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Morphine - Kétamine - Adrénaline - Urgence Pratique

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<strong>Morphine</strong> - <strong>Kétamine</strong> -<br />

<strong>Adrénaline</strong><br />

La sainte trinité dernier rempart<br />

avant l’éternité<br />

Frédéric GRECO et Philippe OLIVIER<br />

Enfin ! L’anesthésique idéal est à notre disposition, le<br />

laboratoire Parkes Davis vient de le commercialiser tout<br />

récemment.<br />

En bref, c’est un inhibiteur des récepteurs au NMDA, d’action rapide et courte, utilisable<br />

par voie veineuse, intramusculaire, orale, nasale et intra rectale. Seule la voie percutané<br />

fait défaut. Sa marge thérapeutique est égale à 750 fois la dose préconisée. Il ne<br />

déprime pas la fonction respiratoire aux dose habituelles, il préserve la liberté des voies<br />

aériennes, la saturation en oxygène reste en permanence, à l’air libre au dessus de 90%,<br />

ce qui peut dispenser de l’utiliser avec de l’oxygène. Il présente l’avantage de maintenir<br />

la tension artérielle, dans les conditions habituelles, par un effet sympathico mimétique à<br />

l’induction. C’est le seul hypnotique à augmenter la tension artérielle, il est donc<br />

recommandé pour le préhospitalier. Pour finir, il possède une action antalgique<br />

puissante qui, combinée à ses propriétés hypnotiques et amnésiantes, en font<br />

l’anesthésique idéal.<br />

Tout cela vous paraît trop beau, vous pensez que j’exagère ? Non ce n’est que la stricte<br />

vérité !<br />

Alors il doit être hors de prix, réservé aux anesthésistes et en phase d’expérimentation ?<br />

Que nenni, c’est l’anesthésique le moins cher, le plus utilisé dans le monde, et la plupart<br />

du temps par des infirmiers ou des chirurgiens. C’est vous dire si il est simple


2 sur 7<br />

d’utilisation !<br />

J’espère que vous avez trouvé l’erreur : ce produit n’est pas si récent que cela, en effet,<br />

il date de 1970, et c’est la kétamine, nous pourrions faire snob en disant qu’il s’agit de la<br />

S (+) kétamine.<br />

Voyons différents cas de figures courantes en préhospitalier (enfin je ne vous le<br />

souhaite pas !).<br />

Vous prenez en charge une personne de 70 ans qui, en sortant de l’église (c’est<br />

samedi soir), a été percutée par une voiture, elle présente une fracture ouverte de la<br />

jambe gauche, avec une angulation de 90 degré entre les deux fragments. Elle hurle de<br />

douleur, les Sapeurs-Pompiers déjà sur place vous demande de faire quelque chose<br />

pour le relevage, un infirmier habitant en face a déjà perfusé la malheureuse victime.<br />

Soucieux de faire des économies de santé vous tirez "a sec" sur le membre pour le ré<br />

aligner. Bravo ! Elle fait un malaise vagal, perd connaissance et vous pouvez maintenant<br />

la coquiller sans un cri ! En admettant que vous ayez une rallonge sur le budget une<br />

autre option s’impose : 1 mg/kg de kétamine (ou Kétalar® pour les amis) IV entraîne une<br />

sédation et une analgésie vous permettant de réaligner le membre et de brancarder la<br />

patiente jusqu’à l’ambulance. La rapidité de la technique, le maintien de la liberté des<br />

voies aériennes avec une ventilation conservée, ainsi que la stabilité tensionnelle,<br />

pratiquement quelles que soient les lésions associées, en fond la technique de choix.<br />

20 minutes après, votre patiente se plaint à nouveau d’avoir mal à la jambe, le reste de<br />

votre examen est normal, pour calmer cette douleur vous avez deux choix : la morphine<br />

en titration (2 mg IV toutes les 5 minutes jusqu’à sédation de la douleur), ou kétamine IV<br />

0,25 à 0,5 mg/kg. On pourrait leur associer du prodafalgan, 2 grammes en IV lent pour<br />

le relais.<br />

Eh oui, la kétamine est un analgésique puissant à partir de 0,25 mg/kg, mais de courte<br />

durée d’action (environ 30 minutes).<br />

Rentrant tranquillement à la caserne vous êtes appelé pour prendre en charge un<br />

brûlé grave, suite à une tentative d’autolyse. A votre arrivée vous êtes saisi par cette<br />

odeur caractéristique de chair brûlée, (celle qui résiste aux douches itératives). Devant<br />

vous un homme, de 50 ans environ, est maintenu, par deux SP, sur le brancard<br />

réglementaire sous une couverture élimée et cramée par endroit. Vous le chargez dans<br />

le VSAB, et tentez de le déshabiller. Il dit avoir mal, très mal. A l’examen il semble brûlé<br />

sur une grande surface, vous cherchez une veine périphérique pour le calmer mais vous<br />

n’en trouvez pas. Que faire ?<br />

Droleptan® IM ? Non c’est pas l’idéal (et puis c’est désormais interdit). <strong>Morphine</strong> sous<br />

cutané ? Pourquoi pas, mais cela va prendre du temps avant de faire effet ! Le plus<br />

simple et le plus rapide reste la kétamine IM 5 mg/kg, soit en moyenne une ampoule de<br />

250 mg IM pour un adulte. Cette injection va entraîner dans la minute qui suit une<br />

analgésie parfaite avec un patient sédaté, ce qui va vous permettre soit de ne rien faire<br />

d’autre, hormis de lui apporter de l’oxygène au masque facial et de l’amener rapidement<br />

à l’hôpital, ou de prendre votre temps pour trouver dans de meilleures conditions une<br />

voie veineuse périphérique.<br />

Fort de cette lecture vous décidez d’utiliser la kétamine lors de votre prochaine<br />

intervention. La voilà ! Un jeune homme de 18 ans pesant 60 kg présente une fracture


3 sur 7<br />

de la jambe associée à une fracture du poignet très douloureuse malgré l’immobilisation.<br />

Après l’avoir perfusé, vous lui injectez 0,5 mg/kg IV, soit 30 mg de kétamine. Il dit ne plus<br />

être algique puis lève ses deux bras vers le ciel et demande à qui sont ces mains. Il ne<br />

comprend pas ce qui se passe et se dit angoissé !<br />

Je crois que j’ai oublié de vous dire que la kétamine est très proche chimiquement du<br />

LSD (comme elle c’est un dérivé de la phencyclidine), elle peut donc entraîner un état<br />

dissociatif, qui dure peu de temps (30 minutes), et cède à l’injection d’une<br />

benzodiazépine type Hypnovel® ou Valium®. Vous lui injectez donc 2 mg IV<br />

d’Hypnovel®, vous le rassurez et tout rentre dans l’ordre.<br />

La kétamine a été délaissée, en anesthésie réglée, pour la mauvaise qualité des réveils<br />

qui étaient émaillés de cauchemars et de sensation dissociatives. La kétamine est<br />

actuellement réservée, au bloc opératoire, pour l’induction d’un patient en état de choc.<br />

Il faut noter que la kétamine est appelée "vitamine K" dans certains milieux et utilisée<br />

comme le LSD. Il faut aussi noter que dans une équipe de chercheurs en psychologie,<br />

qui utilisaient la kétamine sur eux mêmes pour des expériences dissociatives, il y eu 2<br />

suicides ! (vous me direz que faire psychologie est déjà en soit un facteur de risque, alors<br />

avec des vitamines cela le multiplie).<br />

Malgré ce, elle reste la molécule idéale pour le préhospitalier, l’essentiel étant de<br />

maintenir une tension compatible avec la survie, le réveil ne constituant pas notre<br />

préoccupation immédiate.<br />

Vous prenez en charge un homme de 50 ans alcoolique chronique pour une brûlure<br />

du 2ème degré étendue. Vous lui faites 30 mg de kétamine IV pour l’analgésie, et 5 mg<br />

de Valium® IV pour éviter les "raves parties". Deux minutes après il entre dans une<br />

fureur clastique. Bravo ! Il fait un mauvais "trip" (expérience hallucinogène pour les non<br />

anglophone). Pas de panique, soit vous l’endormez à la kétamine IV 2 mg/kg, puis<br />

prenez le relais avec du Valium® pour préparer son réveil, soit d’emblée vous faites de<br />

l’Hypnovel® 5 à 10 mg IV pour le calmer.<br />

Les sensations dissociatives arrivent aux concentrations sanguines sub anesthésiques,<br />

pour de faibles doses ou au réveil. Tout cela est du au mode d’action de la kétamine, qui<br />

entraîne une inactivation des zones corticales en maintenant l’activité des zones sous<br />

corticales. De ce fait les zones sous corticales reçoivent les informations de l’extérieur<br />

(signaux auditifs, visuels, kinesthésiques), mais les zones corticales, si elles ne sont pas<br />

complètement inhibées les analysent de façon erronée. Il faut donc abolir totalement la<br />

conscience en augmentant la dose de kétamine ou utiliser un produit qui va aussi<br />

inhiber les structures sous corticales : ce que font tous les autres anesthésiques. Le<br />

Valium® et l’Hypnovel® sont les molécules le plus souvent associées.<br />

Cette absence d’inhibition des structures sous corticales explique ce type d’anesthésie<br />

dissociative, avec respect de la fonction cardiaque et respiratoire par intégrité des<br />

centres bulbaire. L’action analgésique, quant à elle, est en grande partie due à une<br />

action au niveau de la moelle épinière.


4 sur 7<br />

Vous prenez en charge un homme de 18 ans victime d’un accident de moto (eh bien<br />

vous portez la poisse, vous !), il présente un traumatisme crânien isolé avec un Glasgow<br />

à 7, une FR à 8 par minute avec encombrement des voies aériennes, une FC à 85 et une<br />

TA à 150/70 (si je vous jure !). Il a une minerve, de l’oxygène, un cardio-scope et une<br />

voie veineuse. Vous êtes à 40 minutes de l’hôpital, l’hélicoptère ne peut décoller du fait<br />

du mauvais temps que faites-vous ?<br />

Malgré son Glasgow à 7 vous ne vous sentez pas de faire un geste que vous ne<br />

maîtrisez pas, vous lui mettez une canule de Guedel, vous le positionnez en PLS dans<br />

le coquille et vous allez aux urgences. Bien, primum non nocere, ceci est une solution.<br />

Vous salivez (tiens cela aussi est un effet secondaire de la kétamine), et vous vous jetez<br />

sur l’intubation son score de Glasgow étant inférieur à 8. En mettant le laryngo vous<br />

constatez un certain rejet de votre geste, il va donc falloir l’endormir, oui mais avec<br />

quoi ?<br />

En l’absence de curare et de compétence particulière, la kétamine est le produit le plus<br />

sûr et le plus simple. Mais il faut dire que la kétamine augmente la tension<br />

intracrânienne, vous êtes donc en présence d’une contre indication classique de la<br />

kétamine. Et pourtant c’est du Kétalar® que nous allons utiliser (pour limiter la réponse<br />

hypertensive du Kétalar®). Nous commençons par injecter 5 mg IV d’Hypnovel® puis 1<br />

mg/kg de Kétalar® IV. Trente seconde après on essaie doucement d’exposer la glotte, si<br />

vous la visualisez bien vous intubez, éventuellement en repoussant 1 mg/kg de Kétalar®<br />

pour approfondir l’anesthésie et l’intuber dans de très bonnes conditions.<br />

Si par contre vous ne visualisez pas la glotte au premier essai, la prudence vous<br />

recommande de revenir à la première solution : PLS et transport. Ainsi en ayant procédé<br />

par étapes vous avez toujours la possibilité de revenir en arrière, vous n’êtes jamais<br />

délétère et vous gardez votre patient en ventilation spontanée.<br />

Si par contre l’intubation a été un franc succès (ce dont je ne doute pas), vous effectuez<br />

l’entretien de l’anesthésie avec des re-injections de Kétalar® 50 mg toutes les 10<br />

minutes, ou par une perfusion continue à la dose de 2 mg/kg/h. Rien ne vous empêche<br />

d’utiliser maintenant le bon vieux Gamma OH®.<br />

Si ce même jeune homme présente au ramassage une hypotension à 95/50 et un pouls<br />

à 95, c’est qu’il saigne et dans ce cas il faut impérativement augmenter la tension pour<br />

maintenir une pression de perfusion cérébrale adéquate, la TA systolique optimale se<br />

situant aux alentour de


5 sur 7<br />

120 mmHg de systolique (com-me l’ATMU® le crie à qui veux l’entendre !).<br />

La kétamine est dans ce cas la drogue de choix pour l’intubation, par ces propriétés<br />

hémodynamique.<br />

Sortant de votre VRM, vous sentez battre votre cœur à l’odeur de l’huile de vidange<br />

qui se répand sur la chaussée et au crissement du verre brisé sous vos rangers, vous<br />

pressentez un patient incarcéré. Il s’agit d’une femme de quarante ans effectivement<br />

incarcérée, elle présente une fracture des deux jambes, ses pieds sont coincés dans les<br />

pédales, sous le choc son dossier a basculé vers l’arrière, et elle se plaint de lombalgies<br />

intenses. Le pavillon de la voiture est déformé et vous empêche d’avoir un accès facile à<br />

la patiente. Le véhicule de désincarcération arrive juste.<br />

Oxygène, scope, voie veineuse et après ? Vous en avez pour 30 minutes de<br />

désincarcération dans des conditions difficiles. Le plus confortable pour tout le monde<br />

est une sédation au Kétalar® 1 mg/kg, avec ré-injection à la demande, soit en moyenne<br />

toute les 10 minutes. Vous êtes surpris par le fait que la patiente garde les yeux ouverts<br />

et même cligne des yeux, mais ne répond pas quand vous lui parlez. C’est toujours la<br />

même histoire dissociative. Pendant la désincarcération elle présente un stridor, ne vous<br />

inquiétez pas, c’est un effet de la kétamine. Il faut vérifier la liberté des voies aériennes<br />

et repositionner la tête si besoin, sinon, si l’air passe bien, ne vous en préoccupez pas,<br />

l’augmentation de tonus des muscles laryngés n’a en général pas de conséquence.<br />

La désincarcération est maintenant finie. La patiente recouvre doucement ses esprits<br />

dans le VSAB, elle ne se plaint pas de douleur au cours du transport.<br />

Le centre 15 vous fait partir pour un état de mal asthmatique. A votre arrivée il est assis,<br />

ne peut plus parler, est cyanosé, en sueurs, présente des troubles de la conscience et<br />

un pouls paradoxal. Bref pour ceux qui n’ont pas compris, cela va mal. La TA est à<br />

120/70 pour une FC de 120.<br />

Vous l’oxygénez, le scopez, mettez en place une voie veineuse et passez du salbutamol,<br />

et après ?<br />

Vous décidez de l’intuber devant la dégradation rapide de la conscience. Oui mais avec<br />

quoi ?<br />

Hypnovel® et Kétalar®. La kéta-mine est broncho dilatatrice, et est indiquée devant ce<br />

tableau de tamponnade gazeuse. Donc 2 mg d’Hypnovel® IV puis 1 mg/kg de Kétalar® ,<br />

vous respectez la position assise, vous jetez un coup de laryngo et voyez la glotte, vous<br />

repoussez un mg/kg de Kétalar® et vous l’intubez, après vous vous débrouillez seul !<br />

(remplissage, adrénaline, petit volume, basse fréquence, heliox, hypercapnie permissive,<br />

Forène® curare et magnésium sont les mots clefs).<br />

Ayant brillamment réussi à vous sortir du piège précèdent, vous prenez en charge<br />

une fille de 22 ans épileptique connue qui convulse depuis deux heures. Dormant sur un<br />

matelas de première qualité, son fiancé ne s’était rendu compte de rien, jusqu’au<br />

moment ou elle lui a uriné dessus. Vous l’oxygènez, la scopez et mettez une voie<br />

veineuse périphérique. Vous lui injectez 10 mg de Valium® : sans effet. Vous refaites 10<br />

mg : toujours pas de résultat. Vous décidez de l’endormir. Pas avec la kétamine quand<br />

même ? Mais si ! La kétamine est un excellent anti épileptique. Cependant il est évident<br />

que la drogue de choix est ici le penthotal, mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui !


6 sur 7<br />

En visite à l’hôpital vous allez au bloc opératoire voir un de vos amis anesthésiste<br />

réanimateur. Il doit conduire l’anesthésie d’un homme de 30 ans pour une<br />

ligamentoplastie du genou, vous lui demandez de vous laisser faire. Vous faites 5 mg<br />

d’Hypnovel® et 1 mg/kg de Kétalar®, vous mettez votre laryngoscope et vous voyez la<br />

glotte fermée, vous essayez de le ventiler : impossible. N’ayez pas peur vous êtes devant<br />

un laryngospasme (vous avez 3 minutes avant le procès), il faut approfondir l’anesthésie<br />

et éventuellement le curariser.<br />

La kétamine maintient la liberté des voies aérienne et chez un sujet en pleine forme, ce<br />

qui est le cas, 1 mg/kg est une dose insuffisante pour inhiber les réflexes des voies<br />

aériennes. Il faut faire d’emblée 2 mg/kg et associer des morphiniques et de l’Hypnovel®,<br />

voire un curare. Cette exemple a pour but de montrer que l’anesthésie en préhospitalier<br />

se fait sur des patient présentant une détresse souvent vitale, donc aux défenses<br />

affaiblies, ce qui est rarement le cas au bloc opératoire.<br />

J’espère que ces quelques exemples véridiques vous on convaincus de l’intérêt pour<br />

notre pratique préhospitalière d’une molécule maniable, analgésique, amnésiante,<br />

sédative, et hypnotique, qui vous permet des conditions d’intubation de bonnes qualités<br />

en toute sécurité. Elle est a votre disposition par le biais des pharmacies des hôpitaux<br />

alors n’hésitez plus.<br />

Docteur Philippe OLIVIER<br />

Urgentiste<br />

Docteur Frédéric GRECO<br />

Anesthésiste<br />

fgreco@m6net.fr<br />

PS : Qu’attendre de l’énantiomére S(+) de la <strong>Kétamine</strong> ? Il est 3 fois plus puissant que le<br />

mélange racémique (R(-) kétamine + S(+) kétamine), utilisé à moindre dose il a une<br />

durée d’action plus courte avec moins de phénomènes hallucinatoires. Nous attendons<br />

de pouvoir l’utiliser pour vous en parler plus longuement.<br />

Medicina schola / I er Legio Romana Nemausus<br />

Une flêche dans la cheville, morphine sous cutané et évacuation,<br />

Une flêche dans le ventre, morphine sous cutané et évacuation,<br />

Une flêche dans le thorax, morphine sous cutané et évacuation,<br />

Une flêche dans le bras, morphine sous cutané, garrot et évacuation,<br />

Une flêche dans la tête… euh laissez moi deviner Chef !


7 sur 7<br />

Alors une flêche dans la tête, morphine et évacuation. Chef !<br />

Je fus donc paré à prendre en charge toutes les urgences de guerre, mais de<br />

guerre je n’en fis point, je fus donc libérable et libéré.<br />

Armé de cet enseignement magistral je vissais ma plaque au fin fond d’un<br />

quartier borgne où les visionnaires autochtones ne cessaient d’espionner mes<br />

compétences.<br />

Malgré cette animosité vicinale je me décidais pour aller visiter une patiente qui<br />

venait de tomber dans les escaliers, je n’eu pas de mal pour la trouver , un cri<br />

comme une trace m’indiquait le chemin à suivre. Elle était là allongée au bas<br />

de cette rude pente formée par les marches gluantes .<br />

Sa douleur venait de son pied replié sur sa jambe comme une lame de canif<br />

mal rentré dans son manche, elle me suppliait de la délivrer de cette<br />

déformation. Je pris donc son pied entre mes deux mains et d’un mouvement<br />

décidé et régulier je réduisais cette luxation péronéo tibio astragalienne et<br />

l’immobilisait à l’aide de prospectus et de sparadrap. L’effet fut saisissant le<br />

silence éclatât dans la cage d’escalier et là la foule se fit, ils voulaient tous<br />

toucher le miracle !<br />

Vite pour faire honneur au chef j’injectais 10 mg de morphine en sous cutanée<br />

et fis venir une ambulance pour assurer le transport vers les rayons salvateurs.<br />

La sirène charmant les gens j’en profitais pour m’éclipser, je ne tenais pas<br />

après ce prodige à ce qu il m’amènent leurs morts pour les ressusciter !<br />

Ainsi il était apparu que malgré tout mon savoir (cf leçon du chef ) l’important<br />

en traumatologie était de réduire et d’immobiliser, Sans oublier … la morphine<br />

Chef !<br />

Desiderius Diafoirus<br />

fgreco@m6net.fr

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