Petits écrits pour faire parler l'inconscient

L’instant fugace d’une blancheur passagère.
Ça me fait penser à Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même
fleuve… »
La vraie neige c’est celle qu’on ne voit pas.
C’est une neige de joie, de gaieté et de rire à laquelle nous invite le texte de
Valérie. « La montagne est magnifique », nous dit-elle. Une neige pure qui éveille
les souvenirs d’enfance, là où l’innocence est encore possible. Flocons, boules et
bonshommes évoquent la magie de la vie.
La virginité de la neige invite à lever les yeux vers le ciel, à percer son mystère.
Nicolas escalade les pentes neigeuses en laissant néanmoins son empreinte dans
cette étendue virginale. Une manière d’imprimer sa trace et de relever le défi de
l’idéalité tout en se confrontant au danger de l’escalade. La neige glacée,
silencieuse et indifférente, recouvre et étouffe aussi la réalité colorée du monde.
Cette angoisse de l’étendue virginale inspire Camille qui nous plonge dans un
paysage mortifère à tous égards : une cheville cassée, un cimetière qui ouvre ses
portes, une ville qui se tait. Le blanc, symbole de pureté originelle, demeure
inaccessible. En Orient, le blanc est d’ailleurs la couleur du deuil. La neige
joyeuse du texte de Valérie devient la neige de la mort.
La neige est certes un phénomène climatique naturel et pourtant, là encore, la
charge symbolique l’emporte et révèle, par associations, la manière dont chacun
se confronte à cette virginité quasi inhumaine.
José essaie d’éviter cette sombre attraction : « Une image de pureté à laquelle je
tente de résister. » Sous ce « elle a dit neige », il aurait pu entendre : « elle a dit
mort ». Il dévie le propos sur l’eau et son principe de transformation associant
ainsi la neige au cycle de la nature. Il y a incontestablement dans la neige le
symbole de la fragilité de la condition humaine, du temps qui passe, de la vieillesse
et ce quelque chose qui un jour se fige et nous glace.
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