Lutte contre le racisme et justice pénale. Rôle des ... - Cesdip
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C<strong>et</strong>te loi passa en catimini en juil<strong>le</strong>t 1987. Les raisons de c<strong>et</strong>te discrétion sont à<br />
rechercher dans <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> ministre de la Justice, Albin Chalandon, avait<br />
considérab<strong>le</strong>ment réduit la portée <strong>des</strong> principes suggérés par <strong>le</strong> secrétaire d'Etat chargé<br />
<strong>des</strong> droits de l'homme. Peut-être, par crainte de heurter sa majorité (l'équilibre politique<br />
était fragilisé par la présence de Jean-Marie Le Pen, dont <strong>le</strong> parti était représenté par 35<br />
députés à l'Assemblée nationa<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions législatives de mars 1986) en<br />
prenant <strong>des</strong> positions trop rigoureuses, <strong>le</strong> gouvernement préféra adopter <strong>des</strong> mesures<br />
dans <strong>le</strong> cadre d'une loi fourre-tout plutôt que dans un proj<strong>et</strong> de loi trop so<strong>le</strong>nnel.<br />
Fina<strong>le</strong>ment, la loi du 30 juil<strong>le</strong>t 1987 modifia la rédaction de l'artic<strong>le</strong> 2-1 du code de<br />
procédure péna<strong>le</strong> en accordant l'exercice <strong>des</strong> droits de la partie civi<strong>le</strong> aux associations qui<br />
avaient pour but d'assister <strong>le</strong>s victimes de discriminations fondées sur <strong>le</strong>ur origine<br />
nationa<strong>le</strong>, <strong>et</strong>hnique, racia<strong>le</strong> <strong>et</strong> religieuse. Autre proposition r<strong>et</strong>enue : la suppression du<br />
motif légitime dans la discrimination racia<strong>le</strong> en matière de fourniture de biens ou de<br />
service.<br />
C<strong>et</strong>te loi étant de portée réduite, un rapport sur <strong>le</strong> <strong>racisme</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong>s discriminations en<br />
France fut réalisé à la demande du Gouvernement par <strong>le</strong> député Hannoun, quelques mois<br />
seu<strong>le</strong>ment après son vote. Ce membre du RPR était responsab<strong>le</strong> au sein du parti du<br />
secrétariat national chargé <strong>des</strong> questions de société.<br />
Son rapport confirma la crainte exprimée par la Chancel<strong>le</strong>rie sur la question <strong>des</strong><br />
vio<strong>le</strong>nces à caractère raciste : "Depuis 1985, on l'a vu, <strong>le</strong>s associations peuvent se<br />
constituer partie civi<strong>le</strong> dès lors qu'un certain nombre de crimes ou délits ont été commis<br />
avec <strong>des</strong> intentions racistes. Mais étendre ce mécanisme à la sanction de ces crimes ou<br />
délits, c'est porter atteinte, me semb<strong>le</strong>-t-il au principe de la non-incrimination du mobi<strong>le</strong>.<br />
En outre, d'un point de vue pratique, il serait extrêmement diffici<strong>le</strong> de prouver ce type<br />
d'allégation. Comment discerner dans la psychologie de tel ou tel individu, ce qui relève<br />
du <strong>racisme</strong> <strong>et</strong> ce qui ressortit à d'autres motivations ? Il existe certes <strong>des</strong> situations,<br />
l'injure ou la diffamation où <strong>le</strong> caractère raciste apparaît objectivement. Mais pour <strong>le</strong><br />
reste, on s'oriente vers une appréciation délicate <strong>des</strong> intentions de l'auteur de<br />
l'infraction. On peut se demander si ce n'est pas là ouvrir la porte à une banalisation du