Aspects culturels, spirituels et religieux de la douleur - APF Formation
Aspects culturels, spirituels et religieux de la douleur - APF Formation
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Au travers <strong>de</strong> ces exemples on voit que, en général, les sociétés traditionnelles proposent une re<strong>la</strong>tion<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> basée sur une lecture morale du corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’individu. La <strong>douleur</strong> est vécue comme un<br />
test d’intégration qui cherche à montrer si <strong>la</strong> personne qui y en est l’obj<strong>et</strong> a bien compris qu’il <strong>de</strong>vait se<br />
soum<strong>et</strong>tre totalement au groupe <strong>et</strong> abolir son « je » pour en faire réellement partie. Toute tentative<br />
d’autonomisation ou d’individualisation pourra être alors vue comme une mise à distance du groupe.<br />
Le rapport à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans l’hindouisme<br />
Je me suis toujours posé <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir pourquoi il y avait dans le christianisme, surtout dans<br />
l’orthodoxie <strong>et</strong> le catholicisme <strong>et</strong> un peu moins dans le protestantisme, c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion particulière à <strong>la</strong><br />
<strong>douleur</strong> liée à l’idée <strong>de</strong> soumission, à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ré<strong>de</strong>mptrice, salvatrice <strong>et</strong> purificatrice. Pourquoi <strong>la</strong><br />
présence <strong>de</strong> ce discours doloriste dans l’orthodoxie <strong>et</strong> le dans le catholicisme alors qu’elle n’est pas<br />
présente dans le judaïsme par exemple ?<br />
Mon hypothèse est que le christianisme a été sur ce point influencé par l’hindouisme, autour <strong>de</strong>s IV ème<br />
<strong>et</strong> V ème siècles en Syrie <strong>et</strong> en Egypte.<br />
Si l’on se pose <strong>la</strong> même question en cherchant une influence du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition hellénistique, on<br />
remonte alors aux stoïciens. Chez les stoïciens les auteurs qui parlent le mieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> font<br />
référence à trois concepts essentiels : l’ésicasme (état <strong>de</strong> sérénité morale auquel doit aspirer tout<br />
croyant <strong>et</strong> en particulier le moine), l’acédie (<strong>douleur</strong> morale épouvantable <strong>de</strong> désespérance qui gu<strong>et</strong>te le<br />
moine qui en recherche <strong>de</strong> Dieu ne le trouve pas <strong>et</strong> trouve au contraire le Démon, c’est en fait le péché<br />
contre l’esprit c’est à dire le seul qui ne soit pas pardonné dans <strong>la</strong> tradition chrétienne) <strong>et</strong> l’ataraxie<br />
(concept directement rattaché aux stoïciens grecs qui représente l’entraînement que doit recevoir<br />
chaque citoyen vou<strong>la</strong>nt lutter contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en s’endurcissant). Pourquoi c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière notion est-<br />
elle arrivée en Grèce alors qu’on ne <strong>la</strong> trouve pas chez les autres auteurs grecs ? On <strong>la</strong> trouve dans un<br />
mouvement grec particulier qui s’appelle les gymnosophtes, c’est à dire chez ceux qui s’entraînent au<br />
gymnase <strong>et</strong> qui vont ainsi s’endurcir. Et dans ces textes grecs on peut directement lire que les auteurs<br />
font référence à ce qui se passe en In<strong>de</strong>.<br />
Et l’In<strong>de</strong> présente le grand avantage d’exister encore aujourd’hui. Intéressons nous par exemple au<br />
pèlerinage <strong>de</strong> Kumba Mel<strong>la</strong> : il a lieu tous les 11 ans dans 4 villes différentes en In<strong>de</strong>, sur un cycle <strong>de</strong><br />
44 ans, <strong>et</strong> correspond à ce qui s’est passé à l’origine <strong>de</strong>s temps pour les indiens (mais comme vous le<br />
savez, plutôt que d’origine <strong>de</strong>s temps, il vaudrait mieux parler <strong>de</strong> point <strong>de</strong> départ d’un élément circu<strong>la</strong>ire<br />
Douleur <strong>et</strong> souffrance dans les situations <strong>de</strong> handicap - De l’évaluation à l’accompagnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne… p.4<br />
Journées d’étu<strong>de</strong> <strong>APF</strong> <strong>Formation</strong> – Unesco -–21, 22 <strong>et</strong> 23 janvier 2004