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Aspects culturels, spirituels et religieux de la douleur - APF Formation

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A l’opposé <strong>de</strong> l’hindouiste qui veut faire « moksha » c’est à dire affirmer <strong>et</strong> rassurer son « je » pour<br />

l’éternité, le bouddhiste veut dissoudre son « je » : Nirvana. Si l’on poursuit l’interprétation étymologique<br />

jusqu’au bout on voit que « ana » signifie <strong>la</strong> fécondité, <strong>et</strong> donc que « nirvana » représente <strong>la</strong> négation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité <strong>et</strong> donc <strong>la</strong> négation du « je ». C’est à mon avis en suivant c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière interprétation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> négation du « je » qu’il faut le lire.<br />

Autrement dit <strong>la</strong> pensée bouddhiste voit <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> comme extrêmement liée au désir <strong>et</strong> <strong>la</strong> négation du<br />

désir comme étant <strong>la</strong> solution à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>. Le mot clef qu’on utilise dans <strong>la</strong> tradition bouddhiste pour<br />

distinguer le rapport entre soi <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est le mot « maya », c’est à dire l’illusion. La <strong>douleur</strong> n’est<br />

qu’une illusion dont il faut se défaire par <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction du désir, y compris celui <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Il n’y a donc pas <strong>de</strong> dolorisme dans le bouddhisme alors qu’il est <strong>la</strong>rgement présent dans l’hindouisme.<br />

Le rapport à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans les sociétés monothéistes<br />

Dans le judaïsme il n’y a pas <strong>de</strong> dolorisme. Il n’y a pas <strong>de</strong> trace dans les textes <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>.<br />

Bien entendu il y a le paradis terrestre, le sacrifice d’Abraham avec <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> du père qui doit sacrifier<br />

son fils, <strong>et</strong> enfin les lèvres brûlées au charbon ar<strong>de</strong>nt d’Isaï. Mais à ma connaissance il n’y a pas d’autre<br />

évocation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> comme facteur <strong>de</strong> purification en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ceux-là.<br />

Par ailleurs il y a également le Livre <strong>de</strong> Job, qui comprend une typologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> phénoménale <strong>et</strong><br />

qui est l’ouvrage qui parle le mieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans <strong>la</strong> Bible. Mais il faut rappeler que ce livre parle<br />

d’un non-juif. De plus, si on lit <strong>la</strong> Bible, <strong>de</strong>s positions absolument a-doloristes sont c<strong>la</strong>irement tenues<br />

dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ne peut être imposée que par le Satan <strong>et</strong> en aucun cas il ne faut se<br />

l’imposer à soi-même.<br />

En ce qui concerne le christianisme un ouvrage paru au XIV ème siècle, qui s’intitule « L’imitation <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ », est au cœur du mysticisme chrétien <strong>et</strong> du dolorisme qu’on va r<strong>et</strong>rouver au XIX ème siècle.<br />

Je pense que le mysticisme <strong>et</strong> le dolorisme chrétiens sont intimement liés au mouvement monachiste<br />

chrétien du V ème siècle. Celui-ci est essentiellement défini par quelques noms qui sont très célèbres<br />

dans <strong>la</strong> théologie orthodoxe, beaucoup moins dans <strong>la</strong> théologie catholique : Marie l’Egyptienne (une<br />

prostituée qui <strong>de</strong>vient mystique <strong>et</strong> qui consacre sa <strong>douleur</strong> à <strong>la</strong> purification <strong>de</strong> son corps), Siméon le<br />

Douleur <strong>et</strong> souffrance dans les situations <strong>de</strong> handicap - De l’évaluation à l’accompagnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne… p.8<br />

Journées d’étu<strong>de</strong> <strong>APF</strong> <strong>Formation</strong> – Unesco -–21, 22 <strong>et</strong> 23 janvier 2004

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