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Tableau d'une exécution de Howard Barker - Odéon Théâtre de l ...

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G.D. : Quels mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail l’écriture exige t-elle <strong>de</strong>s acteurs ?<br />

C.E. : La démarche rejoint celle que je mène habituellement avec les comédiens : les empêcher <strong>de</strong> verser<br />

dans le réalisme, travers accentué par le cinéma aujourd’hui. Le travail passe par l’apprentissage du texte<br />

sans ponctuation, en se détachant du sens et <strong>de</strong> la psychologie pour éviter tout schéma intonatif préconçu,<br />

en privilégiant le mouvement <strong>de</strong> l’écriture, les envolées et les chutes abruptes, le cheminement, sinueux<br />

et brusque, <strong>de</strong> la pensée. Le jeu doit tendre vers une théâtralité exacerbée.<br />

G.D. : Dans l’essai Arguments pour un théâtre, <strong>Howard</strong> <strong>Barker</strong> écrit que «les attentes du public, forgées par<br />

trois décennies <strong>de</strong> théâtre politique, ont induit chez lui une servilité intellectuelle. Cette servilité s’exprime à travers<br />

l’attente désespérée <strong>de</strong> message, lequel dénigre l’expérience artistique.»<br />

Quel rapport au public envisagez-vous ?<br />

C.E. : Dans Les Européens, les registres <strong>de</strong> langue, l’anticonformisme <strong>de</strong>s propos, le déroulé chaotique <strong>de</strong><br />

la narration déconcertent le spectateur. Il suffit <strong>de</strong> faire entendre le texte, d’insuffler l’énergie et le rythme<br />

afin <strong>de</strong> donner la détonation <strong>de</strong>s évenements qui se succè<strong>de</strong>nt sans cesse.<br />

Dans <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong> la déstabilisation vient d’avantage du traitement sur le plateau. Le rôle <strong>de</strong><br />

Galactia sera interprété par plusieurs acteurs. Cette diffraction casse les mécanismes d’i<strong>de</strong>ntification du jeu<br />

conventionnel et <strong>de</strong>ssine le personnage par la parole. Peut-être interviendrais-je parfois pour stopper la représentation,<br />

sortir <strong>de</strong> la fiction, faire travailler les acteurs à vue, comme en répétition.<br />

G.D. : Dans <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong>, Galactia dit : «C’est le travail <strong>de</strong> l’artiste d’être brutal. Préserver la brutalité,<br />

voilà ce qui est difficile.»<br />

C.E. : Pour toucher le spectateur, le théâtre doit achopper, prendre à rebrousse-poil tout en restant ludique.<br />

Depuis plusieurs années j’ai développé <strong>de</strong>s dispositifs qui cherchent justement à briser la convention<br />

et préserver cette brutalité. Je répète en public, j’intègre <strong>de</strong>s amateurs sur scène aussi souvent que<br />

possible, je gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s zones d’improvisation qui obligent les acteurs à recentrer leur énergie sur le présent<br />

du plateau, sur l’attention aux autres, au public. Le théâtre <strong>de</strong> <strong>Barker</strong> force à inventer !<br />

Les Européens, photo <strong>de</strong> répétition<br />

Les Européens 12 – 25 mars 2009 / <strong>Tableau</strong> d’une <strong>exécution</strong> 26 mars – 11 avril 2009 18<br />

© Alain Fonteray

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