2001) et qui permettent de distinguer les SEP définie, probable ou<br />

possible. (Annexe : tableaux 1 et 2)<br />

VIII-DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />

<strong>Le</strong>s diagnostics différentiels sont à discuter en fonction du tableau clinique :<br />

A- Atteinte multifocale du SNC<br />

Elle peut poser un problème de diagnostic différentiel avec d’autres affections<br />

inflammatoires systémiques ou infectieuses telles que vascularite primitive du SNC,<br />

neurolupus, neurobehcet, neurosyphilis, neuroborréliose…. La réalisation des examens<br />

complémentaires appropriés permet d’éliminer ces diagnostics.<br />

B- Forme ataxospasmodique<br />

Elle peut faire discuter en cas d’évolution progressive une tumeur de la fosse cérébrale<br />

postérieure, une malformation de la charnière cervico-occipitale, une dégénérescence<br />

spinocérébelleuse.<br />

C- Formes médullaires<br />

Une paraplégie progressive doit faire discuter une compression médullaire, une<br />

paraplégie spastique familiale, une infection à HTLV1 ou une adrénoleucodystrophie .<br />

IX-TRAITEMENT<br />

A- Traitement des poussées:<br />

Il est basé sur les corticoïdes à fortes doses pendant une courte période. Une<br />

corticothérapie au long cours n’a pas de place dans le traitement de la SEP.<br />

<strong>Le</strong> plus utilisé est la Méthylprednisolone en bolus intra-veineux : 500 mg/j pendant 5<br />

jours ou 1g/j pendant 3 jours.<br />

Une corticothérapie per os ou des corticoïdes retard par voie intramusculaire peuvent<br />

être proposés pendant 2 à 3 semaines.<br />

B- Traitement de fond:<br />

Ses objectifs sont de diminuer la fréquence des poussées et de ralentir la progression du<br />

handicap.<br />

65


1– Moyens<br />

a– <strong>Le</strong>s immunomodulateurs<br />

- <strong>Le</strong>s interférons bêta<br />

Il existe 3 présentations : Avonex* administré par voie intramusculaire une fois par<br />

semaine, Rebif* et Betaféron*, administrés par voie sous-cutanée 3 fois par semaine. Ils<br />

ont démontré leur efficacité en réduisant de 30 % la fréquence des poussées.<br />

<strong>Le</strong>s principaux effets secondaires sont représentés par le syndrome pseudogrippal,<br />

l'asthénie, le syndrome dépressif et les nécroses cutanées en cas d’injection souscutanée.<br />

<strong>Le</strong>s contre-indications sont la grossesse, l'allergie au produit, la dépression sévère et une<br />

épilepsie non contrôlée.<br />

- <strong>Le</strong> copolymer<br />

Copaxone* : administré par voie sous-cutanée quotidiennement<br />

b- <strong>Le</strong>s immunosuppresseurs<br />

– Azathioprine (Imurel*)<br />

– Cyclophosphamide (Endoxan*)<br />

– Methotrexate<br />

– Mitoxantrone (Novantrone*)<br />

2– Indications<br />

- SEP rémittente :<br />

o les Interférons sont indiqués quand se sont produites deux poussées au<br />

cours des deux dernières années;<br />

o le Copolymer est indiqué en cas d’intolérance ou de contre-indication<br />

aux interférons.<br />

o L’Imurel* peut être proposé comme alternative aux Interférons<br />

- SEP rémittente secondairement progressive :<br />

o Parmi les Interférons, seul le Bétaféron* est indiqué dans cette forme<br />

o L’Endoxan* peut être utilisé sous la forme de bolus intraveineux<br />

mensuels<br />

- SEP progressive primaire : aucun traitement n’a montré d’efficacité dans cette<br />

forme<br />

- Formes très actives (plusieurs poussées rapprochées et handicap d’aggravation<br />

rapide): la Novantrone* est indiquée dans ces formes.<br />

66


C- Traitement symptomatique:<br />

Il vise à améliorer la qualité de vie des patients.<br />

1- Traitement de la spasticité<br />

Il faut détecter et traiter les facteurs aggravants (infections urinaires, constipation).<br />

<strong>Le</strong> traitement fait appel aux antispastiques à doses progressives (Baclofène ou<br />

Liorésal*, Dantrium ou Dantrolène*).<br />

2- Traitement des douleurs<br />

<strong>Le</strong>s douleurs cordonales sont généralement contrôlées par la carbamazépine<br />

(Tegretol*), la gabapentine (Neurontin*), le clonazepam (Klonopin*) ou l'amitriptyline<br />

(Laroxyl*).<br />

3- Traitement du tremblement cérébelleux<br />

<strong>Le</strong> Propranolol (Avlocardyl*) ou le Valproate de sodium (Dépakine*) peuvent<br />

partiellement améliorer le tremblement cérébelleux.<br />

4- Traitement des troubles urinaires<br />

L'instauration d'un traitement pour améliorer la dysurie ou l'impériosité mictionnelle<br />

nécessite en général un bilan urodynamique qui permet d’orienter vers la prescription de<br />

traitement par les alpha-bloqueurs, les anticholinergiques, la toxine botulique, les<br />

autosondages intermittents ou en dernier recours la chirurgie, sans oublier la<br />

surveillance de l’état du haut appareil urinaire et la rééducation.<br />

5- Traitement de la fatigue:<br />

La fatigue chronique peut être traitée par l'Amantadine (Mantadix*).<br />

6- Rééducation fonctionnelle<br />

Elle tient une place importante, d'autant plus qu'il existe des déficits permanents. Elle a<br />

pour but de maintenir les capacités motrices et de prévenir en cas de déficit moteur<br />

sévère les rétractions tendineuses.<br />

7- Hygiène de vie<br />

Eviction des facteurs aggravants (infections, chaleur,...)<br />

D- Prise en charge sociale et psychologique<br />

Elle concerne la prise en charge générale du handicap, la réinsertion sociale et<br />

professionnelle.<br />

67


OBJECTIFS<br />

- Connaître les données anatomopthologiques et étiopathogéniques de la SEP<br />

- Décrire les signes cliniques de la SEP<br />

- Connaître l’histoire naturelle et les différentes formes évolutives de la SEP<br />

- Préciser les examens complémentaires nécessaires au diagnostic de la SEP<br />

- Connaître le diagnostic positif et différentiel de la SEP<br />

- Savoir les critères diagnostiques de Poser<br />

- Préciser le traitement de la SEP : des poussées, de fond et symptomatique<br />

68


ANNEXE : CRITERES DIAGNOSTIQUES DE LA SEP<br />

Tableau 3 : Critères diagnostiques IRM de la SEP (Barkoff)<br />

<strong>Le</strong>s critères IRM suivants sont considérés comme caractéristiques de la sclérose en<br />

plaques (critères de Barkoff) :<br />

• lésion prenant le contraste au gadolinium ou 9 lésions hyperintenses dans<br />

l’image en T2,<br />

• au moins une lésion infratentorielle,<br />

• au moins une lésion proche du cortex,<br />

• au moins 4 lésions périventriculaires.<br />

Critères IRM pour la prolifération des lésions dans le temps:<br />

• lésion prenant le contraste au gadolinium trois mois après une attaque clinique,<br />

• nouvelle lésion hyperintense dans l’image en T2 trois mois après un premier<br />

examen,<br />

• si une première image a été réalisée plus de trois mois après l’attaque clinique,<br />

toute nouvelle lésion hyperintense dans l’image en T2 est considérée comme<br />

l’expression de la dissémination dans le temps.<br />

69


Tableau 2 : critères de McDonald et al. (2001)<br />

Présentation clinique Examens complémentaires ou profil<br />

évolutif requis pour le diagnostic de<br />

SEP<br />

≥ 2 poussées<br />

≥ 2 lésions<br />

≥ 2 poussées<br />

1 lésion<br />

1 poussée<br />

≥ 2 lésions<br />

1 poussée<br />

1 lésion<br />

(présentation monosymptomatique,<br />

syndrome clinique isolé)<br />

70<br />

Aucun a<br />

Dissémination spatiale démontrée par :<br />

- IRM b<br />

ou<br />

- ≥ 2 lésions IRM évocatrices et LCR + c<br />

ou<br />

- poussée suivante dans un site différent<br />

Dissémination temporelle démontrée par :<br />

- IRM d<br />

ou<br />

- deuxième poussée<br />

Dissémination spatiale démontrée par :<br />

- IRM b<br />

ou<br />

- ≥ 2 lésions IRM évocatrices et LCR+ c<br />

et<br />

Dissémination temporelle démontrée par :<br />

- IRM d<br />

ou<br />

- deuxième poussée<br />

Progression insidieuse évocatrice de SEP LCR+ c<br />

et<br />

Dissémination spatiale démontrée par :<br />

- ≥ 9 lésions T2 à l’IRM cérébrale<br />

ou ≥ 2 lésions à l’IRM médullaire<br />

ou 4 à 8 lésions cérébrale et 1 médullaire<br />

ou<br />

- PEV anormaux associés à 4 à 8 lésions<br />

cérébrales ou < 4 lésions cérébrales et 1<br />

médullaire<br />

et<br />

Dissémination temporelle démontrée par :<br />

- IRM d<br />

ou<br />

- progression continue pendant 1 an.<br />

a : pas d’examen exigé, mais si l’IRM et le LCR sont normaux, le diagnostic doit être<br />

posé avec précaution.<br />

b : critères IRM : ceux de Barkhof et al. (1997), avec une lésion médullaire pouvant<br />

remplacer une lésion encéphalique.<br />

c : LCR + : soit présence de bandes oligoclonales d’IgG, soit élévation de l’index IgG.<br />

d : Critères IRM de dissémination temporelle.


I- INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DE<br />

LA MALADIE DE BEHCET<br />

La maladie de Behçet (MB) est une affection multisystémique. Elle est d’étiologie<br />

inconnue. Elle atteint essentiellement le sujet jeune, avec une nette prédominance<br />

masculine. Elle est particulièrement fréquente au Japon et dans les pays du pourtour<br />

méditerranéen.<br />

<strong>Le</strong>s atteintes neurologiques sont présentes dans 14 à 20 % des cas . Elles connaissent un<br />

grand polymorphisme clinique, mais deux mécanismes physiopathologiques principaux<br />

expliquent ces manifestations: la méningo-encéphalo-myélite et les thrombophlébites<br />

cérébrales.<br />

<strong>Le</strong>s atteintes neurologiques représentent un élément de pronostic péjoratif car elles<br />

peuvent engager aussi bien le pronostic fonctionnel que vital.<br />

II- GENERALITES SUR LA MALADIE DE BEHCET<br />

La maladie de Behçet fait partie des vascularites par ses multiples localisations<br />

viscérales, notamment cutanées, oculaires, neurologiques, vasculaires, digestives et<br />

rénales. C’est une affection du sujet jeune, elle survient généralement entre 18 et 40 ans,<br />

avec une nette prédominance masculine (sexe ratio entre 7 et 10)<br />

La pathogénie de la maladie de Behçet reste inconnue. Toutefois la maladie de Behcet<br />

est fréquemment associée au groupe HLA B27.<br />

<strong>Le</strong>s principales manifestations sont représentées par les manifestations cutanéomuqueuses<br />

et oculaires, qui sont d’ailleurs utilisées comme des critères de diagnostic de<br />

la maladie.<br />

*L’atteinte cutanéo-muqueuse: dominée par les aphtes buccaux et génitaux, l’érythème<br />

noueux, la pseudofolliculite, et l’hypersensibilité cutanée aux points d’injections.<br />

*L’atteinte oculaire : conditionne le pronostic visuel. Elle se manifeste essentiellement<br />

par une uvéite antérieure à hypopion, et une uvéite postérieure.<br />

*<strong>Le</strong>s manifestations vasculaires sont représentées par les thromboses veineuses qui sont<br />

caractéristiques de la maladie, et qui peuvent toucher tous les axes veineux. <strong>Le</strong>s<br />

atteintes artérielles sont beaucoup plus rares.<br />

*<strong>Le</strong>s autres manifestations cliniques sont représentées par les atteintes articulaires,<br />

digestives, pulmonaires, rénales, cardiaques et neurologiques.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de la maladie de Behcet est un diagnostic clinique, basé sur des critères<br />

qui ont été définis par le « groupe international d’étude de la maladie de Behçet »<br />

(1990) :<br />

* Aphtose buccale récidivante : plus de 3 poussées par an<br />

* Au moins deux des manifestations suivantes :<br />

Aphtose génitale récidivante<br />

Autres lésions cutanées (pseudofolliculite, érythème noueux)<br />

Lésions oculaires<br />

Intradermoréaction positive à l’eau distillée (Test pathèrgique)<br />

71


III- NEUROPATHOLOGIE<br />

<strong>Le</strong>s lésions peuvent siéger en n’importe quelle partie du système nerveux central, avec<br />

une prédilection pour le tronc cérébral, les ganglions de la base, et les capsules internes.<br />

Elles ne sont pas spécifiques et comportent le plus souvent trois ordres d’altération :<br />

- Des lésions inflammatoires chroniques : disséminées au niveau des méninges, sous<br />

forme d’infiltrats inflammatoires périvasculaires formés de lymphocytes et de<br />

macrophages (méningo-encéphalite)<br />

- Foyers de ramollissement avec nécrose tissulaire, généralement développés autour des<br />

vaisseaux de moyen et de petit calibre.<br />

- Altérations neuronales avec chromatolyse dans 1/3 des cas. La gliose est<br />

habituellement discrète et la démyélinisation modérée.<br />

Ainsi, à partir de ces aspects histologiques, deux principaux mécanismes<br />

physiopathologiques se dégagent :<br />

- la méningoencéphalomyélite<br />

- les thromboses veineuses cérébrales.<br />

IV- ASPECTS CLINIQUES<br />

<strong>Le</strong>s manifestations neurologiques de la maladie de Behçet sont fréquentes. Elles<br />

apparaissent habituellement entre 30 et 40 ans. Elles sont exceptionnellement<br />

révélatrices de la maladie. Dans l’immense majorité des cas, elles sont précédées par la<br />

survenue d’aphtes buccaux et génitaux.<br />

<strong>Le</strong> mode de début est très variable, le plus souvent brutal, aigu ou subaigu, plus<br />

rarement progressif. <strong>Le</strong>s manifestations neurologiques peuvent régresser spontanément<br />

et évoluer, comme dans la SEP, par poussées et rémissions. Parfois, l’évolution est<br />

d’emblée progressive.<br />

<strong>Le</strong>s manifestations neurologiques sont très polymorphes, car les lésions peuvent siéger<br />

en n’importe quel point du système nerveux central, et souvent difficiles à systématiser.<br />

Cependant, trois grands syndromes peuvent être distingués :<br />

- La méningoencéphalomyélite = Neurobehçet<br />

- <strong>Le</strong>s thrombophlébites des sinus duraux<br />

- <strong>Le</strong>s thromboses veineuses profondes<br />

L’atteinte du système nerveux périphérique et du muscle est exceptionnelle.<br />

A- Méningo-encéphalo-myélite<br />

<strong>Le</strong>s manifestations neurologiques sont très polymorphes, et témoignent de l’atteinte<br />

diffuse du système nerveux central.<br />

1- L’atteinte méningée<br />

Elle est le plus souvent asymptomatique, se traduisant biologiquement par l’existence<br />

d’une méningite lymphocytaire lors de l’étude du LCR. Parfois, le tableau est celui<br />

d’une méningite bactérienne, avec des céphalées intenses, des vomissements et une<br />

raideur de la nuque. L’étude du LCR retrouve une méningite à polynucléaires<br />

72


neutrophiles, mais l’examen bactériologique ne retrouve pas de germes. Ce tableau est<br />

celui de la « méningite puriforme aseptique », caractéristique de la maladie de Behçet.<br />

2- L’atteinte pyramidale<br />

Elle est d’intensité variable. <strong>Le</strong> déficit moteur peut réaliser une hémiplégie<br />

spontanément régressive et à bascule très évocatrice de la maladie ou bien une<br />

paraplégie/tétraplégie.<br />

3- L’atteinte du tronc cérébral<br />

Elle est dominée par les signes d’atteinte bulbaire, avec troubles de la déglutition et des<br />

troubles de la parole, témoignant d’une paralysie du carrefour aéro-digestif. Un<br />

syndrome pseudobulbaire peut être associé, se manifestant par des rires et des pleurers<br />

spasmodiques.<br />

<strong>Le</strong>s paralysies oculomotrices peuvent exister. Contrairement à la SEP, l’ophtalmoplégie<br />

internucléaire est exceptionnelle.<br />

4- L’atteinte cérébelleuse<br />

Elle est également fréquente réalisant ataxie à la marche et troubles de la coordination.<br />

5- <strong>Le</strong>s troubles psychiatriques<br />

Ils sont fréquents. Ils se manifestent par des troubles du comportement, de la<br />

personnalité et de l’humeur, pouvant aller dans certains cas jusqu’à réaliser de véritables<br />

états psychotiques. Ces manifestations sont le plus souvent associées à d’autres<br />

manifestations neurologiques, ce qui permet de les rattacher facilement à une origine<br />

organique. Rarement, elles peuvent être isolées, réalisant un véritable syndrome psychoorganique,<br />

parfois difficile à distinguer d’une affection psychiatrique.<br />

6- Troubles cognitifs<br />

Ils sont de plus en plus connus dans la maladie de Behçet. Il s’agit le plus souvent de<br />

troubles de la mémoire, d’une bradyphrénie et des troubles des fonctions exécutives,<br />

pouvant réaliser parfois un tableau de démence sous-corticale.<br />

8- <strong>Le</strong>s troubles sphinctériens<br />

Ils témoignent d’une atteinte médullaire, faisant souvent partie d’un tableau d’atteinte<br />

diffuse. L’atteinte médullaire isolée est exceptionnelle.<br />

9- <strong>Le</strong>s autres manifestations cliniques<br />

Elles sont représentées par les crises d’épilepsie, les mouvements anormaux. <strong>Le</strong>s<br />

troubles sensitifs, contrairement à la SEP sont rares, de même que la névrite optique<br />

rétro-bulbaire.<br />

Tous ces signes neurologiques sont souvent associés, de façon très variable. Toutes les<br />

associations sont possibles. Cependant, certains tableaux sont très suggestifs : <strong>Le</strong><br />

73


tableau classique est caractérisé par un début aigu ou subaigu, et associe des signes<br />

d’atteinte des voies longues (syndrome pyramidal ou cérébelleux), des signes bulbaires<br />

ou pseudobulbaires, des troubles sphinctériens, et des troubles psychiatriques.<br />

B- Thromboses veineuses cérébrales superficielles<br />

Elles représentent une complication majeure de la maladie de Behçet. Elles peuvent<br />

toucher tous les sinus duraux, en particulier le sinus longitudinal supérieur (SLS) et les<br />

sinus latéraux. Elles réalisent sur le plan clinique soit un tableau d’hypertension<br />

intracrânienne, associant céphalées, vomissements, et œdème papillaire au fond d’œil,<br />

soit un tableau d’infarctus veineux, associant au syndrome d’hypertension<br />

intracrânienne, des crises épileptiques et des déficits neurologiques focaux d’installation<br />

brutale ou rapide.<br />

C- Thrombose du système veineux profond<br />

Ce tableau est caractéristique de la maladie. Il s’agit d’une thrombose du système<br />

veineux cérébral profond, en particulier les veines cérébrales internes et les veines<br />

basales de Rosenthal.<br />

<strong>Le</strong> tableau neurologique est caractérisé par l’installation brutale ou rapide de déficits<br />

neurologiques focaux, associant une atteinte pyramidale et un syndrome du tronc<br />

cérébral, et surtout la présence de troubles neuro-psychologiques pouvant aller jusqu’à<br />

la démence.<br />

D- Autres manifestations<br />

Elles sont beaucoup plus rares ou exceptionnelles :<br />

- <strong>Le</strong>s anévrysmes intracérébraux<br />

- <strong>Le</strong>s neuropathies périphériques ou l’atteinte musculaire ( myosite inflammatoire )<br />

V- EXAMENS PARACLINIQUES<br />

A- Biologie<br />

<strong>Le</strong>s examens biologiques peuvent montrer un syndrome inflammatoire avec une<br />

accélération de la vitesse de sédimentation. Une hyperleucocytose à polynucléaires<br />

neutrophiles est également habituelle.<br />

B- Etude du LCR<br />

L’étude du LCR montre dans la plupart des cas un LCR inflammatoire, avec une<br />

méningite lymphocytaire, une augmentation modérée des protides totaux. La sécrétion<br />

intrathécale des gamma-globulines est inconstante. Parfois, on peut retrouver une<br />

hypercytose à polynucléaires (méningite puriforme aseptique) ou bien une formule<br />

panachée. La présence de polynucléaires dans le LCR est très suggestive du diagnostic.<br />

74


C- Scanner cérébral<br />

<strong>Le</strong> scanner cérébral montre des aspects différents, selon qu’on est devant un tableau de<br />

méningo-encéphalo-myélite ou devant un tableau de thrombophlébite cérébrale<br />

- Dans le cas de la méningoencéphalomyélite : le scanner est généralement normal ou<br />

montre une simple atrophie cortico-sous-corticale. Parfois, il montre des hypodensités<br />

au niveau du tronc cérébral, qui s’étendent aux noyaux gris centraux, en particulier au<br />

niveau du thalamus.<br />

- Dans le cas d’une thrombose des sinus duraux : il peut être normal ou montrer des<br />

signes indirects d’une thrombose veineuse: signe du delta vide ou triangle vide =<br />

hypodensité à l’intérieur du sinus longitudinal supérieur (après injection du produit de<br />

contraste) ; ou un infarctus hémorragique<br />

- Dans le cas d’une thrombose du système veineux profond : l’aspect typique est celui<br />

d’hypodensités bilatérales des NGC, en particulier des thalamus, avec extension au<br />

tronc cérébral. Ces hypodensités prennent le contraste de façon intense, pouvant parfois<br />

être pris pour un processus infectieux. Elles évoluent classiquement vers la régression<br />

spontanée (ou sous traitement)<br />

D- IRM et angio-IRM cérébrale<br />

Elle est beaucoup plus sensible que le scanner, que ce soit pour montrer les lésions du<br />

tronc cérébral lors de la méningo-encéphalo-myélite ou pour le diagnostic des<br />

thromboses cérébrales en montrant directement la thrombose.<br />

E- Artériographie cérébrale<br />

Elle est utile pour le diagnostic des thrombophlébites cérébrales, superficielles et<br />

profondes. Elle doit être pratiquée systématiquement, à défaut d’IRM, devant tout<br />

tableau évocateur d’une thrombophlébite cérébrale.<br />

VI-DIAGNOSTIC POSITIF<br />

On peut se trouver devant deux situations différentes :<br />

- 1 ère situation : Maladie de Behçet connue<br />

Il s’agit dans ce cas d’un malade suivi dans un service de dermatologie ou de médecine<br />

interne pour aphtose récidivante ou bien dans un service d’ophtalmologie pour atteinte<br />

oculaire dans le cadre d’une maladie de Behçet, et qui fait apparaître des signes<br />

neurologiques. Dans ce cas, il est facile de rattacher les manifestations neurologiques à<br />

la maladie de Behçet.<br />

- 2 ème situation : Maladie de Behçet inconnue<br />

<strong>Le</strong> diagnostic doit être évoqué devant :<br />

- Un tableau neurologique caractéristique : thrombophlébite cérébrale, AVC du sujet<br />

jeune, syndrome psycho-organique<br />

- Une symptomatologie neurologique récidivante, chez un sujet jeune de sexe masculin.<br />

75


- <strong>Le</strong>s signes neuro-radiologiques peuvent aider au diagnostic.<br />

<strong>Le</strong>s signes cardinaux de la maladie doivent être recherchés de façon systématique, en<br />

particulier l’aphtose buccale qui n’est pas toujours spontanément rapportée par les<br />

patients.<br />

VI- TRAITEMENT<br />

<strong>Le</strong> traitement est basé dans tous les cas sur la corticothérapie. Elle doit être instaurée le<br />

plus tôt possible et poursuivi au long cours.<br />

On utilise la Prédnisone à raison de 1 à 1,5 mg/ Kg/ j.<br />

- Dans les formes sévères de méningoencéphalomyélite : le traitement corticoïde seul<br />

n’est pas suffisant, et on associe des immunosuppresseurs : le plus souvent le<br />

Cyclophosphamide en cure d’induction suivie de Bolus mensuels pendant 1 à 2 ans.<br />

- En cas de thrombose veineuse : le traitement corticoïde est associé à des<br />

anticoagulants : Héparine puis antivitamines K pendant au moins 6 mois.<br />

- Un traitement d’appoint : à base de Colchicine doit toujours être associé.<br />

VIII- PRONOSTIC<br />

<strong>Le</strong>s manifestations neurologiques de la maladie de Behçet représentent des<br />

complications graves, et sont classiquement de mauvais pronostic aussi bien sur le plan<br />

vital que fonctionnel (séquelles à la fois motrices et neuro-psychologiques).<br />

<strong>Le</strong>s thrombophlébites cérébrales des sinus duraux, sont de meilleur pronostic que la<br />

méningo-encéphalo-myélite et les thromboses profondes.<br />

<strong>Le</strong> pronostic est d’autant plus mauvais que le traitement est instauré tardivement, d’où<br />

l’intérêt d’un traitement précoce et bien conduit.<br />

OBJECTIFS<br />

- Préciser les principales complications neurologiques de la maladie de Behçet.<br />

- Décrire le tableau clinique de la méningoencéphalomyélite = neurobehçet<br />

- Décrire le tableau clinique des thromboses veineuses cérébrales superficielles et<br />

profondes.<br />

- Préciser les examens complémentaires utiles au diagnostic des complications<br />

neurologiques du Behçet, et leurs résultats.<br />

- Préciser le traitement et le pronostic des complications neurologiques du Behçet.<br />

76


I- INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S CEPHA<strong>LE</strong>ES<br />

La céphalée désigne classiquement une douleur ressentie au niveau du crâne. <strong>Le</strong>s<br />

céphalées représentent le premier motif de consultation en neurologie et relèvent de<br />

causes multiples. Il est important de distinguer les céphalées essentielles bénignes, de<br />

loin les plus fréquentes, des céphalées symptomatiques dont certaines sont des urgences<br />

neurologiques.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic des céphalées a largement bénéficié de la classification internationale des<br />

céphalées, adoptée par l’International Headache Society (IHS), qui a permis de définir<br />

des critères stricts pour chaque type de céphalée.<br />

II- CONDUITE DU DIAGNOSTIC<br />

Elle est basée essentiellement sur un interrogatoire bien conduit, étape capitale du<br />

diagnostic devant une céphalée, et complété par un examen clinique neurologique et<br />

général.<br />

A- Interrogatoire<br />

Il permet de préciser :<br />

- L’âge et le sexe : Certaines pathologies sont particulièrement fréquentes chez la<br />

femme jeune, comme la migraine, d’autres pathologies sont plutôt fréquentes<br />

chez le sujet âgé comme la névralgie faciale essentielle.<br />

- <strong>Le</strong>s antécédents personnels et familiaux de céphalées ou d’autres pathologies,<br />

notamment les facteurs de risque cardio-vasculaires.<br />

- <strong>Le</strong>s caractéristiques de la céphalée : siège, sévérité, type, durée, et surtout son<br />

profil évolutif ce qui permettra de différencier entre céphalée récente, et<br />

céphalée chronique.<br />

- <strong>Le</strong>s signes accompagnateurs : peuvent être de grande valeur, telle une aura<br />

neurologique en faveur d’une migraine ou une altération de l’état général et des<br />

douleurs articulaires en faveur d’une maladie de Horton.<br />

B- Examen clinique<br />

Il doit comporter un examen neurologique, une auscultation du crâne, un examen du<br />

fond d’œil, et un examen général. <strong>Le</strong> moindre signe neurologique anormal doit imposer<br />

la réalisation d’un scanner cérébral.<br />

C- Examens paracliniques<br />

<strong>Le</strong> scanner cérébral est systématique devant une céphalée d’installation brutale ou<br />

rapidement progressive, même si l’examen clinique est normal.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic des céphalées essentielles bénignes reste purement clinique, mais la<br />

pratique d’investigations complémentaires est néanmoins justifiée chaque fois qu’existe<br />

la moindre atypie sémiologique ou évolutive.<br />

77


III- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE<br />

<strong>Le</strong> diagnostic étiologique est essentiellement fonction du profil évolutif de la céphalée.<br />

On distingue ainsi :<br />

- les céphalées récentes, qui s’installent soit brutalement, soit de façon rapidement<br />

progressive. Ce sont des urgences neurologiques, et nécessitent des<br />

investigations rapides.<br />

- les céphalées chroniques, qui évoluent par crises ou de façon permanente. Ce<br />

sont les céphalées essentielles bénignes, dont le chef de fil est la migraine.<br />

A- <strong>Le</strong>s céphalées récentes = urgence neurologique<br />

1 – <strong>Le</strong>s céphalées brusques<br />

Dans ce cas trois principaux diagnostics sont à envisager :<br />

- L’hémorragie méningée : qui se manifeste par une céphalée brutale ressentie<br />

comme un coup de poignard, associée le plus souvent à des vomissements.<br />

L’examen neurologique retrouve une raideur de la nuque, et le scanner et/ou la<br />

ponction lombaire permettent le diagnostic. L’artériographie en urgence s’impose<br />

pour diagnostiquer un éventuel anévrysme artériel.<br />

- L’hémorragie cérébrale : c’est un tableau d’hémorragie méningée avec des signes<br />

de focalisation.<br />

- L’encéphalopathie hypertensive : est une cause rare de céphalées récentes et<br />

brutales. Elle peut s’observer dans le cadre d’une hypertension artérielle maligne, en<br />

particulier secondaire à des néphropathies.<br />

2 – Céphalées rapidement progressives<br />

Ce sont des céphalées qui s’aggravent sur quelques jours ou quelques semaines. Elles<br />

témoignent soit d’un tableau d’hypertension intracrânienne, soit d’une méningite, ou<br />

beaucoup plus rarement d’une artérite temporale de Horton.<br />

- Hypertension intracrânienne (HIC)<br />

<strong>Le</strong>s céphalées sont diffuses ou en casque, et elles sont associées à des nausées et / ou<br />

des vomissements, à une diminution de l’acuité visuelle, et à une paralysie éventuelle de<br />

la VIème paire crânienne. <strong>Le</strong> fond d’œil retrouve un œdème papillaire bilatéral.<br />

<strong>Le</strong> syndrome d’hypertension intracrânienne peut être en rapport avec trois étiologies<br />

principales : un processus expansif intracérébral, une thrombophlébite des sinus<br />

veineux, ou une hypertension intracrânienne bénigne (quand le LCR et la neuroimagerie<br />

sont normaux).<br />

- Méningites<br />

Une méningite est évoquée lorsque les céphalées sont associées à de la fièvre.<br />

L’examen retrouve une raideur de la nuque. <strong>Le</strong> diagnostic est confirmé par la ponction<br />

lombaire.<br />

78


- Artérite temporale de Horton<br />

Cette affection doit être évoquée devant toute céphalée d’apparition récente chez un<br />

sujet de plus de 60 ans. La céphalée peut s’associer à des troubles visuels, qui font toute<br />

la gravité de la maladie, à une fièvre et une altération de l’état général. <strong>Le</strong> diagnostic est<br />

basé sur l’accélération de la vitesse de sédimentation, et l’existence d’anomalies<br />

caractéristiques à la biopsie de l’artère temporale.<br />

B- Céphalées essentielles bénignes<br />

Ce groupe de céphalées a largement bénéficié des précisions apportées par la<br />

classification de l’international headache society (IHS), qui a définit des critères stricts<br />

pour chaque type de céphalée. Ce groupe est largement dominé par la migraine et les<br />

céphalées de tension.<br />

1-Migraine<br />

La migraine est une affection très répandue, qui survient surtout chez le sujet jeune,<br />

entre 20 et 40 ans, avec une nette prédominance féminine (3 F / 1 H). Elle a souvent un<br />

caractère familial, mais il n’existe aucune preuve formelle du caractère héréditaire de la<br />

migraine. L’évolution de la migraine se fait par crises, dont la fréquence est très<br />

variable d’un sujet à l’autre, et tout au long de l’existence d’un même individu.<br />

Sur le plan clinique, on distingue deux types de migraines : la migraine commune ou<br />

migraine sans aura, de loin la pus fréquente, et la migraine avec aura.<br />

a- Migraine commune (migraine sans aura )<br />

Dont les caractéristiques ont été précisées par l’IHS :<br />

Critères diagnostiques de la migraine commune, selon l’IHS ( 1988) :<br />

A- Au moins 5 crises répondant aux critères B à D<br />

B- Crises de céphalées durant 4 à 72 heures (sans traitement)<br />

C- Céphalées ayant au moins deux des caractéristiques suivantes :<br />

- unilatéralité<br />

- Pulsatilité<br />

- Caractère modéré à sévère<br />

- Aggravation par les activités physiques de routine, telles que montée ou<br />

descente des escaliers.<br />

D- Durant les céphalées, au moins l’un des caractères suivants :<br />

- Phonophobie et photophobie<br />

- Nausées et / ou vomissements<br />

b- Migraine avec aura<br />

L’aura est un dysfonctionnement neurologique focal et transitoire, qui marque le début<br />

de la crise, la précède de 30 minutes à une heure. Elle dure par définition moins de 15<br />

minutes. <strong>Le</strong>s céphalées ont les mêmes caractéristiques que la migraine commune.<br />

79


Plusieurs types d’auras sont décrits :<br />

- les auras visuelles sont les plus fréquentes, et caractérisent la migraine<br />

ophtalmique. <strong>Le</strong>s deux principales manifestations en sont :<br />

*<strong>Le</strong> scotome scintillant = point lumineux et scintillant<br />

*les phosphènes= volontiers brillantes et colorées à type de taches, zigzag,<br />

éclairs ou étoiles.<br />

- les auras sensitives, plus rares, sont le plus souvent à type de paresthésies<br />

unilatérales de distribution chéiro-orale (autour de la bouche).<br />

- les troubles du langage et l’hémiparésie sont encore plus rares, et généralement<br />

associés aux troubles visuels et sensitifs.<br />

<strong>Le</strong> traitement de la crise de migraine fait appel aux antalgiques (paracetamol), aux<br />

AINS ou aux Triptans (Médicaments spécifiques des crises de migraine).<br />

<strong>Le</strong> traitement de fond est parfois nécessaire devant des crises fréquentes et sévères. Il<br />

fait appel souvent aux betabloquants (Avlocardyl*) ou à l’amitryptiline (Laroxyl*).<br />

2-Céphalées de tension (CT)<br />

Elles sont aussi fréquentes que la migraine à laquelle elles sont souvent associées. <strong>Le</strong><br />

terme « céphalées de tension » fait référence à la tension psychologique qui les soustend<br />

souvent, et à la tension des masses musculaires qui les accompagnent.<br />

L’IHS définit les CT comme des céphalées souvent bilatérales diffuses en casque. La<br />

douleur est décrite comme une sensation de pression ou d’étau. Elle est d’intensité<br />

modérée ou légère, ne s’aggravant pas par l’activité normale, et rarement accompagnée<br />

de symptômes associés tels que nausées ou photophobie. L’examen somatique retrouve<br />

parfois une contracture des muscles du cou, des épaules, et des masséters.<br />

La prise en charge des CT est difficile, et nécessite souvent une prise en charge à la fois<br />

médicamenteuse et psychologique.<br />

3-Névralgie faciale essentielle<br />

C’est une affection du sujet âgé qui débute après 50 ans. La prédominance féminine est<br />

la règle. <strong>Le</strong> diagnostic est aisé et repose sur quatre éléments cliniques :<br />

- la qualité de la douleur : intense et paroxystique, décrite comme une décharge<br />

électrique ou un éclair.<br />

- la topographie de la douleur : elle est unilatérale, strictement localisée au territoire<br />

du trijumeau.<br />

- facteurs déclenchants de la douleur : le plus fréquent est la stimulation cutanée<br />

(attouchement ou frôlement) d’une zone précise du territoire douloureux appelée<br />

« trigger zone »ou « zone gâchette ».<br />

- l’examen neurologique : doit s’assurer de la parfaite normalité de la sensibilité<br />

faciale et de la cornée. La constatation du moindre trouble sensitif oriente vers le<br />

diagnostic de névralgie symptomatique (recherche étiologique nécessaire)<br />

- <strong>Le</strong> traitement est basé sur les anti-épileptiques (Carbamazeépine (Tegretol*),<br />

Gabapentin (Neurontin*)).<br />

80


4- L’algie vasculaire de la face (AVF)<br />

L’algie vasculaire de la face est une affection rare, 25 fois moins fréquente que la<br />

migraine.<br />

Elle affecte le sujet jeune (20 à 30 ans), le plus souvent de sexe masculin.<br />

Sa symptomatologie est stéréotypée. Il s’agit d’une douleur extrêmement sévère,<br />

strictement unilatérale, qui s’accompagne souvent de signes sympathiques<br />

homolatéraux à la douleur (rougeur oculaire, larmoiement, écoulement nasal, myosis,<br />

ptosis, et sudation du front).<br />

5-Céphalées inhabituelles<br />

Elles regroupent un certain nombre de céphalées, de sémiologie très spécifique ou<br />

survenant en présence d’un facteur déclenchant particulier parmi lesquels : les céphalées<br />

induites par le froid, la toux, l’effort, l’exercice physique.<br />

C-Céphalées associées à des affections ORL, ophtalmologiques,<br />

stomatologiques ou cervicales<br />

De nombreuses affections relevant de ces spécialités peuvent s’accompagner de<br />

céphalées. Mais dans ces cas, les céphalées ont une sémiologie propre et des signes<br />

accompagnateurs spécifiques, qui permettent rapidement de les évoquer.<br />

- les affections ORL : sinusites aiguës ou chroniques<br />

- les affections ophtalmologiques : glaucome aigu, troubles de la réfraction non ou mal<br />

corrigés.<br />

- les affections stomatologiques : affections dentaires, ou dysfonctionnement de<br />

l’articulation temporo-maxillaire<br />

- les affections cervicales : localisées au cou et à la région occipitale, peuvent irradier<br />

au niveau du crâne.<br />

OBJECTIFS<br />

- Préciser la conduite diagnostique devant une céphalée.<br />

- Différencier entre céphalée récente et céphalée essentielle bénigne.<br />

- Préciser les différentes étiologies des céphalées brutales et des céphalées<br />

rapidement progressives.<br />

- Citer les principales céphalées essentielles bénignes.<br />

- Décrire les caractéristiques cliniques des deux types de migraine.<br />

- Décrire les caractéristiques cliniques des céphalées de tension.<br />

- Décrire les caractéristiques cliniques de la névralgie faciale.<br />

81


MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DE LA TUBERCULOSE<br />

Fléau majeur dans les pays en voie de développement, la tuberculose est en<br />

recrudescence dans les pays occidentaux surtout depuis l'avènement du Sida. L'atteinte<br />

neuroméningée, souvent grave, est très polymorphe.<br />

I- EPIDEMIOLOGIE<br />

<strong>Le</strong> délai de contamination peut aller de 6 mois à 5 ans. Il faut savoir qu’il existe des<br />

facteurs favorisants tel que la dénutrition, un logement insalubre, l’alcoolisme, le<br />

diabète, une gastrectomie, les thérapeutiques immunodépressives et le SIDA. Il est à<br />

noter que le vaccin par le BCG ne met pas à l'abri d’une tuberculose du système<br />

nerveux central lors d’une contamination massive ou à distance de la vaccination.<br />

II- PHYSIOPATHOLOGIE<br />

La transmission du germe peut se faire par voie sanguine, par lésion tuberculeuse des<br />

plexus choroïdes, par effraction d'un tubercule méningé de la corticalité du cerveau ou<br />

par voie directe d'un foyer osseux paraméningé, d'une otite ou d'une mastoïdite<br />

tuberculeuse.<br />

Nous traiterons dans un premier temps de la méningite tuberculeuse, ensuite des<br />

tuberculomes et des autres formes de tuberculose du système nerveux.<br />

III-MENINGITE TUBERCU<strong>LE</strong>USE<br />

La méningite tuberculeuse est une urgence médicale dont le pronostic dépend de la<br />

précocité du diagnostic et de la mise en route du traitement.<br />

A- Aspects anatomopathologiques<br />

Il existe un exsudat méningé à la base du cerveau, en interpédonculaire, au niveau de la<br />

scissure sylvienne, des plexus choroïdes et des régions épendymaires. Puis il diffuse<br />

vers le bulbe, le cervelet, les citernes de la base et le trou de Luschka. Ces exsudats<br />

peuvent toucher les artères et entraîner des artérites qui conduiront à la nécrose<br />

fibrinoïde, à la thrombose et à de multiples infarctus. Dans les formes évoluées,<br />

l’œdème et la réaction gliale sont importants et aboutiront à une fibrose.<br />

Lorsque la méningite est traitée tôt, les lésions disparaissent au bout du 3 ème mois,<br />

remplacées éventuellement par une sclérose. Dans la méningite spinale, l’exsudat<br />

adhère à la dure-mère et aux leptoméninges évoluant vers une arachnoïdite et le<br />

développement possible de kystes arachnoïdiens.<br />

B- Signes cliniques :<br />

<strong>Le</strong>s prodromes sont faits de signes généraux à type de somnolence, d’anorexie,<br />

d’amaigrissement, de malaise, d’irritabilité, de céphalées, de confusion, et de fièvre aux<br />

alentours de 38°C. Ensuite s’installent des signes méningés, rarement au complet et qui<br />

82


peuvent manquer dans les formes comateuses. <strong>Le</strong>s symptômes possibles au début<br />

peuvent être des troubles de la conscience (coma) ou du comportement, une confusion<br />

mentale, une indifférence, une adynamie ou des symptômes dépressifs. Ils sont souvent<br />

accompagnés de signes basilaires à type de paralysies oculomotrices et des troubles<br />

végétatifs (troubles du rythme respiratoire, cardiaque et de la tension artérielle, ainsi que<br />

des bouffées vasomotrices). Des signes de focalisation (déficits moteurs, troubles<br />

cérébélleux) ou des crises épileptiques sont fréquemment associés.<br />

C- Formes syndromiques<br />

- La méningite basilaire associant un syndrome méningé, des paralysies<br />

oculomotrices, une somnolence ou une obnubilation<br />

- La méningo-encéphalite tuberculeuse associant des signes méningés, des<br />

troubles de la conscience, une hémiplégie et/ou des crises épileptiques ;<br />

- La méningite (ou arachnoïdite) spinale qui se traduit par une paraplégie<br />

d’installation aiguë, subaiguë ou chronique constituant un tableau de<br />

compression médullaire lente.<br />

- La radiculo-myélopathie associant des radiculalgies et une paraplégie ou<br />

tétraplégie.<br />

- La tuberculose miliaire du névraxe s'apparentant à celle observée dans la<br />

miliaire pulmonaire ; elle est de séméiologie peu bruyante évoluant sur plusieurs<br />

mois.<br />

- Chez le nourrisson, les symptômes peuvent être à type de troubles digestifs,<br />

d’arrêt de la courbe pondérale, d’hypotonie (la raideur méningée peut manquer),<br />

de somnolence inhabituelle, de plafonnement intermittent du regard et d’une<br />

tension de la fontanelle.<br />

D-Examens complémentaires<br />

1 - L’examen ophtalmologique<br />

Il recherche un œdème papillaire, une atrophie optique ou des tubercules de Bouchut<br />

(tâches rondes ou ovalaires, jaunâtres autour de la papille ou le long des vaisseaux)<br />

témoins d'une dissémination choroïdienne.<br />

2 - L’IDR à la tuberculine<br />

Elle peut être phlycténulaire mais peut aussi être négative dans la moitié des cas.<br />

3 - Examens biologiques<br />

a- Ponction lombaire<br />

- <strong>Le</strong> liquide céphalo-rachidien est clair, ou jaune citrin avec une cytologie de 50 à<br />

1000 lymphocytes /mm 3 et une hyper-protéinorachie supérieure à 1 g/l.<br />

L’hypoglycorachie est constante (à corréler avec les valeurs sanguines).<br />

L’électrophorèse des protides objective une forte sécrétion intrathécale des<br />

immunoglobulines.<br />

- L’examen direct met rarement en évidence le BK et les cultures sont positives dans<br />

45 à 90 % des cas après 3 à 6 semaines. La " polymerase chain reaction " (PCR)<br />

reste l’examen le plus sensible et le plus spécifique. Elle permet un diagnostic<br />

83


apide (dans les 48 h), mais n’est applicable en routine que dans des centres<br />

spécialisés.<br />

b. L’ionogramme sanguin recherche une hyponatrémie (due à une sécrétion<br />

inappropriée d’ADH ou syndrome de Schwartz-Barter).<br />

c. <strong>Le</strong> reste du bilan biologique objective un syndrome inflammatoire sanguin et parfois<br />

une lymphopénie.<br />

4- L’imagerie cérébrale : scanner ou IRM<br />

Réalisés avant et après injection de produit de contraste, ils objectivent une prise de<br />

contraste des citernes de la base du cerveau et / ou une dilatation ventriculaire qui signe<br />

l’existence d’une hydrocéphalie par défaut de résorption du LCR. Ils peuvent mettre en<br />

évidence des infarctus cérébraux secondaires à une artérite tuberculeuse (des vaisseaux<br />

de petits et moyens calibres). Parfois, des tuberculomes sont associés à la méningite.<br />

L’IRM analyse mieux les lésions du tronc cérébral et de la moelle épinière.<br />

E- Diagnostic<br />

<strong>Le</strong> diagnostic positif est souvent posé sur un faisceaux d’arguments épidémiologiques<br />

(notion de contage), cliniques (méningite subaiguë basilaire), biologiques (méningite<br />

lymphocytaire, hyperprotéinorachie, hypoglycorachie et hyponatrémie) et radiologiques<br />

(prise de contraste de la base et hydrocéphalie). La mise en évidence du BK dans le<br />

LCR étant souvent difficile, le traitement antibacillaire doit être démarré rapidement<br />

sans attendre la confirmation bactériologique.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel est celui des autres méningites lymphocytaires : virales,<br />

listériennes, brucélliennes, carcinomateuses, purulentes décapitées et dans notre<br />

contexte une complication neurologique de la maladie de Behcet.<br />

IV-<strong>LE</strong>S TUBERCULOMES<br />

A- Aspects anatomopathologiques<br />

<strong>Le</strong> tubercule retrouvé à la superficie du cerveau ou dans la leptoméninge est constitué<br />

de cellules géantes épithélioïdes entourant une zone centrale de nécrose caséeuse. Alors<br />

que le tuberculome parenchymateux est une masse de tissu granulomateux avec caséum<br />

central dont la gliose puis fibrose entourent la capsule et évoluent vers la calcification.<br />

B- Signes cliniques<br />

Ils sont fonction de la localisation des lésions.<br />

- <strong>Le</strong>s tuberculomes hémisphériques peuvent engendrer des crises épileptiques<br />

et/ou une hémiplégie associés ou non à une HIC.<br />

- Au niveau du tronc cérébral ils entraînent des céphalées, des paralysies<br />

oculomotrices, un déficit moteur, une ataxie, un syndrome alterne, une<br />

altération de la conscience.<br />

84


- L’atteinte du chiasma optique entraîne une baisse de l'activité visuelle ou une<br />

hémianopsie bitemporale et une insuffisance hypothalamique et<br />

antéhypophysaire si extension au 3 ème ventricule.<br />

- Dans la moelle épinière, les tuberculomes entraînent une compression<br />

médullaire lente ou un syndrome de Brown-Séquard.<br />

C- Examens neuroradiologqiues<br />

1- Scanner cérébral<br />

<strong>Le</strong> tuberculome se traduit par une image circonscrite, hypodense ne prenant pas le<br />

contraste au stade initial. Parfois la lésion est isodense ou légèrement hyperdense<br />

entourée d'une zone d'œdème et prenant le contraste de façon homogène plus ou moins<br />

intense ou en couronne.<br />

L’abcès tuberculeux est sous forme d’hypodensité cerclée par une fine prise de<br />

contraste.<br />

2- Imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale<br />

Elle est plus sensible que le scanner et permet de visualiser les tuberculomes de petite<br />

taille ou localisés au niveau du tronc cérébral en montrant un aspect en cible à noyau<br />

clair. Elle reste l’examen de choix dans l'atteinte médullaire en appréciant à la fois la<br />

gravité et l'extension des lésions intramédullaires et méningées.<br />

D- Diagnostic<br />

<strong>Le</strong> diagnostic positif ne pose pas de problème en cas de tuberculose extraneurologique<br />

associée. En cas de tuberculomes cérébraux isolés une biopsie stéréotaxique s’avère<br />

nécessaire.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel se pose avec des processus expansifs intracrâniens : abcès à<br />

pyogènes, tumeurs qu’elles soient primitives (gliomes) ou secondaires (métastases).<br />

V- TRAITEMENT<br />

A- Traitement médicamenteux<br />

Il fait appel aux antituberculeux majeurs : Isoniazide (INH), Rifampicine, Ethambutol,<br />

Pyrazinamide et parfois Streptomycine ou Quinolones. La durée du traitement est au<br />

minimum d’une année combinant au moins 4 antibacillaires majeurs.<br />

La corticothérapie par voie orale est indiquée dans les formes graves de méningite<br />

tuberculeuse : en cas d’hypertension intracrânienne avec œdème papillaire, de troubles<br />

de la conscience, de tuberculomes de grande taille et en cas de protéinorachie très<br />

élevée. Certains préconisent une corticothérapie en intrathécal (hémisuccinate<br />

d’hydrocortisone) en cas d’arachnoïdite spinale.<br />

B- Traitement chirurgical<br />

Il est indiqué dans l’hydrocéphalie (drainage ventriculo péritonéal ou ventriculo atrial),<br />

et dans la compression médullaire.<br />

85


VI- EVOLUTION ET PRONOSTIC<br />

La méningite tuberculeuse reste une urgence médicale dont le pronostic dépend de la<br />

précocité du traitement. La guérison sans séquelles est possible dans les formes sans<br />

signes de focalisation ni troubles de la conscience. La mortalité peut aller jusqu’à 50%<br />

chez les sujets âgés et les nourissons.<br />

Des complications peuvent survenir : hydrocéphalie, cécité avec atrophie optique,<br />

surdité, crises épileptiques, retard mental chez l’enfant, complications endocriniennes<br />

(obésité, retard de croissance, hypogonadisme, diabète insipide, panhypopituitarisme),<br />

complications médullaires telle que paraplégie par arachnoïdite.<br />

Sous traitement médical, l'involution du tuberculome se fait lentement, sur plusieurs<br />

mois, et la résolution définitive n'est souvent obtenue que très tardivement (1 à 2 ans).<br />

Des calcifications séquellaires ou une atrophie adjacente ne sont pas rares. Après<br />

traitement médical, l’absence de séquelle au scanner cérébral est possible.<br />

OBJECTIFS<br />

- Connaître les signes cliniques de la méningite tuberculeuse<br />

- Citer les différentes formes syndromiques de méningite tuberculeuse<br />

- Savoir quels examens complémentaires demander devant une suspicion de<br />

méningite tuberculeuse<br />

- Connaître la description clinique des tuberculomes<br />

- Connaître les aspects scannographiques et IRM des tuberculomes<br />

- Connaître les principes du traitement de la tuberculose du système nerveux<br />

- Connaître les principales complications de la tuberculose du système nerveux<br />

86


I- GENERALITES<br />

LA NEURO-SYPHILIS<br />

La syphilis est une MST due au Tréponema Pallidum appartenant aux Spirochètes. Elle<br />

est connue depuis l'antiquité et est répandue dans tous les pays.<br />

L'introduction de la Pénicilline en 1948 a laissé espérer son éradication.<br />

Malheureusement après une phase de régression, elle connaît de nos jours une<br />

expansion surtout après l'avènement du SIDA.<br />

La recrudescence actuelle fait intervenir plusieurs facteurs :<br />

- la mauvaise utilisation des antibiotiques (doses et durée insuffisantes)<br />

- la prostitution sous toutes ses formes.<br />

- l'homosexualité<br />

- la toxicomanie<br />

II- <strong>LE</strong>S DIFFERENTS STADES DE LA MALADIE<br />

Selon la nouvelle classification, on distingue :<br />

A- La syphilis récente qui comprend :<br />

1- L'accident primaire : c'est à dire le chancre syphilitique<br />

2- La syphilis secondaire : elle survient 45 jours après l'incubation et<br />

comporte une atteinte cutanéomuqueuse sous forme de roséole ou de<br />

syphilides papulo-érosives. S'y associent des signes généraux : fièvre,<br />

méningite, hépatite, ostéite, iridocyclite.<br />

3- La syphilis congénitale précoce, souvent mortelle.<br />

B- La syphilis tardive<br />

- Congénitale tardive<br />

- Acquise : Localisation cutanéomuqueuse, cardiovasculaire et neurologique.<br />

III- LA NEUROSYPHILIS<br />

A- Généralités<br />

Elle avait presque disparu dans les pays occidentaux jusqu’à l’apparition du SIDA. Elle<br />

reste fréquente dans notre pays en raison de la mauvaise prise en charge de la syphilis<br />

primaire.<br />

Elle apparaît classiquement 5 à 15 ans après la phase primaire. En fait la réaction<br />

méningée est concomitante de la phase septicémique qui caractérise la syphilis récente.<br />

L'age d'apparition se situe dans la 4ème ou 5ème décade, mais nous remarquons un<br />

rajeunissement de ce début. Elle touche plus l'homme que la femme.<br />

B- Aspects cliniques<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique de la neurosyphilis dépend de la phase évolutive : au stade<br />

secondaire c’est la méningite et la méningovascularite, au stade tertiaire c’est la<br />

méningoencéphalite chronique et le tabès.<br />

87


1- La méningite aiguë ou subaiguë<br />

<strong>Le</strong>s lésions touchent les méninges seules ou diffusent au parenchyme cérébral. <strong>Le</strong><br />

tableau clinique sera alors soit celui d'une méningite de la convexité avec céphalées,<br />

asthénie, troubles du caractère et crises comitiales ; ou une méningite de la base qui<br />

associe aux signes méningés une atteinte des nerfs crâniens en particulier les nerfs<br />

oculomoteurs et la VIII ème paire (surdité et vertiges).<br />

2- Méningovascularite<br />

C'est le tableau d'un AVC le plus souvent carotidien : Hémiplégie d’installation brutale<br />

associée à une méningite lymphocytaire. La positivité des réactions syphilitiques dans le<br />

LCR confirmera le diagnostic. Sur le plan anatomopathologique il s'agit d'une<br />

panartérite segmentaire prédominant sur les artères de moyen et de gros calibre. <strong>Le</strong>s<br />

atteintes veineuses sont exceptionnelles.<br />

3- Méningo-encéphalite chronique ou « paralysie générale »<br />

Elle se caractérise par une double symptomatologie neurologique et psychiatrique.<br />

<strong>Le</strong> début se fait presque toujours par des troubles du comportement à type d'agitation,<br />

d'agressivité, de perturbation des conduites sociales, des troubles de la mémoire et de<br />

l'attention. <strong>Le</strong>s idées délirantes typiquement mégalomaniaques ou dépressives sont<br />

caractéristiques mais inconstantes.<br />

L’évolution se fait vers un tableau de démence cortico-frontale fait de troubles<br />

intellectuels, de la mémoire, du raisonnement et du jugement qui seront au mieux<br />

évalués par un examen neuropsychologique. L’association d’un délire mégalomaniaque<br />

est très évocatrice d’une démence syphilitique. <strong>Le</strong>s signes neurologiques souvent<br />

associés sont dominés par la dysarthrie extrapyramidale pratiquement pathognomonique<br />

: c'est une voix faible, tremblante avec des achoppements sur les syllabes avec un faciès<br />

amimique et un tremblement labial ainsi que des anomalies pupillaires (signe d'Argyll<br />

Robertson).<br />

4- La syphilis médullaire :<br />

Elle peut réaliser trois formes cliniques :<br />

a- La myélite aigue transverse : elle est due à une atteinte artérielle réalisant une<br />

myélomalacie. Elle se manifeste par une paraplégie brutale avec incontinence<br />

sphinctérienne et anesthésie superficielle. La paraplégie est au début flasque puis elle<br />

évolue vers la spasticité.<br />

b- La myélite d'Erb : Elle est due à une atteinte des cordons latéraux de la moelle. Elle<br />

se manifeste par une paraparésie progressive sans troubles sensitifs.<br />

c- <strong>Le</strong> tabès : C'est un syndrome radiculo-cordonal postérieur qui se manifeste par de<br />

gros troubles de la sensibilité profonde responsable d'une ataxie de la marche, une<br />

aréflexie ostéo-tendineuse et des douleurs cordonales fulgurantes. S'y associent parfois<br />

des arthropathies nerveuses (grosses déformations articulaires sans douleurs), des crises<br />

88


viscérales et un signe d'Argyll Robertson. L'association d'une atrophie optique réalise le<br />

tableau de tabès amaurotique.<br />

5- <strong>Le</strong>s formes rares<br />

- L’atrophie optique syphilitique qui peut être isolée est souvent responsable d’une<br />

cécité irréversible.<br />

- La pseudo-SLA Syphilitique : signes d'atteinte de la corne antérieure mais asymétrique<br />

- La striatite syphilitique : C’est le tableau d’un syndrome parkinsonien<br />

- La cérébellite syphilitique<br />

- La gomme cérébrale syphilitique : c'est un abcès cérébral froid révélé par des signes de<br />

focalisation (Hémiplégie, crises épileptiques, ...).<br />

C- Aspects paracliniques<br />

1- Examens biologiques :<br />

- <strong>Le</strong>s sérologies de la syphilis (VDRL, TPHA) sont fortement positives dans le sang.<br />

- LCR: l’étude cytochimique montre souvent une lymphocytose et une<br />

hyperprotéinorachie modérées. L’électrophorèse des protides objective une sécrétion<br />

intratéchale importante des gammaglobulines. <strong>Le</strong> diagnostic de neurosyphilis requiert la<br />

positivité des sérologies syphilitiques (VDRL, TPHA) dans le LCR.<br />

2- Radiologie<br />

<strong>Le</strong> scanner cérébral montre soit une hypodensité de topographie vasculaire en cas de<br />

vascularite, soit une atrophie cortico-sous-corticale à prédominance frontale en cas de<br />

méningo-encéphalite. En cas de gomme on trouvera un processus occupant de l'espace.<br />

L'IRM cérébrale n'est que rarement indiquée. L'IRM médullaire peut être utile en cas de<br />

myélopathie (myélite aigue ou myélite d'Erb).<br />

Des Radio simples sont indiquées en cas d'atteinte osseuse (arthropathies tabétiques).<br />

IV-TRAITEMENT ET EVOLUTION<br />

La Pénicilline reste le meilleur antibiotique de la neurosyphilis.<br />

<strong>Le</strong> protocole utilisé est le suivant : 10 Millions dans du sérum glucosé isotonique en<br />

perfusion IV pendant 4 heures 2 fois par jour, pendant 10 jours. Ce traitement est à<br />

refaire tous les 3 mois jusqu'à totaliser 4 cures.<br />

On peut y associer selon les cas un traitement symptomatique : les neuroleptiques, les<br />

antalgiques à action centrale, les anti-épileptiques…..<br />

L’évolution sous traitement est habituellement favorable dans les méningites et les<br />

méningovascularites. Dans la méningo-encéphalite et le tabès par contre, l’amélioration<br />

est rare avec persistance de séquelles neurologiques sévères.<br />

OBJECTIFS<br />

- Retenir les éléments épidémiologiques de la syphilis et sa place parmi les<br />

MST<br />

89


- Retenir les différents stades de la maladie<br />

- Connaître la symptomatologie des différentes formes cliniques: de la<br />

méningo-encéphalite, du tabès, de la myélite d’Erb.<br />

- Demander les examens paracliniques adaptés pour confirmer le diagnostic<br />

- Connaître le traitement de la neurosyphilis.<br />

90


I- INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DUES<br />

A L'INFECTION PAR <strong>LE</strong> VIH<br />

<strong>Le</strong> syndrome d'immunodéficience humaine acquise (SIDA) est lié à un rétrovirus (VIH)<br />

qui a une affinité particulière pour l'antigène CD4 des lymphocytes à médiation<br />

cellulaire.<br />

L’atteinte du système nerveux (SN) est très fréquente au cours de l'infection par le VIH<br />

(dans 40 à 80% des cas). Elle peut être secondaire à la pathologie infectieuse ou<br />

tumorale induite par l'immunodépression ou directement liée au neurotropisme propre<br />

du VIH.<br />

<strong>Le</strong>s manifestations cliniques sont polymorphes et peuvent concerner aussi bien le<br />

système nerveux central que périphérique. Elles s'observent à tous les stades de<br />

l'infection, de la séroconversion au stade de SIDA.<br />

II- PHYSIOPATHOLOGIE DE L'ATTEINTE NERVEUSE PAR <strong>LE</strong> VIH<br />

Deux mécanismes peuvent expliquer les atteintes neurologiques dues au VIH :<br />

- l'atteinte directe du SN par le VIH : la présence du virus a été démontrée dans<br />

les macrophages et les cellules de la microglie du parenchyme cérébral. Elle<br />

reste discutée dans les neurones, les astrocytes et les oligodendrocytes. La<br />

réplication virale est responsable de la destruction cellulaire.<br />

- l'immunodépression : explique les infections opportunistes et les lymphomes.<br />

III- <strong>LE</strong>S MANIFESTATIONS LIEES AU VIH LUI-MEME<br />

A- Atteinte du système nerveux central (SNC)<br />

1 - L’encéphalite subaiguë<br />

C'est la plus fréquente des atteintes neurologiques (40 à 70% des cas), elle peut révéler<br />

l'infection par le VIH.<br />

Elle peut survenir lors de la primoinfection et constituer la seule manifestation patente<br />

de l’infection virale sans association à une infection opportuniste. <strong>Le</strong> début est<br />

progressif avec des épisodes d’aggravation brutale ; il est plus rarement subaigu ou<br />

même aigu.<br />

Elle se caractérise sur le plan clinique par des troubles cognitifs avec troubles de la<br />

mémoire, des anomalies du comportement et des troubles moteurs et de l’équilibre. Une<br />

akinésie, un tremblement, une hypertonie, ou une incontinence peuvent être associés.<br />

L’évolution se fait vers une démence sous-corticale avec état grabataire. Plus tard<br />

surviennent des troubles de la conscience puis le décès en quelques mois. Une<br />

stabilisation ou même une amélioration sont possibles chez les patients traités.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est évoqué devant les données cliniques. <strong>Le</strong>s investigations ne montrent<br />

pas d’anomalies spécifiques :<br />

- EEG : souffrance cérébrale diffuse<br />

91


- TDM ou IRM cérébrale : atrophie corticale et sous corticale, signes de<br />

démyélinisation.<br />

- LCR : légère augmentation de la protéinorachie et des IgG, pléiocytose<br />

- Sérologie VIH positive.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel se pose avec les autres étiologies de démence ou d’encéphalite<br />

subaiguë. Devant de tels tableaux, la sérologie VIH doit être systématique.<br />

2- La méningite aseptique<br />

Elle représente 5 à 10 % des atteintes neurologiques du VIH. Elle survient au cours de<br />

la séroconversion. Elle se révèle par des céphalées, de la fièvre et une raideur méningée<br />

habituellement modérée, parfois par une atteinte des nerfs crâniens en particulier les V,<br />

VI et VII.<br />

<strong>Le</strong> LCR contient une réaction lymphocytaire (20 à 800 cellules / mm3) et une discrète<br />

hyperprotéinorachie (0.5 à 1 g/l). L'évolution est spontanée en quelques jours mais la<br />

récidive est possible. Elle doit être distinguée des méningites infectieuses qui relèvent<br />

d'un traitement spécifique.<br />

3- Myélopathie<br />

La myélite aiguë est rare. La myélopathie chronique progressive est plus fréquente. Il<br />

s’agit d’une dégénérescence vacuolaire de la substance blanche cordonale postérieure et<br />

latérale prédominant au niveau de la moelle thoracique. Elle peut être isolée ou associée<br />

à l’encéphalite subaiguë. <strong>Le</strong> tableau clinique est celui d’une paraplégie spastique<br />

progressive associée à une ataxie.<br />

B - Atteintes du système nerveux périphérique (SNP)<br />

Elles sont fréquentes et polymorphes et s'observent à tous les stades de l'infection<br />

1- Polyradiculonévrites (PRN) inflammatoires<br />

Elles surviennent au stade de séropositivité et sont dues à l'hyperstimulation<br />

Β lymphocytaire. Il peut s'agir de :<br />

- PRN aiguë au cours de la séroconversion, le traitement est basé sur les échanges<br />

plasmatiques ou les immunoglobulines intraveineuses.<br />

- PRN inflammatoire chronique démyélinisante sensible aux corticoïdes<br />

2- Polyneuropathie sensitive distale symétrique<br />

La symptomatologie clinique est dominée par les paresthésies et les douleurs<br />

neuropathiques. Cette neuropathie s'observe au stade SIDA et est due à<br />

l'immunodépression. Elle pose un problème de diagnostic différentiel avec les neuropathies<br />

toxiques dues aux antiviraux (AZT).<br />

3- Mononeuropathie multiple<br />

Il s’agit d’une atteinte sévère asymétrique de plusieurs troncs nerveux qui apparaît au<br />

stade avancé de l'immunodépression.<br />

92


4- <strong>Le</strong>s manifestations musculaires<br />

Elles sont variables :<br />

- atteinte inflammatoire (polymyosite) responsable d'un déficit des ceintures avec<br />

myalgies, augmentation des créatines kinases sériques et infiltrat inflammatoire à la<br />

biopsie.<br />

- myopathie toxique à l'AZT, qui apparaît si la dose quotidienne est > 1g/j. Elle est<br />

difficile à distinguer de la polymyosite. L'arrêt de l'AZT entraîne une amélioration<br />

en 1 à 3 mois. La reprise du traitement peut se faire à demi-dose.<br />

Il peut s’agir parfois d’atteintes infectieuses opportunistes (CMV, toxoplasmose) et<br />

néoplasiques.<br />

IV- <strong>LE</strong>S LYMPHOMES<br />

<strong>Le</strong>s lymphomes primitifs du SN de type immunoblastique représentent 10 à 20% des<br />

atteintes neurologiques du VIH. Ils sont dus à l'absence, au niveau cérébral, de la<br />

répression de la prolifération B lymphocytaire.<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique est celui d'un processus expansif intracrânien : signes déficitaires,<br />

hypertension intra-crânienne, crises convulsives ...<br />

<strong>Le</strong> scanner cérébral ou l’IRM peuvent objectiver une ou plusieurs lésions nodulaires<br />

prenant fortement le contraste.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel se pose surtout avec la toxoplasmose. <strong>Le</strong> diagnostic de certitude<br />

se fait par la biopsie des lésions. <strong>Le</strong> pronostic est rapidement défavorable en quelques<br />

semaines (chimiothérapie inefficace).<br />

V- <strong>LE</strong>S INFECTIONS OPPORTUNISTES DU SYSTEME NERVEUX<br />

Elles se voient au stade SIDA.<br />

A- Toxoplasmose<br />

C'est une parasitose due à Toxoplasma Gondii, elle constitue une infection ubiquitaire<br />

extrêmement répandue dans le monde. Elle est inapparente dans la plupart des cas,<br />

habituellement bénigne sauf dans deux situations : la grossesse et l'immunodépression.<br />

L'atteinte du SNC par la toxoplasmose est fréquente, elle survient chez les patients avec<br />

des CD4 < 200 / mm3. Elle se manifeste sous deux formes :<br />

- l'atteinte focale : la plus fréquente, responsable de signes déficitaires tels que<br />

hémiplégie, déficit sensitif, syndrome cérébelleux, atteinte de nerfs crâniens.<br />

D'installation habituellement progressive, ce tableau peut se compléter par des crises<br />

épileptiques partielles ou généralisées.<br />

- l'atteinte encéphalitique plus diffuse qui se traduit par des troubles de la conscience et<br />

des crises épileptiques généralisées.<br />

La TDM cérébrale objective des nodules hyperdenses, ou un aspect d'abcès cérébral<br />

réalisant des images annulaires (hypodensité entourée d'une zone hyperdense),<br />

évocateurs du diagnostic de toxoplasmose cérébrale. Ces images peuvent être uniques<br />

ou multiples avec effet de masse sur les structures ventriculaires ou médianes.<br />

93


L'examen du LCR objective une réaction cytochimique inflammatoire non spécifique,<br />

sans mise en évidence du parasite. <strong>Le</strong>s sérologies sont d'interprétation difficile.<br />

<strong>Le</strong>s données paracliniques ne sont pas spécifiques. <strong>Le</strong> diagnostic est à évoquer devant<br />

tout signe neurologique central et devant toute image TDM d'abcès cérébral chez un<br />

séropositif. Dans ces cas, le traitement anti-toxoplasmique est systématique. La réponse<br />

au traitement constitue une preuve diagnostique.<br />

B– Cryptococcose<br />

Elle réalise un tableau de méningite chronique de la base avec parfois des signes de<br />

méningoencéphalite. <strong>Le</strong> diagnostic repose sur la mise en évidence de la levure dans le<br />

LCR à l'examen direct après coloration à l’encre de Chine et à la culture. <strong>Le</strong> traitement<br />

est à base d'amphotericine B. La récidive est fréquente (60% des cas).<br />

C – Cytomégalovirus (CMV)<br />

L'encéphalite à CMV au cours du SIDA est souvent asymptomatique. <strong>Le</strong> virus peut<br />

également entraîner un tableau d'encéphalite aiguë : fièvre, troubles de la conscience et/<br />

ou du comportement associés parfois à des signes de focalisation. <strong>Le</strong>s signes<br />

systémiques associés, en particulier la rétinite à CMV, aident au diagnostic. L'atteinte au<br />

CMV réalise plus rarement un tableau de myéloradiculite ou de méningite.<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est basé sur la mise en évidence du virus dans les inclusions<br />

intranucléaires du tissu infecté (biopsie, autopsie), rarement en culture du LCR.<br />

D- La leucoencéphalopathie multifocale progressive (<strong>LE</strong>MP)<br />

C'est une atteinte démyélinisante du système nerveux central fréquemment associée aux<br />

maladies lymphoprolifératives, leucémies chroniques et troubles immunitaires. <strong>Le</strong> virus<br />

responsable appartient à la famille des papovavirus. L'atteinte est multifocale avec<br />

signes déficitaires associés à une atteinte des fonctions supérieures (aphasie, apraxie) et<br />

à des troubles visuels (hémianopsie, agnosie visuelle, cécité corticale).<br />

L'étude du LCR est normale dans 50% des cas. L'imagerie TDM montre des lésions<br />

hypodenses diffuses de la substance blanche se traduisant à l'IRM par un signal<br />

hyperintense en T2. L'évolution se fait vers le décès en 3 à 18 mois.<br />

E- Autres infections<br />

- Encéphalite herpétique<br />

- Tuberculose neuroméningée<br />

- Neuro-Syphilis<br />

- Neurolistériose<br />

VI- TRAITEMENT<br />

- Antiviraux spécifiques du VIH<br />

- Antibiotiques et antiparasitaires spécifiques des infections opportunistes<br />

- Corticoïdes dans les manifestations immunoallergiques (PRN)<br />

- Symptomatique (douleurs, crises épileptiques...)<br />

- Traitement préventif : dépistage des sujets à risque<br />

- Prévention primaire<br />

94


OBJECTIFS<br />

- Résumer la physiopathologie des manifestations neurologiques du VIH<br />

- Énumérer les manifestations liées au VIH lui-même<br />

- Décrire les aspects cliniques et paracliniques de l'encéphalite au VIH<br />

- Résumer les caractéristiques des lymphomes primitifs du SN liés au VIH<br />

- Énumérer les principales infections opportunistes<br />

- Décrire les aspects cliniques et paracliniques de la toxoplasmose cérébrale<br />

- Résumer les caractéristiques de la <strong>LE</strong>MP<br />

- Principes thérapeutiques<br />

95


I- INTRODUCTION<br />

MYELOPATHIES AIGUES<br />

<strong>Le</strong> terme de myélopathie aiguë (MA) regroupe l’ensemble des affections médullaires<br />

dont le maximum des troubles s’installe en moins de 4 semaines<br />

La myélite aiguë transverse cryptogénique d’origine probablement virale constitue la<br />

principale étiologie, dont on va décrire dans ce chapitre les données<br />

anatomopathologiques, épidémiologiques et cliniques. Un autre chapitre décrira les<br />

étiologies.<br />

Sont exclus de ce chapitre les infarctus médullaires, les hématomyélies et les<br />

malformations vasculaires médullaires qui ont une présentation clinique différente.<br />

II- LA MYELITE AIGUË TRANSVERSE CRYPTOGENIQUE<br />

A- Epidémiologie<br />

L’incidence des MA transverses varie entre 1,3 et 4,6 / 1 000 000/ an.<br />

Aucune étude n’a trouvé de prédominance saisonnière. L’âge de survenue est très<br />

variable, allant de 17 mois à 80 ans. Il semble exister deux pics de fréquence des MA,<br />

l’un entre 10 et 19 ans, l’autre au-delà de 40 ans. <strong>Le</strong> sexe ratio est de 1.<br />

B- Anatomopathologie<br />

Dans la plupart des cas examinés, on observe une nécrose aspécifique qui intéresse la<br />

substance grise et la substance blanche, prédominant généralement sur cette dernière.<br />

Cette nécrose détruit les corps cellulaires, les axones et la myéline. <strong>Le</strong>s lésions ont une<br />

topographie variable, localisées à certains segments médullaires (préférentiellement<br />

dorsaux) ou plus étendues en hauteur. <strong>Le</strong> degré de nécrose varie proportionnellement à<br />

la durée d’évolution : la moelle peut être oedématiée, ramollie et hyperhémiée, ou<br />

liquéfiée, et on peut observer de véritables cavitations proches de la syringomyélie. On<br />

peut observer occasionnellement une réaction lymphocytaire et parfois des<br />

polynucléaires.<br />

C- Etude clinique<br />

La survenue d’une infection virale dans les jours ou semaines précédant la survenue de<br />

la MA est retrouvée dans un tiers des cas. Il s’agit essentiellement d’infections des voies<br />

respiratoires hautes d’allure virale. <strong>Le</strong> délai entre l’infection et la survenue de la MA est<br />

de 5 à 21 jours. D’autres circonstances précédant la survenue de la MA sont rapportées :<br />

accouchement, effort physique inhabituel, grossesse….<br />

1- <strong>Le</strong>s symptômes de début<br />

Ils sont variables et comprennent :<br />

-Faiblesse des membres inférieurs bilatérale d’emblée dans 70% des cas<br />

96


-Paresthésies et douleurs : une douleur dorsale médiane inter scapulaire est présente<br />

dans un tiers des cas, son niveau correspond en général au niveau lésionnel ; le plus<br />

souvent sévère, d’installation brutale, elle peut irradier à l’épaule.<br />

-<strong>Le</strong>s troubles sensitifs sont décrits comme des engourdissements, des picotements, des<br />

piqûres, plus rarement comme des brûlures. <strong>Le</strong>s orteils sont d’abord touchés puis<br />

l’ensemble des pieds. <strong>Le</strong>s troubles sensitifs sont bilatéraux d’emblée dans 80% des cas.<br />

-<strong>Le</strong>s troubles sphinctériens se traduisent par une rétention d’urine et une constipation.<br />

La durée d’installation est variable : les débuts aigus en moins de 24 heures ne sont pas<br />

rares, le déficit atteint son maximum entre 1 et 10 jours chez 50% des sujets. <strong>Le</strong>s<br />

évolutions subaiguës (10 jours à 4 semaines) sont plus rares.<br />

2- La phase d’état<br />

<strong>Le</strong>s troubles moteurs sont au premier plan : la paralysie est flasque, d’intensité variable<br />

avec abolition des réflexes ostéotendineux et cutanés. Dans trois quarts des cas, le<br />

déficit intéresse seulement les deux membres inférieurs, et dans un quart des cas les<br />

quatre membres. <strong>Le</strong> déficit peut toucher les muscles du tronc et de l’abdomen.<br />

Près de 80% des patients ont des troubles sensitifs bilatéraux, l’anesthésie à la douleur<br />

sous un certain niveau est constante. <strong>Le</strong> niveau sensitif, ascendant dans les premiers<br />

jours, est le plus souvent dorsal haut.<br />

<strong>Le</strong>s troubles sphinctériens sont constants. L’anomalie la plus fréquente est la rétention<br />

aiguë d’urines avec mictions par regorgement. Une dysurie, une diminution des<br />

sensations lors de la miction, une incontinence urinaire et fécale peuvent être observées.<br />

Indépendamment de toute infection, une fièvre est notée dans 25 à 60% des cas et une<br />

raideur de nuque dans 10 à 70% des cas.<br />

Un tableau de section médullaire complète avec choc spinal est observé dans 15% des<br />

cas.<br />

D- Examens complémentaires<br />

1- Etude du LCR<br />

- <strong>Le</strong> liquide céphalorachidien (LCR) peut être normal (un tiers des cas).<br />

- La pression d’ouverture du LCR est habituellement normale.<br />

- Une pléiocytose est trouvée dans 30 à 50 % des cas : le nombre des cellules varie de<br />

zéro à plusieurs centaines, avec une prédominance de lymphocytes. Toutefois des<br />

valeurs de plusieurs milliers (jusqu’à 8800 éléments/mm³) ont pu être<br />

occasionnellement rapportées, avec parfois un excès de neutrophiles dont le taux ne<br />

dépasse généralement pas 20%.<br />

-La protéinorachie est le plus souvent augmentée mais dépasse rarement 1,5 g/l.<br />

-<strong>Le</strong>s gammaglobulines peuvent être augmentées jusqu’à 30%.<br />

2- IRM<br />

- L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est actuellement l’examen d’imagerie de<br />

première intention devant un tableau de MA. Si possible réalisée en urgence, son intérêt<br />

essentiel est d’éliminer une compression médullaire. L’IRM est normale dans 40 à 50 %<br />

des cas. L’anomalie la plus fréquente est la présence d’un ou de plusieurs hyper signaux<br />

sur les séquences pondérées en T2 au niveau cervical, dorsal ou lombaire. Sur les<br />

séquences pondérées en T1, on peut voir une augmentation du volume de la moelle ou<br />

97


un hypo-signal. <strong>Le</strong>s lésions peuvent se rehausser après injection de gadolinium. A<br />

distance peut s’observer une atrophie sévère.<br />

E- Traitement et évolution<br />

<strong>Le</strong> traitement à la phase aiguë repose sur les corticoïdes : ACTH, prednisone ou méthylprednisolone<br />

par voie veineuse.<br />

Parallèlement, des soins symptomatiques spécifiques de nursing et de rééducation sont<br />

indispensables.<br />

Dans un tiers des cas, il n’y a pas de handicap fonctionnel résiduel. La régression se fait<br />

en 3 à 6 mois ; au-delà de 1 an, les récupérations motrices sont rares. Toutefois les<br />

troubles sensitifs peuvent s’améliorer sur une période plus prolongée (jusqu’à 4 ans). <strong>Le</strong><br />

décès, autrefois inévitable par complications de décubitus, est devenu rare : 4 à 7 % des<br />

cas.<br />

L’existence d’un choc spinal est en revanche de pronostic défavorable, de même que<br />

l’existence de douleurs dorsales intenses, un début brutal et l’absence d’amélioration<br />

après 3 mois.<br />

III- AUTRES ETIOLOGIES DES MYELOPATHIES AIGUES<br />

A- Sclérose en plaques (SEP) : deuxième étiologie des myélites aiguës. <strong>Le</strong><br />

diagnostic se basera sur les données de l’IRM médullaire et encéphalique, les<br />

potentiels évoqués, l’analyse du LCR et l’évolution clinique (nouvelle poussée,<br />

atteinte encéphalique).<br />

B- <strong>Le</strong>s étiologies infectieuses<br />

1- Virales<br />

Virus de la rougeole<br />

Virus des oreillons<br />

Herpès Virus (virus d’Epstein-Barr, HSV 1 et 2)<br />

Cytomégalovirus (CMV)<br />

Virus de la varicelle et du zona (VZV)<br />

Virus de l’immunodéficience humaine (VIH)<br />

2- Bactériennes<br />

Tuberculose<br />

Syphilis<br />

Mycoplasma pneumoniae<br />

Maladie de Lyme<br />

Neurobrucellose<br />

3- Parasitaires<br />

Schistosomiases<br />

Toxoplasmose<br />

98


C- <strong>Le</strong>s myélopathies aiguës post-vaccinales<br />

D- Etiologies toxiques<br />

Héroïne<br />

Médicaments cytotoxiques<br />

Anesthésie épidurale<br />

E- Autres étiologies<br />

Myélopathies post-radiques<br />

Maladies systémiques (lupus et anticorps antiphospholipides , neurobehcet…)<br />

Myélopathies paranéoplasiques<br />

OBJECTIFS<br />

- Connaître les signes cliniques de la myélite aiguë transverse (MAT)<br />

- Savoir quels sont les examens complémentaires à réaliser devant une myélite<br />

aiguë transverse<br />

- Connaître le traitement et le pronostic des MAT<br />

- Citer les principales étiologies des myélopathies aiguës<br />

99


INTRODUCTION<br />

LA SCLÉROSE LATÉRA<strong>LE</strong> AMYOTROPHIQUE (SLA)<br />

OU MALADIE DE CHARCOT<br />

La SLA est une maladie dégénérative du système nerveux caractérisée par une atteinte<br />

des deux neurones de la voie motrice : le premier motoneurone (neurone pyramidal) et<br />

le deuxième motoneurone (neurone de la corne antérieure et des noyaux moteurs des<br />

nerfs crâniens).<br />

Elle est caractérisée cliniquement par l'association des signes périphériques par atteinte<br />

du motoneurone de la corne antérieure (amyotrophie, fasciculations) à des signes<br />

centraux par atteinte du neurone pyramidal (syndrome pyramidal).<br />

C'est une maladie fréquente d'étiologie inconnue. Il existe cependant de rares syndromes<br />

SLA secondaires à des étiologies précises à rechercher systématiquement.<br />

La SLA est une maladie grave, l'évolution vers l'atteinte bulbaire est responsable du<br />

décès en quelques mois.<br />

I- ÉPIDÉMIOLOGIE<br />

A- Fréquence<br />

La SLA est la maladie dégénérative du système nerveux la plus fréquente après la<br />

maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer.<br />

Son incidence est de 0.5 à 2.5 cas / an / 105 habitants<br />

Elle est responsable d'une mortalité évaluée à 1 décès / 10 5 habitants.<br />

B- Age<br />

C'est une maladie de l'adulte d'âge moyen avec un début entre 45 et 60 ans en moyenne.<br />

C- Sexe<br />

Il y'a une légère prédominance masculine : 1,5 à 2 H / F<br />

II- ANATOMIE PATHOLOGIQUE<br />

L’atteinte des cornes antérieures de la moelle est caractérisée par une raréfaction<br />

neuronale observée à tous les niveaux mais prédomine au renflement cervical.<br />

L’atteinte de la voie pyramidale se traduit par une dégénérescence axonale des fibres de<br />

la voie pyramidale. <strong>Le</strong>s lésions prédominent au niveau de la moelle et du bulbe.<br />

L’atteinte des nerfs crâniens se traduit par une dégénérescence des noyaux moteurs des<br />

nerfs bulbo-protubérantiels. <strong>Le</strong>s lésions prédominent au niveau des nerfs XII, X et XI,<br />

elles sont plus rares au niveau du VII et V.<br />

100


III- HYPOTHÈSES PATHOGÉNIQUES<br />

L’étiologie de la SLA reste encore inconnue, 3 hypothèses pathogéniques sont<br />

discutées.<br />

1- Excitotoxicité<br />

Cette théorie est basée sur la mise en évidence d'un excès de glutamate extracellulaire<br />

dans le système nerveux central de patients atteints de SLA associé à un défaut de<br />

recaptage du glutamate après son utilisation (neurotransmetteur inhibiteur).<br />

2- Manque en facteurs neurotrophiques<br />

3- Déficit en Cu/Zn superoxyde-dismutase<br />

Ce déficit aboutit à l’accumulation de radicaux libres responsables de la mort neuronale.<br />

III- ETUDE CLINIQUE<br />

Type de description : La forme commune à début brachial<br />

A- Signes de début<br />

Certains symptômes peuvent précéder de quelques mois la fonte musculaire comme des<br />

crampes, des fasciculations et une fatigabilité musculaire anormale.<br />

<strong>Le</strong> tableau peut commencer d'emblée par une amyotrophie souvent unilatérale associée<br />

à un déficit moteur au niveau de l'extrémité distale d'un membre supérieur. L'atteinte<br />

intéresse d'abord les muscles de l'éminence thénar puis ceux de l'éminence hypothénar,<br />

réalisant la main plate d'Aran-Duchenne (ou main de singe).<br />

B- Phase d'état<br />

Elle est caractérisée par l'atteinte en quelques mois du membre supérieur controlatéral,<br />

des muscles proximaux, des membres inférieurs et des muscles bulbaires.<br />

- L'amyotrophie est bilatérale et asymétrique, elle va atteindre progressivement les<br />

muscles les plus proximaux aux membres supérieurs, les muscles du tronc et<br />

secondairement les membres inférieurs (jambiers antérieurs puis postérieurs et ensuite<br />

les muscles des cuisses).<br />

- <strong>Le</strong> déficit moteur suit la progression de l'amyotrophie, il frappe d'abord les<br />

mouvements fins des doigts pour atteindre progressivement les muscles les plus<br />

proximaux.<br />

- <strong>Le</strong>s fasciculations peuvent être abondantes, fréquentes et intenses et sont donc<br />

observées facilement. Elles précèdent souvent l'amyotrophie et le déficit moteur. Elles<br />

tendent à diminuer ou à disparaître avec l'évolution.<br />

101


- <strong>Le</strong> syndrome pyramidal est d'intensité variable allant d'une simple conservation des<br />

ROT dans les territoires amyotrophiques à une exagération des ROT avec signe de<br />

Babinski. Parfois il existe un syndrome tétrapyramidal franc avec importante spasticité<br />

aux membres inférieurs.<br />

- L’atteinte bulbaire se traduit par :<br />

Une dysphonie, une dysarthrie paralytique, des troubles de la déglutition des<br />

liquides d'abord puis des solides responsables de fausses routes et<br />

d'hypersalivation.<br />

L'atteinte linguale se manifeste sous forme d'une amyotrophie de la langue qui<br />

est le siège de fasciculations. Elle est à rechercher systématiquement.<br />

La paralysie des muscles de la face, orbiculaire des lèvres et houppe du menton<br />

peut être très apparente<br />

C- Évolution<br />

Elle est inexorablement progressive vers un état grabataire, une anarthrie totale, des<br />

troubles majeurs de la déglutition, une dyspnée laryngée et des troubles de la ventilation<br />

pulmonaire qui peuvent nécessiter une assistance respiratoire.<br />

<strong>Le</strong> décès survient par fausse route et pneumopathie de déglutition et par insuffisance<br />

respiratoire terminale. Il survient 2 à 3 ans en moyenne après le début des premiers<br />

signes.<br />

IV- FORMES CLINIQUES<br />

A- Formes symptomatiques<br />

1- SLA pseudopolynévritique (forme de Patrikios)<br />

<strong>Le</strong>s signes débutent par les muscles distaux des membres inférieurs avec abolition ou<br />

diminution des réflexes achilléens.<br />

Elle pose un problème de diagnostic différentiel avec une polyneuropathie.<br />

L'évolution est lente en plusieurs années vers l'atteinte des membres supérieurs et<br />

l'apparition de signes pyramidaux francs.<br />

2- Forme bulbaire<br />

Elle débute par l'atteinte bulbaire.<br />

Son évolution est rapide vers le décès en quelques mois, des fois avant même<br />

l'extension des signes aux membres.<br />

3- Forme pyramidale pure (Sclérose latérale primitive)<br />

L'atteinte est limitée aux faisceaux pyramidaux souvent sous forme d'une paraparésie ou<br />

d'une tétraparésie spastique.<br />

L'atteinte du 2 ème moto-neurone peut survenir plusieurs années après.<br />

102


B- SLA familiales<br />

Elles sont rares, de transmission souvent autosomique dominante. Certaines sont dues à<br />

des mutations du gène d'une enzyme appelée Cu/Zn Superoxyde-Dismutase (SOD) sur<br />

le chromosome 21.<br />

C- SLA juvéniles<br />

Elles sont rares, souvent familiales de transmission autosomique récessive ou<br />

dominante. Elles débutent dans l'enfance ou au cours de l'adolescence. <strong>Le</strong>ur évolution<br />

est plus lente.<br />

D- <strong>Le</strong>s syndromes SLA ou SLA secondaires.<br />

Ce sont des formes très rares qui peuvent être secondaires à un néoplasme (lymphome,<br />

gammapathie monoclonale), une syphilis, une hyperthyroïdie, ou une<br />

hyperparathyroïdie.<br />

V- EXAMENS COMPLÉMENTAIRES<br />

A- Electroneuromyogramme (ENMG)<br />

C'est un examen capital. Il met en évidence un syndrome d’atteinte diffuse de la corne<br />

antérieur qui se traduit par : une normalité des vitesses de conduction motrices et<br />

sensitives, des signes de dénervation active des muscles au repos et des tracés<br />

neurogènes à l'effort musculaire.<br />

<strong>Le</strong> caractère diffus de cette atteinte neurogène est important à mettre en évidence en<br />

particulier au niveau des muscles à innervation bulbaire (houppe, langue)<br />

B- IRM<br />

Une IRM médullaire ou bulbaire s’avère souvent nécessaire pour écarter une autre cause<br />

du syndrome SLA.<br />

C- Examen du LCR :<br />

Il peut être normal ou montrer une hyperprotéinorachie modérée.<br />

D- Examens biologiques<br />

Réalisés essentiellement pour éliminer une SLA secondaire.<br />

- Sérologies syphilitiques (TPHA, VDRL)<br />

- Bilan phosphocalcique<br />

- Hormones thyroïdiennes<br />

- Bilan Inflammatoire : NFS, VS, EPP<br />

103


VI- DIAGNOSTIC<br />

A- Positif<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de SLA est basé sur la clinique et l’ENMG<br />

<strong>Le</strong> bilan biologique et l’IRM servent à éliminer les étiologies possibles.<br />

B- Différentiel<br />

1- Dans les formes habituelles à début aux membres supérieurs<br />

a- Myélopathie cervicarthrosique<br />

L’âge, la topographie du syndrome neurogène périphérique sont communes aux deux<br />

affections, mais il est rare qu’il n’existe pas de signes sensitifs ou de névralgie<br />

cervicobrachiale : l’IRM cervicale permettra le diagnostic.<br />

b- Syringomyélie<br />

Elle associe toujours des signes sensitifs objectifs suspendus, mais ceux-ci doivent<br />

parfois être recherchés avec attention pour être décelés. L’IRM permet de mettre en<br />

évidence la cavité centro-médullaire.<br />

2- <strong>Le</strong>s formes bulbaires<br />

Elles doivent être distinguées d’une myasthénie ou d’un syndrome pseudo-bulbaire<br />

d’origine vasculaire.<br />

3- <strong>Le</strong>s formes pseudo –poly névritiques<br />

<strong>Le</strong> diagnostic différentiel se pose avec une polyneuropathie. L’ENMG et l’évolution<br />

permettent habituellement de résoudre le problème diagnostique<br />

VIII- TRAITEMENT<br />

Comporte 2 volets : symptomatique et à visée étiopathogénique<br />

A- Traitement symptomatique<br />

- Kinésithérapie adaptée<br />

- Traitement de la spasticité : dans les formes pyramidales<br />

- Crampes, si gênantes : Dihydan*, Hexaquine*<br />

- Troubles de la déglutition : alimentation semi-liquide, gastrostomie si acceptée par le<br />

patient<br />

- Troubles respiratoires : ventilation assistée si le patient et sa famille l'acceptent.<br />

104


B- Traitement à visée étiopathogénique<br />

- Traitement de l'étiologie dans les formes secondaires<br />

- Nombreux essais thérapeutiques basés sur la physiopathologie de la mort neuronale.<br />

- Un seul médicament est actuellement prescrit : Riluzole (Rilutec*) ; c’est un antiglutamates<br />

dont l’efficacité a été démontrée, il prolonge la survie de quelques mois.<br />

OBJECTIFS<br />

- Définir la SLA<br />

- Résumer les données épidémiologiques<br />

- Décrire les manifestations cliniques et l'évolution de la forme commune à début<br />

brachial<br />

- Citer les formes cliniques<br />

- Citer les étiologies des formes secondaires<br />

- Énumérer les éléments du diagnostic positif dans la SLA<br />

- Préciser l'intérêt de L'EMG dans le diagnostic de la SLA<br />

- Citer les diagnostics différentiels<br />

- Citer les principes thérapeutiques<br />

105


<strong>LE</strong>S MALADIES HEREDITAIRES DU SYSTEME NERVEUX<br />

I- GENERALITES<br />

A- Du concept de maladie dégénérative à celui de maladie génétique.<br />

La notion de maladie dégénérative date de l'époque de Gowers (début du 20 ème siècle) et<br />

s'appliquait aux maladies dont l'étiologie restait obscure et qui ne s'expliquent pas par<br />

une origine métabolique, infectieuse, ou auto-immune. Ces affections se caractérisent<br />

par des lésions histologiques relativement systématisées du système nerveux central<br />

et/ou périphérique, une évolution lente et l'absence de troubles biochimiques<br />

spécifiques.<br />

Il y a plusieurs années on prévoyait déjà que certaines de ces maladies allaient échapper<br />

à ce cadre nosologique pour rejoindre des affections métaboliques spécifiques (maladie<br />

de Wilson...), des affections à prions (maladie de Creutzfeld-Jacob) et tout récemment<br />

les maladies génétiquement déterminées. En effet à partir de 1980 l'émergence de la<br />

génétique moléculaire a profondément modifié le paysage de la pathologie neurologique<br />

héréditaire. <strong>Le</strong>s progrès accomplis ont permis de nouvelles perspectives et de nouveaux<br />

espoirs. Ainsi, la génétique a déjà dans certains cas des retombées thérapeutiques, dans<br />

d'autres elle permet un conseil génétique au moins.<br />

B- Rappel sur les modalités de transmission des gènes<br />

L'enquête génétique fait partie de l'observation médicale. Elle repose sur la construction<br />

d'un arbre généalogique en recherchant l’existence d’une consanguinité, de cas<br />

familiaux. L’examen neurologique et général ne doit pas concerner que le patient mais<br />

également les membres de sa famille à risque (fratrie, ascendants, descendants et<br />

collatéraux). L'analyse de ces données permet de définir le mode de transmission qui<br />

peut être :<br />

1-Autosomique dominant<br />

Il est caractérisé par une transmission verticale parents enfants. L’un des parents est<br />

atteint. <strong>Le</strong>s 2 sexes peuvent être atteints. <strong>Le</strong> risque de transmission à chaque enfant est<br />

de 50%.<br />

106


2- Autosomique récessif<br />

Il y’a une consanguinité des parents. <strong>Le</strong> trait pathologique ne peut se manifester que<br />

chez les sujets portant deux allèles mutants pour un même gène, l'un provenant du père<br />

l'autre de la mère. <strong>Le</strong>s parents sont sains. <strong>Le</strong>s probabilité à chaque grossesse sont : 25%<br />

d’avoir un enfant atteint et 75% d’avoir un enfant sain mais avec une probabilité de 50<br />

% qu’il soit porteur de la tare et risquant à son tour de la transmettre en cas de mariage<br />

consanguin.<br />

3- Liée à l'X<br />

C'est la mère qui transmet la maladie, les garçons sont atteints et les filles sont<br />

conductrices et asymptomatiques ou manifestent un phénotype modéré.<br />

4- L'hérédité maternelle<br />

Elle concerne l'ADN mitochondrial donc cytoplasmique. Ce dernier provient de l'ovule<br />

maternel. Ainsi certaines maladies mitochondriales sont d'hérédité maternelle.<br />

5- <strong>Le</strong>s maladies génétiques non héréditaires<br />

Une mutation ponctuelle peut survenir dans un gène après la fécondation, au cour de<br />

l'embryogenèse et après. Elle peut donc être source de maladies du tissu concerné mais<br />

elle n'est pas transmissible. C'est une mutation somatique; c'est le cas des cancers par<br />

exemple : glioblastomes, méningiomes…<br />

6- Maladies multigéniques et gènes de susceptibilité<br />

<strong>Le</strong> facteur génétique intervient dans le déterminisme de certaines affections<br />

neurologiques multifactorielles telles que : SEP, maladie de Parkinson, SLA ...etc<br />

107


C- Applications cliniques des progrès génétiques<br />

<strong>Le</strong>s progrès génétiques actuels ont permis :<br />

- un diagnostic moléculaire précis (pour certaines affections) par identification<br />

du gène responsable d’une maladie neurologique donnée.<br />

- un conseil génétique aux familles concernées en expliquant les risques de<br />

transmission et par le diagnostic prénatal quand celui ci est possible.<br />

- la compréhension des mécanismes pathogéniques de certaines affections<br />

neurologiques héréditaires.<br />

- des espoirs thérapeutiques : plusieurs essais de thérapie génique sont<br />

actuellement en cours.<br />

II- <strong>LE</strong>S HEREDO-ATAXIES<br />

Ce sont des affections héréditaires du système nerveux central caractérisées sur le plan<br />

clinique par une ataxie cérébelleuse d’installation progressive à laquelle s’associent<br />

selon le cadre nosologique: un syndrome pyramidal, cordonal postérieur,<br />

extrapyramidal, une neuropathie périphérique, des troubles de l’oculomotricité et un<br />

syndrome dysmorphique.<br />

On les sépare en ataxies récessives et dominantes.<br />

A- Ataxies Récessives :<br />

Ce sont les plus fréquentes dans notre pays.<br />

1- la maladie de Friedriech<br />

Sa prévalence est de 1 à 2 cas pour 100 000 hab.<br />

Elle débute entre l'âge de 5 et 16 ans et se transmet selon le mode autosomique récessif.<br />

Elle se manifeste par :<br />

- un syndrome cérébelleux<br />

- un syndrome cordonal postérieur<br />

- une abolition des réflexes ostéotendineux<br />

- un syndrome pyramidal réduit à un signe de Babinski bilatéral<br />

- un syndrome dysmorphique (pied creux, cyphoscoliose)<br />

- l’association d’une polyneuropathie axonale à prédominance sensitive<br />

- des troubles du rythme cardiaques par cardiomyopathie hypertrophique<br />

(peuvent mettre en jeu le pronostic vital)<br />

- une atteinte endocrinienne : diabète insulinodépendant<br />

- une évolution très progressive, la perte de la marche survient souvent après<br />

10 ans d’évolution, le décès est fréquent entre 30 et 40 ans suite à l’atteinte<br />

cardiaque, au diabète ou à la cyphoscoliose (complications respiratoires)<br />

En 1995 le gène de la maladie a été localisé en 9q13-p21, il code pour une protéine<br />

appelée Frataxine qui joue un rôle important dans les mécanismes d’oxydoréduction au<br />

sein des mitochondries.<br />

108


<strong>Le</strong> diagnostic prénatal est possible.<br />

L’essai de substances visant à piéger les radicaux libres au niveau des mitochondries<br />

(quinones) a donné des résultats prometteurs.<br />

2- L'ataxie récessive par déficit en vitamine E<br />

Son expression clinique est identique à celle de la maladie de Friedriech. <strong>Le</strong> gène<br />

responsable est localisé sur le chromosome 8q13. C'est une mutation (délétion d'une<br />

adénine en position 744) du gène d’une protéine appelée : alpha-tocopherol transfer<br />

protein (alpha TTP) qui permet d'incorporer la vitamine E aux lipoprotéines dans le<br />

foie.<br />

Chez ces patients, la diminution de la vitamine E sérique et du cholestérol est très<br />

évocatrice du diagnostic. Un traitement substitutif par la vitamine E permet une<br />

amélioration clinique ou au moins une stabilisation de l’évolution.<br />

B- Ataxies Dominantes<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique est dominé par un syndrome cérébelleux statokinétique avec<br />

dysarthrie. S’y associe un syndrome pyramidal net avec vivacité des réflexes, un signe<br />

de Babinski. Il s’accompagne rarement de troubles sphinctériens. La sensibilité est<br />

conservée. L’association de troubles visuels à type d’atrophie optique, de troubles<br />

oculomoteurs complexes est fréquente. Il existe habituellement un syndrome<br />

dysmorphique.<br />

Actuellement on parle d’Ataxie Cérébelleuse Autosomique Dominante (ADCA =<br />

Autosomal Dominant Cerebellar Ataxia).<br />

<strong>Le</strong>s ADCA sont classées en 3 types :<br />

- ADCA de type I : sont les plus fréquentes et les mieux connues. <strong>Le</strong>s signes<br />

associés au syndrome cérébelleux sont variables même au sein d'une même<br />

famille. Elles correspondent à plusieurs gènes connus (voir tableau).<br />

- ADCA de type II<br />

- ADCA de type III<br />

Dans tous les cas l’anomalie génétique est une expansion de triplet de trinucléotides.<br />

109


Tableau : CLASSIFICATION DES ATAXIES CÉRÉBEL<strong>LE</strong>USES AD (ADCA)<br />

Type<br />

I<br />

II<br />

Signes associés au syndrome<br />

cérébelleux<br />

- Syndrome pyramidal +++<br />

- Démence modérée parfois<br />

- Atrophie optique très rare<br />

- Ophtalmoplégie<br />

- Signes extrapyramidaux<br />

- Amyoptrophie<br />

- Rétinite pigmentaire +++<br />

- Ophtalmoplégie ±<br />

- Signes extrapyramidaux ±<br />

- Troubles de la Sensibilité<br />

profonde<br />

110<br />

Autres désignations<br />

*Hérédoataxie de<br />

Pierre-Marie<br />

* Atrophie olivo-pontocérébelleuse<br />

de Menzel<br />

* Atrophie cerebe-lleuse<br />

tardive familiale<br />

III - Absence de Sd pyramidal<br />

- Sd cérébelleux isolé souvent<br />

* Atrophie cerebelloolivaire<br />

de Holmes<br />

SCA = Spino-Cerebellar Ataxia = désignation des gènes des ADCA<br />

Localisation<br />

chromosomique<br />

SCA 1 : 6p<br />

SCA2 : 12q<br />

SCA3 : 14p<br />

SCA4 : 16q<br />

SCA5 : 11<br />

Autres<br />

SCA7 :<br />

chromosome 3<br />

SCA8 à SCA13<br />

Autres


III- <strong>LE</strong>S PARAPARESIES SPASTIQUES FAMILIA<strong>LE</strong>S (PSF)<br />

Ce sont des paraparésies spastiques lentement progressives qui débutent à des âges<br />

variés entre 3 et 15 ans. Elles peuvent être de transmission autosomique dominante;<br />

récessive, plus rarement liée à l'X.<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique comprend :<br />

- un syndrome pyramidal prédominant aux membres inférieurs avec hypertonie<br />

spastique. <strong>Le</strong>s réflexes tendineux sont vifs et polycinétiques avec clonus du pied. Aux<br />

membres supérieurs les réflexes sont souvent normaux, parfois vifs. <strong>Le</strong> déficit moteur<br />

est modéré, la marche est longtemps conservée avec un fauchage bilatéral.<br />

- Habituellement il n'y a pas de troubles sensitifs ; plus rarement il existe une diminution<br />

de la pallésthésie au niveau des membres inférieurs.<br />

- Il existe souvent un syndrome dysmorphique : pieds creux, cyphoscoliose.<br />

Lorsque l’atteinte motrice est isolée, on parle de « PSF pure ». <strong>Le</strong>s « PSF plus » sont<br />

caractérisées par l’association d’autres signes neurologiques tels que neuropathie<br />

périphérique, syndrome cérébelleux, atrophie optique, signes extrapyramidaux ou<br />

vestibulaires.<br />

L’IRM médullaire peut être normale ou montrer une atrophie médullaire.<br />

Plus de 25 formes génétiques sont actuellement identifiées.<br />

IV- <strong>LE</strong>S NEUROPATHIES HEREDITAIRES<br />

A- La maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT)<br />

C’est une neuropathie héreditaire senstivo-motrice. Sa transmission peut être<br />

dominante, récessive ou liée à l'X. C'est la forme récessive qui est fréquente au Maroc.<br />

L’âge de début est variable.<br />

Elle se manifeste cliniquement par :<br />

- Un déficit moteur et une amyotrophie des membres inférieurs qui prédominent<br />

sur les loges antéro-externes des jambes responsable d’un steppage bilatéral.<br />

- L’amyotrophie peut remonter jusqu’aux tiers inférieurs des cuisses réalisant<br />

l’aspect « en jambes de coq ». <strong>Le</strong>s troubles sensitifs sont plus rares. <strong>Le</strong> déficit<br />

moteur et l’amyotrophie peuvent intéresser plus tardivement les mains.<br />

- <strong>Le</strong>s réflexes tendineux sont abolis.<br />

- Il existe des déformations des pieds et du rachis : pieds creux et cyphoscoliose.<br />

- L'évolution est lentement progressive, le handicap fonctionnel qui en résulte est<br />

très variable selon les formes génétiques, d’un état asymptomatique à l’état<br />

grabataire.<br />

L'ENMG confirme le diagnostic de neuropathie périphérique par la mesure des vitesses<br />

de conduction nerveuse et permet de différencier entre deux formes : la forme axonale<br />

(vitesses normales) et la forme démyélinisante (vitesses ralenties).<br />

L’étude génétique (la recherche des mutations) est actuellement possible ; elle permet<br />

un diagnostic précis et un conseil génétique. Actuellement plus de 35 formes génétiques<br />

sont identifiées.<br />

La forme génétique autosomique dominante la plus fréquente, est due à une duplication<br />

du gène de la PMP22 (protéine de la myéline) situé sur le chromosome 17, une autre<br />

forme AD moins fréquente est due à une mutation du gène de la P0 (protéine de la<br />

myéline compacte) sur le chromosome 1. La forme liée à l’X est due à une mutation du<br />

111


gène d’une autre protéine de la myéline appelée connexine 32.<br />

<strong>Le</strong>s formes autosomiques récessives sont dues majoritairement à une mutation du gène<br />

GDAP1 sur le chromosome 8 ou du gène de la lamine A/C sur le chromosome 1. Ce<br />

sont les plus fréquentes au Maroc.<br />

B- La neuropathie héréditaire par hypersensibilité à la pression (NHHP)<br />

Appelée également neuropathie tomaculaire. Elle est caractérisée cliniquement par<br />

l’apparition de paralysies tronculaires indolores après une compression même minime<br />

des troncs nerveux (croisement des jambes pour le nerf sciatique poplité externe, appui<br />

du bras contre un plan dur pour le nerf cubital). Ces paralysies sont habituellement<br />

regressives sans séquelles.<br />

La biospie de nerf (non nécessaire au diagnostic) montre un épaississement des gaines<br />

de myéline réalisant un aspect en saucisses (ou tomacula). <strong>Le</strong> gène est situé sur le<br />

chromosome 17 et code pour une protéine de la myéline : la PMP22 (déletion).<br />

OBJECTIFS<br />

- Définir une hérédoataxie<br />

- Décrire les aspects cliniques de l'ataxie de Friedreich<br />

- Résumer les données génétiques et étiologiques de l'ataxie de Friedreich<br />

- Citer les formes cliniques et génétiques des Hérédoataxies AD<br />

- Décrire les signes cliniques des PSF<br />

- Décrire les signes cliniques de la neuropathie héréditaire de Charcot-Marie-<br />

Tooth.<br />

112


INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S POLYRADICULONEVRITES (PRN)<br />

<strong>Le</strong>s polyradiculonévrites (PRN) sont l’expression d'une atteinte inflammatoire<br />

démyélinisante touchant à la fois les troncs nerveux des membres et les racines<br />

rachidiennes dès leurs émergence de la moelle.<br />

Elles sont responsables d'une atteinte bilatérale et symétrique atteignant les 4 membres<br />

mais prédominant sur les membres inférieurs.<br />

On distingue 2 formes :<br />

- <strong>Le</strong>s PRN aiguës (dont le syndrome de Guillain-Barré), les plus fréquentes, qui<br />

constituent une urgence neurologique.<br />

- <strong>Le</strong>s PRN chroniques et subaiguës sont beaucoup moins fréquentes.<br />

PRN AIGUË<br />

Type de description : <strong>SYNDROME</strong> DE GUILLAIN-BARRÉ (SGB)<br />

I- GÉNÉRALITÉS<br />

<strong>Le</strong> SGB est une polyradiculoneuropathie inflammatoire aiguë d'origine auto-immune<br />

responsable d’une démyélinisation segmentaire multifocale des nerfs périphériques.<br />

C’est une urgence médicale qui peut entraîner le décès par atteinte respiratoire et<br />

troubles végétatifs nécessitant fréquemment une prise en charge en unité de soins<br />

intensifs.<br />

II- ÉPIDÉMIOLOGIE<br />

L’incidence est de 1 cas /10 5 habitants / an, avec 2 pics de fréquence en automne et en<br />

été.<br />

Tous les âges sont concernés mais c’est exceptionnel avant 5 ans<br />

Un facteur déclenchant est souvent trouvé à l’interrogatoire dans les deux semaines ou 1<br />

mois qui précèdent le début comme : un syndrome grippal ; une infection : plusieurs<br />

virus sont incriminés (O.R.L., respiratoire, digestive ...) ; une vaccination ; une<br />

intervention chirurgicale.<br />

III- PHYSIOPATHOLOGIE<br />

A- Aspects histo-pathologiques<br />

On trouve une réaction inflammatoire faite de cellules mononuclées périvasculaires<br />

dans le tissu interstitielle du nerf périphérique. <strong>Le</strong>s lésions prédominent au niveau des<br />

racines antérieures, des plexus et la partie proximale des nerfs crâniens les plus bas. Des<br />

lésions de démyélinisation segmentaires sont observées associées parfois à une<br />

dégénérescence axonale.<br />

113


B- Mécanisme pathogénique<br />

<strong>Le</strong> SGB est une maladie auto-immune : les lésions de démyélinisation sont secondaires<br />

au passage dans les espaces endoneuraux, d'anticorps dirigés contre certains antigènes<br />

de la myéline.<br />

Ces auto-anticorps sont dus à un mécanisme de réaction immunologique croisée<br />

(similitudes antigéniques entre le virus responsable et certains constituants de la<br />

myéline périphérique).<br />

C- Mécanisme lésionnel responsable des signes neurologiques.<br />

<strong>Le</strong>s lésions de démyélinisation sont responsables d’un ralentissement de la conduction<br />

nerveuse. <strong>Le</strong>s lésions de dégénérescence axonale sont responsables d’une dénervation<br />

musculaire d’où l’amyotrophie et la récupération lente et parfois partielle des déficits.<br />

IV- DESCRIPTION CLINIQUE<br />

L’évolution se fait en trois phases : une phase d'extension des paralysies, une phase de<br />

plateau et une phase de récupération.<br />

A- Phase d'extension des paralysies :<br />

Sa durée est par définition < 4 semaines.<br />

Elle dure habituellement quelques heures à 3 semaines.<br />

1- <strong>Le</strong>s signes de début<br />

Ils sont variés. <strong>Le</strong>s troubles sensitifs sont fréquents sous forme de paresthésies à type de<br />

fourmillements ou picotements des extrémités ou de douleurs à type de myalgies,<br />

dorsalgies, lombalgies ou radiculalgies. <strong>Le</strong> déficit moteur peut apparaître d'emblée sans<br />

être précédé des signes sensitifs. Il débute souvent par les membres inférieurs. L’atteinte<br />

des nerfs crâniens est rarement inaugurale.<br />

2- Extension de la paralysie<br />

Au niveau des membres, la paralysie progresse de façon ascendante de topographie<br />

bilatérale et symétrique touchant d’abords les membres inférieurs puis les membres<br />

supérieurs. L’atteinte des muscles du tronc et des muscles à innervation bulbaire est<br />

fréquente responsable des difficultés respiratoires.<br />

<strong>Le</strong> risque de décès au cours de cette phase est le plus élevé. D’où la nécessité d’une<br />

surveillance rapprochée du patient ; le recours à la ventilation assistée peut s’avérer<br />

nécessaire.<br />

B- Phase de plateau<br />

C’est la phase où le déficit neurologique a atteint son maximum et n'évolue plus.<br />

114


1- <strong>Le</strong> déficit moteur<br />

Il est d’intensité variable. La tétraplégie flasque est fréquente. Parfois il s’agit d’une<br />

tétraparésie prédominant sur les muscles proximaux et sur les membres inférieurs.<br />

Rarement le déficit peut être distal des 4 membres ou limité aux membres inférieurs.<br />

2- <strong>Le</strong>s réflexes tendineux<br />

Ils sont souvent abolis aux quatre membres. Rarement ils peuvent être abolis aux<br />

membres inférieurs et diminués ou présents aux membres supérieurs.<br />

3- L'amyotrophie des muscles paralysés<br />

Son apparition dépend de la durée de la phase d'état et du degré de dénervation<br />

musculaire (et donc de la dégénérescence axonale). Elle est absente dans les formes à<br />

récupération rapide. Elle peut être très prononcée dans les formes prolongées.<br />

4- L'atteinte des nerfs crâniens<br />

- La paralysie faciale est la plus fréquente (50% des cas), elle est souvent bilatérale et<br />

asymétrique.<br />

- L’atteinte des nerfs mixtes (bulbaires) également fréquente sera responsable des<br />

troubles de la déglutition, d’une voix nasonnée et des troubles respiratoires qui font la<br />

gravité du SGB.<br />

- <strong>Le</strong>s autres atteintes sont moins fréquentes : paralysie des nerfs oculomoteurs, du nerf<br />

trijumeau sous forme de paresthésies faciales. L’atteinte du XII est très rare.<br />

5- <strong>Le</strong> déficit sensitif.<br />

Il est plus rare, il intéresse surtout les membres inférieurs et peut concerner la sensibilité<br />

proprioceptive et la sensibilité tactile et algique.<br />

6- L'atteinte du système nerveux végétatif<br />

<strong>Le</strong>s troubles dysautonomiques sont assez fréquents sous forme de : tachycardie,<br />

hypotension orthostatique, hypertension permanente ou paroxystique, troubles du<br />

rythme cardiaque, troubles vasomoteurs des extrémités, anomalies de la sudation,<br />

constipation, rétention urinaire.<br />

Ces troubles peuvent être précoces et peuvent être responsables du décès. Ils doivent<br />

être recherchés systématiquement.<br />

C- Phase de récupération<br />

Elle survient après une phase de plateau de durée variable : quelques jours à plusieurs<br />

mois. La récupération des déficits se fait généralement dans le sens inverse de leur<br />

installation. Sa durée est variable quelques semaines à 18 mois.<br />

115


D- Complications :<br />

Elles peuvent survenir à toutes les phases et peuvent entraîner le décès. <strong>Le</strong>ur traitement<br />

doit être préventif.<br />

1- Phase d'extension des paralysies<br />

Troubles respiratoires ; troubles de la déglutition avec fausses routes ; troubles<br />

végétatifs.<br />

2- Phase de plateau<br />

Infections intercurrentes surtout pneumopathies ; troubles végétatifs ; complications de<br />

décubitus : infection urinaire, escarres, phlébite des membres inférieurs, embolie<br />

pulmonaire.<br />

3- Phase de récupération<br />

Complications de décubitus ; rétractions tendineuses.<br />

V- DIAGNOSTIC<br />

A- Diagnostic positif<br />

Il est basé sur les données cliniques et confirmé par les examens complémentaires<br />

dominés par la ponction lombaire et l’électroneuromyographie (ENMG).<br />

1- <strong>Le</strong>s données clinique<br />

Déjà détaillées plus haut avec en particulier : La tétraplégie symétrique rapide<br />

ascendante avec aréflexie et atteinte des nerfs crâniens. La phase d'installation inférieure<br />

ou égale à 4 semaines.<br />

2- Examens paracliniques<br />

a- L’étude du LCR met en évidence la dissociation albumino-cytologique qui se traduit<br />

par : un nombre normal de cellules et une hyperprotéinorachie qui apparaît 3 à 10 jours<br />

après le début (souvent > 1 g/l)<br />

b- L’électroneuromyographie (ENMG)<br />

Elle met en évidence des aspects de démyélinisation du nerf périphérique qui se<br />

traduisent par un ralentissement de la conduction nerveuse jugé sur un allongement des<br />

latences des réponses motrices et une diminution des vitesses de conduction motrices et<br />

souvent par des blocs de conduction et des dispersions des potentiels d’action<br />

musculaires. Il peut montrer des signes de dégénérescence axonale sous forme de<br />

diminution des amplitudes des réponses motrices et sensitives et de signes de<br />

dénervation musculaire.<br />

c- D’autres examens complémentaires sont souvent nécessaires pour rechercher une<br />

cause éventuelle (PRN aiguë secondaire) : sérologies VIH, campylobacter jejuni…,<br />

116


examens biologiques sanguins (bilan inflammatoire, immunologique…) ou pour<br />

dépister les complications : ECG, RX poumon, ECBU...<br />

B- Diagnostic différentiel<br />

Il se pose avec les autres étiologies de paraplégie ou tétraplégie flasques aiguës :<br />

- Myélite aiguë transverse ascendante (signes centraux, troubles sphinctériens, niveau<br />

sensitif).<br />

- Myélopathie aiguë ischémique (vascularite, MAV médullaire)<br />

- Poliomyélite antérieure aiguë (atteinte asymétrique, devenue exceptionnelle) se<br />

discute dans les formes motrices pures.<br />

- Crise myasthénique peut être discutée dans les formes débutant par les nerfs crâniens<br />

ou par une détresse respiratoire (recherche de bloc neuromusculaire à l’ENMG, test à la<br />

prostigmine)<br />

VI- FORMES CLINIQUES<br />

A- Formes symptomatiques<br />

Elles sont rares (


2- PRN aiguës secondaires<br />

- Infection au VIH : PRN aiguë de la séro-conversion ou bien au stade de séropositivité.<br />

La sérologie du VIH doit être systématique devant tout tableau de PRN aiguë.<br />

- Autres étiologies : maladie de Hodgkin, maladie lupique, sarcoïdose, paranéoplasique.<br />

V- ÉVOLUTION - PRONOSTIC<br />

A- Évolution habituelle<br />

Comme nous l’avons vu plus haut, l’évolution se fait en trois phases. La récupération<br />

est variable en quelques semaines à plusieurs mois. La majorité des patients ont une<br />

guérison totale. Dans 7 à 22% des cas, il persiste des séquelles souvent sous forme d’un<br />

steppage à la marche. <strong>Le</strong> décès peut survenir dans 2 à 7% des cas. Rarement, des<br />

rechutes sont possibles (< 5% des cas).<br />

B- facteurs pronostiques<br />

<strong>Le</strong> pronostic vital, mis en jeu par l’atteinte respiratoire, bulbaire et dysautonomique, est<br />

actuellement nettement amélioré par la prise en charge en milieu de soins intensifs et<br />

par la mise en route précoce du traitement.<br />

<strong>Le</strong>s facteurs de mauvais pronostic fonctionnel sont : une phase de plateau de durée<br />

prolongée, la présence d’une amyotrophie précoce, une diminution importante de<br />

l'amplitude des potentiels d'action musculaires à l'ENMG (reflète le degré de perte<br />

axonale) et l’existence de signes importants de dénervation musculaire.<br />

VI- TRAITEMENT<br />

Il comporte 2 aspects : symptomatique et immunothérapie<br />

A- Traitement symptomatique<br />

Il consiste à prévenir et à traiter les complications éventuelles :<br />

- Ventilation assistée si troubles respiratoires<br />

- Mise en place d'une sonde gastrique pour alimentation en cas de troubles de la<br />

déglutition<br />

- Prévention des escarres : mobilisation, matelas à eau<br />

- Prévention des phlébites : héparinothérapie<br />

- Traitement symptomatique des douleurs<br />

- Kinésithérapie précoce régulière et systématique tant qu'existe le déficit moteur;<br />

parfois transfert en service de rééducation fonctionnelle.<br />

B- Immunothérapie<br />

Elle vise à retirer de la circulation sanguine les anticorps responsables de l’atteinte du<br />

système nerveux périphérique.<br />

118


1- Échanges plasmatiques (plasmaphérèse)<br />

<strong>Le</strong>ur efficacité est démontrée. Ils doivent être réalisés au début pendant la phase<br />

d'installation de préférence au cours des 5 premiers jours. <strong>Le</strong> risque infectieux a été<br />

réduit par l'utilisation de l'albumine.<br />

2- Immunoglobulines intraveineuses (Ig. IV)<br />

Elles ont une efficacité comparable à la plasmaphérèse mais c’est un traitement très<br />

coûteux.<br />

N.B. Il a été démontré que la corticothérapie n'a aucune efficacité.<br />

<strong>LE</strong>S POLYRADICULONEVRITES INFLAMMATOIRES DEMYELINISANTES<br />

CHRONIQUES<br />

Appelée communément PRN chronique. C’est une polyradiculoneuropathie<br />

démyélinisante inflammatoire chronique caractérisée par une installation progressive<br />

des déficits neurologiques sur plus de 2 mois.<br />

Il existe 2 formes étiologiques : La PRN chronique idiopathique d'origine auto-immune<br />

mais d'étiologie inconnue, c’est la plus fréquente ; et les PRN chroniques ou subaiguës<br />

secondaires à des étiologies précises.<br />

L’évolution est souvent fluctuante avec des phases d’aggravations espacées de phases<br />

d'amélioration. On distingue les PRN chroniques progressives (d’évolution d’emblée<br />

progressive) et les PRN chroniques à rechutes (évoluant par poussées espacées de<br />

rémissions).<br />

Du point de vue clinique La PRN chronique se présente sous forme d’un déficit moteur<br />

ascendant prédominant aux membres inférieurs avec abolition des réflexes tendineux,<br />

accompagnés parfois de troubles sensitifs et d'amyotrophie prédominant en distal.<br />

L’étude du LCR met en évidence très souvent une hyperprotéinorachie (critère<br />

diagnostique)<br />

L’ENMG est capital dans le diagnostic. Il objective des signes de démyélinisation aux 4<br />

membres sous forme d’un ralentissement marqué de la conduction nerveuse (critères<br />

précis pour retenir le diagnostic).<br />

<strong>Le</strong>s formes secondaires justifient une recherche étiologique à faire devant toute PRN<br />

chronique.<br />

Etiologies :<br />

- maladies de système : lupus, sarcoïdose, syndrome sec ;<br />

- paranéoplasiques ; lymphomes ; Myélomes ; Gammapathies à IgM, ou IgG<br />

119


Traitement :<br />

<strong>Le</strong>s Corticoïdes sont souvent efficaces. En cas d’échec on peut recourir aux<br />

Immunosuppresseurs : Azathioprine (Imurel*) principalement, aux Echanges<br />

plasmatiques ou aux Ig IV<br />

Tableau : Éléments distinctifs entre syndrome de Guillain-Barré et PRN chronique.<br />

- Événements précédant le<br />

début des symptômes<br />

- Intervalle entre le début et<br />

le déficit maximal<br />

- Rechutes<br />

- Troubles respiratoires<br />

- Atteinte nerfs crâniens<br />

- Troubles végétatifs<br />

- Hyperproteinorachie<br />

- Anomalies<br />

électrophysiologiques<br />

précoces<br />

- Sensibilité aux<br />

corticoïdes<br />

SGB PRN chronique<br />

Fréquents<br />

Rares<br />

< 4 semaines<br />

Exceptionnelles<br />

Fréquents<br />

fréquente<br />

Fréquents<br />

90%<br />

Blocs de conduction<br />

proximaux<br />

Non<br />

OBJECTIFS<br />

- Définir la polyradicuonévrite<br />

- Définir le syndrome de Guillain-Barré<br />

- Décrire les manifestations cliniques du SGB<br />

- Décrire les phases évolutives du SGB<br />

- Citer les complications du SGB<br />

- Énumérer les éléments du diagnostic positif du SGB<br />

- Citer les diagnostics différentiels<br />

- Résumer le mécanisme physiopathologique du SGB<br />

- Citer les principes thérapeutiques du SGB<br />

- Définir les PRN chroniques<br />

- Citer les éléments distinctifs entre SGB et PRN chronique<br />

120<br />

> 2 mois (6 mois à<br />

quelques années)<br />

Habituelles<br />

Rares<br />

Rares<br />

Rares<br />

95%<br />

Ralentissement<br />

marqué de la<br />

conduction nerveuse<br />

Oui


<strong>LE</strong>S POLYNEUROPATHIES : ORIENTATIONS DIAGNOSTIQUES<br />

I- INTRODUCTION- DÉFINITIONS<br />

Une Neuropathie périphérique est une altération du système nerveux périphérique<br />

(SNP). On distingue selon la topographie des lésions au sein du SNP les terminologies<br />

suivantes.<br />

Dans une Polyneuropathie, les altérations sont diffuses et symétriques<br />

La Mononeuropathie correspond à l’atteinte d'un seul tronc ou plexus nerveux<br />

Dans une Mononeuropathie multiple (multinévrite) il existe une atteinte asymétrique<br />

successive ou simultanée de plusieurs troncs nerveux.<br />

<strong>Le</strong>s polyneuropathies posent un problème de diagnostic étiologique imposant une<br />

véritable enquête tenant compte du contexte de survenue, des modalités de début et<br />

d'évolution (aiguë ou chronique), des signes associés et du type lésionnel (démyélinisant<br />

ou axonal).<br />

II- ENQUÊTE ÉTIOLOGIQUE<br />

A- Aspects cliniques<br />

1- Motifs de consultation<br />

a- Troubles sensitifs subjectifs : de topographie distale bilatérale prédominant sur les<br />

membres inférieurs. Ils peuvent être sous forme de paresthésies à type de<br />

fourmillements, picotements, ou de douleurs à type de brûlures ou de décharges<br />

électriques.<br />

Ces manifestations sensitives sont d'intensité variable : intenses, prédominant la nuit et<br />

insomniantes ou plutôt d’intensité modérée ou minime. Elles peuvent résumer à elles<br />

seules le tableau clinique.<br />

2- Déficit moteur : Sous forme d’une gêne motrice à la marche (steppage surtout)<br />

associé ou non à des difficultés à la réalisation des gestes quotidiens par les mains. Son<br />

intensité est variable de minime à très invalidant. Il peut être isolé ou associé aux<br />

symptômes sensitifs.<br />

121


2- L’interrogatoire<br />

Il est capital et permet de :<br />

a- Préciser le contexte<br />

- Origine ethnique et géographique : certaines neuropathies sont endémiques (La lèpre).<br />

- Profession : causes toxiques<br />

- Antécédents médicaux (diabète, maladie de système, néoplasie…)<br />

- Prise de médicaments (Neuropathies iatrogènes)<br />

- Habitudes toxiques : alcool<br />

- Habitudes alimentaires : Régimes amaigrissants<br />

- Événements récents : infectieux ou autres<br />

- Contexte de maladie héréditaire: consanguinité, antécédents familiaux de<br />

neuropathies.<br />

b- Préciser l'histoire naturelle de la polyneuropathie<br />

<strong>Le</strong>s modalités de début et l’évolution.<br />

- Un début aiguë (quelques heures à quelques jours) doit faire évoquer un SGB, un<br />

mécanisme ischémique (vascularite), une porphyrie, certains toxiques..<br />

- Une installation subaiguë (quelques semaines) doit faire rechercher des causes<br />

métaboliques, toxiques, carentielles ou inflammatoires.<br />

- Une évolution chronique (plusieurs mois) doit faire discuter des causes génétiques,<br />

une PRN chronique inflammatoire, une dysglobulinémie.<br />

- L'évolution fluctuante est surtout l'apanage des PRN chroniques inflammatoires.<br />

3- Examen clinique<br />

<strong>Le</strong> syndrome d'atteinte périphérique qui associe variablement un déficit sensitivo-<br />

moteur, une amyotrophie, une abolition des ROT, peut être isolé ou accompagné de<br />

signes généraux.<br />

a- L'Examen neurologique doit préciser<br />

- La topographie des signes d’atteinte périphérique<br />

Dans une polyneuropathie, le déficit moteur et/ou sensitif prédomine aux<br />

extrémités distales des membres inférieurs.<br />

Dans une polyradiculonévrite, à l’atteinte distale, s’ajoute une atteinte des<br />

muscles proximaux du tronc et des nerfs crâniens.<br />

<strong>Le</strong> début par les membres supérieurs est rare il fait évoquer certaines<br />

neuropathies toxiques ou une neuropathie avec blocs de conduction.<br />

Dans une mononeuropathie multiple <strong>Le</strong>s déficits sensitivo-moteurs sont<br />

asymétriques et renvoient à plusieurs troncs nerveux (vascularite dans le cadre<br />

d’une PAN, d’une hépatite C ou d’un lupus, lèpre, diabète…)<br />

122


- <strong>Le</strong> type de fibres atteintes<br />

L’examen electroneuromyographique complète l’examen clinique pour déterminer le<br />

type de fibres atteintes.<br />

- Dans une Neuropathie sensitive avec lésions des petites fibres on note des troubles de<br />

la sensibilité thermique, algique et tactile ; une intégrité de la sensibilité proprioceptive<br />

et l’absence des troubles moteurs (causes toxiques et métaboliques).<br />

- Dans une Neuropathie avec lésions des grosses fibres myélinisées on note une<br />

aréflexie, des troubles proprioceptifs responsables d’une marche ataxique et talonnante.<br />

Des déficits moteurs sont possibles. Elles peuvent être axonales ou démyélinisantes<br />

(SGB, PRN chroniques, paranéoplasique, syndrome sec). L’atteinte peut dans certains<br />

cas intéresser uniquement les ganglions rachidiens postérieurs réalisant une<br />

neuronopathie sensitive ou une ganglionopathie.<br />

- Une Neuropathie avec atteinte du système nerveux végétatif évoque des étiologies<br />

particulières comme le diabète et l’amylose...<br />

- <strong>Le</strong>s Neuropathies motrices pures évoquent selon le contexte et le mode d’installation<br />

et l’évolution un SGB, une cause toxique, une cause héréditaire, une neuropathie à<br />

blocs.<br />

- L'existence d'autres signes neurologiques associés<br />

- Un tremblement d’attitude des extrémités surtout des mains se voit essentiellement<br />

dans la PRN chronique due à une gammapathie monoclonale à IgM et dans certaines<br />

neuropathies héréditaires.<br />

- Des troubles trophiques des membres inférieurs ou des ulcérations acro-mutilantes<br />

accompagnent certaines neuropathies sensitives chroniques (lèpre, amylose, diabète).<br />

- Une hypertrophie des nerfs s’observe dans certaines causes génétiques,<br />

inflammatoires, la lèpre...<br />

c- L'examen somatique doit être le plus complet possible<br />

Il doit s’attacher à recherche des signes systémiques associés pouvant orienter vers une<br />

étiologie précise de la neuropathie.<br />

B- Examens Paracliniques<br />

1- Examen électro-neuro-myographique (ENMG)<br />

Il est capital et doit être considéré comme le prolongement de l’examen clinique.<br />

Il permet d'affirmer l'atteinte du système nerveux périphérique, de déterminer la nature<br />

de l'atteinte : démyélinisante ou axonale (indispensable pour l'orientation étiologique),<br />

de préciser le type de fibres atteintes et de rechercher des signes évolutifs de la<br />

neuropathie.<br />

123


2- Étude du LCR<br />

La ponction lombaire n’est pas systématique. Elle est nécessaire devant toute<br />

neuropathie démyélinisante (aiguë ou chronique) et devant toute polyneuropathie<br />

d'installation aiguë ou subaiguë.<br />

Elle doit faire rechercher une hyperprotéinorachie (PRN), une hypercytose (méningite,<br />

affection virale ou inflammatoire).<br />

3- Biopsie neuro-musculaire<br />

Elle n’est pas systématique. Elle sera faite dans les situations suivantes :<br />

- Polyneuropathie aiguë : si on dispose d’arguments en faveur d'une maladie de système<br />

à la recherche de vascularite ou d’infiltrat inflammatoire.<br />

- Polyneuropathie subaiguë : si elle est évolutive à la recherche de vascularite ou<br />

d’infiltrat inflammatoire.<br />

- Polyneuropathie chronique : si suspicion d'une amylose, d'un syndrome sec, d'une<br />

lèpre ...<br />

4- Autres examens complémentaires de première intention<br />

- NFS, VS, CRP, Electrophorèse des protides<br />

- Glycémie à jeun<br />

- urée sanguine, créatinine<br />

- transaminases hépatiques<br />

- radiographie pulmonaire<br />

- sérodiagnostic VIH, hépatite B et C<br />

5- Autres examens complémentaires selon l'orientation diagnostique<br />

III- CLASSIFICATION DES POLYNEUROPATHIES EN FONCTION DES<br />

ÉTIOLOGIES<br />

La classification étiologique des polyneuropathies est basée sur le mode évolutif<br />

(polyneuropathie aiguë, subaiguë ou chronique) et sur le type d’atteinte démyélinisante<br />

ou axonale déterminé par les données cliniques et ENMG ; le contexte clinique et<br />

biologique permet d’ajouter d’autres éléments d’orientation étiologique.<br />

A- Formes aiguës (installation en quelques jours; < 4 semaines)<br />

A- formes démyélinisantes<br />

- PRN aiguë idiopathique (Syndrome de Guillain Barré) ou secondaire.<br />

124


B- Formes axonales<br />

- Porphyrie aiguë intermittente<br />

- Toxique (sels de thallium, lithium, arsenic...)<br />

- Vascularite nécrosante (PAN)<br />

- Rares cas de PNP diabétique<br />

B- Formes subaiguës (installation en semaines et mois)<br />

1- Formes axonales<br />

- Métaboliques (diabète ++, insuffisance rénale, hypothyroïdie)<br />

- Nutritionnelles (alcoolique, carences vitaminiques diverses surtout vitamine B12)<br />

- Toxiques (industriels, médicaments)<br />

- Maladies de système (vascularite nécrosante, sarcoïdose,...)<br />

- Sida<br />

- Lymphomes<br />

- Dysglobulinémies (myélome multiple)<br />

- Amylose primitive<br />

2- Formes démyélinisantes<br />

- PRN inflammatoire subaiguë idiopathique ou secondaire<br />

3- Neuronopathies sensitives (ganglionopathies) : neuropathie sensitive<br />

ataxiante par atteinte des grosses fibres<br />

- Syndrome de Gougerot-Sjögren (syndrome sec)<br />

- Syndrome paranéoplasique de Denny-Brown<br />

- Toxique (Cisplatine)<br />

C- Formes chroniques (installation en plusieurs années)<br />

1- Formes axonales<br />

a Héréditaires<br />

- Forme axonale de maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT)<br />

- Amylose héréditaire<br />

- PNP sensitive héréditaire<br />

b Acquises<br />

- Rares formes associées aux gammapathies monoclonales bénignes à IgG<br />

2- Formes démyélinisantes<br />

a Héréditaires<br />

- Formes démyélinisantes de CMT<br />

- Maladie de Refsum<br />

- <strong>Le</strong>ucodystrophie métachromatique<br />

125


Acquises<br />

- PRN inflammatoires chroniques<br />

- PNP associées aux gammapathies monoclonales bénignes à IgM.<br />

OBJECTIFS<br />

- Définir : polyneuropathie, mononeuropathie, mononeuropathie multiple<br />

- Citer les éléments de l'interrogatoire d'orientation étiologique<br />

- Décrire les données de l'examen clinique à rechercher devant une polyneuropathie<br />

- Préciser l'intérêt et les indications de l'étude du LCR<br />

- Préciser l'apport de l'examen électrophysiologique<br />

- Préciser les indications de la biopsie neuro-musculaire<br />

- Citer les examens complémentaires de première intention<br />

- Citer les étiologies des polyneuropathies<br />

126


I- INTRODUCTION<br />

LA MYASTHENIE (MYASTHENIA GRAVIS)<br />

La myasthénie est une affection auto-immune caractérisée par une fatigabilité<br />

musculaire anormale à l’effort, régressant au repos, en rapport avec un<br />

dysfonctionnement de la transmission neuro-musculaire.<br />

C’est une affection de la femme jeune dont la gravité est le risque de détresse<br />

respiratoire.<br />

II- EPIDEMIOLOGIE<br />

La myasthénie s’observe à tous les âges, dans les deux sexes et dans toutes les races.<br />

Son incidence est estimée à 2,5 à 20 cas par an et par million d’habitants. Sa prévalence<br />

se situe entre 45 et 142 cas par million.<br />

Il existe avant l’âge de 40 ans une prédominance féminine ; au delà de 40 ans, l’écart<br />

entre les deux sexes se réduit.<br />

Une prédisposition immunogénétique à développer la maladie est vraisemblable,<br />

comme en témoignent les différentes associations HLA (essentiellement HLA-B8 et<br />

DR3 chez la femme jeune), l’association à d’autres maladies auto-immunes et les cas<br />

observés chez les jumeaux homozygotes.<br />

III- PHYSIOPATHOLOGIE<br />

A– La transmission neuro-musculaire normale<br />

Elle se fait au niveau d’une synapse qui comprend une terminaison nerveuse et une<br />

plaque motrice (figure 1A).<br />

L’acétylcholine (Ach), médiateur de la transmission neuromusculaire, est contenue dans<br />

des vésicules au niveau de la terminaison du nerf moteur. L’arrivée d’un potentiel<br />

d’action sur le nerf dépolarise la membrane synaptique et provoque le déversement des<br />

vésicules dans la fente synaptique. L’Ach ainsi libérée se lie aux récepteurs d’Ach (R<br />

Ach) post-synaptiques qui prédominent au sommet des replis de la membrane post<br />

synaptique. Il en résulte une dépolarisation de cette membrane. Au delà d’un certain<br />

seuil, cette dépolarisation donne naissance à un potentiel d’action qui se propage sur la<br />

membrane musculaire et provoque la contraction musculaire. L’Ach est rapidement<br />

hydrolysée (en acide acétique et en choline) sous l’effet de l’acétylcholinestérase postsynaptique<br />

pour rendre possible une nouvelle contraction musculaire.<br />

B– Au cours de la myasthénie<br />

<strong>Le</strong> versant présynaptique est normal. En revanche, la fente synaptique est élargie, la<br />

membrane post-synaptique est appauvrie en plicatures et le nombre de R Ach est réduit<br />

(Figure 1B).<br />

La myasthénie est une affection auto-immune, les facteurs intervenant dans cette<br />

maladie sont :<br />

127


– la réduction importante du nombre des R Ach, qui a pour conséquence la<br />

diminution de l’amplitude du potentiel post-synaptique et l’insuffisance de la<br />

dépolarisation membranaire.<br />

– la présence d’autoanticorps (Ac) anti-R Ach dans environ 85 % des cas, qui<br />

induisent une déplétion en Ach<br />

– le rôle du thymus : le thymus joue un rôle mal élucidé dans l’étiopathogénie de<br />

la myasténie, mais il est considéré comme le lieu d’origine de la réponse autoimmune.<br />

Certaines de ses cellules partagent en effet des antigènes communs<br />

avec les R Ach de la jonction neuromusculaire. Par ailleurs, il est anormal chez<br />

75 % des patients myasthéniques. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une<br />

hyperplasie et dans 10 à 25 %, d’un thymome bénin ou plus rarement malin.<br />

III- SYMPTOMATOLOGIE CLINIQUE<br />

Il s’agit le plus souvent d’une femme jeune.<br />

A – Signes de début<br />

<strong>Le</strong> début se traduit par l’atteinte d’un ou plusieurs groupes musculaires :<br />

- Oculaire dans 50 % des cas. <strong>Le</strong> signe le plus habituel est un ptosis uni ou bilatéral<br />

asymétrique, souvent à bascule. L’atteinte oculomotrice est caractéristique par son<br />

absence de systématisation, la diplopie est intermittente, le contingent intrinsèque est<br />

respecté.<br />

- Oro-pharyngé dans 20 % des cas avec dysphagie, fausses routes, dysphonie (voix<br />

nasonnée) et dysarthrie.<br />

- L’atteinte faciale se traduit par un faciès amimique avec déficit des orbiculaires des<br />

paupières souvent asymétrique, impossibilité de gonfler les joues, de siffler, de sourire.<br />

L’atteinte des muscles masticateurs est responsable des difficultés de la mastication<br />

avec une mâchoire tombante.<br />

- L’atteinte des muscles extenseurs du cou se caractérise par une chute de la tête en<br />

avant que le malade compense par le soutien du menton par la main (signe de la tête<br />

tombante, évocateur de la myasthénie).<br />

- Au niveau des membres, l’atteinte prédomine sur la ceinture pelvienne.<br />

Tous ces symptômes s’aggravent à l’effort et en fin de journée et s’améliorent au repos<br />

réalisant le phénomène myasthénique.<br />

B– Phase d’état<br />

C’est le tableau de myasthénie généralisée caractéristique, le patient présentant un faciès<br />

inexpressif, un ptosis bilatéral asymétrique, des paralysies oculomotrices, une voix<br />

nasonnée, et un déficit des ceintures. <strong>Le</strong> pronostic vital peut être mis en jeu par la<br />

présence de fausses routes et par une détresse respiratoire due à une atteinte des muscles<br />

thoraciques (diaphragme, intercostaux) imposant des mesures de réanimation d’urgence.<br />

128


C– Examen neurologique<br />

Il met en évidence le déficit musculaire qu’on peut provoquer par la répétition d’un<br />

mouvement :<br />

- accroupissements répétés (ceinture pelvienne)<br />

- fermeture, ouverture des yeux (releveur de la paupière supérieure, orbiculaire<br />

des paupières)…<br />

Certains signes négatifs sont importants à signaler : les réflexes ostéotendineux sont<br />

conservés, les sensibilités sont normales et il n’y a pas d’amyotrophie.<br />

IV- EXAMENS COMP<strong>LE</strong>MENTAIRES<br />

A– Tests pharmacologiques<br />

<strong>Le</strong>ur but est de confirmer le diagnostic clinique. On réalise une injection IV de<br />

Tensilon* (édrophonium) de 2 mg ou une injection IM de 1 à 2 mg de Prostigmine*<br />

(néostigmine).<br />

La réponse positive se traduit par la régression transitoire, plus ou moins complète, des<br />

signes.<br />

B– Electromyogramme (EMG)<br />

L’EMG peut mettre en évidence le bloc neuromusculaire post synaptique, y compris<br />

dans les territoires cliniquement indemnes.<br />

La stimulation répétitive supramaximale à faible fréquence (3 Hz) d’un nerf moteur<br />

n’entraîne pas normalement de baisse d’amplitude du potentiel d’action musculaire<br />

enregistré à l’aide d’électrodes à la surface du muscle.<br />

Un décrément d’amplitude d’au moins 10 % entre le 1 er et le 5 ème potentiel indique<br />

l’existence d’un bloc neuro-musculaire (figure 2).<br />

Cette anomalie peut se corriger après injection d’anticholinestérasique.<br />

L’examen peut être négatif dans d’authentiques myasthénies surtout si elles sont<br />

focalisées, en particulier oculaires.<br />

C– Dosages immunologiques et biologiques<br />

1 – Anticorps anti- RACh<br />

Ils sont spécifiques de la maladie. <strong>Le</strong>ur dosage est positif dans 85 % des formes<br />

généralisées, mais seulement dans 50 % des formes oculaires.<br />

Il n’y a aucun parallélisme entre leur taux et la gravité du tableau clinique. Cependant,<br />

ce taux est le reflet des poussées chez un même malade, d’où son intérêt pour la<br />

surveillance de l’évolution et l’adaptation du traitement<br />

2 – Autres examens biologiques<br />

Ils sont effectués à la recherche d’autres maladies associées :<br />

- Ac antithyroïdiens, T3, T4, TSH (thyroïdite)<br />

129


- Ac anti-muscles striés (augmentés en cas de thymome)<br />

- Ac anti-estomac et anti-facteur intrinsèque (maladie de Bieremer)<br />

- Ac anti-DNA (Lupus)<br />

- Facteur rhumatoïde ….<br />

D– Examens radiologiques<br />

Tout malade myasthénique doit bénéficier d’une imagerie du médiastin (radiographies<br />

simples, scanner ou IRM) à la recherche d’une éventuelle anomalie thymique<br />

(thymome).<br />

V – EVALUATION DE LA GRAVITE CLINIQUE<br />

Au terme de cette enquête diagnostique, il est possible d’évaluer la gravité du tableau<br />

constaté grâce à certaines classifications.<br />

La classification d’Osserman modifiée par Genkis est actuellement abandonnée en<br />

raison de son imprécision. D’autres classifications ont été proposées. La classification<br />

clinique de la Mysthenia Gravis Fondation of America (MGFA) est destinée à identifier<br />

des sous groupes de myasthénie généralisée avec des signes cliniques ou de gravité<br />

différents (voir annexe 1)<br />

VI– FORMES CLINIQUES<br />

A– Formes symptomatiques (myasthénie oculaire)<br />

Dans 50 %des cas, la myasthénie débute par des signes oculaires qui peuvent rester<br />

localisés dans la moitié des cas. L’extension à d’autres territoires est rare après 2 ans<br />

d’évolution.<br />

B– Formes selon l’âge<br />

1– Myasthénie néonatale<br />

Elle touche environ 10 % des enfants nés de mères myasthéniques. Elle est due au<br />

passage transplacentaire des anticorps maternels. Son évolution est favorable dans un<br />

délai de 2 à 4 mois.<br />

2 – Myasthénie infantile et juvénile autoimmune<br />

10 à 15 % des myasthénies débutent avant l’âge de 15 ans, le plus souvent à partir de 10<br />

ans. Elles sont semblables à celles de l’adulte.<br />

130


C– Formes associées à des anomalies thymiques<br />

1 – Hyperplasie thymique<br />

Elle s’observe le plus souvent dans les myasthénies à début précoce (avant l’âge de 40<br />

ans). La myasthénie est souvent généralisée et grave, le taux d’Ac anti-Rach élevé.<br />

2 – Thymome<br />

<strong>Le</strong>s thymomes sont associés à la myasthénie dans 10 à 25 % et sont souvent observés<br />

au-delà de 40 ans. <strong>Le</strong>ur pronostic dépend de leur caractère invasif ou non et de leur type<br />

histologique.<br />

D – Formes associées à d’autres maladies<br />

La myasthénie peut être associée à d’autres affections souvent auto-immunes :<br />

dysthyroïdie (souvent hyperthyroïdie), anémie de Biermer, lupus érythémateux<br />

disséminé, polyarthrite rhumatoïde, anémie hémolytique ….<br />

E– Formes induites par la D-pénicillamine<br />

Elles sont rares et caractérisées par la régression des signes sur plusieurs mois (en 3 à 6<br />

mois) après l’arrêt de la D-pénicillamine.<br />

VII– DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />

- Dans les formes oculaires, le diagnostic peut se poser avec les myopathies oculaires ou<br />

oculo-pharyngées.<br />

- Dans les atteintes du carrefour pharyngo-laryngé, le diagnostic risque de se poser avec<br />

les formes bulbaires de la sclérose latérale amyotrophique et les AVC du tronc cérébral.<br />

- La fluctuation des symptômes et la normalité de l’examen clinique au repos peuvent<br />

faire évoquer à tort une cause psychologique.<br />

- <strong>Le</strong> diagnostic peut se poser également avec les autres syndromes myasthéniques :<br />

- <strong>Le</strong> syndrome myasthénique de Lambert-Eaton qui est un syndrome<br />

paranéoplasique, touche plus souvent l’homme d’âge moyen ; il est dû à un bloc<br />

neuromusculaire présynaptique. Il est habituellement associé à un cancer<br />

pulmonaire à petites cellules.<br />

- <strong>Le</strong>s syndromes myasthéniques congénitaux sont en rapport avec des anomalies<br />

génétiques de la plaque motrice.<br />

VIII – EVOLUTION ET PRONOSTIC<br />

C’est une évolution par poussées imprévisibles, alternant avec des épisodes de<br />

rémission.<br />

A tout moment, le tableau clinique peut s’aggraver de façon rapide et mettre en jeu le<br />

pronostic vital par insuffisance respiratoire due à la défaillance des muscles respiratoires<br />

et l’encombrement laryngo-trachéo-bronchique : c’est la crise myasthénique.<br />

L’aggravation peut être spontanée ou favorisée :<br />

131


- par un facteur déclenchant (infection, anesthésie, traumatisme physique ou<br />

psychologique, modification endocrinienne chez la femme …)<br />

- par certains médicaments contre-indiqués (voir annexe 2)<br />

- ou par un surdosage médicamenteux (crise cholinergique)<br />

<strong>Le</strong> pronostic est lié à l’âge, à la gravité et au type de myasthénie défini selon la<br />

classification clinique sus citée et à l’association à un thymome malin ou à d’autres<br />

maladies auto-immunes.<br />

X– TRAITEMENT<br />

A– Moyens thérapeutiques<br />

1 – <strong>Le</strong>s anticholinestérasiques<br />

Ils constituent le traitement symptomatique de base :<br />

- la néostigmine (Prostigmine*)<br />

- la pyridostigmine (Mestinon*)<br />

- le chlorure d’ambemonium (Mytélase*)<br />

Ils diffèrent par leur délai et leur durée d’action.<br />

Un certain nombre de règles doit être respecté pour leur prescription :<br />

- ils doivent être pris à jeûn, une-demi heure à une heure avant le repas<br />

- il n’y a pas avantage à associer deux anticholinestérasiques<br />

- la posologie quotidienne doit être recherchée par tâtonnements en commençant<br />

par des doses faibles réparties régulièrement dans la journée (toutes les 4 heures<br />

environ)<br />

Des accidents de surdosage peuvent survenir et se manifester par une crise<br />

cholinergique avec des signes muscariniques (coliques intestinales et diarrhée,<br />

hypersalivation, hypersécrétion bronchique, sueurs) et nicotiniques (fasciculations et<br />

crampes musculaires).<br />

2– La thyméctomie<br />

Elle est impérative en cas de thymome ; son indication est discutée en l’absence de<br />

thymome.<br />

3– La corticothérapie<br />

Prednisone 1 mg/kg/jour (à atteindre progressivement)<br />

4– <strong>Le</strong>s immunosuppresseurs<br />

Azathioprine 2 à 3 mg/kg/jour<br />

Cyclophosphamide<br />

Cyclosporine<br />

5 – <strong>Le</strong>s échanges plasmatiques<br />

6 – <strong>Le</strong>s immunoglobulines intraveineuses (0,4 g/kg/j pendant 5 jours)<br />

132


7 – <strong>Le</strong>s soins intensifs<br />

En cas de décompensation lors d’une crise myasthénique ou lors d’un surdosage<br />

médicamenteux<br />

B– Indications thérapeutiques<br />

Dans tous les cas, le traitement anticholinestérasique reste le traitement de base.<br />

Dans les myasthénies généralisées :<br />

- la thymectomie est impérative en cas de thymome et doit être suivie de<br />

radiothérapie s’il est invasif. Pour les formes sans thymome, le bénéfice de la<br />

thymectomie n’est pas établi avec certitude.<br />

- Lorsqu’il persiste un déficit fonctionnellement important sous traitement<br />

anicholinestérasique, le traitement le plus efficace est l’association de<br />

prednisone et d’azathioprine. La durée de ce traitement n’est pas définie avec<br />

certitude, mais il doit être prolongé pendant plusieurs mois. En cas d’échec ou<br />

de contre-indication à l’azathioprine, on a recours à d’autres<br />

immunosuppresseurs, cyclophosphamide ou cyclosporine.<br />

- La survenue d’une aggravation aiguë du déficit musculaire, de troubles de la<br />

déglutition ou d’une insuffisance respiratoire doit bénéficier des échanges<br />

plasmatiques ou des immunoglobulines intraveineuses.<br />

Dans les myasthénies oculaires, le traitement est plus délicat et malgré des résultats<br />

inconstants, une corticothérapie peut être proposée pour les formes entraînant une<br />

diplopie invalidante.<br />

OBJECTIFS<br />

- Expliquer la physiopathologie de la myasthénie<br />

- Connaître la symptomatologie clinique de la myasthénie<br />

- Savoir quels sont les examens complémentaires à réaliser devant une suspicion<br />

de myasthénie<br />

- Citer les formes cliniques de myasthénie<br />

- Savoir évaluer le pronostic de la myasthénie en fonction de la classfication de la<br />

MG<br />

- Citer les diagnostics différentiels<br />

- Connaître les moyens thérapeutiques et leurs indications<br />

133


Annexe 1<br />

Classification clinique de la Myasthenia Gravis Fondation of America (MGFA)<br />

- Classe I : déficit des muscles oculaires. Peut avoir une faiblesse de l’occlusion<br />

des yeux. La force de tous les autres muscles est normale.<br />

- Classe II : déficit discret des muscles autres qu’oculaires. Peut avoir un déficit<br />

des muscles oculaires quelle qu’en soit la sévérité :<br />

II a : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou<br />

axiaux<br />

II b : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou<br />

respiratoires<br />

- Classe III : déficit modéré des muscles autres qu’oculaires. Peut avoir un<br />

déficit des muscles oculaires quelle qu’en soit la sévérité :<br />

III a : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou<br />

axiaux<br />

III b : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou<br />

respiratoires<br />

- Classe IV : déficit sévère des muscles autres qu’oculaires. Peut avoir un déficit<br />

des muscles oculaires quelle qu’en soit la sévérité :<br />

IV a : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou<br />

axiaux<br />

IV b : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou<br />

respiratoires.<br />

134


Annexe 2<br />

Liste des médicaments contre-indiqués en cas de myasthénie<br />

Absolues Relatives (à utiliser avec précaution<br />

en fonction de l’état)<br />

D-pénicillamine<br />

Aminosides<br />

Curares (sauf astracurium, vécuronium) Carbamazépine<br />

Quinine et dérivés<br />

Chlorpromazine<br />

Bêta-bloquants (même locaux)<br />

Lithium<br />

Trimétadione<br />

Benzodiazépines<br />

Diphénylhydantoïne<br />

Progestérone<br />

Dantrolène<br />

Magnésium IV<br />

Cycline IV<br />

Colimycine<br />

Polymyxine<br />

Contre-indications vaccinales<br />

<strong>Le</strong>s traitements corticoïdes ou immunosuppresseurs contre-indiquent l’utilisation de<br />

vaccins vivants (polio buccal, rubéole …).<br />

135


INTRODUCTION<br />

<strong>LE</strong>S MYOPATHIES<br />

<strong>Le</strong>s myopathies sont des affections musculaires d'origine héréditaire, hétérogènes sur<br />

le plan clinique et génétique.<br />

Elles sont fréquentes chez l'enfant, certaines formes n'apparaissent qu'à l'âge adulte. La<br />

plus fréquente est la myopathie de Duchenne.<br />

Il s’agit de maladies graves se caractérisant par un syndrome musculaire (déficit avec<br />

amyotrophie) prédominant sur les ceintures, d'installation progressive et d'évolution<br />

chronique, responsables d'un handicap fonctionnel important et souvent de décès.<br />

<strong>Le</strong>s progrès actuels de la biologie moléculaire ont permis des possibilités de diagnostic<br />

et de conseil génétiques et la compréhension des mécanismes pathogéniques de ces<br />

affections.<br />

<strong>LE</strong> <strong>SYNDROME</strong> MYOPATHIQUE<br />

I- ASPECTS CLINIQUES<br />

A- Circonstances de découverte<br />

1- Chez l'enfant<br />

<strong>Le</strong> syndrome myopathique peut être diagnostiqué à l’occasion d’une hypotonie ou<br />

d’une détresse respiratoire à la naissance, d’un retard des acquisitions motrices, de<br />

constatation de déformations articulaires (arhtrogrypose) ou de l’apparition de<br />

difficultés motrices après une acquisition motrice normale<br />

2- Chez le grand enfant, l'adolescent et l'adulte<br />

La myopathie peut être révélée par une fatigabilité à la marche, des chutes fréquentes,<br />

des difficultés à courir et à monter les escaliers ou des difficultés à se relever de la<br />

position assise.<br />

B- L'interrogatoire:<br />

Il doit préciser le déroulement de la grossesse de l'accouchement et les acquisitions<br />

psychomotrices de l'enfant<br />

Il doit rechercher la présence d’une consanguinité des parents, l’existence de cas<br />

similaires dans la fratrie, chez les ascendants et les collatéraux, l’âge de début et le<br />

mode d’installation et l'évolution de l'atteinte musculaire.<br />

C- L'examen clinique<br />

Il doit s’attacher à examiner l’ensemble des groupes musculaires et préciser la<br />

distribution de leur atteinte et à rechercher l’existence d’autres signes en particulier des<br />

déformations ostéo-articulaires et une atteinte cardiaque.<br />

136


1- <strong>Le</strong> syndrome musculaire:<br />

<strong>Le</strong> déficit musculaire est de sévérité variable. Sa topographie déprend du type de<br />

myopathie, Il intéresse généralement les ceintures pelvienne et scapulaire auxquelles<br />

peut être associée une atteinte des muscles axiaux, de la face, des muscles<br />

oculomoteurs. Dans certains cas l’atteinte peut débuter par les muscles distaux des<br />

membres.<br />

L’amyotrophie suit habituellement la topographie et la distribution du déficit<br />

musculaire.<br />

Une hypertrophie musculaire peut être constatée au niveau des mollets mais n’intéresse<br />

que rarement l'ensemble des muscles.<br />

<strong>Le</strong> phénomène myotonique correspond à un retard de décontraction musculaire : si on<br />

demande au patient de serrer la main de l’examinateur, il aura du mal à relâcher<br />

rapidement les doigts.<br />

<strong>Le</strong>s déformations ostéo-articulaires doivent être recherchées systématiquement :<br />

rétractions tendineuses, scoliose.<br />

<strong>Le</strong> degrés du handicap fonctionnel doit être évalué : périmètre de marche, autonomie<br />

motrice.<br />

2- Examen neurologique complet<br />

Des signes neurologiques périphériques ou centraux peuvent être associés dans certains<br />

syndromes musculaires.<br />

3- Examen somatique complet<br />

L’examen doit rechercher l’existence de signes cardiaques, respiratoires et<br />

endocriniens.<br />

II- <strong>LE</strong>S EXAMENS PARACLINIQUES<br />

Trois examens sont indispensables pour le diagnostic de myopathie: le dosage des<br />

enzymes musculaires, l’électromyogramme et la biopsie musculaire.<br />

A- Enzymes musculaires : taux plasmatiques élevés des:<br />

- créatines phospho-kinases (CPK), les plus spécifiques<br />

- lactico deshydrogénases (LDH), aldolases<br />

B- Electromyogramme (EMG)<br />

<strong>Le</strong> syndrome myogène se caractérise par une activité musculaire anormale au repos et<br />

des tracés myogènes à l'effort alors que la conduction nerveuse est normale.<br />

C- Biopsie musculaire<br />

Elle permet d’affirmer le type d'atteinte musculaire.<br />

137


La Dystrophie musculaire (DM) se définit histologiquement par :<br />

- Nécrose et régénération des fibres musculaires<br />

- Associée à une prolifération fibroadipeuse du tissu interstitiel<br />

Elle permet de diagnostiquer certaines maladies métaboliques (lipidose, glycogénose ou<br />

maladies mitochondriales...)<br />

L’immunohistochimie permet de déterminer les déficits protéiques mis en cause dans<br />

certaines dystrophies musculaires.<br />

L'examen en microscopie électronique peut être nécessaire pour mettre en évidence des<br />

anomalies de structure.<br />

D- Autres examens<br />

- ECG, échographie cardiaque<br />

- Exploration fonctionnelle respiratoire<br />

- Imagerie : TDM, IRM (muscles, système nerveux central)<br />

- Radiographies du squelette<br />

- Autres explorations biologiques selon le cadre nosologique<br />

III- ASPECTS GÉNÉTIQUES<br />

L’enquête familiale est nécessaire dans le but d’établir l'arbre généalogique de la<br />

famille et déterminer le mode de transmission.<br />

A- Modes de transmission<br />

4 situations possibles (voir chapitre maladies héréditaires du système nerveux)<br />

1- Transmission autosomique dominante (AD)<br />

2- Transmission autosomique récessive<br />

3- Transmission liée au chromosome X<br />

4- Cas isolé ou sporadique : pas d'atteinte familiale.<br />

B- Diagnostic génétique<br />

Il est possible pour certaines myopathies par :<br />

l’identification du gène responsable par les techniques de biologie moléculaire<br />

et des protéines musculaires impliquées (par exemple la dystrophine) par l’étude<br />

immunohistochimique sur la biopsie musculaire.<br />

C- Conseil génétique<br />

Il peut être réalisé à la demande de la famille, il consiste à<br />

- Expliquer les risques de transmission (50% si AD, 25% si AR)<br />

- Faire un diagnostic moléculaire pour les sujets à risque<br />

- Réaliser un diagnostic prénatal : possible pour certaines myopathies<br />

138


MYOPATHIES DE L'ENFANT<br />

I- DYSTROPHIES MUSCULAIRES PROGRESSIVES DE L'ENFANT<br />

A- Myopathie (ou dystrophie musculaire) de Duchenne de Boulogne = DMD<br />

C’est la myopathie la plus fréquente et la plus sévère de l'enfant<br />

1- Aspects génétiques<br />

La transmission est récessive liée à l'X : seuls les garçons sont touchés dans la famille,<br />

les femmes sont conductrices, elle ne sont pas malades.<br />

<strong>Le</strong> gène est localisé sur le bras court du chromosome X : Xp21 (gène DMD),<br />

l’anomalie la plus fréquente est une délétion (60% des cas).<br />

La protéine impliquée est la Dystrophine (427 Kd) qui fait partie du complexe<br />

protéique du sarcolemme.<br />

2- Aspects cliniques<br />

<strong>Le</strong> début se fait entre l'âge de 3 et 6 ans par des difficultés à courir, à sauter et à monter<br />

les escaliers et par des chutes fréquentes. La marche est dandinante sur la pointe des<br />

pieds avec hyperlordose lombaire. <strong>Le</strong> passage de la station assise à la station debout<br />

nécessite l’utilisation des mains qui prennent appui progressivement sur les genoux et<br />

les cuisses : c’est le signe de Gowers. L’hypertrophie des mollets se constitue vers 5-6<br />

ans, les muscles sont fermes à la palpation.<br />

3- Évolution<br />

Elle se fait vers l’aggravation progressive du déficit et de l'amyotrophie de la ceinture<br />

pelvienne puis de la ceinture scapulaire et des muscles axiaux.<br />

La perte de la marche se fait généralement vers l'âge de 10 ans. <strong>Le</strong>s déformations ostéoarticulaires<br />

s’aggravent également: rétractions tendineuses, cyphose dorsale, scoliose.<br />

La phase terminale se situe vers l’âge de 20 ans, la paralysie et l’amyotrophie<br />

intéressent tous les muscles sauf ceux de la face, les oculomoteurs et les muscles buccopharyngés.<br />

<strong>Le</strong> décès survient par des complications respiratoires ou atteinte cardiaques<br />

4- Autres atteintes<br />

- Cardiaque : cardiomyopathie : Elle peut apparaître vers l’âge de 5 ans sou forme de<br />

roubles de la conduction auriculo-ventriculaire. Elle est responsable du décès dans 10 à<br />

50 % des cas<br />

- Atteinte intellectuelle : le retard mental est habituellement modéré, il s’observe chez<br />

1/3 des patients.<br />

- Troubles digestifs : constipation, gastroparésie.<br />

139


5- Diagnostic<br />

a-Positif : se base sur les arguments suivants :<br />

- Garçon, début < 6 ans<br />

- Déficit des ceintures + hypertrophie des mollets<br />

- Augmentation des CPK (10 à 100 fois la normale)<br />

- EMG : myogène<br />

- Aspect de dystrophie musculaire à la biopsie<br />

- Diagnostic génétique :<br />

Recherche du gène DMD (prise de sang, analyse en BM)<br />

Absence totale de la dystrophine sur la biopsie musculaire.<br />

b- Différentiel<br />

- Avec les autres myopathies de l'enfant<br />

- Avec l'amyotrophie spinale dans sa forme proximale (ENMG, biopsie)<br />

6- Formes cliniques :<br />

DM de Becker = DMB<br />

Elle se différencie de la maladie de Duchenne par un début plus tardif (après l’age de<br />

10 ans), une atteinte moins sévère est une évolution plus lente. La dystrophine est<br />

présente mais elle est de poids moléculaire anormal.<br />

7- Conseil génétique<br />

Il est possible par le diagnostic des femmes conductrices et le diagnostic prénatal.<br />

B- <strong>Le</strong>s autres DM de l'enfant<br />

1- DM autosomiques récessives sévères de l'enfant<br />

<strong>Le</strong> tableau clinique et l’évolution sont semblables à la DMD mais avec les différences<br />

suivantes :<br />

- Transmission AR : elle touche garçons et filles avec consanguinité des parents<br />

- Début entre 3 et 18 ans<br />

- Décès entre 20 et 30 ans<br />

- La cardiomyopathie est exceptionnelle.<br />

- Diagnostic génétique : plusieurs sous groupes génétiques selon les protéines du<br />

sarcolemme impliquées. Au Maroc les déficits en sarcoglycanes sont les plus fréquents.<br />

2- Autres<br />

- DM congénitales : une atteinte du système nerveux central est souvent associée.<br />

- DM des ceintures à début précoce<br />

140


II- AUTRES MYOPATHIES DE L'ENFANT<br />

A- Myopathies congénitales<br />

Elles peuvent débuter avant la naissance par une diminution des mouvements fœtaux.<br />

Une hypotonie généralisée est constatée à la naissance, d'intensité variable pouvant<br />

aller à la détresse respiratoire. Elles peuvent être révélées par un retard des acquisitions<br />

motrices.<br />

Cinq sous groupes différents sont individualisés en fonction des aspects histologiques<br />

du muscle, des tableaux cliniques (début, gravité) et des anomalies génétiques.<br />

B- Myopathies métaboliques<br />

- Myopathies mitochondriales associant souvent une atteinte système nerveux central<br />

et/ou périphérique.<br />

- Myopathies des glycogénoses ou des lipidoses associant parfois des signes<br />

systémiques de surcharge (hépatiques ...)<br />

MYOPATHIES DE L'ADULTE<br />

I- MYOPATHIE FACIO-SCAPULO-HUMÉRA<strong>LE</strong> (FSH) (ou myopathie de<br />

Landouzy-Déjerine)<br />

Elle est peu fréquente, de transmission AD et de sévérité très variable d'un patient à<br />

l'autre.<br />

A- Aspects cliniques<br />

<strong>Le</strong> début se situe habituellement vers l’âge de 20 ans.<br />

L’atteinte musculaire (déficit et amyotrophie) a la particularité d’être sélective et<br />

asymétrique.<br />

L’atteinte faciale s’exprime par une inocclusion des paupières au cours du sommeil,<br />

des difficultés à souffler et une asymétrie du sourire.<br />

L’atteinte de la ceinture scapulaire intéresse essentiellement les muscles fixateurs des<br />

l'omoplates et les sterno-cleïdo-mastoïdiens en respectant les deltoïdes.<br />

<strong>Le</strong>s biceps et les longs supinateurs sont précocement atteints.<br />

L’atteinte des muscles distaux et proximaux aux membres inférieurs est possible.<br />

Il faut souligner que le muscle cardiaque, les muscles pharyngés et respiratoires sont<br />

épargnés.<br />

B- Évolution<br />

Elle est habituellement lente, la majorité des patients gardent une autonomie de la<br />

marche.<br />

141


C- Diagnostic<br />

<strong>Le</strong> diagnostic positif est aisé par le tableau clinique caractéristique et la transmission<br />

AD. La biopsie est inutile car non spécifique.<br />

D- Aspects génétiques<br />

- Transmission AD<br />

- Gène sur le chromosome 4q (extrémité télomérique)<br />

- Protéine impliquée inconnue<br />

- Diagnostic génétique et prénatal possibles.<br />

II- DYSTROPHIE MYOTONIQUE DE STEINERT<br />

C’est la plus fréquente des DM de l'adulte. Elle est de transmission AD<br />

A- Aspects cliniques<br />

La maladie débute habituellement vers 20 - 25 ans. La formule clinique est très<br />

particulière :<br />

<strong>Le</strong> déficit et l’amyotrophie prédominent sur la face et les muscles distaux (mains et<br />

releveurs des pieds)<br />

Il existe une myotonie des mains : c’est une difficulté et une lenteur de la<br />

décontraction musculaire<br />

<strong>Le</strong> faciès est caractéristique : atonie faciale, ptosis et calvitie chez les hommes.<br />

L’atteinte des muscles pharyngo-laryngés et respiratoires est fréquente<br />

Des signes systémiques sont souvent présents :<br />

- atteinte cardiaque : troubles de la conduction intracardiaque qui peuvent entraîner une<br />

mort subite.<br />

- cataracte +++<br />

- troubles endocriniens (diabète, hypothyroïdie, hypogonadisme)<br />

- atteinte digestive<br />

La sévérité est variable, la maladie a tendance à s'aggraver au fil des générations<br />

(phénomène d’anticipation)<br />

B- Diagnostic<br />

<strong>Le</strong> diagnostic est aisé par l’aspect clinique caractéristique et la mise en évidence de la<br />

myotonie cliniquement et à l’EMG (décharges myotoniques dans le muscle au repos)<br />

C- Aspects génétiques<br />

- Transmission AD<br />

- L’anomalie génétique est une expansion anormale du triplet CTG (> 50 copies) sur le<br />

chromosome 19<br />

- <strong>Le</strong> nombre de répétitions est corrélé à la sévérité<br />

142


III- AUTRES MYOPATHIES DE L'ADULTE<br />

A- DM des ceintures<br />

Elles peuvent être de transmission dominante ou récessive en rappot avec différentes<br />

anomalies génétiques.<br />

B- Myopathies distales<br />

Elles débutent par une atteinte sélective des muscles distaux. Elles sont hétérogènes sur<br />

le plan clinique et génétique.<br />

C- Myopathies oculopharyngées<br />

<strong>Le</strong>ur début est tardif après l’âge de 40 ans. Elles sont caractérisées cliniquement par une<br />

ophtalmoplégie symétrique avec ptosis bilatéral, et dysphagie. <strong>Le</strong>ur transmission est<br />

AD. La forme la plus fréquente est liée au chromosome 14.<br />

D- Myopathies métaboliques<br />

- Mitochondriales<br />

- Glycogénoses<br />

- Lipidoses<br />

PRISE EN CHARGE CLINIQUE DES MYOPATHIES<br />

La rééducation fonctionnelle passive est indispensable et doit être régulière, elle a pour<br />

but d’éviter les déformations ostéoarticulaires et d’entretenir la trophicité musculaire<br />

Un suivi multidisciplinaire est nécessaire :<br />

Pneumologique : EFR, indication de la ventilation assistée<br />

Cardiologique : dépistage et traitement de la cardiomyopathie<br />

Orthopédique : prévention et traitement des déformations ostéo-articulaires<br />

O.R.L. : dans les formes avec atteinte pharyngo-laryngée<br />

Psychologique : soutien psychologique du patient et sa famille.<br />

Nutritionniste : pour éviter la surcharge pondérale.<br />

Conseil génétique<br />

Information des familles sur les risques d'avoir d'autres enfants atteints.<br />

A la demande de la famille : dépistage des sujets à risque, diagnostic prénatal<br />

Aspects médico-sociaux (handicap)<br />

Insister sur le maintien de l’éducation scolaire des enfants myopathes à l’école ou à<br />

domicile.<br />

Assurer la meilleure adaptation possible du patient à sa vie quotidienne et<br />

professionnelle.<br />

Informer le patient sur les possibilités d'aides techniques et les démarches possibles<br />

d'aide sociale.<br />

143


Espoirs thérapeutiques :<br />

Par les techniques de thérapie génique : essais en cours, prometteurs.<br />

OBJECTIFS<br />

- Définir une myopathie<br />

- Décrire le syndrome myopathique<br />

- Citer les examens complémentaires<br />

- Citer les types de transmission héréditaire<br />

- Décrire la clinique de la dystrophie musculaire de Duchenne et ses aspects<br />

génétiques<br />

- Citer les autres myopathies de l'enfant<br />

- Citer les myopathies de l'adulte<br />

- Décrire la myopathie facio-scapulo-humérale<br />

- Décrire la maladie de Steinert<br />

- Énumérer les éléments de la prise en charge des myopathies.<br />

144

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