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Paul-François Sylvestre<br />
Les graves problèmes qui<br />
minent actuel<strong>le</strong>ment l’Église<br />
catholique ne sont que <strong>le</strong>s<br />
symptômes d’un système de<br />
gouvernance incapab<strong>le</strong> d’articu<strong>le</strong>r<br />
correctement message évangélique<br />
et service du monde, avec <strong>le</strong><br />
résultat que l’ivresse du pouvoir<br />
ouvre <strong>le</strong>s portes à toutes <strong>le</strong>s<br />
formes d’abus, <strong>le</strong>s abus sexuels<br />
au premier chef. Voilà ce qui se<br />
dégage d’une réf<strong>le</strong>xion prophétique<br />
et éclairante de Mgr Geoffrey<br />
Robinson, auteur du Pouvoir<br />
déviant: <strong>le</strong>s abus dans l’Église<br />
catholique.<br />
Mgr Robinson est un acteur<br />
et un témoin bien informé car,<br />
après dix ans d’épiscopat à<br />
Sydney (Australie), ses collègues<br />
lui ont demandé de coordonner<br />
<strong>le</strong>ur réaction aux révélations<br />
d’agressions sexuel<strong>le</strong>s par <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé<br />
australien. Pendant neuf ans, il a<br />
été à l’écoute des victimes. «Les<br />
histoires qu’ils m’ont racontées<br />
m’ont donné envie de vomir.»<br />
Robinson a longuement<br />
réfléchi et il n’hésite pas à<br />
condamner son Église. Il n’est pas<br />
surpris que <strong>le</strong>s autorités romaines<br />
et la Conférence des évêques<br />
australiens aient officiel<strong>le</strong>ment<br />
désapprouvé son constat sur <strong>le</strong>s<br />
graves problèmes qui minent<br />
actuel<strong>le</strong>ment l’Église catholique.<br />
Ces graves problèmes ne<br />
sont, à son avis, que <strong>le</strong>s symptômes<br />
d’un système de gouvernance<br />
arts et Culture<br />
14. Le <strong>Chinook</strong> 15 mars 2011<br />
<strong>le</strong>s pouvoirs dÉviaNts daNs<br />
l’Église Catholique<br />
incapab<strong>le</strong> d’articu<strong>le</strong>r correctement<br />
message évangélique et service du<br />
monde. Selon Robinson, <strong>le</strong> pape<br />
actuel considère <strong>le</strong>s abus sexuels<br />
comme «un phénomène moderne<br />
attribuab<strong>le</strong> à l’apparition récente<br />
d’éléments négatifs dans la société<br />
séculière». Si on neutralise ces<br />
éléments, <strong>le</strong>s abus disparaîtront.<br />
Benoît XVI par<strong>le</strong> encore des<br />
abus «comme de péchés sexuels<br />
commis directement contre Dieu<br />
plutôt que comme un crime perpétré<br />
contre des mineurs innocents».<br />
Cela l’amène à proposer des remèdes<br />
traditionnels comme la prière<br />
et la pénitence. Robinson note<br />
que <strong>le</strong> Vatican ne voit pas dans la<br />
culture catholique (enseignement,<br />
loi, pratique, attitude) des<br />
éléments qui auraient pu<br />
contribuer à l’existence des abus.<br />
L’auteur nous apprend<br />
que pendant mil<strong>le</strong> ans, l’Église a<br />
choisi de garder <strong>le</strong> secret, d’étouffer<br />
<strong>le</strong>s problèmes et de préserver<br />
sa bonne réputation. La situation<br />
n’a pas changé sous Jean-Paul II<br />
et ne s’améliore guère sous Benoît<br />
XVI. Robinson est persuadé que<br />
«si <strong>le</strong> pape avait parlé clairement<br />
dès l’apparition des premières<br />
révélations d’agressions sexuel<strong>le</strong>s,<br />
s’il avait invité <strong>le</strong>s victimes à se<br />
manifester pour que toute la<br />
lumière puisse être faite sur <strong>le</strong><br />
sujet, […] et s’il avait enjoint<br />
à tous <strong>le</strong>s membres de l’Église<br />
d’avoir une réaction d’ouverture,<br />
humour<br />
d’humilité, de franchise et de<br />
compassion, et de faire dans<br />
tous <strong>le</strong>s cas passer l’accueil des<br />
victimes avant la bonne réputation<br />
de l’institution ecclésia<strong>le</strong>, la<br />
réponse globa<strong>le</strong> de l’Église aurait<br />
été infiniment plus appropriée.»<br />
Selon Robinson, <strong>le</strong>s abus<br />
contre des enfants se produisent<br />
lorsque trois facteurs sont réunis:<br />
un état psychologique malsain,<br />
des idées malsaines au sujet du<br />
pouvoir et de la sexualité, et <strong>le</strong> fait<br />
pour une personne de vivre dans<br />
une communauté ou un milieu<br />
malsain. Dans <strong>le</strong> passé pas si lointain,<br />
on a souvent présenté la vie<br />
spirituel<strong>le</strong> en termes négatifs: négation<br />
de soi, abaissement de soi,<br />
rejet du monde. «Cette négativité<br />
a certainement contaminé la façon<br />
de vivre la sexualité et contribué à<br />
l’apparition d’un univers malsain.»<br />
L’auteur poursuit en affirmant<br />
qu’«on pourrait être surpris<br />
et alarmé par <strong>le</strong> nombre é<strong>le</strong>vé<br />
de ceux qui, tout en étant profondément<br />
engagés dans la vie<br />
sacerdota<strong>le</strong> ou religieuse, vivent<br />
l’état de célibat sans l’avoir<br />
désiré et intégré, et donc de<br />
manière malsaine.»<br />
Il ajoute que, historiquement,<br />
la prêtrise a été considérée<br />
comme «l’idée d’être é<strong>le</strong>vé<br />
au-dessus de la mêlée», avec<br />
pour conséquence qu’un prêtre ne<br />
pouvait pas être renvoyé comme<br />
pouvait l’être un autre travail<strong>le</strong>ur.<br />
moN meil<strong>le</strong>ur<br />
eNNemi<br />
Simon Delis<strong>le</strong>, humoriste<br />
J’avais hâte de vous par<strong>le</strong>r. Tout particulièrement ce mois-ci car je suis fier de vous annoncer que malgré<br />
mon pied brulé et mon épau<strong>le</strong> en charpie, je me suis quand même taillé une place dans <strong>le</strong> concours En<br />
route vers mon premier gala juste pour rire. Mais qui dit concours, dit stress. Le stress est un drô<strong>le</strong> d’ennemi<br />
et tout spécia<strong>le</strong>ment dans mon cas car, voyez-vous, j’ai un état de santé assez particulier qui fait en sorte que<br />
je ne sécrète pas d’adrénaline. Je prends des médicaments comme substituts, mais malgré tout, je ne connais<br />
pas <strong>le</strong>s vrais effets du stress. Avant un spectac<strong>le</strong>, je ne suis pas en sueur, sauf si je fais un show dans un<br />
sauna, et je n’ai pas envie de vomir, sauf si je fais un show dans un PFK.<br />
C’est bizarre de gérer <strong>le</strong> stress alors que notre corps n’est pas au courant. C’est comme être marié avec<br />
une fil<strong>le</strong> dont on ne connaît pas <strong>le</strong> prénom (Las Vegas étant une exception). Dans mon cas, <strong>le</strong> stress se transforme<br />
en doute, qui se transforme en stress, qui se transforme en doute. Ma tête est comme un épisode des<br />
Feux de l’amour, une surprise n’attend pas l’autre.<br />
Malgré tout, je trouve que ma gestion du stress n’est pas si mal. Si c’était une discipline olympique, je<br />
mériterais au moins <strong>le</strong> bronze. Ce n’est pas <strong>le</strong> cas de tout <strong>le</strong> monde. En fait, des tas de personnes ne savent aucunement<br />
gérer <strong>le</strong>ur stress. Je pense entre autres à Khadafi, dirigeant de la Libye, dictateur devrais-je dire. Son<br />
pays est en révolte, il y a des émeutes dans <strong>le</strong>s rues et tout <strong>le</strong> monde demande sa démission. Et bien sa réponse<br />
à tout ce stress est <strong>le</strong> déni. Il dit qu’il n’y a pas de révolte dans son pays, que tout va bien, qu’il n’y a pas de<br />
problèmes alors que c’est tout <strong>le</strong> contraire. La loi du «Si je ne <strong>le</strong> vois pas, ça n’existe pas» est en vigueur.<br />
Plus près de nous, il y a Jean Charest qui nous a prouvé lors de son dernier discours que <strong>le</strong> stress a pour<br />
effet de lui faire dire n’importe quoi. Il y a aussi, Stephen Harper…. là j’avoue que je ne sais pas du tout. En<br />
fait, je crois que M. Harper est atteint de la même maladie que moi, mais à un niveau plus é<strong>le</strong>vé. Probab<strong>le</strong>ment<br />
que la dernière fois qu’il a eu une émotion, c’est quand il est devenu premier ministre, je me remémore<br />
la scène et je crois qu’il avait même un peu souri, c’est vous dire s’il était ému.<br />
Je crois que <strong>le</strong> stress peut être autant notre pire ennemi que notre meil<strong>le</strong>ur ami. Il faut savoir comment<br />
<strong>le</strong> gérer et, quand on réussit, il peut nous permettre de faire des choses dont on n’avait aucune idée.<br />
Avertissement : N’essayez pas de vo<strong>le</strong>r, de devenir invisib<strong>le</strong> ou d’attraper une bal<strong>le</strong> de fusil à main nue, il y a<br />
quand même des limites.<br />
Sur ce, je vais al<strong>le</strong>z faire un peu de yoga et boire de la tisane, pour essayer de me calmer, même si, en<br />
fait, je ne suis pas nerveux, mais plutôt anxieux. Au fond, je me pose surtout des questions……. Je pense que<br />
j’ai besoin de sommeil.<br />
On déplace tout simp<strong>le</strong>ment<br />
<strong>le</strong> prêtre délinquant vers une<br />
nouvel<strong>le</strong> affectation, un traitement<br />
auquel n’aurait pas droit,<br />
par exemp<strong>le</strong>, un professeur laïc<br />
dans une éco<strong>le</strong> catholique.<br />
Dans <strong>le</strong> passé, note-t-il,<br />
on admettait des séminaristes à<br />
un âge trop précoce. Leur développement<br />
psychosexuel ne progressait<br />
souvent pas au-delà de<br />
l’âge d’environ quinze ans, ce qui<br />
explique que certains soient<br />
attirés par des mineurs. À cela<br />
s’ajoute la notion que, pour<br />
certains prêtres délinquants, la<br />
règ<strong>le</strong> du célibat ne concerne que<br />
<strong>le</strong>s relations avec des femmes<br />
adultes. Ils prétendent avec <strong>le</strong><br />
plus grand sérieux qu’ils n’ont pas<br />
enfreint <strong>le</strong>ur vœu de célibat en<br />
agressant des mineurs.<br />
• Devenir membre<br />
• Faire du bénévolat<br />
Dans Le Pouvoir déviant,<br />
Geoffrey Robinson propose une<br />
vision d’Église où maturité, liberté<br />
et dialogue seraient la pierre<br />
angulaire d’une autorité ecclésia<strong>le</strong><br />
crédib<strong>le</strong>, d’un mode de<br />
gouvernance moderne et d’un<br />
véritab<strong>le</strong> renouveau du discours,<br />
entre autres sur la mora<strong>le</strong> sexuel<strong>le</strong>.<br />
Selon lui, il faut rechercher «toutes<br />
<strong>le</strong>s causes qui jouent un rô<strong>le</strong> actif<br />
dans la multiplication des abus,<br />
en allant jusqu’au bout du raisonnement,<br />
où que cela nous mène,<br />
même si cela devait remettre en<br />
cause des enseignements ou des<br />
lois de l’Église hérités du passé.»<br />
Mgr Geoffrey Robinson, Le<br />
Pouvoir déviant: <strong>le</strong>s abus dans<br />
l’Église catholique, essai, Montréal,<br />
Éditions Novalis, <strong>2010</strong>, 352<br />
pages, 39,95 $.<br />
Théâtre à Pic<br />
vous invite à<br />
• Ajouter votre nom à notre liste d’envoi<br />
Mars<br />
30 Célébrez notre anniversaire d’1 an<br />
d’incorporation au Café Koi à l’occasion de<br />
l’impro mensuel<strong>le</strong>. 9pm, 1011 1st street SW<br />
Avril<br />
15, 16 et 17 Soirée de pièces communautaires en un acte.<br />
L’Ours de Tchekhov et Ruzante qui revient<br />
de guerre. Présenté à La Cité des Rocheuses.<br />
$10 ou $15<br />
27 Impro francophone mensuel<strong>le</strong> au Café Koi.<br />
9pm, 1011 1st street SW<br />
info@theatreapic.ca www.theatreapic.ca