Shared values and promoting a culture of peace ... - unesdoc - Unesco

même chose avec une valeur comme la démocratie. Si votre offre de démocratie ne répond
pas à un besoin réel ressenti, votre offre c'est-à-dire votre démocratie n'a pas grande valeur.
Qu'est-ce à dire ? Nous réaffirmons la validité universelle de certaines valeurs
comme la démocratie, le droit à la vie et le respect des droits fondamentaux ? Mais leur
application concrète est fonction du degré de développement de chaque peuple. Car ces
valeurs sont moins les données absolues que des conquêtes progressives des peuples sur euxmêmes
et sur leurs oppresseurs.
Quand ces valeurs sont parachutées ou imposées par des puissances extérieures, elles
ne prennent pas racine dans les pays conquis. Elles deviennent de peu d'utilité parce que la
société concernée ne les a pas intégrées. C'est ce qui est arrivé avec la colonisation. Des
valeurs imposées par la force, si bonnes soient-elles, n'ont pas pris racine. Au lieu
d'enracinement, il y a eu caricature de valeurs et même de réelles anti-valeurs.
Au mimétisme et au suivisme des valeurs occidentales, s'est ajoutée la perte des
anciennes valeurs, ou le déracinement de tout un peuple. Et avec un peuple sans racines, on
peut s'attendre à tout.
Nous sommes aujourd'hui sous la contrainte de la mondialisation qui véhicule de
nouvelles règles du jeu, de nouvelles normes de référence, bref des valeurs du siècle
prochain. Mais cette mondialisation cache de terribles réalités : Plus d'un milliard d'hommes
se débattent dans la misère. Le Rapport sur le Développement Humain du PNUD, en 1993,
précisait que les 20% les plus pauvres découvrent que les 20% les plus riches disposent d'un
Revenu dépassant 150 fois le leur. Il y a donc, sur l'échelle mondiale, marginalisation et
exclusion de plus d'un milliard d'individus. Les valeurs de monde dominant si bonnes
théoriquement soient-elles ne sauraient s'appliquer valablement aux exclus et aux
marginalisés. Une idée de valeur, d'un principe moral ne s'impose pas là où les conditions
indispensables à leur transformation en règles suivies par la communauté ne sont pas
présentes.
Essai de conclusion
Mon approche a été critique. Je n'ai pas voulu admettre qu'il y ait d'un côté les
faiseurs de valeurs, de droits et de libertés, et de l'autre côté les sujets-objets de ces valeurs.
J'ai refusé qu'il y ait un monde binaire, d'un côté ceux qui sont censés avoir des valeurs à
dispenser et d'un autre, ceux qui doivent apprendre et suivre ces valeurs.
Au début de la colonisation, l'Occident avait mission de civilisation, on dirait qu'il y
a aujourd'hui mission de moralisation : il n'a pas le monopole de la morale. L'universalité
des valeurs occidentales est un postulat, véhiculé par le système mondial dominant : En
réalité, la globalisation aussi bien morale qu'économique se traduit dans le concret par la
précarisation croissante des millions et des millions d'individus aussi bien sur le plan moral
qu'économique. La morale et les valeurs des repus concernent-elles le monde des exclus ?
Jusqu'où ?
Je veux dire qu'au système de démocratie, de droits de l'homme, bref de valeurs à
l'occidentale, devrait correspondre, chez-nous, un système de santé, de logement,
d'éducation à l'occidentale.
Sinon, il y aura toujours inadéquation entre valeurs proclamées comme intention et la
réalité vécue sur le terrain. Comme il n'y a pas l'homme universel, il n'y a pas de valeurs
universelles mais uniquement occidentales.
45