RENCONTRE : DUY THANG NGUYEN, jeune bédéiste ... - aqesap

J’ai une fascination pour les créatures bizarres depuis
l’enfance. J’ai toujours adoré les fi lms d’horreur
avec des monstres en costumes ridicules
même si je n’osais plus me lever la nuit pour aller
aux toilettes! On a tendance à dire que les jeunes
n’aiment pas les monstres et qu’ils ne veulent rien
savoir, mais c’est absolument faux, enfi n, dans
certains cas, car généralement, ce sont les parents
qui leur interdisent ce genre de trucs. Je sais pas
comment expliquer ça… mais il y a un certain
plaisir à avoir peur (les émotions fortes) et à croire
en ces créatures, comme on croit au père Noël ou
aux super héros, parce qu’au fond, on sait bien
que ça n’existe pas. C’est juste l’imagination qui
se met en place pour cacher la morne réalité et ça,
c’est fantastique.
Cris parsemés de délires, encre de chine avec
couleurs et trames numériques, août 2008
I’m Still The Same Inside, acrylique et
encre de chine, juin 2008
J’aime donner à mes personnages des regards vides,
un visage dépourvu de toute expression et les
mettre dans des contextes et des actions complètement
à l’opposé de ce que leurs visages expriment.
Je ne sais pas, je trouve ça amusant et intéressant.
Mais bon, je ne pourrais pas dire exactement ce
que je désire exprimer le plus, ça dépend beaucoup
trop de mon humeur ou de ce que je veux
faire passer comme message.
J’ai réalisé cette illustration suite à un cauchemar
dans lequel, lorsque je clignais des yeux, je me
retrouvais à différents endroits bizarres, intrigants
et perturbants à la fois... Je pouvais être un tueur
en série morbide devant sa toute dernière victime,
comme je pouvais me retrouver, quelques minutes
plus tard, dans la peau de la victime en question
tout juste avant de
se faire assassiner.
Et donc, parmi les
différentes visions
que j’avais eues, il
y avait cette scène
autour d’une table,
beaucoup moins
perturbante que la
précédente, mais
tout aussi intrigante,
avec ces drôles
de personnages qui me fi xaient, devant leurs assiettes
vides. Désiraient-ils m’avoir dans leur assiette?
Étais-je des leurs? Pourquoi me fi xaient-ils
de cette manière? Ainsi donc, les mains au premier
plan représentent l’effort de la compréhension
face à cette situation... J’arrive à percevoir
certaines ressemblances entre mon illustration et
l’oeuvre de Van Gogh, Les mangeurs de pommes
de terre (1835). Je veux dire, pas graphiquement,
mais plutôt dans l’ambiance des deux pièces. Il y
a un certain vide, un profond silence et peut-être
même un lourd malaise qui semble régner dans
les deux cas.
J’ai réalisé cette
planche à l’école
pour un projet en
art sur le thème des
univers «underground».
J’ai utilisé
comme matériaux
Une foule monstre, acrylique et encre de chine
sur planche à roulette, janvier 2008
RENCONTRE
Malaise Gastronomique,
encre de chine (lavis) et
couleur numérique, juillet 2008
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