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Débat<br />
ACIDUS* nous demande de publier cette<br />
prise de position, qui n’est pas celle de<br />
l’AVIVO Suisse, mais ouvre le débat. Qu’en<br />
pensez-vous? Vos avis et vos commentaires<br />
nous intéressent.<br />
La rédaction<br />
«En bus et en métro sans ticket et sans resquiller!»<br />
Prendre le trolley, le métro, sans souci de billet<br />
ou d’abonnement valide... quelle liberté, pour<br />
jeunes et vieux, pauvres et riches! La gratuité<br />
des transports publics en ville est la solution<br />
d'avenir, et c'est l'idée défendue par ACIDUS*.<br />
Depuis dix ans environ, les bus sont «gratuits»<br />
dans plusieurs villes: Seattle aux Etats-<br />
Unis (près de 600‘000 habitants), Hasselt en<br />
Belgique (70’000 habitants), Châteauroux en<br />
France (73'000 habitants), etc. Un mouvement<br />
fluctuant, qui gagne lentement de nouvelles<br />
agglomérations. A Lausanne, les touristes qui<br />
paient une taxe de séjour bénéficient de la<br />
gratuité sur le réseau TL.<br />
Résultats de la «gratuité»: en général, la<br />
fréquentation des bus augmente. A Châteauroux,<br />
par exemple, les bus comptaient<br />
76 % de passagers en plus la première année;<br />
la ville a dû augmenter le rythme et la capacité<br />
de ses transports publics. Les usagers<br />
modestes – familles, personnes âgées, jeunes<br />
ou travailleurs – sont les premiers à en profiter.<br />
Les commerçants, eux, sont ravis de cette solution<br />
qui augmente leur clientèle potentielle. Et,<br />
en général, les incivilités et dégradations tant<br />
redoutées n’ont pas été constatées.<br />
«Gratuits», les bus? Pas vraiment, mais plutôt<br />
payés autrement, par le biais de nos impôts.<br />
Aujourd’hui les TL sont déjà subventionnés<br />
à hauteur des deux tiers par la collectivité;<br />
l'achat des billets paie le tiers restant. Donc<br />
au lieu de mettre à chaque fois du fric dans la<br />
machine à sous, nous pourrions payer la totalité<br />
de notre billet avec nos impôts. Après tout,<br />
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nos bus et nos métros font partie des services<br />
publics!<br />
Mais alors, cela va renchérir les impôts, et cela,<br />
ça fait mal au porte-monnaie! Arrêtons-nous<br />
un instant sur cette importante question et<br />
disons tout de suite que, pour les personnes<br />
à revenus modestes ou moyens, l'augmentation<br />
d'impôt coûterait moins cher qu'un<br />
abonnement. Le calcul (un peu complexe) a<br />
été fait pour Lausanne: une personne seule<br />
qui paie moins de Fr. 24'000.- d'impôts annuels<br />
aurait avantage à payer son abonnement urbain<br />
(environ Fr. 600.- par an) par le biais de ses<br />
impôts! Et ce serait encore plus avantageux<br />
pour les couples et les familles qui doivent<br />
payer deux ou plusieurs abonnements.<br />
Le prix actuel des transports publics est élevé<br />
pour les personnes à budget modeste. Pire, il<br />
est le même pour les riches et pour les pauvres,<br />
les retraités et les travailleurs, les familles et les<br />
célibataires... Pourquoi ne pas le payer totalement<br />
par l'impôt?<br />
Il est temps de transformer notre regard sur la<br />
priorité donnée à l'automobile. Un exemple,<br />
tiré du compte «Transports» de la Ville de Lausanne,<br />
nous le prouve: en 2000, la part des<br />
impôts allouée aux transports publics (sans<br />
les coûts de construction du m2) représentait<br />
environ le quart de celle qui était consacrée<br />
au transport privé de personnes (132 millions<br />
contre 558). Ces bagnoles, qui colonisent nos<br />
rues au détriment de la qualité de vie, mobilisent<br />
également une part démesurée des<br />
ressources publiques... Alors, demandons<br />
des choix clairs en faveur des transports<br />
publics! Rendons nos villes pratiques, respirables,<br />
conviviales... Vivables pour les générations<br />
futures.<br />
Jacqueline Rouyet<br />
* ACIDUS est une «Association citoyenne pour la défense<br />
des usagers des Services publics», créée en 2005 par<br />
quelques membres des anciens comités pour la défense<br />
des bureaux postaux de Lausanne. Entre autres activités,<br />
ACIDUS dénonce les dysfonctionnements des services<br />
publics en Suisse, ainsi que leur démantèlement progressif à<br />
travers les projets de privatisation et la politique fiscale pratiquée<br />
par l'État.