L'École de femmes - Cndp
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– Restaurer la convention théâtrale.<br />
Dans Réflexions du comédien,Jouvet<br />
fait un véritable réquisitoire contre le<br />
théâtre réaliste, voire naturaliste,<br />
contre un théâtre « tranche <strong>de</strong> vie ».<br />
Il dénonce l’amoindrissement du<br />
spirituel, la mort <strong>de</strong> l’imagination et<br />
du merveilleux, l’avilissement et la<br />
vulgarité du langage : « Abandonnée<br />
par la poésie, dépouillée <strong>de</strong> sa magie,<br />
cette merveilleuse convention théâtrale<br />
que nous avaient léguée les classiques<br />
semble à jamais perdue et son<br />
caractère spirituel est remplacé par<br />
une convention nouvelle… l’invention<br />
du “quatrième mur” ;Il s’agit<br />
donc <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> “retourner”à la<br />
vraie tradition du théâtre : si le<br />
théâtre d’aujourd’hui tend vers<br />
quelque chose, c’est vers une vie où<br />
le spirituel paraît avoir reconquis ses<br />
droits sur le matériel, le verbe sur le<br />
jeu, le texte sur le spectacle. »<br />
Il s’agit <strong>de</strong> regagner l’intimité avec<br />
le public, lutter contre la débauche<br />
<strong>de</strong>s décors ou <strong>de</strong>s scènes majestueusement<br />
machinées et truquées.<br />
Il s’agit d’en revenir à un plateau<br />
épuré, à un décor cherchant au plus<br />
juste à manifester « l’état d’esprit »<br />
<strong>de</strong> la pièce.<br />
On cherchera à saisir comment à<br />
partir <strong>de</strong>s photos <strong>de</strong>s décors et <strong>de</strong>s<br />
costumes <strong>de</strong> L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> et<br />
<strong>de</strong> Dom Juan Jouvet entendait reconquérir<br />
cette intimité théâtrale avec<br />
le public.<br />
Louis Jouvet ou l’amour du théâtre<br />
Primat du texte<br />
« L’art <strong>de</strong> plaire au théâtre, c’est l’art<br />
d’écrire <strong>de</strong>s pièces, c’est ensuite et<br />
bien en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce sommet, l’art<br />
<strong>de</strong> les monter et <strong>de</strong> les jouer. »<br />
Si Jouvet débute avec les auteurs <strong>de</strong><br />
son époque, Jules Romains, Marcel<br />
Achard, Bernard Zimmer, Jean<br />
Sarment, Jean Cocteau, c’est dès 1928<br />
avec le théâtre <strong>de</strong> Jean Giraudoux<br />
(Siegfried, Intermezzo, Amphytrion<br />
38, La guerre <strong>de</strong> Troie n’aura pas lieu,<br />
Électre, L’Impromptu <strong>de</strong> Paris,<br />
Ondine, Tessa, La Folle <strong>de</strong> Chaillot…)<br />
qu’il se sentira le plus proche et en<br />
forte intimité dramatique. Après la<br />
mort <strong>de</strong> l’écrivain en 1944, troublé<br />
et désemparé – s’il s’intéresse<br />
toujours aux auteurs contemporains<br />
avec Les Bonnes <strong>de</strong> Jean Genet, Le<br />
Diable et le Bon Dieu <strong>de</strong> Jean-Paul<br />
Sartre, L’Annonce faite à Marie <strong>de</strong><br />
Paul Clau<strong>de</strong>l – Jouvet reviendra à<br />
Molière (dont il avait déjà monté<br />
L’École <strong>de</strong>s <strong>femmes</strong> dès 1936) avec<br />
Tartuffe et Dom Juan. Il a le sentiment<br />
que <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> tels chefsd’œuvre<br />
la seule attitu<strong>de</strong> possible<br />
est celle <strong>de</strong> l’effacement <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong> la<br />
mo<strong>de</strong>stie, du travail inlassable et<br />
soumis.<br />
On conseillera <strong>de</strong> faire lire aux élèves<br />
certains passages <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong><br />
Louis Jouvet : Molière et la comédie<br />
classique et les chapitres Pourquoi<br />
j’ai monté Dom Juan et Pourquoi j’ai<br />
monté Tartuffe dans Témoignages<br />
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