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Mémoires d'un Malgré Nous - Attenschwiller

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eçu 500 grammes de pain par jour. Mes 2 morceaux de pain par<br />

jour ressemblaient par leur taille à 2 biscottes.<br />

Les rations sont souvent mal distribuées. Les commissaires, les Kapo<br />

qui jouent aux petits chefs et qui occupent des postes privilégiés se<br />

partagent les meilleurs morceaux avant la grande masse des prisonniers<br />

qui ne reçoit que les restes.<br />

J’ai même réussi à conserver un petit morceau de ce pain noir de<br />

Tambov et à le rapporter à la maison. Je le conserve précieusement<br />

encore aujourd’hui 61 années après ces événements tragiques. Les<br />

dernières semaines de captivité, j’ai souvent été tenté d’avaler ce petit<br />

morceau de pain, quand la faim tiraillait mes entrailles.<br />

Deux fois il m’est arrivé de louper un repas. Une longue colonne de<br />

prisonniers attendait devant les cuisines. Lorsque mon tour arrivait<br />

la distribution des repas était terminée. C’est très dur pour moi.<br />

Manquer plusieurs fois son repas dans ce camp peut être fatal.<br />

Dans tout le camp de Tambov, aucune herbe, ortie ou autre verdure<br />

n’a de chance de pousser ou de repousser. Toutes ces plantes sont<br />

systématiquement cueillies ou arrachées par les prisonniers en quête<br />

de nourriture. Même le tas de fumier où l’on jette les déchets de cuisine,<br />

est fouillé pour retirer ce qui est encore mangeable. La famine<br />

fait des ravages énormes.<br />

A l’aube, les prisonniers dans un état squelettique, vêtus de loques,<br />

sont rassemblés en commandos de travaux forcés : bûcheronnage,<br />

extraction de tourbe, creusement d’écluse et diverses corvées.<br />

Le travail est très dur dans des conditions de sous-alimentation et<br />

d’insalubrité provoquant des maladies. La dysenterie est généralisée.<br />

Les prisonniers perdent entre 30 et 40% de leur poids.<br />

Beaucoup sont atteints de gelures, de gale, de pneumonie, d’œdème<br />

de Pyorrhée ou de typhus. La mort est souvent au rendez-vous pour<br />

eux. La moindre maladie peut être fatale dans ce camp. Les malades<br />

gravement atteints sont dirigés au « Lazarett » (infirmerie) qui n’est<br />

qu’un simple mouroir où on les laisse crever comme des chiens.<br />

Les corps des prisonniers décédés sont entassés, nus, dans une baraque<br />

faisant office de morgue. Quand la baraque est pleine, les<br />

corps sont ressortis, acheminés à l’extérieur du camp et jetés pèle<br />

mêle dans des fosses communes creusées à la main. 50 cadavres par<br />

fosse. 12000 alsaciens et mosellans ont été internés au camp de<br />

Tambov, 4000 ont péri dans le camp sans compter ceux qui sont<br />

morts lors de leur rapatriement en France.<br />

Les latrines sont faciles à trouver. Il suffit de suivre les traînées et les<br />

traces de sang que laissent les prisonniers malades en s'y rendant.<br />

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