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Édition originale - La philosophie dans l'Académie de Créteil

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CDLXXIX. — II Mai 1647. 21<br />

pas <strong>de</strong> l'opinion <strong>de</strong> ceux qui veulent que le Mon<strong>de</strong> ibit fini. Elle<br />

témoigna douter qu'on put admettre l'hypothéfe du Mon<strong>de</strong> infinifans<br />

blefferla Religion chrétienne. Elle en dit fuccintement fes raij'ons à<br />

M. Chanut, qui ne manqua point <strong>de</strong> les faire Jcavoir à M. Defcartes<br />

par une lettre datée du XI May 1647, ajoutant que la Reine aurait<br />

irés-agréable l'éclaircijjément qu'il donnerait à fa penfee pour lever<br />

fesfcrupules. Il Joignit à la difficulté <strong>de</strong> la Reine une autre quef ion<br />

qu'il prapofa à M. Defcartes <strong>de</strong> fan propre mouvement, & dont il lur<br />

<strong>de</strong>mandait lafolution en même tèms. »<br />

<strong>La</strong> quejlion étoit <strong>de</strong> fçavoir clairement quelle eji cette<br />

impuljîon fecréte qui nous porte <strong>dans</strong> l'amitié d'une per-<br />

fonne plutôt que d'une autre, avant même que d'en con-<br />

noître le mérite ?<br />

« Et parce que M. Chanut étoit accoutumé à réduire toutes fes con-<br />

noiffances à la conduite <strong>de</strong> fa vie pour en <strong>de</strong>venir meilleur, il <strong>de</strong>manda<br />

encore à M. Defcartes, comme il aurait fait à fan directeur,<br />

fi un homme <strong>de</strong> bien, <strong>dans</strong> le choix <strong>de</strong> fes amitié^, peut<br />

fuivre les mouvemens cache-^ <strong>de</strong> fon cœur & <strong>de</strong>/on efprit,<br />

qui n 'ont aucune rai/on apparente ; et s'il ne commet point<br />

une injufiice <strong>de</strong> difiribuer fes inclinations par une autre<br />

régie que celle du mérite.<br />

» Celte queflion l'avoit déjà exercé autrefois, en ce que, féparant<br />

l'amitié d'avec <strong>de</strong>ux chofes que l'on confond fouvent avec elle, dont<br />

l'une efl l'e/iime <strong>de</strong> la vertu, l'autre eft<br />

cet échange, d'ofjïces mutuels<br />

entre les honnêtes gens, qui n'efl en effet qu'un commerce <strong>de</strong> bienfaits,,<br />

cette amitié refîe comme une Jiniple liaifon & un ciment qui affemble<br />

tous les hommes en un feul corps, & qui doit être d'égale force entre<br />

toutes les parties. Autrement il efl impoflible qu'il ne furvienne <strong>de</strong> la<br />

divifion, contre l'équité naturelle, & que, nous attachant trop forte-<br />

ment à quelques perfonnes, nous ne forons infenftblementfépare\ <strong>de</strong>s<br />

autres. 3/. Chanut ne croyait pas qu'on put refufer le nom <strong>de</strong> J'age<br />

à celur qui, mettant pour fon<strong>de</strong>ment en fon cœur un amour égal pour<br />

tous les hommes,/ ajoûteroit feulement la diflinâion <strong>de</strong>s mérites differens,<br />

& celle obligation <strong>de</strong> reconnoijfance <strong>dans</strong> le trafic <strong>de</strong>s bons<br />

offices. El quoj- qu'alors l'eflime <strong>de</strong> la vertu

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