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dossier pédagogique la tombe et son mobilier - Musée ...

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<strong>Musée</strong> archéologique départemental de Jub<strong>la</strong>ins<br />

Dossier Ressources<br />

La <strong>tombe</strong> <strong>et</strong> <strong>son</strong> <strong>mobilier</strong><br />

En lien avec l’exposition


«Secr<strong>et</strong>s de momies, rites <strong>et</strong> croyances<br />

funéraires à <strong>la</strong> fin de l’Égypte pharaonique »<br />

<strong>Musée</strong> archéologique départemental de Jub<strong>la</strong>ins<br />

Du 8 juill<strong>et</strong> au 13 décembre 2011<br />

Le musée archéologique départemental de Jub<strong>la</strong>ins ouvre ses portes à l’Egypte ancienne <strong>et</strong><br />

accueille deux momies, qui ont été passées au scanner en 2007 ; ce qui a permis d’en révéler<br />

tous les secr<strong>et</strong>s. Autour de ces pièces remarquables, le musée invite à une découverte du<br />

monde des morts <strong>et</strong> des dieux, tel qu’il est rêvé <strong>et</strong> vécu par les anciens Egyptiens.<br />

C<strong>et</strong>te exposition est le fruit d’un partenariat privilégié avec le musée des Beaux-arts <strong>et</strong><br />

d’Archéologie de Besançon, initiateur du proj<strong>et</strong>. Les collections de ce grand musée <strong>son</strong>t<br />

accompagnées de prêts des musées de Nantes, Amiens, Angers, Château-Gontier, Roanne,<br />

Sois<strong>son</strong>s <strong>et</strong> du Louvre.<br />

L’exposition s’organise en quatre grands thèmes :<br />

- Osiris <strong>et</strong> les dieux funéraires : Osiris, grand dieu des morts, préside <strong>la</strong> première<br />

partie, où <strong>son</strong>t expliquées sa légende <strong>et</strong> sa grande popu<strong>la</strong>rité dans toute l’Egypte. Isis,<br />

Nephthys, Horus <strong>et</strong> Anubis, divinités de <strong>la</strong> famille osirienne, l’accompagnent, mais<br />

aussi d’autres dieux qui jalonnent le long voyage des défunts dans l’au-delà.<br />

- L’art de <strong>la</strong> momification : La belle momie d’Ânkhpakhered, dessinateur au temple<br />

d’Amon sous <strong>la</strong> XXVIe dynastie (680-525 avant J.-C.), <strong>et</strong> <strong>son</strong> sarcophage couvert de<br />

textes magiques, témoignent des soins accordés aux défunts juste après leur mort.<br />

Durant ces préparatifs, le corps est momifié puis entouré de nombreux obj<strong>et</strong>s<br />

magiques <strong>et</strong> religieux : amul<strong>et</strong>tes, bandel<strong>et</strong>tes, ornements, cartonnages, sarcophages<br />

<strong>son</strong>t autant de protections destinées à l’accompagner sans encombre jusqu’au monde<br />

des morts.<br />

- Funérailles <strong>et</strong> mai<strong>son</strong> du mort : Avec les funérailles, le mort entre dans sa dernière<br />

demeure <strong>et</strong> accède au royaume d’Osiris. Sa mémoire est rappelée <strong>et</strong> célébrée, aussi<br />

bien dans <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> qu’à l’extérieur, sur les stèles <strong>et</strong> les tables d’offrandes. Vaisselle,<br />

obj<strong>et</strong>s du quotidien, statu<strong>et</strong>tes funéraires <strong>son</strong>t installés dans <strong>la</strong> chambre funéraire, pour<br />

suBvenir aux besoins de sa nouvelle vie dans l’au-delà.<br />

- Séramon <strong>et</strong> l’Au-delà : Dans sa <strong>tombe</strong> creusée dans <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise thébaine, Séramon était<br />

entouré de plusieurs sarcophages emboîtés l’un dans l’autre. La qualité de sa<br />

momification <strong>et</strong> du <strong>mobilier</strong> qui l’accompagnait témoigne de l’importance de ce haut<br />

per<strong>son</strong>nage, mais aussi des pratiques en cours à l’époque de <strong>la</strong> XXIe dynastie (1069-<br />

946 avant J.-C.).<br />

En introduction à <strong>la</strong> visite, <strong>son</strong>t figurées une carte <strong>et</strong> une chronologie, qui perm<strong>et</strong>tent de p<strong>la</strong>cer<br />

quelques repères avec les élèves.


La carte<br />

La carte rappelle les grandes caractéristiques de l’Egypte : c’est un pays désertique mais qui a<br />

<strong>la</strong> chance d’être traversé par le Nil. « L’Egypte est un don du Nil », commente Hérodote lors<br />

de sa visite du pays. Le Nil est l’un des plus grands fleuves du monde. Long de 6500 km, il<br />

traverse plusieurs pays d’Afrique avant de se j<strong>et</strong>er dans <strong>la</strong> mer Méditerranée.<br />

A l’époque antique, sa grande crue annuelle recouvrait de limon noir les terres de <strong>la</strong> vallée <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong>tait <strong>la</strong> pratique de l’agriculture. Toutes les grandes villes <strong>son</strong>t aménagées le long du Nil<br />

<strong>et</strong> à l’exception des oasis, toute <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion s’y regroupait.<br />

La forme de <strong>la</strong> vallée du Nil fait que très tôt, on a distingué <strong>la</strong> Haute Egypte, qui couvrait tout<br />

le sud du tracé jusqu’à Memphis, <strong>et</strong> <strong>la</strong> Basse Egypte, qui correspondait au delta (endroit où le<br />

Nil forme de multiples rameaux, qui se j<strong>et</strong>tent dans <strong>la</strong> Méditerranée). Les pharaons étaient<br />

ainsi désignés comme les rois de Haute <strong>et</strong> Basse Egypte, pour bien indiquer qu’ils régnaient<br />

sur tout le pays.<br />

Séramon <strong>et</strong> Ânkhpakhéred, dont les momies <strong>son</strong>t présentées dans l’exposition, ont vécu à<br />

Thèbes, là où se trouve aujourd’hui <strong>la</strong> ville de Louqsor <strong>et</strong> le temple de Karnak. Ils ont<br />

d’ailleurs tous les deux travaillé dans ce grand temple consacré au dieu Amon. A leur mort, ils<br />

ont été enterrés de l’autre côté du Nil, dans <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise, à proximité du site de <strong>la</strong> Vallée des<br />

Rois.<br />

La chronologie<br />

L’histoire pharaonique égyptienne s’étend sur presque trois millénaires, puisqu’elle<br />

commence vers 3000 avant J.-C. <strong>et</strong> s’achève au tournant de notre ère avec <strong>la</strong> conquête<br />

romaine. C<strong>et</strong>te longue période appartient à ce que l’on appelle l’Antiquité, premier temps de<br />

l’Histoire qui suit l’apparition de l’écriture. En eff<strong>et</strong> l’écriture égyptienne, celle des<br />

hiéroglyphes, est l’une des plus vieilles du monde.<br />

L’exposition s’intéresse plus particulièrement aux époques de <strong>la</strong> fin de l’Egypte pharaonique,<br />

qu’ont connues Séramon <strong>et</strong> Ânkhpakhéred.<br />

- Séramon a vécu à <strong>la</strong> XXIe dynastie (1069-944 av. J-C.), qui marque le début d’une<br />

période de troubles appelée Troisième période intermédiaire (TPI). 2000 ans pratiquement<br />

ont passé depuis les grandes pyramides, qui datent de l’Ancien Empire.<br />

-<br />

- Ânkhpakhéred a vécu à <strong>la</strong> XXVIe dynastie (680-525 av. J-C.), au tout début de <strong>la</strong> Basse<br />

Epoque. Lors de c<strong>et</strong>te période, l’Egypte r<strong>et</strong>rouve une prospérité sous des pharaons<br />

nationaux (les Saïtes) puis étrangers (perses <strong>et</strong> grecs). La grande majorité des obj<strong>et</strong>s de<br />

l’exposition date de <strong>la</strong> Troisième Période intermédiaire (1069-664 avant notre ère) ou de<br />

<strong>la</strong> Basse Epoque (664-332 avant notre ère).


La <strong>tombe</strong> <strong>et</strong> <strong>son</strong> <strong>mobilier</strong><br />

Les Égyptiens croient en une vie après <strong>la</strong> mort. Après <strong>la</strong> mort, le défunt entame un long<br />

voyage vers l’Au-delà, auquel il s’est préparé pendant toute sa vie. Au cours de ce périple, il<br />

va devoir franchir différents obstacles <strong>et</strong> va rencontrer de multiples divinités sous <strong>la</strong><br />

protection desquelles il va se p<strong>la</strong>cer. Parmi les divinités qui l’accompagnent, Osiris occupe<br />

une p<strong>la</strong>ce de choix.<br />

Osiris <strong>et</strong> <strong>la</strong> légende Osirienne<br />

Osiris, grand dieu des morts<br />

Osiris, grand dieu des morts, dispose d’une grande popu<strong>la</strong>rité dans toute l’Egypte. Souverain<br />

du royaume souterrain, dieu bénéfique, il protège tous les défunts.<br />

Les statu<strong>et</strong>tes de ce dieu <strong>son</strong>t nombreuses dans les <strong>tombe</strong>s <strong>et</strong> dans les temples.<br />

Osiris est également très souvent figuré sur les cercueils <strong>et</strong> les papyrus<br />

funéraires.<br />

Il est toujours représenté de <strong>la</strong> même manière : il est debout, mais dans une<br />

posture de momie, intégralement enveloppé d’un linceul. Il porte deux<br />

attributs royaux, le sceptre heka <strong>et</strong> le fou<strong>et</strong> nekhekh, ainsi qu’une couronne (<strong>la</strong><br />

couronne atef), constituée d’un bonn<strong>et</strong> haut encadré de plumes d’autruche, de<br />

cornes de bélier <strong>et</strong> surmontée d’un uraeus (serpent cobra).<br />

Osiris est entouré d’une nombreuse famille (annexe1). Il est le fils de<br />

Geb <strong>et</strong> Nout, dieux de <strong>la</strong> Terre <strong>et</strong> du Ciel. Il a un frère, S<strong>et</strong>h, <strong>et</strong> deux<br />

sœurs, Isis <strong>et</strong> Nephthys. Isis, sa sœur, est aussi <strong>son</strong> épouse, comme ce<strong>la</strong><br />

se pratiquait souvent dans les familles royales. Ensemble, ils ont un<br />

fils : Horus. Osiris a également un fils de <strong>son</strong> autre sœur Nephthys :<br />

Anubis.<br />

Les membres de sa famille (sauf S<strong>et</strong>h qui est un dieu violent) <strong>son</strong>t très souvent représentés sur<br />

le <strong>mobilier</strong> funéraire <strong>et</strong> accompagnent le défunt dans <strong>son</strong> voyage vers le royaume des morts.<br />

L’histoire d’Osiris est racontée dans une légende, qui légitime <strong>son</strong> statut de roi des morts, car<br />

il va devenir <strong>la</strong> première momie <strong>et</strong> le premier exemple de résurrection.<br />

La légende osirienne<br />

Dans <strong>la</strong> mythologie égyptienne, le pays est partagé entre les deux frères : Osiris détient <strong>la</strong><br />

partie fertile, <strong>et</strong> S<strong>et</strong>h les déserts.<br />

Jaloux de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>rité d’Osiris, S<strong>et</strong>h fomente un complot contre <strong>son</strong> frère. Il conçoit une ruse<br />

qui conduit à enfermer Osiris dans un coffre puis il le j<strong>et</strong>te dans le Nil. Osiris se noie. Isis,<br />

accompagnée de sa sœur Nephtys, part à sa recherche. Elle r<strong>et</strong>rouve Osiris à Byblos <strong>et</strong> le<br />

ramène en Égypte. S<strong>et</strong>h l’apprenant découpe alors Osiris en 14 morceaux qu’il éparpille dans


tout le pays. Isis part à nouveau à <strong>la</strong> recherche des morceaux <strong>et</strong> en r<strong>et</strong>rouve 13 : il manque le<br />

sexe qui, selon <strong>la</strong> légende, a été j<strong>et</strong>é dans le Nil <strong>et</strong> dévoré par un pois<strong>son</strong>. Grâce à ses pouvoirs<br />

magiques <strong>et</strong> à l’aide d’Anubis, elle reconstitue le corps d’Osiris, qui devient ainsi <strong>la</strong> première<br />

momie.<br />

Le martyr d'Osiris lui vaut de gagner le monde de l'Au-delà dont il devient le souverain.<br />

Les conditions de <strong>la</strong> survie dans l’Au-delà<br />

Pour accéder à l’éternité, les Égyptiens doivent préserver leur corps, faire en sorte qu’on ne<br />

les oublie pas, se nourrir…<br />

La conservation de leur corps est conditionnée par différents éléments : <strong>la</strong> qualité de <strong>la</strong><br />

momification, <strong>la</strong> présence d’amul<strong>et</strong>tes, de cercueils ou de cartonnages <strong>et</strong> enfin <strong>la</strong> construction<br />

de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> qui assurent <strong>la</strong> protection de <strong>la</strong> momie.<br />

Ne pas <strong>tombe</strong>r dans l’oubli conditionne aussi <strong>la</strong> survie dans l’Au-delà. Chez les Égyptiens,<br />

nommer les choses ou les êtres conduit à les faire exister ; il est très donc fréquent d’inscrire<br />

le nom <strong>et</strong> les titres du défunt sur <strong>son</strong> <strong>mobilier</strong> funéraire <strong>et</strong> sur sa <strong>tombe</strong>.<br />

La vie dans l’au-delà, étant le prolongement de <strong>la</strong> vie terrestre, le défunt doit se nourrir mais<br />

aussi travailler. Les offrandes de nourriture perm<strong>et</strong>tent d’assurer <strong>la</strong> subsistance du mort <strong>et</strong> les<br />

ouchebtis, qui l’accompagnent dans sa <strong>tombe</strong>, prennent en charge sa part de travail.<br />

Préserver <strong>son</strong> corps : <strong>la</strong> momification<br />

Avant 3200 avant notre ère, les Égyptiens enterrent leurs morts dans de simples fosses<br />

creusées dans le sable. La préservation des corps ne doit alors rien à <strong>la</strong> science mais tient aux<br />

conditions climatiques <strong>et</strong> à <strong>la</strong> nature désertique du pays. Les premières momies <strong>son</strong>t donc des<br />

momies naturelles.<br />

Au début de <strong>la</strong> période pharaonique, le souhait de mieux protéger le corps conduit à <strong>la</strong><br />

construction de mastabas pour les rois <strong>et</strong> les dignitaires du pays. Les plus modestes <strong>son</strong>t,<br />

quant à eux, installés dans de simples cercueils en vannerie ou en bois, déposés dans des<br />

caveaux.<br />

Mais ces nouvelles pratiques ont engendré <strong>la</strong> dégradation des dépouilles, qui ne profitaient<br />

plus de l’action bénéfique du sable. Au fil du temps, par l’acquisition de nouveaux procédés,<br />

les embaumeurs ont mis au point une technique de momification garantissant <strong>la</strong> conservation<br />

du corps.<br />

Les étapes de <strong>la</strong> momification<br />

La momification, résultat d’opérations complexes, dure de 40 à 70 jours. C<strong>et</strong>te technique<br />

donne les meilleurs résultats au Nouvel Empire (1539-1069 avant J.-C.). Réservée à l’élite à<br />

l’origine, elle tend peu à peu à se généraliser à l’ensemble de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Selon Hérodote (historien grec du Ve siècle avant notre ère), il existe trois niveaux de<br />

momification : le premier niveau comprend l’éviscération, l’excérébration <strong>et</strong> le bandel<strong>et</strong>tage,<br />

le second niveau se passe d’éviscération <strong>et</strong> le troisième est réalisé avec des produits de<br />

moindre qualité. C<strong>et</strong>te différence de qualité dépend de plusieurs facteurs : l’époque, le lieu<br />

mais aussi <strong>la</strong> richesse du défunt.


La momification se déroule sous le contrôle d’Anubis. Ce dieu à tête de<br />

chacal, a été l’artisan de <strong>la</strong> première momification. A ce titre, il préside<br />

à l’embaumement <strong>et</strong> aux rites de l’ouverture de <strong>la</strong> bouche.<br />

Il accompagne aussi les morts dans l’Au-delà <strong>et</strong> protège leur <strong>tombe</strong>.<br />

Anubis accompagne également le défunt jusqu’au tribunal d’Osiris, afin<br />

qu’il se soum<strong>et</strong>te à l’épreuve de <strong>la</strong> pesée du cœur.<br />

- l’éviscération abdominale<br />

L’éviscération abdominale, mise en œuvre dès 2625 avant notre ère,<br />

perm<strong>et</strong> d’éviter le pourrissement des organes internes <strong>et</strong> assure ainsi une<br />

meilleure conservation du corps. Une incision, pratiquée sur le côté<br />

gauche en bas de l’abdomen perm<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>irer les intestins, le foie,<br />

l’estomac <strong>et</strong> les poumons. Ces organes, momifiés séparément, <strong>son</strong>t soit<br />

déposés dans des vases canopes, soit remis en p<strong>la</strong>ce à l’intérieur du corps,<br />

selon l’époque. A <strong>la</strong> Troisième Période intermédiaire par exemple,<br />

époque de Séramon, dont <strong>la</strong> momie est présentée dans l’exposition, les<br />

viscères momifiés <strong>son</strong>t rep<strong>la</strong>cés à l’intérieur de l’abdomen. A l’époque<br />

suivante, les viscères <strong>son</strong>t de nouveau déposés dans des vases canopes.<br />

La découverte des instruments utilisés par les embaumeurs lors de <strong>la</strong><br />

momification est extrêmement rare. Certains <strong>son</strong>t néanmoins connus, car<br />

ils ont été reproduits sous <strong>la</strong> forme de talisman, telle l’amul<strong>et</strong>te des deux<br />

doigts, qui est l’évocation de l’instrument utilisé pour l’éviscération.<br />

- l’excérébration<br />

Pour les Égyptiens, le cerveau n’a pas d’utilité : c’est le cœur qui est le siège de toutes les<br />

émotions. Le cerveau peut donc être r<strong>et</strong>iré. L’enlèvement se fait généralement par le nez, à<br />

l’aide d’un croch<strong>et</strong> en fer. C<strong>et</strong>te technique a été mise en œuvre pour Séramon. Pour<br />

Ânkhpakhéred, dont <strong>la</strong> momie est également présentée, <strong>la</strong> technique utilisée est différente. Le<br />

cerveau a été extrait par le foramen magnum, gros orifice situé à <strong>la</strong> base, à l’arrière du crâne.<br />

- <strong>la</strong> dessication du corps<br />

Le corps du défunt est recouvert de natron, sel naturel composé d’un mé<strong>la</strong>nge de chlorure de<br />

sodium <strong>et</strong> de carbonate de sodium hydraté, très gourmand en eau.<br />

- le bandel<strong>et</strong>tage<br />

Après <strong>la</strong> dessication, le corps est enveloppé dans plusieurs couches de bandel<strong>et</strong>tes de lin.<br />

Chaque enroulement se fait dans un ordre précis, accompagné de <strong>la</strong> lecture de formules <strong>et</strong> de<br />

<strong>la</strong> pose d’amul<strong>et</strong>tes. Quelquefois, <strong>la</strong> momie est p<strong>la</strong>cée dans un linceul, maintenu par des<br />

br<strong>et</strong>elles. La momie d’Ânkhpakhéred a été enveloppée de c<strong>et</strong>te façon.<br />

Protéger <strong>son</strong> corps <strong>et</strong> sa momie<br />

- les amul<strong>et</strong>tes<br />

Les amul<strong>et</strong>tes <strong>son</strong>t chargées d’assurer <strong>la</strong> protection de <strong>la</strong> momie. Beaucoup<br />

<strong>son</strong>t de simples hiéroglyphes <strong>et</strong> empruntent à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue égyptienne leur<br />

pouvoir prophy<strong>la</strong>ctique.<br />

Leur emp<strong>la</strong>cement n’est pas <strong>la</strong>issé au hasard : chaque type joue un rôle<br />

spécifique en re<strong>la</strong>tion avec une partie du corps. Le scarabée est p<strong>la</strong>cée sur <strong>la</strong><br />

poitrine car il protège le corps, l’œil oudjat protège l’incision de l’abdomen,<br />

le chev<strong>et</strong>, sorte de repose tête, garantit le réveil du défunt.<br />

Œil-oudjat<br />

Chev<strong>et</strong>


La présence d’amul<strong>et</strong>tes entre les bandel<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> leur multiplication assurent au défunt une<br />

meilleure protection.<br />

- les cercueils <strong>et</strong> cartonnages<br />

Protégée par les bandel<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> les amul<strong>et</strong>tes, <strong>la</strong> momie est installée dans un cercueil en bois.<br />

Le cercueil n’est pas souvent fabriqué d’un seul tenant mais comporte des éléments rapportés,<br />

tels <strong>la</strong> barbe ou encore le visage. Le visage n’est pas un portrait fidèle de <strong>la</strong> per<strong>son</strong>ne mais est<br />

stylisé.<br />

Parfois, les défunts <strong>son</strong>t p<strong>la</strong>cés dans des cercueils emboîtés les uns dans les autres, ce qui leur<br />

garantit une meilleure protection. D’autres fois, s’ils ne disposent pas de moyens financiers<br />

suffisants ou bien parce que les pratiques funéraires ont évolué, les défunts <strong>son</strong>t simplement<br />

protégés par des cartonnages, c'est-à-dire des bandes de lin enduites <strong>et</strong> peintes. Ces<br />

cartonnages ont évolué au fil du temps. Ils <strong>son</strong>t moulés directement sur <strong>la</strong> momie à <strong>la</strong> XXIIe<br />

dynastie ou constitués d’éléments disjoints positionnés sur le défunt, à l’époque grécoromaine.<br />

Ces changements de pratique <strong>son</strong>t aussi à m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion avec l’insécurité qui règne à<br />

certaines époques, <strong>et</strong> <strong>la</strong> nécessité de cacher les <strong>tombe</strong>s afin de les soustraire aux pil<strong>la</strong>ges.<br />

Une fois <strong>la</strong> momie installée dans le cercueil, les funérailles peuvent commencer. Un cortège<br />

accompagne le défunt vers sa dernière demeure. Ce cortège est constitué de prêtres pour <strong>la</strong><br />

réalisation des rituels, des membres de <strong>la</strong> famille <strong>et</strong> de pleureuses (membres de <strong>la</strong> famille ou<br />

professionnelles recrutées pour l’occasion). L’un des rituels importants est celui de<br />

l’ouverture de <strong>la</strong> bouche. Le défunt est redressé devant <strong>la</strong> porte de sa <strong>tombe</strong>. Le prêtre lui<br />

effleure sa bouche, de façon à lui redonner le souffle de <strong>la</strong> vie.


- <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> <strong>et</strong> <strong>son</strong> <strong>mobilier</strong><br />

La vie des Égyptiens est comparable à <strong>la</strong> course du soleil dans le ciel : lever à l’est <strong>et</strong> coucher<br />

à l’ouest. C’est donc sur <strong>la</strong> rive ouest du Nil que vont être installées les nécropoles. La<br />

traversée du Nil pour passer d’une rive à l’autre s’effectue en barque. Si <strong>la</strong> localisation des<br />

nécropoles ne varie pas au fil des siècles, les <strong>tombe</strong>s, elles, connaissent des transformations.<br />

Avant l’époque pharaonique (vers 3200 ans avant notre ère), les Égyptiens confient leurs<br />

morts au désert. La mise au jour des dépouilles par des animaux m<strong>et</strong> en péril l’accès à<br />

l’éternité car <strong>la</strong> vie dans l’Au-delà est conditionnée par <strong>la</strong> préservation du corps.<br />

Pour protéger leurs dépouilles, les pharaons se font construire de magnifiques monuments qui<br />

évoluent au fil du temps : mastabas, pyramides à degrés puis pyramides à faces lisses.<br />

Mais ces <strong>tombe</strong>aux richement décorés, pourvus d’une multitude d’obj<strong>et</strong>s plus somptueux les<br />

uns que les autres, <strong>son</strong>t très visibles dans le paysage. Ils <strong>son</strong>t régulièrement pillés lors des<br />

périodes de troubles. Pour garantir <strong>la</strong> tranquillité de leurs défunts au I er millénaire avant notre<br />

ère, les Égyptiens les dissimulent dans des cach<strong>et</strong>tes. Les <strong>tombe</strong>s <strong>son</strong>t creusées dans les<br />

fa<strong>la</strong>ises thébaines, surplombant le Nil.<br />

Ces changements dans les modes d’inhumation induisent <strong>la</strong> réduction du <strong>mobilier</strong> funéraire,<br />

car les <strong>tombe</strong>s <strong>son</strong>t beaucoup plus p<strong>et</strong>ites : seuls les vases canopes, les ouchebtis, les statu<strong>et</strong>tes<br />

<strong>et</strong> les papyrus funéraires continuent d’accompagner le mort dans l’Au-delà.<br />

Avant <strong>la</strong> mise au <strong>tombe</strong>au, le cercueil contenant <strong>la</strong> momie est dressé devant <strong>la</strong> porte de <strong>la</strong><br />

<strong>tombe</strong>. Grâce au rite de l’ouverture de <strong>la</strong> bouche réalisé par le prêtre, le mort r<strong>et</strong>rouve le<br />

souffle de <strong>la</strong> vie. Ramené magiquement à <strong>la</strong> vie, <strong>et</strong> après avoir reçu les offrandes alimentaires,<br />

le défunt est installé dans <strong>la</strong> <strong>tombe</strong>.<br />

Ne pas <strong>tombe</strong>r dans l’oubli<br />

- Le souvenir du nom<br />

Pour survivre dans l’Au-delà, le défunt doit conserver <strong>et</strong> protéger <strong>son</strong> corps, mais<br />

aussi faire en sorte qu’on ne l’oublie pas. De nombreux obj<strong>et</strong>s funéraires<br />

(statu<strong>et</strong>tes, cercueils, ouchebtis, stèles…) portent des inscriptions indiquant le<br />

nom <strong>et</strong> les titres du défunt <strong>et</strong> parfois sa filiation. Ces inscriptions participent à <strong>la</strong><br />

reconnaissance du défunt après sa mort <strong>et</strong> perpétue <strong>son</strong> souvenir pour l’éternité.<br />

Aujourd’hui, elles présentent un intérêt supplémentaires : elles perm<strong>et</strong>tent de se<br />

faire une idée du <strong>mobilier</strong> qui accompagnait le défunt, <strong>et</strong> de regrouper les obj<strong>et</strong>s<br />

dispersés dans des collections diverses, si sa <strong>tombe</strong> a été pillée. C’est le cas pour<br />

Séramon, dont <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> a sans doute été pillée <strong>et</strong> le <strong>mobilier</strong> funéraire éparpillé :<br />

un papyrus <strong>et</strong> une statu<strong>et</strong>te de Ptah-Sokar-Osiris <strong>son</strong>t conservés au musée du<br />

Louvre, un second papyrus à <strong>la</strong> Bibliothèque nationale de France <strong>et</strong> enfin un<br />

ouchebti au musée de Bologne.<br />

- Le culte des morts<br />

Le culte des morts se déroule à l’extérieur de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong>, théoriquement sous <strong>la</strong> responsabilité<br />

du fils aîné du défunt. En pratique, un prêtre est désigné <strong>et</strong> rétribué pour assurer c<strong>et</strong>te mission<br />

Séramon en hiéroglyphes


asée sur des invocations <strong>et</strong> des offrandes régulières, nécessaires à <strong>la</strong> survie dans l'Au-delà.<br />

La stèle funéraire est indispensable à l’organisation du culte mortuaire.<br />

Apparue vers 2700 avant notre ère, elle est l’apanage des nobles. Mais dès le début du Moyen<br />

Empire (vers 2000 avant J.-C.), ces rites funéraires destinés à assurer <strong>la</strong> survie dans l'Au-delà<br />

deviennent accessibles aux Égyptiens de condition sociale modeste. Les stèles funéraires <strong>son</strong>t<br />

alors fabriquées en série, <strong>et</strong> prennent une forme caractéristique qu'elles garderont pendant près<br />

de 2000 ans, avec quelques rares variantes : elles s'inscrivent désormais dans un rectangle au<br />

somm<strong>et</strong> cintré.<br />

Stèle d’Ankhésenis<strong>et</strong><br />

La réalisation d'une stèle est sans doute re<strong>la</strong>tivement coûteuse, ce qui explique que certaines<br />

<strong>son</strong>t d'exceptionnelle facture alors que d'autres <strong>son</strong>t n<strong>et</strong>tement plus grossières. C<strong>et</strong>te<br />

différence de qualité est également à m<strong>et</strong>tre en rapport avec l'époque à <strong>la</strong>quelle elles <strong>son</strong>t<br />

sculptées. Ainsi, il est probable que les périodes dites "intermédiaires", qui correspondent à<br />

des périodes de récession ou de décadence, ont une répercussion sur l'art en général, l'art<br />

funéraire n'étant bien sûr pas épargné.<br />

Se nourrir<br />

Pour assurer sa subsistance dans l’Au-delà, le défunt doit se nourrir. La garantie de sa survie<br />

dépend des vivants, qui doivent déposer les offrandes alimentaires.<br />

- Les offrandes<br />

Les offrandes attendues <strong>son</strong>t souvent c<strong>la</strong>irement indiquées sur les cartonnages ou sur les stèles<br />

funéraires. Destinées à l’alimentation du défunt, elles <strong>son</strong>t réelles ou magiques. Lorsque les<br />

offrandes <strong>son</strong>t réellement déposées sur une table d’offrandes, après un <strong>la</strong>ps de temps suffisant<br />

pour que le défunt s’en nourrisse, elles <strong>son</strong>t récupérées <strong>et</strong> redistribuées ou consommées par les<br />

prêtres.<br />

Si ce <strong>son</strong>t des offrandes magiques, elles peuvent être activées de plusieurs façons : elles<br />

existent par le simple fait qu’elles soient inscrites, dessinées sur <strong>la</strong> table d’offrandes ou si l’on<br />

verse de l’eau dessus.<br />

Inscrire <strong>la</strong> nature des offrandes, ou les représenter en images n'est pas innocent. Grâce à <strong>la</strong><br />

magie de l’écriture, le simple fait de lire les inscriptions énonçant les offrandes suffit à les<br />

rendre effectives. Pour les Égyptiens, c’est une garantie destinée à pallier une éventuelle<br />

négligence ou une carence des prêtres funéraires : même si le culte est interrompu, <strong>la</strong><br />

subsistance du défunt dans l'Au-delà ne sera jamais menacée.


Travailler<br />

La vie dans l’Au-delà est le prolongement de <strong>la</strong> vie terrestre. Il ne s’agit pas d’une vie de<br />

repos mais toujours d’une vie de <strong>la</strong>beur. Pour effectuer les travaux à leur p<strong>la</strong>ce, les défunts<br />

emportent avec eux des ouchebtis, représentés sous <strong>la</strong> forme de statu<strong>et</strong>tes. Ces ouchebtis, dont<br />

le nom signifie « répondants » doivent, chaque matin, répondre à l’appel du défunt pour aller<br />

travailler à sa p<strong>la</strong>ce.<br />

Le nombre d’ouchebtis p<strong>la</strong>cés dans <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> varie en fonction des époques.<br />

Au Moyen Empire, le défunt n’emporte qu’un seul ouchebti. Au Nouvel Empire, le nombre<br />

d’ouchebtis l’accompagnant dans sa demeure d’éternité est très important : un pour chaque<br />

jour de l’année, plus un chef d’équipe par dizaine. Dans certaines <strong>tombe</strong>s de notables, il est<br />

fréquent de r<strong>et</strong>rouver plus de 400 statu<strong>et</strong>tes. Ces ouchebtis <strong>son</strong>t rangés dans une ou deux<br />

boîtes en bois.<br />

Les ouchebtis <strong>et</strong> les chefs dizainiers ne <strong>son</strong>t pas figurés de <strong>la</strong> même façon. Les ouchebtis <strong>son</strong>t<br />

représentés debout, enveloppés dans un linceul, les bras croisés sur <strong>la</strong> poitrine. Ils tiennent<br />

dans leurs mains deux outils servant aux travaux agricoles : une houe <strong>et</strong> un hoyau. Un p<strong>et</strong>it<br />

sac, accroché dans leur dos, doit servir à m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> récolte.<br />

Le chef dizainier est représenté debout, vêtu d’un pagne <strong>et</strong> tenant un fou<strong>et</strong>.<br />

Très nombreux encore aux époques saïte <strong>et</strong> perse, ils disparaissent à l’époque gréco-romaine.<br />

Si le nombre d’ouchebtis varie en fonction de <strong>la</strong> période, il en est de même pour leur couleur.<br />

Sous <strong>la</strong> XXIe dynastie (1069-945 avant J.-C.), les ouchebtis <strong>son</strong>t en faïence g<strong>la</strong>çurée d’un<br />

bleu très vif, qui est caractéristique de c<strong>et</strong>te époque.<br />

Ainsi préparé, protégé <strong>et</strong> accompagné de <strong>son</strong> <strong>mobilier</strong> funéraire, le défunt paut accéder à<br />

l’éternité.<br />

Obj<strong>et</strong>s associés au thème<br />

Statue de Ptah-Sokar-Osiris au nom d’Horresn<strong>et</strong><br />

Bois polychrome <strong>et</strong> doré<br />

Région d’Akhmim<br />

Époque ptolémaïque (304-30 av. J.-C.)<br />

Amiens, musée de Picardie<br />

Inv. M.P. 3057.164<br />

Ptah-Sokar-Osiris est <strong>la</strong> réunion de trois divinités : Osiris (dieu des<br />

morts), Sokar (protecteur de <strong>la</strong> nécropole) <strong>et</strong> Ptah. Ptah n’est pas un<br />

dieu funéraire, mais le dieu des artisans. Il est un dieu créateur <strong>et</strong><br />

donc, à ce titre, peut créer <strong>la</strong> vie. C<strong>et</strong>te statu<strong>et</strong>te est généralement<br />

p<strong>la</strong>cée dans <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> du défunt car elle est liée à l’avenir du mort dans<br />

l’Au-delà.<br />

La statu<strong>et</strong>te est posée sur un socle creux qui accueille un papyrus<br />

funéraire, portant des extraits du Livre des morts. Aux pieds de <strong>la</strong><br />

divinité, un sarcophage miniature comporte une figurine en terre dont<br />

<strong>la</strong> fonction est double : elle peut représenter le corps du défunt en cas<br />

de disparition de sa momie <strong>et</strong> doit symboliser <strong>la</strong> résurrection. La<br />

figurine est en eff<strong>et</strong> p<strong>la</strong>ntée de graines qui germeront <strong>et</strong> assureront <strong>la</strong><br />

renaissance.<br />

Le p<strong>et</strong>it trou sur le sarcophage est destiné à recevoir <strong>la</strong> statu<strong>et</strong>te du<br />

faucon représentant Sokar. Ici, l’oiseau a disparu.


Pilier-djed<br />

Faïence g<strong>la</strong>çurée<br />

Epoque saïte (vers 664-525 av. J.-C.)<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-Arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Dépôt du <strong>Musée</strong> du Louvre, 1890<br />

Inv. ME168/D.890.1.29<br />

Le pilier djed, assimilé à <strong>la</strong> colonne vertébrale d’Osiris, représente <strong>la</strong> stabilité du défunt<br />

<strong>et</strong> l’intégrité r<strong>et</strong>rouvée de <strong>son</strong> corps. C<strong>et</strong>te amul<strong>et</strong>te est généralement p<strong>la</strong>cée sur le cou<br />

lors de <strong>la</strong> momification.<br />

Le cœur est le siège des émotions <strong>et</strong> <strong>la</strong> mémoire des actes du défunt. La pesée du cœur est l’ultime épreuve avant<br />

d’accéder au royaume des morts. Le scarabée doit soutenir le cœur lors c<strong>et</strong>te épreuve. Si le cœur est lourd des péchés<br />

commis, alors il sera j<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> grande dévoreuse, ce qui condamne le défunt à disparaître à jamais. Si au contraire, le<br />

cœur est aussi léger que <strong>la</strong> Maât, déesse de l’ordre cosmique, alors le défunt accèdera à <strong>la</strong> vie éternelle. Le scarabée est<br />

donc p<strong>la</strong>cé sur <strong>la</strong> poitrine, à hauteur du cœur, qui n’est pas r<strong>et</strong>iré lors de <strong>la</strong> momification, contrairement aux autres<br />

organes internes.<br />

Vases canopes<br />

Basse Époque,<br />

(664-332 av. J.-C.)<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Scarabée anépigraphe<br />

Terre cuite à g<strong>la</strong>çure<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-Arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Dépôt des <strong>Musée</strong>s nationaux, 1890<br />

Inv. D.890.1.33<br />

Les vases canopes, au nombre de quatre, font toujours partie du<br />

<strong>mobilier</strong> funéraire qui accompagne le défunt, même aux<br />

époques où ils n’ont plus d’utilité car les organes momifiés<br />

<strong>son</strong>t alors rep<strong>la</strong>cés à l’intérieur du corps, comme c’est le cas à<br />

<strong>la</strong> Troisième Période intermédiaire (époque de Séramon). Ils<br />

<strong>son</strong>t toujours présents, mais <strong>son</strong>t alors des faux canopes.<br />

Destinés à recevoir les viscères momifiés du défunt, ces vases<br />

ont des couvercles qui correspondent aux têtes des quatre fils<br />

d’Horus, chargés chacun de protéger les organes internes.<br />

Ams<strong>et</strong> à tête humaine assure <strong>la</strong> protection du foie, Hâpy à tête<br />

de babouin celle des poumons, Douamoutef à tête de chacal<br />

celle de l’estomac <strong>et</strong> Qébehsénouf à tête de faucon celle des<br />

intestins.<br />

Ces vases <strong>son</strong>t, soit regroupés dans un coffre, soit p<strong>la</strong>cés aux<br />

quatre points cardinaux de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong>.


Couvercle du sarcophage intérieur Séramon<br />

Bois stuqué <strong>et</strong> peint<br />

Probablement de <strong>la</strong> nécropole thébaine<br />

XXI e dynastie (vers 1069-944 av. J.-C.)<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Inv. A.779<br />

Séramon, dont <strong>la</strong> momie <strong>et</strong> les cercueils <strong>son</strong>t présentés, a vécu à <strong>la</strong> Troisième Période<br />

intermédiaire, période de troubles <strong>et</strong> d’insécurité. La <strong>tombe</strong> de Séramon a donc été<br />

creusée dans <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise thébaine, afin de <strong>la</strong> soustraire à <strong>la</strong> vue <strong>et</strong> aux risques de pil<strong>la</strong>ge. La<br />

<strong>tombe</strong>, desservie par un couloir, est sans doute une simple alcôve, assez p<strong>et</strong>ite. Les parois<br />

ne peuvent plus accueillir les textes funéraires chargés de guider le défunt vers l’Au-delà.<br />

Dorénavant, ce <strong>son</strong>t les cercueils qui porteront ces formules protectrices. Ce<strong>la</strong> justifie leur<br />

multiplication : cercueil extérieur, cercueil intérieur <strong>et</strong> p<strong>la</strong>nche de momie (également<br />

appelé couvercle-p<strong>la</strong>que).<br />

Les trois couvercles, en forme de momie, présentent <strong>la</strong> même décoration : des bandes<br />

transversales <strong>et</strong> longitudinales inscrites de hiéroglyphes enserrent des vign<strong>et</strong>tes figurant<br />

des divinités. Les textes hiéroglyphiques comportent notamment le nom <strong>et</strong> les titres du<br />

défunt. Séramon, dont le nom signifie « Amon est mon prince », s’occupait du<br />

recrutement du per<strong>son</strong>nel du temple <strong>et</strong> était chargé des grands travaux. P<strong>la</strong>cé directement<br />

sous <strong>la</strong> direction du grand prêtre d’Amon, (véritable vice-roi de Haute-Égypte à c<strong>et</strong>te<br />

époque), Séramon était donc l’un des plus importants per<strong>son</strong>nages du sud de pays.<br />

Fragments de cartonnage<br />

Plâtre, lin<br />

Provenance inconnue<br />

XXII e dynastie, vers 943-750 av. J.-C.<br />

<strong>Musée</strong> des Beaux-arts <strong>et</strong> d’Archéologie, Besançon<br />

Inv. D.863.3.245<br />

Sous <strong>la</strong> XXII e dynastie (à partir de 945 av. J.-C), le cercueil intérieur<br />

protégeant <strong>la</strong> momie est remp<strong>la</strong>cé par un cartonnage, moins coûteux. Le<br />

cartonnage est fait de lin <strong>et</strong> de plâtre mêlés. A l’origine, il est directement<br />

moulé sur le corps du défunt. A d’autres époques, ce n’est plus le cas <strong>et</strong> le<br />

cartonnage est constitué de plusieurs éléments disjoints, comme à <strong>la</strong> période<br />

gréco-romaine.<br />

Quelle que soit leur forme, les cartonnages portent une riche décoration<br />

peinte, comprenant des motifs osiriens <strong>et</strong> so<strong>la</strong>ires, mais aussi, sur les côtés,<br />

l’arrière ou bien dans l’axe, quelques colonnes de texte portant de courtes<br />

formules.<br />

Sur ces deux fragments, on distingue une courte prière dont les hiéroglyphes<br />

<strong>son</strong>t soignés. Elle est adressée au dieu des embaumeurs Anubis, en faveur du<br />

défunt : « Offrande que donne le roi à Anubis, qui préside au pavillon divin,<br />

pour qu’il soit enterré dans <strong>la</strong> nécropole de l’Ouest, une offrande en pain,<br />

bière, bœuf vo<strong>la</strong>ille pour lui (le défunt) ». C’est toujours le roi qui donne<br />

l’offrande il est l’intermédiaire entre les dieux <strong>et</strong> les hommes.


Ouchebti de Psammétique-Méryptah<br />

Terre cuite à g<strong>la</strong>çure<br />

Saqqarah<br />

XXVI e dynastie, règne d’Amasis (vers 571-525 av. J.-C.)<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Inv. 849.3.1<br />

Miniatures de deux paniers à grains<br />

Faïence<br />

XXI e dynastie (1069-943 av. J.-C.)<br />

Angers, <strong>Musée</strong> Pincé<br />

Legs Turpin de Crissé, 1859<br />

Inv. MTC 749/MTC 750<br />

Deux p<strong>et</strong>ites cuves en forme de barqu<strong>et</strong>te imitent les paniers utilisés pour porter le grain<br />

dans les travaux des champs. Leur présence dans les <strong>tombe</strong>s peut être interprétée de deux<br />

manières : évocation des travaux agricoles que doivent réaliser les ouchebtis (serviteurs<br />

funéraires) à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du défunt, ou évocation de <strong>la</strong> scène de <strong>la</strong> pesée du cœur du défunt<br />

devant le tribunal d’Osiris.<br />

Le défunt est accompagné dans sa <strong>tombe</strong> par une « armée » de serviteurs : les ouchebtis.<br />

Leur rôle est de remp<strong>la</strong>cer le défunt dans les travaux agricoles auxquels il doit prendre part.<br />

Les ouchebtis <strong>son</strong>t donc munis d’outils : le hoyau tenu dans <strong>la</strong> main droite, <strong>et</strong> <strong>la</strong> houe dans <strong>la</strong><br />

main gauche. Dans leur dos, pend un sac utilisé pour m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> récolte, maintenu par une<br />

corde p<strong>la</strong>cée également dans <strong>la</strong> main gauche.<br />

Ces ouchebtis s’organisent en équipes dirigées par un chef : le contremaître.<br />

Ouchebti de Mout en costume de vivant<br />

Faïence à g<strong>la</strong>çure<br />

Provenance probable : Deir-el-Bahari<br />

XXI e dynastie, (vers 1069-943 av. J.-C.)<br />

Besançon, <strong>Musée</strong> des Beaux-arts <strong>et</strong> d’Archéologie<br />

Inv. 931.1.21<br />

C<strong>et</strong> ouchebti n’est pas un serviteur mais un chef. Il se différencie des<br />

serviteurs par sa tenue <strong>et</strong> par ses attributs : il est vêtu d’un pagne <strong>et</strong> tient dans<br />

sa main droite un sceptre.


Cône funéraire de Chepenmout, épouse du troisième prophète d’Amon<br />

Padiimennebnésoutaouy<br />

Terre cuite<br />

Thèbes<br />

Basse Époque, XXVI e dynastie, règne de Psammétique I er (vers 664-610 av. J.-C.)<br />

Nantes, <strong>Musée</strong> Dobrée<br />

Inv. 56.2830 (177)<br />

Les cônes funéraires, mentionnant le nom <strong>et</strong> les titres du défunt, fabriqués en terre cuite <strong>son</strong>t incrustés dans <strong>la</strong> façade des <strong>tombe</strong>s. Ils<br />

perm<strong>et</strong>tent ainsi d’attribuer <strong>la</strong> propriété du monument funéraire <strong>et</strong> de perpétuer le nom du défunt, ce qui indispensable pour sa survie.<br />

TRADUCTION : l’épouse du troisième prophète d’Amon Padiimennebnésouttaouy, justifié, Chepenmout (leur) deux fils, le<br />

prophète d’Amon, prêtre ritualiste, scribe du livre divin, Bénitéhor, le prophète d’Amon Horakhbit.<br />

Stèle de Rer devant Osiris <strong>et</strong> Isis<br />

Calcaire<br />

Basse Époque (664-332 av. J.-C.)<br />

Sois<strong>son</strong>s, <strong>Musée</strong> de l’ancienne abbaye<br />

Inv. 93.7.1334<br />

La stèle fait partie du <strong>mobilier</strong> funéraire indispensable pour <strong>la</strong> survie du défunt. P<strong>la</strong>cée<br />

près de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> à l’origine, elle va peu à peu s’en écarter aux époques tardives. Ce<br />

changement d’emp<strong>la</strong>cement se justifie de plusieurs façons :<br />

- l’éloignement limite les risques de repérage de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> <strong>et</strong> donc de pil<strong>la</strong>ge<br />

- l’instal<strong>la</strong>tion à proximité d’un temple plutôt que près de <strong>la</strong> <strong>tombe</strong> perm<strong>et</strong> au<br />

défunt de bénéficier des offrandes <strong>et</strong> des prières faites aux dieux par les<br />

fidèles fréquentant le lieu.<br />

-<br />

C<strong>et</strong>te stèle en pierre est attribuée à <strong>la</strong> Basse Époque, comme en témoignent le vêtement<br />

à franges de Rer, le défunt, <strong>et</strong> <strong>la</strong> forme incurvée du soleil ailé surmontant <strong>la</strong> scène. Rer<br />

est représenté dans une posture traditionnelle d’adoration (les mains levées) devant<br />

Osiris <strong>et</strong> Isis, mais ses bras se croisent. Il s’agit d’une erreur de tracé commise par le<br />

dessinateur.<br />

Table d’offrandes<br />

Granodiorite<br />

Basse Époque (664-332 av. J.-C.)<br />

Roanne, <strong>Musée</strong> des Beaux-Arts <strong>et</strong> d’Archéologie Joseph Déchel<strong>et</strong>te<br />

Inv. N°170<br />

Les tables d’offrandes servent à recevoir <strong>la</strong> nourriture <strong>et</strong> l’eau apportées pour l’âme du<br />

défunt. On les p<strong>la</strong>ce à l’entrée des <strong>tombe</strong>s ou dans <strong>la</strong> chapelle funéraire, devant une<br />

représentation du défunt (stèle ou statue). Elles comportent souvent des représentations<br />

en léger relief des offrandes attendues. Celles-ci, aspergées d’eau, suffisaient par magie<br />

à assurer le repas du défunt. Ici on distingue aux extrémités deux aiguières du type<br />

hés<strong>et</strong> <strong>et</strong> au centre deux pains longs posés sur deux pains ronds encadrant un pain moulé<br />

qui forme avec <strong>la</strong> natte striée en dessous le signe hétep, qui signifie « offrande ». Une<br />

rigole allongée en forme de T, avec un versoir, servait à recevoir l’eau des libations. La<br />

table ne comporte pas le nom du défunt.


Annexe 1 : <strong>la</strong> famille d’Osiris

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