Compétences AIEM (journal Édition 2011-2)

« Ce soir-là a marqué le
début de ma nouvelle vie »
Mon pays est surnommé « Haïti chérie » ou « Perle des Antilles
». C’est un endroit très touristique ! J’ai une affection très
particulière pour Haïti. Mon pays est tellement beau à décrire
que je manque quasiment de mots pour relater son histoire
et pour faire la description de ses attraits. Au nombre de ces
attraits, je citerais les belles plages, la belle verdure et le beau
paysage qui constituent autant de richesses.
Je me prénomme Clovinta et réponds au patronyme de Duvernay.
Vous le savez déjà, je suis de nationalité haïtienne, dans
mon pays j’étais étudiante. Mon cursus d’éducation est des plus
classiques : j’ai fait trois ans au cycle préscolaire, six au primaire
et six autres au secondaire. Au primaire par exemple, j’ai beaucoup
adoré les cours de piano. À côté des études, j’avais aussi
quelques loisirs : en compagnie de mes camarades de classe du
secondaire, je visitais les belles plages d’Haïti et d’autres lieux
touristiques, j’allais au cinéma également, etc.
Je suis arrivée à Montréal dans la soirée du 16 juin 2010, en
compagnie de ma soeur. Nous avons été parrainées par nos
parents biologiques résidents canadiens depuis novembre 2008,
après un long séjour aux États-Unis. Ce 16 juin-là est un jour
inoubliable pour moi parce que ça faisait douze ans que je
n’avais pas vu mon père, et neuf que je n’avais pas vu ma mère
non plus. Dans l’avion, je me demandais comment se feraient
les retrouvailles avec mes parents. Dans la mesure où à leur
départ d’Haïti je n’avais tout au plus que 12 ans. Est-ce que mon
père et ma mère nous reconnaîtraient à l’atterrissage de l’avion ?
J’eus bientôt la réponse à cette question obsessionnelle : après les
formalités de débarquement à l’aéroport Trudeau, j’aperçus mes
parents dans le hall d’attente, tenant chacun un bouquet de fleurs
en main. Ma mère était tellement contente qu’elle pleurait de joie.
Quant à mon père, il se contenta de remercier Dieu d’avoir permis
ces retrouvailles. Ce soir-là a marqué le début de ma nouvelle vie,
et le souvenir de ces instants restera gravé en lettres d’or dans
ma mémoire.
Évidemment, en découvrant Montréal et le Québec, j’ai en même
temps découvert à quel point tout était différent d’Haïti. Ce fut un
véritable choc. Déjà mes amis et Port-au-Prince me manquaient
terriblement. Deux jours après notre arrivée, mes parents nous ont
emmenées, ma sœur et moi, faire notre carte d’assurance maladie
ainsi que celle de l’assurance sociale. En fin de semaine, ils nous
envoyèrent visiter la ville de Montréal que je trouvai très attrayante.
Franchement j’adore le Québec, c’est un beau pays.
Après quelques semaines, je me suis rendue à Antoine de Saint-
Exupéry, une école située tout près de chez nous, aux fins d’obtenir
des informations concernant le système scolaire québécois.
Au centre Jean Paul Lemay, j’ai pu obtenir des renseignements
et m’inscrire pour des cours destinés à me préparer aux Tests
d’Équivalence de niveau de Scolarité (TENS) que j’ai réussis avec
joie.
Quelques temps plus tard, ma rencontre avec M. Harold Julien
de l’Association haïtiano-canado-québécoise d’aides aux démunis,
fut édifiante : il m’apprit l’existence de l’organisme AIEM (Accueil
des Immigrants de l’Est de Montréal) au sein duquel est logé le
programme de Connexion compétences .
J’ai été très heureuse d’être sélectionnée pour ce programme.
Nous avons démarré les activités de celui-ci le 25 juillet 2011. Le
groupe de Connexion compétences est composé de huit personnes
dont ma sœur. C’est un programme qui m’occupe et que
j’aime énormément. Il me permet par-dessus tout d’étendre mon
réseau relationnel et de m’ouvrir à d’autres horizons, d’autant plus
que les autres membres du groupe viennent respectivement du
Cameroun, de Cuba et du Mexique. En tout cas, nous formons
une dynamique équipe de travail.
Je ne terminerais pas cette présentation sans adresser mes remerciements
au gouvernement fédéral du Canada pour cette opportunité
qu’il nous a offerte. Remerciements également aux responsables
de l’AIEM pour les bonnes conditions de travail qu’ils nous
ont procurées. Et enfin, remerciements appuyés à M. Jacques
MIAN, le chargé de projet, notre encadreur qui ne ménage ni son
temps, ni son énergie pour programmer et préparer les ateliers
et pour renforcer nos capacités là où nous avons des lacunes à
combler, notamment en français.
«Ce 16 juin-là est un jour inoubliable pour moi parce que ça faisait
douze ans que je n’avais pas vu mon père, et neuf que je n’avais pas vu
ma mère non plus.»
Clovinta Duvernay
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