Légendaire de la Morinie - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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chùleau-forl, très-élevé, bâti depuis longues années par
le seigneur de celte terre- Un fossé large et profond entourait
ce château qui n'avait de communicalioa avec le reste
du village que par un pont soutenu sur des poutres de distance
en distance, appuyé d'une pari au bord extérieur du
fossé , et de l'autre au rempart même de la forteresse , où
l'on ne pouvait ainsi pénétrer qu'après avoir monté le long
de ce pont disposé en pente. Le pontife était logé dans ce
château avec sa suite nombreuse el vénérable. Après avoir
imposé les mains et administré l'onction fortifiante du
chrême sacré à une grande foule de peuple dans l'église et
dans le parvis, iJ retourna à ce lieu de son logement pour
changer d'habits, parce qu'ilavaitensuile à bénir un cimetière
destiné à recevoir les corps des fidèles. Comme il descendait
du château et qu'il était vers le milieu du pont,à une
hauteur de trente-cinq pieds au moins, il s'arrêta pour un
motif quelconque ; il était alors entouré d'une troupe de
peuple qui le précédait et le suivait, l'accompagnait à sa
droite et sa gauche. Tout-à-coup le pont fléchit, se brise,
et au milieu d'un craquement horrible et d'un nuage de
poussière tout ce peuple est précipité dans le fossé avec son
évêque. Ici se présente à mon esprit le naufrage de l'apôtre
saint Paul, quand Dieu accorda à ses prières la vie de toutes
les personnes qui étaient avec lui. De même en fut-il
celte fois ; car malgré le pêie-mêle de tout le monde , malgré
la chute des poutres, des planches et de tant de matériaux
de construction, personne ne fut blessé; et luimême,
le visage toujours aimable et gai, n'ayant de l'eau
que jusqu'aux genoux r se débarrassa , rendit grâces à Dieu,
et s'écria : le Diable a voulu empêcher l'œuvre de Dieu ,
mais il ne prévaudra pas, car Dieu est toujours avec nous ;
puis , sans s'arrêter un instant, il alla bénir le cimetière.
vi r.
Sa dernière maladie ; sa mort.
Il eut beaucoup à souffrir pendant les trois dernières années
de sa vie. Il était chaque jour témoin de choses qu'if
ne pouvait voir sans une extrême douleur. Car après la mort
du glorieux serviteur de Dieu , Je marquis Charles (Charlesle-Bon
, comte de Flandre et martyr) , la terre fut abandonnée
aux mains de l'impie , selon ce que dit l'Ecriture.
Il n'y avait plus que vols et brigandages , fraudes el parjures,
pillages el incendies, homicides et combats. Tout
cela affligeait profondément le cœur si plein de charité de
notre bon Père.
Deux mois avant sa mort, il commença à éprouver un