3. Liste du matériel d'exposition - Les services de l'Etat dans la Loire

BLANCHARDON Mathieu
Mémoire de recherche appliquée
Stage de fin d’études au service Culture de Saint-Etienne, Loire
enne
Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
Gestion et Valorisation du patrimoine industriel
Université de Bourgogne
Centre universitaire Condorcet - Le Creusot
Année universitaire 2001-2002
BLANCHARDON Mathieu

Mémoire de recherche appliquée
Stage de fin d’études au service Culture de Saint-Etienne, Loire
Projet culturel et scientifique
Un Centre des Industries graphiques
à Saint-Etienne
1.TEXTE
Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
Gestion et Valorisation du patrimoine industriel
Université de Bourgogne
Centre universitaire Condorcet - Le Creusot
Année universitaire 2001-2002
Remerciements
1

Je tiens à remercier les personnes qui ont participées plus ou moins
directement à la réalisation de ce mémoire :
- la ville de Saint-Étienne pour m’avoir fait confiance dans cette étude sur
l’imprimerie et la typographie communales.
- Son personnel du service Culture et de la structure Ville d’Art et d’Histoire, tout
particulièrement Cendrine Sanquer qui m’a donné des conseils avisés tout au
long de cette expérience professionnelle.
- Annick Cambon et Philippe Peyroche pour leurs judicieux conseils.
- Le responsable du DESS Françoise Fortunet pour sa vigilance.
- Les entrepreneurs et ouvriers typographes qui m’ont accueillis et transmis très
naturellement leurs connaissances et leur savoir-faire lors de mes visites
d’ateliers.
- Les personnes interrogées, Ms Bessy, Delmoure, Gouranas. Une mention
particulière pour René Danti qui m’a fait part de passionnants renseignements
et Jean Ramirez pour ses compétences et sa sympathie.
- Le personnel des Archives municipales de Saint-Etienne, notamment Corinne
Porte, conservateur en chef, et M. Bérard qui ont su m’appuyer du point de
vue logistique lors de mes interviews.
Je dédie ce travail aux industriels et ouvriers (en activité ou retraités) des
industries graphiques de notre cité ainsi qu’aux Stéphanois...
Introduction
2

Saint-Etienne, centre d’imprimerie… seul un nombre restreint de Stéphanois
approuvent ce propos et se rappellent l’époque où les environs de la place Marengo,
située en centre-ville, concentraient plusieurs centaines d’ouvriers de la presse et du
labeur dans les années 1950.
Aujourd’hui, la plupart des établissements d’imprimerie ayant migré en
périphérie, le paysage industriel que l’on retrouvait encore il y a quatre ou cinq
décennies s’est modifié (suite à ces délocalisations géographiques).
Si le tissu industriel primitif a évolué, il n’en reste pas moins que plusieurs
petits ateliers traditionnels subsistent : ces derniers ont conservé des méthodes et
techniques de fabrication ancestrales se rattachant à Gutenberg et à la typographie
au plomb.
Riche de sa longue histoire industrielle, Saint-Etienne 1 dévoile au curieux un
patrimoine relatif aux industries graphiques et à l’impression au plomb exceptionnel :
caractères en plomb, en bois, meubles de rangement, presses, objets… Tous
appartiennent à une technique héritée du XV e siècle qui a su résister au machinisme
et à l’avènement de l’informatique depuis les années 1980.
Du point de vue économique, le secteur de l’imprimerie de labeur stéphanoise
(c’est-à-dire hors presse) est encore majeur puisqu’il occupe plusieurs centaines de
salariés regroupés dans 33 établissements répartis sur la commune. Certains d’entre
eux, la majorité des unités dans lesquelles est encore pratiquée l’écriture au plomb,
ne regroupent que 2 ou 3 individus. Devenue artisanale voire marginale par rapport
aux modes de production actuels, la typographie résulte d’un savoir-faire unique et
reflète pleinement la capacité d’évolution et d’adaptation de la main d’œuvre
stéphanoise.
L’imprimerie, plus particulièrement la typographie au plomb forme donc le
cœur d’une recherche initiée par la ville soucieuse de conserver et faire connaître
ses richesses patrimoniales ; elle en a donc été le porteur de projet. Par
l’intermédiaire de son service Culture et de sa structure Ville d’Art et d’Histoire, elle a
1
Voir Annexes, p.6. Il sera nécessaire, au long de la lecture de cette étude, que le volume d’Annexes
soit régulièrement consulté (Cf. : Lexique p.103).
3

commandé un état des lieux de l’existant et propose un début de sensibilisation
auprès des entrepreneurs, ouvriers et habitants.
Dans une cité en plein renouveau économique et culturel (un Centre
international du Design va notamment ouvrir ses portes en 2005), un certain nombre
de connaissances, de techniques et le vécu des travailleurs de l’ancienne
typographie au plomb ont pu être identifiés et recensés. Seconde métropole de la
région Rhône-Alpes avec ses 450.000 habitants (agglomération comprise) et sa
communauté de communes (« Saint-Etienne Métropole »), Saint-Etienne a été
pendant une grande partie du XIX e siècle le berceau des industries textile,
métallurgique, de l’arme et du cycle. Le territoire communal constituera notre aire
d’étude 2 .
définis :
Plusieurs termes abordés au long de notre étude doivent être préalablement
- Imprimerie : usine où l’on fabrique des livres, des journaux, etc.
« L’imprimerie, prise dans son sens large, est la mise en œuvre de
procédures et de matériels aptes à transformer en publications (quotidiens,
périodiques, livres, brochures, catalogues), en documents divers
(publicitaires, administratifs, etc.) et en emballages :
• des textes présentés sous forme manuscrite ou, plus souvent,
dactylographiée, voire, digitale.
• Des illustrations présentées sous forme de dessins et de peintures
ou de photographies en noir et en couleurs. » 3
- Labeur : On donne le nom de labeur aux travaux d’impression de longue
haleine, regroupant les romans, les ouvrages scientifiques, les
dictionnaires, les annuaires, la publicité, etc., qui mettent en œuvre des
moyens de production relativement importants. Les imprimeries qui les
exécutent sont dites imprimeries de labeur. Elles occupent l’un des trois
2
Voir Annexes, p.6
3
In Letouzey V., La typographie, PUF, collec. Que Sais-Je ?, n°1101, Paris, p.3
4

grands secteurs de l’imprimerie (au sens le plus large du terme), les deux
autres étant celui de la presse et celui des travaux de ville 4 .
- Typographie : Le terme « typographie » désigne deux techniques distinctes
mais intimement liées :
• d’abord l’art d’assembler les caractères pour imprimer des textes en
formant des mots, des lignes, des alinéas, des pages ;
• ensuite un procédé d’impression dans lequel la surface imprimante
est constituée par des éléments plans qui sont en relief par rapport
au support.
- Usine : d’après l’Inventaire général, il s’agit d’un « établissement industriel
équipé de machines et destiné soit à la transformation des matières
premières ou semi ouvrées en produits finis, soit à la production
d’énergie. L’artisanat se distingue de l’industrie par les caractères
suivants : petit nombre d’ouvriers, degré de mécanisation peu élevé, pas
de production en grande série et pas de commercialisation du produit hors
d’une aire géographique restreinte. » 5
Nous parlerons plus volontiers d’ateliers pour le cas stéphanois car ces
espaces de travail concentrent, dans leur très grande majorité, moins de
dix salariés.
Le contexte de notre stage effectué en collaboration avec l’unité Ville d’Art et
d’Histoire, l’historique et la description de l’existant en matière de typographie au
plomb et la définition d’un projet culturel pour la ville de Saint-Etienne vont définir les
grandes lignes abordées au cours de ce mémoire, ceci afin de formuler des
propositions de mise en valeur et d’exploitation. Trois interrogations seront au cœur
de cette recherche : Quoi, Pourquoi, Où ?
4
In Combier M. et Perez Y., Encyclopédie de la chose imprimé. Du papier à l’écran, éditions Retz,
Paris, 1999, p.261
D’après une recherche Minitel, pour l’année 2002, 9.046 imprimeries de labeur ont été recensées sur
l’ensemble du territoire national. La région Rhône-Alpes compte (derrière l’Ile-de-France et le Nord),
pour la même période, 947 établissements de ce type. De plus, à échelle départementale, la Loire en
regroupe 137. Enfin, les « zones d’emplois » de Saint-Etienne et de Lyon en dénombrent
respectivement 97 et 309.
5
In Ministère de la Culture et de la Communication, Inventaire général, Système descriptif de
l’architecture, 1999, p.97
5

Donner des dimensions spatiales au projet demeure également l’une des
idées maîtresses. De plus, l’analyse des différents contextes historique et thématique
permettra de mettre en avant des besoins.
Notre démarche a un objectif majeur : l’appropriation de cette histoire
économique et sociale, de ce patrimoine industriel par les Stéphanois…
6

1. Environnement et contexte
du stage
I/ L’institution porteuse du projet : la ville de Saint-Etienne et
7

sa structure Ville d’Art et d’Histoire
1. Saint-Etienne et la valorisation récente de son patrimoine
historique
Riche de son patrimoine des XIX e -XX e siècles, la ville de Saint-Etienne 6 mène
depuis 1995 une politique globale et cohérente de valorisation et de protection du
patrimoine stéphanois, qu’il soit architectural, historique ou urbain, dont la rénovation
et l’ouverture du musée d’Art et d’Industrie a constitué un élément essentiel. La
recherche scientifique, l’action culturelle, la valorisation touristique et l’intervention
dans le tissu urbain constituent des thématiques solidaires formant le fil conducteur
de cette vaste initiative.
Depuis le milieu de la décennie 1990, le premier pas a été franchi avec la
nomination d’un conseiller municipal délégué au patrimoine, auprès des adjoints de
l’Urbanisme et de la Culture et le recrutement en 1998 de Cendrine Sanquer,
architecte, auteur des études d’inventaire architectural menées par la ville et la
DRAC, pour un contrat sur la valorisation du patrimoine stéphanois.
La mise en réseau des principales structures culturelles locales (Musées de la
Mine, d’Art et d’Industrie, d’Art moderne) a encouragé le regard des élus de la ville et
de ses habitants sur la diversité culturelle du lieu. L’obtention du label Ville d’Art et
d’Histoire en mai 2000 a engendré la formation de guides-conférenciers et de circuits
touristiques lançant le visiteur à la découverte des richesses architecturales de la
cité. L’installation du prochain Centre international du Design va parachever ces
efforts notoires des Stéphanois pour leur patrimoine.
C’est donc dans ce contexte favorable de développement d’initiatives locales
que la structure Ville d’Art et d’Histoire, une ramification du service Culture, a choisi
6 Voir Annexes, Documents 1 et 2, p.6
8

de lancer une étude sur une connaissance plus approfondie de l’imprimerie, plus
précisément de l’ancienne typographie au plomb.
Cette perspective respecte les évolutions énoncées en mai 2000, lors de la
candidature de Saint-Etienne au label Ville d’Histoire et d’Histoire, par le maire
Michel Thiollière :
« Le rôle d’une ville ne se limite pas à la préservation et à la conservation de sa
mémoire et de son héritage. Elle a un rôle moderne à jouer : (re)mettre le
patrimoine local à la portée et à la disposition des habitants de la ville afin qu’ils
deviennent les meilleurs ambassadeurs d’un patrimoine stéphanois
« réhabilité ». » 7
7 In Ville de Saint-Etienne, Dossier de candidature au label national, mai 2000, Saint-Etienne, Ville
d’Art et d’Histoire, p.1
9

2. L’unité Ville d’Art et d’Histoire
Le ministère de la Culture et de la Communication assure depuis 1985 la mise
en œuvre d’une politique d’animation et de valorisation du patrimoine en partenariat
avec les collectivités territoriales. Sur l’ensemble du territoire national en métropole et
outremer, 130 villes et pays peuvent se prévaloir en 2000 des labels de qualité
« Ville ou Pays d’Art et d’Histoire » et « Ville d’Art ». Ce réseau de savoir-faire est
composé d’animateurs du patrimoine et de 1.200 guides-conférenciés, véritables
médiateurs entre les scientifiques et le grand public.
Créée à la suite de l’obtention de cette distinction en mai 2000, intégrée au
réseau national des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et au service culturel de la ville
de Saint-Étienne, la structure Ville d’Art et d’Histoire est chargée de mener une
politique cohérente de valorisation du patrimoine de la ville de Saint-Etienne
intégrant la création architecturale contemporaine de qualité et la préservation de ses
richesses historiques.
Recherche scientifique, action culturelle, valorisation touristique, interventions
urbaines…, telles sont les priorités de son animateur Cendrine Sanquer afin
sensibiliser et de responsabiliser les Stéphanois à leur Histoire.
Issue des premières actions mises en place par la Mission de Valorisation du
Patrimoine qu’a conduit Cendrine Sanquer (avril 1998 - mars 2001) en attendant le
recrutement de l’animateur, cette unité est aujourd’hui dirigée par cette dernière, à
temps plein. Elle accueille également de façon temporaire des stagiaires qui
souhaitent approfondir des notions de gestion, d’administration et de mise en valeur
patrimoniale.
Soutenu par un conseil scientifique, l’animateur du patrimoine élabore un
véritable programme d’actions axé autour des quatre thèmes développés dans les
objectifs nationaux du projet Ville d’art et d’Histoire : sensibilisation de la population
locale, initiation des jeunes, renforcement du tourisme, de l’accueil et diffusion de la
connaissance.
10

Il veille à la cohérence de la politique de communication choisie vis-à-vis des
différents partenaires et publics. Il est garant scientifique de la qualité des actions de
sensibilisation entreprises auprès des habitants, des scolaires et des touristes. En
liaison avec le service municipal de l’Education et de l’Inspection Académique, il met
au point un programme pédagogique et des outils adaptés aux différents projets.
Intégrée au sein du Service Culture, l’unité est implantée rue Francis Garnier
en raison des conditions de raccordement au réseau SDL7 (réseau municipal de
comptabilité). Elle dispose d’un budget individuel de fonctionnement dont la part
nette pour la ville est de 160.000 francs (24.390 euros environ) et bénéficie d’un
bureau. Elle possède une personne affectée à mi-temps au secrétariat et à la
comptabilité de l’unité.
Les circuits conçus par l’animateur du patrimoine sont gérés par l’Office du
Tourisme de Saint-Etienne. Des guides conférenciers spécifiquement nommés
permettent de montrer aux visiteurs les curiosités de la ville. En outre, les journées
du Patrimoine constituent un point fort de cette activité. Ses actions rentrent dans le
cadre d’un véritable réseau local de partenaires (musées de la ville, Office du
tourisme et des congrès).
11

3. Un environnement culturel dynamique
Depuis plusieurs années déjà, le domaine culturel attire l’attention des élus et
est pris en compte à sa juste valeur. Si Saint-Etienne ne possède pas de monuments
célèbres (une cathédrale gothique, par exemple) et reste doté d’un habitat ancien
discret (son tissu urbain s’est fortement développé au XIX e siècle), la ville présente
un patrimoine issu de la révolution industrielle et du XX e siècle significatif.
Cette spécificité, que l’on retrouve moins marquée dans les pôles urbains
anciennement industrialisés représente une véritable richesse qui a été réellement
mis en exergue depuis cinq années environ ; le premier animateur du patrimoine de
la ville a été nommé en 1998.
Saint-Etienne a su développer ses atouts touristiques lors de manifestations
qui, pour certaines d’entre elles, sont depuis reconnues sur le plan national, voire
international, mais également autours de structures muséales actives et en plein
essor (musées d’Art moderne, de la Mine).
Notons qu’en 1999, la Fête du Livre a attiré près de 120.000 curieux ; l’Art
dans la Ville invite depuis 1994 les Stéphanois à se familiariser au spectacle, à la
danse, au chant et à découvrir les multiples facettes du domaine culturel. Depuis
1998, la Biennale internationale du Design attire plusieurs milliers de personnes et
étrangers (125.000 en 1998). Notons enfin l’existence du Festival Parole et Musique.
Quant aux musées présents sur le territoire communal, ils ne sont pas laissés
pour compte : le Musée municipal d’Art moderne possède l’une des plus belles
collections européennes d’art contemporain. Installé sur l’ancien site du puits Couriot,
le musée de la Mine est, quant à lui, composé de bâtiments réhabilités (salle des
« pendus », galerie souterraine…). Le Musée d’Art et d’Industrie a réouvert ses
portes en octobre 2001 et son taux de fréquentation a depuis été jugé plus que
satisfaisant. Structure municipale, elle met en valeur des collections de tout premier
plan (première collection mondiale de rubans, exemplaires de vélos exceptionnels,
seconde collection nationale d’armes après le musée parisien de l’Armée).
12

Le Musée du Vieux Saint-Etienne, l’Atelier des Meilleurs Ouvriers de France,
le Mémorial de la Résistance et de la Déportation de la Loire ne sont nullement à
négliger : ils rendent compte de l’histoire de la ville et du savoir-faire exceptionnel de
ses habitants. La Rotonde, Centre de culture scientifique, technique et industrielle
communal et départemental est également un lieu de médiation qui propose des
expositions, des animations et des ateliers pédagogiques sur des thèmes variés pour
des publics différents.
Enfin, l’office de tourisme de la ville propose, depuis plusieurs années déjà,
une initiation à la découverte de son architecture urbaine et la visite de curiosités
comme le cimetière Saint-Roch à travers plusieurs expéditions thématiques.
En 2001, plus de 257.000 visiteurs se sont laissés guider par leur curiosité
dans les musées du département de la Loire. Les monuments ont, quant à eux,
accueilli plus de 125.600 visiteurs. De façon plus détaillée, le Musée d’Art moderne
et le Musée de la Mine peuvent se satisfaire de leurs 58.129 et 54.194 visiteurs
respectifs.
C’est donc dans ce contexte favorable qu’un Centre des Industries
graphiques du bassin stéphanois trouverait aisément sa place. Une efficace mise en
réseau de l’ensemble avec les installations existantes serait souhaitée. Attirés par la
lecture, le livre (succès inconditionnel des Fêtes du Livre) et par l’histoire industrielle
de leur ville, l’environnement touristique et culturel demeure intéressant et les
Stéphanois suivraient avec intérêt la création d’une structure dédiée à l’imprimerie
des années 1950 et aux travaux typographique et graphique contemporains.
13

II/ Organisation du travail
Débuté le lundi 2 avril 2002, notre stage s’est achevé le vendredi 28 juin 2002.
Au long de cette période, la structure Ville d’Art et d’Histoire située rue Francis
Garnier, non loin de la place Jean Jaurès, a constitué notre point de ralliement.
Dès le départ, il a été fixé un rendez-vous par semaine avec l’animateur du
patrimoine pour lui rendre compte de l’avancée des travaux.
Dans un premier temps, le travail en archives a été privilégié : nous nous
sommes rendus, durant le mois d’avril dans les structures municipale et
départementale. Le dépouillement des deux dépôts a révélé l’existence d’un nombre
de documents peu conséquent : les principales séries réservées à l’industrie et
l’économie de la région stéphanoise ont toutefois été regardées avec attention (série
M pour les Archives Départementales de la Loire, série F pour les Archives
municipales de Saint-Etienne) 8 .
Dans un deuxième temps, répertorier l’existant (qu’il existe sous la forme d’un
bâti, de machines de production ou de témoignages oraux) a constitué la seconde
étape de ce stage professionnel. Pour prendre réellement conscience de l’existence
d’un patrimoine industriel, une liste des imprimeries stéphanoises a pu être
sélectionnée à partir d’une recherche réalisée sur Internet. Cette base de données,
qui inclut les spécialités de fabrication de chacune d’entre elles, a été utilisée comme
répertoire téléphonique : sur les 33 imprimeries recensées sur la commune
stéphanoise, 28 ont été contactées, 11 visitées 9 (soit environ 35% du total). Notons
que nous nous sommes également rendus dans l’imprimerie Firm’Imprime, à Firminy.
Un questionnaire préalablement établi a précisé le choix des entreprises
susceptibles d’avoir conservé du matériel typographique (meubles de casses,
caractères en plomb, presses, objets…).
8
Voir Annexes, p.18
9
MC imprimerie, imprimerie Vasti, imprimerie Cartonnage du Sud-est, imprimerie Reynaud, TB
imprimerie, imprimerie Liversain père et fils, imprimerie Chevalier, imprimerie Reboul, imprimerie Guy
Fendant, imprimerie Mondial Challenge, Roto Loire. Voir Annexes, p.9
14

L’inventaire de l’ancien matériel utilisé jusqu’à aujourd’hui dans certaines
entreprises a donc été le fil directeur de nos engagements à la fin du mois de mai et
en juin.
Parallèlement à cela, une entreprise de collecte de témoignages oraux
d’anciens ouvriers ou entrepreneurs stéphanois issus de la typographie au plomb a
été lancée : c’est avec le concours des archives municipales et de son conservateur
Corinne Porte qu’ont pu être mis sur cassettes spéciales cinq enregistrements 10 . La
spontanéité, la simplicité des interviewés sont parfaitement retransmises dans ces
rencontres qui ont donné lieu, à chacune des occasions, au remplissage de la part
du témoin d’un contrat de communicabilité : en effet, il a été rédigé ses droits
accordés à la structure municipale pour diffuser ou non ses propos enregistrés à
l’aide d’un magnétophone spécial et des cassettes DAT. L’un de ces entretiens a
nécessité l’emploi de cassettes vidéo.
Enfin, c’est pendant le mois de juin qu’a été rédigé le rapport destiné au
service culturel, aux décideurs et aux partenaires 11 . Les visites d’ateliers se sont
également étalées jusqu’à la fin de la période (le dernier site de production visité est
l’imprimerie Firm’Imprime au début du mois de juillet). Un carnet d’adresses a
également été complété tout au long de nos recherches 12 .
Tout au long de cette expérience professionnelle, il a été mis à notre
disposition un poste téléphonique, un bureau et un ordinateur, tout cet équipement
appartenant à la structure Ville d’Art et d’Histoire.
10
Voir Annexes, p.85
11
Idem, p.40
12
Ibidem, p.11
15

III/ Présentation des méthodes employées et définition des
thèmes abordés
1. Méthodes employées
L’avancée de notre recherche s’est accompagnée de méthodes de travail
spécifiques ; il paraît évident que l’on n’étudie pas de la même façon un document
d’archives et une machine utilisant la typographie au plomb.
Notre travail en archives (archives municipales, départementales, fonds
régional de la bibliothèque de Tarentaize) a été conduit comme suit : les cotes
relevées sur les classeurs mis à la disposition du lecteur ont été les premiers
éléments parcourus. Après avoir sélectionné les plus intéressantes (la série M
consacrée à l’Industrie a ainsi été privilégiée), nous nous sommes lancés dans la
recherche proprement dite. Deux cas de figure pouvaient alors se présenter : soit le
document se rattachait au secteur de l’imprimerie stéphanoise, soit il évoquait
l’ancienne typographie au plomb. Face à ces deux thématiques complémentaires,
nous avons pris en notes les deux thèmes (car la typographie au plomb ne peut être
dissociée du secteur des arts graphiques) car leur rareté en a fait leur intérêt.
De façon concrète, après avoir recopié la cote sur un bloc-notes, le spécimen
demandé était lu et ses informations notifiées.
Il n’en demeure pas moins que l’étude de certaines sous-séries a été
rapidement menée, le manque de temps nous contraignant de progresser
rapidement dans l’étude des documents issus du XIX e et du début du XX e siècles
(ceci notamment pour la sous-série F des archives municipales).
16

Au final, un répertoire des sources existantes sur le sujet de l’imprimerie et la
typographie stéphanoises a pu être dressé 13 : il pourra faciliter les futurs travaux
universitaires ou d’érudits sur le sujet et sera donné aux archives municipales.
Un index bibliographique similaire a également été réalisé 14 : nos lectures et
consultations de la base de données informatiques BRISE rassemblant l’ensemble
des catalogues des différentes bibliothèques stéphanoises nous ont conduit à
élaborer ce genre d’outil très utile pour le chercheur désireux d’approfondir le sujet.
Le centre de documentation du Musée de l’Imprimerie et de la Banque de Lyon et la
bibliothèque de la Fédération du Livre à Saint-Etienne se sont révélés richement
dotés en la matière.
Notre inventaire du matériel typographique existant sur le territoire communal
a lui aussi été régi par une organisation spécifique de la visite, reproductible dans
l’ensemble des cas envisagés.
Avant de se rendre sur le terrain, un travail conséquent a du être fourni, celui
de prévenir par courrier l’ensemble des imprimeurs du département du lancement
d’une recherche sur les machines et objets issus de cette branche des industries
graphiques. Après avoir obtenu la signature du directeur du service culturel (à
l’époque M. Bosquet), une recherche par Internet effectuée par l’une des secrétaires
du service Ville d’Art et d’Histoire a pu cerner le corpus d’industriels visés par
l’opération. Ce sont 86 établissements ligériens qui ont été prévenus dès le mois de
mai.
Face au nombre trop conséquent de visites, il nous a fallu retenir seulement
les établissements implantés sur la commune de Saint-Etienne 15 ; il nous était
impossible de se rendre sur chacun des sites vu le temps qui nous était imparti. Les
études menées auraient été imprécises.
Les 55 entreprises qui n’ont pu être observées ont reçu, au cours du mois
d’août, un questionnaire que devaient remplir leurs responsables 16 . Différentes
interrogations comme le nombre de typographes employés, de machines et de
13
Voir Annexes, p.18
14
Voir fin volume Texte
15
Voir Annexes, p.9
16
Idem, p.34
17

casses encore utilisées, de dons envisagés ont permis, pour celles qui nous l’ont
retourné, de révéler l’existence d’un patrimoine industriel de premier plan.
Les visites de 11 imprimeries ont fait suite à un appel téléphonique qui a fixé
un rendez-vous avec le responsable de l’établissement visé. Le contact avec la
trentaine d’ateliers de la ville nous a permis de demander avec précision l’état de
l’existant. Au final, plus du tiers des ateliers répertoriés a été choisi pour procéder à
un relevé systématique des machines, outils et espaces de travail (MC imprimerie,
imprimerie Vasti, Imprimerie Cartonnage du Sud-est, imprimerie Reynaud, TB
imprimerie, imprimerie Liversain père et fils, imprimerie Chevalier, imprimerie Reboul,
imprimerie Guy Fendant, imprimerie Mondial Challenge, Roto Loire situées à Saint-
Etienne, Firm’ Imprime à Firminy).
Ces visites ont débuté le jeudi 30 mai pour s’achever le 4 juillet 2002. Dans
chacun de nos déplacements, une fiche-inventaire 17 était fidèlement remplie suite à
la présentation et la visite des espaces de production, accompagné le plus souvent
par le directeur.
En voici les grandes lignes : tout d’abord, nous nous sommes intéressés au
matériel de production, c’est-à-dire aux objets et machines manipulés pour la
fabrication d’imprimés au plomb (nom, fonction, nombre, état, utilisation
contemporaine, mensurations, date d’achat…).
La seconde étape de ce type d’investigation a été de prendre en considération
le bâti (dimensions, date et matériaux de construction, nombre, type d’ouvertures et
de toiture, état actuel, croquis). Un croquis des volumes et de la disposition des
machines parachevait ce point.
Enfin, diverses questions ont été posées à notre accompagnateur concernant
le travail et la production de l’établissement (date d’installation, historique, nombre de
salariés, d’ouvriers typographes, existence d’un dépôt de machines, accord pour un
(ou des) don(s) à la ville dans la perspective de création d’un Centre des Arts
graphiques).
17 Voir Annexes, p.31
18

La durée de ces déplacements « sur le terrain » a été de 3 heures en
moyenne, voir davantage pour certains ateliers (Imprimerie Chevalier, Firm’
Imprime).
Bien évidemment, la prise de photographies a contribué à mettre sur papier et
conserver en mémoire ce que nous avons pu observer 18 : 13 développements de 25
clichés en moyenne (plus de 320 au total) ont été nécessaires pour retranscrire en
partie l’objet principal de ce travail universitaire, à savoir l’existant.
Ce corpus légendé, classé et les négatifs correspondant devraient être
prochainement conservés aux Archives municipales de Saint-Etienne. La base de
données informatiques correspondante restera disponible dans les locaux de l’unité
Ville d’Art et d’Histoire.
Enfin parallèlement à cela, nous avons choisi, après nous être entretenu avec
Corinne Porte, conservateur en chef aux Archives municipales, de recenser et
d’enregistrer les derniers ouvriers ou retraités qui ont travaillé dans les imprimeries
stéphanoises (presse et labeur) du milieu du XX e siècle. Connaissant les méthodes
de travail traditionnelles, ceux-ci constituent la mémoire vivante de l’apogée de la
typographie à Saint-Etienne (années 1950).
Au départ, il nous a été difficile de retrouver le nom et les coordonnées des
intéressés. Puis, au fur et à mesure de nos rencontres et visites d’ateliers, notre liste
de témoins s’est progressivement étoffée. L’aide de Ms Delmoure et Ramirez s’est
révélée précieuse. C’est ensuite qu’ont été envoyé par courrier une lettre explicative
signée par le directeur du service Culture, un protocole d’entretien soulignant les
aspects juridiques de l’entreprise (droits du témoin…) 19 , une grille d’interview
signalant les principaux thèmes abordés 20 .
Nous nous sommes rendus à 6 reprises soit à la Bourse du travail, soit au
domicile de personnes pour enregistrer sur magnétophone. Le matériel utilisé nous a
été prêté par les Archives municipales : il s’est composé d’un magnétophone spécial,
de deux micros, d’un baladeur qui nous a permis de réécouter les propos mis sur
18 Voir Annexes, p.152 et suivantes
19
Idem, p.87
20
Ibidem, p.95
19

cassettes DAT (durée : 90 minutes). A une seule reprise, un caméscope muni de
minis DV a permis de filmer notre interlocuteur 21 .
Un questionnaire 22 nous servait de fil conducteur lors de nos entrevues mais
le témoin n’était nullement contraint de suivre ce plan prédéfini : le caractère ouvert
des interrogations a été privilégié. Les thématiques abordées ont été les suivantes :
état civil de l’interrogé, carrière effectuée, formation, poste de travail occupé et
responsabilités, vie dans l’atelier, sociabilité ouvrière, description de l’espace de
travail, des machines employées, de la production, nombre d’employés, comparaison
avec le labeur ou la presse, méthodes de travail au plomb, opinion personnelle sur la
période 1950-60, place des industries graphiques à Saint-Etienne et comparaison
avec les autres régions d’imprimeries…
Au terme de chaque entretien, un contrat de communicabilité a été signé par
le témoin 23 , C. Porte et nous-même : ce document mentionne de façon manuscrite
les volontés de l’individu questionné concernant l’utilisation future de ses propos
(question des descendants, ouverture au grand public, aux médias…).
Les différents enregistrements audio sont précieusement conservés dans le
magasin climatisé des Archives municipales et seront mis à la disposition du public,
tout en respectant les conseils du témoin. Une sous-série va être prochainement
créée : vont y figurer les enregistrements audio et VHS ainsi que les futurs
témoignages des typographes stéphanois. Par exemple, la cote 1... correspondra à
l’intervention de M. Y, la cote 2… celle de M. Z.
Concernant les documents audio, ils sont dupliqués en 2 exemplaires au
moins afin que l’original ne soit nullement détérioré par les nombreuses
manipulations. Une première reproduction servira donc au chercheur (si celle-ci est
communicable), une seconde interdite de lecture sera déposée à la Cinémathèque
de la ville pour prévenir tout risque de destruction (incendie…).
Pour les enregistrements vidéo, la structure municipale ne disposant pas
d’appareil de lecture des minis DV, ceux-ci vont être déposés à la Cinémathèque en
21
Voir Annexes, p.85
22
Idem, p.96
23
Ibidem, p.100
20

excluant toute forme de communication ; deux copies y seront réalisées sur support
VHS.
21

2. Thématiques abordées
C’est dans le secteur des industries graphiques, et plus particulièrement de
celui de l’impression, qu’il convient de situer notre recherche sur la typographie
stéphanoise. Si dans la première moitié du XX e siècle, les évolutions techniques ont
progressé de manière relativement lente et prévisible, il s’agit davantage, dans la
seconde moitié de la période de bouleversements voire de révolution pour
l’ensemble de cette branche d’activité 24 .
Les années 1970 et l’apparition de la photocomposition ont sonné le recul du
travail de composition au plomb pour une grande partie des imprimeries françaises,
et notamment celles de la région stéphanoise.
D’après M. Peyronnet de la Chambre syndicale des Maîtres-imprimeurs de
l’arrondissement de Saint-Etienne, l’imprimerie peut être définie de la façon
suivante :
« C’est l’art de reproduire une image, un écrit, en pressant soit contre du papier,
soit contre du tissu, une planche appelée « forme » composée de dessins, de
caractères qui, encrée, dépose cette encre soit sur le papier, soit sur le tissu et que
l’on reproduira à plusieurs exemplaires. » 25
Il apparaît donc que le terme « imprimerie » est indissociable de l’utilisation du
plomb. Dans impression, il y a le mot pression, ce qui signifie que les procédés
ancestraux utilisés (comme les formes en plomb) transfèrent physiquement l’encre
par la pression d’une forme imprimante sur le papier.
Expression graphique à part entière, la typographie 26 est, quant à elle, à la fois
l'art et la technique de choisir et d'assembler des types, signes et gravures dont la
surface en relief, revêtue d'encre, permet de reproduire par pression sur un support
imprimable (papier, carton, plastique, étoffe, métal, etc.), à un nombre quelconque
d’exemplaires identiques, des textes et illustrations de toute nature.
24
Voir Annexes, pp.107, 110
25
In Chambre syndicale des maîtres-imprimeurs de l’arrondissement de Saint-Etienne, L’imprimerie à
Saint-Etienne et sa région. De 1790 à 1950, Le Hénaff, Saint-Etienne, p.6
26
Voir Annexes, p.117 et suivantes + Lexique, p.103
22

Le compositeur, placé devant la casse 27 , réunit les caractères lettre par lettre
(« lever la lettre ») puis ligne par ligne dans un composteur préalablement justifié,
c’est-à-dire ayant précisément la longueur que l'on donnera à la ligne de manière à
ce que les lignes successives forment un bloc (c’est la « justification »). Les mots
sont séparés par des espaces. La ligne n’étant en général pas pleine (elle n’occupe
pas toute la longueur de la justification), il faut calibrer et caler l’ensemble. Puis la
ligne est disposée dans la galée 28 , jusqu’à constituer une page, laquelle est attachée
(le « nœud ») et déposée à son tour dans la forme typographique – le terme désigne
l’ensemble des pages de texte réunies dans un châssis et servant à imprimer une
feuille. Cette opération est appelée l’imposition.
A Saint-Étienne comme dans les autres grands centres d’impression, la
typographie a été, pendant plus de 150 ans (fin XVIII e - années 1950), un des seuls
procédés capables de reproduire simultanément les écrits et les images.
Une thématique de travail spécifique doit aussi être mentionnée : il s’agit de
l’inventaire du mobilier 29 . Il nous a bien-sûr été nécessaire de décrire, répertorier et
de nommer avec précision les machines et objets typographiques observés lors de
nos déplacements dans les ateliers. Leurs volumes ont en partie conservé un
matériel de production traditionnel. Bien que cette entreprise ait été menée
minutieusement, il serait bienvenu de la compléter, le manque de temps nous ayant
contraint à ne pas pouvoir revenir dans les imprimeries visitées.
Le quatrième thème mis en avant dans ce mémoire de recherche appliquée
est celui de la conservation préventive 30 : en effet, un des fondements du projet de
réalisation d’un Centre culturel et scientifique de la typographie et des autres
industries graphiques du bassin stéphanois repose sur la définition d’un espace de
stockage où serait entreposé le matériel de valeur subsistant sur le territoire
communal, voire départemental. Cette réserve permettrait de stocker des objets et
machines issus ou non de l’imprimerie typographique et d’alimenter le futur site
d’exposition.
27
Idem, p.152 + Lexique, p.103
28
Ibidem, p.103
29
Idem, p.149 et suivantes
30
Voir Partie 2, III/, 3, 3.1. , Partie 3, I/, 1.1.
23

Cela soulève donc le problème de protéger et de conserver ces artéfacts en
état afin de pouvoir les présenter au grand public dans un avenir encore non défini.
La réhabilitation ou la construction d’un bâti et l’aspect juridique de cette
entreprise représentent enfin les points forts de cette recherche sur la valorisation
d’un patrimoine industriel encore insoupçonné. Mettre au goût du jour et à la vue de
tous ce passé représente l’une de ses principales lignes directrices : en plus d’être
attirant du point de vue esthétique, les machines, objets et savoir-faire issus de la
période typographique demeurent d’une grande simplicité pédagogique. Les
méthodes de travail de ce secteur sont aisément compréhensibles et les matières
premières employées sont attirantes pour l’œil et l’odorat (encres, feuilles… 31 ).
Pour cela, un espace de réserve et d’exposition devient nécessaire pour
recréer une atmosphère de travail semblable à celle que l’on pouvait trouver il y a 50
ans dans les ateliers d’impression de la ville. La mise en marche de quelques
exemplaires assurerait à n’en pas douter ce retour en arrière. Le bâti, représentatif
des conditions de travail de l’époque (soit une ancienne imprimerie, soit une structure
neuve), constitue donc une des pièces maîtresses de ce projet de valorisation. Sa
rénovation ou sa réalisation et l’installation des différents artéfacts devraient être
régies par le droit juridique, notamment celui se rapportant aux biens, et les
différentes dispositions d’urbanisme existantes à l’heure actuelle.
31 Voir Annexes, p.147
24

IV/ Les ambitions du projet de valorisation : objectifs et
partenaires
1. Les objectifs
Trois objectifs principaux ont guidé notre recherche.
L’inventaire du patrimoine technique stéphanois a constitué un temps fort dès
les débuts de cette étude 32 . La période qui nous a été impartie ne nous a pas laissé
le temps nécessaire pour répertorier de façon définitive l’ensemble du matériel
présent sur la commune de Saint-Etienne. Cependant, les principaux lieux où
l’ouvrier fait encore usage du plomb pour ses impressions ont été observés et décrits
dans leur ensemble grâce à l’emploi de fiches-inventaire. Il est donc tout de même
apparu que ce secteur d’activité stéphanois, encore dynamique à l’heure actuelle,
recèle des trésors patrimoniaux de première importance.
Aujourd’hui encore, le tissu urbain de la ville a conservé, dans un nombre non
négligeable d’entreprises, un matériel de production datant de la « Belle époque » de
la typographie stéphanoise, c’est-à-dire les années 1950-60 33 . Malgré les progrès
techniques irrémédiables, les presses Heidelberg et les casses assemblées pour
certaines au XIX e siècle forment les outils de travail contemporains des typographes
locaux.
Prendre les mesures de ces artéfacts permet de mettre sur papier leurs
caractéristiques, de mieux les appréhender et par la suite de déterminer leur valeur
patrimoniale et d’en assurer la conservation.
La conservation représente donc le second objectif de cette étude ; léguer aux
générations futures les héritages d’une époque qui tendent progressivement à
disparaître encourage la transmission d’un savoir unique. De plus, autour de
32
Voir Partie 2, III/
33
Voir Annexes, p.149 et suivantes
25

l’utilisation du plomb s’est greffée une mémoire ouvrière de plusieurs centaines de
salariés (l’imprimerie stéphanoise regroupait il y a une cinquantaine d’années plus de
1.500 travailleurs). Intégrés au labeur, c’est-à-dire à la production de livres, revues,
imprimés administratifs etc. ou à la presse (les quotidiens d’information), ces
hommes et femmes ont contribué et contribuent encore à la grandeur, à la
renommée de Saint-Etienne et à la reconnaissance du savoir-faire des
établissements industriels de la région. Les typographes de formation, en activité ou
retraités (de moins en moins nombreux) sont les garants de gestes et de paroles
spécifiques à cette branche d’activité et qui ne doivent nullement disparaître.
Il est donc apparu bienvenu d’entreprendre la réalisation de plusieurs
interviews de témoins, qu’ils soient ouvriers ou chefs d’entreprise. Cette diversité
statutaire a manifesté l’entière spécificité des métiers au plomb et toute leur
originalité.
Enfin, faire connaître la thématique patrimoniale de l’industrie typographique
aux décideurs et aux futurs partenaires du projet en assure sa validité. A Saint-
Etienne, la mise en valeur des anciennes activités minière, sidérurgique et
métallurgique, la fabrication des cycles et des armes ont délaissé la branche
graphique bien que la ville et ses environs soient, depuis plus de 150 ans, l’un des
pôles les plus importants concernant la production d’imprimés 34 .
Une meilleure divulgation de cette strate patrimoniale ne doit être négligée car
l’on touche ici à l’extraordinaire savoir-faire local, au fondement de l’essor de Saint-
Etienne qui est devenu aujourd’hui l’assise du renouveau économique de la région :
apprendre les techniques d’élaboration et d’impression d’un texte ou d’une image est
aussi important que de faire visiter la galerie des mineurs du puits Courriot ou
d’expliquer le fonctionnement du pédalier Vélocio.
Diffuser auprès des professionnels de la Culture, des industriels et d’un large
public le dynamisme et l’intérêt de cette période s’avèrent ainsi primordial.
La finalité de cette étude est la création d’un conservatoire des techniques de
l’imprimerie stéphanoise et d’une vitrine du savoir-faire contemporain. Cet
34 Voir Annexes, p.150
26

équipement remplirait les fonctions d’accueil du public, de présentation, d’exposition
de ce patrimoine industriel et de sensibilisation aux industries graphiques actuelles.
27

2. Les partenaires
Différents partenaires institutionnels ont été sélectionnés afin de mener à bien
ce projet de valorisation.
2.1. Les partenaires scientifiques
Diverses institutions peuvent être énumérées afin de replacer cette
perspective dans le contexte scientifique de la région.
Etat Ministère de la Culture, Direction de l’Architecture
et du Patrimoine, cellule du Patrimoine
industriel
Ministère de l’Industrie et de l’Artisanat
Ministère de l’aménagement du territoire et de
l’environnement
Délégation interministérielle à la Ville
Ecole Estienne
Région Direction Régionale des Affaires Culturelles
Département Archives départementales de la Loire
Cet établissement culturel se révèle primordial dans la conservation des
documents relatifs à l’histoire et au développement de l’imprimerie dans le bassin
stéphanois et sur le territoire départemental. De plus, son service éducatif pourrait
être mis à contribution (séances de travail avec les scolaires : mise en place
d’expositions donnant lieu à l’élaboration de projets pédagogiques).
28

Communauté d’agglomération Saint-Étienne Métropole 35
Communauté de 24 communes, cela représente une entité indispensable à la
réalisation d’une valorisation d’envergure, la ville de Saint-Etienne se trouvant dans
l’impossibilité de financer seule la création d’un Centre des Industries graphiques.
En mars 2002, la Commission d’acteurs touristiques a, pour les dix années à
venir, défini sa politique touristique. Trois filières potentielles d’attractivité touristique
ont été clairement identifiées :
- le Design, qui correspond à une part de la tradition industrielle stéphanoise,
et qui s’affirme aujourd’hui comme la principale image porteuse de Saint-Etienne
Métropole (Biennale internationale, futur Centre du Design, Musées d’Art moderne,
d’Art et d’Industrie, ensemble le Corbusier de Firminy).
- le Patrimoine et les Savoir-faire, à l’origine de la grande qualification de la
main d’œuvre stéphanoise et de la densité de son tissu de petites et moyennes
entreprises qui en fait l’originalité dans le paysage français.
- la Nature et les pratiques qui lui sont liées (massif du Pilat, Gorges de la
Loire, Monts du Lyonnais).
Dès lors, la valorisation de l’imprimerie et la typographie de Saint-Etienne
intègre pleinement les aides communautaires européennes, et notamment l’objectif 2
du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) : soutenir la reconversion
économique et sociale des zones en difficulté structurelle.
Centre international du Design
Ouvert en 2005 sur l’ancien site de la manufacture nationale d’armes, cet
ensemble réunira en un même lieu la création, la formation, la prospective,
l’innovation etc. Un symbole fort de la reconversion de la ville qui a été le berceau de
Manufrance.
La confection des caractères en plomb suit certaines règles qui se
rapprochent davantage de celles du design que de l’art. La lettre et l’imprimé peuvent
35 Voir Annexes, p.6
29

inclure ce mouvement artistique et donner lieu à des travaux spécifiques (réalisation
d’exposition de gros caractères en plomb, en pierre…).
Ville de Saint-Étienne Ville d’Art et d’Histoire
Archives municipales
Ecole régionale des Beaux-Arts
Musée d’Art et d’Industrie
Atelier et Conservatoire des meilleurs ouvriers
de France
Maintenir, perpétuer le savoir-faire et l’amour du beau travail, telle est la
profession de foi des « Meilleurs ouvriers de France ». Leurs oeuvres (gravures,
travail du verre…) témoignent de leur grande virtuosité. Ces deux dernières
structures muséales mettent en avant des thématiques proches de celles du futur
centre graphique.
Bibliothèque municipale, Cinémathèque
Fête du Livre
L’organisation de conférences, d’expositions temporaires sur le thème de la
lecture, le soutien financier de cet organisme permettrait d’être affiliée au Centre
graphique lors de sa manifestation annuelle, l’une des plus fréquentées par les
Stéphanois et un grand nombre d’étrangers à la région.
Partenaires privés Imprimeurs stéphanois
Nos rencontres avec les typographes stéphanois en activité ou retraités nous
a permis de percevoir un réel encouragement de leur part, celui de mettre en avant le
patrimoine de l’imprimé. Le soutien de plusieurs d’entre eux est manifeste (Ms
Ramirez de Compiram, Delmoure, Danti de la Fédération du Livre, le personnel d’MC
Imprimerie, de TB Imprimerie…). La Fédération des Industries graphiques peut
30

également devenir un véritable terreau d’initiatives dans ce domaine. Cela replacerait
le Centre des Industries graphiques au cœur du tissu économique local.
Partenaires éducatifs
Fédération des métiers graphiques
Presse écrite
Ecole Nationale Professionnelle Etienne Mimard
Lycée professionnel Joseph Haubtmann
Héritier de l’ancienne Ecole typographique stéphanoise des années 1920, cet
établissement assure la formation et le renouvellement de la main d’œuvre
travaillant l’imprimé : il propose à ses élèves des formations spécifiques réservées
aux métiers graphiques d’aujourd’hui.
Structures associatives
Université Jean Monnet
(Institut des Etudes Régionales et des Patrimoines,
Faculté des Arts plastiques)
Musée du Vieux Saint-Etienne
Syndicat du Livre de Saint-Etienne
(Bourse du Travail)
La majorité des anciens compositeurs ou conducteurs typographes s’y
réunissent une fois par semaine ; leurs connaissances et leur savoir-faire sont très
précieux.
Office du tourisme de Saint-Etienne
Cet organisme serait une des principales figures de proue du futur Centre des
Industries graphiques en l’inscrivant dans les circuits touristiques locaux.
31

Centre culturel Scientifique, Technique,
Industriel de la Loire (la Rotonde)
Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle, lieu de médiation de
la culture scientifique technique et industrielle, la Rotonde propose des expositions,
des animations et des ateliers pédagogiques sur des thèmes variés pour des publics
différents.
Centre d’étude Régional du Patrimoine Industriel
Association dont le siège se situe à Saint-Chamond, elle regroupe un certain
nombre d’anciens industriels et travailleurs intéressés par la sauvegarde du
patrimoine industriel de leur région (vallée du Giers, Jarez). Propriétaire de vieilles
machines issues de l’industrie (métiers textiles…), ses réserves rassemblent
quelques spécimens devenus rares.
32

2.2. Les partenaires financiers
Les partenaires financiers susceptibles d’accorder une aide financière à ce
projet peuvent également être listés.
Europe Fonds structurels européens (FEDER) 36
A l’heure actuelle, la totalité du territoire de la communauté de communes
Saint-Etienne Métropole est éligible à l’objectif 2. Cette aide correspond aux contrées
gravement affectées par des problèmes structurels de reconversion économique et
sociale, associée à une réduction de la population.
Etat
Le projet de réaliser un Centre des métiers graphiques à Saint-Etienne peut
intégrer le Contrat de plan Etat/région de Rhône-Alpes dans l’objectif 2 pour
contribuer à la cohésion sociale et territoriale par la solidarité régionale.
Région
Ministère de la Culture et de la Communication
Ministère de l’Industrie et de l’Artisanat
Politique de la ville
Signé le 16 mars 2000, le Contrat de Plan entre l’Etat et la Région Rhône-
Alpes 2000-2006 mentionne, dans son volet culturel (programme X), qu’ « une action
volontaire doit être renforcée en faveur de la culture scientifique, technique et
industrielle. » Cette stratégie « permettra le financement de projets de musées de
culture scientifique et technique. L’Etat soutiendra spécifiquement la rénovation du
36 Voir Annexes, p.36
33

musée d’art et d’industrie de Saint-Etienne et la construction du musée du textile de
Roanne. La Région pourrait également accompagner dans ce cadre d’autres projets
thématiques » 37 .
Conseil régional
Département Conseil général
Chambre de Commerce et d’Industrie de la
Loire
Agglomération Saint-Étienne Métropole
La Communauté de communes est également éligible à l’objectif 3 du FEDER,
qui s’applique par ailleurs à l’ensemble de la Loire. Ce programme vise à soutenir
l’adaptation et la modernisation des politiques et systèmes d’éducation, de formation
et d’emploi.
Ville de Saint-Etienne
Associations Syndicat du Livre (Bourse du Travail)
Secteur privé Fédération des Métiers graphiques
Imprimeurs locaux
37 In site Internet Contrat de plan région Rhône-Alpes, http://www.rhone.pref.gouv.fr, p.116. Voir
Annexes, p.36
34

2. L’imprimerie et la typographie
stéphanoises : historique et
description de l’existant
35

I/ L’imprimé, état des lieux d’une mise en valeur culturelle
1. Saint-Etienne, une ville née de l’industrie
1.1. Houille, armes, fonte, cycle, rubans : les fondements de la
prospérité économique stéphanoise durant la révolution industrielle 38
Seconde agglomération de la Généralité du Lyonnais au XVI e siècle, Saint-
Etienne souffre du voisinage de Lyon et de Montbrison qui demeure la capitale
historique du Forez. La cité stéphanoise est une petite ville où les activités proto-
industrielles sont florissantes : l’extraction du charbon de terre, le travail des métaux,
le tissage de la soie se développent considérablement et entraînent un
accroissement démographique très important au cours des XVII e et XVIII e siècles. De
14.000 habitants en 1697, la ville passe à 28.140 en 1790.
Dotée en 1764 d’une « Manufacture Royale » d’armes pour le Roi au bord de
la place Chavanelle, Saint-Etienne vit de son activité artisanale très importante.
Largement utilisé pour les usages domestiques, le charbon extrait alimente aussi les
forges locales, bien que la métallurgie locale soit bien plus liée à la force hydraulique
et motrice du Furan et de ses affluents. L’artisanat du fer (quincaillerie ou
« clincaille », armurerie) et la rubanerie de soie constituent, à cette époque, les
principales ressources de la ville.
Sous l’Ancien Régime, Saint-Etienne dépend largement d’institutions, dont la
fiscalité et la justice, installées à Lyon ou à Montbrison. La situation géographique en
bordure du Massif Central laisse la ville très mal reliée au reste de la France et rend
difficiles les communications entre les personnes et les marchandises d’exportation.
Les guerres incessantes sous la Révolution puis l’Empire contribuent à
l’extraordinaire développement de l’armurerie de guerre. Saint-Etienne prend le nom
38 Les paragraphes a. et b. de cette partie se sont inspirés du dossier de candidature Saint-Etienne
Ville d’Art et d’Histoire
réalisé par le service Culture en 2000.
36

de « Commune d’Armes » puis d’ « Armeville » pendant les faits révolutionnaires. La
croissance industrielle, amorcée au XVIII e siècle, s’accélère et la ville devient la plus
grande ville industrielle française dans les premières décades du siècle de la
révolution industrielle.
Entre 1815 et 1860, son essor important lié à l’envolée économique régionale
est facilité par la naissance du chemin de fer. L’essor de la production houillère qui
s’intensifie sous le contrôle des ingénieurs de l’Ecole des Mines (créée en 1816), le
démarrage et l’apogée de la sidérurgie, la prospérité de l’armurerie et de la rubanerie
sont autant de facteurs qui entraînent un afflux de la population essentiellement dû à
une forte immigration d’individus originaires pour la plupart des régions voisines du
Velay et du Vivarais. Saint-Etienne passe dès lors de 16.259 habitants en 1801 à
40.000 en 1830.
Aux alentours de 1860, l’économie locale rencontre des difficultés cycliques
qui vont perdurer jusqu’en 1890. L’essor du réseau ferroviaire national et le
monopole, dès le Second Empire, de la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerrannée
rendent caduques les avantages acquis de Saint-Etienne par l’ouverture de la
première ligne de chemin de fer de France (Saint-Etienne-Andrézieux-Bouthéon en
mai 1827, puis Saint-Etienne-Lyon en 1832).
Les armes étrangères deviennent moins chères. Le bassin houiller montre
également ses limites et ne peut faire concurrence à la production du Nord et du
Pas-de-Calais. La sidérurgie connaît aussi des baisses d’activité en raison des
problèmes d’approvisionnement en minerai et la découverte d’un nouveau procédé
par Gilchrist en 1878 qui permet d’utiliser l’abondant fer de Lorraine. Ainsi, de 1882 à
1883, la production de fonte diminue de 70%.
De plus, la rubanerie traverse une grave crise autour des années 1870
(mévente des articles chers, baisse du prix de la soie et variations de modes).
C’est seulement vers la fin du XIX e siècle que se manifeste un certain
renouveau, résultat d’un effort d’adaptation. L’abandon d’une grande partie des
fabrications lourdes profite aux productions plus spécialisées de qualité comme les
aciers spéciaux. C’est le choix qu’effectue la Compagnie des Forges et Aciéries de
Saint-Etienne (fondée par Charles Barrouin en 1855).
37

La confection du ruban s’adapte également en développant de nombreux
progrès dans la mécanisation du métier à tisser. Les exemplaires créés sont de plus
en plus façonnés à l’exemple des menus et images tissées. Dès les années 1890,
les rubaniers Gabriel Forest et Clément Brossy équipent leurs usines de métiers
actionnés par l’énergie électrique.
Le développement des industries traditionnelles et la création des grandes
usines nécessitent l’établissement d’un réseau efficace de transports en commun
permettant d’irriguer les flux des personnes et des matières premières ou
manufacturées. Les tramways s’adaptent aux techniques : cheval, vapeur puis
électrique.
Des fabrications nouvelles relayées par des revues comme le cycle et les
pièces détachées d’automobile sont attestées par la création en 1897 de la Chambre
Syndicale de l’Automobile et du Cycle. Des chefs d’entreprises dynamiques sont à
l’origine de nouvelles industries qui cherchent pour s’implanter et s’agrandir de
terrains vastes loin de toutes constructions, en périphérie de la ville. La Manufacture
Française d’Armes (et de Cycles en 1902) dite Manufrance en 1948 est construite en
1885 par Pierre Blachon associé par la suite à Etienne Mimard. Le succès de cette
entreprise doit beaucoup à son système de vente par correspondance qui assure à
Manufrance une réputation internationale grâce au fameux catalogue intitulé le
« Tarif-Album » et au célèbre mensuel « Le Chasseur Français ». La fabrication des
armes de chasse et de tir, des munitions de chasse, des bicyclettes (Superbe,
Hirondelle), des machines à coudre (Omnia) qui s’appuie sur une organisation
rationnelle du travail très divisé et mécanisé, selon les principes tayloriens, a trouvé
son application dans la conception des bâtiments situés le long du cours Fauriel.
En matière de commerce alimentaire, Geoffroy Guichard et son beau-père
Jean-Claude Perrachon fondent en 1898 la Société Guichard-Perrachon, plus
connue sous le nom de « magasins du CASINO ». Cette société diffuse le système
de succursalisme mis au point par l’Union des Travailleurs en 1877, crée les « petits
casino » dès 1898 et organise un vaste réseau de fabrication.
La population de la ville atteint, après une période de stagnation (seconde
moitié du XIX e siècle), 146.559 habitants en 1901, puis 170.000 vingt années plus
tard. La forte demande d’armes réglementaires pour participer à l’effort de guerre
38

entraîne l’armurerie dans un essor économique et la cité devient encore un arsenal
de fabrication. La reconversion d’après-guerre s’opère sans trop de secousses.
L’activité économique des industries stéphanoises poursuit une croissance
régulière jusqu’en 1926. En 1927-28, cette bonne santé est ébranlée par de
sérieuses difficultés (crise dans l’armurerie, dans les mines, la métallurgie).
En outre, l’économie stéphanoise profite du second conflit mondial. La période
de reconstruction garantit une reprise dans les années 1950 grâce à la guerre de
Corée.
Toutefois, ce mouvement n’a pas de suite et la crise 1974 touche sévèrement
l’agglomération urbaine.
Les mines de houille ont été nationalisées en 1946 et leur exploitation confiée
aux Houillères du Bassin de la Loire. L’effort de rationalisation débouche sur une
politique de repli : le nombre des employés des Houillères baisse, entre 1946 et
1979, de 22.500 à 730 ; la production cesse entre 1975 et 1980. L’industrie textile qui
faisait travailler 40.000 personnes en 1946 n’en occupe plus que 15.000 en 1975, la
production de rubans s’est effondrée après 1968.
La concentration de la métallurgie entre 1953 et 1960 a permis à cette
branche industrielle de se maintenir mais non d’éviter les conséquences de la crise
générale française ; néanmoins, les industries mécaniques subsistent.
Après le boom de l’après-guerre, la fabrication des fusils chute : seuls des
secteurs limités comme l’arme de luxe résistent à la concurrence étrangère. La
Manufacture d’Armes et de Cycles devenue Manufrance connaît de graves difficultés
liées à la perte de débouchés (fermeture du marché colonial), à la routine et au
manque de lucidité des dirigeants et du personnel. La société fait faillite au début des
années 1980.
39

1.2. L’esprit d’entreprise d’hier et d’aujourd’hui
Saint-Etienne décline au présent et avec succès la tradition industrielle qui a
fait sa renommée et sa force. Issue des industries houillère, métallurgique,
mécanique et textile, l’économie locale a su opérer sa reconversion en s’appuyant
sur un réseau particulièrement dense de PME-PMI sans cesse en quête de
modernité. L’agglomération stéphanoise représente aujourd’hui un bassin de
150.000 emplois, soit environ 11.000 entreprises. Pour favoriser leur accueil, 3 zones
d’activités dont un technopôle de 40 ha regroupant 125 établissements ont été
élaborées.
Cette réussite est d’une certaine manière l’héritage du savoir-faire local et de
l’innovation technique d’une ville dont sont originaires nombre de déposants de
brevets d’invention depuis le XIX e siècle : Thimonier, inventeur de la machine à
coudre, Paul de Vivie dit Vélocio pour le changement de vitesse sur les cycles, Boivin
et le battant à crémaillère des métiers à tisser permettant des dessins complexes qui
ont fait la réputation des rubans de la ville.
Des capitaines d’industries comme Etienne Mimard et Pierre Blachon ou
Geoffroy Guichard et Jean-Claude Perrachon ont initié des procédés de vente
innovants comme la vente par Correspondance et la Grande Distribution qui ont
rendu leur entreprise célèbre (la Manufacture Française d’Armes et Cycles, puis
Manufrance ou la Société Casino).
En réorganisant le Palais des Arts en Musée d’Art et d’Industrie en 1889, en
créant en 1856 l’Ecole des Arts Industriels devenue aujourd’hui l’Ecole Régionale
des Beaux-Arts, la ville a encouragé l’alliance entre la production industrielle et le
processus esthétique de création et facilité les rapprochements entre ces deux
domaines.
Cette relation constante entre art et industrie, cette culture de l’objet industriel
et cette tradition de modernité mise au service de la production ont permis de créer
une manifestation originale de dimension internationale qui ne soit ni une foire, ni un
salon et qui permette de montrer à tous les publics la jeune création contemporaine
40

dans sa diversité ; il s’agit de la Biennale du Design. En octobre 1998, 125.000
visiteurs ont été recensés.
Dans la lignée de cet héritage, la ville de Saint-Etienne a projeté de réaliser
d’ici 2005 un Centre International du Design qui aura pour vocation de fédérer les
initiatives développées en ce domaine et devenir un pôle d’ingénierie culturelle. Basé
dans les anciens locaux de Manufrance, ce lieu va être la vitrine de cette filière, et
entretiendra avec la structure Ville d’Art et d’Histoire des relations privilégiées. Des
liens forts s’étoffent déjà avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-
Etienne sur des projets associant le monde économique actuel.
Le vecteur de la culture scientifique, technique et industrielle connaît un essor
important depuis quelques années dans la région stéphanoise et la mise en place
d’un centre dédié à ses industries graphiques renforcerait à n’en pas douter cette
tendance.
41

2. L’imprimerie typographique : une thématique profondément
ancrée dans l’histoire économique et sociale de la commune
stéphanoise
L’arme, le cycle, la houille, la sidérurgie et la métallurgie forment les bases de
l’histoire et l’économie stéphanoises : leur fabrication et leur exploitation (remontant
pour le charbon de terre et l’arme au Moyen-Age) ont favorisé la pleine croissance de
l’actuelle préfecture ligérienne.
Ici, la concentration des hommes et des grandes industries a favorisé le
développement d’une multitude d’activités qui contribuent à leur entretien et à leur
subsistance. A côté des branches de la mécanique, du bâtiment, du vêtement, de
l’alimentation et de la chocolaterie, une industrie mérite une mention spéciale par
l’importance qu’elle confère à Saint-Etienne en son domaine et par l’ampleur de ses
débouchés, à savoir l’imprimerie 39 .
Très active, cette dernière est récente. Lyon, qui a été le berceau de cette
industrie en France et qui est resté l’un des premiers centres, n’a eu guère
d’influence sur son origine, ni sur son développement.
Le premier établissement s’est installé à Saint-Étienne en 1790. A cette
époque, la ville et son agglomération se développent rapidement, comptant plus de
28.000 habitants. La production d’imprimés fait pourtant défaut comme le souligne
Joseph Boyer, premier entrepreneur stéphanois : « Dans la séance du Conseil
Général de la Commune du 17 juin 1790, le Maire expose en détail les difficultés
rencontrées par la Municipalité pour faire imprimer, n’ayant point d’imprimerie dans la
ville. » 40
Jusqu’à cette date, les administrations s’adressent aux Lyonnais pour faire
exécuter leurs travaux.
39
Voir Annexes, p.150
40
In Chambre syndicale des maîtres-imprimeurs de l’arrondissement de Saint-Etienne, L’imprimerie à
Saint-Etienne et sa région de 1790 à 1950, Le Hénaff, Saint-Etienne, p.15
42

Lorsque survient la Révolution, l’imprimerie est donc presque totalement
inconnue dans la cité : seuls deux libraires et deux papetiers se partagent les
commandes. En 1818, Saint-Etienne compte cinq imprimeurs lithographes et
papetiers.
Il faut attendre le milieu du XIX e siècle pour qu’apparaissent des revues
savantes, des journaux publics comme « la Voix du Peuple » et que cette activité
prenne un brillant essor 41 .
Mais c’est surtout à partir des années 1900 que l’imprimerie connaît son plus
important développement dans la Loire, et plus particulièrement à Saint-Étienne qui
regroupe alors une cinquantaine d’établissements. Les plus importantes ont une
clientèle parisienne et nationale, les autres travaillent surtout pour l’industrie locale
du ruban. Ces ateliers ne sont nullement comparables les uns avec les autres. En
très grande majorité, une multitude d’ateliers artisanaux travaillent au jour le jour, non
mécanisés, avec un matériel et un personnel très réduits. De l’autre côté se
retrouvent les « usines à livres », mécanisées, où les effectifs d’ouvriers sont bien
supérieurs, qui assurent l’essentiel de la production livresque et dont l’organisation et
les pratiques sont complètement différentes. Certains noms doivent être
cités comme :
- l’Imprimerie A. MULCEY, fondée en 1829 (Le Mont-Bellevue).
spécialités : étiquettes, boîtes pliantes, boîtes mixtes
- l’Imprimerie A. WATTON, fondée en 1839 (12, rue de Gutenberg).
tous travaux d’impression pour publicité et conditionnements
- l’Imprimerie THEOLLIER, fondée en 1844 (12, rue Gérentet).
journaux, annuaires, revues et éditions, travaux commerciaux, affiches
- l’Imprimerie LE HENAFF, fondée en 1890 (34, rue Balaÿ).
étiquettes, dépliants publicitaires, travaux-réclames, catalogues, éditions de luxe,
boîtes pliantes pour l’alimentation et produits divers, découpage de cartons, registres
étiquettes, imprimés pour la fabrique, rubans, soierie, tissus élastiques, manifolds,
etc. étiquettes vins et liqueurs, travaux de commerce et administratifs
41 Voir Annexes, p.150
43

- l’Imprimerie CHAVANNE et DODEVEY, fondée en 1923 (77, rue Marengo).
Le travail d’impression a été adopté à Saint-Étienne 350 ans après sa
naissance (invention de la presse à bras par Gutenberg en 1449) et n’a connu une
réelle expansion qu’à partir des années 1830.
Ce mouvement a été lié à la bonne santé des industries locales, en particulier
la rubanerie, la soierie, le textile, l’extraction de la houille, les produits métallurgiques,
l’armurerie, le cycle, la chocolaterie, les Etablissements économiques du Casino,
Manufrance etc. Ces activités ont nécessité l’impression de catalogues, dépliants,
prix courants, tarifs, travaux de publicité, étiquettes et de nombreux articles de
conditionnement, pliage, boîtage, cartonnage divers… Les éditions de livres,
journaux, revues, imprimés administratifs et commerciaux les plus divers connaissent
elles-aussi une croissance notable 42 .
Trente six ans après l’organisation nantaise, c’est en 1869 qu’est fondée la
Chambre syndicale typographique stéphanoise. Quant à la Fédération française des
Travailleurs du Livre, elle n’est mise en place qu’en 1881.
Saint-Étienne devient également en 1927 un grand pôle de formation des
métiers graphiques : à cette date sont créés les Cours professionnels
d’apprentissage de l’Imprimerie par la Municipalité sous le nom d’« Ecole
Typographique Stéphanoise » 43 , implantée rue Etienne Mimard. Fait original, la
direction des organismes d’apprentissage est assurée dès 1943 par un conseil
tripartite composé de chefs d’entreprise, de cadres et d’ouvriers. Ces cours ont été
parmi les plus modernes et les mieux organisés de France grâce à cette gestion
collégiale assurée par l’ensemble des organisations (syndicales) de la profession.
Cinq spécialités ont été dispensées à 137 élèves en 1962 : la composition
typographique, l’impression typographique, le report photomécanique, l’impression
offset, la papeterie 44 .
42
D’après P. Chauvet dans Les ouvriers du livre en France. De 1789 à la constitution de la Fédération
du Livre, la situation de l’imprimerie en France en 1847 est la suivante : le département de la Loire
regroupe 6 imprimeurs faisant travailler 68 employés (p.658), le Rhône possède 22 établissements, le
Nord, 26, le Pas-de-Calais, 19. A titre de comparaison avec le territoire ligérien, le Tarn-et-Garonne
comprend également 6 imprimeries à la même époque.
43
Voir Annexes, p.151
44
Statistiques retrouvées dans les archives du Syndicat du Livre concernant les Cours professionnels
d’imprimerie de la Loire. 166 apprentis ont été dénombrés pour le département en janvier 1966, dont
87 pour la ville de Saint-Etienne.
44

Reconnu, cet enseignement a, depuis 1976, été transféré au lycée
professionnel Joseph Haubtmann où nombre de scolaires ligériens et des
départements voisins poursuivent un cursus axé autour des nouvelles technologies.
En outre, en 1937, M. Perrin décrit l’imprimerie de la cité :
« Aujourd’hui, elle est favorisée par l’ampleur du marché local et par la richesse en
main d’œuvre. Elle compte 70 maisons, d’importance très inégale, mais dont 4 ou
5 sont des établissements assez considérables. Le nombre d’ouvriers est voisin de
3.000 ; ils sont formés pour la plupart, dans les ateliers d’apprentissage des
imprimeries et dans une section spéciale de l’Ecole nationale professionnelle ; ils
peuvent compléter leurs connaissances dans plusieurs cours de perfectionnement.
La production comprend toute sorte de travaux, avec une spécialisation marquée
dans les ouvrages commerciaux et la lithographie. Elle se répartit, moitié dans la
région, moitié dans les départements du Centre et du Sud-Est. » 45
En 1950, la chambre syndicale des maîtres-imprimeurs de l’arrondissement de
Saint-Etienne regroupe plus de 80 membres, dont 63 dans son chef-lieu.
De nos jours, l’imprimerie occupe toujours une place importante dans le
département de la Loire. A la clientèle locale s’est greffée une clientèle nationale,
voire européenne qui assure le maintien de l’activité et la modernisation des
entreprises. On en compte environ cent trente relevant de l’industrie graphique, dont
cinq figurent parmi les plus performantes de France 46 . Cette densité place le territoire
ligérien au premier rang des régions d’imprimerie par rapport à son nombre
d’habitants 47 .
L’imprimerie et plus spécifiquement la typographie au plomb a, jusqu’aux
années 1960, joué (et joue encore) un rôle prépondérant dans la progression
économique de Saint-Etienne 48 . A l’image de la houille, de la soie, de l’arme et du
45
In M. Perrin, Saint-Etienne et sa région économique. Un type de la vie industrielle en France, Arrault
et Cie, Tours, 1937, p.344
46 e
Il s’agit entre autre du groupe Hautageon (20 place), de l’établissement Chirat, à Saint-Just-la-
Pendue (67 e place) ; in revue « Caractère », décembre 2001. Les pages jaunes dénombrent, pour le
département de la Loire en juillet 2002, 130 imprimeurs.
47
D’après la Chambre des Métiers de Roanne, on retrouve, en septembre 2002, 86 établissements
inscrits de moins de 10 salariés dans les arrondissements de Saint-Etienne et Montbrison, 15 dans
l’arrondissement de Roanne.
48
A la fin de l’année 1972, à l’échelle départementale, l’industrie du papier et du carton regroupe 21
établissements et 796 salariés ; autrement plus conséquentes sont les industries polygraphiques
(presse, édition) fortement concentrées, qui intéressent 132 établissements et 1.544 salariés.
L’imprimerie de labeur est importante avec 77 maisons moyennes ou petites et 1.098 salariés (dont
45

cycle, il s’agit d’un maillon fondamental de l’histoire locale et de la bonne santé de
l’économie stéphanoise d’aujourd’hui. Avec une trentaine d’établissements de labeur
présents sur le territoire communal 49 , ce sont plusieurs centaines de personnes qui
dépendent encore de cette activité 50 .
Telle quelle, la Loire, et particulièrement la circonscription consulaire de Saint-
Etienne/Montbrison, occupe une place importante dans la chaîne graphique 51
française après l’Ile-de-France, avec près d’un millier d’entreprises de toutes tailles.
Saint-Etienne partage, avec les régions lyonnaise et grenobloise, le privilège de
regrouper les rotativistes offset 52 et les façonniers industriels, et d’une façon générale
les entreprises spécialisées en saisie et en traitement de texte, en impression ou en
façonnage.
Malgré une féroce concurrence d’unités qui, de part un parc technique plus
moderne et mieux adapté aux exigences du marché actuel (délais de livraison
réduits, production toujours plus importante…) malmène les petits ateliers comme
ceux que l’on retrouve sur le territoire communal stéphanois et de nouvelles
habitudes 53 pris par les particuliers, la typographie au plomb perdurera car le besoin
365 femmes) que domine l’imprimerie Mulcey (132 salariés dont 45 femmes). In Schnetzler J., Les
industries et les hommes dans la région stéphanoise, Le Feuillet blanc, Saint-Etienne, 1975, p.247
49
Voir Annexes, p.146
50
En avril 1985, l’on dénombre dans le département de la Loire 122 imprimeries de labeur (71 unités
de moins de 5 salariés appartiennent donc au secteur artisanal, soit 58% (moyenne nationale : 56%)).
Pour cette même année, l’on recense dans l’arrondissement de Saint-Etienne 35 espaces de
production ; pour ceux de Montbrison et de Roanne, respectivement 7 et 9. Le détail du nombre
d’imprimeries pour le territoire communal stéphanois s’élève à 55, de loin le plus important. A l’échelle
départementale, toujours pour l’année 1985, 122 entreprises regroupent 1.052 salariés, dont 802 dans
la circonscription consulaire de Saint-Etienne/Montbrison, qui abrite ainsi plus de 76% des emplois.
Une analyse plus fine permet d’observer que 11 entreprises industrielles de 20 salariés et plus,
domiciliées dans la circonscription consulaire emploient 438 salariés, soit 41,60% de l’emploi total
départemental. Ces unités, par ordre décroissant des effectifs, sont par exemple : SMIC (79), à
Montbrison, Dumas (57), Titoulet et Rémy (47) à Saint-Etienne, Imprimerie Générale du Centre (20)…
Il y a donc lieu de mentionner qu’aucune imprimerie de labeur ligérienne, depuis le début des années
1980, n’emploie plus de 100 salariés.
Voici quelques statistiques relatives au secteur de l’imprimerie de presse et de labeur sur le plan
national, ceci pour la décennie 1990 : en 1990, 10.400 entreprises regroupaient 130.500 salariés ; en
1993, 10.000 unités pour 115.300 personnes ; en 2000, l’on retrouve seulement 7.500 entreprises
pour 92.000 salariés. Les conséquences de l’informatisation des procédés d’impression apparaissent
ici nettement : la baisse des employés est significative depuis la décennie 1990. Pour l’année 2000, le
classement des régions productrices d’imprimés est le suivant : n°1, la région parisienne avec 19.152
postes, n°2, le Centre avec 6.125 postes, en n°3, le Nord-Pas-de-Calais avec 5.815 salariés. Ces
statistiques ont été notées à partir du numéro de la revue « Caractère » du 18 décembre 2001.
51
Voir Annexes, p.116
52
Voir Annexes, p.103
53
Les particuliers effectuent de plus en plus sur leur propre ordinateur les invitations ou enveloppes
autrefois réalisées au plomb par le compositeur typographe.
46

de petits travaux (perforation, numérotation 54 , cartes de visite, carnets, factures 55 …)
effectués à moindre coût et en un minimum de temps perdurera dans les années à
venir. Il est néanmoins inévitable que le rétrécissement des marchés va entraîner la
fermeture de certaines imprimeries de labeur aujourd’hui en déliquescence (par
exemple MC, TB imprimeries). De plus, le poids du numérique est grandissant et
toujours plus important année après année ; la publication assistée par ordinateur
(PAO) est devenu un outil commun pour bon nombre d’entrepreneurs stéphanois (TB
et MC imprimeries, Imprimerie Cartonnage du Sud-est, Imprimeries Chevalier,
Fendant, Vasti, Liversain, Reboul, Firm’Imprime).
54 Il n’existe actuellement aucun logiciel informatique qui puisse réaliser de façon continue une
numérotation de documents.
55
Voir Annexes, p.147
47

3. La composition au plomb : un savoir-faire unique en voie de
disparition
3.1. Manipuler les caractères en plomb, un labeur traditionnel hérité de
Gutenberg
L’élément essentiel de l’invention de Gutenberg (milieu XV e siècle) porte non
pas sur la presse à imprimer mais sur la machine à fondre et sur la technique
métallurgique de multiplication des caractères typographiques (les types).
En ce qui concerne la composition typographique proprement dite, les
maillons de la chaîne de fabrication sont essentiellement au nombre de trois 56 :
- la préparation du texte ;
- l’assemblage ;
- la mise en pages.
A l’heure actuelle, dans les petites imprimeries stéphanoises, les trois groupes
de tâches sont souvent assurés par la même personne. Dans les grandes
entreprises par contre, ils sont pris en charge par des services distincts.
Dans les grands ateliers de composition, le texte est contrôlé et annoté par un
préparateur qui prévoit aussi les éventuels problèmes qui n’ont pas été repérés
pendant les étapes précédentes chez l’éditeur. Dans les petits ateliers, le contrôle et
la mise en cohérence du texte sont souvent assurés par le compositeur au cours de
la composition.
Les différentes étapes de la composition manuelle sont les suivantes 57 :
La copie dactylographiée ou manuscrite est d’abord préparée suivant les
instructions du client ou de l’éditeur (souvent élaborée en concertation avec le
service commercial de l’imprimeur), avant d’être donnée au compositeur. Ces
56
Voir Annexes, p.116 + 117 et suivantes
57
Voir Lexique, volume Annexes, p.103 pour ce paragraphe
48

instructions sont déterminées par la forme que prendra l’imprimé final, par les choix
esthétiques et par les contraintes imposées par le budget et le délai de fabrication.
Le préparateur relève les incohérences dans la présentation du texte (dans la
hiérarchisation des titres, l’usage des lettres majuscules, abréviations etc.).
Le texte est ensuite assemblé en lignes par le compositeur travaillant dans un
atelier où les tâches de composition et de mise en forme sont effectuées par des
agents différents, ou dans un atelier où le compositeur prend en charge en partie des
opérations de mise en forme typographique. Dans tous les cas de figure, la
composition en plomb est effectuée dans une imprimerie ou dans un atelier de
composition spécialisé. Si, au cours de la composition, le compositeur remarque des
erreurs qui n’ont pas été relevées par le préparateur, elles seront marquées sur la
copie avec une demande de clarification de la part de l’auteur.
En composition manuelle le compositeur travaille debout devant deux casses
contenant les lettres de l’alphabet, chiffres, signes de ponctuation. Dans chaque
casse les lettres sont réparties selon leur fréquence d’usage dans les cassetins. La
casse utilisée pour la composition des journaux ou des livres est différente de celle
employée pour les travaux de ville. La casse la plus près du compositeur (celle d’en
bas) contient les caractères minuscules, la deuxième (celle d’en haut) contient les
capitales, moins utilisées que les minuscules.
D’une main, le compositeur choisit les lettres une par une pour les ranger
ensuite, ligne par ligne, dans le composteur qu’il tient dans l’autre main. Quand il a
assemblé suffisamment de lettres et d’espaces dans le composteur - c’est-à-dire
quand il ne peut pas y mettre un autre mot complet ou un mot coupé suivant les
règles de césure - le compositeur doit justifier la ligne, c’est-à-dire répartir le blanc
qui reste entre les mots ou le mettre à la fin de la ligne pour que la longueur de
chaque ligne soit identique à toutes les autres. Les lignes sont ainsi pour que le texte
soit physiquement bien serré une fois assemblé en pages. Pendant la composition,
le compositeur doit lire les lettres à l’envers et faire tous les calculs nécessaires en
points typographiques.
Une fois composées, les lignes sont assemblées « en paquet » et ficelées
avec de la ficelle typographique spéciale ; elles sont relues et les coquilles corrigées
49

en remplaçant des lettres, mots ou lignes concernées. Les paquets sont ensuite mis
en page avec les folios, titres courants, illustrations, etc. Les pages sont imposées
dans un châssis avec d’autres éléments graphiques (clichés, etc.).
C’est cet ensemble d’éléments qui constitue la forme imprimante. Les pages
sont assemblées sur une table (le marbre) et maintenues à l’aide de garnitures et
serrures qui tiennent les éléments d’impression en place pour l’impression.
Intervient ensuite la distribution qui consiste à repartir toutes les lettres dans
leurs cassetins respectifs après le tirage. Un bon compositeur peut composer
jusqu’au 1.500 signes à l’heure et peut distribuer 5.000 lettres à l’heure.
50

3.2. Le renouveau des industries graphiques
Alan Marshall, auteur d’une thèse sur l’évolution technique de l’imprimerie
depuis le XIX e siècle 58 , souligne clairement la fièvre du modernisme qui s’est emparé
de ce travail et le concerne toujours depuis quelques décennies :
« Depuis quarante ans, les industries graphiques ont été profondément modifiées
sous l’impact d’une évolution technico-économique en accélération constante, au
point que certains secteurs de l’imprimerie sont difficilement reconnaissables par
rapport à ce qu’ils étaient il y a vingt ou trente ans. Aujourd’hui, le plomb n’est plus
qu’un souvenir lointain pour la plupart des professionnels de la chaîne graphique.
Depuis la fameuse « mort de Gutenberg » annoncée par Maximilien Vox dès le début
des années cinquante, deux générations d’imprimeurs ont déjà appris et exercé leur
métier avec les techniques nouvelles.
Dans le domaine de la composition, cette évolution s’est traduite par quatre
générations de photocomposeuses qui ont embrassé, en l’espace de quatre
décennies, toutes les techniques du vingtième siècle, de la mécanique classique au
tout digital. Quatre « générations » qui se sont succédé à une vitesse qui a souvent
dépassé la capacité de la plupart des imprimeurs à suivre l’évolution technique. La
photocomposition, le traitement de texte, la micro-informatique et l’informatisation
généralisée de la production de documents ont profondément bouleversé les
techniques et méthodes de travail, tout en ouvrant les métiers graphiques (…) à tous
ceux qui ont à faire avec la production et la manipulation des textes. » 59
Les imprimeurs habitués depuis plusieurs générations aux techniques
traditionnelles de composition mécanique en plomb introduites au début du siècle ont
dû faire face à une accélération sans précédent du cycle d’innovations.
Jusqu’aux années 50, l’identité professionnelle et les traditions ont été
gardées en dépit des vagues successives d’innovation qui avaient touché leur métier
au cours des cinq siècles passés. Même la mécanisation de la composition, qui avait
très sérieusement bousculé l’organisation socio-économique de l’imprimerie du début
du XX e siècle, n’avait pas pu remettre en cause les fondements du savoir-faire
typographique.
58
Voir Annexes, pp.107, 110, 112
59
In Marshall A., Ruptures et continuités dans un changement de système technique. Le
remplacement du plomb par la lumière dans la composition typographique, Rennes, 1992, p.9
51

A la fin années 50, la multiplicité des innovations techniques dans les
domaines de l’impression et de la composition modifient l’organisation même des
industries graphiques. Car une poignée d’imprimeurs est prête à investir dans de
nouveaux procédés susceptibles de résoudre les problèmes croissants posés par la
composition en plomb, « devenue de nouveau le principal goulot d’étranglement au
sein de la chaîne graphique » 60 .
Dès lors, le développement de la photocomposition 61 s’affirme parallèlement
au mouvement d’informatisation ; l’amélioration de la productivité est très sensible
puisque l’on note une diminution du personnel et des stocks, une augmentation de la
vitesse des machines, une réduction des délais de fabrication.
De plus, l’offset, qui détient une part importante des marchés
traditionnellement réservés à l’impression typographique connaît un essor, appuyé
par des progrès techniques et la croissance des marchés des produits de
conditionnement et de la publicité en couleurs.
Avec l’introduction de la première génération de photocomposeuses calquées
sur l’Intertype et la Monotype, la composition photographique s’avère un concurrent
sérieux aux techniques traditionnelles de composition au plomb. C’est véritablement
à partir des années 1960-70 que le savoir-faire traditionnel de l’ouvrier qualifié n’est
plus une composante indispensable dans les imprimeries françaises et stéphanoises.
Dès lors, l’imprimerie vit une époque charnière de son histoire car la
photocomposition a sonné le glas de la composition en plomb, et plus généralement,
de l’imprimerie traditionnelle telle qu’elle avait existé pendant plus de 400ans.
Bien que ces mutations technologiques aient été indéniables, il faut nuancer
cette vision d’une mécanisation rapide du secteur de la composition : « le secteur de
l’imprimerie comporte un très grand nombre de petites et moyennes entreprises,
souvent très conservatrices sur le plan technologique. » 62
60
In Marshall A., Ruptures et continuités..., op. cit., p.10
61
Stocké sur un disque, puis un tambour (1965), un jeu de négatifs des différents signes remplace les
matrices traditionnelles. Chaque signe est appelé devant l’objectif et photographié, et le film produit
pour être utilisé directement sur les rotatives offset : c’est la photocomposition. « La filière technique
passe des matrices photographiques aux lettres digitalisées (1968) et à l’irruption de l’informatique
pour la conduite de la machine, le « flashage » et les calculs de justification et de mise en page, puis
pour la digitalisation même de la lettre : après plus de cinq cents ans (1450-1970), nous sortons alors
du système gutenbergien fondé sur l’assemblage d’éléments discrets (les lettres) avant leur
impression. » In Barbier F., Histoire du livre, A. Colin, collec. U, Paris, 2000, p.249. Voir Annexes,
p.158
62
In Marshall A., Ruptures et continuités…, op. cit., p.69
52

Malgré la diversification des imprimés, le cas stéphanois s’y rattache
pleinement. Les industriels craignent d’investir dans des machines plus
perfectionnées et excessivement coûteuses.
Enfin, à partir des années 1970, l’informatique s’affirme et pénètre de plus en
plus la chaîne graphique. Dans un premier temps, la photocomposition se fait
toujours à partir de matrices photographiques : c’est le caractère photographié qui
est digitalisé, stocké en mémoire et combiné pour constituer les lignes de texte. Dans
un second temps, la capacité croissante des mémoires rend possible de numériser et
de stocker les polices de départ. Les progrès de l’informatique (matériel, capacité
des mémoires, mais aussi logiciels de traitement de texte, de publication assistée par
ordinateur (PAO) et de traitement des images) facilitent encore aujourd’hui les
travaux et intègrent directement les objets (schémas, graphiques, cartes…) et les
images dans les textes.
F. Barbier brosse un tableau général de l’imprimerie française applicable à la
situation stéphanoise :
« L’imprimerie de la fin du XX° siècle est un secteur toujours hybride, juxtaposant
de très grandes entreprises industrielles et des ateliers de labeur, tandis que les
progrès techniques liés à l’informatique rendent possible une certaine
déconcentration des moyens dans des proportions jusque-là inconnues. Il est
possible de disposer assez facilement d’une chaîne graphique légère mais
suffisante pour des tirages de plusieurs centaines d’exemplaires : ces techniques
ont largement pénétré les imprimeries artisanales, et de petits ateliers de
« reproduction » existent en nombre dans toutes les villes. Globalement, nous
sommes désormais sortis du système technique inventé par Gutenberg et
perfectionné ensuite. Enfin, dans une société qui devient celle de l’information
permanente et globale, le papier, le journal, le périodique et le livre encore plus, ne
représentent plus qu’un support et un type de médias parmi d’autres. » 63
En définitive, la nouvelle révolution des médias, celle des années 1970 et 80,
après deux siècles de stagnation, a transformé durablement le paysage de cette
branche d’activité.
63 In Barbier F., op. cit., p.250
53

4. Les industries graphiques, une thématique peu valorisée sur le plan
national
La région Rhône-Alpes et le département de la Loire sont dotés de musées
de culture scientifique et technique et d’un tourisme industriel non négligeables.
D’après le Comité départemental du tourisme, l’espace ligérien a accueilli en 2001
22.800 visiteurs dans son musée du Chapeau (à Chazelles-sur-Lyon), au cœur des
monts du Lyonnais. Cet écomusée totalement réussi est administré par une
association. Implanté dans une ancienne chapellerie, la découverte de la confection
du chapeau à partir du feutre est au cœur de son programme pédagogique. Offrant
des stages aux scolaires et aux vacanciers dirigés par des modistes, cet espace est
aujourd’hui animé par un jeune chapelier formé par d’anciens travailleurs partis en
retraite qui assuraient auparavant les démonstrations. De plus, des concours
internationaux sont organisés avec les régions du monde où la confection du
chapeau se retrouve comme activité de production. Relancer sa façon est
aujourd’hui l’objectif premier de la structure, la muséologie venant en second plan.
En outre, la fréquentation de l’Atelier des Meilleurs ouvriers de France de Saint-
Etienne a connu, pour 2001, une progression de près de 14% par rapport à l’année
précédente.
Notons l’existence d’établissements dédiés à ce type de tourisme : musées
du Tissage à Bussière, de la Passementerie à Jonzieux, des Tresses et lacets à la
Terrasse-sur-Dorlay, de la Soierie à Roanne, des Poids et Mesures à la Talaudière.
L’ouverture en 2005 du Centre international du Design va, à n’en pas douter,
accroître la vocation du tourisme industriel qui caractérise Saint-Etienne. Ainsi, l’on
peut projeter que le futur Centre technique et culturel dédié à l’Imprimerie pourrait
attirer entre 10 et 15.000 personnes par année.
Concernant cette thématique, et tout particulièrement la typographie,
plusieurs sites régionaux et nationaux l’abordent 64 :
64 Voir Annexes, p.129
54

- Drôme (Grignan) : Atelier-musée du Livre et de la Typographie
Créé en 1995, ce concept réussi de cohabitation entre une activité de production
et l’ouverture d’un espace de fabrication au grand public a attiré, pour l’année
2001, 17.000 visiteurs environ, dont 3.500 scolaires. Géré en association,
l’établissement se caractérise par un budget global de 305.000 euros (soit
environ 2.000.000 F) et un nombre d’employés s’élevant à 4 (3 ouvriers + 1
libraire). A l’aide de machines Heidelberg et de caractères de plomb, ces
professionnels de l’imprimerie confectionnent sous les yeux du public divers
objets : l’édition, la lecture, l’écriture, le calcul, l’hygiène sont précisément
abordés avec les scolaires lors de stage pouvant durer 1 semaine. Parallèlement
aux visites guidées, la réservation de groupe est de mise et la prise en charge
(animation, accompagnement) est réalisée par un ouvrier typographe. Reconnu
sur le plan national, la structure travaille étroitement en collaboration avec le
Centre des Arts et Métiers de Paris et occupe une seconde place méritée après
la place lyonnaise. Compositeur de formation, Philippe de Voghel et ses
collègues sont aussi consultants de musées des Industries graphiques
(réparation de matériel, conseils techniques…).
- Haute-Garonne (Toulouse) : Site industriel de La Dépêche du Midi
Le travail de la presse est ici à l’honneur : des visites de l’atelier de fabrication
sont organisées quotidiennement, toute l’année sur réservation par une société
sous-traitante dénommée « Taxiway ». Des lecteurs de la dépêche, des
scolaires et personnes âgées constituent les éléments du flux touristique initié au
travail de la presse depuis quelques années. Entre 7.500 et 8.000 individus ont
franchi, pour l’année 2001, les portes de ce site industriel en activité.
- Puy-de-Dôme (Clermont-Ferrant) : Atelier-musée de fabrication du quotidien
La Montagne
La rédaction, la fabrication, l’expédition du journal sont au cœur du programme
pédagogique employé par l’entreprise. De jour comme de nuit, en groupe et sur
réservation, les visiteurs pénètrent au cœur du système technique de
l’établissement pour observer la confection et le tirage du document journalier
sur une presse rotative.
55

- Rhône (Lyon) : Musée de l’Imprimerie et de la Banque
Etablissement remarquable, il s’agit d’un des plus beaux musées européens
consacrés à l’imprimerie ; ses collections sont exceptionnelles (presses
Gutenberg, de l’Ancien Régime, tablettes d’écriture antiques, incunables (un
feuillet de la « Bible de Gutenberg » et placards des années 1500…). Les
activités proposées aux enfants, scolaires et adultes sont de qualité, un atelier
complet d’imprimerie réaménagé est utilisé comme lieu d’apprentissage
(fabrication de livres…). Le centre de documentation de l’ensemble possède des
pièces rares et son site Internet est pleinement réussi. Le nombre de personnes
qui entrouvrent les portes de la structure muséale s’est élevé à 20.000 environ
pour l’année 2001.
Retraçant le développement de ce secteur d’activité à Lyon et en France depuis
le XV e siècle, l’évolution technique y est envisagée depuis l’époque des premiers
imprimés (exposition de presses des XVI et XVII e siècles).
Saint-Etienne devra donc jouer pleinement la carte du patrimoine industriel
contemporain, c’est-à-dire mettre en exergue l’imprimerie des années 1900 et
actuelle afin se démarquer nettement de cette institution aujourd’hui reconnue.
L’étude du matériel du XX e siècle et l’affichage des savoir-faire de cette période
devrait en cela constituer une réelle originalité (cette image convient d’ailleurs
davantage à la ville et aux attentes du public).
- Saône-et-Loire (Louhans) : Ecomusée de la Bresse bourguignonne, L’Atelier
d’un Journal
Monté en 1981, cet écomusée met en valeur différentes thématiques comme
celle de la typographie au plomb : dans un atelier rappelant les années 1930-60
(linotypes, rotatives, presses…) où était imprimé à la fin du XIX e siècle
« L’Indépendant », le fonctionnement de presses Heidelberg assuré par un
compositeur typographe permet au visiteur de découvrir certains aspects de ce
métier depuis 1986. Des stages de fabrication d’imprimés sont organisés pour
les scolaires. Cet espace constitue aujourd’hui l’unique exemple français de
conservation d’un atelier de presse complet avec fabrication au plomb.
56

- Aude (Montolieu) : Conservatoire des Métiers et Arts graphiques
Avec un total de 3.662 visiteurs pour l’année 2001 (scolaires compris), cet ancien
atelier a été transformé en musée de plusieurs années. Géré en association
(créée en 1989), cet établissement emploie 3 personnes (1 pour la pédagogie, 1
comme secrétaire, 1 chargée de la comptabilité du site).
Consacré principalement à la confection d’imprimés comme les livres, cet
espace d’apprentissage géré par une association offre des stages destinés à
fabriquer son papier à la main, imprimer ses illustrations et textes selon les
procédés traditionnels de la typographie. Le participation de classes culturelles
est l’une de ses priorités (accueil à la journée ou au séjour).
En perte de vitesse par rapport au site de Grignan, l’offre culturelle proposée est
intéressante (des ateliers de gravure, reliure etc. oriente le curieux dans
différents lieux du village depuis 1990) mais les activités pratiques du musée
sont de moindre qualité (confections d’imprimés décevantes, manque de
dynamisme).
Bien que la structure la plus importante en la matière (c’est-à-dire le musée
de l’Imprimerie et de la Banque de Lyon) ne soit pas très éloignée de la cité
stéphanoise 65 , il apparaît nécessaire que son futur Centre culturel et scientifique
s’en démarque profondément de part les thématiques abordées. L’établissement
lyonnais a surtout axé ses efforts sur la chronologie de l’imprimerie en France
depuis le XV e siècle jusqu’à la fin du siècle de la révolution industrielle, l’exposition
de pièces d’exception (presse Gutenberg, incunables…). Saint-Etienne pourrait
s’appuyer sur le patrimoine technique des années 1920 jusqu’à la généralisation de
l’informatique, en définitive une période historique non abordée par le cas lyonnais.
Les autres lieux cités demeurent assez distants du point de vue géographique
de la préfecture ligérienne 66 ; l’aire d’attraction du centre projeté serait ainsi
suffisamment large pour drainer un nombre conséquent de visiteurs.
65
Voir Annexes, p.6
66
A noter l’existence depuis 1980 d’un Musée de l’imprimerie à Bordeaux qui regroupe 167 machines
lithographiques et typographiques (plus 30 tonnes de plomb, 800 casses typographiques et 5000
pierres lithographiques). L’ambiance d’un atelier du XIX
57
e siècle y est recréée (1800-1955). Les 167
machines proviennent majoritairement d’ateliers de la région bordelaise, mais au total, 17
départements sont représentés. In « Caractère », n°528, 13 juin 2000.

II/ Etat des archives disponibles et éléments bibliographiques
1. Des documents d’archives peu étudiés
Le dénombrement des documents anciens relatifs à la typographie
stéphanoise nous a conduit dans quatre lieux complémentaires les uns par rapport
aux autres. Ce recensement s’est parachevé par la rédaction d’un répertoire (non
exhaustif) des sources disponibles traitant du sujet 67 . Ainsi, nous nous sommes donc
successivement rendus :
- aux archives départementales de la Loire, rue Barrouin ;
- aux archives municipales de la ville de Saint-Etienne, cours Fauriel ;
- à la Fédération du Livre (Bourse du Travail), cours Victor Hugo ;
- à la Bibliothèque municipale de Tarentaize, rue Jo Gouttebarge.
Bien que le nombre d’écrits listés ne soit pas très important, plusieurs
documents ont tout de même pu être consultés. Une étude plus approfondie de ces
pièces retracerait précisément l’histoire de l’industrie typographique locale.
Nos investigations dans la structure départementale ont vérifié l’existence de
pièces intéressantes datant des XIX e et XX e siècles :
• l’incontournable série M (Administration générale et Economie) a livré des
données statistiques concernant les salaires des ouvriers de la ville entre
1847 et 1891 et l’importance syndicale des « maîtres-imprimeurs »
typographes depuis la seconde moitié du XIX e siècle jusqu’au milieu des
années 1900. Le nombre de sources analysées s’élève à une vingtaine
d’écrits.
• La série J (Documents entrés par voie extraordinaire) a également suscité
notre attention : en effet, cette cote possède plusieurs ouvrages dignes
d’intérêt comme la publication faite par l’organisme Emplois Loire Observateur
67 Voir Annexes, p.18
58

sur les métiers de l’imprimerie et de la chaîne graphique dans le département
ligérien. Ce travail retrace les évolutions et énonce les perspectives de cette
branche d’activité. Les définitions et analyse de l’actualité en sont les points
forts.
• La bibliothèque historique comprend enfin l’un des écrits fondamentaux sur
l’histoire de l’imprimerie à Saint-Etienne, c’est-à-dire l’écrit réalisé par la
chambre syndicale des maîtres-imprimeurs de la ville vers 1945 et intitulé
L’imprimerie à Saint-Etienne et sa région de 1790 à 1950. Les informations
divulguées demeurent de qualité.
Quant au centre des Archives municipales, la pauvreté de ses fonds nous a
quelque peu déçu. Notre campagne de repérage d’une quinzaine de jours n’a donné
que de maigres résultats :
• les annuaires statistiques mentionnent le nombre d’imprimeurs et de
typographes stéphanois entre 1858 à 1945 (série C). Un article de M. Lecuyer
traitant des maladies du travail a été identifié comme intéressant pour le sujet.
• Ajoutons que la sous-série 6F (Travail, syndicat, chômage ; fonds communal
de chômage) comporte le plus nombre de documents répertoriés : la question
syndicale et les statistiques dépeignent de façon précise la typographie
stéphanoise.
• La sous-série 2I n’est pas en reste car certains écrits résultant de la Police
générale du XIX e siècle comporte divers éléments de compréhension sur cette
période (par exemple, le brevet d’imprimeur Théolier y a été retrouvé).
• Le dépouillement du thème de l’Enseignement (sous-série 1R) n’a pas mis en
évidence des informations sur ce thème.
• A noter la richesse relative de la sous-série 1S (Pièces isolées et petits fonds):
quatre entêtes de factures représentant des établissements stéphanois ont été
photocopiées.
La Fédération du Livre (Syndicat des ouvriers de la presse) constitue aussi un
site où ont été sauvegardées des archives relatives à l’imprimerie et la typographie
stéphanoises.
Situées dans les locaux de la Bourse du Travail, les armoires dont dispose
l’association renferment des pièces précieusement rangées et protégées de la
59

dégradation par René Danti, ancien compositeur typographe à la Loire républicaine.
Président de la section retraités et ancien responsable de la formation
professionnelle des métiers graphiques sur les plans local, régional et national, celui-
ci s’est opposé à la destruction de nombreuses archives concernant les cours de
l’ancienne Ecole de typographie stéphanoise. De plus, il dispose de casiers
rassemblant l’immatriculation des ouvriers syndiqués depuis les années 1940 (état
civil, parcours professionnel). De plus, une quinzaine de livres des élèves de l’Ecole
typographique des années 1930-40 sont rassemblés sur l’un des niveaux de
rangement : d’une qualité remarquable, ces documents sont de grande valeur
puisque réalisés par de futurs travailleurs en apprentissage.
Enfin, le fonds régional de la bibliothèque municipale de Tarentaize renferme
un nombre restreint de documents ayant appartenu à l’ancienne typographie
stéphanoise. A côté de quelques écrits qui méritent l’attention du chercheur, un
ouvrage particulièrement intéressant est entreposé : il s’agit d’un catalogue de
publicité de l’imprimerie Ménard, implantée à Saint-Etienne dès 1847. On y découvre
l’ensemble des caractères et des décorations spécifiques à l’établissement. A ce
jour, nous n’avons pu retrouver d’exemplaires similaires pour d’autres usines .
60

2. Une bibliographie à exploiter
Concernant les éléments bibliographiques se rattachant au thème
typographique, plusieurs lieux ont là aussi été privilégiés 68 . Il s’agit :
- des bibliothèques historiques des Archives municipales de Saint-Etienne et
départementales de la Loire ;
- des bibliothèques de l’Ecole régionale des Beaux-Arts, de l’Ecole
d’Architecture, de l’Université Jean Monnet (niveau Lettres et Sciences
humaines) ;
- de la bibliothèque municipale de Tarentaize ;
- de la bibliothèque du Musée de l’Imprimerie et de la Banque de Lyon ;
- de la bibliothèque de la structure Ville d’Art et d’Histoire (service Culture de la
ville de Saint-Etienne) ;
Les bibliothèques de l’Ecole d’architecture et de Tarentaize ont été à maintes
reprises fréquentées car nous avons pu y trouver les ouvrages généraux
indispensables à une étude plus fournie sur le thème de l’imprimerie, comme par
exemple l’ouvrage d’A.M. Christin intitulé Histoire de l’écriture. De l’idéogramme au
multimédia ou celui de G. Martin sur L’imprimerie, édité par les Presses universitaires
de France dans la collection Que sais-je.
C’est incontestablement la réserve du Musée de l’Imprimerie et de la Banque
de Lyon qui possède des ouvrages rares et les plus remarquables : le savoir-faire
technique, les ateliers et l’histoire de certaines usines d’imprimerie sont consultables
(par exemple, un manuel de composition typographique de G. Valette datant de
1955, ou bien encore L’aperçu des usines de l’imprimeries B. Arnaud).
La Fédération du Livre de Saint-Etienne n’est pas en reste puisque R. Danti a
conservé deux ouvrages d’apprentissage de 1932 et 1935. Cet organisme syndical,
affilié à la CGT, possède également un panel conséquent d’ouvrages et d’écrits
68 Un répertoire a également été réalisé par nos soins ; il a été placé à la fin du volume de Texte.
61

(compte-rendus de congrès nationaux…) consacrés à l’histoire ouvrière en général et
l’action des ouvriers du Livre sur le plan national.
Les bibliothèques historiques des deux centres d’archives (municipal et
départemental) regroupent quelques travaux dignes d’intérêt ; le fonds régional de
Tarentaize demanderait à être examiné plus en détail.
En définitive, il apparaît que l’imprimerie stéphanoise n’a jamais véritablement
suscité l’attention des historiens ou des érudits locaux ; d’où la rareté des travaux
s’attardant sur ce thème. Seuls M. Perrin ou J. Schnetzler, dans son ouvrage intitulé
Les industries et les hommes de la région stéphanoise et M. Perronet de la Chambre
des maîtres-imprimeurs de la ville se sont attardés sur l’évolution historique et
économique de ce labeur.
62

III. La survivance d’un matériel typographique et d’un bâti
1. Inventaire d’artéfacts issus de l’âge du plomb
Trois étapes de repérage du patrimoine industriel (plus que d’un inventaire 69 )
ont été suivies afin de collecter des informations suffisantes pour apprécier son
originalité et justifier ses spécificités :
1. La préparation de l’enquête (renseignements sur l’établissement
concerné par téléphone et prise de rendez-vous)
2. L’enquête sur le terrain (remplissage d’une fiche-inventaire)
3. La mise en forme de la documentation (données informatisées)
Sur les 31 établissements d’imprimerie que compte le territoire communal de
Saint-Etienne, 11 ont été sélectionnés 70 ; ceci fait suite à la demande de l’existence
ou non d’un matériel typographique au responsable de l’établissement visé. La
conservation de méthodes de travail traditionnelles et l’utilisation d’un matériel
pluridécennal a justifié leur inventaire.
« Ce recensement s’accomplit selon une seule méthode : l’inventaire
topographique, recensement exhaustif de caractère scientifique qui consiste, dans
le cadre d’une aire géographique donnée (canton ou secteur urbain), à localiser et
à identifier les édifices ou les œuvres mobilières dont l’intérêt justifie l’ouverture
d’un dossier, et à réunir sur elles les données essentielles » 71 .
C’est donc muni d’une fiche-inventaire 72 réalisée par nos soins que nous nous
sommes rendus dans ce type d’ateliers où le plomb est régulièrement employé pour
la confection de travaux à faible tirage car « l’unité de repérage du patrimoine
69
Plusieurs caractéristiques relatives à un inventaire réalisé par des professionnels ne se retrouvent
pas dans notre recherche, ceci par manque de temps et de matériel : absence de photographe
professionnel, étude des cadastres anciens et enquête annoncée par voie de presse non effectuées.
70
Voir Annexes, p.9
71
In Ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l’Architecture et du Patrimoine,
Inventaire général, L’inventaire topographique. Guide, Paris, 1991, p.1
72
Voir Annexes, p.31
63

industriel est l’édifice, bâtiment ou groupe de bâtiments, construit sur un fonds d’un
seul tenant correspondant à une même unité de production. »
Cette enquête de terrain permet ainsi « de découvrir ensembles, édifices, et
objets à ce jour ignorés ou écartés en raison de leur nature (architecture rurale,
patrimoine industriel, agglomérations, ouvrages d’art, objets domestiques,
sculptures populaires) ou de leur date récente. » 73
Nous avons choisi de rendre compte de nos trouvailles en rassemblant les
informations récoltées lors de chacune de nos entreprises, comme le nombre et les
caractéristiques des différents artéfacts. Notre travail respecte au mieux les grands
principes de l’enquête sur le patrimoine industriel :
« Il (l’enquêteur) doit rédiger directement sur le terrain une première ébauche du
bordereau, qu’il reprendra ultérieurement. Au cours de la visite, il doit se préoccuper
essentiellement :
- de l’identification et de la photographie de toutes les parties constituantes du site
qui doivent être reportées sur un plan ;
- de recueillir des informations techniques sur les divers procédés de fabrication
mis en œuvre dans l’usine ;
- de vérifier auprès de son informateur ou dans la documentation de l’entreprise
(lorsqu’elle existe) les données chronologiques concernant les campagnes de
construction et les affectations simultanées ou successives des bâtiments. » 74
Notre démarche s’articule donc autour d’une sélection raisonnée
d’exemplaires singuliers ou représentatifs 75 et aboutit à la constitution d’un dossier
sur le patrimoine de l’ancienne typographie stéphanoise. Les fiches-inventaire font
office de notes de synthèse 76 .
73
In Ministère de la Culture…, L’inventaire topographique…, op. cit., p.31
74
Idem, p.49
75
Voir Annexes, pp.132 à 137, p.141 à 145
76
Idem, pp.131 à 137, pp.137-138, p.140, p.148 à 158
64

MC Imprimerie
(25, rue des Passementiers, Saint-Etienne ; le 30/05/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine (répertoriée n°1)
1 presse à cylindre (n°2)
1 photocomposeuse (3)
1 pilon (4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°1
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (40x57)
(3) : photocomposeuse de modèle Varityper Comp/Edit 5410
(4) : pilon électrique
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : idem
(4) : idem
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (impression, numérotation, rainage, perforation)
(3) : non (arrêtée depuis 1996)
(4) : oui (découpage d’étiquettes)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 2,63
(3) : 1,60
(4) : /
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,45
(3) : 0,60
(4) : 0,60
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,46
(3) : 1,20
65

(4) : 1,80
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont, La Courneuve,
(2) : années 1960 - idem Seine-Saint-Denis)
(3) : années 1970 - Allemagne
(4) : années 1950 - Toulouse
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 30m
largeur : 7
total : 210m 2 ; 250m 2 (atelier + bureau)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 5m
- Nature de l’appareillage : gore
- Ouvertures : nombre : 0
forme : /
- Toiture : forme : sheds
nature de la couverture : tuiles + verre
état actuel : moyen
2. Historique
- Date de construction : 1930 environ
- Modifications architecturales : construction d’une mezzanine pour installation d’un atelier
de photocomposition (1 chambre noire, 3 appareils pour clichés, 1 révélateur, 1 photocomposeuse)
- Occupation originelle : 1. atelier de mécanique
2. 1966 : Imprimerie Garnier
3. 1987 : MC Imprimerie
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 2 temps pleins + 1 mi-temps = 3
- Nombre de compositeurs typographes : 2
conducteurs typographes : 2
66

- Ages : 55 ans (M. Montal) ; 45 ans (M. Garnier)
- Nom du directeur : Montal Régis
2. Production
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation, cartonnage
- Type de produits-finis réalisés en typographie : faire-part de naissance, mariage, décès,
cartes de visite, tickets de tombola, travaux commerciaux, étiquettes, papier à lettre,
enveloppes, carnets, liasses, factures
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : non (à partir de 1987 : factures,
modèles de clients)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : non
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : oui (1 photocomposeuse, 1 banc-photo, casses, 1 coupoir)
67

Imprimerie Vasti
(6, rue de Malacussy, Saint-Etienne ; le 06/06/2002)
Corpus inventorié
4 presses platine (n°1, 2, 3, 4)
2 presses à cylindre (5, 6)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°2
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (34x46cm)
(2) : idem
(3) : presse platine Heidelberg une-couleur (26x38)
(4) : idem
(5) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (46x64)
(6) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (56x82)
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibid.
(5) : ibid.
(6) : ibid.
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (idem)
(3) : oui (ibidem)
(4) : oui (dorure)
(5) : oui (impression, numérotation, rainage, perforation)
(6) : oui (idem)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,93m
(2) : 1,93
(3) : 1,55
(4) : 1,55
(5) : 2,63
(6) : 3,08
68

largeur : (1) : 1,47
(2) : 1,47
(3) : 1,08
(4) : 1,08
(5) : 1,65
(6) : 2,02
hauteur : (1) : 1,42
(2) : 1,42
(3) : 1,62
(4) : 1,58
(5) : 1,42
(6) : 1,58
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(2) : années 1960 - idem
(3) : années 1970 - ibidem
(4) : années 1960 - ibid.
(5) : années 1970 - ibid.
(6) : années 1960 - ibid.
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 60m
largeur : 50
total : 3.000 m² ; 5.200m 2 (atelier + bureaux)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 5m
- Nature de l’appareillage : tôle métallique
- Ouvertures : nombre : 0
forme : /
- Toiture : forme : sheds
nature de la couverture : tôles métalliques
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : 1989 (S.A.)
- Modifications architecturales : /
- Occupation originelle : rue Chomier, quartier de Bellevue (Saint-Etienne) de 1949 à 1989
69

III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 120 (bureau + atelier) ; atelier : 85
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 2
- Ages : /
- Nom du directeur : M. Vincent
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation, dorure
- Type de produits finis réalisés en typographie : étiquettes de vins (dorure), factures, cartes de
visite, pliage de chemises cartonnées
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (archives sociales)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : /
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : non
70

FICHE-INVENTAIRE N°3
Imprimerie Cartonnage du Sud-Est
(Zone industrielle de la Chauvetière, 25, rue Edouard Martel, Saint-Etienne ; le 03/06/2002)
Corpus inventorié
3 presse platine (n°1, 2, 3)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : idem
(3) : ibidem
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : moyen
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (dorure)
(3) : non (arrêtée depuis 2001)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 2,07
(3) : 1,55
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,36
(3) : 1,08
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,74
(3) : 1,58
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1970 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont, La Courneuve)
(2) : années 1960 - idem
(3) : années 1960 - ibidem (Ofmi Garamont, Saint-Ouen, Seine)
71

II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 100m
largeur : 45
total : 4.500m 2 ; 5.000m 2 (atelier + bureaux)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 8m
- Nature de l’appareillage : béton
- Ouvertures : nombre : /
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : sheds
nature de la couverture : tôles métalliques
état actuel : moyen
2. Historique
- Date de construction : 1970
- Modifications architecturales : aménagement atelier de PAO, agrandissement stock de
papier
- Occupation originelle : /
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 45
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Age : /
- Nom du directeur : Delpont Jean
72

2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage
dorure
- Type de produits finis réalisés en typographie : étiquettes de vins (dorure), documents
administratifs, cartes de visite
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
(mais conservation dans atelier d’1 presse platine Heidelberg inutilisée + casses et meubles +
3 boîtes de symboles en plomb + 3 machines de découpe + hall d’entrée établissement : 1
presse lithographique et pierres gravées)
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : livres de comptabilité
- Possessions d’archives ou d’objets privés : non
- Renouvellement de matériel typographique prévu prochainement : non
- Dons envisageables : oui (presse platine Heidelberg n°3, casses, boîtes de symboles en
plomb, formes de découpe)
73

Imprimerie Reynaud
(10, rue du Soleil, Saint-Etienne ; le 04/06/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine (n°1)
2 presses offset (2, 3)
1 presse à cylindre (4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°4
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : presse offset Heidelberg une-couleur (52x72)
(3) : idem (modèle GTO : 36x52)
(4) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (57x77)
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibid.
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, rainage, numérotage)
(2) : oui (idem)
(3) : oui (impression)
(4) : oui (impression, numérotation, rainage, perforation)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 2,31
(3) : 1,27
(4) : 3,29
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,50
(3) : 1,40
(4) : 2,06
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,60
(3) : 1,51
(4) : 1,54
74

- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1970 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont, La Courneuve)
(2) : années 1970 - idem
(3) : 1984 - /
(4) : années 1970 - Allemagne (Ofmi Garamont, La Courneuve)
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 17m
largeur : 8
total : 136m 2
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 7m
- Nature de l’appareillage : moellons granitiques
- Ouvertures : nombre : 2
forme : rectangulaire (portail + fenêtre)
- Toiture : forme : sheds
nature de la couverture : béton + verre
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : 1969
- Modifications architecturales : rajout d’une mezzanine (stock de papier)
- Occupation originelle : 1. 1955 - 1981 : imprimerie Reynaud (parents Mme)
2. 1981 : Filice S. responsable
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 2
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Ages : 58 (M. Filice) ; 52 ans (Mme Filice)
75

- Nom du directeur : Filice Santo
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation
- Type de produits-finis réalisés en typographie : billets de tombola, factures, revues pour
associations, faire-part de naissance et de mariage, cartes de visite
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : non
- Possessions d’archives ou d’objets privés : casses
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : non
76

TB Imprimerie
(10, rue Chomier, Saint-Etienne ; le 06/06/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine Victoria (n°1)
1 presse platine (2)
1 presse à cylindre (3)
1 presse offset (4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
- Modèle : (1) : presse platine de marque Victoria une-couleur
(2) : presse platine Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(3) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (46x58,5)
(4) : presse offset Heidelberg une-couleur (46x62)
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibid.
FICHE-INVENTAIRE N°5
- Utilisation contemporaine : (1) : occasionnellement (découpe)
(2) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(3) : oui (idem + perforation)
(4) : oui (idem sauf découpe + perforation)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,45m
(2) : 1, 55
(3) : 2,63
(4) : 2,19
largeur : (1) : 1,03
(2) : 1,08
(3) : 1,45
(4) : 1,45
hauteur : (1) : 1,34
(2) : 1,58
(3) : 1,62
77

(4) : 1,43
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne
(2) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(3) : années 1960 - idem
(4) : années 1960 - ibidem
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 20m
largeur : 10
total : 200m 2
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 5m
- Nature de l’appareillage : moellons maçonnés + métal
- Ouvertures : nombre : 12
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : 2 pans
nature de la couverture : tôle métallique
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : 1948
- Modifications architecturales : construction d’1 chambre noire
- Occupation originelle : 1. dépôt
2. Imprimerie Vasti, 1948 - 1978 (local presse 4 couleurs)
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 2
- Nombre de compositeurs typographes : 1 (M. Terrenoire)
conducteurs typographes : 1
78

- Ages : 55 ans (M. Terrenoire) ; 51 ans (M. Brégeon)
- Nom du directeur : Brégeon René
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation
- Type de produits-finis réalisés en typographie : faire-part de naissance, mariage, décès,
cartes de visite, tickets de tombola, enveloppes, étiquettes adhésives
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (depuis 1978, création TB Imprimerie)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : oui (M. Brégeon : pierres lithographiques)
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : oui (presse Victoria, casses et meubles, caractères en bois, coupoir,
pierres lithographiques)
79

Imprimerie Liversain Père et fils
(56, rue Marengo, Saint-Etienne ; le 07/06/2002)
Corpus inventorié
1 presse à cylindre (n°1)
3 presses platine (2, 3, 4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°6
- Modèle : (1) : presse à cylindre de marque Heidelberg une-couleur (56x77)
(2) : presse platine Heidelberg une-couleur (26x38)
(3) : idem
(4) : ibidem
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibid.
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage, perforation)
(2) : oui (idem sauf perforation)
(3) : oui (idem)
(4) : oui (ibidem)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 3,29m
(2) : 1,55
(3) : 1,55
(4) : 1,55
largeur : (1) : 2,00
(2) : 1,08
(3) : 1,08
(4) : 1,08
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,58
(3) : 1,58
(4) : 1,58
80

- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1970 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont, Saint-Ouen)
(2) : années 1960 - idem (Ofmi Garamont, La Courneuve)
(3) : années 1960 - ibidem (Ofmi Garamont, Saint-Ouen)
(4) : années 1970 - ibid. (/)
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 20m
largeur : 10
total : 200m 2
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 5m
- Nature de l’appareillage : moellons maçonnés
- Ouvertures : nombre : porte vitrée
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : 1 pan horizontal
nature de la couverture : tôle métallique
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : 1975
- Modifications architecturales : rajout d’1 mezzanine (stock de papier)
- Occupation originelle : 1. jusqu’en 1951 : imprimerie Crépet
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 8 (dont 6 dans atelier)
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Age : 56 ans (Gallond Robert)
81

- Nom du directeur : Liversain Hubert
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation, gaufrage
- Type de produits-finis réalisés en typographie : cartes de visite, brochures, billets de
tombola, de spectacle, calendriers, documents administratifs (mairie de Saint-Etienne),
factures (Paris)
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : oui (casses)
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (après 1980 : factures…)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : oui (archives paternelles)
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : oui (casses + caractères en plomb, bois)
82

Imprimerie Chevalier
(70, rue Rouget de L’Isle, Saint-Etienne ; le 07/06/2002)
Corpus inventorié
3 presses platine (n°1, 2, 3)
1 presse offset (4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°7
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38)
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : presse offset Heidelberg une-couleur (46x64)
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibidem
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, dorure)
(2) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(3) : oui (idem)
(4) : oui (impression)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 1,55
(3) : 1,55
(4) : 2,20
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,08
(3) : 1,08
(4) : 1,45
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,58
(3) : 1,58
(4) : 1,42
83

- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(2) : années 1960 - idem
(3) : années 1960 - ibidem
(4) : années 1970 - ibid.
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 35m
largeur : 7,50
2 2
total : 300m ; 320m (atelier + bureau)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 4m
- Nature de l’appareillage : moellons maçonnés
- Ouvertures : nombre : 7
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : dalle bétonnée
nature de la couverture : /
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : années 1930-40
- Modifications architecturales : non
- Occupation originelle : 1. années 1960 : imprimerie Peyronnet
2. atelier de mécanique (1986 - 1990 environ)
3. imprimerie Chevalier (père ; 1990 - 1994)
4. Depuis 1994, imprimerie J.P. Chevalier
III/ Le travail dans l’imprimerie
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 1
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Age : 56 ans
84

- Nom du directeur : Chevalier Jean-Paul
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation, dorure
- Type de produits-finis réalisés en typographie : tickets de spectacle, billets de tombola,
cartes de visite, faire-part de naissance et mariage, dorure de matelas, calendriers, enveloppes
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : oui
(1 presse offset Aurélia (années 1970), 1 presse offset Solna demi-jésus (années 1980), 1
presse offset Nebiolo (années 1960), casses de caractères en plomb, en bois et leurs meubles
(nombre de casses : plus de 60), formes imprimantes, partitions, livres et imprimés des années
1930 imprimés par son père, 1 presse du XIX e siècle, 1 maindale du début du XX e siècle, 2
appareils de clicherie (années 1980))
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui
(registres père années 1950, factures 1970 -74, archives personnelles)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : oui
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : oui (mise en vente des presses Aurélia,
Solna et Nebiolo)
- Dons envisageables : oui (casses, imprimés des années 1930, presse du XIX e siècle et
maindale, vente presses Nebiolo, Aurélia et Solna)
85

Imprimerie Reboul
(24, rue des Haveurs, Saint-Etienne ; le 10/06/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine (n°1)
2 presses à cylindre (2, 3)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°8
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38)
(2) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (46x58,5)
(3) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (56x82)
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage,)
(2) : oui (idem + perforation)
(3) : oui (idem)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 2,63
(3) : 3,08
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,45
(3) : 2,02
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,62
(3) : 1,58
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(2) : années 1970 - idem
(3) : années 1970 - ibidem
86

II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 50m
largeur : 20
total : 1.000m 2 ; 1.500m 2 (atelier + bureaux)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 8m
- Nature de l’appareillage : tôles métalliques
- Ouvertures : nombre : /
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : 2 pans
nature de la couverture : tôles métalliques
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : 2001
- Modifications architecturales : non
- Occupation originelle : rue E. Mimard, Saint-Etienne (date de fondation : 1946)
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 30 environ (22 dans atelier)
- Nombre de compositeurs typographes : 2
conducteurs typographes : 1
- Ages : 55 ans (M. Montabonnet ; typo.) ; Ms Vigner, Durand (PAO)
- Nom du directeur : Reboul Vincent
87

2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation
- Type de produits-finis réalisés en typographie : travaux administratifs, chemises (rainage)
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non (1 presse offset Fuji (52x36), 1 presse à
cylindre Heidelberg (52x72) encore utilisées)
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (factures…)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : non
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : non
88

FICHE-INVENTAIRE N°9
Imprimerie Guy Fendant
(Esplanade Montplaisir, 44, rue de Terrenoire, Saint-Etienne ; le 11/06/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine (n°1)
2 presses offset (2, 3)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : presse à cylindre Ryobi 2700 une-couleur
(3) : presse Ryobi 500 K une-couleur
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (idem + perforation)
(3) : oui (impression)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 0,79
(3) : 1,54
largeur : (1) : 1,08
(2) : 0,67
(3) : 0,92
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,33
(3) : 1,43
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(2) : années 1990 - Japon
(3) : années 1990 - idem
89

II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 10m
largeur : 4
total : 40m 2
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 2,30m
- Nature de l’appareillage : moellons granitiques
- Ouvertures : nombre : 0
forme : /
- Toiture : forme : plafond bétonné
nature de la couverture : /
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : années 1920
- Modifications architecturales : non
- Occupation originelle : remise de casino
III/ Le travail dans l’imprimerie
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 1
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Age : 45 ans
- Nom du directeur : Fendant Guy
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation
90

- Type de produits-finis réalisés en typographie : factures, cartes de visite, faire-part de
naissance et mariage, billets de tombola, enveloppes
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : non
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : non (à partir de 1982, date de son installation)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : réserve de formes imprimantes en plomb
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : formes imprimantes
91

Imprimerie Mondial Challenge
(31, rue Champrond, Saint-Etienne ; le 13/06/2002)
Corpus inventorié
2 presses platine (n°1, 2)
2 presse offset (3, 4)
I/ Présentation et description des machines
1. Présentation
FICHE-INVENTAIRE N°10
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : idem
(3) : presse offset de marque Presto Match II une-couleur (42x29,7)
(4) : presse offset Adast romayor 314 une-couleur
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : ibid.
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (idem)
(3) : oui (impression)
(4) : oui (idem)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 1,55
(3) : 1,45
(4) : 1,30
largeur : (1) : 1,08
(2) : 1,08
(3) : 1,00
(4) : 0,90
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,58
(3) : 1,60
(4) : 1,35
92

- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont)
(2) : années 1960 - idem
(3) : années 1970 - France
(4) : 1981 - Allemagne
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 26m
largeur : 9
total : 234m 2
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 2,80m
- Nature de l’appareillage : moellons granitiques
- Ouvertures : nombre : 3
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : plafond
nature de la couverture : plaques de contreplaqué
état actuel : moyen
2. Historique
- Date de construction : fin XIX e siècle ?
- Modifications architecturales : rampe d’atelier + 1 chambre noire
- Occupation originelle : 1. cave
2. atelier textile
3. Imprimerie Dussoze (jusqu’en 1998)
4. Imprimerie Mondial Challenge (regroupement machines Vignand + Rahon)
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 2
- Nombre de compositeurs typographes : 1
conducteurs typographes : 1
- Ages : 53 ans (M. Rahon) ; 37 ans (M. Vignand)
93

- Nom du directeur : M. Vignand
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage
- Type de produits-finis réalisés en typographie : cartes de visite, faire-part de naissance et
mariage, factures, fiches de pointage, tickets de tombola, demandes de rendez-vous, carnets
de correspondance (collèges), têtes de lettres
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : oui (7 casses de caractères en bois)
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (M. Rahon)
- Possessions d’archives ou d’objets privés : non
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : casses + caractères en plomb, bois
94

Firm’Imprime
(111, rue Jean Jaurès, Firminy ; les 21/06 et 04/07/2002)
Corpus inventorié
1 presse platine (n°1)
1 presse à cylindre (2)
1 presse offset (3)
1 presse linotype (4)
I/ Présentation et description des machines
1. Identification
FICHE-INVENTAIRE N°11
- Modèle : (1) : presse platine de marque Heidelberg une-couleur (26x38cm)
(2) : presse à cylindre Heidelberg une-couleur (56x77)
(3) : presse offset Heidelberg une-couleur (52x72)
(4) : presse linotype italienne Menta à 3 magasins
- Etat : (1) : bon
(2) : idem
(3) : ibidem
(4) : bon
- Utilisation contemporaine : (1) : oui (impression, découpe, numérotation, rainage)
(2) : oui (idem + perforation)
(3) : oui (impression)
(4) : non (arrêtée depuis plusieurs années)
2. Description
- Dimensions : longueur : (1) : 1,55m
(2) : 3,32
(3) : 2,31
(4) : 1,65
largeur : (1) : 1,08
(2) : 2,00
(3) : 1,50
(4) : 1,35
hauteur : (1) : 1,58
(2) : 1,45
(3) : 1,60
95

(4) : 2,05
- Date et lieu de fabrication : (1) : années 1960 - Allemagne (distribuée par Ofmi Garamont, Saint-Ouen)
(2) : années 1960 - idem
(3) : années 1970 - ibidem (Ofmi Garamont, La Courneuve)
(4) : années 1950 - Milan (Italie)
II/ Le bâti
1. Description de l’atelier
- Superficie : longueur : 40m
largeur : 10
total : 400m 2 ; 480m 2 (atelier + bureau + dépôts)
- Hauteur de la structure en son point le plus haut : 3m
- Nature de l’appareillage : brique
- Ouvertures : nombre : 12
forme : rectangulaire
- Toiture : forme : plafond
nature de la couverture : béton
état actuel : bon
2. Historique
- Date de construction : /
- Modifications architecturales : oui (installation espace de bureautique (PAO))
- Occupation originelle : établissement Faure (construction maisons de chantier)
III/ Personnel et production typographique
1. Effectifs
- Nombre total d’ouvriers : 3
- Nombre de compositeurs typographes : 3
conducteurs typographes : 3
96

- Ages : 50 ans (M. Châtain) ; 55 (M. Thomas) ; 58 (M. Faverjon)
- Nom du directeur : M. Thomas
2. Production typographique
- Type d’opérations réalisées en typographie : impression, découpe, numérotation, rainage,
perforation
- Type de produits-finis réalisés en typographie : cartes de visite, tickets de tombola, de
spectacles, carnets, faire-part naissance, mariage, décès, découpe de chemises, perforation de
carnets
3. Conservation de matériel ancien et d’archives
- Existence d’un dépôt de machines usagées : oui (1 linotype)
- Possessions d’archives d’entreprise antérieures à 1980 : oui (archives depuis 1954, date
première installation rue de la République)
- Possessions d’archives et d’objets privés : oui (ouvrage sur les fonderies d’imprimeries)
- Renouvellement de matériel prévu prochainement : non
- Dons envisageables : 1 linotype + ses boîtiers de matrices
97

2. Essai d’une typologie des ateliers typographiques stéphanois
2.1. Evolution morphologique
L’évolution morphologique de l’usine d’imprimerie depuis le siècle de la
révolution industrielle jusqu’aux années 1980 est dépeinte par F. Barbier :
« Alors que l’atelier ancien tournait dans l’habitation même du maître-imprimeur,
cette structure est mal adaptée au processus d’industrialisation : croissance des
effectifs, organisation en ateliers nettement séparés, rationalisation du travail et
développement d’une bureaucratie de gestion (hiérarchisation dans les ateliers,
présence des protes, des contremaîtres et des différents bureaux). La complication
s’accroît encore si l’on veut mécaniser le processus de production : la mise en
service d’une machine à vapeur est soumise à des règles de sécurité très sévères
et la transmission de la force (par des courroies, etc.) suppose une disposition
appropriée des différents ateliers. Des usines d’imprimerie sont construites, en
France, par des entrepreneurs comme Paul Dupont ou à Paris.
L’essor de ces structures industrielles a trois conséquences principales. La logique
de localisation des ateliers suivait celle des coûts de transport et de contrôle du
marché, elle cherche désormais la baisse des coûts de production (coûts de
l’immobilier et rémunération du travail). Les imprimeries peuvent s’installer en
banlieue (sauf pour les imprimeries de journaux) ou en province, la spécialisation
et une organisation nouvelle du travail se répandent (plusieurs imprimeurs
travaillent sur un même titre, etc.) » 77 .
L’emplacement actuel des imprimeries Vasti, Reboul et Cartonnage du Sud-est
résulte du mouvement de délocalisation des établissements d’imprimés stéphanois
du centre-ville vers la périphérie et de nouvelles zones industrielles 78 ; celle de la
Chauvetière est ainsi aménagée dans la décennie 1970 et accueille depuis nombre
d’entreprises (comme l’Imprimerie Cartonnage) dont les infrastructures, les
mouvements de circulation, de ravitaillement et d’exportation des produits-finis
77
In Barbier F., op. cit., pp.218-219
78
Voir Annexes, p.138
98

nécessitent une surface constructible et un espace disponible de plusieurs milliers de
mètres carré.
Notons que cette configuration géographique se retrouve aujourd’hui dans la
presse puisque l’édition du quotidien stéphanois Le Progrès a depuis quelques
années quitté la place Jean Jaurès pour profiter de l’étendue d’une nouvelle friche
industrielle, le Technopôle qui concentre aujourd’hui une multitude de PME.
99

2.2. Un bâti multiforme mais de construction commune
Le bâti des imprimeries stéphanoises visitées a lui suscité notre intérêt : en
effet, nos investigations « sur le terrain » ont été l’occasion de prêter attention à leur
enveloppe extérieure dans le but de déterminer un corpus représentatif de ce genre
d’installations.
Ce travail s’est avéré peu fructueux car les grandes imprimeries d’antan
(établissements Waton, Théollier, Le Hénaff…) ont été détruites . Ajoutons à cela
que les structures de petite taille subsistantes à l’heure actuelle ne montrent pas de
réelle spécificité. Du moellon granitique à la tôle métallique, l’atelier d’imprimerie de
la commune de Saint-Etienne offre tout de même un visage à multiples facettes.
Des 11 établissements répertoriés de façon méthodique, Mondial Challenge
est le seul à prendre la forme d’une grange 79 : en effet, son aspect rustique se
démarque des autres constructions du même genre. Au rez-de-chaussée d’une
ancienne habitation paysanne, une grange transformée en chambre pour métiers à
tisser laisse transparaître la solidité de l’édifice et la grandeur des volumes intérieurs.
La rugosité des murs et la quasi absence d’ouvertures dissimulent la marche de
machines et d’objets à imprimer. Si l’espace intérieur est relativement important
(200m 2 environ), le manque de lumière solaire a nécessité l’installation de néons qui
parcourent l’ensemble du plafond. Une dalle de béton a également été coulée.
A côté de cette exception architecturale, l’atelier stéphanois le plus
représentatif de l’imprimerie au plomb reste sans nul doute celui qu’occupe
actuellement l’entreprise MC Imprimerie 80 . Située dans la rue des Passementiers,
près du quartier de Bellevue, elle est posée dans un arrière-cour de maisons où la
fabrication du ruban était, au XIX e siècle, la principale occupation de ses occupants.
Après avoir longé un des escaliers du bâtiment et un jardin, un étroit passage
bétonné mène à un bâti rectangulaire recouvert de sheds. N’excédant pas 200m 2 ,
l’espace intérieur s’organise autours du matériel de composition (meubles de casses,
79 Voir Annexes, p.139, document 3
80 Idem, p.132
100

lingotier, tables de marbres) et de ses machines d’impression (à cylindre et offset).
Datant d’après leurs propriétaires actuels des premières décennies du XX e siècle, ce
volume aurait été réservé aux travail mécanique au début des années 1900. La
toiture en sheds constitue l’un des éléments caractéristiques de la petite imprimerie
au plomb de la ville des années 1920-30 : très fonctionnelle et symbole de
l’industrialisation, elle a été privilégiée jusque récemment par les architectes et
maçons des dernières décennies du XX e siècle (par exemple, pour l’imprimerie
Vasti).
Ce genre de construction était sans doute commun au milieu des années
1900 dans la cité. Le mouvement de délocalisation géographique des imprimeries
stéphanoises en périphérie de la ville, commencé dès les années 1970-80, va
permettre aux entrepreneurs concernés de rassembler plusieurs activités dans un
même lieu de production, renouveler leur appareil productif, faciliter transports et
écoulement des marchandises dont la part de production est devenue toujours plus
conséquente (imprimeries Cartonnage du Sud-Est, Reboul, Vasti 81 …).
Le métal devient dès lors le matériau de construction par excellence, qu’il
prenne la forme de poutrelles ou de tôles. Sa légèreté et sa solidité garantissent la
construction de volumes toujours plus spacieux et à moindre coût. Il permet aux plus
grosses imprimeries stéphanoises de s’agrandir et de renouveler le paysage de
l’industrie graphique locale : les ateliers exigus et peu lumineux laissent place à de
véritables hangars 82 qui concentrent en une ou deux pièces de grandes dimensions
(généralement plus de 500m 2 ) les différents outils de production et le stockage de la
matière première, encres et papier. Les taches sont nettement différenciées par un
espacement spatial des outils et lieux de production.
Les petites unités ne se différencient pas véritablement, quant à elles, du bâti
industriel omniprésent dans la ville (ateliers d’armuriers, de rubanerie, de matériaux
de construction…) : volumes similaires, outillage restreint, personnel n’excédant pas
la dizaine d’employés, débouchés locaux pour leurs confections 83.
81
Voir Annexes, p.137
82
Idem, p.139
83
Voir Annexes, p.138
101

L’étude de l’ancienne imprimerie stéphanoise permet de dégager un type
d’établissement intermédiaire, c’est-à-dire celui se situant entre le petit atelier
traditionnel et l’espace de travail construit durant les trois dernières décades du
siècle dernier. Il s’agit en effet d’un bâti dont la superficie avoisine les 3 à 400m 2 .
L’imprimerie Chevalier, située près de la place Carnot à Saint-Etienne et l’entreprise
Firm’Imprime longeant la rue de la République à Firminy en sont deux beaux
représentants. C’est au milieu du XX e siècle pour la première, en 2001 pour la
seconde que leurs propriétaires ont choisi de réinvestir des espaces de production
qui n’étaient nullement destinés à l’origine au travail des imprimés (voir fiches-
inventaire). Dans les 2 cas, l’élévation dessine un rectangle de plus de trente mètres
de côté pour une largeur inférieure à 10m. Soutenu par des piliers en béton, un
plafond bétonné (à l’image du parterre) recouvre l’ensemble, surmonté par deux
niveaux de construction. Le revêtement extérieur est constitué, dans le premier cas,
d’une maçonnerie bétonnée recouverte d’un crépis blanchâtre ; de grandes baies
vitrées assurent un éclairage naturel important. Dans le second cas, la brique décore
la partie sujette aux intempéries, ce qui donne à l’ensemble une certaine esthétique.
Dans les intérieurs, une dalle de béton coulée supporte les machines et la dizaine de
piliers bétonnés sur lesquels repose une structure similaire.
Enfin, il semble que la première moitié du XX e siècle a été une période
particulièrement florissante pour la construction des ateliers d’imprimerie. Ce
mouvement caractérise la commune de Saint-Etienne, mais l’intéressé le retrouve
aussi dans le corpus des établissements ligériens. Ainsi, les imprimeries Simatis,
l’Imprimerie Générale du Centre, Touron (Saint-Etienne), Cuissot (Feurs), Richard
Jamet (Bourg-Argental) ont été montées respectivement en 1930, 1930, 1951, 1940,
1921. D’après les archives disponibles sur le sujet et les enquêtes menées sur le
terrain (visite et questionnaire), les années 1880-1960 constituent l’âge d’or de la
typographie stéphanoise et ligérienne avec l’édification ou l’aménagement d’un
nombre croissant d’installations de tailles plus ou moins grandes 84 .
84 Une étude minutieuse des documents d’archives devrait confirmer ces dires.
102

2.3. Typologie des espaces de production 85
Trois types principaux d’imprimeries peuvent être déterminés au terme de ces
observations :
- le premier est un espace de travail ne dépassant pas 300m 2 de
superficie et possédant un couvrement en sheds. C’est ici que sont élaborés les
travaux typographiques à faible tirage (faire-part, cartes de visite, factures, tickets de
tombola…). Les entreprises MC Imprimerie, TB Imprimerie, Mondial Challenge en
sont des exemples.
- Le second bâti représentatif semble constitué d’un volume supérieur à
300m 2 mais n’excédant pas 500m 2 : il s’agit, par exemple, de l’imprimerie Chevalier,
ou Firm’Imprime localisée à Firminy. L’imprimerie n’est ici pas l’activité originelle du
lieu, d’où certaines transformations intervenues lors de l’installations des casses et
presses (percement d’ouvertures plus imposantes…). L’on y fabrique une plus
grande diversité de produits (cartes de visite, tickets de tombola, documents
administratifs…) d’autant plus que le parc de machines est supérieur et que l’offset
occupe une place non négligeable. Bien que du point de vue morphologique
l’établissement Liversain ne réponde pas à tous ces critères, il incorpore tout de
même ce corpus pour la diversité et la quantité de ses fabrications.
- La troisième structure qui caractérise aujourd’hui une majorité
d’imprimerie du département se caractérise par une enveloppe extérieure faite de
tôles et de poutrelles métalliques. Cela concerne en premier lieu les entreprises qui
ont été délocalisées à partir des années 1970 en périphérie des tissus urbains pour
bénéficier de nombreux avantages (baisse des charges foncières, agrandissements
futurs envisageables, accès facilité…). L’on y observe un appareillage qui a utilisé ou
utilise encore de nos jours les caractères en plomb (Cartonnage du Sud-Est,
imprimeries Vasti et Reboul 86 ), ceci de façon épisodique. Les imprimés exigeants un
tirage très important sont réalisés dans ces unités là, notamment sur des rotatives
85
Voir Annexes, p.132 à 137
86
Voir Annexes, p.138, document 2
103

offset. Ici, la typographie traditionnelle est donc reléguée au rang d’activité
secondaire, voire occasionnelle.
- Un quatrième type d’espace servant à la production d’imprimés
s’identifie par un style architectural ostentatoire, raffiné, qui ne laisse pas le passant
indifférent. La façade de l’ancienne imprimerie de presse La Tribune-Le Progrès de
Saint-Etienne, située place Jean Jaurès, au cœur de la ville est parfaitement
représentative de cette catégorie de bâti. De style néo-classique, ces éléments ont
été agencés par Léon Lamaizière à la fin des années 1800. Les veloutes, motifs
floraux et géométriques ont signalé pendant plus de 100 ans la présence d’un atelier
de presse important. Sa remarquable devanture est connue de tous les Stéphanois.
Soulignons enfin l’exemple de l’imprimerie Compiram implantée dans des
locaux qui ne laissent pas indifférents : créée il y a une trentaine d’années, cet
établissement, qui regroupe certaines machines des plus modernes de l’imprimerie
contemporaine, est intégré dans une enveloppe constituée principalement de
briques, percée de baies à arc en plein-cintre. L’atelier originel de textile a donc été
réhabilité pour accueillir des presses et aujourd’hui les outils nécessaires au
fonctionnement d’une chaîne graphique que dominent les procédés informatiques.
104

3. Liste du matériel d’exposition
3.1. Dons ou achats, un nombre suffisant de machines et d’objets 87
Une liste des artéfacts inutilisés (machines ou objets) fait suite à nos visites
des imprimeries typographiques de la commune achevées le 4 juillet 2002 et aux
renvois de courriers intervenus jusqu’au vendredi 6 septembre. Au total, 15 retours
sur les 86 postages au niveau départemental (dont 3 erreurs d’adresse) ont été
effectifs.
Cet exercice de recensement demeure non exhaustif puisque d’autres
éléments doivent, à l’avenir, être pris en compte afin d’obtenir le nombre exact de
machines, objets exposés et utilisés dans le futur aménagement :
- d’une part, la totalité des questionnaires envoyés aux industriels ligériens ne
nous a pas encore été retournée.
- D’autre part, nous ne nous sommes pas entretenu avec M. Thévenain :
résidant dans la région lyonnaise, il a été le revendeur d’Heidelberg pour le
quart sud-est de la France et connaît sans nul doute de nombreuses adresses
où le matériel typographique de cette marque (presses, pièces détachées…)
peut être racheté, voire donné en vue de la création d’un Centre culturel et
scientifique des industries graphiques à Saint-Etienne.
- Enfin, certains établissements stéphanois traditionnels sont actuellement sur
la tangente (manque de travail, approche de la retraite…), notamment pour
MC ou TB imprimeries dont l’activité pourrait cesser dans les 5 années à
venir. Il s’agirait d’une occasion à saisir afin de compléter la collection des
pièces d’exposition du Centre projeté. En outre, leur espace d’atelier présente
une réelle potentialité pour l’accueil du public.
Sont donc ci-dessous mentionnées les pièces observées par nos soins et dont
l’entrepreneur nous a signalé leur possible cession (achat ou don) à un
87 Voir Annexes, pp.149 à 158 pour l’identification des machines ou objets
105

établissement culturel. Celles inscrites sur les questionnaires correctement
complétés sont également notées.
Pierres lithographiques
TB Imprimerie (M. Brégeon)
Casses (meubles, tiroirs, caractères)
MC Imprimerie : bois/plomb
TB Imprimerie : bois/plomb, clichés plomb
Imprimerie Cartonnage du Sud-Est : plomb, clichés plomb
Imprimerie Mondial Challenge : bois/plomb
Imprimerie Chevalier : bois/plomb, clichés plomb
Imprimerie Liversain père et fils : plomb
Imprimerie Générale du Centre
Imprimerie Simatis
Firm’Imprime : matrices linotype
Lingotier
Imprimerie Cartonnage du Sud-est
Formes de découpe
Imprimerie Chevalier
Imprimerie Cartonnage du Sud-Est
TB Imprimerie
Objets
TB Imprimerie : 1 coupoir, 1 typomètre
106

MC Imprimerie : 1 cisaille
Imprimerie Simatis : formes imprimantes en plomb
Imprimerie Chevalier : formes imprimantes en plomb
Machines
Imprimerie Cartonnage du SE : 1 presse platine Heidelberg (26x38)
Firm’Imprime : 1 linotype Manta 88
MC Imprimerie : 1 photocomposeuse
MC Imprimerie : 1 appareil pour clichés
TB Imprimerie : 1 presse platine fin XIX e s.
Imprimerie Chevalier : 3 presses offset
Imprimerie Chevalier : 1 massicot XIX e s. 89
Imprimerie Chevalier : 1 agrafeuse
Imprimerie Chevalier : 1 maindalle (début XX e s.) 90
Imprimerie Cartonnage du Sud-est : 1 massicot
Imprimerie Cuissot : 1 presse offset multilith (35x45)
TOTAL : 13 machines
Archives
Imprimerie Chevalier : imprimés années 1930
Tous ces objets et machines peuvent dès aujourd’hui faire l’objet de dons, un
certain nombre d’achats ; cela devra se négocier le temps voulu.
Notons le caractère exceptionnel de certains éléments qu’il faudrait
indéniablement conserver 91 :
88
Voir Annexes, p.158, document 29
89
Idem, p.157
90
Ibidem, p.158, document 27
107

- Mondial Challenge : casses avec caractères en bois, lingots en bois
- Imprimerie Chevalier : meubles de casses, casses, caractères en bois, plomb,
massicot XIX e s., maindalle, imprimés et livres des années 1930, clichés en
plomb, presses offset, formes imprimantes en plomb
- Imprimerie Cartonnage du Sud-est : presse platine Heidelberg, clichés en
plomb
- TB Imprimerie : si cessation d’activité, atelier complet de typographie des
années 1950, caractères en plomb, bois, clichés en plomb, presse platine
début XX e s., cisaille, (pierres lithographiques ?)
- Firm’Imprime : linotype (le seul exemplaire complet, et en état de marche dans
le département de la Loire)
- MC Imprimerie : photocomposeuse années 1970
91 Ibid., pp.155 et suivantes
108

3.2. Eléments susceptibles de compléter la collection
3.2.1. Un matériel typographique encore abondant
L’existence de ces compléments a été soulignée lors d’une discussion ou lors
de la réception des questionnaires sur le patrimoine industriel ligérien. Bien que nous
les répertorions, ils n’ont fait l’objet d’aucune précision concernant leur état de
conservation ou leur éventuelle cession à une entreprise culturelle. Nous
mentionnons seulement leur présence 92 .
Pierres lithographiques
Liversain Roger
M. Brégeon
M. Delmoure
M. Delpont
Casses
Liversain Roger (Imprimerie Liversain)
M. Delpont (Imprimerie Cartonnage du Sud-est)
Filice Santo (Imprimerie Reynaud)
Imprimerie Cuissot (Feurs)
Imprimerie Générale du Centre (Saint-Etienne)
Imprimerie R. Jamet (Bourg-Argental)
Imprimerie Daurel (Firminy)
Imprimerie Freynet Frères S.A. (Sorbiers)
Imprimerie Actes graphiques (Saint-Etienne)
92 Notons que les établissements TB et MC Imprimeries risquent, d’après leurs responsables, de
fermer leurs portes d’ici 4 ou 5 années.
109

Imprimerie Techni-Graphic (Saint-Chamond)
Imprimerie Oandel (Veauche)
Imprimerie Simatis (Saint-Priest-en-Jarez)
Imprimerie Touron (Saint-Etienne)
Objets
M. Delmoure : cahiers d’élèves de l’ancienne Ecole typographique stéphanoise
(années 1930-40) 93
Liversain Roger
Danti René
Gouranas Leftéris
Brégeon René
Fendant Guy : formes imprimantes en plomb
Ramirez Jean
Imprimerie Générale du Centre : formes imprimantes
Machines
M. Thevenain : revendeur Heidelberg dans le Sud-est
M. Delpont (Imprimerie Cartonnage du Sud-est) : 1 machine lithographique (fin XIX e s.)
Imprimerie R. Jamet : 1 presse platine à pied « Pedalette », 1 platine à main « manalette »
Imprimerie Daurel
Imprimerie Freynet Frères S.A. (Sorbiers)
Imprimerie Actes graphiques
Imprimerie Techni-Graphic
Imprimerie Oandel
Imprimerie Générale du Centre
Imprimerie Simatis
Imprimerie Touron
Imprimerie Cuissot
93 Voir Annexes, p.151
110

Archives
Liversain Roger
Danti René : Ecole typographique de Saint-Etienne, cours professionnels…
M. Delpont : livres de compte (années 1940-50)
Il ressort de cette nomenclature un nombre non négligeable d’imprimeries
utilisant encore aujourd’hui le plomb pour la fabrication de leurs imprimés. La
quantité de casses et de machines n’en est pas moins conséquente. Reste que les
dons ou futurs achats devront être réalisés avec l’accord de l’industriel concerné :
seule sa bienveillance permettra d’étoffer le corpus présenté dans le futur Centre des
Industries graphiques stéphanois…
3.2.2. La nécessité de collecter d’autres témoignages oraux
Concernant les témoignages oraux, le travail de recueil que nous avons
entamé au cours de ce stage devra, dans l’avenir être nécessairement complété :
l’ensemble des personnes citées ci-dessus peuvent être concernées par cette
entreprise de collecte car il s’agit, dans la majorité des cas, d’anciens travailleurs de
l’imprimerie devenus pour certains entrepreneurs : il serait, par exemple, urgent
d’interroger R. Liversain sur ses connaissances en matière de lithographie car il est
l’une des toutes dernières personnes (qui plus est un Stéphanois…) à pouvoir
témoigner sur la confection des pierres lithographiques.
La conservation de ce genre d’informations s’avère urgente, car dans
quelques années, il sera définitivement trop tard…
111

IV/ Résultats du stage
1. Bilan
Au terme des 3 mois impartis pour notre stage professionnel de DESS (avril -
juin) passé au sein du service Culture de la ville de Saint-Etienne, la typographie
locale s’est révélée être une thématique propice à une valorisation souhaitée par
certains ouvriers et entrepreneurs typographes (Ms Ramirez, Brégeon, Terrenoire,
Delpont…) de son patrimoine industriel qui demeure à ce jour méconnu.
Les résultats qui parachèvent nos recherches peuvent être énoncés dans
l’ordre suivant :
- CREATION d’un guide des sources disponible sur le sujet et d’une
bibliographie relative à l’écrit, au livre et à la typographie locale et nationale
après les études menées dans les bibliothèques publiques, universitaires de
Saint-Etienne et au centre de documentation du Musée de l’Imprimerie et de
la Banque de Lyon.
- ENREGISTREMENT de cinq témoignages oraux et ouverture d’une sous-
série consultative aux Archives municipales destinée aux interviews des
anciens ou actuels travailleurs des industries graphiques stéphanoises.
- RELEVE par un inventaire des machines typographiques et de l’architecture
des espaces de production où se pratiquent encore la composition des écrits
au plomb et leur impression.
- REALISATION d’un inventaire photographique du patrimoine de la
typographie au plomb à Saint-Etienne (plus de 270 photographies en
couleurs).
112

- SENSIBILISATION des entrepreneurs possédant un matériel ancien
(visites et envoi de questionnaires).
- ELARGISSEMENT de notre thématique principale à l’échelle
départementale et prise de conscience de sa grande potentialité patrimoniale
(le questionnaire envoyé à l’ensemble des imprimeurs du département révèle
l’existence d’un matériel typographique digne d’intérêt mais également
préfigure d’autres possibilités de dons ou ventes).
- ELABORATION d’un carnet d’adresses des personnes rencontrées,
interrogées ou recommandées.
- REPERAGE d’un bâti pouvant accueillir le futur Centre des Industries
graphiques de Saint-Etienne et ses environs.
- MISE EN PAGE d’un rapport destiné au service Culture, aux partenaires du
projet et aux décideurs (support de présentation du projet du point de vue
technique, financier).
- ENCOURAGEMENT pour qu’un dépôt de machines (imprimerie et autres
secteurs d’activité) soit proposé aux décideurs.
- ETUDE des exigences et de la mise en forme du futur Centre scientifique et
culturel.
- PRESENTATION aux décideurs et partenaires du stage effectué au sein de
l’unité Ville d’Art et d’Histoire et de l’étude universitaire.
Sous-exploité, le filon patrimonial que représente le secteur d’activité de la
typographie traditionnelle ne demande qu’à être plus profondément creusé :
plusieurs études historiques et de nouvelles campagnes d’inventaires permettraient
de se rassembler des données plus précises sur ses richesses.
113

2. Avantages et inconvénients du projet
2.1. Les obstacles
- La sauvegarde du matériel typographique demeure urgente.
Peu sensibilisés par l’aspect patrimonial de leurs outils de travail, les chefs
d’établissements, qu’ils aient des machines typographiques ou non, font disparaître
ou vendent régulièrement les appareils inutilisés.
Par exemple, à la fin de l’année 2001, M. X, imprimeur, ne s’est pas opposé
pour des raisons d’entretien, de déménagement et d’encombrement au
démantèlement d’une de ses deux linotypes, machines largement utilisées à
l’époque du plomb et aujourd’hui devenues excessivement rares.
Sensibiliser, rappeler l’intérêt de sauvegarder ce type d’outils pour un bien
collectif, telle est la démarche à engager pour que tout un pan de l’histoire
économique locale ne disparaisse à jamais.
- Transport des machines des ateliers au lieu de dépôt
Parallèlement à ce qui a été souligné précédemment, le déplacement des
presses et autres instruments de travail constituera une étape importante et
supplémentaire à prendre en compte pour la constitution des collections à exposer.
La nécessité de faire appel à une société spécialisée devra être débattue.
Notons que la plupart des imprimeries qui manient encore la typographie au
plomb sont implantées dans un rayon de 10km autours du centre-ville de Saint-
Etienne.
114

- Convaincre les entrepreneurs de léguer leurs anciens outils de
travail à une institution muséale
Un effort de sensibilisation auprès des entrepreneurs et des ouvriers devra
être entamé pour que l’image de leurs « simples » outils de production évolue et que
certaines machines typographiques puissent être léguées ou vendues à des
professionnels de la Culture qui sauront les utiliser à bon escient en ne dénaturant
pas leur fonctionnalité première.
115

2.2 Les dynamiques
- Une thématique patrimoniale peu étudiée
A Saint-Etienne, le manque de travaux (qu’ils soient scolaires ou
universitaires) sur les savoir-faire et la technicité de la typographie au plomb conduit
à considérer la virginité de ce champ d’étude : aucun travail n’a été réalisé sur le
sujet. Pour cette raison, un dépouillement méthodique et scientifique des archives
existantes dévoilerait précisément l’évolution des différents métiers s’y rattachant, ce
depuis le XIX e siècle.
De plus, la finalité culturelle et scientifique prendra en compte les attentes
actuelles des chefs d’atelier, des Stéphanois et des visiteurs étrangers en s’inspirant
des établissements de la ville comme les Musées d’Art et d’Industrie ou d’Art
moderne et des exemples nationaux (Musée de l’Imprimerie et de la Banque
lyonnais, Atelier de la Typographie et du Livre à Grignan…).
L’absence de mise en valeur culturelle de cette thématique à l’échelle
départementale laisse à Saint-Etienne une marge de manœuvre assez large et de
nombreuses initiatives à pourvoir. La coordination du futur Centre avec la structure
lyonnaise serait également bienvenue, voire primordiale.
- Un patrimoine technique aisément compréhensible, esthétiquement
attirant et ludique 94
Il est vrai que l’individu peu enclin aux différents métiers de l’imprimerie peut
être aisément captivé par la marche d’une presse ou d’un massicot, par
l’assemblage de caractères en plomb pour confectionner un texte. Si l’informatique a
dénaturé profondément le métier de l’imprimeur (une personne possédant un
ordinateur peut aujourd’hui devenir imprimeur), la typographie au plomb est un
métier qui fascine petits et grands. A l’image de l’écriture manuscrite, c’est
94 Voir Annexes, p.150 à 154
116

l’adjonction de plusieurs signes qui forment au final un écrit. Cette découverte de
l’écriture, de son sens et de sa valeur sont des thématiques pédagogiques
formidables à faire redécouvrir dans un monde où le clavier d’ordinateur est devenu,
en deux décennies, commun.
L’encre, le papier, les caractères en plomb, en bois, les presses constituent
un ensemble d’objets pédagogiques car nul n’a besoin d’avoir des rudiments en la
matière pour comprendre le mode de fonctionnement d’une machine à imprimer. De
plus, la couleur des encres, leurs odeurs provoquent naturellement une attirance
chez l’observateur, qu’il soit spécialiste ou néophyte (voir le succès des lieux cités
plus haut, ex : à Grignan). Enfin, la cadence, les bruits, la chaleur des machines
reconstitueraient l’ambiance des ateliers des années 1950.
- Un projet destiné à un large public
Le grand public, les scolaires, spécialistes et professionnels seront conviés à
fréquenter ce lieu où l’information réservée aux curieux et le propos d’individus
avertis se mélangeront, créant en définitive un point de rencontre et d’échange entre
le touriste, le professionnel et le chercheur.
- Un champ patrimonial nouveau pour Saint-Étienne et sa région
A l’heure actuelle, Saint-Etienne est plus connue pour ses musées de la
Mine, de l’Arme, du Ruban et du Cycle (Musée d’Art et d’Industrie). Avec la
construction d’une nouvelle structure 95 , l’imprimerie complètera et diversifiera l’offre
culturelle et redorera encore plus l’image de la ville et de ses environs. Cette
thématique légitimera d’avantage le poids de Saint-Etienne dans l’histoire
économique locale, régionale et nationale. Mis en relation étroite avec le futur
Centre international du Design, l’établissement scientifique et culturel des Industries
graphiques de la région stéphanoise redorerait le blason de cette cité ternie par
l’idée préconçue de ville noire que véhiculent les étrangers.
95 Voir Annexes, pp.38-39
117

- Collaboration possible avec le Musée de l’Imprimerie et de la Banque
de Lyon, le Moulin Richard de Bas (Ambert, Haute-Loire), les autres
musées régionaux et européens
Une étroite collaboration avec les autres centres techniques régionaux, voire
nationaux, serait essentielle ; excepté Lyon (qui, par ailleurs, axe sa politique
muséologique sur la trame chronologique des imprimeries lyonnaise et française), ces
établissements développent une thématique complémentaire à la typographie
stéphanoise et pourraient facilement soutenir l’action ligérienne (moulin Richard de
Bas : cycle de fabrication de la feuille de papier traditionnelle à partir de chiffons
mouillés).
Le Centre National des Arts et Métiers de Paris, les Musées de la Typographie
de Mayence et du Livre de Maastricht seraient également de précieux partenaires
(mise en réseau des informations…).
- Rencontres et échanges souhaités avec les ouvriers des
industries graphiques et les entrepreneurs stéphanois
Le Centre culturel et scientifique des Industries graphiques du bassin
stéphanois formerait un lieu de rencontre entre les visiteurs et les ouvriers
typographes ou les entrepreneurs. Ce dialogue permettrait au néophyte comme au
spécialiste de pénétrer de façon plus concrète dans le monde des ateliers
d’imprimerie stéphanois.
Il est vrai que la majorité des individus ne se rendent pas compte du travail
nécessaire à la confection ne serait-ce que d’un faire-part de mariage ou d’une
affiche de publicité alimentaire exposée dans les grandes surfaces. Derrière ces
façades se cachent une multitude de métiers qu’un certain nombre d’entreprises
stéphanoises ont su conserver et développer de façon remarquable. A l’heure
actuelle, plusieurs d’entre elles exportent une partie de leur marchandise à Paris.
Des conférences, une divulgation de leurs connaissances, des apports
financiers garantiraient l’animation et la bonne santé d’un tel établissement, proche
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aussi bien des visiteurs que des imprimeurs locaux. La mise en réseau de toutes les
bonnes volontés (industriels, artisans, associations…) sera indispensable.
- Dynamisation du tissu économique local
Cette structure dédiée à la typographie et aux Industries graphiques locales
assurerait enfin la création d’une dizaine de postes, élément non négligeable à
souligner.
Source d’emploi à l’échelle locale, vitrine d’un remarquable savoir-faire, elle
focaliserait l’attention du visiteur sur ce riche héritage et sa grande capacité à se
renouveler au grès de la conjoncture économique et des exigences de l’économie).
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