RENCONTRE : DUY THANG NGUYEN, jeune bédéiste ... - aqesap

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RENCONTRE 12 Numéro 66 Novembre 2008 de l’acrylique et de l’encre de chine. On peut voir le résultat fi nal sur mon blogue. Sinon, ce que ma prof en a pensé? Hé bien!... Je pense qu’elle l’a bien appréciée! Enfi n, si je me fi e à la note qu’elle m’a donnée : 100%. L’école secondaire où je suis présentement est axée sur l’art, je sais que beaucoup préfèrent dessiner à partir d’une photo ou de modèles. C’est bien, mais ça laisse place à moins de créativité... Je m’estime chanceux d’être à l’école Mitchell- Montcalm. Ce ne sont pas toutes les écoles qui offrent des programmes d’arts particuliers comme la photographie, le cinéma, l’animation, le dessin et bientôt la bande dessinée. Personnellement, je suis dans le programme arts et cultures et disons que je ne peux pas me plaindre de ma situation. J’apprends beaucoup sur l’histoire de l’art en général et je pense que c’est une bonne base pour n’importe qui voulant faire carrière en arts... Bref, l’école c’est bien, mais maudit que j’ai hâte de fi nir mes études et de vivre totalement de mon art. Il y a quelques années, j’ai créé mon propre blogue. Il me sert à montrer mon travail à un large public mais il favorise aussi des rencontres et des collaborations. D’après les statistiques de mon blogue, il y a des visiteurs du Canada allant jusqu’au Japon, ce qui est fort amusant, car on voit à ce moment à quel point Internet est un excellent outil pour partager nos travaux avec un public de partout dans le monde... Il m’est arrivé d’avoir des offres de collaborations avec des personnes qui ont découvert mon blogue par hasard! Donc, on peut quasiment dire que c’est comme un petit portfolio en ligne qui sert à ouvrir bien des portes pour se faire connaître, se faire quelques «fans» et lecteurs, etc... Lorsque j’ai ouvert mon premier blogue, il y a environ 3 ans, jamais je n’aurais cru que ça pouvait autant aider. Mon blogue a joué un rôle important pour ma première publication dans un fanzine. La personne qui s’occupait de la publication en question (Gorgonzola), avait vu quelques extraits de ce que je faisais à partir d’un site où l’on mettait des œuvres de notre cru et, à partir d’un lien vers mon blogue, il a pu avoir une plus large idée de ce que je produisais. Depuis, j’ai publié à maintes reprises dans son fanzine et dans un de ses collectifs, Crash, réunissant plusieurs auteurs différents, tels que Dave Cooper, Pakito Bolino ou Richard Suicide. L’une des pages couvertures a d’ailleurs été réalisée par Cha, une bédéiste/illustratrice qui publie entre autres chez Spirou ou dans le fanzine Speedball. J’ai aussi participé au blogue The Lonely Freaks car il y a des auteurs comme Evlyn Moreau, O’freak, Singeon et Plutoslo derrière cela. Le concept est simple, mais fort sympathique : chaque jour, il y a une personne parmi eux qui doit dessiner son propre petit monstre, souvent inspiré des matériaux banals de la vie courante. Ils sont généralement tous très originaux et intéressants à la fois. Chaque auteur a le droit d’inviter, chaque semaine, un artiste de son choix. Dans mon cas, ce fut la fascinante Evlyn Moreau, une artiste montréalaise. C’était plutôt cool, car j’ai beaucoup de respect pour ces auteurs; de plus, le fait de fi gurer parmi des invités comme Lewis Trondheim est une joie pour moi. L’artiste invité doit donc faire son propre petit «freak» et on avait carte blanche. Un blogue est en fait l’une des formes les plus idéales je dirais, si un artiste désire montrer ses œuvres au plus large public possible. Des gens de partout dans le monde peuvent observer ce que tu fais en quelques clics seulement. En plus, c’est généralement gratuit. Mais Psychobug, encre de chine et couleur numérique, juillet 2008 Capture d’écran du blogue Skratch, juin 2008 je préfère voir mes œuvres sur papier. Il y a une certaine «magie» ou ce petit quelque chose qu’on ne retrouve pas lorsqu’on est devant un écran d’ordinateur... Pour ceux qui visitent mon nouveau blogue, on peut remarquer que le design du blogue est constamment en train de changer. Cette fâcheuse tendance fait également en sorte que ça peut me prendre une éternité à faire une BD, parce que je suis toujours en train de recommencer et de recommencer jusqu’à ce que ce soit assez bien à mes yeux... Enfi n bref, un blogue c’est très bien pour se faire connaître, mais sur papier c’est encore mieux pour apprécier davantage les œuvres en question.
Chose certaine, ton travail soulève des questions passionnantes, mais aussi cruciales et très délicates, qui auraient mérité d’être davantage approfondies si nous en avions eu le temps. Un gros merci à toi, Duy, d’avoir réalisé cette entrevue! Cette année pendant mon cours d’histoire, notre professeur nous a expliqué à quel point certains propos sur la violence de nos jours sont ridicules. Il donnait en exemple les personnes qui pensent que la violence est plus fréquente à notre époque et je dois dire qu’il a raison de se moquer. La violence n’est pas plus fréquente, non, elle est seulement plus médiatisée et plus accessible du grand public. C’est choquant d’entendre des gens parler de la violence de nos jours comme si c’était nous qui l’avions inventée. Je veux dire, que faites-vous de l’époque romaine lorsque les chrétiens étaient jetés aux lions pour le plus grand plaisir du public en délire ou encore des méthodes de persécutions et de tortures aux criminels et soi-disant sorcières du Moyen Âge comme l’élongation, le plomb fondu, la chaise à clous et l’arrachage des chairs avec des pinces rougies? Même les paysans y prenaient goût. Il y avait des méthodes de supplices tellement compliquées et réfl échies que c’était presque rendu un art... Mais bon, je m’éloigne du sujet. Comme je disais, le fait que la violence soit plus médiatisée et plus accessible, c’est sûr que c’est très présent dans la culture des adolescents. Mais de là à croire que les adolescents qui regardent des fi lms, qui lisent des livres et qui jouent à des jeux vidéo violents sont tous des futurs tueurs en série, c’est extrêmement ridicule. TEXTES, ÉTUDES ET OUVRAGES PERMETTANT DE MIEUX COMPRENDRE LA CULTURE DES JEUNES: CEFRIO (2003). NETAdos. Portrait des 12-17 ans sur Internet. Sondage réalisé auprès des ados québécois et de leurs parents. Partenaires : Bell, Desjardins, Gouvernement du Québec. Faucher, C. (2006). Entrevue avec Nicolas Plamondon. Vision : revue de l’association québécoise des éducatrices et éducateurs spécialisés en arts plastiques (AQÉSAP). n°64. p. 10-14. Gouvernement du Québec (2006). Programme de formation de l’école québécoise. Enseignement secondaire, premier cycle. Québec : Ministère de l’Éducation. Hersent, J-F. (2003). Les pratiques culturelles adolescentes: France, début du troisième millénaire, BBF, Paris, t. 48, no. 3, Le Breton, D. (2002). L’adolescence à risque. corps à corps avec le monde, Paris : Éditions Autrement – Collection Mutations no. 211. Piette, J. et Pons, C-M. (2007). Les jeunes et Internet : 2006 (Appropriation des nouvelles technologies). Rapport fi nal de l’enquête menée au Québec. Département des communications de l’Université de Montréal pour le Ministère de la Culture et des Communications. Gouvernement du Québec. Richard, M. (2005). Culture populaire et enseignement des arts. Jeux et refl ets d’identité. Québec : Presses de l’Université du Québec. Richard, M. (2005). La culture populaire chez les jeunes. Entre projets artistiques et projets pédagogiques. Québec : Presses de l’Université du Québec Rushkoff, D. (1999). Playing the future. what we can learn from digital kids. New York: Riverhead Books. C’est trop facile d’accuser à tort ces divertissements qui, au contraire, sont plutôt des moyens de calmer la colère des jeunes de cette génération dont je fais partie. Ils servent souvent à dénoncer et à faire passer un message. Il faut arrêter de prendre les ados de nos jours comme étant tous des imbéciles, voila tout! Nous avons le droit nous aussi de nous échapper de la réalité oppressante, qui s’annonce à chaque instant, de plus en plus catastrophique. Dans De dignitate et augmentis scientiarum le philosophe anglais Francis Bacon a dit : «Celui qui rend violence pour violence ne viole que la loi, et non l’homme.» Justement, l’horreur et la violence sont, tout comme le rire, des traits de l’homme. Cela a toujours été ainsi et le sera à jamais. Une bonne prise de conscience, une bonne éducation et un peu de jugement font la différence entre celui qui tue pour tuer et celui qui sait différencier réalité et fi ction. Mais il y a également celui qui naît violent et c’est toujours très dur de changer la nature d’une personne... Par contre, je crois sincèrement qu’un jour, la terreur, l’injustice, le malheur, la destruction, la violence et l’horreur disparaîtront de cette planète... Et à cette même occasion, l’être humain également. Insects, encre de chine et couleur numérique, janvier 2008 RENCONTRE 13 Numéro 66 Novembre 2008
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