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Chapitre 18<br />

Le carrosse de la conseillère longeait le canal vers le sud en<br />

direction du centre ville lorsqu’il fut stoppé par un<br />

attroupement formé en travers de l’avenue des Marquises. Les<br />

gens assemblés dans le désordre étaient visiblement agités. Ils<br />

s’interpellaient, criaient, levaient le poing. Le brouhaha produit<br />

par cette soixantaine de voix mêlées se révélait<br />

incompréhensible pour l’Adhan. Il se trouvait trop loin, distant<br />

d’une centaine de mètres. Le véhicule officiel fut bientôt<br />

reconnu et pointé du doigt. Cerné. Le fiacre de Cellendhyll fut<br />

lui aussi obligé de s’arrêter. L’Adhan descendit après avoir<br />

demandé au cocher de l’attendre. Il emprunta un passage<br />

surélevé parallèle au canal pour se rapprocher du trouble<br />

populaire. Son instinct lui disait que quelque chose n’était pas<br />

normal dans cet étalage inquiet. Plutôt que de sonder le cœur de<br />

la foule, l’Ange se mit à en étudier les abords. Posté comme il<br />

l’était, il se trouvait idéalement placé pour son examen. Selon<br />

son expérience, un individu mal intentionné ne se tiendrait pas<br />

au milieu de la populace, bloqué de tous côtés. Au contraire, sur<br />

les côtés, il disposerait d’une liberté de manœuvre évidente.<br />

— Protégez-nous ! Qu’attendez-vous pour mettre fin à cette<br />

horreur ? Combien de morts encore pour que le conseil<br />

intervienne ?<br />

Tel était le résumé des récriminations lancées contre<br />

Laurianne de Férimond. Celle-ci était penchée à la fenêtre du<br />

carrosse. Elle répondait à ces cris par des exhortations au calme<br />

mais le bruit était tel que la populace ne pouvait l’entendre.<br />

L’attention de Cellendhyll se figea. Sur le bord extérieur la<br />

foule, à quelques pas du canal, un homme de taille respectable,<br />

les traits camouflés par la capuche d’un manteau bleu, parlait à<br />

un autre individu, plus petit, plus frêle, revêtu d’un simple<br />

costume gris. Ce dernier avait le visage découvert, un visage<br />

jeune aux traits cernés, le regard fixe. Il semblait marmonner<br />

quelque chose, ses lèvres fines en constant mouvement. L’autre<br />

homme lui désigna le carrosse municipal, d’un air sans<br />

équivoque pour Cellendhyll. Ces deux-là n’étaient pas nets.<br />

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