Dossier Réforme du RMI? - Territoire de Belfort
Dossier Réforme du RMI? - Territoire de Belfort
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vivre le <strong>Territoire</strong><br />
février/mars 2004<br />
<strong>Réforme</strong> <strong>du</strong><br />
<strong>RMI</strong><br />
La réponse<br />
<strong>du</strong> <strong>Territoire</strong><br />
<strong>RMI</strong> & RMA,<br />
une réforme contestée<br />
pages II et III<br />
<strong>RMI</strong>,<br />
une réussite dans le <strong>Territoire</strong><br />
pages IV et V<br />
<strong>RMI</strong> & RMA<br />
le Département s’engage<br />
pages VI et VII<br />
<strong>RMI</strong> 90, en savoir plus<br />
page VIII<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65<br />
dossier 65
dossier le<br />
<strong>Réforme</strong> <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
La réponse <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong><br />
<strong>RMI</strong> & RMA<br />
Une réforme contestée<br />
La loi décentralisant le <strong>RMI</strong> au profit <strong>de</strong>s départements et créant le revenu minimum<br />
d'activité (RMA) est applicable <strong>de</strong>puis le 1 er janvier 2004. Dénoncée par <strong>de</strong> nombreux<br />
départements, par les associations <strong>de</strong> chômeurs, les syndicats et <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
Conseils généraux, la réforme provoque une levée <strong>de</strong> boucliers.<br />
Dans le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong>, le 31 décembre 2003, à la<br />
veille <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> la loi, le Conseil général s’est<br />
réuni en session extraordinaire :<br />
« Nous avons dénoncé et combattu<br />
cette loi, mais nous l’appliquerons<br />
bien enten<strong>du</strong>. Nous<br />
appliquerons toute la loi mais<br />
rien que la loi, tout en continuant<br />
à nous battre pour défendre les<br />
valeurs <strong>de</strong> la solidarité et <strong>du</strong> droit<br />
à la dignité <strong>de</strong> chaque citoyen français ». La position est<br />
claire et dénonce « les conditions <strong>de</strong> précipitation et d’im-<br />
magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
«Le RMA con<strong>du</strong>ira à une compétion entre<br />
les allocataires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> et les salariés.<br />
Le Conseil général ne veut pas<br />
<strong>de</strong> cette compétition ».<br />
provisation dans lesquelles la loi<br />
a été votée, l’absence <strong>de</strong> garantie<br />
quant aux modalités <strong>de</strong> compensation<br />
financière <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’État<br />
» et fait part « d’une gran<strong>de</strong><br />
inquiétu<strong>de</strong> quant à l’avenir <strong>de</strong>s<br />
dispositifs d’insertion ». Qu’en<br />
est-il concrètement ? Comme<br />
son intitulé l’indique, cette loi<br />
décentralise le <strong>RMI</strong> vers les<br />
départements. Les Conseils généraux<br />
qui jusqu’alors partageaient<br />
la responsabilité <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
avec l’État se retrouvent avec<br />
l’entière responsabilité <strong>de</strong> sa gestion<br />
et <strong>de</strong> son financement. « On<br />
peut craindre dans les années qui<br />
viennent, une explosion <strong>de</strong>s dépenses qui, cumulée au coût <strong>de</strong><br />
l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), mettra les<br />
Départements en situation<br />
périlleuse, sauf à mettre en œuvre<br />
une pression fiscale déraisonnable<br />
». De plus, <strong>de</strong> nombreuses<br />
voix s’élèvent pour dénoncer le<br />
risque d’inégalité <strong>de</strong> traitement<br />
d’un département à l’autre, le<br />
basculement d’un « droit national<br />
» à un « droit local ». Les conclusions <strong>du</strong> « bilan <strong>de</strong> la loi<br />
<strong>de</strong> lutte contre les exclusions » pointe d’ores et déjà <strong>de</strong>s dif-<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65
le magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
Réaction<br />
Michel Bornitz, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> « Passerelle pour l’emploi »<br />
« Le RMA, c’est la création<br />
d’une sous-classe »<br />
Installée à Valdoie,<br />
«Passerelle pour l’emploi<br />
» est une association<br />
intermédiaire qui<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années se<br />
donne pour mission <strong>de</strong><br />
«remettre ou maintenir<br />
les personnes en<br />
condition <strong>de</strong> travail<br />
effectif », explique<br />
Michel Bornitz. Directement<br />
concerné par<br />
la réforme <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>, ce<br />
<strong>de</strong>rnier ne cache pas sa<br />
désapprobation. «Je<br />
n’ai rien contre la<br />
décentralisation, mais<br />
là, en l’occurrence, on se<br />
rend bien compte qu’il s’agit finalement <strong>de</strong> transférer le coût <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong><br />
l’impôt sur le revenu vers les impôts locaux. Des impôts qui touchent tout le<br />
mon<strong>de</strong> et là, une fois encore, on agrandit la fracture sociale au lieu <strong>de</strong> la combattre<br />
». Plus encore que la décentralisation <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>, la création <strong>du</strong> RMA le<br />
révolte : « Je ne comprends pas qu’il y ait si peu <strong>de</strong> réactions », lance dépité,<br />
Michel Bornitz. «Avec le RMA, on officialise la précarité, on crée une sousclasse,<br />
une main d’œuvre bon marché pour les entreprises ! Une réponse à la<br />
concurrence <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est ?! C’est un nivellement par le bas ». Et d’ajouter<br />
«Le pilier numéro un <strong>de</strong> la République française, c’est l’égalité. Je suis extrêmement<br />
choqué que <strong>de</strong>s députés aient voté une loi qui bafoue ce principe.<br />
Quand, en plus, on entend dire qu’ « il faut remettre les Français au travail »…<br />
Il faut arrêter, les Français ne sont pas <strong>de</strong>s fainéants ! ». Maintenant que la loi<br />
est votée, quelle attitu<strong>de</strong> ? « On prend acte. Que peut-on faire d’autre ?<br />
Heureusement, on sait que dans le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong>, il y a une volonté forte<br />
<strong>de</strong> tirer autant que possible le meilleur parti <strong>de</strong> cette loi. Par le biais <strong>de</strong>s<br />
réseaux d’insertion par l’économique, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra au Département <strong>de</strong><br />
viser une utilisation très ciblée <strong>du</strong> RMA ».<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65<br />
férences considérables d’un département<br />
à l’autre dans l’utilisation <strong>de</strong>s<br />
crédits consacrés à l’insertion. Des<br />
conclusions qui laissent penser que<br />
lorsque l’on est allocataire <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>, il y a<br />
semble-t-il, <strong>de</strong>s départements où il ne<br />
fait pas bon vivre.<br />
L’autre pan <strong>de</strong> la loi annonce la création<br />
<strong>du</strong> Revenu minimum d’activité (RMA).<br />
Ainsi, certains allocataires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
pourraient signer un contrat <strong>de</strong> 20<br />
heures hebdomadaires minimum. Ils<br />
toucheraient alors un RMA <strong>de</strong> 570 €. Le<br />
<strong>RMI</strong> serait versé par le Département<br />
(362 € forfait logement inclus) à l’employeur<br />
qui prendrait le complément à<br />
sa charge (208 € par mois). Un dispositif<br />
qualifié d’atteinte au droit <strong>du</strong> travail<br />
: « Le RMA ne sera pas, dans notre<br />
département, une remise en question<br />
<strong>de</strong> ce qui doit <strong>de</strong>meurer la norme en<br />
matière <strong>de</strong> droit <strong>du</strong> travail : le contrat à<br />
<strong>du</strong>rée indéterminée. Le RMA n’est pas<br />
un emploi, mais un contrat d’insertion.<br />
Il n’ouvre droit ni au chômage, ni à la<br />
retraite. Il ne créera pas d’emploi et s’il<br />
est mal utilisé, il con<strong>du</strong>ira à une compétition<br />
entre les allocataires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> et les<br />
salariés. Le Conseil général ne veut pas<br />
<strong>de</strong> cette compétition ». Les oppositions<br />
<strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Belfort</strong> à certains aspects <strong>de</strong> cette loi, se<br />
sont tra<strong>du</strong>ites par une série d’engagements<br />
(voir pages VI et VII) qui s’appuient<br />
sur une expérience unique en<br />
matière <strong>de</strong> politique d’insertion (voir<br />
pages IV et V).<br />
dossier
dossier le magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
<strong>Réforme</strong> <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
La réponse <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong><br />
<strong>RMI</strong><br />
Une réussite<br />
dans le <strong>Territoire</strong><br />
Dans le « I » <strong>de</strong> <strong>RMI</strong> se trouve l’objectif majeur <strong>du</strong> dispositif, l’« Insertion ». En la matiè-<br />
re le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong> dispose d’une expérience unique qui a fait ses preuves.<br />
Témoignage<br />
<strong>Belfort</strong>, Yves Rerat, marié, six enfants<br />
« Le <strong>RMI</strong> nous a permis<br />
<strong>de</strong> passer les coups <strong>du</strong>rs »<br />
Les traits tirés par la douleur qui le cloue<br />
au lit, Yves Rerat évoque rapi<strong>de</strong>ment une longue<br />
carrière professionnelle marquée par<br />
<strong>de</strong>ux licenciements et la maladie qui le rattrape<br />
encore aujourd’hui. « Un CAP boulanger<br />
et <strong>de</strong> suite à la sortie, un poste d’usineur dans<br />
une entreprise in<strong>du</strong>strielle <strong>de</strong> Delle pendant 11<br />
ans. Un licenciement économique. De suite<br />
après, j’ai travaillé dans une câblerie à Danjoutin et là, premier arrêt maladie.<br />
Un truc sérieux, trois hernies discales dont une très mal placée. C’est opérable,<br />
mais le risque est trop gros : la paralysie. Résultat <strong>de</strong>ux ans d’arrêt maladie<br />
et le licenciement au bout. Ensuite, 11 ans dans une entreprise <strong>de</strong> pompes<br />
funèbres puis la rechute et une opération. Une prothèse <strong>de</strong> la hanche.<br />
Depuis 3 ans je travaille pour une entreprise <strong>de</strong> nettoyage, et là, à nouveau<br />
<strong>de</strong>puis hier soir, une rechute, je ne peux pas tenir <strong>de</strong>bout ». Le récit est sobre,<br />
Yves Rerat ne se plaint pas. Les licenciements, la maladie, un coup <strong>du</strong> sort ?<br />
« C’est la vie… ». Son épouse ajoute quand même : « C’est un bosseur, il souffrait<br />
au travail mais il ne disait rien, il continuait ». Le <strong>RMI</strong> ? « Deux fois. Ca<br />
n’a pas <strong>du</strong>ré longtemps mais j’étais heureux <strong>de</strong> l’avoir. Ca nous a permis <strong>de</strong><br />
passer les coups <strong>du</strong>rs, <strong>de</strong> ne pas nous en<strong>de</strong>tter, sinon… » Un silence et son<br />
épouse qui ajoute pour conclure « On a six enfants dont 4 à charge. Il y avait<br />
le loyer, l’école, l’électricité, le téléphone. Il y avait tout ça à payer ».<br />
L’accompagnement et l’insertion<br />
<strong>de</strong>s publics les plus fragiles ont <strong>de</strong>puis<br />
bien longtemps fait l’objet d’une<br />
démarche volontariste <strong>du</strong> Conseil général<br />
<strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong>. Ainsi, avant<br />
même que la loi française n’installe en<br />
1988 le <strong>RMI</strong>, le Département créait dès<br />
1983 un dispositif ambitieux d’insertion<br />
par l’économique et en 1986, le<br />
Contrat Ressources Personnalisé<br />
d’Autonomie. En 15 ans, ce sont plus <strong>de</strong><br />
10000 habitants <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Belfort</strong> qui ont bénéficié <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> et<br />
8000 qui en sont définitivement sortis.<br />
Des chiffres éloquents qui mettent en<br />
avant <strong>de</strong>ux constats. Le premier, c’est<br />
que le <strong>RMI</strong> n’est pas l’affaire d’une<br />
minorité (il a concerné plus d’un huitième<br />
<strong>de</strong> la population <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong>),<br />
mais que chacun peut un jour, suite à<br />
un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> parcours, (voir témoignages)<br />
en avoir besoin. Le second, met<br />
en avant l’efficacité <strong>du</strong> dispositif d’insertion.<br />
Dans le département 35 % <strong>de</strong>s<br />
allocataires sortent <strong>du</strong> dispositif avant<br />
un an, 25 % pour la moyenne nationale.<br />
La clef <strong>de</strong> cette réussite ? Avant tout, un<br />
réseau conséquent et efficace d’associations<br />
caritatives et d’entreprises <strong>du</strong> secteur<br />
<strong>de</strong> l’économie sociale et solidaire<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65
le magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
mais aussi, une remise en question critique<br />
<strong>de</strong>s pratiques. En ce sens, une évaluation<br />
réalisée en 1999 a débouché sur<br />
<strong>de</strong>s modifications qui visaient à améliorer<br />
la qualité <strong>du</strong> service ren<strong>du</strong> aux<br />
bénéficiaires. Ainsi, par exemple, la<br />
mise en place <strong>de</strong> la MIFE, puis <strong>de</strong> 3 Équipes<br />
Emploi Insertion, qui permettent,<br />
entre autres, d’offrir au bénéficiaire un<br />
accompagnement social et professionnel<br />
plus cohérent. Si une chose est certaine,<br />
c’est que les résultats sont là. Ils se<br />
mesurent en termes qualitatifs. Ils se<br />
mesurent aussi par la vitesse avec<br />
laquelle les personnes sortent, effectivement,<br />
<strong>du</strong> <strong>RMI</strong>. En 2003, l’ensemble <strong>de</strong><br />
ce dispositif a salarié 854 personnes<br />
sous divers types <strong>de</strong> contrat <strong>de</strong> travail,<br />
dont 337 bénéficiaires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>.<br />
Témoignage<br />
Beaucourt, Marie Dumez, séparée, un enfant à charge<br />
« J’avais tout à reconstruire »<br />
Posée, calme mais déterminée. Lorsque Marie Dumez<br />
évoque le <strong>RMI</strong>, elle parle <strong>de</strong> « sécurité ».« C’est facile <strong>de</strong> basculer<br />
dans la précarité, <strong>de</strong> tomber dans la marge. En ce sens le<br />
<strong>RMI</strong>, c’est un filet, une sécurité. En ce qui me concerne, je n’ai<br />
jamais vraiment eu ces craintes car je savais pouvoir compter<br />
sur mes parents, mes amis, mais quand même… ».<br />
Actuellement allocataire <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>, Marie Dumez a démarré<br />
sa vie professionnelle avec un BTS chimie.« J’ai effectué mon<br />
premier job dans un labo.Je me suis mariée,nous avons eu un<br />
enfant, nous avons changé <strong>de</strong> région et nous avons travaillé<br />
avec <strong>de</strong>s partenaires à la création d’un camping, puis il y a eu<br />
la séparation, la rupture et je me suis retrouvée seule avec<br />
mon garçon. Là, il a fallu tout reconstruire. Se reconstruire soi-même, trouver un travail. J’ai suivi <strong>de</strong>s formations, tenté <strong>de</strong><br />
trouver ma voie… J’ai travaillé comme agent d’entretien etc. Mais mon truc, c’est le travail <strong>de</strong> la terre, la poterie.<br />
Actuellement j’anime <strong>de</strong>s ateliers poterie pour les enfants et pour les a<strong>du</strong>ltes. Je cumule les statuts : salariée, bénévole et<br />
vacataire. Le <strong>RMI</strong> ça complète, ça permet d’avoir le minimum. Là en ce moment, je commence à avoir suffisamment <strong>de</strong><br />
revenus pour ne plus en avoir besoin ». Et un projet <strong>de</strong> création d’entreprise artisanale en cours d’élaboration « création,<br />
vente <strong>de</strong> poteries et <strong>de</strong>s ateliers. Là je pourrais dire enfin que je me suis reconstruite ».<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65<br />
dossier
dossier le magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
<strong>Réforme</strong> <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
La réponse <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong><br />
<strong>RMI</strong> & RMA<br />
Le département s’engage<br />
Dans le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong> la réforme <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> a donné naissance au <strong>RMI</strong> 90 et au<br />
RMA 90. Deux adaptations <strong>de</strong> la loi qui se tra<strong>du</strong>isent par <strong>de</strong>s engagements vis-à-vis<br />
<strong>de</strong>s allocataires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>.<br />
« La loi est votée, signée. Nous n’avons pas d’autre choix<br />
que <strong>de</strong> la mettre en œuvre ». Lors <strong>de</strong> sa session extraordinaire<br />
<strong>du</strong> 31 décembre 2003, l’Assemblée départementale<br />
prenait acte <strong>de</strong> la promulgation <strong>de</strong><br />
la loi et décidait dans la foulée d’ac-<br />
compagner la réforme en prenant<br />
<strong>de</strong>s mesures d’urgence « afin que les<br />
bénéficiaires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> continuent à<br />
accé<strong>de</strong>r à leurs droits et perçoivent<br />
leur prestation sans rupture, ni<br />
retard ». Dès le 5 janvier, trois nouveaux<br />
services ont été mis en place.<br />
Un numéro vert, <strong>de</strong>s réunions d’information et un accès<br />
simplifié et rapi<strong>de</strong> au droit pour les nouveaux bénéficiaires<br />
(voir page VIII). « Il a fallu agir très vite, explique Étienne<br />
le Département a utilisé toutes les<br />
possibilités existantes pour adapter<br />
la loi à ses exigences en matière<br />
<strong>de</strong> politique sociale.<br />
Petitmengin, directeur général adjoint en charge <strong>du</strong> développement<br />
social é<strong>du</strong>catif et culturel au Conseil général.<br />
Nous <strong>de</strong>vions faire face à <strong>de</strong>ux urgences. Assurer en temps et<br />
en heure, le paiement <strong>de</strong>s prestations<br />
<strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier aux actuels<br />
bénéficiaires et accueillir dans les<br />
meilleures conditions les nouveaux<br />
ayants droit ». Selon les analystes, la<br />
dégradation <strong>de</strong> la situation économique<br />
conjuguée aux réformes <strong>de</strong><br />
l’UNEDIC (Union nationale pour<br />
l'emploi dans l'in<strong>du</strong>strie et le commerce)<br />
et <strong>de</strong> l’ASS (Allocation <strong>de</strong> solidarité spécifique) va<br />
con<strong>du</strong>ire en 2004 plusieurs centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong><br />
Français vers le <strong>RMI</strong>. Dans le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong>, « nous pré-<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65
le magazine <strong>du</strong> Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
voyons que la réforme <strong>de</strong> l’ASS amène<br />
150 personnes au <strong>RMI</strong> dans le courant<br />
<strong>du</strong> second semestre. D’autre part, nous<br />
estimons à près <strong>de</strong> 350 le nombre <strong>de</strong><br />
personnes qui ne recevront plus d’allocation<br />
chômage et qui n’ouvriront pas<br />
droit à l’ASS. Notre priorité a donc été<br />
<strong>de</strong> mettre en place avec la CAF (Caisse<br />
d’allocations familiales) un dispositif<br />
exceptionnel d’instruction <strong>de</strong>s dossiers<br />
afin que les personnes puissent bénéficier<br />
<strong>du</strong> <strong>RMI</strong> dans les plus brefs délais ».<br />
Sobrement intitulé <strong>RMI</strong> 90, cet accompagnement<br />
particulier <strong>de</strong> la réforme<br />
dans le département s’appuie également<br />
sur une campagne d’information<br />
« afin d’expliquer les changements<br />
amenés par cette réforme et<br />
rassurer les bénéficiaires sur l’engagement<br />
<strong>du</strong> Département et <strong>de</strong> ses professionnels<br />
». Un engagement qui au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong>s nouveaux services mis en œuvre<br />
prendra la forme d’un supplément <strong>de</strong><br />
crédits <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 520 000 euros<br />
inscrit au budget 2004 et <strong>de</strong>stiné à<br />
l’insertion <strong>de</strong>s allocataires. En ce qui<br />
concerne le Revenu minimum d’activité<br />
(RMA), l’Assemblée départementale<br />
a choisi, malgré <strong>de</strong> fortes réticences<br />
(voir pages II & III) <strong>de</strong> mettre en<br />
œuvre le dispositif, mais un dispositif<br />
particulier. « La mise en œuvre <strong>du</strong> RMA<br />
est une possibilité offerte par la loi<br />
mais pas une obligation. Le Conseil<br />
général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong> a<br />
décidé <strong>de</strong> créer 300 conventions RMA<br />
en 2004. Cependant, par le biais <strong>de</strong>s<br />
conventions qui seront signées entre la<br />
collectivité et l’entreprise, cette <strong>de</strong>rnière<br />
<strong>de</strong>vra s’engager sur plusieurs<br />
points. Sur la qualité <strong>de</strong> l’accueil et <strong>de</strong><br />
la mise au travail, sur la garantie d’un<br />
temps plein pour celles et ceux qui le<br />
veulent, sur la mise à disposition d’un<br />
tuteur et sur l’ouverture à <strong>de</strong>s possibili-<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65<br />
Réaction<br />
Odile Chevillot, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> Pluri’Elles<br />
« Le RMA n’est pas acceptable<br />
en l’état »<br />
« Jusqu’à ce jour, dans le <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong>, ça marche bien. En ce qui nous<br />
concerne, il y a très peu <strong>de</strong> femmes qui passent par chez nous et qui ne s’en sortent<br />
pas. Ce que propose le gouvernement par cette loi, c’est finalement d’offrir le montant<br />
<strong>du</strong> <strong>RMI</strong> aux patrons. Bien. Et en échange qu’est ce qu’ils donnent ? Un sousemploi<br />
! Le RMA n’est pas acceptable en l’état. Il faut penser avant tout aux gens qui<br />
sont en difficulté et ce n’est pas avec quatre sous <strong>de</strong> plus qu’on va les sortir <strong>de</strong> la misère.<br />
Aujourd’hui, on ne peut pas vivre avec un mi-temps au SMIC. Quand je regar<strong>de</strong><br />
les femmes que nous accueillons ici, je peux vous dire qu’elles en veulent et qu’elles<br />
font <strong>du</strong> travail impeccable. Jusqu’à ce jour, beaucoup d’entreprises nous rétorquaient<br />
qu’elles n’étaient pas assez performantes.Et maintenant,on nous dit qu’elles vont les<br />
prendre sans formation ?! C’est incompréhensible. Face à cette situation, on ne peut<br />
que compter sur le Département pour qu’il fasse <strong>du</strong> RMA quelque chose d’utile. Il<br />
faut qu’il y ait une garantie <strong>de</strong> temps complet, une promesse d’embauche à l’issue<br />
<strong>du</strong> contrat, que ces personnes aient les mêmes droits que n’importe quel autre salarié.<br />
Je veux bien qu’on ai<strong>de</strong> les entreprises mais pas à n’importe quel prix ! ». Odile<br />
Chevillot est prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> Pluri’Elles, une entreprise d’insertion par l’économique<br />
basée à <strong>Belfort</strong>.<br />
tés <strong>de</strong> formation ». Un RMA 90 qui à<br />
l’image <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> 90 démontre que le<br />
Département a utilisé toutes les possibilités<br />
existantes pour adapter la loi à<br />
ses exigences en matière <strong>de</strong> politique<br />
sociale. On n’en attendait pas moins<br />
<strong>de</strong> celui qui fut le précurseur <strong>du</strong> <strong>RMI</strong>.<br />
dossier
dossier 65<br />
<strong>Réforme</strong> <strong>du</strong> <strong>RMI</strong><br />
La réponse <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong><br />
<strong>RMI</strong> 90<br />
Numéro vert* : 0800 2004 90<br />
Des professionnels <strong>du</strong> Conseil général et <strong>de</strong>s<br />
institutions partenaires répon<strong>de</strong>nt aux<br />
questions <strong>de</strong>s bénéficiaires ou <strong>de</strong> leurs proches,<br />
orientent vers les interlocuteurs compétents<br />
en matière <strong>de</strong> formation, d’insertion<br />
professionnelle ou <strong>de</strong> démarches sociales<br />
et répon<strong>de</strong>nt aux questions <strong>de</strong> tous sur la<br />
décentralisation <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> et ses conséquences<br />
ou la création <strong>du</strong> RMA.<br />
Ligne ouverte <strong>de</strong> 9h à 19 h, <strong>du</strong> lundi au vendredi.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces pério<strong>de</strong>s un répon<strong>de</strong>ur<br />
téléphonique permet le rappel ultérieur <strong>de</strong>s<br />
appelants.<br />
*Appel gratuit<br />
(sauf à partir d’un téléphone mobile)<br />
Réunions d’information<br />
Chacun <strong>de</strong>s 2.000 bénéficiaires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> que<br />
compte actuellement le département a été ou va<br />
être convié à une réunion d’information sur<br />
la réforme <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> et la création <strong>du</strong> RMA.<br />
Ces réunions sont animées par les responsables<br />
<strong>de</strong>s Points Accueil Solidarité, avec la<br />
participation <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong>s Équipes<br />
Emploi Insertion.<br />
Accueil <strong>de</strong>s nouveaux bénéficiaires<br />
Un dispositif exceptionnel d’accueil <strong>de</strong>s<br />
nouveaux bénéficiaires <strong>du</strong> <strong>RMI</strong> a été mis en<br />
place, en partenariat avec la Caisse d’Allocations<br />
Familiales. Objectif : ré<strong>du</strong>ire au maximum les<br />
formalités administratives et permettre un accès<br />
au droit le plus rapi<strong>de</strong> possible.<br />
Une assistante sociale <strong>du</strong> Conseil général et<br />
un agent <strong>de</strong> la CAF accueillent simultanément<br />
les personnes, instruisent immédiatement le<br />
dossier <strong>RMI</strong> et engagent la liquidation <strong>de</strong>s droits.<br />
Deux lieux <strong>de</strong> permanences :<br />
Conseil général <strong>du</strong> <strong>Territoire</strong> <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
Place <strong>de</strong> la révolution française<br />
90020 <strong>Belfort</strong> ce<strong>de</strong>x<br />
tel : 03 84 90 90 90<br />
Point Accueil Solidarité (PAS) Sud <strong>Territoire</strong><br />
24 faubourg <strong>de</strong> <strong>Belfort</strong><br />
90101 Delle ce<strong>de</strong>x<br />
tel : 03 84 56 21 37<br />
vivre le <strong>Territoire</strong><br />
février/mars 2004<br />
vivre le <strong>Territoire</strong> - février/mars 2004 - n o 65