Pour - Diocèse de Quimper et du Léon - Eglise catholique en France

SUR LA ROUTE ET A LAUBERGE D'EMMAUS
Là, dans ce pain rompu, nous le reconnaissons.
Et nous nous reconnaissons nous-mêmes comme ceux qu'il arrache à
toutes leurs morts et qu'il veut entraîner plus loin, sur sa route à lui.
Plus loin que nos rêves et nos espoirs, plus Join que nos doutes et nos
certitudes, plus loin que nos jalons et nos frontières. Permettez-moi et
pardonnez-moi de vous le dire : l'Eucharistie nous est donnée non pour
que nous établissions nos cartes d'identité ecclésiales, mais pour que
nous le reconnaissions, lui, dans sa stature de Crucifié et de Ressuscité
et pour qu'il nous soit possible aussi de nous reconnaître les uns et
les autres dans la proximité de son amour.
Une dernière remarque : « Ils le reconnurent ; mais H disparut de devant
eux. »
A peine leurs yeux se sont-ils ouverts que, maintenant, ils n'ont plus
rien à voir.
Ils ont reçu la force et la joie de sa présence pour être aussitôt confrontés
à son absence.
Tant il est vrai que celui qui se donne à nous ne devient jamais l'objet
de notre possession.
Tant il est vrai que vivre de l'Eucharistie c'est célébrer à la fois le bonheur
d'une présence et la réalité d'une absence.
Afin que nous devenions ces hommes en marche, ces hommes tendus
vers la plénitude du royaume.
Ces hommes qui «-possèdent déjà ce qu'ils espèrent, qui connaissent
ies réalités qu'on ne voit pas »,
Tel est le chemin où le Seigneur nous permet de marcher,
Sur ce chemin, nous nous retrouverons.
Pasteur LOUIS LEVRIER
Homélie à la basilique Salnt-Ple X, au Congrès Eucharistique de Lourdes
le 20 juillet 1981
(cf. en ce bulletin, pp. 86-88)
Archives diocésaines de Quimper et Léon
POUR UN CARÊME A TROIS DIMENSIONS
Dans le langage courant, le carême évoque un temps maussade,
temps de restriction, de renoncement, de repliement sur soi. Alors qu'il
est, ou du moins devrait être, ua temps de désintoxication, de purification,
pour une parfaite liberté et, s'il y a lieu, pour une réorientation de la vie.
Pour ce temps qui vient de commencer, je vous propose, en rejoignant
la signification profonde que lui donne l'Eglise dans la liturgie,
un carême à trois dimensions.
Une dimension intérieure, c'est-à-dire un effort pour une plus grande
maîtrise de soi.
Nous savons quels démons nous hantent, quels projets nous mobilisent,
quels désirs nous stimulent: l'argent,'le confort, la sécurité, la vie
facile que chacun rêve de conduire à sa façon, sans trop de souci des
autres.
Or le carême nous invite à une révision de vie, à un recentrage sur
l'essentiel, non à partir de nos désirs personnels, mais en référence à
l'idéal évangélique, celui des Béatitudes, qui va nous amener à redécouvrir
d'autres valeurs que celles de la société de consommation ou d'un
laisser-aller sans contrainte. Comme moyen d'y parvenir, l'Eglise nous
parle de jeûne. Qu'est-ce que cela peut signifier pour nous aujourd'hui ?
Deux jours de jeune, l'abstinence des vendredis de carême, cela suffira-t-il ?
Comme stimulant peut-être, mais comme effort significatif, certainement
pas, si nous voulons atteindre à une véritable libération intérieure.
Quel sera donc notre jeûne ? Une recherche de liberté par rapport
à ces puissances qui nous dominent et parfois nous asservissent : l'argent,
celui que nous possédons jalousement, celui que nous recherchons
âprement, celui dont nous rêvons (pensons aux sommes dépensées au
tiercé, au loto, à Ia loterie nationale !) ; — ces besoins que nous avons
créés et dont nous sommes peut-être esclaves : l'alcool (qui fait encore
chez nous tant de ravages), l'abus du tabac (que les docteurs condamnent
si souvent), la vie facile qui n'a pour règle que le plaisir personnel...
L'Eglise ne se hasarde plus à prescrire un régime de vie comme
autrefois, mais elle nous renvoie à notre propre responsabilité. Accueillerons-nous
son message ?
• *
Une dimension verticale, qui situe notre effort en référence au plan
de Dieu sur nous-mêmes et sur le monde.
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