Naturaliser l'intentionnalité et la conscience - Pacherie
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<strong>Naturaliser</strong> l’intentionnalité <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>conscience</strong><br />
particulier, l’idée que les croyances, désirs <strong>et</strong> autres types d’états intentionnels<br />
auxquels elle fait appel sont des entités dotées d’une existence<br />
objective <strong>et</strong> d’une efficacité causale. Selon Denn<strong>et</strong>t, qui défend<br />
une forme d’instrumentalisme, les croyances <strong>et</strong> les désirs doivent plutôt<br />
être considérés comme des entités abstraites au même titre que les<br />
centres de gravité. De même que l’on comm<strong>et</strong>trait une erreur de catégorie<br />
en cherchant à identifier d’aluminium qui constitue le centre<br />
de gravité d’une sphère creuse en aluminium, de même on se fourvoierait<br />
à vouloir identifier une croyance ou un désir à un état physique<br />
particulier. Encore c<strong>et</strong>te comparaison avec <strong>la</strong> notion de centre de gravité<br />
fait-elle trop d’honneur aux catégories intentionnelles. Nos théories<br />
physiques nous perm<strong>et</strong>tent de définir avec précision <strong>la</strong> notion de<br />
centre de gravité <strong>et</strong> de calculer de manière unique le centre de gravité<br />
d’un obj<strong>et</strong> donné. Tel n’est pas le cas de nos interprétations en termes<br />
intentionnels d’un comportement donné, qui peuvent être incompatibles<br />
entre elles <strong>et</strong> néanmoins indépartageables. Enfin, <strong>la</strong> troisième<br />
attitude possible est celle du réalisme intentionnel • qui non seulement<br />
reconnaît à <strong>la</strong> psychologie ordinaire une utilité prédictive mais<br />
revendique aussi ses engagements ontologiques, quitte à adm<strong>et</strong>tre<br />
que <strong>la</strong> typologie du mental qu’elle propose doit être complétée, raffinée<br />
<strong>et</strong> parfois révisée. C’est c<strong>et</strong>te troisième position que je considérerai<br />
plus avant, car c’est à elle que le défi de <strong>la</strong> naturalisation se pose avec<br />
le plus d’acuité.<br />
Si l’on adm<strong>et</strong> que les états intentionnels ont une existence réelle<br />
<strong>et</strong> que l’intentionnalité est une marque essentielle du mental, le défi<br />
de <strong>la</strong> naturalisation consiste à montrer qu’il s’agit là d’un phénomène<br />
naturel <strong>et</strong> à expliquer comment les représentations mentales<br />
sont possibles dans une ontologie • matérialiste, autrement dit à<br />
expliquer comment certains états d’un système matériel peuvent<br />
constituer des états intentionnels, <strong>et</strong> leur évolution traduire des évolutions<br />
dans les croyances, désirs, <strong>et</strong>c. La tâche qui est ici dévolue au<br />
philosophe est double. Dans un premier temps, il lui incombe d’analyser<br />
<strong>la</strong> notion d’état intentionnel <strong>et</strong> d’en préciser les dimensions, l’objectif<br />
étant de dégager les conditions qui doivent être remplies pour<br />
que l’on puisse qualifier un état d’intentionnel. Dans un deuxième<br />
temps, il lui faudra montrer, s’il est naturaliste, comment des états<br />
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