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Petits écrits pour faire parler l'inconscient

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ne veux plus entendre, parce qu’ils sont glacials, les mots de tous les jours, de ceux<br />

qui font mal et qui exaspèrent, et qui font honte, et qui me donne envie de me<br />

cacher, de me noyer dans mon fleuve qui gonfle, et qui gonfle, et qui grossit, enfle,<br />

prend une telle ampleur qu’il va tout ravager sur son passage.<br />

Je déborde. Je résiste de moins en moins. Je fatigue, je suis épuisée, dégoûtée,<br />

anéantie, je me laisse submerger et je tente de sortir la tête de l’eau, <strong>pour</strong> respirer,<br />

et je lutte, je me bats, j’agite les bras dans tous les sens au point de <strong>faire</strong> tomber les<br />

amas célestes qui m’entourent et je les entends se briser sur le sol indifférent et je<br />

me dis que tout ceci est bien terrible, bien dommage, ou bien bête.<br />

Je déborde. Je ne résiste plus. À quoi bon ? Mais une sorte de culpabilité sournoise<br />

m’envahit alors. Qu’est-ce que c’est que ça ? Tu ne te bats plus ? Tu te laisses<br />

envahir ? Tu laisses tomber ? Ah, je laisse tomber. Oui, peut-être. Et après tout,<br />

<strong>pour</strong>quoi pas. Pourquoi ne pas laisser la digue rompre, <strong>pour</strong>quoi ne pas laisser le<br />

flot tout recouvrir, perdre pied quelques instants, cesser de respirer, et mourir d’une<br />

petite mort, laisser les eaux tout dévaster, tout purifier. Allons-y gaiement. Youpi !<br />

Soyons fous ! Faisons place au déluge et attendons de voir ce qui poussera ensuite,<br />

quand le soleil aura tout asséché.<br />

Valérie<br />

Çà déborde… et ça ne m’inspire pas. C’est trop plein, il y a trop de choses à dire,<br />

alors on dépasse le temps de l’intervention. La page blanche est trop petite ou<br />

l’écriture trop grosse alors on arrive en bas et… dommage, il manque juste assez de<br />

place <strong>pour</strong> les deux derniers mots. Et tout pareil avec les activités, le travail… je<br />

suis débordée… surtout j’ai envie de trop de choses… enfin, petit à petit, les choses<br />

se recentrent, les vieux trucs encombrants finissent à la poubelle et n’encombrent<br />

plus les placards, l’essentiel apparaît et le superficiel ne déborde plus de toutes<br />

parts, l’énergie s’équilibre, dedans et dehors.<br />

Jean-Paul<br />

« L’inconscient ne déborde pas vraiment dans cette af<strong>faire</strong> », ruminait-il en<br />

regagnant son domicile au sortir de chez son psy dans l’embouteillage chaotique<br />

provoqué sur les quais par la crue du fleuve. La Seine avait à nouveau envahi les<br />

voies sur berges, mais pas plus que les autres rivières du pays qui semblaient s’être<br />

donné le mot <strong>pour</strong> déborder toutes en même temps en ce printemps tardif aussi<br />

arrosé que l’hiver avait été froid. La séance avait comme souvent tourné à l’analyse<br />

obsessionnelle du rêve de la nuit passée, sans aucune association d’idées<br />

surprenante ni <strong>pour</strong> lui ni <strong>pour</strong> son analyste, rêve qui d’ailleurs tournait lui-même<br />

autour d’une casserole de lait abandonnée sur le feu, et qui, en débordant, l’avait<br />

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