26.06.2013 Views

Fêtes sportives phéniciennes Ancêtres des Jeux Olympiques grecs.

Fêtes sportives phéniciennes Ancêtres des Jeux Olympiques grecs.

Fêtes sportives phéniciennes Ancêtres des Jeux Olympiques grecs.

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

H I S T O I R E<br />

<strong>Fêtes</strong> <strong>sportives</strong> <strong>phéniciennes</strong><br />

<strong>Ancêtres</strong> <strong>des</strong> <strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> <strong>grecs</strong><br />

Aux temps héroïques, les Phéniciens personnifièrent<br />

et déïfièrent les forces de la<br />

nature (Physis), les identifiant à <strong>des</strong> titans<br />

et à <strong>des</strong> héros. Des conflits entre les<br />

dieux naquit l’idée de tenir <strong>des</strong> concours<br />

athlétiques au cours <strong>des</strong> fêtes religieuses.<br />

Au contact <strong>des</strong> Grecs et <strong>des</strong> Romains, les<br />

Phéniciens, modifièrent les noms <strong>des</strong><br />

dieux: Baal devint Zeus ou Jupiter, Reschef<br />

devint Apollon ou Phébus et Melkart<br />

devint Héracles ou Hercule, etc...<br />

Les stèles ougaritiques (XIVe siècle avant<br />

notre ère) nous apprennent les rivalités<br />

récurrentes entre les dieux phéniciens,<br />

avec Baal (Zeus) dans le rôle de héros<br />

<strong>des</strong> héros. 1 Rites et traditions ont été<br />

remis aux héros humains qui ont imité<br />

Baal et les autres dieux. Quand les Phéniciens<br />

quittaient leur terre d’origine, il<br />

est évident qu‘ils emportaient traditions,<br />

culture et rites religieux dans leur périple.<br />

Des documents 2 montrent que les Phéniciens<br />

initièrent les Grecs à la connaissance,<br />

aux cultes et aux concours sportifs<br />

dès l’époque de Cadmos, chef <strong>des</strong> Phéniciens<br />

de Tyr au XVIe siècle avant notre<br />

ère. Pindare déclare: ‘Depuis son arrivée<br />

dans l’Isthme de Corinthe, Cadmos organise<br />

<strong>des</strong> concours athlétiques pour remercier<br />

les dieux. En récompense. il remet <strong>des</strong><br />

guirlan<strong>des</strong> aux vainqueurs, six guirlan<strong>des</strong><br />

pour six compétitions’. 3 Cette<br />

manifestation doit être antérieure de<br />

quelques années à 1518 avant notre ère<br />

car le Marmor Parium mentionne<br />

qu’après son arrivée à Corinthe, Cadmos<br />

se rendit à Thèbes où il construisit Cadmée,<br />

4 ce qui arriva, on le sait, à la date<br />

que l’on vient de citer.<br />

Hérodote mentionne (5:58) que ‘les Phéniciens<br />

accompagnant Cadmos introduisirent<br />

en Grèce, après y avoir fait souche,<br />

un certain nombre de connaissances<br />

dont la plus importante fut l’alphabet’.<br />

Hérodote se réfère également à certains<br />

par Labib Boutros*<br />

écrits en caractères phéniciens, sur <strong>des</strong><br />

coupes athlétiques (tripo<strong>des</strong>) préservées<br />

dans le temple de Reschef (Apollon<br />

Ismène) édifié par Cadmos à Thèbes au<br />

XVIe siècle avant notre ère. et portant le<br />

nom d’athlètes comme Sacaeus le<br />

boxeur.<br />

Ainsi, les Phéniciens amenèrent-ils leurs<br />

traditions et leur culture en Grèce lorsqu’ils<br />

s’y installèrent. A Olympie, les<br />

Eléens, les suiveurs de El (Cronos), le<br />

dieu suprême, construisirent la cité d’Elis<br />

et fondèrent les concours olympiques<br />

pour honorer les dieux. Le nom de la ville<br />

vient de El. El devenant Elis et Adon<br />

devenant Adonis etc.. Selon les savants,<br />

les Eléens furent les défenseurs du temple<br />

d’Olympie et les organisateurs <strong>des</strong> jeux<br />

établis par Melkart (Hercule) le dieu de<br />

Tyr. Les Grecs partageaient avec les Phéniciens<br />

une grande révérence pour Melkart<br />

et tenait Tyr, en Phénicie méridionale,<br />

pour lieu d’origine de cette adoration. 5<br />

35<br />

L’ancienne Olympie.<br />

Sémélé, fille de Cadmos s’intégra parmi<br />

les dieux olympiens avec sa soeur Ino-<br />

Leucothea. 6<br />

De nombreuses statues <strong>phéniciennes</strong> en<br />

bronze à thème athlétique furent découvertes<br />

sur le sol d’Olympie par Curtius<br />

(1875 - 1881), Doerpfeld (1877 - 1929) et<br />

Kuntze (1936 - 1966). Les savants allemands<br />

donnèrent <strong>des</strong> noms à ces statues<br />

géométriques <strong>phéniciennes</strong>: ‘Pferdefüher’,<br />

l’aurige, apparaît dans la position traditionnelle<br />

de Baal, son bras droit levé tandis<br />

que le gauche est baissé.<br />

A la lumière de ces documents historiques,<br />

il semble bien que quelques<br />

concours d’athlétisme religieux furent<br />

fondés en Grèce avant les <strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong>,<br />

là où les dieux phéniciens furent<br />

répandus, comme à Corinthe, Thèbes et<br />

Eleusis. Le festival qui se tenait dans cette<br />

dernière ville consistait en <strong>des</strong> concours<br />

d‘athlétisme et de musique, avec <strong>des</strong><br />

danses et <strong>des</strong> mystères religieux, pour<br />

honorer Déméter, déesse phénicienne<br />

elle aussi. 7 Elle avait son temple dans la<br />

forteresse de Cadmos à Thèbes, et à


Le temple phénicien d’Amrit.<br />

Le temple d’Héra à Olympie.<br />

36<br />

Athènes (l’Eleusinion). 8 Selon le Marmor<br />

Parium ce festival remonte à 1324 avant<br />

notre ère. 9<br />

Des preuves d’activités physiques, telles<br />

que ces gravures de coureurs figurant sur<br />

le bas-relief d’un temple. furent découvertes<br />

en Phénicie. Quelques peintures en<br />

Grèce montrent <strong>des</strong> coureurs phéniciens<br />

dans leurs robes orientales traditionnelles<br />

avec <strong>des</strong> ailes. La preuve la plus importante<br />

de concours athlétiques en Phénicie<br />

est le stade phénicien d‘Amrit et son<br />

temple, construit dans un monolithe<br />

typique cananéens (sans colonnade). Des<br />

savants rejettent toute influence grecque<br />

ou romaine. Le temple et le stade, sur la<br />

côte phénicienne septentrionale, doivent<br />

avoir existé depuis la fondation de la ville<br />

d’Amrit, c’est-à-dire aux environs du XVe<br />

siècle avant notre ère. 10<br />

On peut donc déduire avec certitude de<br />

ce qui précède, que les Phéniciens eurent<br />

leurs concours athlétiques religieux pour<br />

honorer leurs dieux et déïfier leurs héros.<br />

Ce fut tout d‘abord sur leur terre d‘origine,<br />

la Phénicie (aujourd’hui le Liban) et<br />

plus tard partout où ils transportèrent<br />

leurs cultes, leur culture et leurs ‘sports’ y<br />

compris en Grèce.<br />

* Professeur <strong>des</strong> sciences du sport à<br />

l’Université libanaise de Beyrouth.<br />

1 Poèmes épiques (Musée du Louvre) sur les<br />

stèles trouvées à Ougarit (Ras Shamra) sur la<br />

côte phénicienne septentrionale. Voir Kapelrud,<br />

Arvid ; Baal dans les textes de Ras-Shamra<br />

(épopée de Baal) 68:III, 49:VI, 16-22<br />

2 Hérodote II, 49; Euripde, les Bacchanales,<br />

181; Plutarque, Hellénique 36,7; Pausanias IX,<br />

12,3; VII.23,6 Appolodore 3:4, 2-3<br />

3 Ode Isthmique 1:9-12<br />

4 Jacoby, Felix F. Gr Hist. Teil 2B, 239 frag. 7<br />

Leyde 1966<br />

5 Hérodote II, 44 Pausanias V. 25,1§2; V, 5,5<br />

6 Pindare, 01.II,26; Pyth. XI, 1.<br />

7 Hérodote V, 21<br />

8 Pausanias IX, 16, 3; I,36,3.<br />

9 Jacoby, F. Gr. Hist. 2B, p.995 Frag. 17.<br />

10 Boutros Labib; le stade phénicien d’Amrit.<br />

Revue olympique, Lausanne, n° 112, fev, 1977.<br />

p. 114-120.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!