Petits écrits pour faire parler l'inconscient
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… de lampe<br />
… destal<br />
Qu’ont-ils tous avec le pied ? Bob est assis sur la chaise longue en caleçon de bain.<br />
Sa large voûte plantaire me regarde. Tiens donc, on dirait qu’il a un grain de beauté<br />
à l’orée du talon. Son gros orteil gigote. C’est incroyable comme il manie bien son<br />
orteil. Bob a le pied fort et velu, terriblement velu sur le dessus. Il n’a jamais<br />
d’ampoule. Cette extrémité de son corps ressemble à un gros haricot blanc<br />
rembourré et conçu <strong>pour</strong> la marche. Ils ne sont pas bien beaux. Ils sont même<br />
franchement laids. Mais comme je l’envie. Avec des pieds pareils, comme ma vie<br />
serait différente ! Le sol ne serait plus si dur ni si cassant. Les chemins seraient<br />
sinon plus courts, tout du moins plus agréables.<br />
Alors, tout doucement, sur la pointe des pointes, je m’approche de la chaise longue<br />
où somnole Robert et je lui baise ses deux gros petons. Robert sursaute : « Tu vas<br />
arrêter de me casser les… ! ... Je dors. »<br />
Valérie<br />
Quel pied ! Mais pas beaucoup d’idées. Pourtant le pied, ça doit être vraiment très<br />
bien puisqu’on adore le prendre. Quelle drôle d’expression ! Finalement, c’est<br />
assez étonnant comme partie du corps. On regarde les pieds de quelqu’un, et déjà<br />
on a toute une évocation de cette personne. Si je vous dis des tous fins dans des<br />
talons aiguilles, vous voyez quoi ? Et des plats dans des sandales en cuir ? Et ceux<br />
dans les Converse ? Les sabots ? Les Weston ?<br />
Chacun sa façon de se relier à la terre, de marquer son empreinte dans la terre.<br />
Mais le mieux n’est-ce pas d’aller pieds nus dans le sable, sur une pelouse épaisse,<br />
sur un parquet doux et chaleureux ? Quelle plus belle manière de trouver les<br />
sensations de notre pesanteur légère ? Pourquoi chercherait-on à marcher sur des<br />
braises, des clous, des tessons de bouteilles ? Certes, le pied peut être fragile<br />
parfois, mais il faut lui <strong>faire</strong> confiance <strong>pour</strong> nous amener à bon port.<br />
Véronique<br />
J’ai longtemps détesté les pieds. Je les trouvais laids, quelque peu dégoûtants<br />
même, souvent difformes, pas toujours bien propres, déformés, calleux, velus,<br />
griffus, plats ou cambrés à outrance. Le pire, ce sont les orteils, maigres ou<br />
charnus, courts ou très longs comme des pattes d’araignée, avec leurs ongles<br />
atrophiés ou épaissis, ligneux, jaunâtres, bosselés… rarement roses, vous voyez ce<br />
que je veux dire.<br />
Je ne supportais pas non plus que quiconque me touchât les pieds, c’était<br />
insupportable, comme un viol, sans oublier les chatouilles sous la plante, torture<br />
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