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Album Moulin : l'Oeuvre des jardins ouvriers de Saint-Etienne (1907)

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PhoCEM<br />

Base <strong>de</strong> données <strong><strong>de</strong>s</strong> collections photographiques du MuCEM<br />

Accès à la base<br />

<strong>Album</strong> <strong>Moulin</strong> : l’œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

(<strong>1907</strong>)<br />

Le Père Laroche, doyen <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> (Ms.76.91.1)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Qui n' a entendu parler <strong>de</strong> ces <strong>jardins</strong> cultivés avec passion et amour par <strong><strong>de</strong>s</strong> jardiniers et<br />

jardinières amateurs. Qui n' a aperçu le long d'une voie ferrée ces petits rectangles si<br />

harmonieux, alignés les uns à côté <strong><strong>de</strong>s</strong> autres, couverts à la belle saison <strong>de</strong> légumes et <strong>de</strong><br />

fleurs. Les "<strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong>", aujourd'hui "<strong>jardins</strong> familiaux", apportent plaisir et réconfort à<br />

leur locataire et offrent un complément alimentaire non négligeable.<br />

Les <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> nés au 19è siècle <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> quelques hommes, laïcs ou religieux,<br />

soucieux d'améliorer le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> plus mal lotis parmi leurs semblables, méritent assurément<br />

notre intérêt. En ce début <strong>de</strong> 21è siècle leur succès ne s'est pas démenti, au contraire. On se<br />

presse pour tenter d'obtenir ces petits morceaux <strong>de</strong> Paradis où certains, dit-on, rêveraient<br />

parfois d'être enterrés.<br />

Le Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> Civilisations <strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong> la Méditerranée possè<strong>de</strong> un trésor a priori<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te, un album daté <strong>de</strong> <strong>1907</strong> (ou peu après), composé <strong>de</strong> 29 photographies qui relatent la<br />

création et l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> crées par le P. Volpette.


Origine <strong>de</strong> l'acquisition<br />

En 1974 M. Théry chargé au nom du Musée du matériel pédagogique, actuel Musée national<br />

<strong>de</strong> l'Education <strong>de</strong> Mont <strong>Saint</strong> Aignan (Seine-Maritime) d’enlever un lot <strong>de</strong> livres et <strong>de</strong><br />

matériel scolaire, trouva, dans les locaux désaffectés <strong>de</strong> l’ancien séminaire d’Evreux, un<br />

album dont il fit don au Musée national <strong><strong>de</strong>s</strong> arts et traditions populaires, <strong>de</strong>venu <strong>de</strong>puis le<br />

Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> Civilisations <strong>de</strong> l’Europe et <strong>de</strong> la Méditerranée.<br />

Description matérielle <strong>de</strong> l'album<br />

Cet album, d’un format « à la française » (31cm <strong>de</strong> hauteur x 25,5cm <strong>de</strong> largeur), est doté d'<br />

une reliure beige et marron avec quelques estampages dorés. Il comporte trente planches<br />

cartonnées montées sur onglets dont vingt-neuf sont utilisées pour les photographies (une par<br />

page) et une pour indiquer le titre <strong>de</strong> l’album. Les photographies sont protégées par un feuillet<br />

en papier <strong>de</strong> soie. Les tirages sur papier albuminé, <strong>de</strong> formats variables, sont collés sur <strong>de</strong> fins<br />

cartons blancs, eux-mêmes fixés sur la planche <strong>de</strong> l’album au centre d’une cuvette ménagée<br />

dans l’épaisseur du carton.<br />

Des légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, écrites à l’encre rouge, figurent sous toutes les photographies, précédées d’un<br />

numéro d’ordre en chiffres romains.<br />

L'album s'ouvre sur un feuillet sur lequel a été rédigée une dédicace.<br />

Les photographies portent les numéros d'inventaire Ms 76.91.1 à Ms 76.91.29.<br />

Le propriétaire initial <strong>de</strong> l'album<br />

La dédicace<br />

La dédicace nous livre les noms <strong>de</strong> trois personnes : Monseigneur Louis Jean Déchelette, le<br />

cardinal Coullié et surtout, le signataire, le Père Volpette, principal protagoniste <strong>de</strong> l'aventure<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>.<br />

2<br />

2


Mgr Louis-Jean Déchelette<br />

Louis Jean Déchelette est né à Montagny (Loire), le 25 août 1848. Il était au séminaire <strong>Saint</strong>-<br />

Sulpice à Paris au moment <strong>de</strong> la Commune, en 1871. Il <strong>de</strong>vint vicaire général <strong><strong>de</strong>s</strong> archevêques<br />

<strong>de</strong> Lyon, successivement Caverot, Foulon et Coullié. En 1906 il fut nommé évêque auxiliaire<br />

<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. L' évêque auxiliaire est chargé d'ai<strong>de</strong>r un autre évêque. Il reçoit un évêché in<br />

partibus infi<strong>de</strong>lium (« au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> infidèles »). C'est ainsi que Monseigneur Déchelette<br />

<strong>de</strong>vint évêque d'Hierapolis, aujourd’hui Pamukkale en Turquie.<br />

En 1913, Louis Jean Déchelette fut nommé évêque d’Evreux : c'est là, on s'en souvient, que<br />

fut retrouvé l’album qui lui fut offert en <strong>1907</strong> dans <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances sur lesquelles nous<br />

reviendrons. Mgr Déchelette mourut le 2 avril 1920.<br />

Mgr Pierre-Hector Coullié<br />

Pierre-Hector Coullié est né à Paris en 1829. Il entra au petit séminaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Nicolas-du-<br />

Chardonnet que dirigeait l’abbé Dupanloup. Entre 1848 et 1850, il étudia la philosophie au<br />

séminaire d’Issy puis la théologie à Paris au séminaire <strong>Saint</strong>-Sulpice. En 1854, il fut ordonné<br />

prêtre. Vicaire à <strong>Saint</strong>e-Marguerite puis à <strong>Saint</strong>-Eustache, il <strong>de</strong>vint ensuite premier vicaire à<br />

Notre-Dame-<strong><strong>de</strong>s</strong>-Victoires avant d’être nommé chanoine honoraire et promoteur <strong>de</strong><br />

l’officialité diocésaine <strong>de</strong> Paris. D’abord coadjuteur <strong>de</strong> Mgr Dupanloup, archevêque<br />

d’Orléans, il le remplaça à la mort <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier en 1878. Durant ses 15 années d’épiscopat à<br />

Orléans, il obtint le décret <strong>de</strong> vénérabilité <strong>de</strong> Jeanne d’Arc en 1894 et celui <strong>de</strong> béatification en<br />

1909. En 1893 il <strong>de</strong>vint archevêque <strong>de</strong> Lyon et le resta jusqu’à sa mort en 1912. Il avait été<br />

nommé cardinal en 1897.<br />

Félix Volpette<br />

Ce personnage hors du commun naquit le 2 octobre 1856 à St-Remy-<strong>de</strong>-Chargnat (Puy-<strong>de</strong>-<br />

Dôme). Après <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> au collège <strong>de</strong> Billom et au séminaire <strong>de</strong> Clermont-Ferrand, il intégra<br />

3<br />

3


la Compagnie <strong>de</strong> Jésus en 1876. Il prononça ses vœux en 1878 puis compléta ensuite ses<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> littéraires à Montciel près <strong>de</strong> Lons-le-Saunier. Il étudia la philosophie et la théologie à<br />

Mold, en Angleterre, entre 1881 et 1886. Il fut ensuite professeur au collège Notre-Dame <strong>de</strong><br />

Mont-Roland à Dole. Ordonné prêtre en 1885, il enseigna en 1887-1888, au grand collège <strong>de</strong><br />

Mongré à Villefranche-sur-Saône puis, à partir <strong>de</strong> 1890 au collège <strong>Saint</strong>-Michel <strong>de</strong> St-<strong>Etienne</strong><br />

avec le titre <strong>de</strong> Père spirituel.<br />

Il mourut le 21 septembre 1922 à Soleymieux (Loire).<br />

Portrait du Père Volpette (© les <strong>jardins</strong> Volpette)<br />

L'auteur <strong><strong>de</strong>s</strong> photographies<br />

Une estampille au recto <strong>de</strong> la première planche <strong>de</strong> l’album nous indique que les photographies<br />

ont été réalisées par Pierre <strong>Moulin</strong>. Photographe. 32, rue d’Arcole. <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> (Loire).<br />

Nous ne disposons malheureusement que <strong>de</strong> peu d'informations sur ce photographe. Jean-<br />

Marie Voignier dans son Répertoire <strong><strong>de</strong>s</strong> photographes <strong>de</strong> France au dix-neuvième siècle,<br />

indique une autre adresse, rue Michelet. Quelques recherches sur <strong>Moulin</strong> ont été entreprises<br />

par Isabelle Leduc, dans le cadre d'un stage effectué au Musée du Vieux <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> sous la<br />

direction <strong>de</strong> Bernard Rivatton, responsable du musée. Elles permettent d'établir que Pierre<br />

<strong>Moulin</strong> est né en 1851 à Beurières (Puy-<strong>de</strong>-Dôme) et qu'en 1895, il était établi au 15 <strong>de</strong> la rue<br />

Michelet.<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Le sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> photographies<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> vers 1890<br />

Autour <strong>de</strong> 1890, <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> comptait 146000 habitants dont 95420 <strong>ouvriers</strong>, 10944<br />

hôteliers, cabaretiers ou employés dans le commerce <strong>de</strong> l’alimentation, 3673 classés dans les<br />

professions libérales et 15226 sans emploi. Trois industries employaient le plus grand nombre<br />

4<br />

4


d’ <strong>ouvriers</strong> : la passementerie (25999), les mines (16871) et la métallurgie (21382). Toutefois<br />

la passementerie était en pleine évolution. Le ruban produit à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> était un produit <strong>de</strong><br />

luxe dont l’exportation était soumise à la mo<strong>de</strong> et aux aléas politiques. Elle souffrait <strong>de</strong> la<br />

concurrence <strong>de</strong> la Suisse et <strong>de</strong> l’Allemagne ainsi que d’une organisation du travail qui n’était<br />

plus adaptée. La manufacture d’armes qui subissait elle aussi la concurrence étrangère, en<br />

particulier anglaise et belge, dut renvoyer 8000 <strong>ouvriers</strong>. Quant aux mines <strong>de</strong> charbon, la<br />

situation n'était guère meilleure car elles souffraient <strong>de</strong> la concurrence <strong>de</strong> l’Angleterre. Les<br />

hauts-fourneaux qui employaient le charbon avaient émigré à l’est. L’absence <strong>de</strong> canaux et le<br />

coût élevé du transport par voie ferrée eurent <strong><strong>de</strong>s</strong> répercussions catastrophiques sur<br />

l’économie <strong><strong>de</strong>s</strong> mines.<br />

Le chômage était important et plongea <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> familles dans la plus gran<strong>de</strong> misère.<br />

La condition ouvrière dans la France <strong>de</strong> cette époque ne sera pas sans provoquer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réactions, notamment <strong>de</strong> la part du clergé catholique.<br />

Améliorer la condition ouvrière : l'impact <strong>de</strong> l'encyclique "Rerum novarum"<br />

Déjà en 1884, le Père Crozier, supérieur du collège <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>, écrivait au<br />

Père Général : « … nous avons travaillé beaucoup et dépensé <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> forces à <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Etienne</strong>…Qu’avons-nous fait pour les <strong>ouvriers</strong> ? Rien…Il est temps <strong>de</strong> s’y consacrer ! ». Des<br />

conférences populaires, <strong><strong>de</strong>s</strong> cours du soir pour les apprentis et les jeunes <strong>ouvriers</strong>, un bureau<br />

<strong>de</strong> placement, un bureau <strong>de</strong> consultations gratuites furent alors créés.<br />

Mais ce fut l’encyclique du pape Léon XIII, « Rerum novarum » (Des choses nouvelles)<br />

publiée le 15 mai 1891 qui éveilla certaines consciences à la dure condition ouvrière : en effet,<br />

le pape y prit la défense <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ouvriers</strong> en dénonçant notamment les conditions <strong>de</strong> travail qui<br />

leur étaient imposées par le patronat. Ce texte influença largement le programme social<br />

élaboré par Albert <strong>de</strong> Mun (1841-1914). Chantre du socialisme chrétien, il faisait partie <strong>de</strong> ces<br />

catholiques qui estimaient que la question sociale <strong>de</strong>vait être une <strong><strong>de</strong>s</strong> préoccupations majeures<br />

<strong>de</strong> l’Eglise. Invité à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> par la "Ligue <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> catholique <strong>de</strong> la jeunesse<br />

française", il y prononça un discours sur ce thème le 18 décembre 1892, auquel assista le P.<br />

Volpette.<br />

C’est dans ce contexte social et politique qu'il convint <strong>de</strong> replacer l’action <strong>de</strong> Félix Volpette.<br />

L'origine <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong><br />

C'est en lisant Le temps (numéro du 4 janvier 1895), qu'il prit connaissance d’une expérience<br />

originale conduite en 1891 à Sedan par l’épouse d’un drapier, Félicité Hervieu : celle-ci, afin<br />

d’ai<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> familles en difficulté et constatant que les aumônes ne leur permettaient pas<br />

d’améliorer leurs conditions <strong>de</strong> vie, avait loué un champ qu’elle avait divisé entre une<br />

douzaine <strong>de</strong> familles chargées <strong>de</strong> les cultiver. Au bout d’un an, la valeur <strong>de</strong> la production <strong>de</strong><br />

légumes équivalait à quatre fois la somme investie.<br />

Le P. Volpette décida <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> cet exemple. L'aumône n'était effectivement pas<br />

suffisante. Elle était même néfaste : cette opinion sera fort bien exprimée dans un discours<br />

plus tardif d'un certain Bonnaure au cours du congrès régional <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> qui se tint<br />

à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> en <strong>1907</strong> : « On ne veut plus d’aumône : l’aumône humilie l’homme, disent<br />

quelques-uns et lui fait perdre <strong>de</strong> sa dignité ! Ce qui est absolument certain, mesdames et<br />

messieurs, c’est que l’aumône directe, si elle satisfait celui qui donne, démoralise celui qui<br />

reçoit en l’habituant à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r…Avec les <strong>jardins</strong>, pas d’humiliation, pas d’aumône. C’est<br />

<strong>de</strong> l’assistance que vous faites et la meilleure <strong>de</strong> toutes : par le travail <strong>de</strong> la terre vous<br />

5<br />

5


amenez l’homme à son origine première, vous lui changez ses occupations habituelles, vous<br />

lui permettez <strong>de</strong> souffler et <strong>de</strong> réfléchir ».<br />

La création <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

Félix Volpette <strong>de</strong>vait tout d’abord s’assurer d’avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources suffisantes pour financer<br />

son projet. Il put se les procurer grâce à l'ai<strong>de</strong> du comité <strong>de</strong> dames patronnesses,<br />

(généralement les mères <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants qui suivaient les cours du collège <strong>Saint</strong>-Michel), <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

élèves du collège qui organisaient une tombola annuelle <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à alimenter les caisses <strong>de</strong><br />

l’oeuvre et enfin <strong>de</strong> dons particuliers.<br />

Les terrains situés au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> mines appartenaient en général aux compagnies minières qui<br />

les achetaient afin d’éviter d’avoir à payer <strong><strong>de</strong>s</strong> in<strong>de</strong>mnités en cas d’éboulement. D’autres<br />

terrains étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> champs ou <strong><strong>de</strong>s</strong> prairies cultivées.<br />

Le P. Volpette s'employa donc à en obtenir la location ou à se les faire prêter gratuitement<br />

(ultérieurement, ils seront achetés).<br />

C'est ainsi qu'en 1895, il loua pour 200 Frs un terrain <strong>de</strong> 2 hectares, le champ <strong>Saint</strong>e-Marie,<br />

situé près <strong>de</strong> la Gare du Clapier où passait la ligne du chemin <strong>de</strong> fer qui reliait <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

au Puy. Il divisa ce terrain en 50 parcelles.<br />

Quinze jours plus tard un propriétaire voisin offrit généreusement <strong>de</strong>ux hectares et <strong>de</strong>mi, le<br />

champ <strong>Saint</strong>-Joseph.<br />

Certains propriétaires refusaient toutefois <strong>de</strong> louer <strong>de</strong> la terre préférant verser une cotisation à<br />

l’oeuvre.<br />

Sorte <strong>de</strong> cratère concédé à l’œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> (Ms.76.91.2)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Il pourrait s'agir <strong>de</strong> la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Brunandières (renseignement communiqué par l'association<br />

"Les <strong>jardins</strong> Volpette")<br />

6<br />

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Transformation du cratère après cinq ans d’un travail opiniâtre par les <strong>ouvriers</strong> (Ms.76.91.2)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Un mouvement national<br />

Dans ces années <strong>de</strong> la fin du 19è siècle, la création <strong>de</strong> « <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> » prend un essor<br />

considérable, en particulier dans le nord <strong>de</strong> la France, (où est née cette expression), grâce au<br />

Dr Lancry à Dunkerque et à l’abbé Lemire, député <strong>de</strong> Hazebrouck, qui fondèrent en 1896 la<br />

"Ligue d’un Coin <strong>de</strong> Terre et du Foyer". Quelques temps auparavant, l’abbé Lemire avait<br />

rencontré le Père Volpette afin <strong>de</strong> recueillir auprès <strong>de</strong> lui les fruits <strong>de</strong> son expérience.<br />

Des congrès furent organisés : à Paris en 1903, 134 œuvres françaises similaires étaient<br />

représentées. Toutefois celle <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> apparaît, on le verra, comme particulièrement<br />

originale car les <strong>jardins</strong> sont au cœur d’ un véritable programme social.<br />

L’évolution <strong>de</strong> l’œuvre jusqu’au congrès <strong>de</strong> <strong>1907</strong><br />

Après les champs <strong>Saint</strong>e-Marie et <strong>Saint</strong>-Joseph ce sera l’acquisition du champ <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>.<br />

Ainsi, en 1894-1895, 5 ha <strong>de</strong> terrains feront vivre 98 familles soit 608 personnes.<br />

La colline du clapier avec ses <strong>jardins</strong> et ses maisons vues du pont <strong>de</strong> la Pareille (Ms.<br />

76.91.14)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Il s'agit du puits Chatelus (renseignement communiqué par "Les <strong>jardins</strong> Volpette")<br />

7<br />

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La colline du clapier avec ses <strong>jardins</strong> et ses maisons vue <strong>de</strong> la gare du Clapier (Ms.76.91.15)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

En 1896, à la Côte-chau<strong>de</strong>, un secteur réputé socialiste, le Père Volpette fit l’acquisition d’un<br />

nouveau terrain qu’il répartit en 3 champs : le champ saint-André (5500m 2 pour 14 familles),<br />

le champ saint-Ignace (2240m 2 pour 6 familles) et enfin le champ saint-Michel (400m x 12<br />

pour 14 familles).<br />

En 1897, c’est l’acquisition <strong><strong>de</strong>s</strong> champs <strong>de</strong> la Visitation, <strong>de</strong> la Croix (<strong>de</strong>rrière la Manufacture<br />

Nationale d’armes), <strong><strong>de</strong>s</strong> Ovi<strong><strong>de</strong>s</strong> à Monthieu près du puits <strong>de</strong> mine soit 65000m2 <strong>de</strong> terrain<br />

pour 90 familles.<br />

En 1898, Mme <strong>de</strong> Rochetaillée donna <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la ville, au <strong>de</strong>là du faubourg du soleil,<br />

un champ qu’on nomma du prénom <strong>de</strong> son défunt mari, Camille. Le champ saint-Camille<br />

avait une superficie <strong>de</strong> 13000m 2 . On y établit 32 familles.<br />

Cité <strong>Saint</strong>-Camille à Planterre (le Soleil) (Ms.76.91.19)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

A la fin <strong>de</strong> cette année, l’oeuvre disposait <strong>de</strong> 18 ha <strong>de</strong> terrain répartis entre 400 familles soit<br />

2460 personnes.<br />

En 1901, suite à la promulgation <strong>de</strong> la loi du 1 er juillet sur les associations, l’Oeuvre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> constitua un « Syndicat horticole <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> » qui<br />

comprenait tous les assistés et une « Association pour le jardin et le foyer <strong>de</strong> l’ouvrier » dont<br />

les membres étaient les bienfaiteurs. Son but était <strong>de</strong> procurer <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> aux <strong>ouvriers</strong> et <strong>de</strong><br />

leur bâtir <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons.<br />

8<br />

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Page <strong>de</strong> titre <strong>de</strong> l’album<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Les statuts <strong>de</strong> l’association furent enregistrés à la préfecture <strong>de</strong> la Loire le 5 juillet 1902 sous<br />

le numéro 4 et publiés au Journal officiel du 13 juillet 1902.<br />

Lors du congrès <strong>de</strong> 1906 à Lyon fut fondée l’"Union <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> du su<strong><strong>de</strong>s</strong>t".<br />

Il y fut décidé que le congrès <strong>de</strong> <strong>1907</strong> aurait lieu à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> afin, notamment, <strong>de</strong><br />

rendre hommage au P. Volpette.<br />

Ce Congrès fut ouvert le vendredi 14 juin <strong>1907</strong> à 14h dans la salle <strong>de</strong> la Maison <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres<br />

<strong>Saint</strong>-François-Régis à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>. Le Prési<strong>de</strong>nt d’honneur, le Cardinal Coullié,<br />

Archevêque <strong>de</strong> Lyon, n’ayant pu se rendre au congrès, avait chargé son coadjuteur Mgr<br />

Déchelette, originaire <strong>de</strong> la région, <strong>de</strong> le représenter. C’est donc pour commémorer cet<br />

événement et remercier Mgr Déchelette <strong>de</strong> sa présence, que le Père Volpette lui offrit l’album<br />

aujourd’hui conservé dans les collections du MuCEM.<br />

Le compte rendu du congrès relate dans un style quelque peu emphatique une visite <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

congressistes aux <strong>jardins</strong> et aux maisons du Clapier et <strong>de</strong> Planterre : « C’est la plus belle<br />

leçon <strong>de</strong> choses. <strong>jardins</strong> admirables, où la terre a été faite à main d’homme, où poussent les<br />

plantes qui nourrissent, réjouissent et guérissent, qui sont un coin <strong>de</strong> Paradis terrestre et une<br />

arche <strong>de</strong> Noé, car la poule y fournit les œufs, la chèvre son excellent lait, lapin et porc leur<br />

vian<strong>de</strong> délicieuse, chiens et chats, ces amis <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres, leurs caresses, et bientôt <strong><strong>de</strong>s</strong> abeilles<br />

leur miel savoureux. Les maisons sont tenus avec une propreté exquise. Vieillards, femmes,<br />

enfants, <strong>ouvriers</strong>, tous forment un peuple riant et aimant, parce que c’est un peuple qui, à<br />

l’honneur <strong>de</strong> cultiver, joint la fierté <strong>de</strong> jouir <strong>de</strong> son travail »<br />

Cette année là, on comptait 700 <strong>jardins</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>.<br />

L’attribution <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong><br />

Une fois le terrain acquis, il convenait <strong>de</strong> le partager en lots, d’attribuer ces lots puis <strong>de</strong><br />

donner aux <strong>ouvriers</strong> les moyens <strong>de</strong> clôturer leur jardin et <strong>de</strong> le cultiver en leur donnant les<br />

outils, les semences, l’engrais et l’eau nécessaires.<br />

L’œuvre s’adresse principalement aux mineurs mais compte aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> manœuvres, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes <strong>de</strong> peine, <strong><strong>de</strong>s</strong> maçons, <strong><strong>de</strong>s</strong> passementiers.<br />

Pour obtenir un jardin, le candidat jardinier <strong>de</strong>vait remplir 4 conditions :<br />

- Travailler avec soin le terrain qui lui était remis<br />

- Ne pas travailler les dimanches ni les jours <strong>de</strong> fêtes concordaires<br />

9<br />

9


- Ne rien cé<strong>de</strong>r ou sous-louer <strong>de</strong> son jardin sans une permission expresse<br />

- Ne rien faire qui put porter atteinte au bon renom <strong>de</strong> l’œuvre<br />

Il n’était pas nécessaire d’être catholique ni même chrétien pour obtenir un jardin : parmi les<br />

bénéficiaires se trouvaient <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants, <strong><strong>de</strong>s</strong> socialistes et <strong><strong>de</strong>s</strong> anarchistes.<br />

Le repos dominical. Un bon vieux grand-père quelque peu philosophe lisant sa Bible (Ms.<br />

76.91.25)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Le fonctionnement <strong>de</strong> l’oeuvre<br />

L’œuvre était autonome et s’administrait elle-même. Son fonctionnement était assuré par<br />

l’intermédiaire d’ un conseil général et d’autant <strong>de</strong> conseils particuliers qu’il y avait <strong>de</strong><br />

champs.<br />

Le conseil général était formé par la réunion <strong>de</strong> tous les conseillers particuliers. Il siégeait une<br />

fois par an, le jour <strong>de</strong> l’Epiphanie, sous la direction d’un prési<strong>de</strong>nt choisi parmi les<br />

conseillers. Les attributions <strong>de</strong> ce conseil étaient les suivantes :<br />

1) la fixation <strong>de</strong> la somme à dépenser pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> champs ;<br />

2) l’acceptation <strong><strong>de</strong>s</strong> familles nouvelles qui <strong>de</strong>mandaient un lot dans les champs encore<br />

disponibles ;<br />

3) l’exclusion définitive <strong><strong>de</strong>s</strong> familles dont le chef aurait été infidèle à l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> 4 conditions<br />

essentiellement requises pour l’admission ;<br />

4) la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> plaintes ou griefs que les familles mêmes exclues provisoirement<br />

formeraient contre le conseil <strong>de</strong> leur champ, et le jugement en <strong>de</strong>rnier ressort <strong>de</strong> ces plaintes<br />

ou griefs ;<br />

5) la détermination <strong>de</strong> tout ce qui pouvait contribuer au bien <strong>de</strong> l’œuvre entière.<br />

6) la modification <strong><strong>de</strong>s</strong> règlements et statuts selon les circonstances en auraient montré la<br />

nécessité ou l’utilité, sauf cependant pour les quatre conditions essentielles <strong>de</strong> la concession,<br />

qui ne pourront jamais être changées ni modifiées.<br />

(Piolet, Jean-Baptiste. L’œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>, à Sedan, en France et à<br />

l’étranger. Paris : Victor Retaux ; <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : J. Le Hénaff, 1899, p.65 à 68)<br />

Les membres <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils particuliers, élus pour 3 ans par les chefs <strong>de</strong> famille, dans la<br />

proportion <strong>de</strong> 1 pour 5 familles, se réunissaient en moyenne 4 fois par an.<br />

Le Père Volpette avait dans chaque conseil particulier un représentant choisi parmi les<br />

conseillers nommés par les pères <strong>de</strong> famille. Il était chargé <strong>de</strong> veiller à l’observation du<br />

règlement, <strong>de</strong> convoquer le conseil, <strong>de</strong> faire connaître aux conseillers les avis du directeur, et<br />

à ce <strong>de</strong>rnier, tout ce qui pouvait contribuer au développement <strong>de</strong> l’œuvre. Le directeur n’avait<br />

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que voix consultative au conseil mais son représentant y entrait <strong>de</strong> plein droit et prenait part<br />

aux délibérations.<br />

Les attributions <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils particuliers étaient les suivantes :<br />

1) Ils déterminaient les dépenses à faire en faveur <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> familles, <strong>de</strong> leur champ,<br />

après toutefois que le Directeur, resté le trésorier <strong>de</strong> l’œuvre, ait fait connaître les ressources<br />

dont on pouvait disposer dans l’année.<br />

2) Ils pouvaient, après un triple avertissement, donné à 5 jours d’intervalle, enlever à une<br />

famille toute la partie d’un terrain qu’elle n’aurait pas cultivée à la saison voulue et la donner<br />

à une autre famille pauvre.<br />

3) Ils pouvaient aussi refuser les semences à celles <strong><strong>de</strong>s</strong> familles dont le terrain , après<br />

avertissement donné, ne serait pas préparé à les recevoir. Ils pouvaient même exclure à la<br />

condition d’avoir l’assentiment <strong>de</strong> la majeure partie <strong><strong>de</strong>s</strong> prési<strong>de</strong>nts <strong><strong>de</strong>s</strong> autres conseils et <strong>de</strong><br />

faire ratifier leur décision par le conseil général, une famille qui aurait manqué la troisième ou<br />

la quatrième <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions requises pour l’admission, c’est-à-dire aurait travaillé le dimanche<br />

ou aurait porté gravement atteinte au bon renom <strong>de</strong> l’œuvre.<br />

4) Ils statuaient sur les travaux d’intérêt commun, nécessaires ou utiles à leur terrain,<br />

adduction <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux, tracé <strong>de</strong> chemins ou <strong>de</strong> sentiers, nivellement, etc, et déterminaient la<br />

somme à y employer<br />

(d'après Piolet, J.-B. Les <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>. Lille ; Paris : l’action populaire, n<br />

°11 [s.d.])<br />

Un conseil aux <strong>jardins</strong> (Ms.76.91.20)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Les <strong>de</strong>ux puits visibles en contrebas sont les puits Chatelus (renseignement communiqué par<br />

"Les <strong>jardins</strong> Volpette")<br />

D'abord on cultiva son jardin…<br />

Le champ est découpé en rectangles plus ou mois réguliers, autant que la limite extérieure du<br />

champ le permettait. Il n’y avait pas d’arbres car ils auraient occupé trop <strong>de</strong> place. La terre<br />

était complètement cultivée. Des sentiers permettaient d’accé<strong>de</strong>r aux réservoirs communs.<br />

Des pierres plates placées <strong>de</strong> champ indiquaient la séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles. On cultivait<br />

essentiellement <strong><strong>de</strong>s</strong> pommes <strong>de</strong> terre mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> choux, <strong><strong>de</strong>s</strong> carottes, <strong><strong>de</strong>s</strong> sala<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> pois,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fèves et <strong><strong>de</strong>s</strong> fraises en bordures.<br />

11<br />

11


Jardins <strong>ouvriers</strong> à Montaud. Cueillette <strong><strong>de</strong>s</strong> petits pois (Ms.76.91.4)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

A gauche, on aperçoit un ecclésiastique en soutane, sans doute le P. Volpette.<br />

Le jardin ouvrier dans la plaine du clapier (Ms.76.91.5)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Puis on construisit <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons…<br />

Bientôt <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnelles plus ou moins bien construites fleurirent au cœur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong>. Il fut en<br />

effet décidé que l’œuvre épaulerait également les <strong>ouvriers</strong> qui le souhaitaient dans la<br />

construction <strong>de</strong> leur maison. Afin <strong>de</strong> soutenir ce projet, le P. Volpette fit édifier une<br />

briqueterie et mit en place une caisse rurale <strong>de</strong> prêt.<br />

La briqueterie<br />

Elle fut créée en 1899. Elle <strong>de</strong>vait permettre <strong>de</strong> fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> briques au prix coûtant tout en<br />

fournissant du travail à une quinzaine d’<strong>ouvriers</strong> et un peu d’argent à l’association.<br />

Il s’agissait d’un hangar <strong>de</strong> 800m2 situé sur un terrain <strong>de</strong> 1138 m2. Un moteur électrique <strong>de</strong><br />

12 chevaux, 3 presses <strong>de</strong> différents modèles, 1 molleton et un malaxeur permettaient <strong>de</strong><br />

fabriquer les briques constituées <strong>de</strong> ciment acheté auprès <strong>de</strong> MM. Pavin <strong>de</strong> Lafarge (avec une<br />

réduction <strong>de</strong> 70%), <strong>de</strong> débris <strong>de</strong> briques et <strong>de</strong> machefer qui provenait <strong><strong>de</strong>s</strong> mines. Les briques<br />

fabriquées étaient <strong>de</strong> toutes dimensions. On réalisait aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> moellons rectangulaires <strong>de</strong> 0,50<br />

sur 0,25cm. Cinq mille briques étaient ainsi produites chaque jour.<br />

12<br />

12


La briqueterie (Ms.76.91.16)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

On peut lire son nom sur le mur <strong>de</strong> clôture, à gauche : « Briqueterie économique<br />

stéphanoise », nom qui figure dans les statuts publiés en 1901.<br />

Cette briqueterie se trouvait Chemin du Puits <strong>de</strong> la Loire (renseignement communiqué par<br />

"Les <strong>jardins</strong> Volpette")<br />

Deux <strong>ouvriers</strong> transportant <strong><strong>de</strong>s</strong> briques (© Les <strong>jardins</strong> Volpette)<br />

La Caisse rurale<br />

Pour mettre en place cette caisse le P. Volpette <strong>de</strong>manda à <strong>de</strong> riches personnes <strong>de</strong> se porter<br />

garantes <strong><strong>de</strong>s</strong> emprunteurs jusqu’à concurrence <strong>de</strong> 2000 francs. A cette condition une banque<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> accepta <strong>de</strong> consentir <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts à la caisse rurale au taux <strong>de</strong> 2%. Cette <strong>de</strong>rnière<br />

prêta <strong>de</strong> l’argent à ses adhérents au taux <strong>de</strong> 3,50% ce qui permettait à l’association <strong>de</strong> couvrir<br />

les frais occasionnés et <strong>de</strong> s’assurer un petit bénéfice. La Caisse rurale permit ainsi aux<br />

<strong>ouvriers</strong> d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts tant pour construire une maison que pour acheter <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux.<br />

Pour bénéficier <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages qu’offrait la Caisse, ses adhérents <strong>de</strong>vaient avoir une réputation<br />

d’honnêteté notoire, ne pas être alcoolique et ne pas fréquenter les cabarets et avoir un travail<br />

régulier.<br />

Financer la construction <strong>de</strong> sa maison<br />

Si la maison n’était pas bâtie aux frais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ouvriers</strong>, ceux-ci pouvaient bénéficier <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

systèmes.<br />

Le premier consistait à recourir à la caisse rurale dont il vient d’être question. L’ouvrier qui<br />

remplissait les conditions pour être accepté en tant que membre <strong>de</strong>vait acheter un terrain ou<br />

bien bâtir sur le jardin qui lui avait été alloué puis être à même <strong>de</strong> couvrir le tiers au moins <strong>de</strong><br />

la dépense totale, achat du terrain compris. Ces conditions étant remplies, la caisse rurale lui<br />

avançait les 2 autres tiers <strong>de</strong> la somme qui lui était nécessaire.<br />

13<br />

13


Ce premier type <strong>de</strong> financement diminuait le coût <strong>de</strong> la maison par rapport au second. Dans ce<br />

cas, il n’était pas <strong>de</strong>mandé à l’ouvrier <strong>de</strong> disposer d’un tiers <strong>de</strong> la somme nécessaire. C’est<br />

l’Association qui était propriétaire <strong>de</strong> la maison qu’il rembourserait sur plusieurs années.<br />

Dans ce système, quand un ouvrier désirait une maison, il posait sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> auprès du bureau<br />

du directeur. Une fois agréée par lui, il informait l’architecte <strong>de</strong> ce qu’il souhaitait ;<br />

l’architecte réalisait un plan qui <strong>de</strong>vait être approuvé par l’ouvrier et par l’Association. Si<br />

l’ouvrier participait à la construction, on déduisait son travail du montant qu’il aurait à<br />

rembourser. Quand la maison était terminée, il pouvait s’y installer. Il versait une annuité qui<br />

était comparable au montant <strong>de</strong> la location auquel s’ajoutaient <strong><strong>de</strong>s</strong> impôts ainsi qu’une<br />

assurance qui correspondait au montant <strong>de</strong> la somme déboursée par l’association pour l’achat<br />

du terrain et la construction <strong>de</strong> la maison.<br />

En <strong>1907</strong>, 53 maisons avaient été construites pour 103 familles, surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> mineurs.<br />

Les maisons sont en pierre, en brique, en moellons. Elles ont un étage, souvent 2 avec caves,<br />

greniers, annexes et peuvent loger 2, 3 ou 4 familles. Il existe aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à<br />

une seule famille.<br />

La tonnelle achevée (Ms.76.91.7)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Avec le jardin, la cabane où l’on habite pour ne pas payer <strong>de</strong> loyer (Ms.76.91.8)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

14<br />

14


Première maison bâtie dans les <strong>jardins</strong> ; d’abord on s’y prit mal…(Ms.76.91.9)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Il pourrait s'agir <strong>de</strong> la maison visible sur la photographie précé<strong>de</strong>nte<br />

Puis on fit mieux (Ms.76.91.10)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Enfin ce fut parfait (Ms.76.91.11)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

15<br />

15


Quelques maisons bâties par les <strong>ouvriers</strong> dans les <strong>jardins</strong> du clapier (Ms.76.91.12)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Deux belles maison à Villeboeuf-le-Haut (Ms.76.91.18)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Maisons ouvrières au Crest <strong>de</strong> Roc (Ms.76.91.17)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Il s'agit du Crêt <strong>de</strong> Roch (renseignement communiqué par "Les <strong>jardins</strong> Volpette")<br />

Les autres dispositifs mis en place<br />

L'œuvre gérait également un dispensaire, un vestiaire qui permettait la distribution <strong>de</strong><br />

vêtements, une bibliothèque, <strong><strong>de</strong>s</strong> cours d’alphabétisation dispensés par les élèves du collège<br />

<strong>Saint</strong>-Michel, <strong><strong>de</strong>s</strong> consultations juridiques données gratuitement par <strong><strong>de</strong>s</strong> avocats, un bureau <strong>de</strong><br />

placement, <strong><strong>de</strong>s</strong> rencontres, l’ organisation d’une caisse <strong>de</strong> retraite, la fondation d’une chorale,<br />

la « chorale <strong><strong>de</strong>s</strong> petits chanteurs du genêt fleuri » et même un élevage d’escargots !<br />

16<br />

16


L’imagination du Père Volpette était sans borne. Afin <strong>de</strong> pouvoir faire face aux dépenses<br />

qu’occasionnait le dispensaire, il fit planter <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres, notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> cerisiers. Deux furent<br />

attribués à chaque jardin tandis que la vente <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres restant permettait <strong>de</strong> faire<br />

fonctionner le dispensaire.<br />

La « chorale <strong><strong>de</strong>s</strong> petits chanteurs du genêt fleuri » (© Les <strong>jardins</strong> Volpette)<br />

Une leçon d’horticulture (Ms.76.91.6)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Cette photographie a pu être prise à la rési<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> où est<br />

actuellement hébergée l'association "Les Jardins Volpette" (renseignement "Les <strong>jardins</strong><br />

Volpette"). C'est le P. Volpette qui donne le cours.<br />

Des bienfaits <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> et maisons pour la morale et la société…<br />

Parmi les bienfaits apportés par la création <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong>, celui le plus souvent cité dans les<br />

publications anciennes est que l’ouvrier ne fréquente plus le cabaret. Le jardin permet <strong>de</strong><br />

lutter contre l’alcoolisme et est aussi source d’économie : l’ouvrier ne dépense plus son argent<br />

en boissons et la culture <strong>de</strong> son potager lui permet d’économiser une partie <strong>de</strong> son salaire.<br />

17<br />

17


Pauvreté complète il y a dix ans. Aujourd’hui c’est l’aisance avec maison et dépendances et<br />

<strong>de</strong>ux mille m.c. d’un terrain bien cultivé (Ms.76.91.13)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

La culture <strong>de</strong> légumes et éventuellement l’élevage bénéficient à la santé <strong>de</strong> la famille et en<br />

particulier à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants.<br />

La ménagère dans sa basse-cour (Ms.76.91.27)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Enfants <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers pauvres <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> (Ms.76.91.22)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

18<br />

18


Le jardin resserre les liens familiaux.<br />

Ceux qui vivent au jardin (Ms.76.91.23)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Pauvre petite mala<strong>de</strong> au jardin !… (Ms.76.91.28)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Un jour <strong>de</strong> congés aux <strong>jardins</strong> (Ms.76.91.21)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

19<br />

19


Le petit écolier va rejoindre la famille au jardin (Ms.76.91.24)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Il responsabilise l’ouvrier et lui permet <strong>de</strong> faire preuve d’initiatives personnelles. Le respect<br />

mutuel entre l’ouvrier et celui qui l’assiste grandit. Enfin, le jardin, et la maison quand elle<br />

existe, développent le sens <strong>de</strong> la propriété, <strong>de</strong> l’épargne et <strong>de</strong> l’économie. Ceci doit se<br />

répercuter sur les convictions politiques <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ouvriers</strong> et les convertir au conservatisme et<br />

éventuellement les réconcilier avec la religion : en 1903, le P. Volpette a à son actif 15<br />

baptême d’adultes, beaucoup <strong>de</strong> baptêmes d’enfants et plus <strong>de</strong> 100 unions libres légitimées<br />

par le mariage.<br />

Petit oratoire au jardin et la prière du soir en famille (Ms.76.91.29)<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

Et après le congrès…<br />

En 1912, le nombre <strong>de</strong> <strong>jardins</strong> passe à 850 ; en 1920 à 1020 sur 30 hectares ; en 1922, à la<br />

mort du Père Volpette, à 1500.<br />

Durant la première guerre mondiale, <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés autonomes <strong>de</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> firent leur<br />

apparition : en 1916, la société Roassieux ; en 1918, la société Rich'Land ; en 1917, c'est la<br />

programmation par la Compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> mines d'une cité jardin <strong>de</strong> 100 logements à<br />

Chavassieux. Ces sociétés se regrouperont en 1919 au sein <strong>de</strong> la "Fédération <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> l'arrondissement <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>".<br />

Les <strong>jardins</strong> permettent durant cette pério<strong>de</strong> difficile, <strong>de</strong> procurer aux familles, notamment aux<br />

immigrés arrivés au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, un complément <strong>de</strong> nourriture bienvenu.<br />

Le successeur du P. Volpette, le P. <strong>de</strong> Thoisy (1885-1975), apporta quelques changements à<br />

l’association : les chefs <strong>de</strong> section étaient désormais nommés par lui. Les maisons qui avaient<br />

en<strong>de</strong>tté l’association, obligée <strong>de</strong> payer les impôts et les réparations, furent vendues.<br />

20<br />

20


Sous la direction du Père <strong>de</strong> Thoisy, « Les <strong>jardins</strong> Volpette » vont conserver leur rôle d'œuvre<br />

sociale grâce à la maison <strong>de</strong> convalescence à Tarentaize <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée aux jeunes filles, aux<br />

patronages et à une ligue anti-alcoolique , « La croix d’or ».<br />

En 1930, l’association gérait 1800 <strong>jardins</strong>. En 1937, il y en avait 3400.<br />

Le dimanche 28 mai 1938, fut inauguré, rue <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Chamond, un monument à la mémoire<br />

du Père Volpette, un buste sculpté par F. David <strong>de</strong> Sauzea.<br />

Le monument à la mémoire du Père Volpette (© Les <strong>jardins</strong> Volpette)<br />

Le 5 novembre 1938, l’Association pour le jardin et le foyer <strong>de</strong> l’ouvrier changea <strong>de</strong> nom<br />

pour <strong>de</strong>venir « Les <strong>jardins</strong> Volpette ».<br />

En 1942, on comptait 6000 <strong>jardins</strong> sur 130 terrains. Avec la guerre, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>jardins</strong> se<br />

fit <strong>de</strong> plus en plus pressante. On atteignit le chiffre <strong>de</strong> 7000 mais leur nombre décrut<br />

considérablement au len<strong>de</strong>main du conflit notamment face à la pression immobilière.<br />

Le 4 octobre 1970 fut inaugurée à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> la rue Félix Volpette. Il y avait alors 1700<br />

<strong>jardins</strong>.<br />

Le père <strong>de</strong> Thoisy décèda en 1975. Le 29 avril 1979, son nom sera donné à une rue <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Etienne</strong>.<br />

Deux autres jésuites succé<strong>de</strong>ront au père <strong>de</strong> Thoisy, les pères Richard (<strong>1907</strong>-1999) et<br />

Fournier, jusqu’en 1998, date à laquelle, les Jésuites cé<strong>de</strong>ront la direction <strong>de</strong> l’association aux<br />

laïcs, ce qui entraînera une modification <strong><strong>de</strong>s</strong> statuts <strong>de</strong> l’association. Celle-ci fut dès lors<br />

dirigée par un conseil d’administration <strong>de</strong> 15 personnes, toutes bénévoles.<br />

En 1994, on célébra le centenaire <strong>de</strong> la fondation <strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins Volpette.<br />

Avec la pression immobilière, seuls quelques <strong>jardins</strong> ont survécu en centre-ville. Les autres se<br />

trouvent à la périphérie. On en comptait en 1994, 1800, répartis en 41 sections sur une surface<br />

<strong>de</strong> 45ha. Quant aux maisons construites du temps du P. Volpette, aucune n'a subsisté…<br />

21<br />

21


Fanion <strong>de</strong> l'association Volpette (© Les <strong>jardins</strong> Volpette)<br />

Les <strong>jardins</strong> Volpette aujourd'hui (Accès au blog <strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins Volpette)<br />

En 2005, les <strong>jardins</strong> Volpette comprenaient 45 sections composées chacune <strong>de</strong> 30 à 80<br />

<strong>jardins</strong>. 1650 jardiniers cultivaient 40 ha <strong>de</strong> terrain.<br />

L’association, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> tente actuellement <strong>de</strong> restructurer les<br />

<strong>jardins</strong> : les parcelles sont re<strong><strong>de</strong>s</strong>sinées <strong>de</strong> manière à ce que chacune d'entre elles couvre une<br />

superficie d’environ 150-200m 2 et on élimine les cabanes réalisées le plus souvent avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

matériaux <strong>de</strong> récupération pour les remplacer par d'authentiques abris <strong>de</strong> jardin dont la<br />

structure et la couleur peuvent varier d'une parcelle à l'autre. Chaque parcelle bénéficie par<br />

ailleurs d’une adduction d’eau. On supprime également les clôtures entre les <strong>jardins</strong>. Quant<br />

aux clôtures extérieures, elles sont limitées à une hauteur <strong>de</strong> 1,20m. En contrepartie <strong>de</strong><br />

l'attribution d'un jardin, le locataire verse une somme modique à l'association.<br />

Les jardiniers cultivent bien évi<strong>de</strong>mment <strong><strong>de</strong>s</strong> légumes mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs. Des personnes<br />

issues <strong>de</strong> communautés étrangères notamment du Maghreb, renouvellent les variétés <strong>de</strong><br />

légumes traditionnels en cultivant <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces plus méditerranéennes. Les jardiniers <strong>de</strong> toutes<br />

origines se côtoient, se rencontrent et échangent parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes.<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> jardiniers sont <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Un jardinier sur <strong>de</strong>ux a plus <strong>de</strong> 60 ans et 40% sont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> actifs.<br />

L'association met <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> à la disposition <strong>de</strong> handicapés cérébraux, <strong>de</strong> jeunes en difficulté,<br />

<strong>de</strong> sans-papiers ou <strong>de</strong> personnes âgées mais aussi d'enfants.<br />

Si Les <strong>jardins</strong> Volpette gèrent 1650 <strong>jardins</strong>, la fédération <strong><strong>de</strong>s</strong> associations <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong><br />

et familiaux <strong>de</strong> la Loire fondée en 1919 en compte à peu près autant. Ce sont donc environ<br />

3000 <strong>jardins</strong> qui sont aujourd'hui mis à la disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> stéphanois.<br />

Bernay 1 géré par "Les <strong>jardins</strong> Volpette" : <strong>jardins</strong> restructurés<br />

© MuCEM - Isabelle Gui<br />

22<br />

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Bernay 2 géré par "Les <strong>jardins</strong> Volpette" : <strong>jardins</strong> en attente <strong>de</strong> restructuration<br />

© MuCEM - Isabelle Gui<br />

Un autre exemplaire <strong>de</strong> l'album…à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

Les recherches effectuées autour <strong>de</strong> l'album dont il a été ici question, ont permis <strong>de</strong> découvrir<br />

l'existence d'un autre exemplaire conservé au Musée du Vieux <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>. Cet album<br />

contient les mêmes photographies que celui du MuCEM. Il ne comporte toutefois pas <strong>de</strong><br />

dédicace et le nom du photographe n'y est pas mentionné.<br />

Hymne à la gloire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> (autour <strong>de</strong> 1930)<br />

1<br />

Dans les <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong><br />

La peine du jardinier<br />

Sera bien récompensée<br />

Son sol sera bien bêché<br />

La terre ainsi fécondée<br />

Produira boire et manger<br />

2<br />

A la fin <strong>de</strong> la journée<br />

Le bonheur <strong>de</strong> l’ouvrier<br />

Est d’aller se reposer<br />

Dans son jardin cultivé<br />

Bon air et tranquillité<br />

Font la joie et la santé<br />

De toute la maisonnée<br />

3<br />

Car chacun dans son carré<br />

Plantera <strong><strong>de</strong>s</strong> groseilliers<br />

23<br />

23


Choux poireaux et chicorée<br />

Pommes <strong>de</strong> terre bette et fraisiers<br />

Immortelles, pois <strong>de</strong> senteur<br />

Pour qu’un chacun ait du bonheur<br />

4<br />

passementiers, armuriers<br />

mineurs, employés, gaziers<br />

Du marais aux Marronniers<br />

De la Rich’land au clapier<br />

Font bon ménage au jardin<br />

En buvant le jus divin<br />

5<br />

Toujours gais et souriants<br />

Dans la peine se consolant<br />

Quand vient la gêne, s’aidant.<br />

Ils s’aiment fraternellement,<br />

Suivant les enseignements<br />

Du Fondateur, cœur aimant.<br />

6<br />

Gloire aux <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong><br />

Lopins <strong>de</strong> terre tant aimés<br />

De tout le mon<strong>de</strong> ouvrier<br />

Procurant Joie, liberté,<br />

Gaîté et Fraternité<br />

A tous nos bons <strong>ouvriers</strong><br />

Une famille heureuse (Ms.76.91.26)<br />

Au centre : le P. Volpette<br />

© MuCEM - Danièle Adam<br />

24<br />

24


Bibliographie<br />

Agricola. Les <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> (extrait <strong>de</strong> La Revue forézienne <strong>de</strong> juin 1898).<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : Société <strong>de</strong> l’imprimerie Théolier – J. Thoma et Cie, 1898<br />

Anonyme. Felix Volpette. Notice biographique dactylographiée (consultable aux Archives<br />

jésuites)<br />

Cabedoce, Béatrice (dir.), Pierson, Philippe (dir.). Cent ans d’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong>,<br />

1896-1996 : la Ligue française du coin <strong>de</strong> terre et du foyer. Grane : Créaphis, 1996, p.77-82<br />

Congrès régional <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> tenu à St-<strong>Etienne</strong> (Loire) sous la prési<strong>de</strong>nce d’honneur<br />

<strong>de</strong> Son Eminence le Cardinal Couillé, Archevêque <strong>de</strong> Lyon et <strong>de</strong> Vienne, primat <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules<br />

les 14, 15 et 16 Juin <strong>1907</strong>. Compte rendu. <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : société <strong>de</strong> l’imprimerie Théolier,<br />

1908<br />

Demoment, Auguste. Felix Volpette. Deux notices biographiques dactylographiées<br />

(consultables aux Archives jésuites)<br />

Dossier 1S304 conservé aux archives municipales <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : Les Jardins Volpette :<br />

1894-1994 cent ans <strong>de</strong> <strong>jardins</strong><br />

Dossier constitué par l’Association <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> Volpette à l’occasion d’une exposition<br />

célébrant son centenaire et contenant divers articles dactylogaphiés, coupures <strong>de</strong> presse etc<br />

Genèse d'une ville. <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : histoire et perspectives du pays stéphanois. Octobre 2001<br />

Magand, Jacques. Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> Volpette à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>. <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : Jardins<br />

Volpette, 2005<br />

Nizey, Jean. Le Père Volpette , fondateur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong>… Volpette. Notice dactylographiée<br />

rédigée pour l’exposition célébrant le centenaire <strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins Volpette présentée du 16 au 23<br />

avril 1994 à l’Hôtel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> St- <strong>Etienne</strong><br />

Piolet, Jean-Baptiste. L’œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>, à Sedan, en France et à<br />

l’étranger. Paris : Victor Retaux ; <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : J. Le Hénaff, 1899. Egalement publié (sauf<br />

l'introduction) dans Le Correspondant du 10 et 25 juillet 1898<br />

Piolet, Jean-Baptiste. Les <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>. Lille : impr. De l’ « Action<br />

populaire », 1 ère série, n°11 (1903)<br />

Poujol, Geneviève et Romer, Ma<strong>de</strong>leine. Dictionnaire biographique <strong><strong>de</strong>s</strong> militants : XIXè-Xxè<br />

s.. De l’éducation populaire à l’action culturelle. Paris : l’Harmattan, 1996<br />

Article consacré à Albert <strong>de</strong> Mun (1841-1914) par Vincent Rogard<br />

Rivatton, Bernard. Des premiers <strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> à l'expérimentation <strong>de</strong> la construction sociale<br />

(1895-1908). In Institut <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> régionales et <strong><strong>de</strong>s</strong> patrimoines. Créations et solidarité dans<br />

la gran<strong>de</strong> ville ouvrière. Université <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong>, 2003 (collection Patrimages, n°2), p.<br />

39-62<br />

25<br />

25


Servant, Clau<strong>de</strong>. Raymond <strong>de</strong> Thoisy [notice dactylographiée]<br />

Statuts <strong>de</strong> la société anonyme <strong>de</strong> briqueterie économique stéphanoise. Siège social à <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Etienne</strong>, quartier du puits <strong>de</strong> la Loire. <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> : J. Le Hénaff, 1901<br />

Theolier, Louis. L’homme noir chez les hommes noirs : le P. Félix Volpette, fondateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

« Jardins <strong>ouvriers</strong> », 1856-1922. Paris : Spes, 1930<br />

Thevenon, Robert. La saga <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jardins</strong> Volpette continue. Notice dactylographiée rédigée<br />

pour l’exposition célébrant du 16 au 23 avril 1994 à l’Hôtel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> le<br />

centenaire <strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins Volpette<br />

Thevenon, Robert. L'héritier [sur le P. <strong>de</strong> Thoisy]. Notice dactylographiée<br />

Vant, André. Contributions à une géo-histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> "<strong>jardins</strong> <strong>ouvriers</strong> stéphanois". In Centre <strong>de</strong><br />

recherches sur l'environnement géographique et social, cahier 4 (1977), Université Lyon II,<br />

UER Sciences <strong>de</strong> l'homme et <strong>de</strong> son environnement. Lyon : Editions L'Hermès, 1977, p.11 à<br />

55.<br />

Voignier, Jean-Marie. Répertoire <strong><strong>de</strong>s</strong> photographes <strong>de</strong> France au dix-neuvième siècle.<br />

Chevilly-Larue : Le Pont <strong>de</strong> Pierre, 1993, p.189 (sur le photographe Pierre <strong>Moulin</strong>)<br />

Centres <strong>de</strong> ressources<br />

Archives jésuites (Archives <strong>de</strong> la Province <strong>de</strong> France)<br />

15 rue Raymond-Marcheron<br />

92170 Vanves<br />

Tél. : 01-46-45-51-66<br />

Association <strong><strong>de</strong>s</strong> Jardins Volpette<br />

21, rue Aristi<strong>de</strong>-Briand et <strong>de</strong> la Paix<br />

42000 <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

Tél. : 04 77 32 98 56<br />

Fax : 04 77 41 77 04<br />

Archives municipales <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

164, cours Fauriel<br />

42100 <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong><br />

Tél : 04-77-34 40-41<br />

Fax : 04-77-34-40-50<br />

Isabelle Gui, chargée d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> documentaires. Service <strong><strong>de</strong>s</strong> collections du Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> Civilisations <strong>de</strong> l’Europe et<br />

<strong>de</strong> la Méditerranée. Décembre 2007.<br />

Avec ses remerciements à Bernard Rivatton, directeur du Musée du Vieux <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> et aux membres <strong>de</strong><br />

l'association "Les Jardins Volpette".<br />

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