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Mémoires d'un Malgré Nous - Attenschwiller

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Fait prisonnier<br />

Hinterer René, Felmann Antoine et moi avons toujours réussi à nous<br />

sortir des embûches se dressant devant nous, jusqu'à un certain jour<br />

du début janvier 1944.<strong>Nous</strong> nous retrouvons à nouveau égarés en<br />

déambulant d’une contrée à une autre. Mes deux compagnons et moi<br />

errons seul. <strong>Nous</strong> nous cachons sous un tas de charbon dans la cave<br />

d’un petit château isolé et abandonné. Imaginez-vous cela pendant 3<br />

jours et 3 nuits. Au quatrième jour des coups de feu se font entendre<br />

au loin, deviennent plus forts et se rapprochent. Des pas résonnent<br />

au rez-de-chaussée. Des soldats russes sont entrain d’occuper la<br />

maison et commencent à danser au-dessus de nous, sans se soucier<br />

que quelqu’un puisse être caché dans la cave. <strong>Nous</strong> sommes noirs<br />

comme des charbonniers, les poumons pleins de poussière de charbon<br />

et la respiration devient de plus en plus pénible. Je propose à<br />

mes deux copains de sortir de ce trou à rats et de nous rendre aux<br />

Russes. Si nous restons encore longtemps dans ce charbon, nous allons<br />

crever. <strong>Nous</strong> prenons la décision de nous rendre.<br />

Avant de sortir nous enfouissons nos fusils dans le charbon, sinon<br />

les Russes nous tueraient avec nos propres armes. En sortant je trébuche<br />

sur un cadavre avant de monter l’escalier. A peine dehors au<br />

coin de la maison, un soldat russe surgit arme au poing en criant :<br />

« Stoï-pan – rouki-veri »<br />

Halte – les mains en l’air.<br />

Les autres russes rappliquent aussitôt et les coups de crosses valsent<br />

dans nos reins. Heureusement un officier russe écarte brutalement<br />

les soldats, remarquant que nous portons des bandelettes bleu blanc<br />

rouge au col de nos vestes. <strong>Nous</strong> les avions cachées durant tout notre<br />

Service dans la Wehrmacht et nous avons profité de l'occasion pour<br />

les sortir avant de nous rendre. L’officier russe parle bien le français<br />

et nous lui expliquons qui nous sommes. <strong>Nous</strong> pensons déjà que notre<br />

situation va s’améliorer mais nous déchantons vite. L’officier doit<br />

repartir et nous laisse entre les mains de ses soldats.<br />

Ils nous volent tout, bottes, manteaux, montres, papiers, argent, caleçons<br />

et finettes.<br />

Il nous reste nos pantalons, vestes et casquettes. <strong>Nous</strong> recevons des<br />

sandales en bois. Nos gardiens sont très mal habillés beaucoup<br />

d’entre eux sont originaires de la Sibérie ou de la Mongolie. <strong>Nous</strong><br />

avons malgré tout de la chance. Normalement ils ne font pas de prisonniers.<br />

La pulsion guerrière ancestrale de ces soldats leur faisait<br />

commettre les pires exactions et mutilations. J’ai rencontré des pri-<br />

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