Recit de voyage au YEMEN - D.Michel.pdf - ADVENCES

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Mosquée Al Janad La route traverse le village de Al Qâ'îdah puis passe le col Naquîl Sayyani (2500 m). Nous quittons provisoirement la route pour une petite promenade vers le village de Jiblah, construit en gradins sur une avancée rocheuse, où se trouve l'une des plus ancienne mosquée, la "Grande Mosquée du Vendredi" édifiée en 1088, sous le règne de la reine 'Arwa. Son tombeau se trouve dans la salle de prière : l'heure étant aux prières nous n'avons pas pu entrer dans la salle. En poursuivant notre promenade guidés par une jeune et jolie Yéménite non voilée, parlant très bien le français, nous découvrons la mosquée de Jacob. A l'origine érigée comme synagogue en 1250 puis transformée en mosquée en 1500. La route descend vers Ibb, puis grimpe en lacets jusqu'au col Naqil Sumarani (2800 m). Il est, en quelque sorte, une frontière géographique et sociologique en marquant la fin du Yémen vert Al Yaman alakhdar. Beau panorama sur des champs en terrasses et des villages perchés. Traversée de Yarîm, la ville la plus haute du Yémen. La descente se poursuit pour arriver à Dhamâr, très éprouvé par le tremblement de terre de 1982. Grouillant village encombré de camions et de taxis Peugeot et Toyota, qui assurent la liaison entre Sana'a et Taïzz. La route parcourt la grande plaine centrale de Ma'bar, riche région agricole du fait du sol volcanique et d'une importante nappe phréatique. - 46 -
L'or noir du Yémen : le café Kahwa - le café L'habitat naturel et primitif du caféier, Coffea arabica, semble être le sous-bois des forêt d'altitude de l'Ethiopie, du Soudan et du Kenya. De là, il aurait été planté au Yémen au VIe siècle. Le caféier est un arbuste de 3 à 5 mètres de haut, cultivé au Yémen dans les massifs montagneux de l'Ouest entre 1000 et 2000 m d'altitude. La consommation du café s'étendit au début du XVIe siècle à toute l'Arabie puis à l'Egypte, et de là gagna Damas, Alep et Constantinople. En 1570 il débarque à Venise et se propage en Europe. Le café était transporté à dos d'ânes ou de chameaux sur une petite centaine de kilomètres, des hauts plateaux au grand marché de Beit Al Faqih puis vers le port de Mokha. Cette ville s'est développée grâce au commerce du café. Les Hollandais, les Anglais et les Français commencèrent à fréquenter Mokha. Seul subsiste de cette époque le nom de Moka, donné au breuvage à base de grains de café yéménite et à un gâteau. En France le café resta un médicament détenu par les apothicaires jusqu'au jour où l'ambassadeur ottoman le présenta à Louis XIV. Il devint une boisson à la mode. Au fur et à mesure de son expansion en Europe, la demande croissant, les Yéménites veillaient à ce qu'aucun plant ne quitte le pays. En 1690, des marins hollandais, déjouant la surveillance des Yéménites, réussirent à subtiliser un plant de caféier. Ils l'introduisirent à Ceylan puis en Indonésie. La culture se développa si rapidement qu'une dizaine d'années après la production asiatique dépassa celle du Yémen. La forte production de l'Asie et de l'Amérique du Sud concurrença le café du Yémen, la belle prospérité de Mokha s'évanouit. En 1712 un pied fut donné par le Yémen à la France, à partir duquel on obtint trois plants qui furent envoyés aux Antilles. Un seul survécut et fut à l'origine d'une descendance en Guadeloupe, Martinique, Guyane et Saint-Domingue. Un autre plant fut livré à la Réunion, origine de tous les cafés d'Amérique centrale et australe. L'éthymologie du mot café serait emprunté au mot arabe qahûa. Le Yéménites consomment également l'écorce du café sous forme d'infusion, parfumée au gingembre, à la cannelle, à la cardamome ou avec un clou de girofle, nommée qishr . - 53 -
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