GÉRICAULT - Centre Georges Chevrier
GÉRICAULT - Centre Georges Chevrier
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La vision disparue, il fallut la retrouver et la<br />
fixer. Géricault n'avait pas encore d'atelier, il loua<br />
une arrière-boutique, boulevard Montmartre, et il se<br />
mit à travailler. Ses amis le virent jeter hâtivement<br />
sur le papier des croquis informes, dans lesquels ils<br />
ne devinaient que des linéaments confus; ils en comprirent<br />
seulement plus tard la valeur. L'artiste, à<br />
travers ces essais, cherchait à renouveler et à fixer<br />
l'émotion initiale.<br />
Une première fois, il crut qu'il avait trouvé : il<br />
peignit de verve, avec un entrain remarquable, un<br />
tableautin : le mouvement du cheval s'accrochant au<br />
sol de ses sabots de derrière, le geste du cavalier<br />
étaient très beaux, et l'exécution avait une séduction<br />
que Géricault ne retrouva pas dans son travail définitif.<br />
Pourtant, il ne s'y arrêta pas.<br />
Cette silhouette intéressante n'était pas complètement<br />
originale. Elle évoquait de loin le Bonaparte au<br />
mont Saint-Bernard de David, tout différent, il est<br />
vrai, de facture et d'intention, mais, de plus près, elle<br />
rappelait le Murât de Gros dans la Bataille d'Eylau,<br />
et si la réminiscence était évidemment involontaire,<br />
elle n'en était pas moins certaine.<br />
Géricault admirait passionnément Gros, mais il<br />
n'était pas homme à plagier; il s'aperçut, sans doute,<br />
du danger, et poursuivit ses recherches. Il trouva,<br />
enfin, le mouvement définitif, et, en quelques semaines<br />
d'un travail fiévreux, la toile immense fut<br />
couverte. II connaissait trop son cheval pour avoir