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Philippe BRUNNER - EPHE

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MINISTERE DE LA JEUNESSE, DE L’EDUCATION NATIONALE<br />

ET DE LA RECHERCHE<br />

ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES<br />

Science de la vie et de la Terre<br />

MEMOIRE<br />

présenté<br />

par<br />

<strong>Philippe</strong> <strong>BRUNNER</strong><br />

pour l’obtention du diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes<br />

APPROCHE PALEOPATHOLOGIQUE DE LA<br />

SPHERE O.R.L.<br />

Application à une série anthropologique<br />

de l’Antiquité tardive<br />

(Le Clos des Cordeliers à Sens, IV ème -VI ème ap JC)<br />

Soutenu le 11 juin 2005 devant le jury suivant :<br />

-M. Jean-Pierre PEYPOUQUET: DE <strong>EPHE</strong> Bordeaux 1 - Président<br />

-M. Henri DUDAY: DE <strong>EPHE</strong> et DR1 CNRS Bordeaux 1- Directeur du mémoire<br />

-M. Olivier DUTOUR: PU Université de la Méditerranée Marseille<br />

-Mme Dominique CASTEX: CR1 CNRS Bordeaux 1<br />

-Mme Isabelle CARTRON: MC Bordeaux 3<br />

Laboratoire de : Paléoanthropologie Directeur : Henri DUDAY h.duday@anthropologie.u-bordeaux1.fr<br />

<strong>EPHE</strong> (Sciences de la Vie et de la Terre)<br />

Université de Bordeaux I – UMR 5809<br />

Avenue des Facultés 33405 TALENCE<br />

ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 1


RÉSUMÉ :<br />

SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE<br />

APPROCHE PALEOPATHOLOGIQUE<br />

DE LA SPHERE O.R.L.<br />

Application à une série anthropologique<br />

De l’Antiquité tardive<br />

(Le Clos des Cordeliers à Sens, IV ème -VI ème ap JC)<br />

<strong>Philippe</strong> <strong>BRUNNER</strong><br />

11 juin 2005<br />

La pathologie O.R.L. n’a pratiquement jamais été abordée de façon globale et systématique<br />

dans la recherche sur des séries de squelettes anciens provenant de fouilles archéologiques.<br />

Certaines de ses affections ont donné lieu à publications, alors que pour d’autres tout reste à<br />

faire.<br />

Nous avons développé un protocole d’examen simple, et facile à mettre en œuvre quelle que<br />

soit la série anthropologique étudiée, et qui permette de passer au crible toutes les pathologies<br />

pouvant laisser des traces au niveau de l’os, pathologies que nous avons décrites et répertoriées dans<br />

les rappels cliniques.<br />

Une série de tableaux sur lequels sont colligés tous les résultats, permet in fine de visualiser<br />

un état de santé global de la population étudiée. Ils pourront être utilisés dans l’avenir pour une<br />

analyse statistique.<br />

Notre série d’étude, particulièrement homogène, puisqu’il s’agit d’une sépulture de catastrophe<br />

liée à une crise de mortalité due à la plus ancienne épidémie de peste authentifiée par les analyses<br />

paléobactériologiques, se situe entre les IVème et VIème siècles (datation radiocarbone ; Ly-8001),<br />

elle comprend 36 blocs crânio-faciaux.<br />

Nous avons découvert un important panel de pathologies, de malformations, et de variations<br />

anatomiques, au sein duquel prédominent les problèmes maxillo-dentaires.<br />

Nous décrivons ensuite des infections otologiques, et plusieurs cas d’hyperostose poreuse<br />

venant confirmer un état sanitaire d’ensemble plutôt médiocre. Nous rapportons ensuite de<br />

nombreuses anomalies restant à interpréter, et qui vont constituer l’ébauche d’une base de données.<br />

Un cas très intéressant de malformation mandibulaire à type d’agénésie condylienne<br />

unilatérale est décrit. Il s’inscrit dans le cadre actuel des microsomies hémifaciales ; deux cas<br />

seulement sont publiés dans la littérature paléopathologique.<br />

MOTS-CLES :<br />

Paléopathologie, O.R.L., oto-rhino-laryngologie, agénésie condylienne mandibulaire, microsomie<br />

hémifaciale, Sens (Yonne, France), mastoïdite, sinusite, otite, abcès dentaire, fistule buccosinusienne,<br />

déviation septale, osselets, Concha bullosa, Cribra orbitalia, Meatus acusticus internus.<br />

TABLE DES MATIÈRES<br />

Table des tableaux p 8<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 2


Table des figures (dessins, photos et radiographies) p 9<br />

INTRODUCTION p 11<br />

CHAPITRE I = Rappels anatomiques et pathologiques p 15<br />

I Rappels anatomiques, embryologiques, et organogénétiques. p16<br />

A Organogénèse du splanchnocrâne p 16<br />

1 Organogénèse de la pneumatisation crânio-faciale humaine p 16<br />

(Intérêt d’une chronologie).<br />

2 Organogénèse de l’appareil manducateur. p 17<br />

3 Organogénèse de l’os temporal. p 17<br />

B Rappels anatomiques p 18<br />

1 Fosses nasales et sinus. p 18<br />

2 L’os temporal. p 19<br />

II Panorama de la pathologie p 20<br />

A Les maladies osseuses constitutionnelles p 20<br />

1 Maladies osseuses constitutionnelles sans pathogènie connue p 20<br />

a Ostéochondrodysplasies<br />

b Dysostoses avec atteinte du crâne et de la face<br />

2 Maladies osseuses constitutionnelles d’étiopathogénie connue p 22<br />

a Aberrations chromosomiques<br />

b Anomalies secondaires<br />

B Pathologie des fosses nasales et des sinus p 23<br />

1 Pathologie des fosses nasales p 23<br />

a Altérations structurales<br />

b Pathologie spéciale<br />

2 Pathologie des sinus p 26<br />

a Pathologies infectieuses : les sinusites<br />

b Mucocèles<br />

c Pneumosinus dilatans<br />

d Pathologies tumorales<br />

C Pathologie de l’oreille p 28<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 3


1 Pathologies de l’oreille externe p 28<br />

2 Pathologies de l’oreille moyenne p 28<br />

a Otites aiguës<br />

b Otites chroniques<br />

c Pathologie ossiculaire<br />

d Tumeurs de l’oreille<br />

3 Pathologie de l’oreille interne p 30<br />

D Pathologie traumatique p 31<br />

III Bases du diagnostic en paléopathologie. p 32<br />

A Bases anatomo-pathologiques du diagnostic<br />

des infections squelettiques p 32<br />

1 Anatomo-pathologie des infections squelettiques p 32<br />

a Infections à pyogènes<br />

b Infections d’emblée chroniques<br />

2 Paléopathologie des infections squelettiques p 33<br />

B Bases anatomo-pathologiques du diagnostic des tumeurs p 33<br />

CHAPITRE II = Matériel et méthodes p 35<br />

I Matériel p 36<br />

A Matériel biologique : la série (DEA) p 36<br />

1 Situation de la série étudiée p 36<br />

2 Description de la population inhumée p 37<br />

a Estimation du sexe<br />

b Estimation de l’age<br />

c Résultats<br />

d Interprétation<br />

B Matériel physique p 39<br />

II Méthodes p 40<br />

A Etude paléopathologique de chaque spécimen p 40<br />

B Analyse globale de la population étudiée p 41<br />

1 Appréciation de l’état de conservation de la série p 41<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 4


a Conservation des pièces osseuses I<br />

b Conservation des pièces osseuses II<br />

c Conservation des osselets<br />

d Inventaire dentaire<br />

2 Appréciation de l’état sanitaire de la population concernée p 42<br />

a Etat dentaire<br />

b Mensuration des conduits auditifs internes<br />

c Pathologies constatées<br />

CHAPITRE III = Résultats p 44<br />

Préambule. p 45<br />

I Les données individuelles p 46<br />

A groupe I p 46<br />

B groupe II p 51<br />

C groupe III p 52<br />

D groupe IV p 54<br />

II Les données globalisées p 56<br />

A Les tableaux de conservation p 56<br />

1 Conservation des pièces osseuses I p 56<br />

2 Conservation des pièces osseuses II p 56<br />

3 Conservation des osselets p 56<br />

4 Inventaire dentaire p 56<br />

B Les tableaux de constatations p 57<br />

1 Etat dentaire p 57<br />

2 Mensurations des conduits auditifs internes p 57<br />

3 Pathologies constatées p 57<br />

CHAPITRE IV = Discussion p 59<br />

I De l’aspect méthodologique p 60<br />

A Sur le choix de la série p 60<br />

B Sur la méthode de travail p 60<br />

C Sur le recueil des résultats p 61<br />

D Sur l’analyse des résultats p 61<br />

II De l’aspect paléopathologique p 64<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 5


A A partir de chaque anomalie rencontrée p 64<br />

1 Pathologie par pathologie p 64<br />

a Pathologie de l’oreille<br />

-pathologie infectieuse<br />

-pathologie de l’oreille interne<br />

-pathologie de l’oreille externe<br />

-autres pathologies de la littérature<br />

b Pathologie des fosses nasales et des sinus<br />

-pathologie malformative et traumatique<br />

-pathologie tumorale<br />

-pathologie infectieuse<br />

*infections non spécifiques<br />

*infections spécifiques<br />

*parasitoses<br />

c Pathologie d’origine dentaire<br />

d Pathologie mandibulaire<br />

2 Les diagnostics différentiels, variations, et originalités p 74<br />

a Le problème des osselets<br />

b Les variations anatomiques<br />

-Concha bullosa<br />

-Variations de taille des sinus<br />

-Rapports du sinus latéral<br />

-Déhiscence du canal de tensor tympani<br />

-Problème du kyste congénital médian alvéolaire<br />

-Déhiscence des tympanaux<br />

c Les surprises<br />

B Approche d’un état sanitaire global p 77<br />

CONCLUSION p 79<br />

BIBLIOGRAPHIE p 84<br />

ANNEXES p 91<br />

RÉSUMÉ ET MOTS CLÉS p 131<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 6


INTRODUCTION<br />

Si en paléopathologie de très nombreux travaux, et une multitude de publications ont été consacrés à<br />

tout ce qui touche à la pathologie ostéo-articulaire, et à la traumatologie, il semble que la pathologie<br />

ORL ait peu intéressé les chercheurs, surtout dans son approche globale.<br />

Notre spécialité, l’oto-rhino-laryngologie, nez-gorge-oreille disait-on autrefois, doit être démantelée<br />

au préalable, car pour ces patients particuliers que sont ces hommes, ces femmes, ou ces enfants<br />

d’anciennes époques, voire ces Hommes Fossiles, nous n’examinerons, sauf cas très particulier, que<br />

des crânes secs, ou souvent plutôt des fragments de crânes secs ! Sur ce type de pièce anatomique,<br />

l’otologiste et le rhinologiste pourront intervenir. Par contre le laryngologiste restera au chômage, tout<br />

son domaine se trouvant dans des tissus mous dont nous n’aurons pas conservé la trace, exception<br />

faite de quelques cartilages calcifiés, et du cas particulier des momies. Le larynx de l’Homme<br />

préhistorique reste un grand inconnu, bien que de nombreux chercheurs et linguistes se posent de<br />

passionnantes questions sur l’origine du langage et sur le moment possible de son apparition.<br />

L’homme de Neandertal ne fumait pas ; il s’enfumait certainement un peu dans ses abris sous roche,<br />

mais une laryngoscopie ne s’imposait pas. Nous verrons, plus sérieusement, que ce facteur fumée des<br />

foyers domestiques, à des époques où la cheminée n’existait pas, surtout dans les habitats des basses<br />

classes sociales, est à même d’induire des pathologies inflammatoires chronique de la muqueuse de la<br />

sphère ORL, au même titre que la pollution industrielle déjà très présente en zone urbaine au moyen<br />

age !<br />

La paléopathologie ORL peut être abordée dans deux optiques :<br />

-D’abord sous la forme d’une étude ciblée sur tel problème, telle maladie, avec des vues<br />

descriptives ou épidémiologiques, et cela pour des pathologies courantes, comme l’otite<br />

chronique par exemple, ou plus rares comme la lèpre, la syphilis.<br />

-Ensuite, avec une approche anthropologique et historique, en étudiant là, des séquelles de<br />

pathologies moins spectaculaires, otites, sinusites, anémies, problèmes dentaires, mais qui nous<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 7


permettront plus sûrement d’apprécier un état sanitaire global pour une population donnée.<br />

Notre travail s’est d’abord attaché à faire un point aussi exhaustif que possible des connaissances<br />

actuelles associant oto-rhino-laryngologie et paléopathologie. Nous verrons que certaines pathologies<br />

ont donné lieu à de multiples publications : l’exemple type, qui nous a frappé dès nos premières<br />

recherches sur Internet, est celui des exostoses du conduit auditif externe, alors que d’autres ne sont<br />

pratiquement jamais abordées, comme le neurinome de l’acoustique !<br />

Cette sélection peut s’expliquer à notre avis, par la facilité de l’observation visuelle de certaines<br />

pièces, qui de plus se conservent bien et en grand nombre, comme dans notre premier exemple. A<br />

l’inverse sur ce même os temporal, dans le cas du second exemple, pour le même matériel d’étude,<br />

l’examen du conduit auditif interne s’avère impossible sur des crânes entiers en dehors de techniques<br />

tomodensitométriques onéreuses !<br />

Voici donc déjà deux facteurs déterminants les possibilités d’études et de publications :<br />

-En premier lieu une bonne conservation de l’os qui sera étudié, ce qui permettra de présenter une<br />

série significative ; ceci nous a amené à prévoir dans notre protocole, un tableau de conservation<br />

des constituants ostéologiques les uns par rapport aux autres (Tableaux I et II). Il est évident<br />

qu’un os temporal se conserve mieux qu’un ethmoïde ! Nous verrons grâce à ces tableaux, la<br />

gradation de conservation qui est elle moins évidente, des différents sinus de la face.<br />

-Puis la facilité de l’observation : facilité technique pour un conduit auditif externe qui s’examine<br />

à l’œil nu, opposée à la difficulté d’origine économique, liée à l’utilisation d’un matériel<br />

radiologique sophistiqué, pour mesurer des conduits auditifs internes.<br />

L’espoir de découverte d’une pathologie rare, comme une malformation mandibulaire, pour laquelle<br />

nous n’avons recensé que deux publications paléopathologiques, constitue un facteur supplémentaire<br />

d’intérêt pour l’étude d’une série donnée.<br />

L’objectif premier de cette étude était de mettre au point une méthodologie de travail pour une étude<br />

synthétique de pathologie ORL sur une série anthropologique. Nous avons donc réfléchi à partir de<br />

nos connaissances cliniques, confrontées à la revue de la littérature que nous avons rassemblée, pour<br />

développer une grille de recherche.<br />

L’objet de l’étude est un crâne, ou fragment de crâne.<br />

Ce crâne doit appartenir à une série archéologique ou paléontologique ; c’est à dire qu’il doit faire<br />

partie d’un groupe homogène, soit d’individus collectés lors d’une fouille en un lieu précis, dans une<br />

stratigraphie déterminée, soit sur plusieurs sites correspondant à des habitats d’une même période.<br />

Enfin cette série doit être quantitativement suffisante pour pouvoir espérer y trouver quelque chose et<br />

éventuellement réaliser une analyse statistique.<br />

Quelles sont les pathologies ORL susceptibles d’être observées sur ces crânes ?<br />

Il s’agit en effet uniquement de séquelles, de traces : il nous a fallu réfléchir organe par organe aux<br />

maladies possibles, à leurs complications connues actuellement et à leur expression au niveau de l’os.<br />

Globalement deux grands cadres se présentent à nous avec les pathologies infectieuses et tumorales ;<br />

plus accessoirement il doit être possible de retrouver des maladies de système.<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 8


Notre sujet est limité à la pathologie, mais nous avons profité de l’étude pour noter tout ce qui peut<br />

se rapporter à de la traumatologie, ou à des maladies de voisinage (neurologie, ophtalmologie ou<br />

stomatologie par exemple).<br />

Sur le plan pratique l’examen est essentiellement macroscopique et visuel, simplement amélioré par<br />

notre matériel de consultation (otoscope, fibroscope).<br />

A l’angoisse du début concernant la recherche d’une série, venait s’ajouter celle de n’y trouver<br />

aucune pathologie ! Un développement méthodologique pur et dur n’aurait pas été passionnant ;<br />

heureusement nos observations ont été nombreuses et intéressantes.<br />

La construction méthodologique, bien sur toujours améliorable, servira de base à des études futures,<br />

qui pourront alors être validées par des analyses statistiques, et surtout être le point de départ pour des<br />

approches d’états sanitaires des populations.<br />

Sur le plan purement médical et descriptif, de nombreuses pathologies ont été détectées : elles vont<br />

entre autres, des problèmes dentaires très nombreux et souvent gravement compliqués, à une rare<br />

malformation congénitale de la mandibule, en passant par des déviations du septum nasal, et des<br />

mastoïdites fistulisées.<br />

Chaque cas a été discuté au regard de nos connaissances cliniques et de la littérature que nous avions<br />

trouvée le concernant.<br />

Nous avons ensuite plus globalement pour chaque chapitre de la pathologie, réalisé une synthèse de<br />

notre collecte bibliographique, pour y situer nos observations.<br />

Une lecture globale des différents résultats permet enfin d’un peu mieux appréhender le quotidien de<br />

cette population urbaine de l’Antiquité Tardive du Clos des Cordeliers à Sens, population marquée<br />

par les vicissitudes des maladies ordinaires qui nous frappent tous, et qui de plus a été décimée<br />

soudainement par une épidémie entre les IV ème et VI ème siècles, réunissant enfants, adultes, et<br />

vieillards dans les fosses communes d’une sépulture de catastrophe.<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 9


I De l’aspect méthodologique<br />

A Sur le choix de la série<br />

B Sur la méthode de travail<br />

C Sur le recueil des résultats<br />

D Sur l’analyse des résultats<br />

C’est la finalité de l’étude.<br />

CHAPITRE IV<br />

DISCUSSION<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 10


1 Le travail d’analyse et d’interprétation s’exerce d’abord sur chaque spécimen ; il s’agit d’une<br />

démarche médicale, de la confrontation du médecin avec son patient, avec ses évidences, et avec<br />

ses limites.<br />

L’expérience est un facteur de qualité pour le diagnostic, et de nouvelles séries, de nouvelles<br />

études pourront nous permettre de progresser dans cette démarche.<br />

2 L’analyse porte ensuite sur l’état sanitaire de la population prise dans son ensemble.<br />

Nous avons déjà parlé des critères de choix initiaux de la série étudiée, et nous voulons évoquer<br />

ici les facteurs susceptibles de fausser l’analyse globale et l’interprétation des résultats :<br />

a Conservation des différentes pièces osseuses<br />

Nous travaillons à partir de dépôts de fouilles, où les sujets ont été rangés dans des sacs<br />

étiquetés, avec les petits éléments, comme les dents par exemple, rassemblés dans des boites ;<br />

les sujets sont ensuite regroupés dans des cartons.<br />

Il faut avoir en tête que la présence ou l’absence de tel ou tel élément, peut être liée à une<br />

destruction in situ, avant la fouille, ou à une destruction volontaire et intentionnelle comme nous<br />

l’avons déjà signalé, pour les quatre mandibules d’immatures utilisées pour une recherche<br />

d’ADN bactérien dont nous verrons l’intérêt dans les conclusions ; mais il peut aussi s’agir<br />

d’une perte lors de manipulations.<br />

En effet chaque spécimen peut être utilisé successivement pour plusieurs études, et il sera donc<br />

sorti de son sac puis rangé chaque fois, avec un risque à chaque manipulation.<br />

Nous pensons en particulier à la conservation des osselets de l’oreille, que nous avons souvent<br />

trouvés en tamisant la poussière du fond d’un sac, ou que parfois nous avons vu tomber de la<br />

caisse du tympan lorsque nous manipulions un crâne.<br />

Tout examen et toute manipulation de pièce ostéologique doit donc obligatoirement s’effectuer<br />

sur et au dessus d’un plateau ou d’un bac de type photographique.<br />

b Mélange possible d’ossements de deux individus<br />

C’est un facteur d’erreur spécifique aux sépultures collectives.<br />

Il faudra donc tout en faisant confiance à l’équipe de fouilles, s’assurer du bon appariement des<br />

pièces osseuses entre elles.<br />

Plus les pièces seront petites, plus le risque sera grand (par exemple pour les dents, les osselets,<br />

l’os hyoïde).<br />

c Difficulté rencontrée dans la mesure des conduits auditifs internes<br />

Nous avons vu que globalement l’os pétreux se conservait bien, et que donc les conduits<br />

auditifs internes pouvaient donner lieu à une analyse biométrique.<br />

Cette analyse qui paraît simple sur le plan de la réalisation pratique, est limitée par le fait que le<br />

conduit auditif interne n’est pas accessible sur un crâne entier ! Les mesures ne peuvent être<br />

faites que sur les rochers isolés.<br />

Pour une étude systématique, il faudrait radiographier tous les crânes entiers, pour pouvoir<br />

obtenir une dimension mesurée sur le négatif.<br />

Nous pourrions aussi imaginer un protocole utilisant une micro réglette introduite au contact de<br />

porus, associée à une lecture à l’aide de notre endoscope souple introduit par le foramen<br />

magnum.<br />

Nous avons mesuré uniquement la hauteur et la largeur des porus.<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 11


Il s’avère que la seule valeur fiable est la hauteur, puisque la largeur est limitée par un bord<br />

médial mousse difficile à situer. Nous avons à posteriori, retrouvé la même technique de mesure<br />

sur une autre étude (SPOOR et al., 1998)<br />

Dans notre série pour 36 sujets, nous avions 63 conduits auditifs internes (63/72), et nous<br />

n’avons pu mesurer que 24 pièces (6 matures et 18 immatures). Notons que les crânes<br />

immatures sont plus souvent fragmentés et donc mesurables (Tableau VI).<br />

Notre tableau n’a de valeur que méthodologique compte tenu du faible échantillon, et de<br />

l’encore plus faible nombre de mesures, mais ce travail mériterait d’être développé, comme<br />

nous le disait le professeur D. CAMPILLO, car très peu d’études portent sur la paléopathologie<br />

du neurinome de l’acoustique, qui est de nos jours une des préoccupations principales de<br />

l’otologiste (CAMPILLO et al., 1997). Cette tumeur bénigne est suspectée de façon<br />

systématique devant toute symptomatologie unilatérale (surdité, vertige, acouphènes) ; le<br />

diagnostic positif, orienté par les tests neurophysiologiques, est affirmé par une mesure<br />

comparative des conduits auditifs internes sur un scanner ou une IRM.<br />

La tomodensitométrie a été utilisée en paléopathologie (HOMØE et al., 1992) : elle permet une<br />

mesure précise des conduits auditifs interne.<br />

II De l’aspect paléopathologique<br />

A A partir de chaque anomalie rencontrée<br />

1 Pathologie par pathologie<br />

Nous nous reportons au tableau des pathologies constatées (Tableau VII), pour en dégager<br />

plusieurs groupes que nous discuterons au regard des publications que nous avons rassemblées :<br />

-pathologie de l’oreille, avec surtout les otites et mastoïdites, puis les problèmes d’oreille<br />

interne, et les éventuelles anomalies congénitales.<br />

-pathologie du nez et des sinus, pour laquelle nous avons constaté peu de chose (deux<br />

déviations septales).<br />

-pathologie d’origine dentaire, fortement représentée.<br />

-anomalies congénitales des maxillaires.<br />

a Pathologie de l’oreille<br />

- La pathologie infectieuse.<br />

Nous avons deux cas de mastoïdites : I/7 et I/11.<br />

* Le diagnostic s’appuie sur la constatation d’une cavité mastoïdienne avec une ou plusieurs<br />

fistulisations au travers de la corticale externe, et surtout une condensation osseuse<br />

périphérique des orifices, l’infection chronique entraînant une éburnation de l’os.<br />

* Le diagnostic différentiel doit s’attacher à ce caractère pour éliminer de simples érosions<br />

(voir III/35), ou des variations à type de grandes cellules ressemblant à un abcès (IV/46,<br />

photo). Le diagnostic de tumeurs posera en général moins de problèmes : tumeurs bénignes, à<br />

type de dysplasie fibreuse comme pour le spécimen n° 13 dans (LOVELAND et al, 1990), et<br />

le sujet n°5 dans (SCHULTZ, 1992). Enfin une pathologie générale, comme le scorbut,<br />

pourrait se caractériser par des hématomes sous périostés de la corticale mastoïdienne, cas des<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 12


spécimens 17 et 18 dans (LOVELAND et al, op.cit.), provenant de Crow Creek site.<br />

* La littérature est abondante sur ces problèmes otologiques, d’autant plus que nous savons<br />

que, sans remonter très loin dans le temps, avant l’ère des antibiotiques, la mastoïdite était<br />

fréquente, et que nos maîtres en ont opérées beaucoup. D’autre part le temporal se conservant<br />

bien (os pétreux = petrosus = pierreux), nous en avons de belles séries à examiner. GREGG<br />

propose même d’utiliser cet os résistant pour des comptages de populations ; son étude sur le<br />

massacre de Crow Creek, où ont été décimées des populations du Dakota au XIV éme siècle,<br />

porte sur 963 temporaux, tous radiographiés, parmi lesquels seulement 61% apparaissent<br />

normaux, les autres présentant des atteintes à des degrés divers de type infectieux ; deux cas<br />

seulement de cholestéatomes y sont évoqués (GREGG et al., 1981).<br />

LOVELAND, dans une métanalyse portant sur 18 sujets en décrit plusieurs cas, évoquant les<br />

formes évolutives classiques que sont le cholestéatome pour le spécimen n°8, et les<br />

complications endocrâniennes fatales : thrombophlébite du sinus caverneux et méningite pour<br />

le spécimen n°9 (LOVELAND et al, op.cit.).<br />

Curieusement DASTUGUE, dans « Paléopathologie du squelette humain » constate p.96<br />

que « les cas de séquelles mastoïdiennes infectieuses publiées en paléopathologie sont d’une<br />

insigne rareté. » (DASTUGUE, 1992).<br />

GRMEK rapporte quant à lui, que la mastoïdite est fréquente en Egypte pharaonique et en<br />

Amérique précolombienne ; il rapporte aussi le cas d’un enfant de Lerne mort à l’age de 3 ans<br />

d’une mastoïdite aigue compliquée d’une thrombose du sinus caverneux (GRMEK, op .cit.).<br />

A l’inverse McKENZIE, in (GUERRIER, 1980) après l’examen de 10000 crânes ne trouva<br />

que six cas probants !<br />

ANGEL, à partir des squelettes exhumés lors des fouilles de l’Agora d’Athènes, squelettes<br />

d’habitants de l’Attique, depuis le néolithique jusqu’à l’époque médiévale, signale un seul cas<br />

de mastoïdite (sujet 72 A.K., 930-650 B.C.) (ANGEL, 1945).<br />

Une étude scanographique de 56 os temporaux d’anciens Inuits (côte ouest du Groenland,<br />

1800-1900 A.D.), met en évidence 6 cas pathologiques (HOMØE, op.cit.).<br />

Si nous passons au Danemark à l’époque médiévale, une importante étude portant sur 659<br />

individus (QVIST et al., 2001), étude cette fois clinique au microscope opératoire, qui<br />

s’intéresse à la fois à la mastoïde et aux osselets, rapporte une fréquence de 1 à 7% de<br />

pathologies infectieuses chroniques de l’oreille.<br />

Sur des périodes similaires, SCHULTZ à partir de l’étude de populations Mérovingiennes, et<br />

Pré Colombiennes (examen direct et radiographies), constate 6 cas pathologiques pour 70<br />

sujets et 109 temporaux, dans les premières, dont un cholestéatome calcifié, et seulement 2 cas<br />

pour 86 sujets et 129 temporaux dans les populations indiennes (SCHULTZ, 1979).<br />

Il faut préciser que pour cette étude, la radiographie a été systématique dans la première série,<br />

et seulement complémentaire dans la seconde, en fonction du résultat de l’examen visuel.<br />

Evoquons enfin le cas particulier des momies, ou éventuellement de sujets conservés dans la<br />

glace ou la tourbe, sur lesquels de très belles observations d’infections otitiques sont attestées<br />

en plus des lésions osseuses radiographiques, par des perforations de la membrane<br />

tympanique documentées histologiquement (LYNN et BENITEZ, 1974, HORNE et al., 1976,<br />

et BENITEZ, 1988).<br />

Les difficultés du diagnostic sont évidentes si on évoque le cas du crâne de Broken Hill (homo<br />

rhodesiensis, entre -250 et -130000 ans), où de magnifiques lésions de la mastoïde et de<br />

l’écaille du temporal étaient considérées comme d’origine ORL à l’évidence depuis<br />

longtemps ; des travaux plus récents, grâce au scanner, infirment ces diagnostics pour proposer<br />

un traumatisme post-mortem, et un granulome à éosinophile (MONTGOMERY et al., 1994).<br />

En conclusion, nous constatons que 3 types d’études sont utilisés :<br />

-Etudes cliniques, macroscopiques.<br />

-Etudes radiologiques, voire tomodensitométriques.<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 13


-Etudes mixtes, où la radiologie est utilisée après une présélection clinique des cas.<br />

Nous avons beaucoup plus de dépistages avec les secondes, qui représenteront donc un outil<br />

de choix pour apprécier un état de santé global d’une population, car elles vont prendre en<br />

compte tous les degrés d’atteinte ; la méthode macroscopique n’enregistrant que les cas<br />

évidents de pathologies très démonstratives, éventuellement documentée radiologiquement,<br />

est parfaite pour l’iconographie, mais sans intérêt pour la statistique !<br />

Quoi qu’il en soit nous constatons des distorsions énormes :<br />

-39% de temporaux anormaux à Crow Creek,<br />

-6 cas pathologiques pour 10000 chez MC KENZIE,<br />

-1 cas pour ANGEL à Athènes !<br />

Faut-il affiner les méthodologies ?<br />

De toutes façon ne seront comparables que les études relevant de l’une ou l’autre des<br />

méthodes.<br />

La variabilité des résultats constatée dans la littérature paraît donc difficile à interpréter, et à<br />

relier à des facteurs écologiques, géographiques, ou sociologiques.<br />

- La pathologie de l’oreille interne.<br />

Nous avons une anomalie congénitale possible du conduit auditif interne : I/71.<br />

Le diamètre vertical de ce conduit de sujet immature est le plus grand de notre série, et la<br />

disposition des fossettes qui en constituent le fond ne nous paraît pas conforme à nos<br />

connaissances anatomiques ; la dilatation de la fossette unguéale par contre se rencontre<br />

fréquemment chez les immatures.<br />

Sur ce type d’anomalies nous n’avons rien trouvé comme documentation, par contre la<br />

paléopathologie de l’oreille interne semble être un sujet très peu exploré.<br />

Nous avons seulement deux articles :<br />

CAMPILLO passe en revue une centaine de crânes qu’il a étudiés en 30 ans, pour constater 4<br />

cas possibles de neurinomes (étude mixte, clinique puis scanner) (CAMPILLO et al., 1997).<br />

SPOOR qui a étudié le crâne de Singa au Soudan, constate sur l’étude tomodensitométrique<br />

une absence des structures du labyrinthe osseux du temporal droit. L’ossification du labyrinthe<br />

peut être due soit à un processus infectieux, soit à une ischémie, et la cause possible de ce<br />

problème micro circulatoire peut être liée à la présence d’un neurinome qui comprime<br />

progressivement l’artère auditive interne. Cette éventualité semble confirmée par la<br />

constatation d’un conduit beaucoup plus large du côté droit.<br />

De plus cet article collige une série d’études plus anciennes, regroupant 686 paires de<br />

temporaux, et donnant les écarts de taille des diamètres verticaux entre<br />

côtés droits et côtés gauches. Cette série pourrait constituer une bonne base de données de<br />

départ pour une étude ultérieure (SPOOR et al., 1998).<br />

- La pathologie de l’oreille externe.<br />

Nous avons une déhiscence centrale symétrique des deux tympanaux : III/44.<br />

Il s’agit visiblement d’un problème congénital chez ce sujet immature ; nous n’avons trouvé<br />

aucune documentation sur ce type d’anomalie. Une sténose congénitale du conduit auditif<br />

externe, avec anomalies ossiculaires est le seul élément de notre bibliographie (McGREW et<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 14


GREGG, 1971 in LOVELAND et al., 1990) .<br />

Par contre nous n’avons trouvé dans notre série ni ostéomes, ni exostoses. Ces petites tumeurs<br />

osseuses situées dans ou à l’entrée du conduit auditif externe osseux semblent avoir été<br />

jusqu’à présent le sujet de prédilection des paléopathologistes ORL ! Il est vrai que la<br />

constatation d’exostoses permet une approche environnementale des sujets observés, qui ont<br />

classiquement une activité aquatique en eau froide (pêche, récolte de coquillages etc.).<br />

Les publications sont très nombreuses, nous n’en retenons que quelques unes : (GREGG et<br />

BASS, 1970, GREGG et al., 1981, MANZI et al., 1991, DASTUGUE et al., 1992,<br />

STANDEN et al., 1997, HUTCHINSON et al., 1997, PEREZ et al., 1997, GERSZTEN et al.,<br />

1998, VELASCO-VAZQUEZ et al., 2000, ARNAY-DE-LA-ROSA et al., 2001.).<br />

Notons que GERSZTEN et PEREZ évoquent une origine infectieuse pour ces exostoses,<br />

secondaire à l’exposition à l’eau.<br />

- Les autres pathologies de la littérature.<br />

Nous évoquerons ici seulement l’otospongiose, sujet qui intéresse toujours l’oto-rhinolaryngologiste,<br />

puisqu’il s’agit de la seule surdité qui soit curable chirurgicalement. Il s’agit<br />

d’une fixation progressive du stapes dans la fossa ovata.<br />

Le diagnostic de cette maladie nous pose le problème de la visualisation de ce très petit et très<br />

fragile osselet, in situ ! Nous n’en avons trouvé que 2 pour nos 36 sujets.<br />

Notons à ce sujet la magnifique préparation histologique d’une fosse ovale normale chez une<br />

momie égyptienne, (BENITEZ, 1988), à comparer au seul cas pathologique (à notre<br />

connaissance), documenté macroscopiquement, histologiquement, et radiologiquement à<br />

Campos Santos Cemetery (A.D. 1776) (BIRKBY et GREGG, 1975).<br />

Pour ce qui est des autres osselets, à notre avis ils se conservent bien ; il faut simplement<br />

prendre le temps de les chercher et éviter de les perdre (CZIGANY, 1996, CZIGANY, 1998).<br />

Leur examen ne nous a pas permis d’y constater de modifications d’ordre pathologique ; les<br />

érosions y sont par contre fréquentes : longue apophyse de l’incus, et manche du malleus.<br />

QVIST et GRØNTVED se sont basés en partie sur l’examen de ces os, pour poser des<br />

diagnostics d’otites chroniques : leur série est importante, regroupant 659 individus, 921<br />

temporaux, et 1309 osselets, parmi lesquels 245 stapes (QVIST et GRØNTVED, 2001)!<br />

b Pathologie des fosses nasales et des sinus.<br />

- La pathologie malformative et traumatique.<br />

Nous n’avons trouvé que 2 déviations septales : I/70 et I/72.<br />

Aucune pathologie sinusienne, ni otitique n’y était associée.<br />

La cloison osseuse constituée de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde et du vomer est une<br />

pièce fragile (13 fosses nasales sont seulement interprétables sur 72).<br />

La déformation que nous constatons devait s’accompagner d’une déviation secondaire du<br />

cartilage septal, troisième constituant du septum ; en fonction de son importance, le sujet<br />

devait être plus ou moins gêné pour respirer, et certainement fragililisé vis-à-vis des infections<br />

de la sphère ORL.<br />

GREGG constate 13 cas de déformations septales à Crow Creek, sans préciser leur fréquence<br />

(GREGG, op.cit.)<br />

La déviation a pu aussi se manifester extérieurement sur le plan purement esthétique.<br />

Ces déformations ont été traduites sur le plan artistique par des céramistes Péruviens durant la<br />

période Moche (200-700 A.D.) sur des pièces de vaisselle anthropomorphes représentant des<br />

hypoplasies alaires unilatérales, ou des aplasies bilatérales secondaires à des traumatismes de<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 15


l’enfance ou de la vie intra-utérine (PIRSIG, 1989).<br />

Pour rester sur la pyramide nasale, région exposée s’il en est, plusieurs cas de traumatismes<br />

sont rapportés dans la littérature (MAFART, 1983, GREGG, op.cit., GARLOWSKA, 2001).<br />

- La pathologie tumorale.<br />

Nous n’avons diagnostiqué aucun cas.<br />

Nous savons que globalement elles sont plus rares pour le paléopathologiste que les séquelles<br />

de traumatismes, d’arthrose, ou d’infections. Sur le plan ORL nous avons trouvé dans la<br />

littérature surtout des descriptions de tumeurs bénignes. SCHULTZ qui étudie des populations<br />

mérovingiennes d’Allemagne du sud (endoscopie et radiologie), sur une série de 81 cas<br />

exploitables, décrit 3 tumeurs sinusiennes : une tumeur bénigne du sinus maxillaire chez un<br />

enfant, une tumeur supposée maligne de l’ethmoïde ayant évoluée vers l’orbite chez un<br />

homme de 35-40 ans, et une tumeur bénigne du sinus frontal chez une femme de 30-40 ans.<br />

L’auteur évoque les mauvaises conditions environnementales pour ces classes pauvres de la<br />

population, en particulier l’enfumage permanent des habitations sans cheminée, qui génèrerait<br />

une inflammation chronique des muqueuses, à l’origine d’infections puis de tumeurs<br />

(SCHULTZ, 1978, SCHULTZ,1992).<br />

DASTUGUE, quant à lui, décrit une tumeur maligne ossifiante du sinus maxillaire chez un<br />

sujet du XII ème siècle à Caen, dont l’intérêt réside dans la constatation de deux tentatives de<br />

traitement successives : d’abord extraction des dents sinusiennes, puis trépanation de l’os<br />

zygomatique (DASTUGUE, op.cit.).<br />

Les ostéomes semblent par contre assez fréquents : petit ostéome en regard d’une première<br />

prémolaire dans le sinus maxillaire associé à une sévère parodontopathie pour une momie<br />

sicilienne du XVIII ème siècle pour 50 sujets (CIRANNI et al., 1999), deux ostéomes frontaux<br />

sur le toit de l’orbite sur une série de 33 individus fossiles en Espagne datés entre 200 et<br />

300000 ans (PEREZ et al., 1996).<br />

L’hyperostose frontale interne, épaississement mamelonné progressif de la table interne du<br />

frontal, paraît être une pathologie des temps modernes, de prévalence féminine, après 60 ans,<br />

liée à la stimulation oestrogénique (HERSHKOVITZ et al., 1999) ; un cas est cependant décrit<br />

chez une femme Nubienne de 40 ans (300 A.D.)(ARMELAGOS et CHRISMAN, 1988).<br />

Pour conclure ce chapitre des tumeurs, nous pouvons remarquer que suivant les séries elles<br />

vont être représentées de façon très variable : de grosses séries n’en observent aucune<br />

(GREGG op.cit.), et visiblement la constatation de tumeur malignes reste très rare.<br />

Nous trouvons enfin toute une série de publications portant sur l’étude ORL soit de<br />

l’ « homme des glaces », soit de momies égyptiennes, selon des procédures type bloc<br />

opératoire : explorations clinique, endoscopique avec biopsies, recoupées par la<br />

tomodensitométrie. Ces études intéressantes s’appliquent cependant à un nombre de spécimens<br />

réduit. Il faut noter que les embaumeurs égyptiens utilisaient, pour vider le crâne de la matière<br />

cérébrale, la voie d’abord nasale classique de l’hypophyse, qui remonte le long du septum, et<br />

passe au travers du corps du sphénoïde pour aborder la selle turcique (GUNKEL et al., 1997,<br />

THUMFART et al., 1997, YARDLEY et RUTKA, 1997, MOTAMED et al., 1998, GAAFAR<br />

et al., 1999).<br />

- La pathologie infectieuse.<br />

* Infections non spécifiques :<br />

Des études sur des séries importantes d’époque médiévale, ont récemment permis une<br />

systématisation dans la description des lésions à rechercher :<br />

Notons en particulier celle de BOOCOCK, qui étudiant 133 sujets (XII ème au XVII ème<br />

siècle), constate, en utilisant sa méthodologie, 54,9% de modifications osseuses sinusiennes.<br />

Il ne trouve pas de prévalence selon l’age ou le sexe, ou le fait que les sujets soient ou non<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 16


lépreux ; il compare ce résultat à celui d’un autre échantillon médiéval Anglais qui ne<br />

diagnostique que 3,6% de lésions sinusiennes (WELLS, 1977, BOOCOCK et al., 1995). Ces<br />

écarts très importants sont rattachés par les auteurs à des facteurs environnementaux.<br />

Une autre étude comparative à partir de 663 ruraux et 1042 urbains dans l’Angleterre de la<br />

fin du moyen age, montre que la sinusite est beaucoup plus fréquente en ville (54% pour<br />

39% à la campagne). Cette différence est expliquée par les facteurs de pollution<br />

atmosphérique liés à une importante activité industrielle (tannerie, fours à chaux, fonderie)<br />

présente depuis le<br />

XV ème siècle (LEWIS et al., 1995).<br />

Pour les classiques les infections du sinus maxillaire sont fréquentes au néolithique (PALES,<br />

1930), et celle du sinus frontal à toutes les époques (DASTUGUE, 1992) ; ce dernier<br />

rapporte des exemples de trépanation de cette cavité. Une infection purulente du maxillaire<br />

dans une sépulture royale de Mycènes (59 myc.) est décrite par ANGEL, dans (GRMEK,<br />

1983).<br />

Il semble que même les Hommes Fossiles n’aient pas été à l’abri de ces pathologies : ainsi<br />

pour le début du Pléistocène (1,15 M.A.), l’Homme de Lantian laisse voir au dessus du torus<br />

supra orbitaire deux dépressions interprétées, soit comme des blessures cicatrisées, soit<br />

comme des fistulisations d’abcès sinusiens (CASPARI, 1997). Au Pléistocène moyen (300 à<br />

200 K.A.), à Sima de los Huesos, le crâne 5 montre une ostéite extensive du maxillaire<br />

(PEREZ, op.cit.).<br />

* Infections spécifiques :<br />

Deux infections suscitent l’intérêt et animent des débats passionnés chez les<br />

paléopathologistes : la lèpre et la syphilis.<br />

Pour la première, la lèpre, dont nous ne retrouvons les premiers cas bien argumentés que<br />

vers le VI ème siècle (Europe, Afrique), les débats vont porter sur la diffusion de cette<br />

maladie qui va constituer un fléau au Moyen Age. Il faut saluer les travaux de MÖLLER-<br />

CHRISTENSEN, portant sur la systématisation des descriptions des formes cliniques, avec<br />

comparaison de séries anciennes et contemporaines. L’étude de cette maladie peut<br />

rapidement se déplacer vers une approche globale de l’état sanitaire d’une population : la<br />

forme lépromateuse, liée à une déficience immunitaire, se complique toujours d’infections<br />

naso-sinusiennes progressivement mutilantes, une cribra orbitalia est souvent associée.<br />

Une étude comparative entre une série médiévale Danoise (107 crânes), et l’examen de 333<br />

patients d’une léproserie actuelle, montre des lésions identiques, mais des degrés d’atteintes<br />

différents : le syndrome de Bergen II apparaissant plus fréquent au Moyen Age (MÖLLER-<br />

CHRISTENSEN, 1974). Nous pouvons penser que la médecine moderne y est peut être pour<br />

quelque chose !<br />

Une autre étude, toujours pour le Moyen Age en Angleterre, retrouve ces syndromes rhinomaxillaires,<br />

considérés comme pathognomoniques de la forme lépromateuse, mais en<br />

comparant sujets lépreux et non lépreux, constate que la prévalence des signes de sinusite<br />

maxillaire est la même dans les deux populations. Les facteurs environnementaux, et socioéconomiques<br />

sont avancés (BOOCOCK et al., 1995).<br />

Pour la seconde de ces infections, la syphilis, les débats sont encore plus vifs sur la présence<br />

de treponema pallidum dans l’ancien Monde avant les voyages de Christophe COLOMB<br />

dont six des marins furent traités pour une nouvelle maladie à leur retour à Barcelone.<br />

La syphilis tertiaire est attestée au Nouveau Monde par de nombreux cas bien étudiés ; ainsi<br />

sur une série de 700 crânes datant de 8000 ans (région sud Pérou, nord Chili), plusieurs cas<br />

de perturbations osseuses associant périostite, osteïte, et ostéomyélite du crâne et des os<br />

long, en particulier des tibias, évoquent fortement cette maladie. Certains de ces sujets ont<br />

été traités par des trépanations (GERSZTEN et al, 1998). Notons que ces auteurs affirment<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 17


qu’aucune lésion de type syphilitique n’a été détectée sur des squelettes Européens,<br />

Egyptiens et Asiatiques datant d’avant la découverte de l’Amérique.<br />

Pour remonter vers l’Amérique du Nord, à Crow Creek(1350 A.D.), quelques réactions<br />

périostées sont notées sur des os longs, mais aucune sur des crânes (GREGG, op.cit.)<br />

En Europe lorsque la datation archéologique ne pose pas de problème, comme pour le cas<br />

d’une sépulture Hongroise du XVII ème siècle, la discussion n’a pas lieu d’être ; ce sujet<br />

permet une description clinique et radiologique démonstrative (MOLNAR et al., 1998). Ces<br />

auteurs à l’inverse des précédents sont convaincus de la présence de la maladie dans<br />

l’Ancien Monde avant la fin du XV ème siècle.<br />

Une autre étude est démonstrative des difficultés rencontrées et de la prudence nécessaire<br />

pour l’analyse de chaque cas : le « crâne Romain d’Arles » des collections du Musée Calvet<br />

était considéré comme datant de l’antiquité tardive ou du haut Moyen age. Une étude<br />

récente avec datation Carbone 14, le situe entre 1480 et 1663, avec un pic de probabilité<br />

maximale entre 1518 et 1588 ; nous nous trouvons sur la période de l’extension majeure de<br />

la syphilis en Europe. Les auteurs le considèrent comme le plus ancien cas européen de<br />

syphilis, et ne tranchent pas entre une importation du microbe depuis le Nouveau Monde et<br />

une modification de la pathogénicité d’un tréponème autochtone (MAFART et al., 1998).<br />

* Parasitoses :<br />

Nous avons noté la description d’un cas de leishmaniose, décrit chez une femme d’age<br />

moyen (700 A.D.) dans la série Andine évoquée ci-dessus, montrant des destructions<br />

importantes autour de la fosse nasale et de l’orbite droite. Nous savons que cette maladie est<br />

endémique en région Andine de nos jours, liée à leismania brasiliensis. Dans les sépultures<br />

étudiées des chiens sont souvent associés ; animaux de compagnie et de consommation à<br />

cette époque, nous savons qu’ils constituent, avec le singe et l’agouti, le réservoir de virus<br />

de la maladie (GERSZTEN, op.cit.).<br />

c Pathologies d’origine dentaire<br />

Nous ne détaillerons pas l’aspect purement odontologique : les multiples caries, l’état d’usure,<br />

les malformations dentaires sont du ressort du spécialiste, et pourraient donner lieu à une étude<br />

spécifique. Nos tableaux « Inventaire, et Etat dentaire » seront plutôt destinés à l’approche<br />

globale de l’état sanitaire de cette petite population de l’antiquité tardive.<br />

Nous avons privilégié les complications ayant laissé une trace au niveau de l’os ; elles sont très<br />

nombreuses à type d’abcès et granulomes (I/68, II/19, II/24, III/35, III/37).<br />

Elles siègent aussi bien sur le maxillaire que sur la mandibule.<br />

Le sujet II/19 montre un aspect assez effrayant de ces complications, qui nous laisse imaginer ce<br />

que pouvait être la qualité de vie de cette femme, et quel a pu être le retentissement sur son<br />

alimentation et son état de santé ! Nous nous sommes même posé la question devant l’énorme<br />

abcès en regard de la 12, d’un diagnostic différentiel avec une fente palatine.<br />

Dans 2 cas ces infections se sont compliquées de fistules bucco-dentaires (I/77, III/35).<br />

Si nous avons trouvé beaucoup de lésions d’origine dentaire, nous constatons qu’elles sont aussi<br />

très nombreuses dans la littérature ; nous n’en citerons que quelques exemples.<br />

L’étude d’une momie Sicilienne du XVIII ème siècle à Comiso, dont l’intérêt principal était la<br />

présence d’un goitre thyroïdien, constatait par ailleurs une sévère maladie périodontale, associée<br />

à un petit ostéome au niveau de la première prémolaire du maxillaire (CIRANNI et al., 1999).<br />

Une ostéomyélite massive du corps de la mandibule (Arikana A.D. 1750-85) affectant une<br />

femme de 20 ans est associée à une infection mastoïdienne fistulisée ayant visiblement entraîné<br />

la mort (LOVELAND, op.cit.).<br />

A Crow Creek, l’étude de 136 pièces comportant plus de 3 dents en place, montre de<br />

nombreuses caries, ainsi qu’une usure pouvant exposer la pulpe ; 17 abcès dentaires sont<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 18


dénombrés, ainsi que 4 fistules bucco-dentaires, et 11 cas d’anomalies dentaires diverses<br />

(GREGG, op.cit.).<br />

A l’époque classique, de nombreux cas sont cités, tel celui de cet aristocrate de Mycènes (59<br />

Myc.), qui montre une formation kystique au regard d’une deuxième molaire qui s’est propagée<br />

sous forme d’abcès au sinus maxillaire, dont les lésions inflammatoires attestent d’une longue<br />

évolution, ou celui de ce citoyen Athénien (65 AK.) décédé vers 450 avant J.C., porteur d’une<br />

pyorrhée alvéolaire avec un large abcès de la mâchoire (ANGEL, op.cit.).<br />

L’étude portant sur une population Néolithique de 92 individus en Pologne centrale (4300-4000<br />

B.C.) constate des problèmes infectieux, et dégénératifs (caries, résorption alvéolaire et pertes<br />

de dents), ainsi que des anomalies du développement (hypoplasies de l’émail). 30,1% des<br />

individus présentent des caries, 52% des adultes, des zones de résorbions alvéolaires, et 34,5%<br />

des pertes dentaires. Les hypoplasies de l’émail, témoins de stress sévères, alimentaires ou<br />

pathologiques sont observées dans 67,8% des cas, ainsi que quelques anomalies du<br />

développement ou malformations d’ordre génétique (GARLOWSKA, 2001).<br />

Parmi les crânes fossiles du Pléistocène moyen (300 – 200000 B.P.) de Sima de los Huesos, le n<br />

°5 montre une ostéite étendue du processus alvéolaire du maxillaire gauche, allant de l’incisive<br />

latérale à la première molaire ; la mandibule du même individu présente aussi un vaste abcès<br />

dentaire en regard de l’apex de la deuxième incisive gauche, avec visiblement la perte des deux<br />

incisives adjacentes ante mortem (PEREZ et al.,1997).<br />

Une pyorrhée alvéolaire avait déjà été diagnostiquée sur la mandibule d’un Hominidé, le<br />

Sinanthrope de Lantian (450000 B.C.)(WOO, 1964 in GRMEK, op.cit.).<br />

d Pathologie mandibulaire<br />

Nous avons une anomalie mandibulaire congénitale : IV/46. Il s’agit d’une malformation de la<br />

partie droite de la mandibule, dont la composante fonctionnelle principale est une agénésie<br />

condylienne.<br />

Ce problème est évoqué dans deux articles de paléopathologie :<br />

-dans l’importante série de Crow Creek datée du XIV ème siècle, deux anomalies<br />

mandibulaires sont décrites sur des sujets mâles adultes, malheureusement sur des mandibules<br />

dépourvues de leur crânes. Sur la première, le condyle gauche était plus haut de 2.5 cm que le<br />

droit, alors que la dentition, les surfaces articulaires, et le reste de l’os étaient normaux. Sur la<br />

seconde, le côté gauche montrait une hypoplasie congénitale de l’angle et du bord postérieur<br />

de la branche montante, et le condyle était peu développé, alors que le droit était normal. Une<br />

usure symétrique des dents suggérait une mastication normale. Les auteurs évoquent donc<br />

une microsomie hémifaciale de grade I selon la classification de CALDARELLI,<br />

(CALDARELLI et al., 1980) ; selon cette classification ce sujet avait 86% de probabilité<br />

d’une malformation ossiculaire associée, et 90.7% d’une malformation de l’oreille externe<br />

(GREGG, op.cit.).<br />

-une aplasie bilatérale est décrite par NAGAR et ARENSBURG, sur une mandibule vieille de<br />

1400 ans, pour laquelle le diagnostic de microsomie hémifaciale est aussi posé. La pièce<br />

montre une absence de condyles, un corps très ramassé et raccourci mais de largeur normale,<br />

des processus coronoïdiens très développés ; l’insertion creusée du muscle masséter et la<br />

présence d’un tubercule de muscle ptérygoïdien médial, évoquent une hypertrophie des<br />

muscles de l’occlusion. Ce large tubercule d’insertion musculaire est considéré comme une<br />

autapomorphie Néandertalienne. L’étude de l’usure des quelques dents restantes montrait une<br />

mandibule fonctionnelle, dont le travail principal s’effectuait sur les dents les plus postérieures<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 19


(NAGAR et ARENSBURG, 2000).<br />

Des références sont disponibles sur ce sujet dans la littérature médicale actuelle :<br />

Parmi celles–ci, un article Japonais essaie d’évaluer les conséquences fonctionnelle d’une<br />

microsomie hémifaciale chez une petite fille de 9 ans, hospitalisée pour protrusion et<br />

déformation de la mandibule. Elle présentait une atrophie du condyle mandibulaire droit, à<br />

laquelle était associée un hypo développement du processus alvéolaire du maxillaire du même<br />

côté. Comme dans les cas précédents, la tomodensitométrie des muscles masticateurs, mettait en<br />

évidence une hypertrophie du ptérygoïdien médial, dont le but est d’essayer de maintenir un<br />

centrage mandibulaire lors de la fonction masticatoire. Le condyle du côté sain, doublement<br />

sollicité, présentait quant à lui un hyper développement (NAKATA et al., 1995).<br />

Dans les banques de données concernant les maladies rares, comme ORPHANET, les anomalies<br />

radiales de la microsomie hémifaciale sont classées par fréquence : sont donnés comme signes<br />

très fréquents, l’asymétrie faciale, l’hypoplasie ou l’absence partielle de mandibule, et le<br />

caractère autosomique dominant, et comme signes fréquents, les surdités, les microties ou<br />

anoties, les appendices pré auriculaires, les absences ou atrésie du conduit auditif externe, les<br />

fistules pré auriculaires, les micromélies rhizoméliques, les polydactylies pré axiales du membre<br />

supérieur, la triphalangie du pouce, et la scoliose ; d’autres signes sont classés comme<br />

occasionnels, nous ne les citons pas.<br />

Il existe donc une grande hétérogénéité des morphotypes malformatifs, expliquée en partie par<br />

l’embryogénèse complexe de la région, des deux premiers arcs branchiaux (mandibulaire et<br />

hyoïdien), séparés par la première poche endoblastique à l’origine de l’oreille moyenne, et le<br />

premier sillon ectoblastique pour le conduit auditif externe.<br />

Les fréquentes malformations oto-mandibulaires, dysostoses oto-mandibulaires, ou microsomie<br />

hémifaciale consistent le plus souvent en l’association d’une branche montante courte, avec une<br />

microtie.<br />

Les syndromes poly malformatifs familiaux sont d’origine génétique :<br />

-syndrome de Franceschetti et Teacher Collins : dysostose mandibulo-faciale.<br />

-syndrome de Goldenhar : oculo-auriculo-vertébral.<br />

-syndrome branchio-oto-rénal : surdité de perception, aplasie d’oreille, fistule branchiale<br />

cervico-faciale, anomalie rénale.<br />

En dehors de ces problèmes malformatifs et fonctionnels, de nombreux articles décrivent des<br />

pathologies beaucoup plus banales, telles que les arthropathies (GREGG, op.cit., HODGES,<br />

1991, PEREZ et al., 1997), des tumeurs telles que l’ostéome mandibulaire étudié par SCHULTZ<br />

(SCHULTZ, op.cit.), et des lésions ostéïtiques (LOVELAND, op.cit., PEREZ op.cit., ANGEL,<br />

op.cit., WOO, 1964).<br />

2 Les diagnostics différentiels, variations, et originalités<br />

a Les osselets<br />

Nous avons vu qu’ils se conservaient bien, tout au moins le malleus et l’incus ; par contre le<br />

stapes est très fragile, et la possibilité de le trouver in situ très faible.<br />

Le diagnostic d’otospongiose sera donc toujours difficile à évoquer en paléopathologie ; nous<br />

avons déjà parlé de la seule description que nous ayons trouvée (BIRKBY, op.cit.).<br />

La latéralisation de ces petits osselets, pose par contre problème, car leurs extrémités, ou leurs<br />

surfaces articulaires ont souvent été érodées.<br />

Ces réflexions valent surtout pour l’étude la plus fréquente qui est celle de squelettes, car dans<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 20


le cas de momies, comme nous l’avons déjà dit, la conservation et même l’observation in situ<br />

sera souvent possible dans de très bonnes conditions.<br />

Dans le cadre d’une étude précise, en particulier grâce au microscope opératoire, les osselets<br />

peuvent même servir de marqueurs de l’otite chronique, comme dans l’étude portant sur deux<br />

populations médiévales au Danemark :<br />

Populations : Nordby Tirup<br />

Nombre<br />

sujets :<br />

de 169 490<br />

Malleus 52 486<br />

Incus 68 458<br />

Stapes 27 218<br />

Osselets total 147 1162<br />

Nous sommes étonnés du nombre de stapes observés.<br />

Le pourcentage d’anomalies ossiculaires constatées dans la première série est de 0.7%, et de<br />

1.1% dans la seconde, alors que pour les lésions macroscopiquement visibles sur les temporaux<br />

les taux sont respectivement de 1.4 et 6.0%(QVIST et GRØNTVED, op.cit.).<br />

L’étude des osselets peut donc être utilisée dans un but de dépistage des lésions otologiques ;<br />

elle nous semble cependant difficile à mettre en œuvre, et sa fiabilité devrait être testée sur<br />

d’autres séries, séries comportant des osselets ce qui n’est pas toujours le cas !<br />

b Les variations anatomiques<br />

- Concha bullosa :<br />

Nous en avons observé un cas (I/66), mais ce n’est pas un phénomène rare.<br />

Il s’agit d’une pneumatisation d’importance variable du cornet moyen pouvant se compliquer<br />

d’une gêne respiratoire liée à l’obstruction mécanique de la fosse nasale.<br />

Une étude récente portant sur 309 sujets (Broumov Ossuary, du XIII ème au XVIII ème siècle),<br />

retrouve cette variation sur 160 crânes (51.77%) (POSPIŠILOVA, et al., 2001).<br />

- Rapport de proximité entre racine dentaire et fond du sinus maxillaire :<br />

Nous en avons observé deux cas (II/30 et IV/46).<br />

C’est une constatation fréquente que nous recherchons sur une radiographie panoramique des<br />

maxillaires, quand se pose à nous le problème d’une sinusite maxillaire unilatérale.<br />

- Variations de taille des sinus :<br />

Ceci est particulièrement fréquent pour les sinus frontaux et sphénoïdaux.<br />

Pour les premiers, la variation est presque la normalité.<br />

Pour les seconds par contre, nous avons observé deux cas (I/7 et II/19).<br />

Si l’asymétrie est très importante pour le II/19, pour le I/7 se pose la question d’une agénésie :<br />

le sinus droit se présentant comme une très grande cavité, soufflée vers la gauche, cloisonnée de<br />

spicules osseux, alors que la cavité gauche est quasi virtuelle avec un ostium paraissant oblitéré.<br />

Un examen du crâne de l’homo erectus de Ceprano (Pléistocène moyen ancien), montre<br />

justement une variation du sinus sphénoïdal gauche qui pénètre profondément dans l’épaisseur<br />

de la grande aile jusqu’à la suture sphéno-temporale (ASCENZI et al., 1997).<br />

Nous pouvons revenir un instant sur la taille et le développement des sinus des sujets immatures,<br />

qui pourraient, à notre avis, venir, dans certains cas, préciser une détermination de l’age au<br />

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décès.<br />

- Rapport du sinus latéral avec les cavités mastoïdiennes :<br />

Il s’agit du sujet I/81, dont nous avons parlé au chapitre des résultats.<br />

L’empreinte de la portion sigmoïde du sinus est verticalisée et impactée en avant ; une lame<br />

d’os papyracé sépare la gouttière veineuse de l’extérieur, sans interposition de cellules<br />

mastoïdiennes. Dans notre cas cette fine lame avait même disparu, certainement du fait d’une<br />

érosion, formant une solution de continuité entre la cavité crânienne et l’extérieur. Nous avons<br />

évoqué le risque chirurgical lors d’une mastoïdectomie, pensons aussi au risque traumatique par<br />

lequel une blessure de la région retro-auriculaire, même modeste, peut se compliquer d’une<br />

hémorragie veineuse massive et rapidement mortelle.<br />

- Déhiscence du canal du muscle tensor tympani dans la fosse cérébrale moyenne : Nous<br />

n’avons trouvé aucune documentation sur cette variation constatée sur le sujet I/9.<br />

Il est possible que le muscle ait été simplement recouvert par la dure mère crânienne à ce<br />

niveau.<br />

Dans cette même région, et dans le même ordre d’idée, les variations de taille du trou déchiré,<br />

fermé par une lame de dure-mère sont importantes, l’os et la méninge se complétant.<br />

- Kyste congénital médian alvéolaire :<br />

Nous avons noté une dilatation ampullaire au niveau du trou incisif, sortie du canal palatin<br />

antérieur, pour les sujets I/7, I/77, II/17, II/30, et III/44.<br />

A partir de quelle taille peut-on suspecter la présence d’un kyste congénital ? Le<br />

problème reste posé, d’autant que nous n’avons pas trouvé pour l’instant de renseignement dans<br />

notre revue de la littérature.<br />

- Déhiscence congénitale des tympanaux :<br />

Nous avons constaté cette particularité sur le sujet immature III/44.<br />

Anomalie parfaitement symétrique correspondant visiblement à un défaut de l’ossification.<br />

Aucune conséquence fonctionnelle n’est envisagée, les condyles mandibulaires en regard sont<br />

normaux. Là aussi, nous n’avons aucune référence dans la littérature.<br />

Notons que nous avons de plus enregistré chez ce sujet, un kyste ayant pour point de départ le<br />

germe d’une canine définitive sur le rebord inférieur de la mandibule (Figure 34 photo).<br />

La dentition presque parfaite de cet enfant, dont l’age estimé était de 5 à 9 ans, nous a permis de<br />

réaliser une iconographie détaillée, dans l’optique d’un usage ultérieur comme référentiel d’une<br />

anatomie pour une fois parfaitement normale !<br />

c Les surprises<br />

Dans la boite dentaire du sujet I/9 nous avons trouvé une dent qui a attiré notre attention, par des<br />

cuspides déchiquetées, ressemblant beaucoup à des anomalies rencontrées lors de syphilis<br />

congénitales, en principe sur des incisives. Nous avions par contre deux racines, mais une fusion<br />

aurait pu être envisagée, et la découverte d’une syphilis de l’antiquité tardive était quelque chose<br />

d’excitant !<br />

Les spécialistes du quaternaire ont rapidement fait tomber les spéculations en reconnaissant une<br />

seconde prémolaire inférieure de cochon ou de sanglier !<br />

B Approche d’un état sanitaire global.<br />

Nous manquons malheureusement de renseignements sur la population que nous avons étudiée :<br />

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aucun document historique n’avait été trouvé lors de précédentes études.<br />

Nous n’avons pas non plus de données climatiques précises sur cette période allant du IV ème au<br />

VI ème siècles.<br />

Toutes ces personnes mortes en même temps, nous montrent un tableau classique de crise de<br />

mortalité de type épidémique. Les récentes analyses d’ADN bactérien ont confirmé le diagnostic<br />

évoqué de peste (DRANCOURT et al., 2004), et nous savons que la première pandémie de cette<br />

maladie a fait le tour du bassin méditerranéen au VI ème siècle ; son point de départ évoqué était<br />

l’Egypte, où la maladie aurait sévi depuis plus de deux mille ans. La puce du rat d’Egypte porteur<br />

sain, se serait ensuite adaptée au rat noir venu d’Asie, qui s’est ensuite répandu progressivement<br />

vers l’Europe en propageant la maladie surtout dans les zones urbaines. Les auteurs ont alors parlé<br />

de peste Justinienne (PANAGIOTAKOPULU, 2004).<br />

Notre population est bien une population urbaine de l’antiquité tardive, et nous pouvons imaginer<br />

qu’il s’agit plutôt de personnes modestes, d’artisans.<br />

Les seuls marqueurs de santé utilisables que nous ayons pour cette population prise dans son<br />

ensemble sont d’une part l’état dentaire, et d’autre part les signes de carence martiale : l’état<br />

dentaire est très mauvais, et nous observons trois cas de cribra orbitalia pour nos 36 sujets !<br />

La prévalence de pathologies infectieuses (oreilles et sinus), qui a aussi pu être utilisée comme<br />

marqueur, nécessite l’étude de séries beaucoup plus importantes.<br />

Nous n’avons trouvé que peu de chose sur cette approche type Santé Publique, qui nous paraît<br />

passionnante.<br />

Nous avons déjà parlé de l’étude d’une population néolithique de Pologne centrale de 92 individus<br />

(4300-4000 B.C.) ; un inventaire dentaire complet y est réalisé par l’auteur à la recherche de caries,<br />

résorptions alvéolaires, pertes de dents, et hypoplasies de l’émail.<br />

Des caries sont observées chez 30.1% des individus, caries localisées essentiellement sur les<br />

surfaces mésiodistales et buccales des molaires, à l’exception d’un cas sur une seconde prémolaire,<br />

et d’une seule carie de la surface occlusale. Ce type de localisation est généralement rapporté à un<br />

manque d’hygiène de la cavité buccale. Aucune implication quant à l’alimentation n’est évoquée.<br />

La résorption alvéolaire est notée dans 52% des cas chez les adultes, surtout chez les hommes, et les<br />

pertes de dents dans 34.5% des cas.<br />

Les hypoplasies de l’émail, bien connues comme marqueurs de stress, surtout dans le cas de<br />

carences alimentaires, sont notées dans 67.8% des cas ! La fréquence des hypoplasies semble plus<br />

importante pour les hommes.<br />

En parallèle une fréquence importante de cribra orbitalia était observée : 34.9%. L’importance de<br />

cette pathologie peut être associée à une période d’intensification de l’agriculture, avec modification<br />

de l’équilibre alimentaire ; période où par ailleurs les populations se regroupent de plus en plus en<br />

communautés, avec une occupation permanente des villages, en promiscuité avec des animaux<br />

domestiques, une hygiène précaire, facteurs favorisants pour le développement des virus, bactéries<br />

et champignons pathogènes (GARLOWSKA, op.cit.).<br />

Une autre étude qui prend comme indicateur les séquelles d’otites chroniques, dans deux<br />

populations ayant vécu dans une même région du Danemark, à deux époques médiévales<br />

différentes, XI ème et XIV ème siècles, constate un accroissement net des pathologies pour l’époque<br />

la plus récente (de 1% à 7%). Les auteurs concluent à une détérioration des conditions de vie, ce<br />

que confirment leurs recherches sur le plan démographique et historique.<br />

Ils développent par ailleurs la théorie d’un « ostéological paradox » (WOOD et al., 1992), qui<br />

consiste à dire que les individus présentant des séquelles importantes sont en fait ceux qui sont en<br />

meilleure santé, puisqu’ils ont réussi à survivre à leur maladie (QVISTet GRØNTVED, op.cit.) !<br />

Dans le même ordre d’idée l’étude de cimetières de classes sociales différentes à l’époque<br />

Mérovingienne, constate une prévalence de pathologies infectieuses otitiques dans celui dévolu aux<br />

classes pauvres, par rapport à celui des princes (SCHULTZ, op.cit.).<br />

A l’évidence, de bonnes conditions de vie, tant du point de vue de l’habitat, que de la nourriture,<br />

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permettent d’une part d’être moins exposé aux agents pathogènes, et aux facteurs irritants (fumée<br />

dans les maisons), et d’autre part d’avoir un système immunitaire en parfait état de fonctionnement.<br />

Ce même auteur propose aussi une approche environnementale dans son article sur les tumeurs<br />

osseuses : il relie le nombre important de tumeurs des sinus para-nasaux, à une inflammation<br />

chronique des voies respiratoires supérieures liée aux mauvaises conditions de vie dans les habitats<br />

populaires Mérovingiens privés de cheminées.<br />

Ces constatations restent valables de nos jours, quand nous voyons par exemple la recrudescence de<br />

la tuberculose dans notre « quart monde », ou les milieux de l’immigration.<br />

L’interprétation sociale de la paléopathologie est très intéressante ; il faut cependant rester prudent<br />

dans les analyses, car ces hypothèses sont souvent avancées à partir de l’étude de petites séries !<br />

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