Le Maroxellois - Edition N° 2

Dossier Gembloux
ENTRETIEN AVEC ANDRÉ FLAHAUT,
ANCIEN MINISTRE DE LA
DÉFENSE NATIONALE (PS)
Le Maroxellois (L.M) Depuis plus de
dix ans, vous vous êtes impliqué dans
la dynamique de la commémoration
de la bataille de Gembloux. Pourriez
vous nous éclairer sur les motivations
qui sont les vôtres à ce sujet ?
André Flahaut (A.F ) : Comme je suis
natif de la région de Chastre, cette
commémoration et avant même qu’on
commence à parler des soldats marocains
morts à Gembloux, j’y participais
de temps à autre.
L.M : Depuis que vous êtes devenu ministre
de la défense en 1999, vous avez
fait de ce pèlerinage une manifestation
d’une importance particulière.
A.F : Avant de prendre en charge le
département de la défense, j’étais, depuis
1995, ministre fédéral de la fonction
publique. J’avais également la
compétence des «Victimes de guerre».
C’est à ce titre et depuis 1995 que j’ai
été sensibilisé par Les Belgo -marocains
qui se rendaient au cimetière
de Chastre pour rendre hommage aux
centaines de soldats marocains morts
à Gembloux en mai 1940.
Le Maroxellois magazine - 20
LM: Comment expliquez vous les
réticences des militaires français à
accepter de reconnaître ce fait historique
indéniable et établi ?
A.F: Pour répondre à votre question, je
citerai un fait malheureux mais ô combien
révélateur de ce comportement .
C’était en 1999. Le chargé militaire
français a cru opportun d’interdire l’accès
du cimetière de Chastre à des
jeunes et des enfants belgo marocains
agitant des drapeaux du Maroc.
Je me suis fâché tout rouge et exigé
cet accès en menaçant de ne pas entrer
moi-même dans ce cimetière. J’ai
imposé cet accès et dès la fin de la cérémonie,
j’ai demandé à mon collègue
français de la défense, Monsieur Masseret
de rappeler en France le chargé
militaire.
Ce qui fut fait.
L.M : : Qu’est-ce que cette bataille
représente d’après vous, pour les jeunes
descendants de ces soldats marocains
ayant consenti à Gembloux, le
sacrifice suprême
A.F : Pour tout jeune et de manière générale,
pour tout être humain, ne pas
connaître son histoire et ses racines
est un facteur important de destabilisation.
Pour les jeunes Maroxellois qui s’entendent
dire que leur présence en Belgique
est synonyme d’opportunisme
économique, la découverte de cette
histoire les transforme.
Puisque leurs grands parents ont
donné leur jeunesse et leur vie pour
ce pays qui est devenu celui de ces
jeunes.
L.M Le président de la SACOMB (1),
Monsieur Ahmed El Karrouti qui témoigne
dans ce magazine nous a dit que
votre soutien et vos conseils lui ont été
précieux pour la constitution de cette
association
A.F : Ce fut à cause du manque de
structuration que j’avais proposé à
Monsieur El Karrouti de créer une telle
association afin de pouvoir discuter
avec les comités organisateurs de cette
cérémonie annuelle et de la participation
des Belgo – marocains sur un
plan égalitaire.
Cette année en marge de la cérémonie
qui aura lieu le 17 mai, j’ai proposé à
Monsieur l’Ambassadeur du Royaume
du Maroc d’organiser un petit déjeuner
avec des jeunes tant belgo marocains
que Belges souche et de Français
pour parler ensemble de cet événement
historique et des
enseignements à en tirer.
L’ex-ministre de la défense André Flahaut à la commémoration
de la bataille de Gembloux.
(1) Souvenir des Anciens Combattants Marocains de
Belgique.