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« L'EXCEPTION-EXPRESSION CULTURELLE BRETONNE »

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2 La spécificité du doublage breton : l’exception à l’exception culturelle française ?<br />

Ce choix du principal diffuseur d’œuvres audiovisuelles en langue bretonne, de diffuser en<br />

breton des œuvres de <strong>«</strong> culture globale <strong>»</strong> que sont des séries comme Perry Mason a engendré<br />

des réactions très vives lors de ce printemps 2005 à tel point que l’on a parlé de l’affaire Perry<br />

Mason. Cette polémique tourne autour de 3 mots clés : diversité culturelle – linguistique.<br />

A la suite du vote par le Conseil régional de Bretagne d’une subvention pour le doublage<br />

d’une partie de la série Perry Mason, quelques élus et professionnels de l’audiovisuel ont fait<br />

part de leur mécontentement. Ils ont opposé à ce <strong>«</strong> choix d’une série américaine la défense<br />

d’une exception culturelle européenne <strong>»</strong> 1 . Certains ont été jusqu’à affirmer que la région<br />

Bretagne était en <strong>«</strong> totale contradiction avec ses orientations politiques <strong>»</strong> arguant du fait que<br />

cette série était cofinancée par des <strong>«</strong> fonds culturels bretons au moment où l’exception<br />

culturelle reste un combat essentiel<strong>»</strong> 2 .<br />

Quelques professionnels de l’audiovisuel ont aussi voulu opposé les œuvres audiovisuelles<br />

(dont le doublage serait subventionnable) aux produits industriels audiovisuels (dont le<br />

doublage ne saurait être subventionable, donc interdit au doublage breton). Cela revient à faire<br />

prévaloir l’exception culturelle européenne (française) contre la langue bretonne.<br />

Cette exception a en effet pour objectif la protection de la création spécifique et locale<br />

(théorie) contre le modèle culturel global (américain). Son but : favoriser la création<br />

européenne et diversifiée par des aides à la création. Or, le doublage poursuit un autre<br />

objectif : promouvoir la langue bretonne (via l’audiovisuel) : défense d’une langue au nom de<br />

la Diversité linguistique (qui est aussi une orientation européenne). D’où le conflit apparent<br />

entre la défense de ces deux diversités européennes.<br />

Cette opposition est apparente, ou plutôt inexistente. On peut, dans une politique culturelle<br />

générale, défendre la création originale et la diversité linguistique et le soutien du Conseil<br />

régional au doublage d’une œuvre, quelle qu’elle soit, n’est qu’un soutien à une version<br />

linguistique, pas à l’œuvre. Inversement, le soutien à une création audiovisuelle ne vaut pas<br />

un soutien à une version linguistique précise.<br />

Au-delà de certaines caricatures ou malentendus concernant le doublage (production<br />

américaine <strong>«</strong> cofinancée <strong>»</strong> par des fonds bretons), ce débat a révélé une véritable césure entre<br />

les bretonnants qui sont en attente de tels programmes contemporains doublés, programmes<br />

considérés comme <strong>«</strong> global culture <strong>»</strong> et les non-bretonnants qui appréhendent la langue de<br />

manière patrimoniale et en font un objet exclusif de ce patrimoine breton. Ils ne considèrent<br />

pas ou peu l’intérêt linguistique du doublage, l’aspect promotion de la langue, et se contentent<br />

de l’aspect de <strong>«</strong> communication <strong>»</strong> de la qualité de l’œuvre produite. En d’autres termes, ils<br />

n’appréhendent pas la spécificité du doublage en langue minoritaire et opposent l’exception<br />

culturelle française face à <strong>«</strong> l’expression culturelle bretonne <strong>»</strong>.<br />

Ce débat révèle aussi la complexité du problème linguistique en France. Patrick le Lay,<br />

président de TVB et du groupe TF1 l’affirme clairement dans une interview au magazine<br />

breton 3 :

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