british library collection de francois chevremont « le bibliographe de ...
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A défaut <strong>de</strong> preuves juridiques, on ne peut opposer à M. Cabanès que <strong>de</strong>s présomptions mora<strong>le</strong>s;<br />
mais pour cela, il faut connaître son sujet, connaissance qu'il serait diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> nous contester.<br />
Selon nous, et nous allons en exposer <strong>le</strong>s motifs, Simonne n'a point accepté l'offre du citoyen<br />
Arnoux, pas plus que <strong>le</strong> citoyen Arnoux n'a donné <strong>le</strong>s trois quarts <strong>de</strong> son revenu, La France<br />
entière n'ayant point imité son exemp<strong>le</strong>; l'enthousiasme individuel étant un feu <strong>de</strong> pail<strong>le</strong> qu'éclaire<br />
rarement <strong>de</strong>ux <strong>le</strong>vers <strong>de</strong> so<strong>le</strong>il.<br />
C'est trop déjà <strong>de</strong> l'……ion [?] perfi<strong>de</strong> qui fait à Simonne Evrard un reproche <strong>de</strong> figurer, comme<br />
veuve Marat, au nombre <strong>de</strong>s pensionnaires <strong>de</strong> l'Etat, cela dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> l'amoindrir mora<strong>le</strong>ment<br />
en l'assimilant à Charlotte Robespierre, qui ne sut vivre après la mort <strong>de</strong> son frère qu'aux rateliers<br />
<strong>de</strong> l'Empire, <strong>de</strong> Louis XVII, <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s X et <strong>de</strong> Louis-Philippe sous <strong>le</strong> règne duquel el<strong>le</strong><br />
s'éteignit.<br />
Non, Simonne n'a point accepté l'offre du citoyen Arnoux. Lisez, <strong>le</strong>cteurs, l'exor<strong>de</strong> <strong>de</strong> son<br />
discours prononcé à la tribune <strong>de</strong> la Convention nationa<strong>le</strong> trois semaines après l'assassinat <strong>de</strong><br />
l'ami du peup<strong>le</strong>:<br />
<strong>«</strong>Vous voyez <strong>de</strong>vant vous la veuve Marat. Je ne viens point vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s faveurs que<br />
la cupidité convoite ou que réclame l'indigence; la veuve <strong>de</strong> Marat n'a besoin que d'un<br />
tombeau… » (Séance du 8 août 1793).<br />
Non, Simonne n'a point accepté cette offre individuel<strong>le</strong>, une tel<strong>le</strong> acceptation étant contraire au<br />
caractère et aux sentiments <strong>de</strong> ce nob<strong>le</strong> coeur, dont <strong>le</strong> désintéressement, <strong>le</strong> dévouement et<br />
l'abnégation sont la gloire.<br />
Sa dignité personnel<strong>le</strong>, la mémoire <strong>de</strong> Marat à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> est restée fidè<strong>le</strong>, ses ressources<br />
personnel<strong>le</strong>s qui lui permirent durant plus <strong>de</strong> 18 mois <strong>de</strong> continuer l'imprimerie Marat et d'y<br />
entreprendre la réimpression complète <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s oeuvres politiques <strong>de</strong> l'ami du peup<strong>le</strong> (15 vol<br />
in 8°), entreprise que la réaction thermidorienne fit échouer après la publication du premier<br />
volume en lui arrachant ses presses (21 février 1795).<br />
Pour rester concis, nous ne rapporterons point ici l'éloge <strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong> Simonne, tracé par<br />
Albertine dans sa Réponse aux détracteurs <strong>de</strong> l'Ami du Peup<strong>le</strong>, mais nous ne pouvons laisser<br />
ignorer cette exclamation d'honnêteté et <strong>de</strong> désintéressement, en réplique aux manifestations<br />
cupi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> certain membre <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>: <strong>«</strong> …… Mais qu'ils se sont trompés s'ils ont cru que la<br />
veuve Marat et moi serions capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> tremper dans une pareil<strong>le</strong> infamie!… <strong>«</strong><br />
(Lettre d'Albertine Marat adressée à la Convention nationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> 12 ventôse, an 2 <strong>de</strong> la<br />
République).<br />
Pour témoigner que ces femmes respectab<strong>le</strong>s surent se suffire du travail d'Albertine et du <strong>de</strong>rnier<br />
débris <strong>de</strong> la fortune <strong>de</strong> Simonne, citons <strong>le</strong>s conclusions <strong>de</strong> sa déclaration, lors <strong>de</strong> son<br />
incarcération et interrogatoire, <strong>le</strong> 9 nivôse an IX, à propos <strong>de</strong> l'attentat contre la vie <strong>de</strong> Bonaparte,<br />
alors premier consul.<br />
<strong>«</strong>Je vous ai dit l'exacte vérité, que je ne reçois personne, parce que je suis dans une gran<strong>de</strong><br />
détresse, n'ayant pour tout bien que 560 francs sur l'Etat, pour tout revenu.»<br />
Fait certifié par la propriétaire <strong>de</strong> l'immeub<strong>le</strong> où mourut d'abord Simonne, puis Albertine<br />
(Voir Réfutation <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong>s Girondins par Constant Hilbey. Ce document se trouve au<br />
dossier Albertine, cahier n°1)<br />
Tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s présomptions mora<strong>le</strong>s qui ressortent <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong> tous ces documents<br />
authentiques et qui nous autorisent à dire que Simonne n'a point accepté l'offre civique du citoyen<br />
Arnoux.<br />
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