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PLATON, PHILÈBE [ou Du plaisir ; genre éthique]

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n<strong>ou</strong>s sommes t<strong>ou</strong>s jeunes ? Ne crains-tu pas que n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s joignions<br />

à Philèbe p<strong>ou</strong>r t’attaquer, si tu n<strong>ou</strong>s insultes ? Cependant, n<strong>ou</strong>s<br />

comprenons ta pensée ; aussi, s’il y a quelque voie <strong>ou</strong> moyen<br />

d’écarter un tel désordre de notre discussion et de tr<strong>ou</strong>ver un chemin<br />

plus beau que celui-là p<strong>ou</strong>r atteindre le but de nos recherches, tâche<br />

de n<strong>ou</strong>s le montrer et n<strong>ou</strong>s te suivrons, suivant nos forces ; car le sujet<br />

que n<strong>ou</strong>s avons à traiter n’est pas, Socrate, de petite importance.<br />

SOCRATE<br />

Non, il ne l’est pas, mes enfants, comme v<strong>ou</strong>s appelle Philèbe. Or il<br />

n’y a pas, il ne saurait y avoir de plus belle voie que celle que j’ai<br />

t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs aimée, quoiqu’elle m’ait déjà s<strong>ou</strong>vent échappé, me laissant<br />

seul et dans l’embarras.<br />

Quelle est-elle ? dis-le seulement.<br />

PROTARQUE<br />

SOCRATE<br />

C’est une voie qu’il n’est pas bien difficile d’indiquer, mais qui est très<br />

difficile à suivre ; c’est grâce à elle que t<strong>ou</strong>tes les déc<strong>ou</strong>vertes de l’art<br />

ont été mises en lumière. Fais attention : voici la voie que je veux<br />

dire.<br />

Tu n’as qu’à parler.<br />

PROTARQUE<br />

SOCRATE<br />

C’est, j’en suis sûr, un présent des dieux aux hommes, qui leur a été<br />

apporté du ciel par quelque Prométhée avec un feu très brillant. Et les<br />

anciens, qui valaient mieux que n<strong>ou</strong>s et qui vivaient plus près des<br />

dieux, n<strong>ou</strong>s ont transmis cette tradition, que t<strong>ou</strong>tes les choses qu’on<br />

dit exister sont issues de l’un et du multiple et que la nature a uni en<br />

elles le fini et l’infini, que, telle étant la disposition des choses, n<strong>ou</strong>s<br />

devons t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs admettre qu’il y a en chacune une idée et n<strong>ou</strong>s<br />

devons la chercher, car n<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>verons qu’il y en a une. Quand<br />

n<strong>ou</strong>s l’aurons saisie, il n<strong>ou</strong>s faudra ensuite en chercher deux, s’il y en<br />

a deux, sinon, trois <strong>ou</strong> quelque autre nombre, puis faire la même<br />

chose p<strong>ou</strong>r chacune de ces idées, jusqu’à ce que l’on voie non<br />

seulement que l’unité primitive est une et plusieurs et une infinité,<br />

mais encore combien d’espèces elle contient. Et il ne faut pas<br />

appliquer à la pluralité l’idée de l’infini avant de s’être rendu compte<br />

de t<strong>ou</strong>s les nombres qui sont en elle entre l’infini et l’unité ; alors<br />

seulement on peut laisser chaque unité de chaque chose se perdre en<br />

liberté dans l’infini. Ce sont, comme je l’ai dit, les dieux qui n<strong>ou</strong>s ont<br />

donné cet art d’examiner, d’apprendre et de n<strong>ou</strong>s instruire les uns les<br />

autres. Mais les sages de notre temps font l’un et le multiple à<br />

l’aventure plus vite <strong>ou</strong> plus lentement qu’il ne faudrait et ils passent<br />

t<strong>ou</strong>t de suite de l’unité à l’infini ; les nombres intermédiaires leur<br />

échappent, et c’est ce qui distingue la dialectique de l’éristique dans<br />

les discussions que n<strong>ou</strong>s avons entre n<strong>ou</strong>s.<br />

PROTARQUE

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