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MALADIE DES CORPS D'INCLUSIONS CHEz UN PyTHON MOLURE (Python molurus) Norin Chai*, Françoise Perrin*, Jacques Rigoulet*, Jean Luc Berthier** & Marie Claude Bomsel*** Résumé : Un python molure présentant des signes gastriques et neurologiques, a été traité avec des antibiotiques et anthelminthiques sans succès. Une biopsie du foie a montré la présence de corps d'inclusions éosinophiliques intracytoplasmiques, confirmant la suspicion clinique de maladie à corps d'inclusions ou Inclusion Body Disease. Mots-clés : Maladie des Corps d'Inclusion, IBD, boïdés, python MOTIFS DE CONSULTATION Régurgitation, coliques spastiques, tremblements de la tête COMMEMORATIFS - ANAMNÈSE Le sujet est une femelle python molure (Python molurus) née en captivité provenant d'un élevage au Venezuela, âgée d'environ 11 ans, entrée à la Ménagerie le 12 janvier 1993 par don de la SPA. Elle avait été retirée de son propriétaire défaillant. Les conditions de détention à la Ménagerie sont conformes aux normes exigées pour cette espèce. Au cours des derniers mois de l'année 2000, elle a présenté des régurgitations peu après la prise alimentaire. Le 20 novembre 2000, une injection de lévamisole à 10 mg/kg, NEMISOL ND en IM a été effectuée. Vers la mi-décembre 2000, les régurgitations se sont accompagnées de coliques spastiques toujours après le repas. Ces signes sont ensuite apparus également en dehors des repas. On note enfin vers fin décembre la présence de tremblements de la tête, toutefois irréguliers. Le 27 décembre 2000, l'animal est traité avec du métronidazole à 125 mg/kg PO, FLAGYL ND en une seule fois et l’association trimethoprime (4,36 mg/kg) / sulfadiazine (21,8 mg/ kg), TRIBRISSEN ND une fois par jour en IM pendant 10 jours. Au bout de 8 mois, les symptômes persistent. 1 Python molure avec tremblements de la tête EXAMEN CLINIQUE Le 30 août 2001, l'animal pèse 23,5 kg et possède un très bon état d'entretien. L'examen à distance montre la présence de façon intermittente de légers tremblements de la tête au cours de la journée, de façon toujours irrégulière. Les spasmes sem- * DMV, **DMV - Maître de Conférences***DMV - Professeur Muséum, Ménagerie du Jardin des Plantes, rue Cuvier 75005 PARIS blent plus sporadiques. L'examen direct des phanères et des muqueuses est normal. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL Vus les commémoratifs et l'anamnèse, on peut émettre pour ce tableau clinique les hypothèses suivantes : Encéphalite virale (dont maladie à corps d’inclusions) Encéphalite bactérienne Néoplasie Encéphalite parasitaire (amibes, coccidies) Troubles métaboliques EXAMENS COMPLEMENTAIRES Frottis sanguin Absence de parasites Hémogramme, biochimie sanguine, coprologie Tous ces examens se révèlent normaux. Biopsie du foie Anesthésie Paramètres hématologiques et biochimiques du sujet avec les normes chez le Python molurus [2] Numération globulaire Leucocytes : 9.100 (N : 2.000-19.800 /mm 3 ) Hématies : 1.350.000 (N : 650.000-6.900.000 /mm 3 ) Hémoglobine : 10,3 (N : 7-11 g/100ml) Formule sanguine Polynucléaires hétérophiles : 2730 (N : 416-6.840 /mm 3 ) Polynucléaires basophiles : 273 (N : 80 -1080 /mm 3 ) Lymphocytes : 4368 (N : 340-18.600 /mm 3 ) Monocytes : 455 (N : 60-5.010 /mm 3 ) Biochime Glucose : 1,72 (N : 0,055-4,6 mmol/l) Acide Urique : 315 (N : 77-1071 mmol/l) Calcium : 4,5 (N : 2,48 - 8,55 mmol/l) Phosphore : 1,44 (N : 0,94 - 2, 94 mmol/l) AST : 32 (N : 1- 205 ui/l) CPK : 2.865 (N : 42-3.093 ui/l) Encadré 1 11
Le serpent est pré-anesthésié avec 30 mg/kg de kétamine (IMALGENE ND 1000). Un relais gazeux est effectué à l'aide du mélange isoflurane/oxygène. L'induction se fait au masque, concentration de 5%, débit de 1litre. La pose d'une sonde permet ensuite un entretien de l'anesthésie avec une concentration d'isoflurane oscillant, selon les besoins, entre 2 et 1%. Voie d'abord et sutures Le repérage du cœur permet de donner une bonne évaluation de la topographie des autres organes [5]. Une fois le foie situé, une incision à droite, entre le 2ème et le 3ème rang d'écailles latérales, est effectuée sur environ 10 cm. Macroscopiquement, le foie présente un aspect normal. La biopsie faite, une injection de marbofloxacine à 10 mg/kg, MARBOCYL ND est réalisée in situ. Des surjets, avec un fil résorbable tressé décimal 3 monté sur aiguille ronde ferment la séreuse cœlomique et les muscles. La peau est suturée avec des points simples en U avec un fil résorbable tressé décimal 4. Soins post-opératoires Le réveil est bon. L'animal est remis dans son terrarium, vidé de tout plan d'eau pendant 15 jours. Une antibiothérapie sur 15 jours (10 mg/kg de marbofloxacine) est instaurée. 2 Les inclusions apparaîssent comme des dépôts ovoïdes roses (éosinophiles), de la taille d’un noyau. Résultats anatomo-pathologiques L'histopathologie indique une surcharge glycogénolipidique des hépatocytes et une surcharge pigmentaire (cholestase). Des inclusions intracytoplasmiques de tailles variées, éosinophiliques, ovoïdes sont régulièrement retrouvées le long des hépatocytes. Aucune nécrose ni inflammation notable n'ont été observées en association avec les inclusions. DIAGNOSTIC Les signes cliniques et les résultats histopathologiques sont en faveur d'une maladie à corps d'inclusions ou Inclusion Body Disease. 3 Biopsie du foie du second python molure TRAITEMENT ET EVOLUTION Il n'existe aucun traitement. L'euthanasie est préconisée. L'animal vivait avec deux autres pythons molures. Aucun des deux autres ne présente de signes cliniques observables. Le sujet positif a été mis dans un autre terrarium, isolé. Le résultat de la biopsie du foie d'un second python s'est révélé négatif. La biopsie du troisième est programmée dans les mois prochains. DISCUSSION Epidémiologie La maladie à corps d'inclusion constitue une des maladies infectieuses les plus importantes touchant les boas et pythons à travers le monde. Cependant, des IBD ont également été détectés sur des tissus hépatiques et rénaux de vipères (Bothriechis marchi), décédées soit sans symptômes prémonitoires, soit après avoir présenté les symptômes suivants : anorexie, régurgitations, parésie. Les inclusions ressemblaient histologiquement aux IBD des boïdés : corps éosinophiliques intracytoplasmiques, ronds à ovales, simples ou multiples [8]. Diverses études suggèrent une étroite corrélation entre IBD et présence virale [7, 10, 11]. Dans une récente étude, un rétrovirus semblant de type C a été isolé à partir de boas IBD positifs ou exposés à des sujets IBD positifs. Une analyse par Western Blot des protéines virales indique que le virus des différents serpents était similaire. Cependant, il semblerait que l'étude ait révélé 3 souches rétrovirales différentes. Savoir si le virus est l'agent causal de l'IBD reste à être confirmé [4]. De plus, une définition exacte de ces inclusions n'a pas encore été énoncée. Ces inclusions pourraient représenter un matériel préviral ou une sorte de matériel de stockage… [11]. Le mode de transmission n'est toujours pas clairement défini. Le rôle des acariens dans la transmission du virus est une hypothèse communément énoncée. Cependant, l'hypothèse de transmission par contact direct ou transmission sexuelle ont été suggérés [3]. Vu le peu d'éléments épidémiologiques analytiques, la période d'incubation reste indéterminée. Remarquons cependant qu'une publication relate le cas de 4 boas non infectés qui ont reçu une inoculation de matériels tissulaires IBD positifs et qui ont développé des IBD au bout de 10 semaines [12]. Enfin il a été spéculé que les boas pourraient représenter des hôtes naturels et que les pythons seraient des hôtes accidentels 12
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