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Giselle, ou les Wilis [Jude] Oct/Nov 2012 - Opéra de Bordeaux

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James était écartelé entre une Effie bien réelle et l’intangible Sylphi<strong>de</strong>, rêve et réalité étaient interprétés par <strong>de</strong>ux femmes distinctes que t<strong>ou</strong>t opposait, leur rôle, leur costume,<br />

leur danse. Dans <strong>Giselle</strong>, c’est à la même artiste qu’incombe d’exprimer <strong>les</strong> contrastes romantiques à travers la métamorphose <strong>de</strong> la paysanne en âme dansante. Mais il ne s’agit<br />

plus <strong>de</strong> la simple dualité entre rêve et réalité, il faut rés<strong>ou</strong>dre par le jeu dramatique et la gestuelle <strong>les</strong> contradictions <strong>les</strong> plus tota<strong>les</strong>.<br />

C’est ainsi que la ballerine, transcendant la femme, t<strong>ou</strong>che au mythe : elle donne corps à un idéal littéraire masculin dont Gautier a été l’un <strong>de</strong>s plus grands chantres. On retr<strong>ou</strong>ve<br />

en elle la Sylphi<strong>de</strong> consolatrice <strong>de</strong> Chateaubriand (1836) et elle annonce la dualité <strong>de</strong>s héroïnes nervaliennes (Sylvie, 1854). On ne saurait <strong>ou</strong>blier non plus le portrait en pied que<br />

fit Gautier <strong>de</strong> Carlotta Grisi, sa maîtresse et la créatrice du rôle, dans le m<strong>ou</strong>sseux costume blanc du second acte, très éthéré en apparence mais qui laisse <strong>de</strong>viner s<strong>ou</strong>s la<br />

transparence du tulle <strong>les</strong> jambes et le torse, réunissant ainsi pureté et sensualité.<br />

La galaxie féminine <strong>de</strong> <strong>Giselle</strong> exprime la quête d’une impossible perfection féminine. Albert, contrairement aux héros du théâtre romantique, n’est pas déchiré entre son <strong>de</strong>stin<br />

politique et ses am<strong>ou</strong>rs, il doit t<strong>ou</strong>t simplement choisir entre <strong>de</strong>ux femmes que t<strong>ou</strong>t oppose et qui, par cela même, le séduisent également : princesse altière et paysanne<br />

spontanée... Le dén<strong>ou</strong>ement original du ballet le montre puisque <strong>Giselle</strong>, dans la version <strong>de</strong> la création, avant <strong>de</strong> disparaître dans la tombe, indiquait à Albert qu’il <strong>de</strong>vait vivre<br />

avec Bathil<strong>de</strong>, et que lui être fidèle, c’était aimer l’autre.<br />

Au second acte, l’opposition entre <strong>Giselle</strong> et la reine <strong>de</strong>s <strong>Wilis</strong> est d’un t<strong>ou</strong>t autre registre : au royaume <strong>de</strong>s âmes, elle est d’ordre moral. D’un côté le pardon, <strong>de</strong> l’autre la<br />

vengeance. <strong>Giselle</strong> ne réunit plus <strong>de</strong>s contraires, elle est la femme rêvée, si bonne qu’elle épargne jusqu’aux remords <strong>de</strong>s trahisons, figure <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption dans la lignée <strong>de</strong> la<br />

Marguerite <strong>de</strong> Faust <strong>ou</strong> <strong>de</strong> la Senta du Vaisseau fantôme. Ainsi, à travers le portrait <strong>de</strong> cette paysanne naïve - qui, conjurant t<strong>ou</strong>tes <strong>les</strong> Eve tentatrices <strong>de</strong>vient au second acte<br />

l’allégorie du pardon absolu - c’est à la fois la d<strong>ou</strong>leur d’aimer et le paradis perdu que ce ballet raconte.<br />

<strong>Giselle</strong><br />

26 octobre – 4 novembre <strong>2012</strong><br />

Grand-Théâtre <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />

8<br />

Sylvie Jacq-Mioche<br />

Prési<strong>de</strong>nte d’honneur <strong>de</strong> l’Association européenne <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong> la danse<br />

<strong>Opéra</strong> National <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />

Service <strong>de</strong> presse : Canal Com – Noëlle Arnault & Julia Lagoar<strong>de</strong>tte<br />

05 56 79 70 53 - agence@canal-com.eu - www.canal-com.eu<br />

<strong>Opéra</strong> National <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux : Thierry F<strong>ou</strong>quet, directeur<br />

Anne-Sophie Brandalise, direction <strong>de</strong>s publics et du développement

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