Bulletin Historique Trimestriel Vol. 1 1852-1856 - Ouvrages anciens ...

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vent la vivacité de sa foi en même temps que la sensibilité de
son âme : il était lui-même éloquent. Nous nous rappelons à ce
sujet un beau triomphe de l'abbé Fréchon, qui nous permet
de dire un mot de sa charité. Une petite ville du département
est visitée en 1832 par le choléra ; les victimes y sont nombreuses.
Le curé de Frévent, assez sérieusement malade
lui-même, se trouve seul pour consoler et fortifier son troupeau
si cruellement frappé. L'abbé Fréchon alors en vacances,
vole à son aide. A tous les instants .presque de la
journée au chevet des cholériques, le soir il est en chaire.
Là, tout en cherchant à relever les courages, tout en prodiguant
ces consolations victorieuses dont la religion seule
possède le secret, il s'élève avec tant d'énergie contre le dérèglement
des mœurs, il parle avec tant de feu de la nécessité
d'une réforme radicale de la vie, d'un retour sérieux
vers Dieu, seuls moyens d'apaiser le ciel et de diminuer les
terreurs de la mort, que le courage renaît partout et que
Frévent est renouvelé.
On s'est rappelé ce dévouement du prêtre, quand 1848
arriva, et le souvenir de sa charité a contribué aussi peutêtre
à envoyer l'abbé Fréchon siéger sur les bancs de la
Constituante, et, plus tard, sur ceux de la Législative. Des
noms de notre pays qui sortirent à cette époque de l'urne
électorale, le sien était sans doute le moins signalé par des
antécédents politiques, et pourtant, de tous côtés, il n'y eut
qu'une voix en sa faveur. Sans avoir rien fait pour capter
la popularité, l'abbé Fréchon était devenu vraiment populaire.
Député, à l'Assemblée, dans les commissions, dans les
comités, il était avant tout l'homme du devoir; en toutes choses
il apportait, là comme ailleurs, cette pureté de vues et ce
désir du bien si nécessaires pour faire supporter sans découragement
la vie politique, telle qu'elle était entendue et
pratiquée dans ce temps-là.
Cette vie si occupée et si bruyante, il ne la quittait lout-àfait
qu'un jour par semaine, le dimanche. Ce jour là, il se
reposait de son assiduité aux séances et de la tension d'esprit