28.06.2013 Views

Recit de voyage au YEMEN - D.Michel.pdf - ADVENCES

Recit de voyage au YEMEN - D.Michel.pdf - ADVENCES

Recit de voyage au YEMEN - D.Michel.pdf - ADVENCES

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Les randonneurs<br />

Jeannie et Daniel MICHEL<br />

septembre-octobre 2007


Z<br />

- Géographie :<br />

Le <strong>YEMEN</strong><br />

Le roy<strong>au</strong>me <strong>de</strong> la reine <strong>de</strong> Saba<br />

"Arabia Felix", "Arabie Heureuse"<br />

Au sud <strong>de</strong> la péninsule arabique,<strong>au</strong> confins du Moyen-Orient et <strong>de</strong> l'Extrême Orient, le Yémen (*)<br />

est bordé <strong>au</strong> Nord et à l'Est par le désert le plus ch<strong>au</strong>d du mon<strong>de</strong> (le Rub'al-Khali), par l'océan Indien <strong>au</strong><br />

Sud et à l'Ouest par la mer Rouge, qui le sépare <strong>de</strong> l'Afrique.<br />

De nombreuses îles font partie du territoire yéménite : Kamaran en mer Rouge ; l'îlot <strong>de</strong> Périm qui<br />

comman<strong>de</strong> l'accès à la mer Rouge par le détroit <strong>de</strong> Bab el-Man<strong>de</strong>b et qui, <strong>de</strong> ce fait, présente un intérêt<br />

stratégique important. La plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s îles est Socotra, dans l'océan Indien.<br />

Sa surface est d'environ 528 000 km 2 , car la frontière avec l'Arabie Saoudite n'est pas clairement<br />

définie (France 549 000 km²). Le pays compte plus <strong>de</strong> 19 millions d'habitants, (France 62 millions), ce<br />

qui en fait l'état le plus peuplé <strong>de</strong> la péninsule. Le Sud, plus désertique, est quatre fois moins peuplé que<br />

le Nord.<br />

Le Yémen constitue une partie <strong>de</strong> l'immense plate<strong>au</strong> arabique incliné d'Ouest en Est.<br />

- A l'Ouest du pays, on distingue trois zones géographiques parallèles à la mer Rouge :<br />

la Tihâma, une longue et étroite ban<strong>de</strong> côtière <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 50 km <strong>de</strong> largeur, une plaine <strong>de</strong> nature<br />

ari<strong>de</strong> du fait <strong>de</strong> la chaleur étouffante. L'aridité due <strong>au</strong>x très faibles précipitations rend une partie <strong>de</strong> la<br />

région impropre à l'agriculture. Cependant, il existe <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces cultivées grâce à l'irrigation. La<br />

côte est basse et bordée <strong>de</strong> récifs coralliens.<br />

une chaîne montagneuse centrale orientée Nord Sud puis adoptant la forme d'un boomerang, large<br />

<strong>de</strong> 100 à 150 km, avec <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts sommets, tel le djebel Hadur Nabi Shu'ayb qui culmine à 3760 mètres.<br />

Des wâdîs ont creusé <strong>de</strong>s gorges impressionnantes et découpé <strong>de</strong>s pitons où se sont installés <strong>de</strong>s villages.<br />

<strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts plate<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> 2000 m appelés Qa'. Les reliefs centr<strong>au</strong>x forment le cœur du pays.<br />

C'est là que se trouvent les principales villes. Ils s'abaissent progressivement vers l'Est, à h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong><br />

Marib. C'est une steppe puis le désert rejoint le grand désert saoudien Rub'al-Khali.<br />

Malgré <strong>de</strong>s mouvements tectoniques, le Yémen ne connaît pas d'activité volcanique. En revanche,<br />

on constate un volcanisme actif récent et <strong>de</strong>s cônes éteints.<br />

- A l'Est, un vaste plate<strong>au</strong>, d'une altitu<strong>de</strong> moyenne <strong>de</strong> 2000 m, entre le désert et le golfe d'A<strong>de</strong>n. Il<br />

<strong>de</strong>scend en pente douce vers le golfe persique, finissant par d'étroites plaines côtières. C'est ici que la<br />

civilisation sud-arabique s'est développée.<br />

Les effets <strong>de</strong> la mousson se font sentir et les précipitations sont abondantes.<br />

Sur le versant oriental <strong>de</strong>s h<strong>au</strong>ts plate<strong>au</strong>x, les pluies sont moins abondantes car la mousson touche<br />

moins régulièrement la région.<br />

La montagne possè<strong>de</strong> le meilleur climat : tempéré en été, frais en hiver avec quelques gelées. C'est<br />

l'Arabia Felix, bien arrosée et fertile. Dans le Nord, le climat est désertique, très ch<strong>au</strong>d. Sur le littoral, il<br />

ne pleut presque pas et la chaleur <strong>de</strong> la Tihâma est étouffante et moite.<br />

- Petite chronologie historique :<br />

Au VIIIe siècle av. J.C, le riche roy<strong>au</strong>me <strong>de</strong> la reine <strong>de</strong> Saba (**) est à son apogée.


Plusieurs envahisseurs tentèrent <strong>de</strong> conquérir le Yémen : Romains, Ethiopiens, Portugais, Turcs,<br />

Saoudiens, Ottomans, puis Britanniques. Tous furent repoussés.<br />

En 190, les Ethiopiens, qui avaient envahi le Yémen, sont expulsés par une dynastie qui fon<strong>de</strong> le<br />

roy<strong>au</strong>me d'Himyar.<br />

_____________________________________<br />

(*) Yémen (Al-Yamin) signifie "la droite" en arabe, car le pays est situé à la droite <strong>de</strong> la "Kaaba",<br />

édifice cubique <strong>au</strong> centre <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> mosquée <strong>de</strong> La Mecque en Arabie saoudite. Dans sa paroi est<br />

scellée la "Pierre noire" sacrée, apportée, selon le Coran, à Abraham par l'ange Gabriel.<br />

(**) La reine <strong>de</strong> Saba, reine légendaire d'Arabie, dont la Bible mentionne la visite <strong>au</strong> roi Salomon.<br />

De leur union naquit un enfant : Menyelek. Le Coran reprend cet épiso<strong>de</strong>.<br />

En 628, Badham, gouverneur perse du Yémen, se convertit à l'islam, entraînant <strong>de</strong>rrière lui l'ensemble<br />

du pays.<br />

Une succession <strong>de</strong> dynasties : Ziyadi<strong>de</strong>s, Zaidites dirigèrent le pays pendant plusieurs siècles. En 897,<br />

un <strong>de</strong>scendant du prophète Mahomet fon<strong>de</strong> la plus longue lignée du pays, la dynastie zaydite <strong>de</strong> Saada.<br />

En 1919, le pays est dirigé par l'imam Yahuya, qui <strong>de</strong>vient roi du Yémen. A sa mort en 1962, un<br />

groupe d'officiers fon<strong>de</strong> la république arabe du Yémen à la faveur d'un coup d'état. Les royalistes se<br />

réfugient plus <strong>au</strong> Nord.<br />

En 1967, les Britanniques quittent A<strong>de</strong>n. Naissance, <strong>au</strong> Sud, <strong>de</strong> la République populaire démocratique<br />

du Yémen.<br />

En 1990, à la suite <strong>de</strong> l'effondrement <strong>de</strong> l'URSS, le Sud <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la réunification avec le Nord.<br />

En 1994, guerre civile entre les <strong>de</strong>ux parties. Réélection du prési<strong>de</strong>nt Saleh.<br />

En 1999, élection prési<strong>de</strong>ntielle. Le prési<strong>de</strong>nt Saleh est réélu une nouvelle fois.<br />

En 2000, attentat contre un <strong>de</strong>stroyer américain à A<strong>de</strong>n (12 octobre) et contre l'ambassa<strong>de</strong> britannique<br />

à Sanaa (14 octobre).<br />

2002 - Explosion du pétrolier français, le Limburg, <strong>au</strong> large du Yémen. La thèse d'une action terroriste<br />

est avancée.<br />

Deux pays, <strong>de</strong>ux histoires, <strong>de</strong>ux cultures :<br />

l'un, le Yémen du Nord.<br />

Cette partie montagneuse du Yémen fut soumise nominalement à l'Empire Ottoman jusqu'en 1918. La<br />

monarchie (imamat) y fut abolie le 27 septembre 1962, date à laquelle le pays prit le nom <strong>de</strong> République<br />

arabe du Yémen ou Yémen du Nord.<br />

l'<strong>au</strong>tre, le Yémen du Sud.<br />

Désertique, il correspond à l'ancien protectorat britannique formé progressivement à partir<br />

<strong>de</strong> 1839 <strong>au</strong>tour du port d'A<strong>de</strong>n. Après le départ <strong>de</strong>s troupes britanniques la Fédération d'Arabie du Sud et<br />

le Protectorat d'Arabie du Sud se regroupèrent le 30 novembre 1967 pour former un nouvel état<br />

indépendant, la République populaire du Yémen ou Yémen du Sud. Trois ans plus tard, celle-ci adopta le<br />

nom <strong>de</strong> République démocratique et populaire du Yémen.<br />

Le 22 mai 1990, le Yémen du Nord et le Yémen du Sud, proclament leur unification pour former un<br />

seul état, la République du Yémen, et se retrouver sous le même drape<strong>au</strong> :<br />

En 1994, <strong>de</strong>s tensions entre le Nord et le Sud dégénèrent en une guerre civile. La victoire <strong>de</strong>s<br />

nordistes renforce l'<strong>au</strong>torité du prési<strong>de</strong>nt et <strong>de</strong> son parti, le congrès populaire général.<br />

Pétri d'une histoire millénaire, traversé par <strong>de</strong>s routes <strong>de</strong> caravanes légendaires, (soie, encens,<br />

myrrhe, or), le Yémen possè<strong>de</strong> une architecture unique et ses paysages lui ont valu la réputation d'Arabie<br />

heureuse.<br />

La capitale Sana'a, à 2400 mètres d'altitu<strong>de</strong> est, selon la légen<strong>de</strong>, l'une <strong>de</strong>s villes fondées par Sem, le<br />

fils <strong>de</strong> Noë, qui fut guidé vers ces montagnes par le vol d'un oise<strong>au</strong>, alors qu'il cherchait un lieu pour<br />

s'établir avec son peuple sémitique.<br />

C'est <strong>au</strong>ssi le pays <strong>de</strong> la reine <strong>de</strong> Saba, et d'un peuple qui plonge ses racines dans la nuit <strong>de</strong>s temps.<br />

Ses habitants, <strong>de</strong> confession islamique, ont conservé la tradition d'hospitalité.<br />

Religions : L'islam est la religion officielle 99% <strong>de</strong> musulmans (sunnites dites chaféites, minorités<br />

<strong>de</strong> zaydites membres d'un courant minoritaire chiite) et <strong>de</strong>s petites commun<strong>au</strong>tés chrétiennes et hindoues.<br />

Enfin, notons l'existence également chiite, qui se concentre surtout dans la ville <strong>de</strong> Manakha.<br />

Deux principales ressources:le pétrole et le gaz..<br />

Elevage <strong>de</strong> poulets, chèvres et <strong>de</strong> moutons.


Agriculture, seulement 2 % <strong>de</strong> la surface est cultivée: sorgho, pommes <strong>de</strong> terre, blé, orge, fèves,<br />

dattes, café et le quât qui rapporte cinq fois plus que le café et vingt fois plus que le sorgho. Il permet le<br />

transfert <strong>de</strong> l'argent <strong>de</strong>s villes, où se trouvent les consommateurs, vers la campagne. Quand il pénètre en<br />

ville il subit une taxe <strong>de</strong> 10%.<br />

En parlant <strong>de</strong> tradition : tous les jours,<br />

vers 13 heures (le soir pendant le ramadan),<br />

l'activité économique du Yémen s'arrête :<br />

c'est l'heure du quât (Catha-Edlis), plante<br />

narcotique dont les Yéménites mâchent les<br />

feuilles et qui plonge ceux qui s'y adonnent<br />

dans une douce torpeur.<br />

Dans le souk Robes d'enfants pour 'Id al-Fitr<br />

La boule <strong>de</strong> qât Marché <strong>au</strong>x épices<br />

Vendredi 28 septembre - Paris Roissy - Sana'a<br />

A 6 h 30 à Roissy, il fait 13°C. Devant le comptoir <strong>de</strong> la compagnie Yemenia, nous sommes<br />

accueillis par Jalel qui nous présente les membres du groupe et nous ai<strong>de</strong> pour l'enre- gistrement.<br />

A 9 h 30 l'A 300 décolle pour Sana'a, la "bien fortifiée" capitale du Yémen à 5650 km, que nous<br />

atteindrons après 6 h 30 <strong>de</strong> vol.<br />

18 h (heure locale), il fait nuit et 22°C. En bus traversée <strong>de</strong> l'agglomération par <strong>de</strong> larges avenues<br />

avant d'arriver dans la vieille ville fortifiée <strong>au</strong>x ruelles étroites et encombrées pour être déposés <strong>de</strong>vant<br />

l'imposant hôtel :<br />

Burj Al Salam.<br />

Après le dîner, promena<strong>de</strong> dans le souk très coloré, <strong>au</strong>x nombreuses échoppes proposant : épices,


aisins secs, vêtements, jumbiyas.<br />

Tous les hommes ont la joue g<strong>au</strong>che super gonflée par le qât.<br />

Le len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong> notre chambre <strong>au</strong> 5 e étage, nous avons une belle vue sur la ville et sur l'un <strong>de</strong>s<br />

nombreux minarets que compte la ville close.<br />

Bâb al Yaman, l'une <strong>de</strong>s portes du souk, vestige <strong>de</strong> l'occupation ottomane.<br />

Samedi 29 septembre - Sana'a et ses environs<br />

Quelle nuit !! C'est le ramadan. Les musulmans dînent et font la fête. Dès 2 h jusqu'à l'<strong>au</strong>be, le<br />

muezzin du minaret voisin nous invite à la prière, repris par les <strong>au</strong>tres muezzins qui se répon<strong>de</strong>nt en écho.<br />

Au petit déjeuner, sur la terrasse, magnifique levé du soleil sur Sana'a. Départ pour une courte<br />

promena<strong>de</strong> dans la ville silencieuse, <strong>au</strong>x maisons typiques <strong>de</strong> 20 à 25 m <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t et 5 à 6 étages.<br />

Visite d'une maison, ancienne <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 300 ans. Au rez-<strong>de</strong>-ch<strong>au</strong>ssée, le vestibule, avec le<br />

poulailler et l'écurie <strong>au</strong>x ânes. Un très droit escalier, avec <strong>de</strong> h<strong>au</strong>tes marches <strong>de</strong>sservant les étages,<br />

s'enroule <strong>au</strong>tour d'un pilier carré baptisé "mère <strong>de</strong> la maison". Au 1 er étage, on stocke les grains : sorgho,<br />

blé, lentilles, ventilé par <strong>de</strong> petites fenêtres. Le 2 e étage est réservé <strong>au</strong>x enfants. Le 3 e étage <strong>au</strong>x femmes.<br />

Le 4 e est celui <strong>de</strong>s hommes. Le 5 e le mafraj, est aménagé pour les réceptions familiales.


Au-<strong>de</strong>ssus, une terrasse donne une vue circulaire sur Sana'a.<br />

Parfois un coin <strong>de</strong> verdure. Ce sont <strong>de</strong>s jardins, appelés maqshama, dominés <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts immeubles.<br />

Ces jardins, dits waqf, sont <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> mainmorte, leurs propriétaires les ayant légués à Dieu par<br />

testament, donc à la collectivité. Ils sont encore à usage agricole, et inconstructibles, ce qui contribue<br />

largement à l'embellissement <strong>de</strong> Sana'a, en ouvrant <strong>de</strong> belles perspec-tives sur les faça<strong>de</strong>s "<strong>de</strong>ntelles" <strong>de</strong>s<br />

maisons.<br />

Déjeuner dans l'un <strong>de</strong>s rares rest<strong>au</strong>rants ouverts.<br />

Comment voir sans être vu ? Quelques kushk (moucharabiehs)


Les costumes<br />

Masculins<br />

Les hommes portent un zanna, longue chemise <strong>de</strong>scen-dant jusqu'<strong>au</strong>x mollets, sous une veste à<br />

l'occi<strong>de</strong>ntale.<br />

D'<strong>au</strong>tres préfèrent la fûtah, une pièce <strong>de</strong> coton bleu-noir ou marron, en batik ou brodé, dra-pée<br />

<strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s hanches et retenue par une ceinture dans laquelle est glissée la jambiya.<br />

Sur les ép<strong>au</strong>les, un grand foulard imprimé ou brodé.<br />

La tête est coiffée d'un kieffieh <strong>au</strong>x multiples couleurs et motifs.<br />

Féminins<br />

Un très grand nombre <strong>de</strong> femmes portent le sharshaf, ensemble noir <strong>de</strong> soie ou <strong>de</strong> nylon, qui les<br />

couvre <strong>de</strong> la tête <strong>au</strong>x chevilles, porté sur une robe <strong>de</strong> couleur imprimée ou brodée.<br />

Parfois on peut voir dépas-ser du sharshaf, <strong>de</strong>ux jambes <strong>de</strong> blue-jean !!<br />

Mais certaines femmes portent la sitâra, un grand rec-tangle <strong>de</strong> coton imprimé <strong>au</strong>x motifs, vert ou<br />

bleu sur fond rouge, qui les couvrent <strong>de</strong> la tête <strong>au</strong>x chevilles.<br />

La tête est recouverte d'un voile noir, ne laissant paraître que les yeux, pour certaines, recouverts par<br />

une fine voilette.<br />

Le voile est un élément important du costume féminin. Il joue un rôle symbolique car il permet <strong>au</strong>x<br />

femmes <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r leur intégrité et <strong>de</strong> les dérober à tout regard concupiscent.


Difficile traversée du marché <strong>de</strong> Manakhah <strong>au</strong>x bonnes et m<strong>au</strong>vaises o<strong>de</strong>urs. Mise en jambes sur une<br />

route bitumée avant d'emprunter un sentier traversant <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> café et <strong>de</strong> qât pour entrer dans le<br />

djebel Harâz qui est le bastion <strong>de</strong> l'ismaélisme yéménite.<br />

Sa renommé tient <strong>au</strong>tant à la be<strong>au</strong>té <strong>de</strong> ses paysages qu'à ses villages fortifiés, accrochés <strong>au</strong>x pitons<br />

rocheux. Leur architecture imposante répond à une double nécessité : assurer la défense <strong>de</strong>s villageois<br />

tout en laissant <strong>de</strong> la place pour les cultures. Les maisons, construites en grès ocre rose, vert ou en basalte<br />

noir et gris, forment elles-mêmes le rempart percé <strong>de</strong> portes aisément défen-dables. Les faça<strong>de</strong>s sont<br />

ornées <strong>de</strong> motifs géomé-triques blancs.<br />

Autour, la montagne est découpée en terrasses soutenues par <strong>de</strong>s murets <strong>de</strong> pierre, <strong>de</strong> plusieurs<br />

mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t.<br />

Après avoir franchi quelques collines, <strong>de</strong>vant nous s'ouvre un immense cirque <strong>au</strong>x multiples pitons<br />

sur lesquels sont construits <strong>de</strong>s villages forteresses.<br />

Arrivés <strong>au</strong> pied du village Al Ziysh, nous retrouvons les véhicules et les conducteurs qui préparent le<br />

dîner sur un emplacement à 1900 m, où le camp est dressé.<br />

Premier camp<br />

Lundi 1 er octobre - Poursuite <strong>de</strong> la randonnée dans le djebel Harâz<br />

Départ <strong>de</strong> la randonnée, à 8 h. Après le petit déjeuner, le soleil est déjà ch<strong>au</strong>d. Direction le village<br />

d'Al Ziysh, que nous visitons. Des murs <strong>de</strong> soutènement ont été dressés sous d'énormes rochers afin <strong>de</strong><br />

permettre la construction d'habitations sur ces rochers. La porte d'entrée comporte une serrure en bois <strong>au</strong>x<br />

combinaisons multiples.<br />

Après avoir traversé <strong>de</strong>s plantations en terrasse nous atteignons le village forteresse Lakamat (la<br />

vigie <strong>de</strong> la Noire). Puis celui d'Al Sawda avant <strong>de</strong> gravir une longue montée menant <strong>au</strong> village <strong>de</strong> Al<br />

Shariga, près duquel nous cherchons un emplacement à l'ombre et isolé pour déjeuner (ramadan).<br />

Kahel


Mardi 2 octobre - Poursuite <strong>de</strong> la randonnée dans le djebel Harâz - Manakha<br />

Le camp replié, nous nous dirigeons vers le village <strong>de</strong> Kahel, d'où nous avons une vue panoramique<br />

sur le djebel Harâz, et sur notre parcours. Poursuite à flanc <strong>de</strong> montagne, parmi les cultures en terrasses.<br />

Au pied du village forteresse Ayan à 2650m, une source protégée par une construction. Le sentier<br />

serpente sur le flanc très verdoyant car exposé à l'humidité en provenance <strong>de</strong> la mer Rouge.<br />

Un Ismaélien, malgré le ramadan, propose <strong>au</strong> groupe du thé, pour ensuite nous présenter divers<br />

articles artisan<strong>au</strong>x, bijoux, jambiyas<br />

Il fait très ch<strong>au</strong>d (24°C).<br />

Longue et fatigante <strong>de</strong>scente vers<br />

un très grand plate<strong>au</strong> <strong>au</strong>x nombreuses<br />

cultures. Pique-nique <strong>de</strong>vant une<br />

plantation <strong>de</strong> qât.<br />

Par un sentier passant <strong>de</strong> terrasse en<br />

terrasse, nous arrivons dans un village <strong>au</strong><br />

bord d'une falaise, dont l'entrée ressemble<br />

à une décharge. Dommage, le site est<br />

superbe.<br />

Le soleil peint sur le mur est<br />

l'emblème du parti adversaire du prési<strong>de</strong>nt élu, dont<br />

l'emblème est un cheval cabré.<br />

Be<strong>au</strong> point <strong>de</strong> vue sur un cirque naturel. Il fait toujours<br />

très ch<strong>au</strong>d. Jalel déci<strong>de</strong> d'appeler les conducteurs pour venir<br />

nous chercher et nous ramener à Manakha.<br />

Traversée difficile du marché car très encombré et<br />

animé avant d'arriver <strong>au</strong> funduk. Après une bière (sans<br />

alcool) ou du thé, attribution <strong>de</strong>s chambres. C'est avec délice<br />

que nous apprécions une douche réparatrice.<br />

Nous retrouvons le mafrij <strong>de</strong> l'établissement pour le<br />

dîner.<br />

Dans le fond, <strong>de</strong>s Yéménites mâchonnent leur boule <strong>de</strong><br />

qât et un guitariste, accompagné <strong>de</strong> percussionnistes,<br />

interprètent <strong>de</strong>s chants <strong>de</strong> la région.<br />

A la fin du dîner, se présente un couple <strong>de</strong> jeunes mariés<br />

yéménites ?!...et viennent défiler puis danser avant <strong>de</strong><br />

s'asseoir et regar<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>ux "<strong>de</strong>moiselles" d'honneur<br />

venues, avec leurs époux (!), participer à la fête et danser à<br />

leur tour.<br />

La mariée et ses <strong>de</strong>moiselles (!) d'honneur


Mercredi 3 octobre - Manakhah - djebel Buraa<br />

Transfert pour nous rapprocher du village forteresse, orgueilleux nid d'aigle, juché sur son piton, Al<br />

Hajjara datant du XIIe siècle.<br />

Poursuite <strong>de</strong> la randonnée en direction du village fortifié Bayt Al Amir (la maison <strong>de</strong> l'émir)<br />

atteint comme souvent après avoir traversé une décharge. Jalel nous fait remarquer la particu-larité <strong>de</strong> la<br />

porte qui en fait comporte une gran<strong>de</strong> et une petite.<br />

Il nous en justifie la nécessité :<br />

Quand une négociation doit se dérouler (territoire ou mariage d'enfant) l'hôte accueille son<br />

invité en ouvrant la gran<strong>de</strong> port. Il est tenu <strong>de</strong> lui offrir le gîte et le couvert pendant trois jours.<br />

C'est seulement après ce délai que les négociations se déroulent.<br />

Si la négociation a aboutie, l'hôte raccompagne son invité en lui ouvrant la gran<strong>de</strong> porte.<br />

Dans le cas contraire, il lui ouvre la petite porte. Pour la franchir, l'invité doit se courber en<br />

avant et <strong>de</strong> ce fait monter son postérieur !"<br />

La randonnée se poursuit sous un soleil <strong>de</strong> plomb (30°) vers le village <strong>de</strong> Jumaa. Longue montée<br />

pour arriver sur une crête où nous retrouvons les véhicules nous permettant <strong>de</strong> rejoindre le funduk <strong>de</strong><br />

Manakhah pour déjeuner.<br />

Après le déjeuner, sans sieste, et avant le départ, les dames se font "tatouer" <strong>au</strong> henné.<br />

Les véhicules empruntent l'une <strong>de</strong>s principales routes d'approvisionnement <strong>de</strong> Sana'a.. Sinueuse,<br />

vertigineuse et dangereuse, par la présence <strong>de</strong> poids lourds, elle "dégringole" <strong>de</strong> 1300 m à 400 m dans la<br />

vallée.<br />

Cette route nous fait basculer du Moyen-Orient vers l'Afrique, <strong>de</strong>s h<strong>au</strong>ts plate<strong>au</strong>x vers la vallée<br />

Tihâma. En effet, <strong>au</strong>x maisons-tours ont succédé <strong>de</strong>s huttes plus proches <strong>de</strong> l'Afrique. Les habitants ont un<br />

faciès différent et leur pe<strong>au</strong> est plus noire. Les vêtements <strong>de</strong>s femmes sont colorés.<br />

Les habitations, entourées <strong>de</strong> plantations <strong>de</strong> bananiers, <strong>de</strong> papayers ou <strong>de</strong> caféiers, sont majoritairement<br />

<strong>de</strong>s cases en terre couvertes <strong>de</strong> ch<strong>au</strong>me.<br />

Dans la vallée, traversée <strong>de</strong> villages toujours <strong>au</strong>ssi sales, encombrés et grouillants.<br />

Une route bitumée escala<strong>de</strong> le flanc du djebel Buraa, par une succession <strong>de</strong> virages en épingles très<br />

serrés avec une pente <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 20%.<br />

Le camp est installé à 1360 m, près d'une citerne d'e<strong>au</strong> couverte, dans laquelle nagent <strong>de</strong>s<br />

grenouilles.<br />

- 31 -


Jeudi 4 octobre - Randonnée dans le djebel Buraa<br />

Départ à 8 h. Les véhicules vont nous monter un peu plus h<strong>au</strong>t pour une randonnée en boucle vers<br />

les villages qui se détachent dans le ciel, perchés sur les pitons d'une gran<strong>de</strong> crête <strong>de</strong>ntelée. En-<strong>de</strong>ssous,<br />

les flancs <strong>de</strong>s montagnes sont rayés <strong>de</strong> terrasses cultivées.<br />

Traversée d'un premier village à 2150 m où se trouvent une école et une caserne. Jalel doit justifier<br />

notre présence à un gradé.<br />

Le sentier serpente sur la crête puis plonge, à travers <strong>de</strong>s terrasses plantées <strong>de</strong> sorgho, vers un second<br />

village. Ensuite, il se transforme en escaliers étroits et abrupts taillés dans la roche. Parfois d'énormes<br />

rochers sont à contourner ou à franchir. Concentration maximale, pour éviter la chute, car le ravin est à pic<br />

et profond.<br />

Enfin nous retrouvons la route goudronnée, dans un village, accueillis par une nuée d'enfants qui<br />

veulent être photographiés ou nous serrer la main. Ayant appris notre nationalité, il nous parlent <strong>de</strong><br />

Chirac, Zidane et même Barthez.<br />

Retour <strong>au</strong> campement en véhicule. Pendant qu'une partie <strong>de</strong> belote se déroule et que l'apéritif se<br />

prépare, Jalel mitonne un couscous avec <strong>de</strong>s morce<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chevre<strong>au</strong> achetés <strong>au</strong> marché.<br />

Les conducteurs découvrent avec surprise le couscous.<br />

- 32 -


Vendredi 5 octobre - Djebel Buraa - Mokha<br />

- 40 -<br />

Photos M<strong>au</strong>rice 2<br />

Le campement replié, les véhicules <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt la route sinueuse et pentue qui rejoint la vallée et<br />

prennent la direction <strong>de</strong> la Tihâma.<br />

Longue ligne droite à travers diverses cultures, puis une steppe grise et ari<strong>de</strong> avant d'arriver à Bâjil.<br />

Bientôt apparaissent les premiers villages typi-ques <strong>de</strong> cette région : huttes en pisé, mélange <strong>de</strong> terre<br />

et <strong>de</strong> paille, <strong>au</strong> toit <strong>de</strong> ch<strong>au</strong>me, ceintes d'un mur <strong>de</strong> bran-chages qui, le soir, protègent le bétail <strong>de</strong>s<br />

prédateurs (hyènes, chacals).<br />

Nous évitons Al-Hudayda, pour nous diriger vers Bayt al-Faqîh (la maison du Lettré), ses maisons sont<br />

en pierres. Visite dans la poussière et les détritus du célèbre mar-ché, réputé pour son artisanat textile. Les<br />

échop-pes <strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> tissus, d'épices, bijoutiers, vanniers, se serrent dans <strong>de</strong>s ruelles, ombragées


par <strong>de</strong>s canisses et <strong>de</strong>s bâches.<br />

Maintenant la route longe <strong>de</strong> nombreuses cultu-res avant d'arriver à Zabîd, ville réputée pour son<br />

archi-tecture. Elle fut fondée en 819 et <strong>de</strong>vint capitale du Yémen <strong>au</strong> XIIe siècle, mais perdit son statut à la<br />

chute <strong>de</strong>s Ziyâdi<strong>de</strong>s. Son univer-sité jouissait d'un immense prestige dans tout le mon<strong>de</strong> arabe. C'est ici,<br />

dit-on, que furent inventés l'algèbre (al jibra) et le sextant.<br />

Les remparts, la cita-<strong>de</strong>lle turque, les 80 écoles coraniques et les mosquées attestent du passé<br />

glorieux <strong>de</strong> cette ville.<br />

Après le déjeuner, que nous avons attendu longue-ment car le personnel se trou-<br />

vait à la prière <strong>de</strong> midi, visite <strong>de</strong> la vieille ville et d'une mosquée du XIIe siècle, sous un très ch<strong>au</strong>d<br />

soleil.<br />

Notre rési<strong>de</strong>nce à l'hôtel "Mokha village"<br />

Poursuite du transfert par <strong>de</strong> longues lignes droites, encombrées <strong>de</strong> motos, piétons, véhicules<br />

surchargés, et <strong>de</strong>s traversées <strong>de</strong> villages toujours <strong>au</strong>ssi animés et sales : Al Jarrahl, Hays.<br />

A partir <strong>de</strong> ce village nous empruntons une piste, tracée sur les petites dunes, longeant la côte <strong>de</strong> la<br />

mer Rouge en direction <strong>de</strong> Mokha.<br />

Arrêt à Al Khawkhah, pour visiter un chantier artisanal <strong>de</strong> construction navale <strong>de</strong> boutres (petites<br />

barques allongées) peintes <strong>de</strong> couleurs vives.<br />

Déjeuner sur la plage près d'une cabane <strong>de</strong> pêcheur. Son ra<strong>de</strong><strong>au</strong> fait <strong>de</strong> troncs liés qui lui permet<br />

d'aller jeter un filet près <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong> corail, nous sert <strong>de</strong> table. Ramassage <strong>de</strong> jolis coquillages.<br />

La piste serpente entre <strong>de</strong>s dunes et marais salants, creusés <strong>de</strong> curieuse façon pour récupérer le sel.<br />

Puis elle file droit sur une gran<strong>de</strong> plaine avec à l'horizon, la masse sombre <strong>de</strong> la centrale électrique <strong>de</strong><br />

Mokha. De la splen<strong>de</strong>ur passée <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Mokha et <strong>de</strong> son port, il ne reste que <strong>de</strong>s ruines.<br />

De ce port, dès le XVIe siècle, était exporté du café cultivé sur les h<strong>au</strong>ts plate<strong>au</strong>x. Hollan-dais<br />

Danois, Américains, Anglais et Français, établirent <strong>de</strong>s comptoirs. Ces <strong>de</strong>rniers, <strong>au</strong> XIXe siècle, durent<br />

faire le coup <strong>de</strong> feu contre Mokha pour faire respecter les accords. La France, fut donc une fois en<br />

guerre contre le Yémen.<br />

Le déclin du café yéménite plongea Mokha dans la faillite et l'oubli.<br />

Après avoir sommairement visité Mokha, nous arrivons à l'hôtel "Mokha village" en bord <strong>de</strong> mer.<br />

Sitôt les chambres climatisées attribuées, direction la plage pour un bain dans la mer à…37°C.. Enfin<br />

presque un bain car après avoir parcouru, une centaine <strong>de</strong> mètres nous n'avons <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> qu'<strong>au</strong>x mollets !<br />

La barrière <strong>de</strong> corail est trop loin. Dîner sous les arbres avec <strong>au</strong> menu <strong>de</strong>s samossas, du riz et du<br />

"poisson royal".<br />

- 4 -


Mosquée Al Janad<br />

La route traverse le village <strong>de</strong> Al Qâ'îdah puis passe le col Naquîl Sayyani (2500 m).<br />

Nous quittons provisoirement la route pour une petite promena<strong>de</strong> vers le village <strong>de</strong> Jiblah, construit<br />

en gradins sur une avancée rocheuse, où se trouve l'une <strong>de</strong>s plus ancienne mosquée, la "Gran<strong>de</strong> Mosquée<br />

du Vendredi" édifiée en 1088, sous le règne <strong>de</strong> la reine 'Arwa.<br />

Son tombe<strong>au</strong> se trouve dans la salle <strong>de</strong> prière : l'heure étant <strong>au</strong>x prières nous n'avons pas pu entrer<br />

dans la salle.<br />

En poursuivant notre promena<strong>de</strong> guidés par une jeune et jolie Yéménite non voilée, parlant très bien<br />

le français, nous découvrons la mosquée <strong>de</strong> Jacob. A l'origine érigée comme synagogue en 1250 puis<br />

transformée en mosquée en 1500.<br />

La route <strong>de</strong>scend vers Ibb, puis grimpe en lacets jusqu'<strong>au</strong> col Naqil Sumarani (2800 m). Il est, en<br />

quelque sorte, une frontière géographique et sociologique en marquant la fin du Yémen vert Al Yaman alakhdar.<br />

Be<strong>au</strong> panorama sur <strong>de</strong>s champs en terrasses et <strong>de</strong>s villages perchés.<br />

Traversée <strong>de</strong> Yarîm, la ville la plus h<strong>au</strong>te du Yémen. La <strong>de</strong>scente se poursuit pour arriver à Dhamâr,<br />

très éprouvé par le tremblement <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> 1982. Grouillant village encombré <strong>de</strong> camions et <strong>de</strong> taxis<br />

Peugeot et Toyota, qui assurent la liaison entre Sana'a et Taïzz.<br />

La route parcourt la gran<strong>de</strong> plaine centrale <strong>de</strong> Ma'bar, riche région agricole du fait du sol<br />

volcanique et d'une importante nappe phréatique.<br />

- 46 -


L'or noir du Yémen : le café<br />

Kahwa - le café<br />

L'habitat naturel et primitif du caféier, Coffea arabica, semble être le sous-bois <strong>de</strong>s forêt d'altitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'Ethiopie, du Soudan et du Kenya. De là, il <strong>au</strong>rait été planté <strong>au</strong> Yémen <strong>au</strong> VIe siècle.<br />

Le caféier est un arbuste <strong>de</strong> 3 à 5 mètres <strong>de</strong> h<strong>au</strong>t, cultivé <strong>au</strong> Yémen dans les massifs montagneux<br />

<strong>de</strong> l'Ouest entre 1000 et 2000 m d'altitu<strong>de</strong>.<br />

La consommation du café s'étendit <strong>au</strong> début du XVIe siècle à toute l'Arabie puis à l'Egypte, et <strong>de</strong><br />

là gagna Damas, Alep et Constantinople. En 1570 il débarque à Venise et se propage en Europe.<br />

Le café était transporté à dos d'ânes ou <strong>de</strong> chame<strong>au</strong>x sur une petite centaine <strong>de</strong> kilomètres, <strong>de</strong>s<br />

h<strong>au</strong>ts plate<strong>au</strong>x <strong>au</strong> grand marché <strong>de</strong> Beit Al Faqih puis vers le port <strong>de</strong> Mokha.<br />

Cette ville s'est développée grâce <strong>au</strong> commerce du café. Les Hollandais, les Anglais et les<br />

Français commencèrent à fréquenter Mokha. Seul subsiste <strong>de</strong> cette époque le nom <strong>de</strong> Moka, donné <strong>au</strong><br />

breuvage à base <strong>de</strong> grains <strong>de</strong> café yéménite et à un gâte<strong>au</strong>.<br />

En France le café resta un médicament détenu par les apothicaires jusqu'<strong>au</strong> jour où l'ambassa<strong>de</strong>ur<br />

ottoman le présenta à Louis XIV. Il <strong>de</strong>vint une boisson à la mo<strong>de</strong>.<br />

Au fur et à mesure <strong>de</strong> son expansion en Europe, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissant, les Yéménites veillaient à<br />

ce qu'<strong>au</strong>cun plant ne quitte le pays.<br />

En 1690, <strong>de</strong>s marins hollandais, déjouant la surveillance <strong>de</strong>s Yéménites, réussirent à subtiliser un plant<br />

<strong>de</strong> caféier. Ils l'introduisirent à Ceylan puis en Indonésie.<br />

La culture se développa si rapi<strong>de</strong>ment qu'une dizaine d'années après la production asiatique<br />

dépassa celle du Yémen.<br />

La forte production <strong>de</strong> l'Asie et <strong>de</strong> l'Amérique du Sud concurrença le café du Yémen, la belle<br />

prospérité <strong>de</strong> Mokha s'évanouit.<br />

En 1712 un pied fut donné par le Yémen à la France, à partir duquel on obtint trois plants qui<br />

furent envoyés <strong>au</strong>x Antilles. Un seul survécut et fut à l'origine d'une <strong>de</strong>scendance en Gua<strong>de</strong>loupe,<br />

Martinique, Guyane et Saint-Domingue. Un <strong>au</strong>tre plant fut livré à la Réunion, origine <strong>de</strong> tous les cafés<br />

d'Amérique centrale et <strong>au</strong>strale.<br />

L'éthymologie du mot café serait emprunté <strong>au</strong> mot arabe qahûa.<br />

Le Yéménites consomment également l'écorce du café sous forme d'infusion, parfumée <strong>au</strong><br />

gingembre, à la cannelle, à la cardamome ou avec un clou <strong>de</strong> girofle, nommée qishr .<br />

- 53 -


L'or blanc du Yémen : l'encens et la myrrhe<br />

L'encens<br />

Tout vient d'un arbre robuste, le boswellia sacra qui pousse à l'état s<strong>au</strong>vage particu-lièrement dans<br />

l'Hadramaout, le pourtour du golfe d'A<strong>de</strong>n, en Somalie et à Oman. Cet épineux produit une sève<br />

laiteuse. On recueille alors la cristallisation blanche formée à partir d'une incision, réalisée à l'ai<strong>de</strong> d'un<br />

coute<strong>au</strong> à <strong>de</strong>ux lames, mengafe, d'un côté une lame tranchante qui sert à inciser l'écorce du tronc par où<br />

s'écoule la sève et <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre une lame grattoir pour détacher les larmes <strong>de</strong> résine.<br />

L'exudat est lactescent, d'où son nom arabe <strong>de</strong> lûban, signifiant le lait . Il forme <strong>de</strong>s larmes <strong>de</strong> 0,5 à<br />

3 cm qui, en durcissant, prennent <strong>de</strong>s couleurs hétérogènes : opaque ou transluci<strong>de</strong> j<strong>au</strong>ne pâle, rougeâtre<br />

ou brunâtre.<br />

Au Yémen, l'encens est un médicament traditionnel : anti-inflammatoire, anti-arthrosi-que, contre<br />

les palpitations dues <strong>au</strong> stress, mais c'est <strong>au</strong>ssi un stimulant. Il est très prisé pour éloigner les m<strong>au</strong>vais<br />

esprits et les djinns.<br />

La myrrhe<br />

Les rois mages d'Orient, guidés par l'étoile sacrée, apportèrent <strong>au</strong> fils <strong>de</strong> Dieu ce qu'ils avaient <strong>de</strong><br />

plus précieux : <strong>de</strong> l'encens pour désinfecter l'étable, <strong>de</strong> la myrrhe pour vermi-fuger l'enfant et <strong>de</strong> l'or<br />

pour soulager la p<strong>au</strong>vreté <strong>de</strong> la vierge (selon Saint-Bernard).<br />

Melkior quitta Qana emportant avec lui <strong>de</strong> la myrrhe du Yémen pour l'offrir à l'enfant Jésus qui<br />

venait <strong>de</strong> naître à Bethléem.<br />

La myrrhe est une gomme un peu plus sombre et huileuse que l'encens. Elle provient <strong>de</strong> l'arbre<br />

Commiphora myrrha qui pousse dans le Sud <strong>de</strong> la péninsule arabique et la corne <strong>de</strong> l'Afrique.<br />

La gomme résine s'écoule naturellement par les fissures <strong>de</strong> l'écorce, mais les incisions en<br />

<strong>au</strong>gmentent le ren<strong>de</strong>ment. L'exudat coule en larmes blanchâtres qui j<strong>au</strong>nissent puis <strong>de</strong>viennent rouge<br />

brun en séchant.<br />

La myrrhe est réputée avoir <strong>de</strong>s propriété balsamiques, stimulantes, antispasmodiques et antiinflammatoires.<br />

La myrrhe était très prisée par les mon<strong>de</strong>s égyptien, grec et romain. A Rome, dans l'anti-quité, une<br />

livre <strong>de</strong> myrrhe coûtait dix fois plus que l'encens le plus pur.<br />

Les souks du Yémen regorgent toujours <strong>de</strong> myrrhe et encens, qui ont fait la fortune <strong>de</strong>s roy<strong>au</strong>mes<br />

sud-arabiques.<br />

- 53 -


le qât : l'arbre <strong>au</strong>x feuilles psychostimulantes<br />

Le Catha Edulis est un arbuste originaire d'Afrique orientale et <strong>au</strong>strale, importé <strong>au</strong> Yémen<br />

<strong>au</strong> XIVe siècle.<br />

Il se développe entre 1500 et 2500 m et sa culture en terrasse est peu exigeante. Sa h<strong>au</strong>teur<br />

est comprise <strong>de</strong> 1 à 10m.<br />

Sur les arbustes, seules les jeunes pousses sont coupées à la main et rassemblées en petits bouquets<br />

<strong>de</strong> 10 cm.<br />

Rituel social et art <strong>de</strong> vivre, hommes et femmes, vers midi, se ren<strong>de</strong>nt <strong>au</strong> marché <strong>au</strong> qât. Il se<br />

consomme frais après le déjeuner, et se dit takhzin, ce qui se traduit par "emmagasiner" car il f<strong>au</strong>t<br />

gar<strong>de</strong>r les feuilles <strong>de</strong> qât dans la joue g<strong>au</strong>che (ou droite) <strong>de</strong> manière à former une boule.<br />

Ces séances <strong>de</strong> jalsa, sont à la fois le loisir, l'acte social et le reflet du statut <strong>de</strong> chacun, pour les<br />

Yéménites. Une bonne partie du temps y est consacré et également le budget du ménage (~30%).<br />

Elles ont lieu généralement dans le mafrij, la salle <strong>de</strong> réception <strong>de</strong>s immeubles.<br />

Le qât con-tient <strong>de</strong>ux alca-loï<strong>de</strong>s : la cathine et la cathinone qui<br />

associées, provo-quent un effet euphorisant, effa-ce la fatigue mais <strong>au</strong>ssi<br />

coupe la faim et trouble le sommeil. Il est riche en vitamine C et en tannin.<br />

Il ne provoque ni dé-pendance ni ac-coutumance.<br />

On insiste sur les méfaits écono-miques et soci<strong>au</strong>x, les ravages sur<br />

les budgets <strong>de</strong>s ména-ges et les heures<br />

<strong>de</strong> travail perdues, mais il a un intérêt écono-mique sur les revenus <strong>de</strong>s paysans, les intermédiaires et<br />

sur les revenus fisc<strong>au</strong>x (taxe à l'entrée en ville). Personne ne songe réel-lement à le supprimer.<br />

Le qât rapporte cinq fois plus que le café.<br />

- 54 -


Lundi 8 octobre : Sana'a - Seiyun<br />

Réveil à 3 h (en fait à 2 h le muezzin nous a invité à la prière), afin <strong>de</strong> se rendre à l'aéroport pour un<br />

envol à 6 h vers Seiyun.<br />

Une heure après nous atterrissons et trou-vons nos véhicules, arrivés peu <strong>de</strong> temps avant, ayant<br />

roulé toute la nuit et franchi 26 contrôles militaires dans la zone interdite. Il fait très ch<strong>au</strong>d dans la vallée<br />

<strong>de</strong> l'Hadramaout.<br />

Le wâdî Hadramaout est une vallée sèche qui s'étend sur près <strong>de</strong> 200 km <strong>de</strong> long. Seule, isolée et<br />

difficile d'accès, la zone centrale est toutefois habitée. On y trouvent les villes principales : Seiyun,<br />

Shibam, Tarim, Aynat et <strong>de</strong> petits villages entourés <strong>de</strong> cultures. De nom-breux fortins protégeaient les<br />

villages et les caravanes d'encens.<br />

Le wâdî est bordé <strong>de</strong> falaises verticales érodées, plus ou moins resserrées, <strong>de</strong> couleur blon<strong>de</strong>. De<br />

longues oasis, palmeraies et villages en pisé jalonnent la vallée.<br />

Les habitants sont <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants sé<strong>de</strong>n-tarisés <strong>de</strong> caravaniers qui transportaient leur production<br />

d'encens vers le littoral méditer-ranéen.<br />

Rihab Wâdî Doan<br />

- 53 -


fenêtre décorée <strong>de</strong> qamariyya Achat <strong>au</strong> poids, <strong>de</strong> larmes d'encens et <strong>de</strong> myrrhe<br />

Seiyun 800 m d'altitu<strong>de</strong>.<br />

Son principal attrait est<br />

l'ancien palais du sultan,<br />

surplombant la place du<br />

marché et le souk. Construit<br />

en 1887 par les sultans<br />

Kathiri, il s'inspire du style<br />

colonial anglo-indien, en pisé<br />

et ch<strong>au</strong>x, avec <strong>de</strong> nombreux<br />

vitr<strong>au</strong>x colorés.<br />

Actuellement, il est transformé<br />

en musée contenant<br />

quelques collections ethnographiques.<br />

- 58 -


Dans le souk, <strong>de</strong>s femmes voilées font <strong>de</strong>s achats (s<strong>au</strong>f une)<br />

Direction Aynat. Au milieu<br />

d'un cimetière, un m<strong>au</strong>solée<br />

dont les dômes sont en forme<br />

<strong>de</strong> sein nourricier.<br />

Arrêt pour voir et se<br />

faire expliquer le<br />

fonctionnement d'un <strong>de</strong>s<br />

nombreux four à ch<strong>au</strong>x<br />

(noura). Celle-ci assure<br />

l'étan-chéité <strong>de</strong>s bâtiments.<br />

Pique-nique dans une<br />

pro-priété abandonnée par<br />

l'un <strong>de</strong>s riches ex-négociants.<br />

En route pour<br />

l'hébergement, dans le luxueux Al<br />

Hawta Palace Hôtel, très fleuri.<br />

Les chambres climatisées sont à la<br />

périphérie d'un cloître et ouvertes<br />

à la façon <strong>de</strong> cellules monacales.<br />

Le "top" c'est la piscine,<br />

entourée <strong>de</strong> palmiers, où chacun<br />

profite <strong>de</strong> ce moment <strong>de</strong> détente et<br />

<strong>de</strong> récupération.<br />

Dîner à l'hôtel.<br />

Mardi 9 octobre : Seiyun Shibam -<br />

Départ pour une secon<strong>de</strong> visite <strong>de</strong> Seiyun. Promena<strong>de</strong> dans les ruelles jon-chées d'ordures et<br />

désertes, les boutiques du souk n'ouvrent que vers 10 h 30.<br />

Visite <strong>de</strong> l'ancien palais du sultan datant du XIIIe siècle, 5400m² sur six étages. Depuis la<br />

terrasse, belle vue sur Seiyun.<br />

Les boutiques étant ouvertes, nou-ve<strong>au</strong>x achats, dont <strong>de</strong>s chape<strong>au</strong>x pointus en paille, que portent les<br />

femmes <strong>de</strong> la région, sur leur voile noir.<br />

- 59 -


Avant <strong>de</strong> prendre la direction <strong>de</strong> Shibam, recherche d'un coin ombragé et abrité pour le pique-nique,<br />

dans la campagne : le soleil est ar<strong>de</strong>nt et le vent violent. Enfin nous trouvons un emplacement dans une<br />

petite palmeraie.<br />

Le facétieux Amada suggéra <strong>de</strong> nous montrer un palmier-citron (?) qui en fait est un palmier à six<br />

troncs.<br />

L'équipe sort table et chaises et se met <strong>au</strong> fourne<strong>au</strong> pour préparer <strong>de</strong> savoureux samossas.<br />

Le déjeuner fut vite interrompu car le réch<strong>au</strong>d à gaz a communiqué sa flamme à un tronc <strong>de</strong><br />

palmier. Le feu se propage rapi<strong>de</strong>ment aidé par le fort vent. Tout le mon<strong>de</strong> a combattu l'incendie avec du<br />

sable et <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> (qui a fait déf<strong>au</strong>t ensuite). Ingrid, avec courage et abnégation, s'est particulièrement<br />

distinguée, ce qui lui a valu d'être décorée <strong>de</strong> la médaille du courage.<br />

Au <strong>de</strong>ssert, raisin puis café yéménite avec, avec … <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong> chocolat…le luxe !<br />

Les émotions passées, direction la cité <strong>de</strong> Shibam, surgissant du désert et surplombant du h<strong>au</strong>t d'une<br />

colline <strong>de</strong> 30 m, la vaste vallée formée par le wâdî Hadramaout. Cette étonnante cité lui v<strong>au</strong>t le surnom<br />

<strong>de</strong> "Manhattan du désert".<br />

Classée par l'UNESCO, son architecture, en pisé, tout à fait <strong>au</strong>dacieuse en fait le joy<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

l'Hadramaout.<br />

Cette ville, datant du VIe siècle, était une étape importante pour les caravanes d'encens.<br />

Les maisons, dont certaines datent du XVIIIe siècle, atteignent, pour les plus élevées, plus <strong>de</strong> 25 m<br />

<strong>de</strong> h<strong>au</strong>t sur 7 ou 8 étages. Elles sont construites avec <strong>de</strong>s briques <strong>de</strong> terre cuite séchées <strong>au</strong> soleil, scellées<br />

par du pisé utilisé comme enduit extérieur.<br />

Pourtant les quelques 460 maisons ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques et les quartiers hiérarchisés. Les<br />

maisons les moins h<strong>au</strong>tes sont habitées par les artisans et les paysans sans terre.<br />

Promena<strong>de</strong> dans les ruelles bordées <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts immeubles. De très belles portes sont munies d'un petit<br />

guichet qui, en fonction <strong>de</strong> sa position, indi-que si le propriétaire est présent ou non.<br />

Au crépuscule nous nous rendons vers un promontoire, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du quartier hors murs, Sahil, pour<br />

observer les variations <strong>de</strong> couleurs <strong>de</strong>s immeubles <strong>au</strong> soleil couchant.<br />

Malheureusement celui-ci est voilé et ne communique pas un ton orangé <strong>au</strong>x immeubles.<br />

Retour à l'hôtel et sa piscine appréciée <strong>de</strong> tous.<br />

- 65 -


Shibam <strong>au</strong> soleil couchant<br />

- 69 -


Mercredi 10 octobre : Seiyun - le wâdî Dowa'an<br />

Avant le petit déjeuner, un petit tour à la piscine, puis départ en véhicule pour une secon<strong>de</strong><br />

promena<strong>de</strong> dans Shibam, vi<strong>de</strong> d'habitants.<br />

Puis direction le wâdî Dowa'an, l'un <strong>de</strong>s affluent du wâdî Hadramaout.<br />

Dans le village <strong>de</strong> Hawra, nous quittons la route <strong>de</strong> Sana'a qui traverse la zone interdite.<br />

Pendant que les ch<strong>au</strong>ffeurs achètent <strong>de</strong> la nourriture : vian<strong>de</strong>, boisson, glace, en vue <strong>de</strong>s jours<br />

prochains en camping, nous photographions une livraison <strong>de</strong> qât, ce qui n'est pas apprécié.<br />

Après quelques kilomètres dans le wâdî, nous nous rendons dans le village <strong>de</strong> Al Hajjarey, sur un<br />

promontoire, encastré et intégré dans la falaise. Promena<strong>de</strong> dans le village, nettement plus propre que les<br />

précé<strong>de</strong>nts.<br />

Achat <strong>de</strong> miel d'acacia et <strong>de</strong> jujubier, spécialité <strong>de</strong> la vallée.<br />

Ruches<br />

La route s'enfonce dans la vallée du wâdî, bordée <strong>de</strong> h<strong>au</strong>tes falaises ocres, <strong>au</strong> pied <strong>de</strong>s-quelles<br />

s'accrochent <strong>de</strong>s villages <strong>au</strong>x maisons en terre <strong>au</strong> milieu d'oasis.<br />

L'arbre bouteille et sa fleur<br />

L'arbre bouteille - A<strong>de</strong>nium<br />

Obesum - est une plante cardiotoxique, utilisée com-me poison sur les flèches en Afrique.<br />

- 70 -


Arrêt déjeuner dans un petit rest<strong>au</strong>rant. Au cours du repas, <strong>de</strong> longues négocia-tions aboutirent sur<br />

l'achat d'anciennes mesures à grains et d'un fusil <strong>de</strong> la fin du XIXe siècle fabriqué par la manu-facture<br />

d'armes <strong>de</strong> Saint-Etienne. (vendu par le "chasseur français" ?)<br />

Longue promena<strong>de</strong> dans le village <strong>de</strong> Sif, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong>s jeunes filles voilées se laissent<br />

photo-graphier (rare).<br />

Après avoir traversé une succession <strong>de</strong> petits villages bâtis entre les rives du wâdî et les falaises,<br />

nous arrivons à Al Khuraybah, où nous trouvons le funduk, <strong>au</strong> milieu d'un marché très animé.<br />

De la terrasse, nous voyons l'effervescence du marché. Soudain le muezzin appelle à la prière. En<br />

quel-ques minutes le marché s'est vidé et le calme est re<strong>de</strong>venu.<br />

Dîner sur la terrasse. Dans un coin, les conducteurs sont assis et mâchent du qât.<br />

Il fait ch<strong>au</strong>d cette nuit nous dormons fenêtre ou-verte. Sommeil ponctué <strong>de</strong> fréquents réveils par<br />

trois muezzins appelant à la prière, se faisant concurrence en mettant la sonorisation le plus fort possible.<br />

Jeudi 11 octobre : Le wâdî Dowa'an<br />

Ce matin il fait ch<strong>au</strong>d, calme plat, nous sommes les seuls à déambuler dans les ruelles escarpées du<br />

village, avant <strong>de</strong> nous rendre, à travers une palmeraie à Al Husn, ber-ce<strong>au</strong> <strong>de</strong> la famille Ben La<strong>de</strong>n<br />

Après le marché nous serpentons dans le village par les ruelles et escaliers qui gravissent le flanc <strong>de</strong> la<br />

falaise.<br />

Retour à Khourayba en utilisant le lit du wâdî à sec mais jonché <strong>de</strong> sacs plastiques.<br />

Nous retrouvons les véhicules qui quittent la vallée principale et s'enga-gent dans une vallée plus<br />

étroite.<br />

Dans notre 4x4, nous avons une "passagère" supplémentaire : une che-vrette. Les conducteurs l'ont<br />

achetée <strong>au</strong> marché pour le dîner <strong>de</strong> fin du ramadan Aïd al Fitr..<br />

La route récente et vertigineuse emprunte un canyon pour atteindre le plate<strong>au</strong>. A mi-pente, arrêt<br />

pique-nique, à l'ombre et à l'abri du vent.<br />

Poursuite <strong>de</strong> la montée qui débouche sur un immense plate<strong>au</strong> ari<strong>de</strong>, zébré <strong>de</strong> canyons plus ou moins<br />

larges et profonds, mais que l'on ne voit qu'une fois <strong>au</strong> bord <strong>de</strong> la falaise. Un vent puissant nous bouscule.<br />

Magnifiques vues sur les vallées.<br />

Une piste nous permet <strong>de</strong> rejoindre la route du wâdî Dowa'an avant d'emprunter l'un <strong>de</strong>s nombreux<br />

canyons <strong>de</strong>s affluents du wâdî.<br />

L'accès n'est pas encore aménagé, c'est une piste où l'on ne peut rouler qu'à 5 km/h. Traversées <strong>de</strong><br />

villages, entourés <strong>de</strong> palmiers, <strong>au</strong> bord du lit du wâdî.<br />

- 70 -


Après une heure <strong>de</strong> piste chaotique, le village <strong>de</strong> Husn Al Ghuzel se détache dans le ciel juché sur<br />

un énorme piton <strong>au</strong>x falaises verticales faisant penser à un "Météore grec". Les tentes sont plantées <strong>au</strong><br />

pied <strong>de</strong> la falaise dans le lit <strong>de</strong> sable fin et <strong>de</strong> galets du wâdî.<br />

Le campement dans le wâdî dominé par le village Husn Al Ghuzel<br />

Les "ch<strong>au</strong>ffeurs" ont allumé un feu <strong>de</strong> bois puis Yahya "prépare" la chevrette avant <strong>de</strong> la farcir <strong>de</strong> riz<br />

assaisonné d'un bouillon spécial Jalel. Enveloppée dans un film d'aluminium, elle est déposée sur les<br />

braises. L'apéritif permet <strong>de</strong> patienter, avant l'ouverture et le découpage <strong>de</strong> la bête, appréciée par<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s convives, y compris <strong>de</strong>s chiens errants alléchés qui arrivent.<br />

Vendredi 12 octobre : Wâdî Dowa'an - Al Mukallâ<br />

Pour la première fois le ciel est couvert et le soleil voilé. Jalel, qui a préféré bivouaquer, a mal dormi,<br />

dérangé par les chiens et les chacals.<br />

Une fois le camp replié, nous partons à "l'ass<strong>au</strong>t" du village d'Husn Al Ghuzel, par un sentier escarpé<br />

tracé dans un pierrier, se terminant par une volée <strong>de</strong> marches en pierres. Le village est pratiquement<br />

abandonné, seules <strong>de</strong>ux familles y rési<strong>de</strong>nt. Vue plongeante sur le canyon, le camp et les palmeraies.<br />

Au petit déjeuner, un bourdonnement se fait entendre. Des milliers d'abeilles se réveillent et partent<br />

butiner les acacias et jujubiers parfumés.<br />

Dans cette vallée, sont dispersées une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ruches. La récolte du miel est la principale<br />

activité <strong>de</strong>s habitants.<br />

En re<strong>de</strong>scendant, rencontre d'enfants avec leurs be<strong>au</strong>x habits, qui s'amusent en jetant <strong>de</strong>s pétards,<br />

pour Aïd al Fitr.<br />

Après avoir retrouvé les véhicules, retour par la piste chaotique. En traversant les villages <strong>de</strong>s<br />

petites filles sont heureuses <strong>de</strong> se faire photographier avec leurs belles robes chamarrées, pour la fête,<br />

comme celles vues <strong>au</strong> souk.<br />

Arrêt <strong>de</strong>vant un hôtel "en technicolor", qui dénote dans le paysage, ouvert ou fermé en fonction <strong>de</strong>s<br />

opportunités d'un riche propriétaire d'hôtels en Arabie.<br />

Nous regrimpons sur le versant opposé pour accé<strong>de</strong>r à nouve<strong>au</strong> à ce plate<strong>au</strong> si désertique que rien ne<br />

permet <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner l'existence <strong>de</strong> vie <strong>au</strong> fond <strong>de</strong>s canyons.<br />

Nous quittons la route provisoirement, pour approcher le bord <strong>de</strong> la falaise, où se construit le<br />

luxueux et isolé hôtel "Historic Castel ".<br />

De la terrasse, appuyés sur le parapet protecteur du vi<strong>de</strong>, nous avons une vue aérienne <strong>de</strong> 400 m sur<br />

- 72 -


le canyon, les oasis, le wâdî à sec et sur le village Husn Al Ghuzel.<br />

Encore quelques kilomètres sur l'ari<strong>de</strong> plate<strong>au</strong> avant <strong>de</strong> s'arrêter <strong>au</strong> bord <strong>de</strong> la falaise du <strong>de</strong>rnier<br />

canyon : vue sur la route qui plonge vers l'océan indien, en direction du port <strong>de</strong> Al Mukallâ que nous<br />

atteignons à 14 h.<br />

Dans un rest<strong>au</strong>rant local assez bruyant, nous apprécions un super cocktail <strong>de</strong> fruits frais <strong>au</strong> lait<br />

concentré et le menu à base <strong>de</strong> poissons et crevettes un peu carbonisés, et <strong>de</strong> riz <strong>au</strong>x épices.<br />

Puis direction le chic Holiday's Inn <strong>au</strong> bord du golfe d'A<strong>de</strong>n.<br />

Les luxueuses chambres attribuées, tout le mon<strong>de</strong> se retrouve sur le sable ch<strong>au</strong>d.<br />

Malheureusement, pour la baigna<strong>de</strong>, on se contentera d'avoir <strong>de</strong> l'e<strong>au</strong> jusqu'<strong>au</strong>x genoux : c'est<br />

marée basse et <strong>de</strong>s rochers jonchent le fond. Heureusement il y a la piscine.<br />

La table du dîner est dressée sur la terrasse <strong>au</strong> bord <strong>de</strong> la piscine. A l'apéritif : champagne, apporté<br />

par Jalel, afin <strong>de</strong> fêter dignement <strong>de</strong>ux anniversaires: Monique et M<strong>au</strong>rice 2.<br />

A cette occasion, nos dames ont revêtu leurs belles robes achetées <strong>au</strong> marché d’Al Husn.<br />

A la fin <strong>de</strong> cet agréable dîner, Jalel nous apprend que le vol <strong>de</strong> <strong>de</strong>main en direction <strong>de</strong> Sana'a est<br />

annulé, f<strong>au</strong>te <strong>de</strong> passagers suffisants (congés <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> ramadan). Les ch<strong>au</strong>ffeurs, qui <strong>de</strong>vaient rentrer<br />

cette nuit pour nous retrouver <strong>de</strong>main à Sana'a, sont retenus jusqu'à ce qu'une confirmation d'heure et <strong>de</strong><br />

date d'un vol soit connue.<br />

Samedi 13 octobre : Al Mukallâ - Sana'a - Sheibam<br />

A 8 h nous sommes prêts à partir, mais Jalel n'a toujours pas <strong>de</strong> confir-mation <strong>de</strong> vol possible.<br />

Il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> se rendre en ville, afin d'avoir <strong>de</strong>s informations.<br />

Pendant ce temps, nous nous occupons, à écrire ou regar<strong>de</strong>r les photos sur un écran d'ordinateur.<br />

10 h : Jalel arrive et nous fait part <strong>de</strong>s choix qui lui ont été proposés :<br />

L'avion Al Mukallâ-Sana'a est annulé et reporté à <strong>de</strong>main 22 h, avec pour conséquence, une<br />

nouvelle nuit à l'Holyday' Inn.<br />

A A<strong>de</strong>n il y a un avion, que nous pourrions prendre, en fin d'après-midi, qui relit A<strong>de</strong>n à Sana'a.<br />

Mais compte-tenu <strong>de</strong> la distance (690 km) à parcourir avec les véhicules, nous arriverions trop tard.<br />

Il y a un avion en provenance <strong>de</strong> ???, qui vers 15 h, relit Al Mukallâ à Sana'a via A<strong>de</strong>n. C'est cette<br />

solution qui est retenue.<br />

Ouf ! Jalel s'est bien défendu à la satisfaction <strong>de</strong> tous.<br />

- 73 -


Les véhicules partent pour Sana'a. Nous réoccupons les chambres, puis baigna<strong>de</strong>, cette fois à marée<br />

h<strong>au</strong>te. Attente <strong>de</strong> midi sur la plage (à l'ombre, nous enregistrons 36° C). Avec le bus <strong>de</strong> l'hôtel, direction<br />

Al Mukallâ, pour déjeuner dans le même rest<strong>au</strong>rant qu'hier.<br />

Avant <strong>de</strong> rejoindre l'aéroport, courte visite <strong>de</strong> l'ancien quartier colonial <strong>de</strong> Al Mukallâ, dont les<br />

fenêtres <strong>de</strong>s bâtiments sont garnies <strong>de</strong> ri<strong>de</strong><strong>au</strong>x brodés (spécialité locale).<br />

- 74 -


Direction l'aéroport où nous attendons longuement le Boeing 737, en consultant la carte. Enfin il atterrit,<br />

nous embarque et décolle pour A<strong>de</strong>n, atteint après une heure <strong>de</strong> vol.<br />

Encore 45 minutes d'attente, puis décollage pour Sana'a.<br />

Les bagages récupérés, nous nous installons dans un minibus, car les 4x4 ne sont pas arrivés.<br />

Direction <strong>de</strong> Sheibam Nord, <strong>au</strong> Nord-Est <strong>de</strong> la capitale.<br />

Après être sortis <strong>de</strong> Sana'a, la route reprend <strong>de</strong> l'altitu<strong>de</strong>. A la sortie <strong>de</strong> Haz, contrôle militaire. Le<br />

responsable du poste a comme consigne <strong>de</strong> contrôler le passage <strong>de</strong> 13 étrangers, dans 4 véhicules, avant<br />

20 h.<br />

Or, il est en présence <strong>de</strong> 13 étrangers, dans un minibus, se présentant à 21 h 45.<br />

Longues discussions verbales et téléphoniques entre les militaires et Jalel. Enfin à 22 h 45, nous<br />

avons l'<strong>au</strong>torisation <strong>de</strong> passer. Quelques instants plus tard, nous nous installons dans le funduk à Sheibam.<br />

Rapi<strong>de</strong> dîner, répartition <strong>de</strong>s chambres et tout le mon<strong>de</strong> dans les "bras <strong>de</strong> Morphée".<br />

Dimanche 14 octobre : Shibâm - Bokor<br />

Petit transfert à Thulâ, considéré comme l'un <strong>de</strong>s plus be<strong>au</strong>x villages <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Sana'a. Gros<br />

village à 2700 m, bien préservé, ceint <strong>de</strong> murailles, érigé <strong>au</strong> pied d'un piton rocheux escarpé, détaché du<br />

plate<strong>au</strong> <strong>de</strong> Massana'a. A son<br />

sommet s'élevait la cita<strong>de</strong>lle Husn<br />

al-Ghurab, dont il ne reste que<br />

<strong>de</strong>s ruines.<br />

Des citernes à ciel ouvert lui<br />

ont permis <strong>de</strong> soutenir <strong>de</strong><br />

nombreux sièges.<br />

Le village est entièrement<br />

bâti en pierre d'une couleur ocre<br />

doré. Les faça<strong>de</strong>s présentent<br />

d'infinies variations sur les thèmes<br />

traditionnels : les frises qui<br />

marquent la séparation <strong>de</strong>s étages,<br />

les fenêtres composées <strong>de</strong> petites<br />

ouvertures circulaires superposées<br />

ou en forme <strong>de</strong> fleurs ; certaines<br />

sont surmontées <strong>de</strong> vitr<strong>au</strong>x<br />

multicolores. Les motifs qui<br />

encadrent les fenêtres n'ont pas<br />

qu'une fonction décorative, ils sont <strong>au</strong>ssi censés conjurer le malheur. L'ensemble est réalisé à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

petites pierres taillées qui <strong>de</strong>ssinent <strong>de</strong>s décors d'une gran<strong>de</strong> finesse.<br />

- 90 -


La silhouette <strong>de</strong>s habitations offrent <strong>de</strong>s caractéristiques surprenantes : la partie supérieure <strong>de</strong>s<br />

maisons se divise en <strong>de</strong>ux tours qui évoquent les faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nos cathédrales.<br />

Les ruelles sont très étroites, ainsi le coin inférieur <strong>de</strong>s habitations est arrondi puis progressivement<br />

reprend l'angle droit <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus.<br />

Nous quittons Thulâ pour le village <strong>de</strong> Hababa où nous<br />

atten<strong>de</strong>nt les véhicules. Rencontre avec <strong>de</strong>s moissonneurs.<br />

Marche sur <strong>de</strong> curieuses dalles <strong>de</strong> grès, zébrées <strong>de</strong> petites<br />

crevasses créées par l'e<strong>au</strong>, le froid et le soleil.<br />

Retour à Shibâm pour déjeuner. Un important mariage<br />

c<strong>au</strong>se un embouteillage dans la ville. Notre resto est complet.<br />

Jalel en trouve un <strong>au</strong> bord <strong>de</strong> la route, simple mais bien. Avant<br />

<strong>de</strong> partir séance photos avec une famille nombreuse et<br />

particulièrement joviale qui finit par s'entasser dans une vieille<br />

Toyota. Celle-ci, grâce à notre "poussette", réussira à démarrer.<br />

Direction Shibâm.<br />

Des inscriptions sud-arabiques ont été gravées <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte datant <strong>de</strong> 2 siècles avant J.C.<br />

Shibâm (nord), 2600 m, <strong>au</strong> pied d'une impressionnante falaise, est dominé <strong>de</strong> 400 m par le village<br />

<strong>de</strong> Kawkaban, implanté <strong>au</strong> bord du plate<strong>au</strong>.<br />

Quelques pas dans le souk, déserté, boutiques fermées, c'est l'heure du qât.<br />

Nous sortons <strong>de</strong> la vieille ville par une porte <strong>au</strong>x piliers très anciens (IIe siècle avant J.C.) pour<br />

arriver <strong>au</strong> pied <strong>de</strong> la falaise percée d'ouvertures : anciens greniers <strong>de</strong> caravaniers. Un chemin pavé, puis<br />

un escalier aérien, <strong>au</strong>x marches incertaines, consolidé par <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> soutènement. Ils furent construits<br />

par les Turcs <strong>au</strong> XIXe siècle pour permettre <strong>de</strong> gravir la falaise <strong>de</strong> grès <strong>au</strong>x multiples dégradés <strong>de</strong><br />

couleurs allant du blanc, orange, rose, rouge <strong>au</strong> grenat. Essouflés, nous atteignons Kawkaban.<br />

Visite rapi<strong>de</strong> du village dont la spécialité est la confection <strong>de</strong> paires <strong>de</strong> cise<strong>au</strong>x en laiton, à partir <strong>de</strong><br />

douilles <strong>de</strong> munitions.<br />

Nous retrouvons les véhi-cules. Sur le plate<strong>au</strong>, une piste nous amène à une aire sans trop <strong>de</strong><br />

cailloux, où nous pouvons planter les tentes.<br />

Le repas est vite expédié, car le vent est très froid.<br />

Kawkaban, vu du plate<strong>au</strong><br />

- 91 -


Lundi 15 octobre : Djebel Bokor<br />

Après le petit déjeuner, traversée du djebel vers le village <strong>de</strong> Bokor.<br />

Arrêt sur le bord <strong>de</strong> la falaise surplombant le fond du canyon et le village <strong>de</strong> Badouga.<br />

Nous quittons les véhicules pour randonner et arriver à pied, <strong>au</strong> célèbre rocher <strong>de</strong> Bokor qui domine<br />

<strong>de</strong> 400 m, Al Oudwe, dans le canyon.<br />

Nous sommes attirés par <strong>de</strong> la musique en provenance du village <strong>de</strong> Bokor. Sur la place dans un<br />

cercle <strong>de</strong> spectateurs, <strong>de</strong>s hommes éxécutent <strong>de</strong>s danses ba'ra, armés <strong>de</strong> jambiyas et <strong>de</strong> kalachnikovs,<br />

accompagnés <strong>de</strong> percus-sionnistes.<br />

Invités par les danseurs, Cl<strong>au</strong><strong>de</strong>, J.C. et Jalel, armés d'une jambiya, s'initient à la danse.<br />

Poursuite <strong>de</strong> la randonnée sur le djebel jusqu' <strong>au</strong> bord <strong>de</strong> la falaise.<br />

Dans une étroite gorge, une trace très rai<strong>de</strong>, <strong>de</strong>scend près <strong>de</strong> 300 m en direction d'une route. Le<br />

cheminement est dangereuse car encombré <strong>de</strong> rochers et d'éboulis plus ou moins gros . Surprise à mi<strong>de</strong>scente<br />

: une source.<br />

Au fond du canyon, la route où les véhicules nous atten<strong>de</strong>nt<br />

La route permet <strong>de</strong> rejoindre le village <strong>de</strong> Dourva, entouré <strong>de</strong> cultures en terrasses, presque propre<br />

par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres.<br />

Pique-nique près du village <strong>au</strong> soleil sur une terrasse, <strong>de</strong>vant une plantation <strong>de</strong> qât.<br />

Petit à petit les habitants s'approchent. Un groupe d'enfants nous apporte <strong>de</strong>s khobs, offertes par les<br />

habitants du village.<br />

Un jeune homme, plus hardi, nous abor<strong>de</strong>, c'est un instituteur, jumbiya et pistolet à la ceinture (il<br />

affirme ne pas l'avoir en classe).<br />

Le dialogue avec Jalel s'éta-blit. Nous voyant plus très jeunes, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> "d'où venez-vous,<br />

comment pouvez-vous payer ce <strong>voyage</strong> ?". Il est surpris d'appren-dre que nous sommes majoritaire-ment<br />

retraités et recevons une pension.<br />

Poursuite <strong>de</strong> la randonnée, toujours à travers <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> sorgho et <strong>de</strong> qât, rendue difficile par le<br />

franchissements <strong>de</strong> ruis-se<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x rochers glissants (dixit M<strong>au</strong>rice 2).<br />

Les nuages nous enveloppent en arrivant dans un petit hame<strong>au</strong>, près duquel, après avoir attendu<br />

dans les véhicules que la pluie cesse, le camp est établi.<br />

Pas loin <strong>de</strong> nous, un groupe <strong>de</strong> Tchèques ont établi leur camp.<br />

Après la revanche <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> belote d'hier, pour l'apéritif, les conducteurs-cuisiniers nous ont<br />

préparé <strong>de</strong>ux plats d'excellentes et croustillantes frites, sur lesquelles tout le mon<strong>de</strong> s'est jeté (bravo pour<br />

les péluches).<br />

- 92 -


Mardi 16 octobre : Bokor - Tawilah<br />

Quelle nuit !! Le vent a soufflé fort toute la nuit<br />

faisant vibrer la toile et entrer du sable dans la tente. Quand<br />

le vent a cessé, c'est le muezzin du village voisin, qui a pris<br />

le relais, pour la prière.<br />

Petite marche en direction du village <strong>de</strong> Al Tawila. A<br />

l'entrée <strong>de</strong>ux policiers ont tenu absolument à nous escorter<br />

pour la traversée du village. Sur la place <strong>de</strong>s jeunes gens,<br />

armés <strong>de</strong> leurs jumbiyas et kalachnikovs, avec balles dans<br />

le chargeur, exécutent <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> danses guerrières,<br />

rythmées par <strong>de</strong>s tambours.<br />

Sur une secon<strong>de</strong> place <strong>de</strong>s bouti-ques proposent <strong>de</strong>s<br />

vêtements, ustensiles <strong>de</strong> cuisine, malles, épices, graines<br />

diverses et parmi ces <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong>s balles <strong>de</strong> fusil, vendues<br />

<strong>au</strong> poids !!<br />

Transfert par la route, puis sur une piste en terre, cailloux et rochers pour se rendre <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> départ d'une<br />

petite randonnée.<br />

Comme toujours les flancs <strong>de</strong>s montagnes sont rayés par les terrasses <strong>de</strong>s cultures où poussent <strong>de</strong>s<br />

sorghos rouge et blanc.<br />

Le sentier nous mène à Lakamak, où nous avons l'intention <strong>de</strong> pique-niquer.<br />

Soudain, nous sommes entourés d'un groupe d'hommes, sortant<br />

<strong>de</strong> la mos-quée puis qui vont, <strong>au</strong> cours d'un repas, célébrer le<br />

"rapprochement <strong>de</strong>s familles" <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux futurs mariés. Le père du futur<br />

marié veut absolument que nous partici-pions à la cérémonie en<br />

déjeunant avec eux. Refuser <strong>au</strong>rait été mal perçu. Dans l'entrée, tout<br />

le mon<strong>de</strong> se déch<strong>au</strong>sse, <strong>au</strong>g-mentant la collection <strong>de</strong> ch<strong>au</strong>ssures.<br />

Dans une gran<strong>de</strong> salle, <strong>au</strong> sol couvert d'un be<strong>au</strong> tapis, le long<br />

<strong>de</strong>s murs blanchis à la ch<strong>au</strong>x, sont assises les familles sur d'étroites<br />

banquettes. Des places sont délimitées par <strong>de</strong>s coussins accoudoirs<br />

entre lesquels nous nous asseyons.<br />

Une gran<strong>de</strong> bâche bleue est amenée recouvrant entièrement le<br />

tapis. Pour commencer il nous est proposé un bouil-lon <strong>de</strong> légumes :<br />

shorba khodar, puis arrive une "noria" <strong>de</strong> plats alignés dans l'axe <strong>de</strong><br />

la pièce m'shakkle, mélange <strong>de</strong> légumes ; foul, haricots en ragoût ;<br />

kebdat, morce<strong>au</strong>x <strong>de</strong> foies grillés finement tranchés ; hanid,<br />

morce<strong>au</strong>x d'agne<strong>au</strong>; salta fenugrec; et <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf, dajaj,<br />

poulet rôti, du poisson, <strong>de</strong> la purée <strong>de</strong> sorgho, <strong>de</strong> lentilles ou <strong>de</strong><br />

fèves, le tout accompagné <strong>de</strong> riz. Pour se servir, <strong>de</strong>s khobs, gran<strong>de</strong>s<br />

galettes <strong>de</strong> pain dont on en déchire un morce<strong>au</strong> pour piocher dans les<br />

plats, ou <strong>de</strong>s rutis petits pains ronds. Au <strong>de</strong>ssert, <strong>de</strong>s bananes et une<br />

délicieuse pâtisserie <strong>au</strong> miel ben hassahn.<br />

Sur l'invitation <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s parents, chacun à genoux s'approche<br />

<strong>de</strong>s plats et se sert, avec la main droite. Certains on eu l'avantage d'avoir reçu <strong>de</strong>s cuillères.<br />

Au repas <strong>au</strong>cune femme yéménite n'était présente.: elles sont trop occupées en cuisine !!.....<br />

Une <strong>de</strong>mi-heure après, les plats sont retirés et la bâche repliée avec les restes du repas.<br />

Un thé à la cardamome conclut le festin.<br />

- 93 -


Reportage photographique <strong>de</strong> la cérémonie par M<strong>au</strong>rice 2<br />

Mais il est temps <strong>de</strong> partir et <strong>de</strong> poursuivre notre randonnée.<br />

En poursuivant nous arrivons <strong>de</strong>vant le curieux village "aérien" Husmetaa. <strong>au</strong>x maisons construites<br />

sur un plate<strong>au</strong> <strong>au</strong>x assises érodées et consolidées par <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> pierres.<br />

Longue <strong>de</strong>scente dans <strong>de</strong>s chemins rocailleux, avant <strong>de</strong> rejoindre les véhicules. Ceux-ci vont nous<br />

mener <strong>au</strong> village <strong>de</strong> Tawilah, où se trouve notre hébergement : Mawheet hôtel.<br />

mercredi 17 octobre : Tawilah - Sana'a<br />

Transfert par une suc-cession <strong>de</strong> longues <strong>de</strong>scentes puis <strong>de</strong>ux passages <strong>de</strong> cols, avec <strong>de</strong> magnifiques<br />

vues plon-geantes vers <strong>de</strong>s villages implantés sur <strong>de</strong>s pitons, tel Al Riyadi.<br />

Au loin, sur les crêtes, <strong>de</strong>s habitations avec en <strong>de</strong>ssous, les flancs <strong>de</strong>s montagnes sculptés en<br />

terrasse.<br />

Nouvelle vallée plantée <strong>de</strong> qât, Al Ahjoor.<br />

Traversées <strong>de</strong> villages encombrés et très animés en fin d'après-midi, c'est l'heure du qât, avant<br />

d'arriver à Shibâm. Nous déjeunons dans le même rest<strong>au</strong>rant que le samedi soir.<br />

- 94 -


Traversée d'un long plate<strong>au</strong>, puis <strong>de</strong>scente vers la qa' <strong>de</strong> Sana'a. Mais <strong>au</strong> préa-lable nous nous<br />

rendons dans le wadi Dhar, plus précisé-ment à Sûq al-Dhar, célèbre village pour la belle architec-ture <strong>de</strong><br />

style san'âni du palais Dâr al-Hajjar (le palais du Rocher) perché sur un piton <strong>de</strong> grès rouge.<br />

Ce spectaculaire et magnifique palais, semble défier la pesanteur. Il com-prend cinq étages<br />

contenant dix-sept chambres, <strong>de</strong>sservis par un escalier central. La partie la plus ancienne fut bâtie avec<br />

<strong>de</strong>s pierres noires, par l'imam Almansour Ali Ben Almahdi Abbas en 1756.<br />

En 1930, l'imam Yahya Bin Hamid Aldin y ajouta <strong>de</strong>s annexes et <strong>de</strong>s étages.<br />

Au premier étage la cuisine, avec <strong>de</strong>s avancées dans les fenêtres permet-taient <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la vian<strong>de</strong><br />

<strong>au</strong> frais .A côté un puits creusé dans plus <strong>de</strong> 20 m <strong>de</strong> rocher.<br />

Dans les étages supérieurs, les pièces se succè<strong>de</strong>nt, dont un luxueux mafrij, décoré <strong>de</strong> stucs <strong>au</strong>x<br />

arabesques raffinées et <strong>de</strong> vitr<strong>au</strong>x colorés.<br />

Poursuite <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente du<br />

plate<strong>au</strong>. Traversée <strong>de</strong>s<br />

f<strong>au</strong>bourgs, pour arriver à Sana'a,<br />

sur "le périphérique central",<br />

avant <strong>de</strong> retrouver les ruelles<br />

étroites qui mè-nent à l'hôtel Taj<br />

Shamsan.<br />

Répartition <strong>de</strong>s chambres<br />

puis nous partons dîner dans un<br />

rest<strong>au</strong>rant, avec Amada et les<br />

conducteurs.<br />

Dans le fond <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong>s<br />

familles yéménites dînent<br />

<strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s paravents, afin <strong>de</strong><br />

permettre <strong>au</strong>x femmes <strong>de</strong> se<br />

dévoiler pour se rest<strong>au</strong>rer.<br />

A la fin du repas, nous<br />

remercions l'équipe d'enca-drement pour leurs presta-tions, conduite <strong>de</strong>s véhicules, cuisine, prévenance,<br />

disponi-bilité et gentillesse.<br />

Jeudi 18 octobre : Visite <strong>de</strong> Sana'a<br />

Grâce matinée, après une nuit peu bruyante. Ce matin nous <strong>de</strong>vons visiter Dâr as-Sa'da, (le palais<br />

<strong>de</strong> la Bonne Fortune), construit en 1938, ancienne rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'imam Yahya, <strong>au</strong>jourd'hui musée<br />

national.<br />

Sur la faça<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux serpents sont sculptés, protégeant la famille.<br />

Dans l'entrée, nous sommes accueillis par <strong>de</strong>ux colossales statues en bronze, <strong>de</strong> Dharmar'Ali et <strong>de</strong><br />

son fils Ta'ran, rois <strong>de</strong> Himyar.<br />

Sur quatre étages sont présentés <strong>de</strong>s objets archéologiques et ethnologiques, <strong>de</strong>s instruments<br />

agricoles et artisan<strong>au</strong>x, <strong>de</strong>s reconstitutions d'intérieurs <strong>de</strong> diffé-rentes époques, <strong>de</strong>s maquettes retracent<br />

l'histoire du Yémen. Au <strong>de</strong>rnier étage, sont affichées <strong>de</strong>s photographies du début du XXe siècle, sous<br />

l'occupation turque.<br />

Vendredi 19 octobre : Sana'a - Paris<br />

0 h 15, il fait 16°C quand nous montons la passerelle <strong>de</strong> l'Airbus A 310. Quelques instants plus tard,<br />

il quitte le sol du Yémen.<br />

7 h 15, il fait 7°C, quand les roues <strong>de</strong> l'avion touchent le sol <strong>de</strong> l'aéroport Charles <strong>de</strong> G<strong>au</strong>lle. Après<br />

avoir longuement attendu nos bagages et échangé les "<strong>au</strong> revoir et à bientôt", agrémentés <strong>de</strong> bises,<br />

chacun rentre dans son foyer, ou presque, dans les embouteillages, du fait <strong>de</strong> la grève <strong>de</strong>s cheminots.<br />

95


Bibliographie<br />

Documentation <strong>de</strong> l'agence Sindbad <strong>voyage</strong>s<br />

Les informations verbales sur place <strong>de</strong> Jalel et Amada<br />

Le grand gui<strong>de</strong> du Yémen - Gallimard<br />

Yémen - Gui<strong>de</strong> Marcus<br />

Yémen, sur les traces <strong>de</strong> la reine <strong>de</strong> Saba - Minerva<br />

Différents sites internet<br />

Guérisseurs et plantes médicinales du Yémen - Editions Karthala<br />

Photographies <strong>de</strong><br />

- 124 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!