Grand'Place accueille le 7e forum pour l'emploi - Ville de Grenoble

“La montagne est porteuse de valeurs”
Aldo Berardi est responsable du secteur jeunes à la MJC des Allobroges. Son investissement
sans limite et sa proximité avec les jeunes de son quartier ont contribué
très largement au succès de l’opération Jeunes en montagne de la Ville de Grenoble.
Interview.
NDG : Aldo, comment avez vous découvert
la montagne ?
AB : Mes parents m’envoyaient en colonies
de vacances en montagne. C’est
comme ça que j’ai pris un peu d’altitude.
Des années plus tard, en tant
qu’animateur aux Allobroges, j’ai voulu
partager ces sensations avec les jeunes
et depuis toujours je les emmène
en montagne pour leur faire découvrir
ce qui, minot, m’avait émerveillé. Mais
c’est l’opération Jeunes en montagne
qui m’a ouvert les portes de la haute
montagne. C’était d’ailleurs l’objectif
de départ : permettre à des jeunes
des quartiers de découvrir cet univers,
les valeurs qui l’accompagnent et les
moyens d’y évoluer en sécurité.
NDG : De quelles valeurs parlez-vous ?
AB : La pratique de la haute montagne
permet de développer des valeurs de
solidarité, d’entraide, de responsabilité,
de respect de la nature. Mon objectif
n’est pas de faire monter des jeunes
dans un bus et de les emmener prendre
l’air. Derrière ces sorties il y a un vrai
projet éducatif.
NDG : Ne retrouve t-on pas ces valeurs
dans la pratique des sports collectifs
par exemple ?
AB : Oui bien sûr, mais en haute montagne
elles sont poussées à l’extrême.
Dans une cordée, chacun dépend de
l’autre et un faux pas peut vite mettre
en péril cet équilibre fragile. Ce milieu
Les accros dans le massif du Mont Blanc
Les accros sont un groupe de douze jeunes sur-motivés, issus du programme Jeunes
en montagne*. Depuis le début de l’année scolaire, ils ont grimpé dans les
Calanques et à Presles, fait du ski de rando dans le Champsaur et dans le Dévoluy, et
de l’alpinisme dans la vallée de la Clarée. Cet été, les accros fi nalisaient leur formation
haute montagne par un stage de cinq jours dans le massif du Mont Blanc. Ils reviennent
avec dans leurs besaces l’aiguille du Moine, l’aiguille de Toule et la traversée des
aiguilles d’Entrêves. Comme toujours, Aldo était avec eux : “L’objectif était de les rendre
autonomes. C’est une réussite, ils m’ont vraiment impressionné et je suis fi er de
leur évolution. Ils connaissent maintenant toutes les techniques et ont acquis une
vraie aisance en haute montagne. Je ne peux pas en dire autant !” ■
* voir NDG 132 -novembre 2009
apprend à être responsable de ses
actes.
En plus de tout cela, les jeunes découvrent
un nouvel univers, des territoires
qui leur étaient jusque-là inconnus.
NDG : 250 jeunes partent chaque année
en haute montagne. Ne pourrait-on
pas élargir encore cette base et faire
découvrir la montagne à plus de jeunes
encore ?
AB : Ce n’est certainement pas moi qui
vais dire le contraire. Mais attention
à ce que la quantité ne nuise pas à la
qualité du projet éducatif. Il sera peut
être diffi cile d’emmener un très grand
nombre de jeunes en haute montagne
mais il y a déjà tant à apprendre de la
moyenne montagne qui nous entoure,
à commencer par le respect de l’environnement.
La réussite d’un tel projet passe de
toute façon par l’implication des animateurs
et des animatrices des différentes
associations et MJC des
quartiers. Avant tout, l’animateur doit
être convaincu de l’intérêt du projet.
Je le suis, c’est la raison pour laquelle
cela marche ici, aux Allobroges. ■
Propos recueillis par
Emmanuel Armand
[ SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010 • LES NOUVELLES DE GRENOBLE ] 35
[MONTAGNE]
Jacques-Marie Francillon