26.06.2013 Views

Leg0009_1ère L_sujet_067 - Cours Legendre

Leg0009_1ère L_sujet_067 - Cours Legendre

Leg0009_1ère L_sujet_067 - Cours Legendre

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

1 ère L<br />

FRANÇAIS<br />

(1 ère partie)<br />

Sujet 67<br />

Enoncé du devoir _______________________________________________<br />

Documents<br />

La poésie<br />

« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or »<br />

A) François Villon, « L’épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour lui et ses compagnons,<br />

s’attendant à être pendu avec eux », « La ballade des pendus », Poésies diverses, 1461.<br />

B) Pierre de Ronsard, « Quand vous serez bien vieille… », Sonnets pour Hélène, 1578.<br />

C) Charles Baudelaire, « Une charogne », Les Fleurs du mal, 1857.<br />

D) Arthur Rimbaud, « Les pauvres à l’église », Poésies, 1871.<br />

E) Goya, Hasta la muerte (« Jusqu’à la mort »).<br />

Écriture<br />

Vous répondrez d’abord aux questions suivantes : (4 points)<br />

1) Relevez dans les textes du corpus et dans le document iconographique les détails réalistes<br />

et les éléments qui engendrent ou mentionnent la laideur ou l’horreur. (2 points)<br />

2) D’où peuvent naître l’esthétique et la poésie des différents documents ? (2 points)<br />

Vous traiterez ensuite un de ces <strong>sujet</strong>s au choix : (16 points)<br />

• Sujet I : Commentaire<br />

Vous ferez le commentaire de « Une charogne » de Baudelaire (document C).<br />

• Sujet II : Dissertation<br />

« Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire<br />

la beauté du Mal », écrit Baudelaire. Pensez-vous que la poésie ne doive servir que la<br />

Beauté et se détourner du réalisme ? Vous appuierez votre réponse sur des exemples<br />

précis.<br />

• Sujet III : Écriture d’invention<br />

Écrivez un texte dans lequel vous ferez l’éloge argumenté d’une réalité d’ordinaire peu<br />

attirante (personne, objet…).<br />

- 1 -


1 ère L<br />

Document A<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

FRANÇAIS<br />

La ballade des pendus<br />

Sujet 67<br />

Le poète Villon est en prison. Dans cette « Épitaphe en forme de ballade que fit Villon pour lui et ses<br />

compagnons, s’attendant à être pendu avec eux », le poète fait parler les pendus qui demandent qu’on prie<br />

pour eux.<br />

Frères humains qui après nous vivez,<br />

N’ayez 1 les cœurs contre nous endurcis,<br />

Car, si pitié de nous pauvres avez,<br />

Dieu en aura plus tôt de vous mercis 2 .<br />

Vous nous voyez ci 3 attachés cinq, six ;<br />

Quant de 4 la chair, que trop avons nourrie,<br />

Elle est piéça 5 dévorée et pourrie,<br />

Et nous, les os, devenons cendre et poudre.<br />

De notre mal personne ne s’en rie 6 ;<br />

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br />

Si frères vous clamons 7 , pas n’en devez<br />

Avoir dédain, quoique fûmes occis<br />

Par justice. Toutefois, vous savez<br />

Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis 8 ;<br />

Excusez-nous, puisque sommes transsis 9 ,<br />

Envers le fils de la Vierge Marie,<br />

Que sa grâce ne soit pour nous tarie,<br />

Nous préservant de l’infernale 10 foudre.<br />

Nous sommes morts, âme ne nous harie 11 ;<br />

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br />

La pluie nous a débués 12 et lavés,<br />

Et le soleil desséchés et noircis ;<br />

Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés 13 ,<br />

Et arraché la barbe et les sourcils.<br />

Jamais nul temps nous ne sommes assis ;<br />

Puis ça, puis là, comme le vent varie,<br />

À son plaisir sans cesser nous charrie,<br />

Plus becquetés d’ 14 oiseaux que dés à coudre,<br />

Ne soyez donc de notre confrérie ;<br />

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br />

Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie 15 ,<br />

Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie 16 ;<br />

À lui n’avons que faire ni que soudre 17 .<br />

Hommes, ici n’a point de moquerie ;<br />

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.<br />

1. N’ayez : n’ayez pas.<br />

2. « Si vous avez pitié de nous, Dieu aura pitié de vous ».<br />

3. Ci : ici.<br />

4. Quant de : en ce qui concerne.<br />

5. Piéça : déjà.<br />

6. Personne ne s’en rie : que personne ne se moque.<br />

7. Clamons : appelons.<br />

8. N’ont pas bon sens rassis : ne sont pas raisonnables.<br />

9. Transsis : trépassés, morts.<br />

Document B<br />

François Villon, Poésies diverses (orthographe modernisée),<br />

Poètes et romanciers du Moyen Âge, Gallimard,<br />

coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 1984.<br />

10. Infernale : de l’Enfer.<br />

11. Âme ne nous harie : que personne ne nous tourmente.<br />

12. Débués : lessivés, trempés.<br />

13. Cavés : crevés.<br />

14. Becquetés d’ : par les oiseaux (nous recevons tant de coups de bec<br />

que nous sommes plus pleins de trous que des dés à coudre).<br />

15. Maîtrie : pouvoir.<br />

16. N’ait de nous seigneurie : ne devienne notre maître.<br />

17. Soudre : payer.<br />

- 2 -


1<br />

5<br />

10<br />

1 ère L<br />

Document C<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

FRANÇAIS<br />

Quand vous serez bien vieille…<br />

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,<br />

Assise auprès du feu, dévidant 1 et filant,<br />

Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :<br />

« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »<br />

Lors, vous n’aurez servante oyant 2 telle nouvelle,<br />

Déjà sous le labeur à demi sommeillant,<br />

Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,<br />

Bénissant votre nom de 3 louange immortelle.<br />

Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,<br />

Par les ombres myrteux 4 je prendrai mon repos :<br />

Vous serez au foyer une vieille accroupie,<br />

Regrettant mon amour et votre fier 5 dédain.<br />

Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :<br />

Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.<br />

1. Dévidant : mettant le fil en écheveau, à l’aide du dévidoir.<br />

2. Oyant : entendant.<br />

3. Dont la louange est immortelle.<br />

4. Par les ombres myrteux : à l’ombre (masculin) des myrtes.<br />

5. Fier : farouche.<br />

Une charogne<br />

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,<br />

Ce beau matin d’été si doux :<br />

Au détour d’un sentier une charogne infâme<br />

Sur un lit semé de cailloux,<br />

Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,<br />

Brûlante et suant, les poisons,<br />

Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique<br />

Son ventre plein d’exhalaisons 1 .<br />

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,<br />

Comme afin de la cuire à point,<br />

Et de rendre au centuple à la grande Nature<br />

Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;<br />

Et le ciel regardait la carcasse superbe<br />

Comme une fleur s’épanouir.<br />

La puanteur était si forte, que sur l’herbe<br />

Vous crûtes vous évanouir.<br />

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride 2<br />

D’où sortaient de noirs bataillons<br />

De larves, qui coulaient comme un épais liquide<br />

Le long de ces vivants haillons.<br />

Sujet 67<br />

Ronsard, Sonnets pour Hélène, II, XLIII, 1578.<br />

- 3 -


25<br />

30<br />

35<br />

40<br />

45<br />

1 ère L<br />

FRANÇAIS<br />

Tout cela descendait, montait comme une vague,<br />

Ou s’élançait en pétillant ;<br />

On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,<br />

Vivait en se multipliant.<br />

Et ce monde rendait une étrange musique,<br />

Comme l’eau courante et le vent,<br />

Ou le grain qu’un vanneur 3 d’un mouvement rythmique<br />

Agite et tourne dans son van.<br />

Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,<br />

Une ébauche lente à venir,<br />

Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève<br />

Seulement par le souvenir.<br />

Derrière les rochers une chienne inquiète<br />

Nous regardait d’un œil fâché,<br />

Épiant le moment de reprendre au squelette<br />

Le morceau qu’elle avait lâché.<br />

— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,<br />

À cette horrible infection,<br />

Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,<br />

Vous, mon ange et ma passion !<br />

Oui ! Telle vous serez, ô la reine des grâces,<br />

Après les derniers sacrements,<br />

Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,<br />

Moisir parmi les ossements.<br />

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine 4<br />

Qui vous mangera de baisers,<br />

Que j’ai gardé la forme et l’essence divine<br />

De mes amours décomposés !<br />

Sujet 67<br />

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, XXIX, 1857.<br />

1. Exhalaisons : odeurs, vapeurs.<br />

2. Putride : pourri.<br />

3. Vanneur : ouvrier qui vanne le grain, c’est-à-dire qui le sépare la paille de l’épi.<br />

4. Vermine : insectes parasites.<br />

- 4 -


1 ère L<br />

Document D<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

35<br />

FRANÇAIS<br />

Les pauvres à l’église<br />

Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d’église<br />

Qu’attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux<br />

Vers le chœur ruisselant d’orrie 1 et la maîtrise 2<br />

Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ;<br />

Comme un parfum de pain humant l’odeur de cire,<br />

Heureux, humiliés comme des chiens battus,<br />

Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire,<br />

Tendent leurs orémus 3 risibles et têtus.<br />

Aux femmes, c’est bien bon de faire des bancs lisses,<br />

Après les six jours noirs où Dieu les fait souffrir !<br />

Elles bercent, tordus dans d’étranges pelisses,<br />

Des espèces d’enfants qui pleurent à mourir.<br />

Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe,<br />

Une prière aux yeux et ne priant jamais,<br />

Regardent parader mauvaisement un groupe<br />

De gamines avec leurs chapeaux déformés.<br />

Dehors, le froid, la faim, l’homme en ribote :<br />

C’est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms !<br />

— Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote<br />

Une collection de vieilles à fanons 4 :<br />

Ces effarés y sont et ces épileptiques<br />

Dont on se détournait hier aux carrefours ;<br />

Et, fringalant 5 du nez dans des missels antiques,<br />

Ces aveugles qu’un chien introduit dans les cours.<br />

Et tous, bavant la foi mendiante et stupide,<br />

Récitent la complainte infinie à Jésus<br />

Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide,<br />

Loin des maigres mauvais et des méchants pansus,<br />

Loin des senteurs de viande et d’étoffes moisies,<br />

Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ;<br />

— Et l’oraison fleurit d’expressions choisies,<br />

Et les mysticités prennent des tons pressants,<br />

Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie<br />

Banals, sourires verts, les Dames des quartiers<br />

Distingués, – Ô Jésus ! – les malades du foie<br />

Font baiser leurs longs doigts jaunes aux bénitiers.<br />

1. Orrie : ornements en or.<br />

2. Maîtrise : chœur, chanteurs.<br />

3. Orémus : prières.<br />

4. Fanons : replis de peau.<br />

5. Fringalant ; néologisme sur fringale et fringant ?<br />

Sujet 67<br />

Arthur Rimbaud, Poésies, 1871.<br />

- 5 -


1 ère L<br />

Document E<br />

FRANÇAIS<br />

Hasta la muerte (« Jusqu’à la mort »)<br />

Sujet 67<br />

Elle a raison de se faire belle.<br />

Elle a aujourd’hui 75 ans et ses petites amies<br />

vont venir lui rendre visite.<br />

Goya (1746-1828), Los Caprichos, (« Les caprices »),<br />

planche 55, 1799 (collection privée).<br />

- 6 -


1 ère L<br />

FRANÇAIS<br />

(2 ème partie)<br />

Sujet 67<br />

Aide méthodologique ___________________________________________<br />

A Questions<br />

1) Commencez par introduire la question en la recopiant : Comparez les textes et le document<br />

iconographique en montrant les détails réalistes. Précisez ce qu’est le réalisme.<br />

— Définir la laideur et l’horreur. N’hésitez pas à donner des exemples.<br />

2) Définir l’esthétique : « Science du beau dans la nature et dans l’art ; conception particulière du<br />

beau. », Le Petit Robert.<br />

— Parler de l’esthétique dans la métrique et la stylistique ; puis souligner le vocabulaire du<br />

Beau.<br />

Votre réponse doit faire environ 1 page.<br />

B Commentaire<br />

— Un commentaire est composé d’une introduction, d’un développement et d’une conclusion.<br />

Il ne faut pas utiliser le pronom personnel « je », mais le « nous » pour parler de votre<br />

analyse.<br />

— Introduction (10 à 15 lignes) : Elle se fait en trois parties :<br />

1) Présentation du texte, de l’auteur et du contexte.<br />

2) Formulation de la problématique : ici, l’angoisse.<br />

3) Annonce du plan : « Dans un premier temps, nous verrons que… Puis dans une seconde<br />

partie, nous analyserons… ».<br />

— Développement (30 lignes par partie) : Votre commentaire peut comporter 2 ou 3 parties, qui<br />

doivent être intégralement rédigées.<br />

Commencez par introduire votre idée, puis citez le texte afin d’argumenter votre analyse.<br />

Pour un poème, on parle de vers et non de lignes.<br />

Faites des citations comprenant un mot ou un vers. Ne pas recopier toute une strophe.<br />

En fin de chaque partie, vous devez conclure cette dernière en une phrase, puis introduire la<br />

partie suivante en une phrase.<br />

— Conclusion (5 à 10 lignes) : La conclusion est essentielle. Elle vous permet de revenir sur les<br />

éléments clefs de l’extrait et donc de votre analyse. Vous pouvez ensuite ouvrir sur un autre<br />

point. (Ici, par exemple le Spleen de Baudelaire)<br />

C Dissertation<br />

Une dissertation comporte toujours une introduction, un développement et une conclusion. Il ne<br />

faut pas utiliser le pronom personnel « je », mais « nous ».<br />

— Introduction (10 lignes) : Elle se fait en trois parties :<br />

1) Présentation du <strong>sujet</strong>.<br />

2) Formulation de la problématique : ici, la Beauté, la poésie et le réalisme.<br />

3) Annonce du plan : « Dans un premier temps, nous verrons que… Puis dans une seconde<br />

partie, nous analyserons… ».<br />

- 7 -


1 ère L<br />

FRANÇAIS<br />

Sujet 67<br />

— Développement (30 lignes par partie) : Votre dissertation peut comporter 2 ou 3 parties, qui<br />

doivent être intégralement rédigées.<br />

Commencez par introduire votre idée, puis donnez un exemple qui argumentera votre pensée.<br />

Vous pouvez reprendre les textes du corpus ; mais ne pas écrire « doc.A » ! Il faut recopier les<br />

titres des œuvres, des poèmes et bien donner le nom de l’auteur.<br />

Il faut donner environ 4 exemples par partie.<br />

En fin de chaque partie, vous devez conclure cette dernière en une phrase, puis introduire la<br />

partie suivante en une phrase.<br />

— Conclusion (5 à 10 lignes) : La conclusion est essentielle. Elle vous permet de revenir sur les<br />

éléments clefs de votre dissertation. Vous pouvez ensuite ouvrir sur un autre point. (Ici, par<br />

exemple en montrant la possibilité de combiner la Beauté et le réalisme).<br />

D Ecriture d’invention<br />

— Attention à l’intitulé : il faut rédiger un éloge.<br />

— Introduire le <strong>sujet</strong>.<br />

— Pensez à argumenter votre éloge : vous devez dire pourquoi vous avez choisi cet élément ou ce<br />

personnage d’ordinaire peut attirant.<br />

— Donnez des exemples<br />

— Conclure votre éloge.<br />

- 8 -


1 ère L<br />

FRANÇAIS<br />

(3 ème partie)<br />

Sujet 67<br />

Corrigé du Professeur____________________________________________<br />

A Questions<br />

1) Relevez dans les textes du corpus et dans le document iconographique les détails<br />

réalistes et les éléments qui engendrent ou mentionnent la laideur ou l’horreur.<br />

Dans un premier temps, nous pouvons relever dans « La ballade des pendus » de<br />

Villon les détails réalistes à travers le champ lexical de la déchéance physique :<br />

« attachés cinq, six […] dévorée et pourrie ».<br />

Dans le poème de Ronsard, c’est la description de la femme seule dans le futur faite<br />

par l’auteur.<br />

Baudelaire, dans « Une charogne », crée un effet de réalisme en plaçant dès le<br />

premier vers son lecteur comme spectateur de la description qui va suivre :<br />

« Rappelez-vous l’objet… ».<br />

La description est également un moyen employé par Rimbaud afin d’introduire des<br />

détails réalistes dans son poème, avec une présentation du topoï et celle des<br />

personnages.<br />

Enfin, dans « Hasta la muerte » de Goya, les détails réalistes se retrouvent dans<br />

l’apparence des personnages, leurs vêtements.<br />

L’horreur présente chez Villon est soulignée par la description de sa détention. En<br />

effet, de la prison, Villon demande la grâce, renforcée par l’anaphore en fin de chaque<br />

strophe : « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ». La laideur dans le poème de<br />

Ronsard est d’une autre nature, puisqu’elle est contenue dans la projection dans le<br />

futur ; en effet, la solitude peinte par le poète instaure un sentiment d’oppression<br />

pour la femme destinataire du poème.<br />

Baudelaire, quant à lui, laisse entrevoir l’horreur dès le titre donné à son poème :<br />

« Une charogne ». Rappelons que la charogne désigne ici un cadavre humain<br />

abandonné. Ce sentiment de dégoût ressenti par le lecteur se poursuit avec<br />

l’utilisation du champ lexical de la laideur et de la mort : « infâme, lubrique, brûlante,<br />

poisons, carcasse, putride, oubliée, squelette ». Notons que le lecteur peut éprouver<br />

ces mêmes émotions à la lecture des « Pauvres à l’église » de Rimbaud, lorsque<br />

l’auteur joue du sens visuel – et de la capacité d’imagination du lecteur – en peignant<br />

des éléments « tordus […] déformés ».<br />

2) D’où peuvent naître l’esthétique et la poésie des différents documents ?<br />

L’esthétique et la poésie peuvent naître à travers la métrique (avec les rimes<br />

embrassées de Villon et Ronsard, les rimes croisées de Baudelaire). Mais nous<br />

pourrions supposer que la poésie est créée par sa capacité à dénoncer les atrocités du<br />

monde, et à se mettre ainsi au service des droits de l’homme.<br />

- 9 -


1 ère L<br />

B Sujet I : Commentaire<br />

FRANÇAIS<br />

Vous ferez le commentaire de « Une charogne » de Baudelaire (document C)<br />

Introduction<br />

Sujet 67<br />

Poète symboliste du XIX e siècle, Baudelaire exprime dans son recueil Les Fleurs du Mal<br />

son mal de vivre qu’il appelle : Spleen. Dans le présent poème, « Une charogne », rédigé<br />

en 1857, Baudelaire traduit une fois de plus son angoisse face à la vie en mettant en<br />

scène un corps en décomposition. Dans un premier temps, nous étudierons le champ<br />

lexical de la mort et la décomposition, afin d’analyser dans une deuxième partie la<br />

révélation d’une angoisse du poète.<br />

I) La mort<br />

A) La mort<br />

Nous relevons l’omniprésence de la mort à travers les substantifs : « âme,<br />

charogne, lit, poisons, carcasse, souvenir, squelette, ordure, ange, derniers<br />

sacrements, ossements, vermine, divine ».<br />

La mort est synonyme de fin, le corps chez Baudelaire s’adresse à « la reine des<br />

grâces », à « l’essence divine ». Cependant, si la mort peut apparaître, en fin de<br />

poème, comme une délivrance où la laideur semble céder la place à plus de<br />

douceur : « beauté, baisers, essence divine, amours » ; le poète prend soin<br />

d’achever son œuvre par l’adjectif « décomposés », laissant ainsi entendre qu’il<br />

n’y a pour lui aucun espoir.<br />

B) La décomposition<br />

Cette mort est l’occasion pour l’auteur de mettre en exergue la tristesse du poète.<br />

Une tristesse qui s’exprime avec toutefois une certaine ambiguïté à la quatrième<br />

strophe, puisque la carcasse est « superbe » et est comparée à une « fleur » qui<br />

peut « s’épanouir ».<br />

Nous observons donc qu’à travers la mort et la décomposition, Baudelaire traduit<br />

l’angoisse de la vie.<br />

II) L’angoisse<br />

A) La décomposition est la disparition<br />

Comme nous l’avons souligné précédemment, le corps décrit par le poète est un<br />

corps en décomposition, une « carcasse », que l’on voit « moisir parmi les<br />

ossements ». L’impression donnée au lecteur est celle d’une disparition totale de<br />

l’être.<br />

B) Le poète et l’incapacité à vivre<br />

Cependant cette disparition ne peut-elle trahir que l’incapacité à vivre ?<br />

Nous pouvons relever la musicalité du texte avec les rimes croisées et les rimes<br />

« vague… vague // musique… rythmique ». Nous avons alors le sentiment<br />

d’une résurrection où « l’horrible infection » semble pouvoir se taire face à<br />

« l’étoile » ou au « soleil ». Nous comprenons donc que l’angoisse du poète se<br />

situe dans cette volonté de saisir les « beautés » là où « les formes s’effaçaient ».<br />

Nous noterons en dernière analyse que dans ce poème, comme l’annonce le titre,<br />

- 10 -


1 ère L<br />

Conclusion<br />

FRANÇAIS<br />

Sujet 67<br />

c’est la disparition qui se fait plus forte que la vie : « vous irez […] moisir parmi<br />

les ossements ».<br />

Dans le poème intitulé « Une charogne », extrait du recueil Les Fleurs du mal, Charles<br />

Baudelaire témoigne de son mal de vivre, et de son rêve d’évasion en plongeant le<br />

lecteur dans un monde morbide. Comme nous avons pu l’analyser, la lumière s’éteint<br />

face à l’angoisse. La femme, tant aimée par Baudelaire devient objet de luxure et<br />

contribue à la déchéance. Toutes ces peurs exprimées par Baudelaire se retrouvent dans<br />

un autre de ses poèmes : « Spleen ».<br />

C Sujet II : Dissertation<br />

« Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire<br />

la beauté du Mal », écrit Baudelaire. Pensez-vous que la poésie ne doive servir que la<br />

Beauté et se détourner du réalisme ? Vous appuierez votre réponse sur des exemples<br />

précis.<br />

Introduction :<br />

La Beauté est définissable comme étant le caractère de ce qui est beau : une personne, un<br />

objet d’art ou de la vie de tous les jours. En parlant de son œuvre, Baudelaire écrit : « Il<br />

m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire la beauté du<br />

Mal ». Il apparaît donc comme une quasi gageure pour le poète de penser la beauté<br />

même dans le Mal. En effet, ces deux termes nous apparaissent presque incompatibles.<br />

Dès lors, nous pouvons nous demander si l’auteur ne trahit pas la réalité, ne la travestit<br />

pas afin de faire l’éloge de la Beauté. Mais « la poésie ne doit-elle servir que la Beauté et<br />

se détourner du réalisme ? ». Dans une première partie, nous nous intéresserons au<br />

genre poétique lorsqu’il est au seul service de la Beauté. Puis dans un second temps,<br />

nous poserons la question de la poésie réaliste afin de montrer la force esthétique du<br />

genre.<br />

I La poésie au seul service de la Beauté<br />

A) Qu’est-ce que la poésie et qu’est-ce que la Beauté ?<br />

Commencer par définir la poésie : genre, forme (donnez plusieurs exemples : le<br />

sonnet, l’alexandrin, le vers libre).<br />

Définir la Beauté. Bien penser que la Beauté est à la fois celle des règles de<br />

métrique, et celle du caractère de ce qui est beau. Penser au Sonnet, et à la beauté<br />

traduite par Baudelaire dans la Chevelure.<br />

Puis dire que cette beauté peut être subjective.<br />

B) Beauté et « Beauté du Mal » en poésie<br />

Il y a une beauté par exemple dans Le dormeur du val de Rimbaud, avec<br />

l’évocation de la Nature « C’est un trou de verdure », la quiétude du soldat « Il<br />

dort […] tranquille ». Mais cette Beauté est mise au service de la dénonciation de<br />

la guerre : le soldat est mort.<br />

La Beauté se retrouve comme mêlée au Mal.<br />

- 11 -


1 ère L<br />

II Poésie et réalisme<br />

FRANÇAIS<br />

Sujet 67<br />

A) Y a-t-il une poésie réaliste ?<br />

Définir le réalisme, puis poser la question de l’existence d’une poésie réaliste.<br />

Donner l’exemple de Villon, « La ballade des pendus ». Approfondir cette analyse,<br />

qui est l’argument en faveur de la poésie réaliste, et de la Beauté (beauté de la prière)<br />

dans une poésie réaliste.<br />

B) La force esthétique et l’exception poétique : Beauté et réalisme<br />

Reprendre les éléments développés dans les réponses aux questions afin de montrer<br />

l’existence de la laideur en poésie.<br />

Puis, développer la question de l’esthétique en poésie et donner des exemples de vers<br />

libres. En définir une possible combinaison : Beauté-Poésie-Réalisme.<br />

Conclusion :<br />

Selon Baudelaire, il existe donc une « Beauté du Mal ». Mais est-ce à dire que la<br />

poésie est un genre nécessairement au service d’une écriture « difficile » où les<br />

contingences du genre reviennent à nier tout réalisme ? La poésie n’est-elle qu’une<br />

écriture de la fiction ? Certes, comme nous l’avons vu les règles de métrique peuvent<br />

imposer des contraintes à l’auteur et lui faire négliger les éléments réalistes.<br />

Toutefois, l’absence de règles dans le vers libre donne à penser la poésie non plus<br />

comme soumise aux obligations stylistiques ; mais comme pouvant être au service du<br />

témoignage réel.<br />

D Sujet III : Ecriture d’invention<br />

Ecrivez un texte dans lequel vous ferez l’éloge argumenté d’une réalité d’ordinaire peu<br />

attirante (personne, objet…)<br />

Conformément à l’intitulé du <strong>sujet</strong> d’écriture, nous allons réaliser l’éloge de l’araignée.<br />

— Introduire le <strong>sujet</strong> en écrivant pourquoi vous réalisez un éloge<br />

— Dire quel sera votre objet d’étude : par exemple une araignée<br />

— Rédiger un paragraphe dans lequel vous décrivez vos peurs face à l’araignée<br />

— Puis trouvez un élément de transition – par exemple, la Nature – pour débuter votre<br />

éloge<br />

— Faire une description positive de l’araignée : couleur, ses pattes, son corps, ses<br />

mouvements<br />

— Conclure en vous adressant à l’araignée (La vouvoyer) et en vantant sa beauté.<br />

- 12 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!