Influences tokhariennes sur la mythologie chinoise - Sino-Platonic ...
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Serge Papillon, "<strong>Influences</strong> <strong>tokhariennes</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>mythologie</strong> <strong>chinoise</strong>,"<br />
-<strong>Sino</strong>-P<strong>la</strong>tonic Papers-, 136 (May, 2004)<br />
pêches qui confèrent l'immortalité, or <strong>la</strong> déesse Idunn des Scandinaves conserve dans son<br />
coffre des pommes qui permettent aux dieux de retrouver leur jeunesse quand ils vieillissent.<br />
Lorsque le géant Thiazi l'a enlevée, les dieux sont devenus vieux et grisonnants. Le nom de<br />
cette déesse signifie «Toujours Jeune }}149 : elle a le secret de l'éternelle jeunesse. La déesse<br />
grecque Héra, l'épouse de Zeus, reçut de Gaia des pommes qui donnaient l'immortalité et les<br />
mit dans son jardin. Situé à l'Extrême-Occident, <strong>sur</strong> les bords de l'Océan, ce jardin est gardé<br />
par trois nymphes, les Hespérides. Zeus et Héra ont une fille, Hébé, qui personnifie <strong>la</strong> jeunesse<br />
et dont le rôle, avant son mariage avec Héraclès, a été de servir le nectar dans les banquets<br />
célestes.<br />
On observe donc que dans les <strong>mythologie</strong>s grecque et scandinave, ce sont uniquement<br />
des déesses qui sont les détentrices de <strong>la</strong> jeunesse éternelle, et que celle-ci s'obtient en<br />
particulier par <strong>la</strong> consommation de fruits. Par ailleurs, Idunn est identique à Freyia, déesse de<br />
<strong>la</strong> fertilité-fécondité connue pour son activité sexuelle débridée. Ce sont bien là des<br />
caractéristiques de Xiwangmu.<br />
La. Reine-Mère d'Occident était une déesse du Destin. Selon le Hanshu, sous le règne<br />
de l'empereur Ai (de -7 à -1), les Chinois du Nord fabriquaient des p<strong>la</strong>nchettes de bois qui<br />
représentaient les prédictions de <strong>la</strong> Reine-Mère d'Occident. Dans <strong>la</strong> <strong>mythologie</strong> scandinave,<br />
les trois déesses du Destin sont appelées les Nomes (nornir) : elles sont le Passé, le Présent et<br />
l ' Avenir. Un texte is<strong>la</strong>ndais les assimile à des prophétesses. On les représente en train<br />
d'inciser ou de sculpter des bûchettes. Le destin étant souvent cruel, les Scandinaves<br />
qualifiaient ordinairement les Nomes de «<strong>la</strong>ides », «méchantes» ou «ennemies». Elles sont<br />
une spécialisation des dises (disir) en tant que puissances fixant les destinées des humains 150 •<br />
Ces dernières relèvent de <strong>la</strong> fertilité-fécondité. Une dise est étroitement associée, à <strong>la</strong><br />
naissance d'un être humain, à son destin, elle est tuté<strong>la</strong>ire et elle a un aspect guerrier. Freyja<br />
est appelée <strong>la</strong> dise des Vanes (les dieux scandinaves de <strong>la</strong> fertilité-fécondité) ou <strong>la</strong> Grande<br />
Dise. Elle a c<strong>la</strong>irement régné <strong>sur</strong> les dises 1s1 • On peut donc considérer Freyia comme une<br />
déesse du Destin, et l'on trouve ainsi un point commun supplémentaire avec Xiwangmu. C'est<br />
probablement à cause de <strong>la</strong> cruauté du destin que l'aspect de Xiwangmu, au début des Han, est<br />
devenu monstrueux.<br />
Freyia est équivalente à <strong>la</strong> déesse allemande Frija, l'épouse de Wotan, et celle-ci est<br />
c<strong>la</strong>irement une déesse du Destin. Comme les Nomes, elle est une fileuse. Les Allemands<br />
croyaient qu'elle faisait un filet avec lequel elle attrapait les âmes de ceux qui devaient<br />
mourir. Xiwangmu régnait <strong>sur</strong> l'ouest, qui était <strong>la</strong> terre des morts; Frija et Freyia étaient des<br />
déesses des morts.<br />
Sous le nom de Frau Holle, Frija file <strong>sur</strong> son rouet d'or, dans une grotte située au<br />
sommet d'une montagne. Quand elle offre des fils aux humains, ceux-ci ne prennent plus de<br />
fin. Elle offre également un rouet aux bonnes travailleuses et file pour elles pendant <strong>la</strong> nuit, si<br />
bien que les bobines sont pleines le matin 152 • TI se trouve que l'épouse de Huangdi, Leizu<br />
«Tonnerre-Ancêtre », est réputée être l'inventrice de <strong>la</strong> sériciculture. Elle aurait également<br />
appris aux femmes le tissage des soieries. Ce doit être un écho de <strong>la</strong> <strong>mythologie</strong> indoeuropéenne.<br />
Xiwangmu n'est jamais représentée comme une fileuse. Toutefois, selon le Shanhai<br />
jing et d'autres textes, elle habite une grotte située <strong>sur</strong> une montagne. Ce<strong>la</strong> rappelle Frau<br />
Holle. La Terre étant représentée sous <strong>la</strong> forme d'une montagne, le fait que ces déesses<br />
149 Boyer, 1992, p. 18l.<br />
150 Ibid., pp. 216-217.<br />
151 Ibid., pp. 182-183.<br />
152 Hermann, 2001, pp. 232-233.<br />
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