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Blouse blanche et encre noire<br />
Le lourd fardeau des maladies rares<br />
En Europe, une personne sur 17 serait affectée d’une maladie<br />
rare, ce qui représente 30 millions de malades. On ne le sait pas<br />
assez: il y a beaucoup de maladies rares... Selon le seuil retenu<br />
en Europe, une maladie est dite rare lorsqu’elle affecte moins<br />
d’une personne sur 2’000. On dénombre aujourd’hui plus de<br />
7’000 maladies rares et la littérature scientifique en rapporte régulièrement<br />
de nouvelles. Près de 80% d’entre elles ont une origine<br />
génétique. Elles peuvent être héréditaires ou bien le fruit<br />
de mutations spontanées. Parmi les 20% restants, on compte<br />
notamment des formes rares de cancers, des maladies auto-immunes,<br />
des malformations congénitales, ou encore des maladies<br />
infectieuses. Elles recouvrent toutes les spécialités médicales,<br />
se révèlent aussi bien dans l’enfance qu’à l’âge adulte et<br />
s’accompagnent généralement de difficultés motrices et/ou<br />
sensorielles.<br />
Un défi social<br />
Encore trop souvent méconnues du grand public, du corps<br />
médical, des administrations de santé et des pouvoirs publics,<br />
les maladies rares déconcertent les médecins autant qu’elles<br />
isolent les patients.<br />
Quelle que soit leur affection, les patients et leurs familles<br />
doivent faire face aux mêmes difficultés: retard et erreur de diagnostic,<br />
errance dans le système de soins, manque d’information,<br />
suivi thérapeutique inadapté, accès limité aux prestations<br />
sociales existantes, souffrance psychologique liée à l’isolement<br />
et au manque d’espoir thérapeutique, détresse des familles... Le<br />
diagnostic est parfois si difficile que le délai entre les premiers<br />
symptômes et le diagnostic définitif peut atteindre 5, 15 et parfois<br />
même 30 ans. Le diagnostic initial est souvent erroné, avec<br />
des interventions médicales inappropriées, y compris chirurgie<br />
et traitement psychologique.<br />
Pour le malade et pour ses proches, vivre avec une maladie<br />
orpheline, c’est souvent voir son énergie consacrée à une lutte<br />
épuisante pour faire valoir ses droits, accéder à une prise en<br />
charge de qualité, trouver des solutions pour l’organisation de<br />
la vie quotidienne et l’intégration dans la société.<br />
Un défi scientifique<br />
Les chances de traitement et l’amélioration de la prise en<br />
charge des maladies rares dépendent de la recherche scien-<br />
24<br />
tifique qui reste insuffisamment<br />
soutenue à cet égard<br />
dans la plupart des pays. Plus<br />
une maladie est rare, plus les<br />
scientifiques peinent souvent<br />
à constituer un échantillon<br />
minimal de patients. D’autre<br />
part, trop rares et donc jugées<br />
«non rentables», ces pathologies<br />
ne répondent pas à l’exigence<br />
commerciale des laboratoires<br />
pharmaceutiques, qui<br />
hésitent à investir.<br />
Un défi politique<br />
En Europe<br />
La complexité et la variété des<br />
maladies rares, la multiplicité<br />
des spécialités concernées, la<br />
diversité des soins et des accompagnementsthérapeutiques<br />
sont autant de défis à<br />
relever.<br />
En Europe, les maladies rares<br />
constituent, depuis 10 ans,<br />
un enjeu majeur de santé<br />
publique. Sous la pression<br />
des associations de patients,<br />
l’Union Européenne et certains<br />
Etats membres ont ainsi<br />
pris des mesures spécifiques<br />
de grande ampleur. Citons,<br />
par exemple, la Réglementation<br />
européenne du médicament<br />
orphelin (1999), des<br />
budgets spécifiques pour la<br />
recherche et l’adoption en<br />
2009 de la Recommandation<br />
«Maladies rares: un défi pour<br />
l’Europe», encourageant les<br />
Etats membres à mettre en<br />
œuvre, avant fin 2013, un plan<br />
ou une stratégie pour les maladies<br />
rares. Depuis plusieurs<br />
années, l’Europe bénéficie<br />
d’un réseau d’information