2 - Yaboumba
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Pratique des Animaux Sauvages &<br />
EXOTIQUES<br />
Volume 1.4 - Hiver 2001 - 4,6 € (30 F)<br />
Énucléation chez deux pythons royaux. Comparaison de deux techniques (Franck Rival)<br />
Dystocie par torsion de l'utérus chez une couleuvre à gouttelette (Jean-Marie Péricard)<br />
A propos de Conservation (Michel Tranier)<br />
A propos d'Ethnozoologie (Emmanuelle Grundmann)<br />
Maladie des corps d'inclusions chez un python molure (Norin Chai, Françoise Perrin,<br />
Jacques Rigoulet, Jean-Luc Berthier & Marie Claude Bomsel)<br />
Adénocarcinome hépatique chez un agame (Norin Chai & Lionel Schilliger)
Couverture : crédit photo JL BERTHIER, Ménagerie du Jardin des Plantes<br />
Pratique des Animaux Sauvages & Exotiques<br />
Editorial<br />
E d i t o r i a l<br />
Comité de lecture<br />
ANDRE Jean Pierre<br />
33260 La-Teste-De-Buch<br />
BELLANGEON Michel<br />
69008 Lyon<br />
CHAI Norin<br />
Muséum Nat. d'Hist. Nat.<br />
75005 Paris<br />
FIRMIN Yves<br />
06110 Le Canet<br />
FRANC Michel<br />
ENVT<br />
TRANIER Michel<br />
Muséum Nat. d'Hist. Nat.<br />
75005 Paris<br />
PFEFFER Pierre<br />
Muséum Nat. d'Hist. Nat.<br />
75005 Paris<br />
Bien que les Reptiles soient apparus il y a environ 200 millions d'années, la<br />
plupart des ordres (dont les Ptérosaures volants et Dinosaures terrestres) se<br />
sont éteints vers 60 millions d'années. Aujourd'hui la classe des Reptiles<br />
représentée par environ 6660 espèces, compte parmi les animaux les plus<br />
diversifiés qui soient. Par leurs biologie et aspects singuliers, contrastés et<br />
fascinants pour certains, mystérieux ou repoussants pour d'autres, ils laissent<br />
rarement indifférents. Ce numéro spécial ne représente qu'un clin d'œil<br />
sur la passionnante médecine herpétologique qui laisse encore au clinicien<br />
de très vastes champs d'investigation.<br />
Entre deux cas cliniques, vous partagerez les premières impressions de<br />
Michel Tranier lorsqu'il a découvert avec d'autres scientifiques du Muséum<br />
le Sarcosuchus imperator, la plus grosse espèce connue de Crocodilien à<br />
travers les âges.<br />
Enfin ce numéro voit l'apparition d'une nouvelle rubrique : "Ethnozoologie".<br />
Celle-ci apparaîtra épisodiquement, histoire de rappeler quelques liens,<br />
riches et épanouis, entre l'Homme et l'animal autres que la domestication,<br />
donnant une autre dimension de l'importance des animaux dans toutes les<br />
civilisations traditionnelles ou industrialisées.<br />
Docteur Norin CHAI, vétérinaire<br />
Directeur de publication<br />
S o m m a i r e<br />
S o m m a i r e<br />
Énucléation chez deux pythons royaux. Comparaison de deux techniques (Franck Rival).............3<br />
Dystocie par torsion de l'utérus chez une couleuvre à gouttelette (Jean-Marie Péricard).................7<br />
A propos de Conservation (Michel Tranier)..........................................................................................9<br />
A propos d'Ethnozoologie (Emmanuelle Grundmann)........................................................................10<br />
Maladie des corps d'inclusions chez un python molure (Norin Chai, Françoise Perrin,<br />
Jacques Rigoulet, Jean-Luc Berthier & Marie Claude Bomsel).............................................................11<br />
Adénocarcinome hépatique chez un agame (Norin Chai & Lionel Schilliger).................................14<br />
PRATIQUE DES ANIMAUX SAUVAGES ET EXOTIQUES :ISSN : 1627 - 2005. Impression : Jouve, Paris. Editeur : Association <strong>Yaboumba</strong>. Fondateur<br />
et directeur de publication : Norin Chai. ABONNEMENTS ET COMMANDES - SUR PAPIER LIBRE: Abonnement 2002 : 4 numéros, frais de port<br />
inclus : Praticiens : 150 FF (22,90 €) - Institutions : 220 FF (33,58 €) - Etudiants : 120 FF (18,32€) - Règlement par chèque adressé à <strong>Yaboumba</strong>, 10 boulevard de Picpus 75012 Paris (autre mode :<br />
nous consulter). RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS : Soumission des manuscrits à <strong>Yaboumba</strong>, 10 boulevard de Picpus 75012 Paris (sous disquette Word format<br />
PC) ou par E-mail à yaboumba@yaboumba.com . Format: Les manuscrits se présentent en double interligne avec une marge gauche importante et s'organisent idéalement comme suit : titre, nom<br />
des auteurs, leur(s) adresse(s), résumé, mots-clefs, introduction, anamnèse, examen, diagnostic différentiel, examens complémentaires, traitement, discussion et bibliographie. Les articles doivent<br />
obligatoirement s'accompagner d'au moins trois photos. Les noms latins doivent être soulignés. Les notes ne nécessitent pas de résumé. ASSOCIATION YABOUMBA : <strong>Yaboumba</strong><br />
représente une association créée le 03 janvier 2001 qui s'efforce d'atteindre les objectifs suivants: Etude de la faune sauvage en milieu captif et naturel, Diffusion des connaissances scientifiques<br />
informelles et professionnelles, Soutien ds projets de conservation in-situ et de développement intégré- Siège social :10 boulevard de Picpus 75012 Paris - Président : Norin Chai - E-mail :<br />
yaboumba@yaboumba.com - Web : http://www.yaboumba.com
ENUCLéATION DE L'œIL ChEz DEUx SERpENTS (Python regius)<br />
COMpARAISON DE DEUx TEChNIqUES ChIRURgICALES<br />
Franck RIVAL*<br />
Résumé : A partir de deux cas cliniques similaires, cet article expose les avantages et les inconvénients de deux techniques chirurgicales<br />
nouvelles d'énucléation de l'œil chez les serpents : glissement cutané et greffe de peau artificielle.<br />
Mots-clés : Reptile - Python - Ophtalmologie - Enucléation de l’oeil<br />
MOTIFS DE CONSULTATION<br />
Cas n° 1 : Différence de couleur et d'aspect de l'œil gauche par<br />
rapport à l'autre chez un python royal de 4 ans.<br />
Cas n°2 : Hypertrophie et déformation de l'œil droit chez une<br />
femelle python royal reproductrice gestante âgée de 6 ans.<br />
COMMEMORATIFS - ANAMNÈSE<br />
Cas n° 1<br />
Le sujet pèse 1,6 kg et possède un très bon état d'entretien. Les<br />
conditions de maintenance de l'animal sont passées en revue<br />
avec sa propriétaire et s'avèrent conformes aux conditions<br />
requises par cette espèce (voir encadré 1). Une quinzaine de<br />
jours auparavant, la propriétaire avait noté que l'œil gauche<br />
était plus gros que le droit. Pour elle, tout était rentré dans l'ordre<br />
quelques jours plus tard. Depuis quelques jours, l'œil est<br />
devenu terne, jaunâtre et affaissé. Léo ne mange pas depuis un<br />
mois. Cette description nous fait immédiatement penser à un<br />
abcès pré-cornéen qui a évolué vers la perforation et l'infection<br />
complète du globe oculaire. L'absence du soigneur habituel (en<br />
l'occurrence le mari de la propriétaire), explique malheureusement<br />
la consultation un peu tardive.<br />
1 Cas 1 : Panophtalmie<br />
Cas n°2<br />
La femelle python royal appartient à un éleveur amateur plus<br />
spécialisé dans les Colubridés nord-américains. Elle pèse 1,7<br />
kg, a déjà reproduit et se trouve gestante pour la deuxième fois.<br />
* DMV, Clinique Vétérinaire Carnot, 85 Avenue Sadi Carnot 26000 VALENCE<br />
L'état général est bon, les conditions de détention parfaitement<br />
maîtrisées. Au cours des deux dernières mues, la lunette n'est<br />
pas tombée. L'accumulation de ces lunettes a incité le propriétaire<br />
à tenter de les retirer lui-même. Une avulsion trop intempestive<br />
a causé une déchirure du muscle bulbaire suivi d'une<br />
uvéite et d'une exorbitation.<br />
2 Cas 2 : Luxation du globe<br />
Encadré<br />
Conditions environnementales du python royal<br />
Le terrarium doit avoir les caractéristiques suivantes :<br />
120 x 50 x 60 cm minimum (pour 1 à 3)<br />
Ouverture frontale par glaces coulissantes<br />
Chauffage assuré par un câble chauffant placé sous le terrarium sur 1/2<br />
à 2/3 de sa longueur ou par une ampoule chauffante (t° diurne 27 à 32°C,<br />
t° nocturne 25°C)<br />
2 cachettes : 1 au point chaud, 1 au point froid, en écorce de liège, pots<br />
de fleurs etc...<br />
Bac à eau de grande taille (immersion lors de la mue) à 28°C positionné<br />
sur le point chaud. Hygrométrie souhaitable : 80 %<br />
Branches : 1 ou plusieurs posées en diagonale préalablement stérilisées.<br />
Substrat : pas de sable ni de terreau mais plutôt billes d'argile, papier<br />
absorbant, substrat spécifique reptile (ex : BIOREP), copeaux de bois<br />
blancs pour rongeurs sont préférables, et sont à renouveler régulièrement.<br />
Eclairage : respecter un cycle jour nuit 12/12 heures. On utilise un tube<br />
néon placé dans le terrarium (car le verre filtre les UV) de type Reptisun<br />
UVB 2.0 (moins important que pour les lézards). Hibernation 1 à 3 mois<br />
à 18°C à 20°C pour favoriser la reproduction.<br />
1<br />
3
ExAMEN CLINIqUE<br />
Cas n°1<br />
L'examen à distance se révèle normal, l'animal se déplace sur<br />
la table de consultation et explore son nouveau milieu par des<br />
mouvements rythmiques de sa langue. L'examen de la cavité<br />
buccale révèle une stomatite infectieuse de stade I, cause probable<br />
de l'abcès pré-cornéen [11,12]. L'œil présente un aspect<br />
terne, un dépôt fibrineux recouvre la cornée.<br />
Cas n°2<br />
L'examen à distance et l'examen direct de l'animal se révèlent<br />
normaux, seul l'œil droit a un aspect anormal. L'avulsion des<br />
lunettes persistantes a induit une uvéite iatrogène avec hémorragie<br />
et exophtalmie [7,8].<br />
ExAMENS COMpLEMENTAIRES [10]<br />
Cas n°1<br />
Les examens complémentaires de routine sont réalisés.<br />
Biochimie : acide urique, glycémie (voir encadré 2) et coprologie<br />
(recherche de flagellés et d'œufs d'helminthes) sont tout à<br />
fait normales. L'examen ophtalmologique à l'aide d'une lampe<br />
à fente confirme la présence d'une kératite nécrotique avec<br />
perforation oculaire et panophtalmie terminale [4]. Un prélèvement<br />
bactériologique est réalisé sur l'œil. L'analyse isolera de<br />
nombreuses colonies de Pseudomonas aeruginosa.<br />
Cas n°2<br />
Coprologie et biochimie sont également normales. A la lampe<br />
à fente, on distingue un hyphema, ainsi qu'une hémorragie<br />
conjonctivale marquée.<br />
DIAgNOSTIC<br />
Pour le cas n°1 nous parlerons<br />
de panophtalmie<br />
infectieuse et pour le cas<br />
n°2 de luxation iatrogène<br />
du globe avec uvéite. Dans<br />
les deux cas, la seule issue<br />
thérapeutique reste l'énucléation.<br />
TRAITEMENT<br />
TraiTemenT médical<br />
Encadré<br />
paramètres biochimiques<br />
sanguins normaux<br />
du python royal [6]<br />
glucose : 0,1 -1,08 g/l<br />
Urée : 0,01 - 0,11 g/l<br />
Acide Urique : 12 - 56 mg/l<br />
Protéines totales : 30 - 80 g/l<br />
Calcium : 2,5 - 5,5 mmol/l<br />
Phosphore : 0,9 - 1,85 mmol/l<br />
LDH : 40 - 300 ui/l<br />
AST : 5 - 35 ui/l<br />
ALT: 200 - 260 ui/l<br />
Phosphatases alcalines : 8-145 ui/l<br />
Il est tout d'abord mis en place pour préparer les animaux à<br />
l'intervention chirurgicale.<br />
Cas n°1<br />
Pour traiter la stomatite et palier le risque septicémique, une<br />
antibiothérapie par voie générale est rapidement instaurée. On<br />
utilise la marbofloxacine (MARBOCyL FD ND ) à la dose de<br />
10 mg/kg toutes les 48 heures IM dans le premier tiers du<br />
corps. La dose passera rapidement à 20 mg/kg après les résultats<br />
de la bactériologie. Une antisepsie des lésions gingivales<br />
est réalisée à l'aide de chlorexhidine en gel (ELUgEL ND ).<br />
L'intervention chirurgicale est différée de trois jours.<br />
2<br />
Cas n° 2<br />
Une antibiothérapie de couverture est mise en place à l'aide de<br />
marbofloxacine à la dose de 10 mg/kg toutes les 48 heures IM<br />
ainsi qu'un traitement anti-inflammatoire à la méthylprednisolone<br />
(SOLUMéDROL ND ) à la dose de 10 mg/kg IM en 1<br />
injection. L'intervention chirurgicale a lieu le lendemain.<br />
TraiTemenT chirurgical<br />
Il consiste en l'énucléation de l'œil pour les deux cas. Jusqu'à<br />
maintenant les techniques chirurgicales consistaient à enlever<br />
l'œil et à attendre une cicatrisation par seconde intention, longue<br />
et délicate [1,5]. Nous proposons dans cet article deux<br />
techniques chirurgicales différentes :<br />
Pour le cas<br />
n°1 : il s'agit<br />
d'une technique<br />
de glissement<br />
cutané dérivée de<br />
la chirurgie derm<br />
a t o l o g i q u e<br />
(schémas 1&2)<br />
Pour le cas<br />
n°2 : nous utilisons<br />
une greffe<br />
de peau artificielle<br />
à l'aide de<br />
V e t b i o s i s t<br />
(VBS ND ) du<br />
l a b o r a t o i r e<br />
COOK.<br />
Anesthésie<br />
Schémas 1&2 : Technique de glissement cutané<br />
(dite en “noeud papillon” ) appliquée à la technique<br />
d’énucléation oculaire chez les serpents.<br />
L'anesthésie est réalisée par injection IVde propofol<br />
(RAPINOVET ND ) à la dose de 8 mg/kg à la veine ventrale<br />
caudale.<br />
Encadré<br />
Caractéristiques du Vetbiosist ND (laboratoire COOK)<br />
Le laboratoire COOK commercialise de nombreux matériaux de reconstitution<br />
tissulaire en médecine humaine. VBS est exclusivement réservé<br />
à l'usage vétérinaire. Il s'agit d'une " peau " obtenue à partir de sousmuqueuse<br />
d'intestin de porc, préalablement déshydratée et stérilisée. Elle<br />
se présente sous différentes formes : poudre ou éponge, feuille stratifiée,<br />
disques oculaires. Stable pendant un an environ, lyophilisée et conservée<br />
dans son emballage d'origine, elle nécessite une réhydratation extemporanée.<br />
Seule la forme feuille stratifiée a été utilisée dans notre étude.<br />
Cette feuille contient de plus des composants naturels favorisant la cicatrisation<br />
et le comblement des pertes de substances : collagène (type I, III,<br />
V), fibronectine, acide hyaluronique, chondroïtine sulfate A, sulfate d'héparine,<br />
facteurs de croissance (TgF b, bFgF). Les indications sont les<br />
mêmes que pour les carnivores. Citons par exemple la réparation des<br />
tissus mous, les lésions cornéennes, les traumatismes de l'œsophage, les<br />
plaies délabrantes, les brûlures, les lésions périodontales.<br />
3<br />
1<br />
2<br />
4
Technique commune<br />
Après désinfection de la zone<br />
cutanée périphérique à la<br />
VéTéDINE ND et pose d'un<br />
champ, la conjonctive est incisée<br />
sur tout le pourtour oculaire.<br />
Nul besoin d'inciser<br />
d'abord les lunettes puisqu'elles<br />
n'existaient plus dans les<br />
deux cas. Après section des<br />
muscles du bulbe, le globe est fixé sur un clamp et les tissus<br />
avoisinants disséqués [13]. Le faisceau vasculo-nerveux à la<br />
base de l'œil est ligaturé au VICRyL ND 3/0. La peau entourant<br />
l'orbite est alors désinsérée et une bande d'un millimètre découpée<br />
circulairement pour raviver la plaie à suturer. A ce stade les<br />
deux techniques varient.<br />
Technique n° 1<br />
La peau entourant l'orbite est disséquée sur quelques millimètres<br />
dorsalement et ventralement et un peu plus loin rostralement<br />
et caudalement pour permettre la section des deux triangles<br />
de peau. Une fois ces deux triangles enlevés la peau peut<br />
être suturée, plus difficilement que pour un carnivore du fait de<br />
son adhérence au tissu osseux sous-jacent. Des points séparés<br />
sont posés à l'aide d'ETHICRIN ND ou VICRyL ND 3/0. La<br />
3<br />
4 Technique de glissement cutané (cas 1)<br />
5 Cas 1 : aspect de l’animal après sutures<br />
Enucléation chirurgicale,<br />
sutures du pédicule<br />
6 Cas 1 : aspect de l’animal après 3 mois<br />
trac- tion de la<br />
peau engendre à la fin de la suture une légère déformation de<br />
la lèvre supérieure.<br />
Technique n°2<br />
Un lambeau de VBS ND est découpé de façon circulaire puis<br />
réhydraté 3 min dans une solution saline stérile. Positionné sur<br />
l'orbite, il est alors suturé à points séparés à la peau saine avec<br />
du VICRyL ND 3/0. On peut ainsi suturer plusieurs couches<br />
7 greffe de Vetbiosist après énucléation (cas 2)<br />
8 Cas 2 : aspect de la greffe au VBS ND à J15<br />
5
pour augmenter la résistance si on le désire. Par la suite, il<br />
devra être régulièrement humidifié, 3 fois par jour minimum.<br />
Dans les deux cas, un morceau de compresse hémostatique<br />
(SURgICEL ND ) est laissé dans l'orbite avant la fermeture de<br />
la plaie. Les deux animaux ont retrouvé leur état normal quelques<br />
heures après l'anesthésie.<br />
Soins post-opératoires et évolution<br />
La plaie est régulièrement désinfectée et humidifiée avec une<br />
solution de Chlorhexidine (HIBITANE ND ). Une pommade<br />
antibiotique (FUCITHALMIC ND ) est régulièrement appliquée<br />
trois fois/jour (15 jours). Les animaux sont revus à J15, J30,<br />
J60.<br />
Les deux pythons ont repris de l'appétit assez rapidement (10<br />
jours pour le cas n°1, 15 jours pour le cas n°2). L'absence de<br />
vision d'un côté est sans aucune conséquence sur la prise de la<br />
proie, l'animal incline la tête légèrement et de toute façon le<br />
repérage des proies se fait essentiellement par détection thermique<br />
chez les Boïdés [9]. La gestation et la ponte se passeront<br />
normalement pour le cas n°2. Les points sont enlevés au bout<br />
de 4 semaines dans le cas n°1 et rejetés par la cicatrisation avec<br />
un morceau du greffon au bout de 15 jours dans le cas n°2<br />
laissant apparaître alors un tissu cicatriciel comblant l'orbite.<br />
DICUSSION<br />
La comparaison de ces<br />
deux techniques est importante<br />
:<br />
L'utilisation du VBS ND<br />
permet d'améliorer considérablement<br />
le temps de cicatrisation<br />
chez ces espèces où<br />
il est habituellement très<br />
long. Au bout de 15 jours, les<br />
points se retrouvent repoussés au<br />
centre du greffon alors que dans le cas d'une cicatrisation normale<br />
4 à 6 semaines sont nécessaires.<br />
La technique du glissement est plus difficile à réaliser du<br />
fait de la non-élasticité du tissu cutané péri ophtalmique chez<br />
les serpents.<br />
9 Aspect de la greffe au VBS ND à<br />
La légère déformation de la lèvre supérieure, même minime et<br />
sans gêne pour l'animal représente un des inconvénients de<br />
cette technique. Un décollement plus important et une plus<br />
grande taille des triangles de peau enlevée auraient peut-être<br />
permis d'éviter ce problème esthétique, mais nous n'avons pas<br />
voulu prendre le risque de trop délabrer cette zone cutanée très<br />
adhérente au plan profond et très peu mobile surtout.<br />
L'énucléation de l'œil des serpents est une intervention chirurgicale<br />
délicate. Elle impose une bonne connaissance de l'anatomie,<br />
la physiologie, (encadré 4), la maintenance et l'anesthésie<br />
de ces espèces. Une réflexion sur les techniques de reconstruc-<br />
Avantages et Inconvénients des deux techniques chirurgicales<br />
tion s'impose également, les données bibliographiques à ce<br />
sujet étant rares voire nulles. Souhaitons donc que cet article<br />
encourage les vétérinaires à réaliser plus souvent cet acte<br />
lorsqu'il est indiqué (encadré 4) plutôt que l'euthanasie de<br />
Encadré<br />
Rappels importants [2,3]<br />
La position oculaire des serpents est latérale et la cavité orbitaire<br />
circulaire<br />
Un septum inter-orbitaire osseux sépare les deux yeux<br />
L'œil est en relation toute proche avec l'encéphale<br />
La caractéristique oculaire majeure des serpents est l'absence des<br />
paupières. Elle est compensée par la présence d'une lunette, écaille<br />
épidermique transparente qui trouve son insertion sous les grandes<br />
écailles céphaliques.<br />
Lors de la mue, il arrive que la lunette ne tombe pas, ce problème<br />
peut récidiver à chaque mue engendrant une superposition de lunettes<br />
qui persiste sur la cornée. (voir photo 10)<br />
Indications principales de l'énucléation ches les serpents :<br />
Abcès pré-cornéen compliqué, Perforation de l'œil par traumatisme,<br />
Luxation du globe, Tumeur (rare).<br />
10<br />
Coupe histologique de lunettes, notez l’accumulation de 4<br />
lunettes<br />
l'animal.<br />
Notre préférence va à la greffe au VBS ND qui nous a<br />
donné entière satisfaction et présente de nombreux avantages<br />
en particulier une cicatrisation meilleure et rapide.<br />
BIBLIOgRAphIE<br />
1. BROgARD, J. 1997. Ophtalmologie des Reptiles dans CLERC B.,Ophtalmologie<br />
vétérinaire, 2e édition, Ed du Point Vétérinaire : 29, 629-633<br />
2. FRyE, F.L. 1991. Reptile Care, An atlas of diseases and treatments, Ophtalmologic<br />
conditions T.F.H. Publications : (2), 325-343.<br />
3. gANS, 1977. Biology of the Reptilia, the eye. Academic Press London : (2), 1-97<br />
4. JACOBSON, E.R. 1993. Exotic pet medicine I , Vet clin. of North Am., vol 23, (6) :<br />
1206<br />
5. JACOBSON, E.R., KOLLIAS g.V., 1988. Ophthalmologic surgery. Exotic animals.<br />
Churchill Livingstone INC : 68-74<br />
6. JACOBSON, E.R., 1992. Laboratory investigations in Manual of Reptiles, Bul. Soc.<br />
Am. Vet. Ass. : 50-62<br />
7. LAWTON, M.P.C., 1992. Manual of Reptiles, BSAVA, Ophthalmology (15) : 157-169<br />
8. MILLICHAMP, N.J., JACOBSON, E.R., WOLF, E.D., 1983. Diseases of the eye and<br />
ocular adnexae in Reptiles. JAVMA, Vol 183, (11) : 1205-1212.<br />
9. RIVAL, F., 1995. Ophtalmologie des Reptiles,. Congrés CNVSPA 24-26 novembre<br />
1995<br />
10. RIVAL, F., 1999. CAT devant une affection oculaire chez les Reptiles, Le Point<br />
Vétérinaire,vol.30, spécial " Nouveaux animaux de compagnie" : 222-224<br />
11. RIVAL, F., 2001. Quel est votre diagnostic? Prat. Ani. Sauv. Exo. 1 : 15-17<br />
12. WILLIAMS, D.L., 1996. Ophtalmology in MADER D.R., Reptile medicine and surgery,<br />
W.B. Saunders Company ed. : 175-185<br />
13. ZWART, P. et coll., 1973. Fungal infection of the eyelids of the snake Epicrates chenchria<br />
maurus : Enucleation under Halothane narcosis, J. of Small Animal Practice, 14 :<br />
773-779.<br />
Crédits photos : F. RIVAL<br />
Remerciements au Dr ROyER, au Laboratoire d’Anatomie Pathologie<br />
Vétérinaire du Sud Ouest des Drs Poujade et Degorce-Rubiales à<br />
Toulouse ainsi qu’au Laboratoire d’Analyses Médicales Reynier à<br />
guilherand-granges et au Laboratoire Cook.<br />
4<br />
6
DYSTOCIE PAR TORSION DE L'UTERUS CHEZ UNE COULEUVRE<br />
A GOUTELETTE (Elaphe guttata)<br />
Jean-Marie PéRICARD*<br />
Résumé : Ce cas relate une dystocie chez une couleuvre, suite à une torsion spontanée de l'oviducte autour d'un œuf anormalement<br />
petit.<br />
Mots-clés : reptiles, Couleuvre, Dystocie, torsion oviducte<br />
MOTIF DE CONSULTATION<br />
Arrêt de ponte<br />
COMMEMORATIFS - ANAMNÈSE<br />
Le sujet, une couleuvre à gouttelette (Elaphe guttata), femelle<br />
albinos, âgée de 5 ans, a pondu 6 œufs cinq jours plus tôt, et 8<br />
dans la nuit suivante, puis plus rien.<br />
L'éleveur est un amateur averti, qui élève des serpents depuis<br />
10 ans. Cet animal vit en vivarium dans des conditions correctes<br />
: vivarium de 80 x 50 x 50 cm, substrat de copeaux de hêtre,<br />
chauffage par câble dans un double fond en bois, température<br />
de 28 °C avec un gradient de température, bac d'eau en zone<br />
chaude, éclairage par tube lumière du jour, selon un rythme<br />
nycthéméral variable avec la saison (14 h /j en été).<br />
Le dernier repas, consistant en une jeune souris, remonte à<br />
environ 4 semaines. La dernière mue, normale, a eu lieu 12<br />
jours plus tôt. Une boîte de ponte a été placée dans le vivarium<br />
au moment de la mue.<br />
EXAMEN CLINIQUE<br />
L'animal est en bon état général, il pèse 355g. On note la présence<br />
de 6 œufs. Aucune affection générale n'est décelée.<br />
L'examen cloacal ne montre aucune anomalie.<br />
1<br />
L’examen clinique montre un bon état général et<br />
la persistance de 6 oeufs.<br />
* DMV, Clinique Vétérinaire, 24 rue du Cers 11130 Sigean<br />
DIAGNOSTIC<br />
A ce stade de l'évolution du cas, un diagnostic précis ne peut<br />
encore être posé. Mais on peut éliminer les dystocies par<br />
erreurs zootechniques et maladies intercurrentes. Il reste à<br />
explorer d'autres causes d'arrêt de contractions des oviductes,<br />
et les causes obstructives.<br />
TRAITEMENT ET EVOLUTION<br />
Tentatives médicales et obstétricales non invasives<br />
Ocytocine<br />
Une injection d'enrofloxacine à 10 mg/kg, soit 0,1 ml de<br />
BAytrIL ND 5% injectable, et une injection d' 1 U d'ocytocine,<br />
soit 0,1 ml d'OCytex ND , sont pratiquées.<br />
Le lendemain, il n'y a eu aucune élimination d'œufs.<br />
Extraction manuelle<br />
Après lubrification, on réussit à extraire, par l'oviducte droit,<br />
avec une pince à corps étranger, aidé d'un taxis externe précautionneux,<br />
4 œufs. Il n'en reste plus que 2 en place, dont un qui<br />
paraît plus petit à la palpation externe, en position postérieure.<br />
Si on applique un taxis externe modéré, ce petit œuf ne se<br />
déplace que très peu, puis revient à sa place initiale.<br />
L'antibiothérapie est poursuivie, mais l'injection d'ocytocine<br />
n'est pas renouvelée, puisque inefficace la première fois.<br />
2<br />
Quatre oeufs ont pu être extraits grâce à un taxis externe<br />
précautionneux.<br />
Endoscopie<br />
Le surlendemain, il n'y a eu aucune progression vers l'arrière<br />
des 2 œufs. Une endoscopie par les voies naturelles est réalisée<br />
avec un endoscope rigide de 2,7 mm de diamètre, associée à<br />
une irrigation simultanée, à la sonde souple, des oviductes par<br />
une solution de rINger LACtAte ND additionnée d'HIBItANe<br />
irrigation ND . elle permet de visualiser l'œuf antérieur<br />
7
4<br />
dans l'oviducte droit, et de localiser le petit œuf postérieur dans<br />
l'oviducte gauche, mais sans jamais pouvoir le visualiser<br />
directement : il y a toujours une membrane qui s'interpose.<br />
Ces examens sont renouvelés, sous anesthésie générale, avec le<br />
même résultat quelques jours plus tard. Une intervention<br />
chirurgicale est donc réalisée.<br />
Intervention chirurgicale<br />
Anesthésie<br />
L'anesthésie générale est réalisée par inhalation d'isoflurane et<br />
oxygène. L'induction se fait au masque, concentration de 5%,<br />
débit de 1 litre. Une sonde trachéale est ensuite placée, et<br />
l'anesthésie entretenue à une concentration de 3% à 1,5%.<br />
2 Intubation trachéale<br />
3 Anesthésie entretenue à une concentration de 3% à 1,5%<br />
Voie d'abord<br />
Incision latérale en<br />
regard des oeufs<br />
Une laparotomie latérale gauche,<br />
entre le 2ème et le 3ème rang<br />
d'écailles latérales, en regard des 2<br />
œufs, est réalisée au bistouri à lame.<br />
Extraction des oeufs<br />
Le petit œuf postérieur est bien dans<br />
l'oviducte gauche, mais il y a eu une<br />
torsion antéro- postérieure de l'oviducte<br />
avec début de nécrose. L' oeuf<br />
est extrait, puis une ablation de toute<br />
la longueur de l'oviducte gauche<br />
accessible par l'ouverture de laparotomie<br />
est réalisée, après ligature de<br />
chaque pédicule.<br />
Sutures<br />
toutes les ligatures et les sutures sont<br />
réalisées au fil monofilament résorba-<br />
5<br />
ble décimale 1 en poliglécaprone 25 (MONOCryL ND ).<br />
L'œuf antérieur, situé dans l'oviducte droit, est extrait par hystérotomie.<br />
La paroi de l'oviducte est suturée en surjet simple.<br />
La laparotomie est refermée en 3 plans de surjets simples :<br />
séreuse cœlomique, muscles, peau. Le réveil est excellent et<br />
rapide.<br />
Soins post-opératoires et évolution<br />
L'animal reçoit du métronidazole à 50 mg/kg, soit 0,8ml de<br />
Le sujet après l’opération, avec les deux derniers oeufs extraits et l’oviducte<br />
gauche qui présentait une torsion antéro-postérieure.<br />
FLAgyL ND suspension buvable à 125 mg/ 5ml, en gavage à<br />
la sonde. Il n'y a aucune complication. Cette couleuvre se porte<br />
aussitôt très bien, et toujours après cinq mois de recul.<br />
DICUSSION<br />
La torsion de l'oviducte est extrêmement rare chez les serpents.<br />
Dans le cas présent, la torsion est spontanée (aucune intervention<br />
de l'éleveur avant la consultation), autour d'un œuf anormalement<br />
petit, situé dans l'oviducte " vide ". C'est la cause<br />
d'une dystocie dont la pathogénie n'est pas seulement obstructive,<br />
mais probablement également par inhibition des contractions<br />
des deux oviductes. Des cas de dystocies obstructives<br />
mettant en cause un volvulus ont aussi été décrit dans la littérature.<br />
[2,3]<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
1. DeNardo, D., 1996. Dystocias. In Mader, D.r. [eds.]. reptile medecine and surgery.<br />
Philadelphia WB Saunders.<br />
2. Finnegan M. & Kirpensteinjn, J., 1991.Dystocia associated with oviductal volvulus and<br />
rupture in a Burmese python. Journal of Small and exotic Animal 1 : 90-93<br />
3. Frye, F.L., 1991. Biomedical and surgical aspects of captive reptile husbandry, ed 2.<br />
Malabar, FL, Krieger Publishing : 345-392<br />
Crédits photos : J.M. PérICArD<br />
Manuscrit reçu le 20 décembre 2001<br />
8
A p r o p o s d e …<br />
Le Sarcosuchus imperator<br />
Michel Tranier*<br />
Gadoufaoua, désert du Ténéré, au Niger, le 29 novembre 1973.<br />
Il est 11h du matin, mais le soleil blafard peine à percer le vent<br />
de sable qui souffle rageusement depuis l'aurore ; six hommes,<br />
comme pris d'ébriété, zigzaguent le nez en l'air sur un replat<br />
sableux du désert, grand comme le stade de Bercy : c'est ce que<br />
nous avons trouvé de mieux pour l'atterrissage du petit avion qui<br />
nous ravitaille, et que nous guettons vainement dans le ciel roussâtre.<br />
Nous sommes une petite équipe de 4 paléontologues et 2<br />
zoologistes du Museum venus traquer la gerboise et le dinosaure<br />
sous la direction de Philippe Taquet. Le temps de cette matinée<br />
empoussiérée passe sans que le petit coucou qui nous apporte<br />
vivres et eau se manifeste le moins du monde au-dessus de nos<br />
têtes. Soudain, l'un de nous, Donald Russell, fait un écart pour<br />
se rattraper après avoir trébuché sur un obstacle au ras du sol ; il<br />
se retourne, étonné, et prend quelques pas de recul pour identifier<br />
la chausse-trape qui a failli le précipiter par terre : stupéfait,<br />
il aperçoit trois ou quatre énormes dents coniques qui dépassent<br />
du sol de 5 à 10 centimètres. Aux exclamations de notre collègue,<br />
la troupe égayée se rassemble autour de l'objet de son émoi<br />
: à fleur de sol, un énorme crâne blanchâtre s'étale sur deux<br />
mètres carrés. " Formidable ! " s'écrie Philippe Taquet, " Don, tu<br />
viens de tomber (c'est le mot !) sur un crâne entier de Sarcosuchus<br />
, et de belle taille, en plus " ; " C'est un crocodile--nous explique<br />
notre chef d'expédition--, une espèce géante de l'Aptien ( Crétacé<br />
inférieur : -110 millions d'années), qui vivait dans le delta marécageux<br />
qui constituait le paysage à l'époque". Tout excités par<br />
notre trouvaille fortuite, nous oublions notre avion qui, pourtant,<br />
finit par arriver, nous rate, repart, repasse un quart d'heure plus<br />
tard, et là, le pilote nous voit enfin en train de gesticuler dans la<br />
brume...Nous courons vers la silhouette bleue et blanche du petit<br />
bimoteur, qui sautille curieusement sur les bosses du sol avant de<br />
s'immobiliser, nous saluons le pilote-qui désespérait de nous<br />
trouver dans cette tempête sèche--, nous prenons livraison de<br />
nos denrées, et nous revenons examiner notre dragon ; il est<br />
merveilleusement conservé, quoique le vent abrasif du désert ait<br />
déjà commencé à détruire les parties qui dépassaient le<br />
plus de la roche fossilifère, un grès tendre. Philippe<br />
Taquet décide que nous allons dégager et emporter<br />
cette pièce exceptionnelle.<br />
Le lendemain, nous sommes tous les six à pied d'œuvre,<br />
et malgré le sable cinglant qui nous martyrise près<br />
du sol, nous nous attaquons au dégagement de cette<br />
tête fantastique . Une autre surprise de taille nous<br />
attend sous le crâne et la mandibule (encore reliés par<br />
un condyle , tels que les a laissés dans la vase une<br />
dernière crue du fleuve, il y a 110 millions d'années!) :<br />
le squelette quasi-entier gît en spirale, mais en vrac,<br />
sous le crâne. Philippe Taquet nous explique le probable<br />
scénario qui a conduit à cette étrange et exceptionnelle<br />
fossilisation. Il nous parle de ce " léviathan parvenu<br />
au bout de sa course, mort dans l'eau, ou tout près<br />
; le lourd cadavre de plusieurs tonnes a dérivé lentement<br />
dans les eaux d'un bras mort en se décomposant,<br />
perdant des morceaux de chair dans l'entrelacs des racines et des<br />
bois morts, et aussi dans les mâchoires des dipneustes et des<br />
* DMV, Professeur Muséum, Laboratoire Mammifères et Oiseaux, rue Cuvier 75005 PARIS<br />
CONSERVATION<br />
célacanthes, poissons sans doute charognards à leurs heures, et<br />
qui abondaient dans ce milieu ; la tête, qui s'est décomposée en<br />
dernier, se retrouve par hasard sur le dessus du tas d'os ; un dernier<br />
mouvement de l'eau, ou une dernière attaque de charognard,<br />
et la mandibule s'est à moitié détachée du crâne ; puis la saison<br />
sèche est arrivée : le cadavre a fait bloc en se desséchant ; à la<br />
saison des pluies suivante, ou lors de l'orage suivant, le bras mort<br />
s'est rempli d'eau boueuse et sableuse, et une couche de sédiment<br />
fluviatile a recouvert les restes du monstre, les mettant à l'abri<br />
pour bien des millions d'années ".<br />
Extraire, consolider et transporter ce fossile ne fut pas une mince<br />
affaire, mais c'était quand même dans nos cordes, naturellement.<br />
L'expédition revenue à Paris, Herbert Thomas et moi-même, qui<br />
étions les plus jeunes et les plus fauchés, nous nous vîmes proposer<br />
des vacations par le commanditaire de notre expédition, le<br />
milliardaire italien Gianfranco Ligabue, afin de poursuivre le<br />
dégagement et de la consolidation de la tête ; il faudra encore<br />
bien des années de vacations et de bénévolat, et bien des jours<br />
dans la colle et la poussière pour arriver enfin jusqu'à la présentation<br />
au public de cette bête extraordinaire, en octobre 2000,<br />
dans la Galerie de Paléontologie du Museum.<br />
Sarcosuchus imperator était un crocodile mangeur de poisson,<br />
qui vivait dans les fleuves du continent unique que formaient<br />
alors l'Afrique et l'Amérique du Sud. C'est la plus grosse espèce<br />
connue de Crocodilien à travers les âges. Son régime piscivore<br />
lui donnait la même tête qu'un gavial d'aujourd'hui, un Crocodilien<br />
lui aussi piscivore ; mais évidemment, le Sarcosuchus était beaucoup<br />
plus gros que notre gavial.<br />
Sarcosuchus a été d'abord trouvé en Algérie, puis au Niger à<br />
plusieurs reprises, enfin au Brésil ; il a été décrit en 1966 (et<br />
donc nommé) par France de Broin et Philippe Taquet, du<br />
Museum national d'Histoire naturelle ; le crâne du type, sur<br />
lequel s'appuie la description, est exposé au Musée de Niamey,<br />
au Niger.<br />
L’équipe Muséum sur une multitude de fossiles. (photo :M. Tranier)<br />
9
MALADIE DES CORPS D'INCLUSIONS CHEz UN PyTHON<br />
MOLURE (Python molurus)<br />
Norin Chai*, Françoise Perrin*, Jacques Rigoulet*, Jean Luc Berthier** & Marie Claude Bomsel***<br />
Résumé : Un python molure présentant des signes gastriques et neurologiques, a été traité avec des antibiotiques et anthelminthiques<br />
sans succès. Une biopsie du foie a montré la présence de corps d'inclusions éosinophiliques intracytoplasmiques, confirmant la suspicion<br />
clinique de maladie à corps d'inclusions ou Inclusion Body Disease.<br />
Mots-clés : Maladie des Corps d'Inclusion, IBD, boïdés, python<br />
MOTIFS DE CONSULTATION<br />
Régurgitation, coliques spastiques, tremblements de la tête<br />
COMMEMORATIFS - ANAMNÈSE<br />
Le sujet est une femelle python molure (Python molurus) née<br />
en captivité provenant d'un élevage au Venezuela, âgée d'environ<br />
11 ans, entrée à la Ménagerie le 12 janvier 1993 par don de<br />
la SPA. Elle avait été retirée de son propriétaire défaillant. Les<br />
conditions de détention à la Ménagerie sont conformes aux<br />
normes exigées pour cette espèce.<br />
Au cours des derniers mois de l'année 2000, elle a présenté des<br />
régurgitations peu après la prise alimentaire. Le 20 novembre<br />
2000, une injection de lévamisole à 10 mg/kg, NEMISOL ND<br />
en IM a été effectuée. Vers la mi-décembre 2000, les régurgitations<br />
se sont accompagnées de coliques spastiques toujours<br />
après le repas. Ces signes sont ensuite apparus également en<br />
dehors des repas. On note enfin vers fin décembre la présence<br />
de tremblements de la tête, toutefois irréguliers.<br />
Le 27 décembre 2000, l'animal est traité avec du métronidazole<br />
à 125 mg/kg PO, FLAGYL ND en une seule fois et l’association<br />
trimethoprime (4,36 mg/kg) / sulfadiazine (21,8 mg/<br />
kg), TRIBRISSEN ND une fois par jour en IM pendant 10<br />
jours. Au bout de 8 mois, les symptômes persistent.<br />
1 Python molure avec tremblements de la tête<br />
EXAMEN CLINIQUE<br />
Le 30 août 2001, l'animal pèse 23,5 kg et possède un très bon<br />
état d'entretien. L'examen à distance montre la présence de<br />
façon intermittente de légers tremblements de la tête au cours<br />
de la journée, de façon toujours irrégulière. Les spasmes sem-<br />
* DMV, **DMV - Maître de Conférences***DMV - Professeur Muséum,<br />
Ménagerie du Jardin des Plantes, rue Cuvier 75005 PARIS<br />
blent plus sporadiques. L'examen direct des phanères et des<br />
muqueuses est normal.<br />
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />
Vus les commémoratifs et l'anamnèse, on peut émettre pour ce<br />
tableau clinique les hypothèses suivantes :<br />
Encéphalite virale (dont maladie à corps d’inclusions)<br />
Encéphalite bactérienne<br />
Néoplasie<br />
Encéphalite parasitaire (amibes, coccidies)<br />
Troubles métaboliques<br />
EXAMENS COMPLEMENTAIRES<br />
Frottis sanguin<br />
Absence de parasites<br />
Hémogramme, biochimie sanguine, coprologie<br />
Tous ces examens se révèlent normaux.<br />
Biopsie du foie<br />
Anesthésie<br />
Paramètres hématologiques et biochimiques du sujet<br />
avec les normes chez le Python molurus [2]<br />
Numération globulaire<br />
Leucocytes : 9.100 (N : 2.000-19.800 /mm 3 )<br />
Hématies : 1.350.000 (N : 650.000-6.900.000 /mm 3 )<br />
Hémoglobine : 10,3 (N : 7-11 g/100ml)<br />
Formule sanguine<br />
Polynucléaires hétérophiles : 2730 (N : 416-6.840 /mm 3 )<br />
Polynucléaires basophiles : 273 (N : 80 -1080 /mm 3 )<br />
Lymphocytes : 4368 (N : 340-18.600 /mm 3 )<br />
Monocytes : 455 (N : 60-5.010 /mm 3 )<br />
Biochime<br />
Glucose : 1,72 (N : 0,055-4,6 mmol/l)<br />
Acide Urique : 315 (N : 77-1071 mmol/l)<br />
Calcium : 4,5 (N : 2,48 - 8,55 mmol/l)<br />
Phosphore : 1,44 (N : 0,94 - 2, 94 mmol/l)<br />
AST : 32 (N : 1- 205 ui/l)<br />
CPK : 2.865 (N : 42-3.093 ui/l)<br />
Encadré<br />
1<br />
11
Le serpent est pré-anesthésié avec 30 mg/kg de kétamine<br />
(IMALGENE ND 1000). Un relais gazeux est effectué à l'aide<br />
du mélange isoflurane/oxygène. L'induction se fait au masque,<br />
concentration de 5%, débit de 1litre. La pose d'une sonde permet<br />
ensuite un entretien de l'anesthésie avec une concentration<br />
d'isoflurane oscillant, selon les besoins, entre 2 et 1%.<br />
Voie d'abord et sutures<br />
Le repérage du cœur permet de donner une bonne évaluation<br />
de la topographie des autres organes [5]. Une fois le foie situé,<br />
une incision à droite, entre le 2ème et le 3ème rang d'écailles<br />
latérales, est effectuée sur environ 10 cm.<br />
Macroscopiquement, le foie présente un aspect normal. La<br />
biopsie faite, une injection de marbofloxacine à 10 mg/kg,<br />
MARBOCYL ND est réalisée in situ. Des surjets, avec un fil<br />
résorbable tressé décimal 3 monté sur aiguille ronde ferment la<br />
séreuse cœlomique et les muscles. La peau est suturée avec des<br />
points simples en U avec un fil résorbable tressé décimal 4.<br />
Soins post-opératoires<br />
Le réveil est bon. L'animal est remis dans son terrarium, vidé<br />
de tout plan d'eau pendant 15 jours. Une antibiothérapie sur 15<br />
jours (10 mg/kg de marbofloxacine) est instaurée.<br />
2 Les inclusions apparaîssent comme des dépôts ovoïdes<br />
roses (éosinophiles), de la taille d’un noyau.<br />
Résultats anatomo-pathologiques<br />
L'histopathologie indique une surcharge glycogénolipidique<br />
des hépatocytes et une surcharge pigmentaire (cholestase). Des<br />
inclusions intracytoplasmiques de tailles variées, éosinophiliques,<br />
ovoïdes sont régulièrement retrouvées le long des hépatocytes.<br />
Aucune nécrose ni inflammation notable n'ont été<br />
observées en association avec les inclusions.<br />
DIAGNOSTIC<br />
Les signes cliniques et les résultats histopathologiques sont en<br />
faveur d'une maladie à corps d'inclusions ou Inclusion Body<br />
Disease.<br />
3 Biopsie du foie du second python molure<br />
TRAITEMENT ET EVOLUTION<br />
Il n'existe aucun traitement. L'euthanasie est préconisée.<br />
L'animal vivait avec deux autres pythons molures. Aucun des<br />
deux autres ne présente de signes cliniques observables. Le<br />
sujet positif a été mis dans un autre terrarium, isolé.<br />
Le résultat de la biopsie du foie d'un second python s'est révélé<br />
négatif. La biopsie du troisième est programmée dans les mois<br />
prochains.<br />
DISCUSSION<br />
Epidémiologie<br />
La maladie à corps d'inclusion constitue une des maladies<br />
infectieuses les plus importantes touchant les boas et pythons<br />
à travers le monde. Cependant, des IBD ont également été<br />
détectés sur des tissus hépatiques et rénaux de vipères<br />
(Bothriechis marchi), décédées soit sans symptômes prémonitoires,<br />
soit après avoir présenté les symptômes suivants : anorexie,<br />
régurgitations, parésie. Les inclusions ressemblaient<br />
histologiquement aux IBD des boïdés : corps éosinophiliques<br />
intracytoplasmiques, ronds à ovales, simples ou multiples [8].<br />
Diverses études suggèrent une étroite corrélation entre IBD<br />
et présence virale [7, 10, 11]. Dans une récente étude, un<br />
rétrovirus semblant de type C a été isolé à partir de boas IBD<br />
positifs ou exposés à des sujets IBD positifs. Une analyse par<br />
Western Blot des protéines virales indique que le virus des<br />
différents serpents était similaire. Cependant, il semblerait que<br />
l'étude ait révélé 3 souches rétrovirales différentes. Savoir si le<br />
virus est l'agent causal de l'IBD reste à être confirmé [4]. De<br />
plus, une définition exacte de ces inclusions n'a pas encore été<br />
énoncée. Ces inclusions pourraient représenter un matériel<br />
préviral ou une sorte de matériel de stockage… [11]. Le mode<br />
de transmission n'est toujours pas clairement défini. Le rôle des<br />
acariens dans la transmission du virus est une hypothèse communément<br />
énoncée. Cependant, l'hypothèse de transmission<br />
par contact direct ou transmission sexuelle ont été suggérés [3].<br />
Vu le peu d'éléments épidémiologiques analytiques, la période<br />
d'incubation reste indéterminée. Remarquons cependant qu'une<br />
publication relate le cas de 4 boas non infectés qui ont reçu une<br />
inoculation de matériels tissulaires IBD positifs et qui ont<br />
développé des IBD au bout de 10 semaines [12].<br />
Enfin il a été spéculé que les boas pourraient représenter des<br />
hôtes naturels et que les pythons seraient des hôtes accidentels<br />
12
[11].<br />
Clinique<br />
Les signes cliniques d’une IBD sont d’ordre digestif et neurologique.<br />
Ils incluent : régurgitations, tremblements de la tête,<br />
incoordination, ataxie, convulsions, opisthotonos... Dans une<br />
étude rétrospective sur 70 boas et 34 pythons IBD positifs, la<br />
régurgitation était le premier signe clinique observé chez les<br />
boas et quelques-uns d'entre eux montraient des signes nerveux.<br />
En revanche, chez les pythons, les symptômes nerveux<br />
étaient plus sévères, mais la régurgitation n’était pas observée<br />
[11]. Chez deux pythons australiens (Morelia spilota variegata<br />
et Morelia spilota spilota), la maladie des IBD s'est traduite<br />
pour l'un par une paralysie flasque de la moitié postérieure du<br />
corps et de l'ataxie, pour l'autre par de l'incoordination des<br />
mouvements et des convulsions [1].<br />
Le cas du python décrit ici, est original en raison de la présence<br />
de régurgitations.<br />
Diagnostic différentiel<br />
Les régurgitations et coliques spastiques peuvent aussi suggérer<br />
des gastrites à Monocercomonas sp., une amibiase, une<br />
cryptosporidiose, une infestation massive par des vers (nématodes)<br />
[13], ce qui explique les traitements au lévamisole et<br />
métronidazole.<br />
D'autres causes que celles évoquées peuvent induire des troubles<br />
nerveux : iatrogènes (métronidazole, produits désinfectants…),<br />
traumatisme (crâne ou moelle épinière : on observe<br />
souvent une paralysie flasque au niveau du site traumatique),<br />
encéphalites secondaires à une infection bactérienne (stomatites,<br />
pneumonies…) [9].<br />
Diagnostic<br />
Le diagnostic se fonde sur la recherche de<br />
corps d'inclusions caractéristiques dans les<br />
cellules du système nerveux central et les cellules<br />
épithéliales de la majorité des organes.<br />
Une référence indique également la possibilité<br />
de trouver les inclusions dans les cardiomyocytes<br />
[4]. A noter le cas d’un boa constricteur<br />
mort après des épisodes de régurgitations et<br />
symptômes nerveux sur lequel des inclusions<br />
ont été détectées uniquement dans le foie et le<br />
pancréas. Aucun corps d'inclusion n'a été mis<br />
en évidence dans les autres organes, ni dans<br />
l'encéphale, malgré l’existence de signes neurologiques<br />
[6].<br />
La présence d'inclusions semble très aléatoire:<br />
de quelques inclusions dans un organe dans<br />
certains cas, jusqu'à un envahissement généralisé.<br />
Quand le résultat d'une biopsie est positif,<br />
on peut légitimement diagnostiquer une<br />
IBD. En revanche, l'absence d'inclusion<br />
n'écarte en rien la maladie [4]. Nous ne pouvons<br />
ainsi exclure une éventuelle affection du<br />
second python molure sur lequel nous avons<br />
biopsié le foie.<br />
Un aspect intéressant de cette affection est<br />
l'absence d'inflammation associée à la présence<br />
des inclusions. Ceci a également été<br />
décrit par divers auteurs [10, 11].<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
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variegata and Morelia spilota spilota). Aust Vet J 1998 Feb;76(2):98-100<br />
2- ISIS, 1999<br />
3- JACOBSON, E., R. 1997. Proceedings of the Annual Meeting Asssociation of<br />
Reptilian and Amphibian Veterinarians. Houston. Texas :165<br />
4- Jacobson ER, Oros J, Tucker SJ, Pollock DP, Kelley KL, Munn RJ, Lock BA, Mergia<br />
A, Yamamoto JK. Partial characterization of retroviruses from boid snakes with inclusion<br />
body disease. Am J Vet Res 2001 Feb;62(2):217-24<br />
5- Mc Cracken, H. 1999. Organ location in Snakes for Diagnostic and Surgical Evaluation.<br />
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6- Oros, J., Tucker, S. et E.R. Jacobson. 1998. Inclusion body disease in two captive boas<br />
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7- Rachel E. Marschang, Udo Hetzel, Dirk Schwartz, Ralf Michling and Karina Matthes<br />
: Isolation of viruses from boa constrictors (boa constrictor spp.) with inclusion body<br />
diseasè in europe. Proceedings of the Annual Meeting Asssociation of Reptilian and<br />
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8- Raymond JT, Garner MM, Nordhausen RW, Jacobson ER. A disease resembling inclusion<br />
body disease of boid snakes in captive palm vipers (Bothriechis marchi). J Vet Diagn<br />
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9- SCHILLIGER L., 2001. Neurologie des Reptiles. Diagnostic des troubles nerveux. Le<br />
Point Vétérinaire. 219 : 48-50<br />
10- SCHUMACHER J. Section III : Special topics , Chapter 19 : Viral diseases . In<br />
MADER : Reptile Medicine and Surgery. Philadelphia : W.B Saunders Company , 1996 :<br />
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11- SCHUMACHER J , JACOBSON E R , HOMER B L , GASKIN J M . Inclusion body<br />
disease in boïd snakes. Journal of Zoo and Wildlife Medicine, 1994 ; 25 (4) : 511-524.<br />
12- Wozniak E, McBride J, DeNardo D, Tarara R, Wong V, Osburn B. Isolation and characterization<br />
of an antigenically distinct 68-kd protein from nonviral intracytoplasmic<br />
inclusions in Boa constrictors chronically infected with the inclusion body disease virus<br />
(IBDV: Retroviridae). Vet Pathol 2000 Sep;37(5):449-59<br />
13- Zwart, P. 1992. Serpents. in. La consultation des Nouveaux Animaux de Compagnie.<br />
Editions du Point Vétérinaire : 295-296<br />
Crédits photos 1&3 : N. CHAI<br />
Crédit photo 2 : M. ESTRADA<br />
Remerciements au Dr M. ESTRADA du laboratoire d’Analyses<br />
Histo-cytopathologie des Drs MIALOT et LAGADIC à Maisons-<br />
Alfort<br />
Manuscrit reçu le 20 décembre 2001<br />
Encadré<br />
Le coeur est repérable par ses battements, bien visibles sur un animal immobile en décubitus<br />
dorsal. Le lobe antérieur du foie se situe alors, selon les espèces, quelques cm en arrière,<br />
attention toutefois à la veine cave, très importante.<br />
2<br />
13
ADÉNOCARCINOME HÉPATIQUE D'ORIGINE BILIAIRE<br />
CHEZ UN AGAME AQUATIQUE (Physignathus cocincinus)<br />
Norin Chai* & Lionel Schilliger**<br />
Résumé : Une femelle agame est présentée pour une baisse de forme et amaigrissement. Une exploration chirurgicale a montré la<br />
présence simultanée d'un adénocarcinome hépatique et d'un syndrome de "rétention folliculaire pré-ovulatoire".<br />
Mots-clés : Reptiles, Agame, Rétention d'œufs, Adénocarcinome<br />
MOTIF DE CONSULTATION<br />
Baisse de forme, amaigrissement et faiblesse du train postérieur.<br />
COMMEMORATIFS - ANAMNÈSE<br />
Le sujet est une femelle agame aquatique âgée de 8 ans, pesant<br />
360 g, appartenant à des éleveurs confirmés. Elle était au sein<br />
d'un groupe de huit individus : 7 femelles (elle-même et sa<br />
descendance sur 3 générations) et un mâle. Ce dernier est mort<br />
à 11 ans en juin (il y a deux mois).<br />
Les conditions de détention s'avèrent tout à fait convenables<br />
pour cet animal arboricole des forêts tropicales humides :<br />
grand terrarium de 35 m 3<br />
gradients thermiques : 24 (point froid) - 35 °C (point chaud)<br />
la journée, 22-25 °C la nuit (avec un point chaud à 28°C)<br />
hygrométrie de 80%, obtenue par l'existence d'une grande<br />
cascade et d'un grand bac d'eau de 1500 litres chauffée à 25°C<br />
éclairage comprenant les UVA et UVB nécessaires (HPLN<br />
Phillips à vapeur de mercure : 2 spots à 250 W, 2 à 125 W et 2<br />
à 160 W) + 4 tubes de néons dont le spectre se rapproche le<br />
plus de la lumière du jour.<br />
chauffage : par radiant + ambiance de base alimentée par<br />
chauffage à ventilation<br />
rythme circadien : 14 h de luminosité l'hiver et 16 h l'été<br />
régime : souriceaux 2 fois par semaine, insectes (grillons 1<br />
fois par semaine), saupoudré avec SOFCANIS ND adultes<br />
entretien 1 fois par semaine<br />
branchages + lianes pour l'enrichissement du terrarium<br />
Le sujet présentait un état normal en janvier, puis a progressivement<br />
décliné : présentant tout d’abord une faiblesse du train<br />
postérieur et un amaigrissement, puis ne pouvant plus grimper<br />
aux branches en mai. La propriétaire fut obligé de la gaver dès<br />
le mois de mai. Malgré l'apathie, l'animal garde néanmoins de<br />
l'appétit.<br />
EXAMEN CLINIQUE<br />
L'examen à distance montre une apathie marquée, une robe<br />
terne, un amaigrissement général avec une amyotrophie des<br />
postérieurs. A la palpation, on note une légère augmentation du<br />
volume de la cavité cœlomique qui ne semble pas s'accompagner<br />
d'une forte pression intra-abdominale. Les muqueuses et<br />
phanères présentent un aspect normal.<br />
*DMV, Ménagerie, rue Cuvier 75005 PARIS, ** DMV, 26, route de Massy, 91380 CHILLY-<br />
MAZARIN<br />
1<br />
L’apathie s’accompagne d’une perte de la masse musculaire<br />
sur les postérieurs.<br />
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />
L'anamnèse (présence d'un mâle " inactif " qui a d'ailleurs fini<br />
par succomber) et les symptômes (apathie, volume cœlomique,<br />
baisse de l'état général…) suggèrent une rétention d'œufs.<br />
Une baisse progressive de l'état général nous fait penser à une<br />
maladie infectieuse ou parasitaire ou (vu l'âge) néoplasique.<br />
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES<br />
Coprologie<br />
Aucun parasite n'est détecté à l'examen des selles.<br />
Frottis sanguin et hémogramme<br />
Le sang est prélevé au niveau de la veine ventrale coccygienne<br />
sur héparinate de lithium. La<br />
recherche de parasites sanguins<br />
sur frottis se révèle négative.<br />
La numération globulaire et la<br />
formule leucocytaire ne présentent<br />
aucune anomalie.<br />
2 Image non pathognomonique<br />
Radiographie<br />
Une incidence dorso-ventrale<br />
est réalisée. Le cliché ne montre<br />
pas d'images pathognomoniques.<br />
Elle permet d'infirmer<br />
une rétention d'œufs post-ovulatoire<br />
(nous aurions alors<br />
observé les œufs oblongs avec<br />
leurs coquilles calcifiées).<br />
Cependant, elle n'infirme, ni ne<br />
14
confirme une rétention pré-ovulatoire (dans ce cas, les œufs<br />
sont de plus petite dimension, sphériques et non calcifiés).<br />
Ces différents examens complémentaires ne suggèrent aucune<br />
cause pouvant expliquer les observations cliniques. Une<br />
Encadré<br />
Paramètres hématologiques et biochimiques sanguins<br />
du sujet avec les normes chez Pogona vitticeps [11]<br />
Numération globulaire<br />
Leucocytes : 9.000 (N :1.990 - 23.000/mm 3 )<br />
Hématies : 840.000 (N : 680.000 - 1.210.000/mm 3 )<br />
Hémoglobine : 10,6 (N : 6,7 - 12 g/100 ml)<br />
Formule sanguine<br />
Polynucléaires neutrophiles : 30 % (2700) (N : 350 - 4990 / mm 3 )<br />
Polynucléaires hétérophiles : 0 % (0) (N : 59 - 266 / mm 3 )<br />
Polynucléaires basophiles : 22 % (1980) (N : 51-1008 / mm 3 )<br />
Lymphocytes : 46 % (4140) (N : 567 - 17000 / mm 3 )<br />
Monocytes : 2 % (180) (N : 26 - 2720 / mm 3 )<br />
Biochime<br />
Acide Urique : 0,125 (N : 0 - 0,857 mmol/l)<br />
Calcium : 3,42 (N : 1,78 - 14 mmol/l)<br />
Phosphore : 2,21 (N : 0,87 - 4,88 mmol/l)<br />
SGOT : 62 (N : 0 - 77 UI/l)<br />
SGPT : 18 (N : 5 - 20 UI/l )<br />
CPK : 4608 (N : 177 - 7000 UI/l)<br />
coeliotomie exploratrice est alors conduite.<br />
Co e l i o to m i e exploratriCe<br />
Anesthésie et voie d'abord<br />
L'animal est pré-anesthésié avec de la kétamine à la dose de 20<br />
mg/kg. Un relais gazeux est effectué à l'aide du mélange isoflurane<br />
/ oxygène. L'induction se fait au masque, concentration de<br />
5%, débit de 1 litre puis l'anesthésie<br />
est entretenue (toujours<br />
au masque) à une concentration<br />
de 2% à 1,5%.<br />
Une incision assez large est réalisée,<br />
partant de l'appendice<br />
xiphoïde jusqu'à la ceinture pel-<br />
vienne. Malgré l'amaigrissement<br />
général, on note dès l'ouverture<br />
la présence d'un dépôt graisseux<br />
assez conséquent.<br />
Rétention d'œufs<br />
pré-ovulatoire<br />
La laparotomie exploratrice permet<br />
de confirmer la rétention<br />
d'œufs pré-ovulatoire. Le traitement<br />
consiste en une ovariectomie.<br />
La technique ne diffère pas<br />
des ovariectomies chez les<br />
mammifères. Attention cependant<br />
aux glandes surrénales qui<br />
se trouvent au niveau des grappes<br />
ovariennes. La glande surrénale<br />
gauche est presque accolée<br />
à l'ovaire, l'ablation de ce dernier<br />
se fera avec beaucoup de<br />
3<br />
AG avec le mélange<br />
isoflurane/oxygène<br />
4 Ovariectomie<br />
1<br />
circonspection. A droite,<br />
la glande séparée de<br />
l'ovaire par la veine<br />
cave, est plus facilement<br />
individualisée.<br />
Les ligatures sont<br />
effectuées avec des fils<br />
r é s o r b a b l e s<br />
VICRYL ND déc 3.<br />
Biopsie du foie et analysehisto-cytopathologique<br />
Les autres organes cœlo-<br />
miques sont observés. On note un foie d’aspect pâle et décoloré<br />
présentant une lésion de type néoplasique. Plusieurs biopsies<br />
sont effectuées.<br />
L'analyse histo-cytopathologique révèlera un adénocarcinome<br />
tubulaire d'origine biliaire (accompagné d'une inflammation<br />
lymphocytaire). Le foie était par ailleurs le siège d'une stéatose<br />
diffuse, expliquant cet aspect pâle.<br />
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT<br />
Rétention d'œufs pré-ovulatoire associée à un adénocarcinome<br />
hépatique d'origine biliaire : vu le très sombre pronostic,<br />
l'euthanasie a été acceptée.<br />
DISCUSSION<br />
5<br />
Engorgement des ovaires en follicules<br />
mûrs devenus énormes<br />
Examens complémentaires<br />
On pourra juger de la valeur de l'hémogramme qui donnait des<br />
valeurs physiologiques alors que le foie était le siège d'importantes<br />
lésions. L'inflammation lymphocytaire par exemple ne<br />
s'est pas traduite par une lymphocytose. Les analyses sanguines<br />
possèdent en fait surtout une forte valeur prédictive positive et<br />
une très faible valeur prédictive négative. Des conclusions ne<br />
sauraient être énoncées à partir de valeurs normales. La radiographie<br />
permet en général de diagnostiquer aussi bien les<br />
rétentions pré-ovulatoires que post-ovulatoires. Elle en constitue<br />
d'ailleurs un outil de diagnostic différentiel. Le dépôt graisseux<br />
observé dans ce cas pourrait expliquer l'absence d'images<br />
pathognomoniques. Par ailleurs, notons qu'un examen échographique<br />
de la cavité cœlomique nous aurait peut-être permis de<br />
visualiser la tumeur hépatique et les grappes ovariennes, mais<br />
la coeliotomie restait, quoi qu'il en soit, un acte indispensable<br />
pour pratiquer l'ovariectomie et les biopsies d'organes nécessaires<br />
à l'obtention d'un diagnostic histo-pathologique<br />
de la masse tumorale. Un taux d'acides<br />
biliaires très élevé (339 mmoles/l) a été rapporté<br />
chez une femelle iguane vert (Iguana iguana)<br />
atteinte d'une cirrhose hépatique diffuse avec<br />
hyperplasie des cellules épithéliales des voies<br />
biliaires [17]. Cet outil diagnostic mériterait<br />
probablement d'être davantage exploré, validé et<br />
utilisé en médecine herpétologique.<br />
Diagnostic<br />
Si le diagnostic s'arrête à " une rétention d'œufs<br />
15
6 Foie : aspect macroscopique<br />
pré- 7 & 8<br />
ovulatoireassociée<br />
à un adénocarcinome<br />
hépatique d'origine<br />
biliaire ", la part de l'une et l'autre affections dans l’apparition<br />
des signes cliniques observés est plus délicate. Chacune, seule,<br />
aurait pu expliquer les symptômes.<br />
Néoplasies<br />
De nombreux cas de tumeurs hépatiques de diverses natures<br />
histologiques (adénocarcinomes, cholangiomes, cholangiocarcinomes,<br />
adénomes biliaires, adénocarcinomes des voies biliaires,<br />
adénomes, hémangioendothéliomes hépatiques), ont été<br />
rapportés chez plusieurs espèces de reptiles [1, 4, 5, 7, 8, 9, 10,<br />
12, 13, 14, 15, 18, 19, 20]. Dans ce cas clinique, il est intéressant<br />
de relever la présence simultanée de ce néoplasme et d'un<br />
syndrome de "rétention folliculaire pré-ovulatoire". L'étiologie<br />
des tumeurs malignes est en grande partie inconnue chez les<br />
reptiles. Nombreux sont les agents intrinsèques ou extrinsèques<br />
pouvant en favoriser la genèse (génétiques, environnementaux,<br />
viraux, parasitaires, immunitaires, …etc) [3].<br />
Rétentions d'œufs chez les reptiles<br />
Le syndrome de "rétention folliculaire pré-ovulatoire" est très<br />
fréquent chez les espèces ovipares en captivité [2, 16]. Ce trouble<br />
de l'ovogenèse connaît une origine plurifactorielle : l'absence<br />
de site de ponte ou un lieu de ponte inadapté à l'espèce,<br />
le stress, l'absence de fécondation, l'obésité, l'immaturité<br />
sexuelle des femelles, la compétition entre femelles vis à vis<br />
d'un site de ponte, les carences calciques d'origine alimentaire<br />
ou rénale, les salpingites, la déshydratation ou la malnutrition<br />
[2, 6, 16]. Il existe deux grands types de rétention d'œufs chez<br />
les reptiles :<br />
la rétention pré-ovulatoire, liée à une absence d'ovulation<br />
et à un engorgement des ovaires en follicules mûrs devenus<br />
énormes,<br />
la rétention post-ovulatoire liée à une stase temporaire ou<br />
définitive des œufs dans les oviductes.<br />
La première ne peut être traitée que par ovariectomie, la<br />
seconde par des injections d'ocytocine (2 UI / 100 g / 3 h<br />
jusqu'à la ponte) ou, en cas d'échec, par une ovariosalpingectomie.<br />
Les rétentions post-ovulatoires sont dites obstructives si<br />
elles sont induites par des malformations des oeufs, d'anciens<br />
traumatismes de la colonne vertébrale ou du bassin, une compression<br />
des œufs par des fécalomes ou des urolithes. Elles<br />
Les cellules de l’adénocarcinome apparaissent comme des structures tubulaires (plus<br />
roses) différenciées entre les travées d’hépatocytes.<br />
sont dites non obstructives si elles sont simplement liées à une<br />
atonie des oviductes.<br />
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Crédits photos 1 à 6 : N. CHAI<br />
Crédits photos 7 & 8 : Dr. M. ESTRADA<br />
Remerciements au Dr. M. ESTRADA du laboratoire d’Analyses<br />
Histo-cytopathologie des Drs MIALOT et LAGADIC à Maisons-<br />
Alfort<br />
16