Mémoires d'un Malgré Nous - Attenschwiller
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très vite récolté ; le millier de prisonniers affamés descend du train<br />
arrachent les betteraves et les mangent crues.<br />
C’est à Frankfurt que nous sommes désinfectés de nos puces et<br />
poux. <strong>Nous</strong> recevons également des uniformes plus propres et enfin<br />
recevons un meilleur repas.<br />
L’organisation de la mission sanitaire française de rapatriement à<br />
l’Est intercepte les convois en provenance de Russie pour retirer les<br />
malades les plus graves après avoir constaté l’état de santé alarmant<br />
de certains « <strong>Malgré</strong> nous ». Grâce à cela beaucoup échappent à la<br />
mort.<br />
Après l’arrêt de Frankfurt nous embarquons à nouveau dans le train<br />
en direction de Paris en passant par Bruxelles. Pendant ce voyage<br />
vers Paris, nous pouvions ouvrir les portes coulissantes de nos wagons<br />
à bestiaux. Les Russes nous avaient littéralement enfermés et<br />
avaient bloqué les portes pendant toute la traversé de l’Union Soviétique<br />
et de la Pologne.<br />
A la sortie de la gare du Nord à Paris, la population n’est pas<br />
contente de voir débarquer des soldats en uniforme de la Wehrmacht.<br />
Les militaires français, qui nous accueillent, doivent faire des pieds<br />
des mains pour avertir cette population hostile entrain de nous insulter<br />
et de nous cracher dessus. Ils leur expliquent que nous sommes<br />
des Alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht, prisonniers<br />
des Russes et rentrant de Russie.<br />
Même quelques soldats français faits prisonniers par les Allemands<br />
en 1940, étaient parmi nous et enfermés à Tambov. Ils avaient subi<br />
les mêmes brimades que nous.<br />
Les Russes lorsqu’ils ont pénétré en Pologne, en Silésie et en Prusse<br />
Orientale, ne faisaient pas de détail. En capturant des prisonniers allemands,<br />
ils raflaient également les prisonniers français internés<br />
trop à l’est du Reich. Ces prisonniers français auraient du être libérés<br />
sur le champ et renvoyés dans leurs foyers selon leur statut de soldats<br />
alliés.<br />
Les autorités françaises nous acheminent à pied vers une caserne où<br />
nous échangeons nos uniformes allemands contre des habits civils.<br />
<strong>Nous</strong> sommes soumis à un dernier interrogatoire puis un contrôle<br />
sanitaire est effectué par des médecins militaires. Un docteur remarque<br />
les boursouflures contractées pendant ma captivité en Russie,<br />
qui éclatent en laissant couler du pus. Mon sang est littéralement<br />
empoisonné, un mois de détention de plus, m’aurait été fatal.<br />
Ce docteur, un homme très sérieux, me prend en charge et fait le nécessaire<br />
pour que je puisse partir en convalescence pour 1 mois à<br />
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